A Livr'Ouvert

171b bd Voltaire, 75011 Paris Latitute/longitude: 46.75984 1.738281

Tél: 09.52.65.38.67

lundi au samedi 10h à 19h

Mail: contact@alivrouvert.fr

Vos recommandations...

LE GRAND VIEILLISSEMENT de Maxime SBAIHI - Ed. de l’Observatoire 2022

Émetteur du verbatim: François C.

Introduction COUP DE VIEUX

Jamais dans sa longue histoire la population de notre pays n’a été aussi vieille, jamais elle n’a compté autant de seniors et ceux-ci n’ont jamais vécu aussi longtemps et dans un tel confort matériel qu’aujourd’hui… Plus la France vieillit, plus les actifs triment, plus les jeunes trinquent. Il est vrai que toute jeunesse vit trop jeune dans un monde trop vieux, mais aucune jeunesse française n’a été confrontée à un pays aussi vieillissant que la France d’aujourd’hui.

Les lourdes conséquences économiques, politiques et sociales du «grand vieillissement» sont en train de remettre en cause l’équité entre les générations et de menacer par là même la cohésion sociale.

Chapitre 1. LA DÉMOGRAPHIE SENS DESSUS DESSOUS

Des centenaires à ne plus savoir qu’en faire

La population du Vieux Continent est la plus vieille du monde. L’âge médian y est de 43 ans, contre 39 ans en Amérique du Nord, 32 ans en Asie et 20 ans en Afrique.

Les plus de 75 ans représentent déjà près de 9% de la population française et cette proportion devrait doubler d’ici à 2070 pour dépasser les 15%. C’est du jamais vu.

Alors que la France comptait 5 actifs pour 1 personne âgée inactive en 1945, ce rapport n’a cessé de se dégrader depuis. Il est passé sous la barre de 4 pour 1 en 1994, puis 3 pour 1 en 2016, et devrait passer sous la barre de 2 pour 1 d’ici à 2040.

Les quelque trois millions de personnes âgées en perte d’autonomie que compte déjà la France. Et le problème va aller grandissant puisque ce seront quatre millions de seniors qui seront en perte d’autonomie d’ici à 2050.

Le «grand vieillissement» déséquilibre tellement la solidarité intergénérationnelle que ses bénéficiaires sont désormais en moyenne plus riches que ses contributeurs.

Vivre comme Dieu en France

Constitué de dizaines de régimes différents, notre système de retraite est devenu une usine à gaz déficitaire, illisible, et surtout une machine à produire des injustices entre les générations.

Les retraités français bénéficient d’un des taux de remplacement (le rapport entre la retraite perçue et le dernier revenu d’activité) les plus généreux au monde: 75% en moyenne, contre 50% en Allemagne et 40% au Japon.

Rappelons que la France détient aujourd’hui le taux de cotisations sociales le plus élevé de l’OCDE et dépense deux fois plus que la moyenne pour ses retraités.

La France a fait le choix d’un système par répartition, mais il ne garantit pas l’équité entre les générations, faute d’avoir été recalibré à temps.

Les actifs et les comptes publics voient rouge

Ce mauvais réflexe de délester sans cesse sur l’avenir les charges et les erreurs du passé est encore plus visible sur l’héritage collectif qu’est notre dette publique… Pas un seul Français de moins de 48 ans n’a connu un budget excédentaire ou à l’équilibre.

Prise dans l’engrenage du «grand vieillissement», notre dette publique a tout d’une fuite en avant et rien d’une préparation de l’avenir… La tendance des gouvernements à agir au présent d’une manière non optimale pour le futur porte le nom d’«incohérence temporelle» dans la science économique.

À l’image de nos comptes publics et de notre système de retraite, les choix collectifs du passé ont trop souvent fait primer le présent sur l’avenir, la procrastination sur la préparation.

Chapitre 2. PAUVRES JEUNES, RICHES VIEUX

D’un point de vue strictement budgétaire, ce devoir d’«équité intergénérationnelle» dicte à chaque génération de ne pas laisser aux prochaines les mauvaises factures du passé et la non-constitution d’une épargne collective en prévision de ses propres besoins -devoir que les boomers ont clairement failli à respecter.

La paupérisation de la jeunesse

Tout au long de leur vie, les effectifs de la première vague des boomers se sont retrouvés au bon endroit et au bon moment pour bénéficier des hausses de niveau de vie.

De toutes les tranches d’âge, le taux de pauvreté calculé par l’Insee est le plus bas chez les plus de 65 ans et le plus haut chez les moins de 30 ans. Et il est deux fois plus élevé chez ces derniers que chez les premiers.

Pendant que la France vieillit, la jeunesse s’appauvrit. Les jeunes ont été forcés de se confiner pour protéger leurs aînés du virus mais, contrairement à eux, ils ne sont pas protégés de ses répercussions économiques. La crise de la Covid-19 a réussi la double injustice de se venger sur la classe d’âge qui est à la fois la plus pauvre et la moins vulnérable face au virus.

Patrimoine concentré, héritage retardé

Alors que le patrimoine net médian (l’ensemble des actifs détenus, moins l’endettement) des trentenaires était supérieur de 45% à celui des plus de 70 ans en 1986, il est désormais trois fois plus faible.

Une nouvelle règle des «3x60»: les plus de 60 ans détiennent désormais 60% du patrimoine non financier et 60% du patrimoine financier en France.

Aujourd’hui, l’âge moyen à l’héritage est supérieur à 50 ans et il devrait continuer à être repoussé puisque l’âge des enfants au décès de leurs parents ne cesse d’augmenter.

«À ton âge, j’avais une maison et deux enfants»

L’immobilier est au fil du temps devenu un privilège de l’âge.

Tandis que les primo-accédants d’hier sont devenus de très riches propriétaires, les primo-accédants d’aujourd’hui doivent fournir des efforts financiers toujours plus conséquents pour franchir la barrière d’entrée. Là où le patrimoine des uns se gonfle, les rêves des autres se dégonflent.

La nature et la durée de la jeunesse ont été transformées ; celle-ci est devenue une longue antichambre d’une vie adulte qui tarde à s’établir.

Générations scarifiées

À la mi-2020, le nombre de jeunes en décrochage complet a atteint un pic historique avec pas moins de 1,7 million de Français âgés de 15 à 29 ans n’étant ni en emploi, ni en études, ni en formation (taux NEET).

Tous ceux qui ont quitté l’enfance durant cette crise ne sont pas (encore) une génération sacrifiée, mais sont assurément déjà une génération scarifiée… Avant même d’avoir atteint la quarantaine, nous avons déjà subi les deux plus grandes crises économiques de l’après-guerre.

La jeunesse d’aujourd’hui est confrontée à «4P» autrement moins reluisants que paix, prospérité, plein-emploi et progrès: la pandémie a échangé sa liberté contre une crise ; le «papy-boom» prend toute la place, et elle aborde la vie adulte sous l’étoile de la pauvreté. Le quatrième P en est la conséquence politique, celle d’un populisme qui braconne allègrement sur les terres de son désespoir.

Chapitre 3. DE LA DÉMOCRATIE À LA GÉRONTOCRATIE

À force d’être boudés par des décideurs rivés sur un électorat vieillissant et mobilisé, les jeunes semblent se résigner au choix de la radicalité politique ou de la renonciation démocratique.

L’abstention ou l’extrême

Les jeunes sont les électeurs qui s’abstiennent le plus mais aussi ceux qui sont le plus fréquemment intermittents – pratique électorale consistant à ne participer qu’à un des deux tours d’un scrutin.

Les plus de 50 ans détiennent désormais la majorité absolue parmi les 48 millions d’électeurs en âge de voter que compte la France.

Papy-boomer fait de la résistance

Que ce soit pour la gestion de la crise sanitaire, la réforme des retraites, la refonte de la CSG ou celle de l’aide médicale à domicile, les bonnes intentions politiques ont toutes fini par s’écraser sur le mur électoraliste du «grand vieillissement». Les mesures d’équité intergénérationnelle semblent être systématiquement condamnées aux rétropédalages pour ne pas fâcher les électeurs âgés.

Rancune et rancœurs intergénérationnelles

L’addiction de toute une génération aux écrans et aux réseaux sociaux va devenir un gigantesque problème de société et de santé publique dans les années à venir mais, qu’on le veuille ou non, c’est par ces filtres que le nouveau peuple de citoyens forme ses opinions, souvent via des influenceurs TikTok plus connus que les hommes politiques au pouvoir.

La colère et l’inquiétude de la jeunesse à la sortie de cette crise historique sont devenues les graines d’une rancœur générationnelle qui pourrait bien, à terme, germer en rancune.

Un vent mauvais souffle sur la jeunesse occidentale prise d’une poussée de «wokisme» ; idéologie de la soi-disant «conscience éveillée» qui est en réalité un totalitarisme déguisé en progressisme.

Déconsolidation démocratique

Ce qui transparaît est moins un conflit de valeurs entre générations que des jeunes en demande des mêmes chances dans la vie que leurs aînés.

Le vrai risque d’une jeunesse en détresse n’est pas tant celui de la transformation de sa rancœur en rancune, qui déboucherait sur une pseudo-guerre des générations, mais pire encore, celui d’une déconnexion des nouveaux citoyens avec la démocratie.

À force d’être oubliés, malmenés par les choix politiques, économiques, et dernièrement sanitaires… les jeunes risquent de se venger, au mieux en se tournant vers des irresponsables, au pire en tournant carrément le dos au capitalisme, aux valeurs libérales et à la démocratie.

Chapitre 4. DOMPTER LE «GRAND VIEILLISSEMENT»

Le constat des nombreuses difficultés de la jeunesse n’est pas le résultat d’une volonté groupée et préméditée de la mettre à mal ; il est la conséquence d’une procrastination réitérée depuis quarante ans et surtout d’un refus patent de regarder notre démographie dans le blanc des yeux.

Que faire? Quatre choix s’offrent à nous: le déni, le bricolage, l’attente, l’audace (favorisant l’action immédiate par des mesures concrètes et efficaces).

L’autonomie à tout âge

Partager le fardeau, renvoyer l’ascenseur

Par la mise en place d’un système de retraite universel en comptes notionnels qui établit un lien clair et direct entre le niveau de cotisations et le niveau de pensions. Chacun bénéficierait d’un compte personnel de retraite où s’accumuleraient les droits acquis pendant la vie active.

Faire circuler le patrimoine entre les générations

Un patrimoine improductif dans des mains de plus en plus âgées a des effets macroéconomiques néfastes. Sa transmission accélérée pourrait faire d’une pierre trois coups: donner un coup de pouce aux jeunes générations, et ainsi un coup de fouet à l’investissement des ménages et à la création d’entreprise.

Conclusion. UNE SECONDE JEUNESSE

En se réconciliant avec ses jeunes, la France peut s’offrir une seconde jeunesse. Contrairement aux poncifs médiatiques, la nouvelle génération n’est pas sacrifiée -pas encore. Elle le deviendra si nous choisissons de sortir de cet épisode sanitaire en persévérant dans le déni et le bricolage, en choisissant de l’abandonner à elle-même, avec les séquelles et la facture de la crise en plus du coût de notre lâcheté collective. Ne sous-estimons plus le prix de l’inaction. Attendre que jeunesse se passe, c’est prendre le risque que jeunesse se défasse. Ce qui nous guette est pire que la guerre des générations, c’est le séparatisme de la jeunesse.

*

LA SOCIÉTÉ TRES SECRÈTE DES MARCHEURS SOLITAIRES de Rémy OUDGHIRI - Ed. PUF

Émetteur du florilège: François C.

Le point commun de tous ces marcheurs solitaires, c’est qu’ils ne cherchent pas à sortir de l’errance mais à y rester. C’est elle qui guide leurs pas. Vers quoi? Telle est la question que je pose et à laquelle ils apportent, chacun, une réponse différente et néanmoins semblable.

Quand je marche, tout m’inspire. Des mondes se lèvent à chacun de mes pas. Sentir sous mes pieds le jaillissement incessant de la vie est un délice. Peu à peu, je traverse la paroi transparente entre deux mondes où le temps ne s’écoule pas de la même façon.

Je flâne pour m’émerveiller. Il y a plein de petites sources d’émerveillements quand on parcourt les rues au hasard: un beau bâtiment, une jolie façade, un tag insolite, un dessin inattendu… Comme dit André Breton, on marche à travers des «forêts d’indices». Pour moi, la ville est une forêt qui fourmille de signes.

Marcher au hasard permet de révéler les choses. Je suis commissaire d’exposition et c’est le principe de l’art de révéler la vie. L’art ouvre les yeux. L’errance aussi.

Marcher au hasard, c’était donc rêver les yeux ouverts et, comme dans les songes, une partie de l’histoire restait dans l’ombre. Rares étaient ceux qui en parlaient. On racontait volontiers ses cauchemars, mais on oubliait ses rêves. En serait-il de même pour l’errance sans but?

Dans le fait de flâner, ajouta-t-elle, il y a une dimension spirituelle. Il est important pour moi d’accueillir ce qui nous dépasse. Je me sens plus proche des personnes qui accueillent que de celles qui agissent et décident.

Il me semble que plus je marche, plus mon esprit s’éparpille au gré du vent et du hasard, et plus mes pensées se font morcelées, complexes, incohérentes. L’instant d’après, au contraire, j’ai l’impression que les phrases dans ma tête se mettent en ordre sans difficulté, et que plus je vais, plus ma démarche devient légère, harmonieuse, cohérente.

Comme les arômes d’une plante au printemps, tous mes sens se libèrent dans l’élan de mes pas: mon corps progresse à un rythme qu’il apprend peu à peu à maitriser, mon imagination s’évade où la conduisent ses désirs et ses rêves, mes yeux s’enrichissent des détails les plus insolites et les plus insignifiants, mon odorat s’imprègne des parfums mêlés du bitume et des fleurs, mes oreilles s’exercent à reconnaitre le bourdonnement incessant de la vie.

J’acquis peu à peu la conviction que les cimetières formaient des sortes de temples pour tous ceux qui marchent au hasard. C’est à l’intérieur de leurs murs que ceux-ci assouvissaient leur besoin vital.

Le moment où elle prenait conscience qu’elle était perdue l’enchantait. C’était une offrande: la plus belle qu’une ville puisse offrir au petit peuple des flâneurs. Il y avait toujours un détail qui retenait son attention et l’entrainait dans une longue rêverie nonchalante. Elle avait constaté que les yeux de celui qui marche au hasard se posent naturellement sur ce qu’il y a de plus beau.

Les couleurs autour de moi ou l’air que je respire sont identiques à ce qu’ils étaient quelques minutes auparavant. Les rues, comme les immeubles ou les magasins, ont conservé leur aspect. Rien n’a changé et cependant je sais, avec la force de l’évidence, que je suis ailleurs. Un ailleurs qui vaut tous les trésors du monde.

L’Errante ne cherchait pas à avoir raison. Elle n’éprouvait aucun besoin de justifier son rapport au monde. Elle ne jouait pas un rôle. Peu lui importait d’être jugée. Elle accueillait ce qui venait: la pluie, le soleil, les pierres, la lumière, le ciel, la vie. Le mot «accueillir», auquel elle avait souvent recours dans la conversation, était peut-être celui qui la définissait le mieux.

Pourtant aujourd’hui je fais tout le contraire. Le contraire de ce que j’ai fait toute ma vie. Je prends plaisir à cette légèreté, à cette absence de but, à ce refus du programme. On n’est jamais déçu quand on part au hasard, on passe toujours un bon moment, car on n’attend rien.

*

Le questionnaire

Vous arrive-t-il de marcher au hasard, sans itinéraire précis?

Si oui, que recherchez-vous quand vous marchez au hasard? Que ressentez-vous?

Qu’est-ce que vous aimez quand vous marchez au hasard?

Vous arrive-t-il de sortir de chez vous ou de votre lieu de travail exprès pour marcher au hasard?

Dans quelle situation, le plus souvent, cette envie naîit-elle en vous?

À quand remonte cette envie chez vous? Êtes-vous capable de dire quand et comment cela a commencé?

Dans quels lieux aimez-vous marcher au hasard?

Aimez-vous le faire dans un cimetière? Pourquoi?

Vous est-il déjà arrivé de le faire avec quelqu’un?

Parlez-vous aux autres de cette pratique qui est la vôtre? Si oui, comment la considèrent-ils?

Avez-vous rencontré des personnes qui, comme vous, aiment marcher au hasard? Si oui, savez-vous pourquoi elles le font?

Pensez-vous qu’il existe beaucoup de gens qui, comme vous, marchent au hasard?

À quoi ressemble pour vous la promenade au hasard idéale? Pourriez-vous la décrire en quelques phrases?

LA FRANCE Déclin ou Renaissance de Philippe ANSEL & Christian SAINT-ÉTIENNE - Ed. Économica

Émetteur du verbatim: François C.

INTRODUCTION

La France est désormais dans une situation critique:

. vice-champion d’Europe pour la désindustrialisation derrière la Grèce,

. champion du monde des dépenses publiques,

. champion du monde de la dépense sociale,

. champion du monde des impôts,

. champion de la dette (État + Ménages + Entreprises),

. champion de l’inactivité parmi les pays développés,

. cancre de l’éducation pour les mathématiques et les sciences.

Chapitre 1 LES CHIFFRES DU DÉCLIN ÉCONOMIQUE FRANÇAIS

  • La désindustrialisation par l’impôt

Les entreprises françaises payent six fois plus d’impôts à la production que les entreprises allemandes.

Les impôts de production sont la principale cause de notre crise de production. La relance de notre industrie ne réside pas dans des aides ou du protectionnisme, mais dans leur suppression. Les industriels français ne veulent que pouvoir affronter la compétition internationale à armes égales.

  • Avec la désindustrialisation, l’appauvrissement relatif du pays

Comme nous produisons moins que dans d’autres pays, nous gagnons moins… Pour augmenter nos revenus, nous devons produire davantage, faire «grossir le gâteau». Il n’y a pas d’autre moyen.

  • La compensation de l’appauvrissement par le record mondial de dépenses sociales (31% du PIB)

Ainsi, au fil des années, on a empilé des dispositifs d’aides qui aboutissent à dissuader de travailler et de progresser dans son travail… L’enchevêtrement de ces dispositifs, leurs contradictions et leurs effets pervers témoignent de la nécessité de revoir de fond en comble la gouvernance de notre système économique.

  • Record mondial de dépenses sociales + mauvaise gestion de l’État = record mondial de dépenses publiques en proportion du PIB

La dérive de notre dépense publique se constate en effet d’abord au niveau de l’échelon territorial avec l’extraordinaire expansion de sa fonction publique territoriale… Ses effectifs ont augmenté presque de moitié en 20 ans!

On observe cette création artificielle d’emplois au niveau des hôpitaux: 3000 hôpitaux en France contre 1400 en Allemagne qui a une population supérieure de 16 millions d’habitants… Comme pour la presque totalité des dépenses publiques, ce n’est pas une question de moyens -les budgets sont là- mais une question de gestion de ces moyens.

  • La France, championne du monde des impôts

L’Etat prélève donc chaque année, sous une forme ou sous une autre, 45,4% de ce que tous les Français produisent contre 38,8% en Allemagne et 28,5% en Suisse.

Évidemment, ce moindre dynamisme des entreprises oblige l’État à soutenir financièrement plus de chômeurs et d’inactifs, l’incite à compenser par des «mesures de pouvoir d’achat», toutes choses qui l’obligeront à dépenser davantage et donc à imposer davantage ou à s’endetter encore plus. C’est un terrible cercle vicieux qui enfonce chaque jour un peu plus notre économie dans le déclin.

  • La France, championne de la dette

Notre dette totale (État + Ménages + Entreprises) équivaut à 3,7 fois le PIB français, donc une hausse de 1% des taux d’intérêt coûte 3,7% du PIB.

  • La France, championne de l’inactivité

Ce record d’inactivité -la France est le pays occidental où l’on travaille le moins- ne découle pas du fait que les Français ne travaillent pas assez, mais du fait qu’un nombre insuffisant de Français travaillent, en particulier:

. les 15-24 ans dont seulement 32,8% sont en emploi contre 49% en Allemagne ;

. les 25-29 ans dont 20% ne sont ni en emploi ni en formation ;

. les 55-64 ans dont 55% sont en emploi contre 73% en Allemagne ;

. les immigrés (9,7% de la population) et les descendants d’immigrés (21% de la population) dont seulement 58% sont en emploi contre 67,5% pour l’ensemble de la population française.

Cette faible activité des Français a d’énormes conséquences économiques… et également de grandes conséquences sociales.

  • La France, cancre de l’éducation pour les mathématiques et les sciences

La France n’amène que 3% de ses élèves au niveau avancé en sciences alors qu’ils sont en moyenne 10% dans les pays de l’UE et de l’OCDE et 15% pour les pays en tête du classement.

  • Remettre à plat toute notre gouvernance publique

Notre gouvernance publique a perdu la tête. Notre État s’est transformé en une gigantesque et folle pompe aspirante/refoulante qui prélève des ressources à des entreprises qui en ont besoin (l’industrie) pour investir et se développer afin de le redonner à des secteurs économiques qui n’en ont pas forcément besoin (la construction, les services) et ce, avec un très mauvais rendement, du fait de ses coûts de fonctionnement élevés.

Chapitre 2 LES RESSORTS POLITIQUES DE NOTRE DÉCLIN ÉCONOMIQUE

  • À partir de 1974, la bureaucratie administrative remplace la technocratie efficace

La technocratie efficace oriente la décision publique par son expertise. La bureaucratie administrative fait prévaloir le droit et la règle… Jusqu’en 1974, la France a connu un développement accéléré grâce à ses entrepreneurs et grâce à une haute fonction publique remarquable par son intelligence, son efficacité et sa diversité.

Cette vision post-industrielle du début des années 2000 était une sottise absolue à l’époque, cela l’est toujours aujourd’hui… Elle a permis à l’ENA de se défaire de l’impératif industriel qui était au cœur des politiques publiques depuis 1945 et d’asseoir ainsi sa domination complète sur l’appareil d’État.

L’industrie est, dans l’angle mort de la vision des énarques, un tabou, car le «meurtre» de l’industrie française est fondateur de la prise de pouvoir par l’ENA.

  • La défaite des partis pro-ouvriers

L’État a clairement opéré un transfert de ressources en faveur du secteur du tourisme aux dépens de l’industrie.

L’aboutissement du cheminement intellectuel et stratégique anti-ouvrier du Parti Socialiste sera la note de 2011 du think tank socialiste Terra Nova qui préconise d’abandonner les ouvriers et de se tourner vers un nouvel électorat urbain.

  • L’absence de véritable alternative politique

En réalité, soumise au magistère moral de la gauche qui s’exerce via les médias dominés par les valeurs dites «progressistes» et aux diktats de la bureaucratie administrative d’où elle est issue, la droite aura rarement mené des politiques économiques de droite.

Dans le meilleur des cas, les gouvernements de droite seront parvenus à stabiliser la croissance de la dépense publique, donc sans pouvoir inverser la tendance et être en mesure d’alléger la surtaxation des entreprises françaises.

  • La captation du pouvoir par la bureaucratie administrative

Il y a désormais une telle osmose entre la haute fonction publique administrative et le pouvoir politique qu’on peut les confondre. Le pouvoir politique apparaît presque comme une excroissance de la haute fonction publique administrative.

  • La domination du Parlement par la fonction publique

La dérive de l’État s’explique en grande partie par le fait que ses intérêts sont devenus ceux de la corporation de la fonction publique, défendus par les fonctionnaires présents à tous les niveaux politiques, ministres, cabinets ministériels, mais également au Parlement.

En réalité, la gouvernance française est détenue par la fonction publique à tous les niveaux.

  • L’impréparation des élites administratives à diriger le pays

L’échec de nos élites administratives est dû avant tout à l’inadéquation de leur formation, de leurs savoirs, avec les trois grandes ruptures qui ont bouleversé le monde, les deux chocs pétroliers des années 1973 et 1979, la mondialisation de l’économie et la révolution technologique qui s’accélère dans les années 1990 face à l’explosion d’Internet. Face à elles, ces élites administratives ont multiplié et répété les erreurs de politique économique.

Une part du drame français réside dans leur «ignorance de leur ignorance» et dans notre ignorance de leur ignorance. Nos élites administratives sont en particulier démunies et perdues face à la révolution technologique. a) Plus que jamais, la révolution technologique fait de l’entrepreneur le moteur du progrès… Elle renforce les capacités d’auto-organisation de la société si bien que la zone d’intervention efficace de l’État se réduit au profit de l’action entrepreneuriale. b) La révolution internet favorise la communication et la coopération horizontale… Cela signifie repenser le rôle de l’État dans un monde horizontal de coopération, réévaluer la place qu’il doit occuper… Il doit se transformer en un État allégé, agile, capable de déléguer, de coopérer, de faire confiance au lieu d’édicter des règles à foison.

  • Avec la domination du politique par l’ENA, le politicien s’est substitué au politique

L’ignorance économique et scientifique de la haute fonction publique administrative la contraint, quand elle descend dans l’arène publique, à développer des tactiques politiciennes faute d’être en capacité de développer une vision politique pour le pays.

L’exemple qui l’illustre le mieux est celui de l’énergie.

  • En échec économique, le pouvoir politico-administratif en est réduit à la seule mise en scène de son action

Le fait que l’on claironne le lancement de ces plans d’investissement, mais jamais leurs résultats, témoigne de leur insignifiance et de leur vocation première de communication et d’occultation de la réalité de la situation: surcroît d’impôts de production sur cinq ans par rapport à l’Allemagne: 70 x 5 = 350 milliards d’euros. Plan d’investissement sur 5 ans = 30 milliards d’euros

  • L’extraordinaire concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme

Mais au lieu de lui donner une extrême liberté d’action, paradoxalement cette détention de tous les pouvoirs le paralyse par la thrombose et l’embolie, car toutes les décisions lui remontent. Il est donc obligé de s’appuyer sur la haute administration qui ne fera que perpétuer les politiques en place.

Chapitre 3 COMMENT REDRESSER L’ÉCONOMIE DU PAYS?

L’ iconomie entrepreneuriale – avec un «i» comme intelligence, informatique, internet, innovation, intégration- est le fruit de trois nouvelles formes d’innovation, de production, de distribution et de consommation: 1 ; la mutation scientifique et technologique (économie de l’informatique, de l’internet et des logiciels en réseau) ; 2. la mutation capitalistique et entrepreneuriale ; 3. une mutation organisationnelle et comportementale (économie servicielle traduisant une mutation des usages qui privilégie le cognitif sur le physique).

La France n’a pas d’avenir comme grande nation indépendante sans une réindustrialisation dans l’iconomie entrepreneuriale (électronique, pharmacie, informatique quantique, finance, alimentaire, bois doivent également se robotiser, se numériser et s’européaniser).

  • Défaire l’emprise de la fonction publique sur le pouvoir exécutif et le Parlement

Nous sommes parvenus à un stade où l’économie n’est plus en mesure de financer la dépense publique… Le budget 2022 de l’État prévoit 292 milliards de recettes pour 495 milliards d’euros de dépenses. Les recettes ne couvrent que 60% des dépenses.

Le nombre de députés est réduit à 300 et celui des sénateurs à 150 et leurs moyens sont doublés. De plus 20% des députés sont élus au scrutin proportionnel.

Réforme des collectivités locales, réduction massive du nombre d’agences publiques, numérisation de l’action publique dans le cadre de sa réorganisation.

  • Transformer l’État et sa culture

Le meilleur moyen de changer la culture bureaucratique de l’administration est de réformer les modalités de recrutement de la haute fonction publique.

Croire que l’administration d’un pays peut fonctionner uniquement grâce à des spécialistes de la réglementation relève d’une croyance dans une religion dont les énarques seraient les grands-prêtres.

  • Mener des politiques économiques de l’offre

Notre déficit commercial indique qu’il y a en réalité trop de pouvoir d’achat en France

Seul moyen d’augmenter réellement le pouvoir d’achat: produire davantage par l’augmentation des investissements des entreprises et l’augmentation du nombre de Français en emploi.

  • Baisser les impôts de production pour réindustrialiser: une mesure très rentable pour le budget de l’État!

La réindustrialisation du pays est «un Jackpot» pour le budget de l’État.

  • Accélérer le développement des entreprises

Baisser le taux d’IS à 20% ; apporter une garantie au capital investi dans les petites et moyennes entreprises ; inciter fiscalement l’actionnariat de long terme ; permettre aux Français de consacrer 10% de leur cotisation retraite à l’investissement dans des fonds de pension.

  • Plus de Français en emploi

Reculer l’âge de la retraite à 65 ans ; simplifier et activer les aides sociales, en les conditionnant à une formation et à la recherche d’emplois ; restreindre l’immigration non qualifiée hors UE dont le taux d’emploi est particulièrement faible (moins de 50%).

  • Diviser par 2 le nombre de règlements

En vingt ans, le nombre de textes législatifs est passé de 162 000 à 242 000 (+ 49%) et le nombre de règlements de 53 000 à 89 000 (+ 68%).

  • Relever le niveau d’éducation et de formation des Français
  • Créer un grand ministère de l’Industrie, l’Énergie, la Recherche et le Commerce extérieur
  • Les politiques d’offre sont favorables aux finances publiques

Chapitre 4 GÉRER LES ADMINISTRATIONS ET LES DÉPENSES PUBLIQUES

Bien gérer, cela signifie numériser, s’inspirer des méthodes qui fonctionnent ailleurs, dans d’autres pays ou dans les entreprises, c’est comparer ses résultats avec ceux des autres pays, c’est développer des approches globales à la place des approches en silos propres aux organisations bureaucratiques.

  • Numériser l’administration

Cela nécessite de permettre à l’État d’interconnecter ses fichiers en tant que de besoin, et donc de modifier la loi Informatique et libertés de 1978… Les restrictions posées à l’action de l’État dans l’utilisation des données imposées par cette loi sont un handicap majeur pour la réforme de l’État… Les informations pertinentes concernant un administré devraient être immédiatement accessibles à un service de l’État à partir d’une identification forte en complément d’une carte d’identité numérique.

  • Développer une approche globale des enjeux: l’exemple du système de santé

Ces petits hôpitaux visent plus à fournir des emplois qu’à soigner. Il faut réduire drastiquement leur nombre et les remplacer par des maisons de santé, pour faire d’importantes économies et surtout bénéficier d’hôpitaux mieux équipés permettant d’améliorer la qualité des soins.

  • Une idée follement originale: supprimer les doublons dans les administrations

L’État a créé au fil du temps plus de 500 agences publiques. Il faut y ajouter une petite trentaine d’autorités administratives et plus de 400 hauts conseils et observatoires. Leurs effectifs sont passés de 246 000 en 2007 à 458 000 en 2018.

Au-delà de l’inflation des coûts, ce double système Administrations/Agences dilue les responsabilités et crée beaucoup d’incertitudes autour des décisions… Supprimer une partie notable de ces agences permettrait donc de réaliser de très importantes économies tout en gagnant grandement en efficacité, en réactivité et en cohérence.

  • Le chef d’œuvre de la meilleure administration du monde: le «millefeuille territorial»

Cette organisation comporte:

. 13 régions ;

. 22 métropoles ;

. 101 départements en tant que circonscriptions administratives et 93 départements en tant que collectivités territoriales ;

. 14 communautés urbaines ;

. 222 communautés d’agglomération ;

. 1254 intercommunalités ;

. 35 000 communes, soit 40% des communes de l’UE pour une population moyenne de 1800 habitants contre 5500 dans l’UE.

Il y a d’énormes gains d’efficacité et de coûts à réaliser en réformant le millefeuille territorial. En effet, chaque entité de chaque échelon possède son budget, son personnel, ses directions…

Conclusion AU-DELA DE LA PROSPÉRITE, LA DIGNITÉ

Au-delà de la prospérité, le principal enjeu est de regagner notre dignité par le travail, l’accomplissement personnel et collectif, et le rétablissement économique, social et culturel de notre pays.

La faillite ou la renaissance de la France par les deux leviers de la relance productive et de la bonne gestion publique: tel est l’un des enjeux stratégiques majeurs des deux quinquennats à venir (dix années).

 

*

Tomie de Junji Ito - Mangetsu (manga)

Afficher l’image source

Coup de cœur de Cassandra : Tomie est une adolescente jolie, attirante et mystérieuse. Cependant, toute personne prenant contact avec cette dernière développe une obsession envers elle jusqu’au point d’être pris de folie et de l’assassiner brutalement. Malheureusement, elle détient une capacité hors du commun: elle ne meurt jamais et se duplique! En se multipliant et se proliférant tel un virus, de nouvelles Tomie prennent vie au fil des chapitres. 

Coupez-là en deux: deux autres Tomie surgissent pour être aussi manipulatrice, joueuse et monstrueuse que l’originale.

La première œuvre de Junji Ito présente un personnage tout aussi monstrueux que fascinant. Ce tome constitué de plusieurs histoires de Tomie toutes aussi différentes les unes que les autres ne lasse pas. Tomie me fascine car au fil des chapitres on réalise que le concept est éternel et on en veut toujours plus! 

Junji Ito est un mangaka d’horreur qui ne me déçoit jamais!

Pour en finir avec le déclin par P.Artus et MP.Virard - Odile Jacob (actualité)

Pour en finir avec le déclin : les priorités économiques et sociales de la France

Émetteur du florilège : François C.

 En 2022, la question de la remise en mouvement de l’économie et de la société est toujours d’actualité. Il s’agit de transformer la mélancolie qui gagne en énergie collective suffisamment puissante pour redonner confiance, notamment aux classes moyennes et populaires, et sortir le pays d’une sorte d’engourdissement qui se révélerait mortel s’il devait s’installer durablement.

 Ch 1.- Pouvoir d’achat, bas salaires : une affaire de solidarité publique ou de solidarité privée ?

Les Français sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés à vivre décemment au quotidien. Beaucoup ne sont pas sortis indemnes des deux années qui viennent de s’écouler. La prolifération des « bad jobs » (personnels de santé, salariés de l’hébergement-restauration, distribution, construction, transports…), mauvaise nouvelle pour le pouvoir d’achat. Augmenter les bas salaires ici et maintenant.

Nos propositions :

  • Redresser le taux d’emploi, bien trop faible en France.
  • Développer la part des « good jobs ».
  • Mieux payer les emplois peu ou pas qualifiés en incitant les entreprises à ouvrir des négociations salariales au niveau des branches dans les secteurs non exposés à la concurrence internationale (hôtellerie-restauration, bâtiment, services à la personne, distribution…).
  • Faire de la pédagogie auprès du citoyen-consommateur…en lui donnant des gages quant à la réorganisation et à la diminution des transferts, donc quant à l’allégement de son fardeau de contribuable.
Ch 2.- Où il est question des prix de l’immobilier, de l’économie de spéculation et de la politique monétaire

La flambée des prix de l’immobilier, symbole des inégalités patrimoniales…Soutenir la demande quand l’offre ne suit pas fait seulement monter les prix : la spéculation plébiscite naturellement la rareté. De Paris à Pékin, la lutte contre les inégalités patrimoniales, immobilières mais aussi financières, fait retour dans le débat public…En France, les inégalités de patrimoine n’ont cessé de se creuser au cours des dernières décennies. Politique monétaire expansionniste, croissance et inégalités. Taux d’intérêt inférieurs au taux de croissance, attention danger ! Politique monétaire : les emprunteurs et les détenteurs d’actifs font la loi. Les questions d’économie politique liées aux inégalités, à la pauvreté des Etats par rapport aux intérêts privés, vont occuper une place centrale dans le débat, et méritent une réflexion nouvelle.

Nos propositions :

  • Renoncer aux politiques monétaires continûment expansionnistes et renouer avec des politiques monétaires contracycliques.
  • Décourager l’investissement dans les actifs spéculatifs et privilégier l’investissement productif.
  • Sortir d’une logique de soutien de la demande de logements pour entrer dans une logique de l’offre.
  • Augmenter l’offre de logements tout en maîtrisant l’artificialisation des sols.
Ch 3.-Formation et compétences, la mère des batailles

Le niveau de connaissances des jeunes Français(es) se dégrade depuis plus de vingt ans (enquête PISA). L’éducation et les compétences au cœur du projet national. La faiblesse des compétences, clé de la désindustrialisation. L’industrie française face à la « qualité allemande ». Créativité, innovation, robotisation, clés de la réindustrialisation et de la croissance. Les difficultés de recrutement s’emballent (bâtiment ; métallurgie/mécanique ; médecins, infirmiers et paramédicaux ; aides à domicile ; réparation automobile ; conducteurs de transports en commun ; métiers de l’alimentation ; maintenance informatique).

 Nos propositions :

  • Accélérer sur la formation des jeunes sans emploi ni en formation ni en études (NEET).
  • Augmenter massivement le nombre de jeunes en apprentissage.
  • Faire de la formation des chômeurs une priorité.
  • Accélérer la formation professionnalisante dans les TPE – PME.
  • Promouvoir les études en mathématiques et en sciences.
  • Organiser efficacement la reconversion des salariés dont les emplois sont menacés.
Ch 4 Pas de transition énergétique réussie sans redistribution vers les plus fragiles

La « nouvelle stratégie de croissance de l’Europe » ne sera pas un sentier semé de roses. Même raisonnée et raisonnable, la transition énergétique s’annonce brutale (à force de ne rien faire ou si peu, nos dirigeants sont condamnés à agir sans délai et sans excès de précaution) et douloureuse (coûts et modifications nécessaires des comportements individuels et collectifs), notamment sur le plan financier. Quatre raisons : 1. Flambée des prix de l’énergie et aggravation des inégalités ; 2. Destruction d’un stock de capital ; 3. Nouveaux investissements mais, dans un premier temps, recul de la croissance ; 4. Augmentation du chômage structurel dans les secteurs concernés. Mettre en place des politiques de redistribution pour les plus fragiles.

 Nos propositions :

  • Corriger la perte du pouvoir d’achat due, pour les plus modestes, à l’augmentation du prix de l’énergie.
  • Accroître la pression fiscale pour financer les investissements nécessaires à la transition.
  • Renoncer à la baisse de la taxation du revenu du capital mise en place au cours des dernières années.
  • Relocaliser la production des équipements nécessaires.
  • Sur le plan européen, faire en sorte que le marché du carbone (Emissing Trading System, ETS) mis en place au sein de l’Union fasse ses preuves.
Ch 5 Refaire de la France une grande nation d’innovation grâce à une nouvelle alliance entre l’Etat et les entreprises

L’investissement net en valeur baisse en France depuis dix ans. Lorsque l’incertitude prévaut, les entreprises préfèrent le cash à l’investissement productif. L’appétit des actionnaires et la préférence pour la rente. Distribution de dividendes et rachats d’actions toujours d’actualité. Le modèle américain Darpa : audace, réactivité, indépendance.

 Nos propositions :

  • Favoriser le développement des actionnaires (actionnaires familiaux ; fonds de pension publics ; ménages) dont les exigences de rentabilité sont plus mesurées.
  • Acclimater Bercy à l’idée que l’Etat peut (et doit) si nécessaire perdre de l’argent public (cf modèle de la Darpa américaine).
  • Développer dans les sphères publiques une approche nouvelle de la gouvernance des projets d’investissement (bottom-up plutôt que top-down).
Ch 6 Concentrer la dépense publique là où elle est la plus efficace

Le « quoi qu’il en coûte » sera difficile à débrancher. La tentation de faire le pari de la croissance pour réduire les déficits. La dette publique française est-elle soutenable ? La renégociation des règles budgétaires européennes s’annonce tendue. Réduire le déficit structurel de la France sera pénible. Efficacité de l’Etat français : un déficit de productivité par tête de 15%. Opérer une taxonomie de la dépense publique, comme on l’a fait pour le « vert ».

Nos propositions :

  • Concentrer la dépense publique là où elle est efficace et privilégier celle dont la rentabilité met à l’abri de la remontée des taux.
  • Eviter à tout prix les impôts (tels les cotisations sociales des entreprises et les impôts de production) qui créent des distorsions trop importantes (compétitivité des entreprises).
  • Négocier le bon réglage européen.
  • Faire en priorité la réforme des retraites.
  • Améliorer l’efficacité de l’Etat.
Conclusion

Il est plus que jamais nécessaire de poser les bons diagnostics et de mettre en œuvre dès les premiers mois du nouveau quinquennat les mesures et les réformes indispensables à la restauration dans notre pays d’une économie compétitive et durable : augmenter les bas salaires et faciliter l’accès au logement du plus grand nombre, réduire les inégalités, accélérer la transition énergétique, moderniser entreprises et administrations (notamment grâce au numérique), investir massivement dans la recherche et l’innovation et maîtriser les finances publiques.

Tu le sais bien, le temps passe de Catherine Nay - Bouquins

Émetteur du florilège : François C.

 

Tu le sais bien, le temps passeUne affaire de famille

Mais, grand classique en politique, le prédécesseur est toujours un incapable et le successeur un imposteur.

Le souverain captif

Chirac n’était pas encore remis de ces sept années écoulées où il avait eu son lot de malheurs.

« En quelques semaines, le bel alezan piaffant s’est métamorphosé en veau aux hormones ».

Le fils préféré

Philippe Séguin

L’équipe gouvernementale comportait quarante-deux ministres et secrétaires d’Etat ! Une armée mexicaine difficile à piloter.

(1995) Il aurait fallu dissoudre après la présidentielle, mais Jacques Chirac avait refusé et cette majorité n’était pas vraiment la sienne.

Le bon plaisir

A 46 ans, Mitterrand est tombé amoureux d’une enfant de 19 ans, sa « merveilleuse fille », comme il l’appelle alors…

Mazarine naît le 18/12/1974

Mais cette vie privée et publique sans entrave qu’il s’était choisie nous parle d’un monde englouti. Mitterrand est mort au siècle dernier, quand les portables n’existaient pas, ni Internet, ni les réseaux sociaux.

Une idée de génie

(1997) Morale de l’histoire : Chirac ayant refusé de divorcer d’avec Juppé, les Français avaient divorcé avec lui… » Jacques Chirac a inventé le septennat qui dure deux ans. »

Celui qu’on n’attendait pas

Cinq ans ! La cohabitation allait durer cinq ans. Quel tunnel ! Les deux acteurs ne se connaissaient pas, n’avaient jamais eu affaire l’un à l’autre. Comment le couple allait-il fonctionner ? Je savais d’avance qu’ils finiraient par se détester.

Jamais Lionel Jospin n’aura réussi à se hisser au rang de fils préféré de Mitterrand. Une déception, une blessure qui en rappellent une autre : celle d’un Philippe Séguin qui n’a jamais pu admettre que Jacques Chirac lui ait toujours préféré Alain Juppé.

Jacques, Lionel, Bernadette et les autres

En janvier 98, le couple Clinton avait frôlé le divorce avec l’affaire Monica Lewinsky.

 Partie II

Europe 1, une famille ébranlée

A Europe 1, Jérôme Bellay n’avait pas l’âme d’un repreneur, il entendait faire table rase du passé. Il ne supportait pas ceux qui existaient avant lui et qui avaient un nom.

Avec la mort de Jean-Luc Lagardère (mars 2003), c’était tout un pan de ma vie de journaliste qui disparaissait.

Les âmes qui montent au ciel

A cet instant, je mesurais peut-être pour la première fois combien mes parents étaient devenus fragiles.

Et voilà que ce passé lui revenait comme un ouragan dans la tête, l’extirpant de ce couloir terrible de l’anonymat où vous plonge la retraite, où l’on doit s’habituer à n’être plus rien dans le regard des autres, à devenir invisible.

La comédie des trente-cinq heures

Martine Aubry, toujours tellement sûre d’elle, au point de se faire affubler du surnom de « la Méremptoire »…a en effet très vite tourné casaque sur les trente-cinq heures.

En octobre 1998, Seillière et Kessler lançaient à Strasbourg le MEDEF.

Entre 1998 et 2005, le Smic horaire a augmenté de 31% avec pour conséquence un décrochage industriel ravageur.

La fêlure plurielle

Mais le Premier ministre Jospin, soucieux de ne jamais heurter sa majorité plurielle, lâchait toujours face aux syndicats, y compris ses amis.

Réformateur, Lionel Jospin ? Oui, mais en ayant lâché sur presque tout.

Rendez-vous à Montretout

1987 : divorce de Pierrette Le Pen

1986 Grâce à la proportionnelle, le Front national faisait son entrée dans l’hémicycle avec 35 députés.

« Jean-Marie Le Pen est un char d’assaut qui n’a pas de marche arrière. » Quitte à verser directement dans le fossé.

Mais qu’est-ce qu’il a Philippe ?

Philippe Séguin demeure pour moi le plus désenchanté, tourmenté, pessimiste, déroutant. En définitive, décevant.

16 avril 1999 Le destin politique de Séguin s’est brisé ce jour-là.

Une carrière au forceps *

(1983) Nicolas Sarkozy devenait, à 28 ans, le plus jeune maire d’une ville de plus de cinquante mille habitants.

Le novice ovationné respirait un parfum de destin. Sa vocation venait de naître. Il en était sûr : il ferait de la politique.

(2002) Faute d’être Premier ministre, Nicolas Sarkozy recouvrait sa pleine liberté pour viser plus haut. Il allait le faire savoir assez vite.

La bienfaitrice

Bernadette Chirac

Quand le plus usé des deux n’est pas celui qu’on croit

(2001) Le moral des Français fléchissait, les socialistes continuaient de rouler des mécaniques.

(PS) A la fin de l’année 2001, chacune de ses composantes avait déjà investi son candidat. Chevènement pour le MDC, Noël Mamère pour les Verts, Robert Hue pour le PC, Christiane Taubira pour le Parti radical de gauche.

Jacques Pilhan l’avait théorisé : « La politique n’est ni une logique ni une morale. C’est d’abord une dynamique. » Traduction : il suffit d’une fausse manœuvre, d’un grain de sable, d’un rien même, pour que les vents porteurs se retournent en bourrasque en pleine face. Prophétique.

Jacques Chirac allait rempiler pour un deuxième mandat après cet invraisemblable concours de circonstances.

Paul Guilbert le magnifique

D’un trait, il saisissait un caractère, une ambiance. Pour moi ses papiers étaient des petits chefs-d’œuvre, sans parti pris ni jugement moral.

Le premier des ministres

Tous les sondages avaient prédit une large victoire à Jacques Chirac. Passer de moins de 20% des suffrages au premier tour (son étiage habituel) à 82,21% au second relevait de l’anomalie électorale. Unique dans l’histoire politique de la Vème, donc dérangeante.

Le rival déclaré

Fin novembre 2003, Jean-Pierre Raffarin était au plus bas dans les sondages, passé de 64 à 33% d’opinions favorables en moins d’un an. Nicolas Sarkozy devenait l’homme le plus populaire de France, avec 60% d’opinions positives.

Nicolas Sarkozy venait de démontrer que l’Etat n’est pas impuissant si le volontarisme et la démocratie marchent de pair.

Ce qui n’empêche pas la gauche de lui coller l’étiquette d’ultra-libéral. Un contre-sens à tout le moins.

Il n’y a plus de petite miette

Maman est partie. Quel vide immense pour moi et mes frères ! Mais sa voix, je l’entends, elle me parle, est toujours présente. Le passé n’efface rien. Je crois aux forces de l’esprit.

Jusqu’à la fin de ma vie, je détesterai les mois de novembre…

L’épreuve Cécilia

(Mai 2005) La vérité est que Nicolas Sarkozy vivait une épreuve dramatique : le départ de Cécilia l’avait anéanti, comme s’il était amputé de la moitié de lui-même. Pas un coup de fatigue, mais un coup de massue, un tremblement de terre.

2005, Annus horribilis

  1. Pour Nicolas Sarkozy, l’année de ses 50 ans et de la brisure de son couple.
Depuis le début de la crise conjugale, Cécilia ne s’était plus jamais placée au premier rang -autre petit caillou blanc. En préambule du discours, Nicolas Sarkozy avait fait sienne cette prière de Michel-Ange : « Seigneur, accordez-moi la grâce de toujours désirer plus que ce que je peux accomplir. »

 Villepin en scène

2006 lui serait moins favorable. Pour marquer sa détermination dans le combat contre le fléau du chômage, obsession française depuis le premier choc pétrolier, il avait concocté une mesure phare avec un membre de son cabinet : le contrat première embauche, le tristement célèbre CPE…L’annoncer sans concertation, avec une totale absence de pédagogie, revenait à prendre un énorme risque, en effet. La mobilisation s’organisait.

Un vaincu de l’amour

Deux phrases avaient retenu mon attention. La première : « Il y a sans doute la bonne solitude, celle de la réflexion, celle qui offre le silence, la sérénité, la liberté » ; la seconde résonnait comme le témoignage d’un homme en grande détresse : « Il y a la solitude poisseuse, celle qui oppresse, qui naît de la privation de l’écoute, du soutien du regard de l’autre, celle qui fait oublier le sentiment d’aimer et d’être aimé. »

Pour la première fois, un président en exercice divorçait. Napoléon avait répudié Joséphine. Cette fois, c’est Joséphine qui répudiait Napoléon.

Avec le Fouquet’s, le yacht Bolloré, les vacances américaines, tout ce qu’il avait dû concéder à sa femme, Nicolas Sarkozy avait complètement raté son entrée en scène et détérioré son image. Ses actes ne correspondaient pas à son discours de campagne, à sa promesse d’un style de présidence irréprochable. Il était devenu le président bling-bling.

Carla, un miroir gratifiant

Le 5 avril 2008, Le Parisien titrait : « Les Français aiment déjà Carla » avec ce commentaire élogieux : « Deux mois après son mariage, Carla Bruni-Sarkozy impose son style : élégante, moderne, intelligente et sympathique. Son allure séduit à droite, son côté aristo-bobo attire les sympathies à gauche. 75% des Français se disaient satisfaits de la première dame. Elle devenait un atout maître pour son mari dont la fougue brouillonne déroutait les Français. »

« Ma vie privée est en ordre », assurait le président.

Le barreur de haute mer

Au second semestre 2008, changement de décor, changement de personnage. On découvrait un leader sur la scène européenne et internationale, capable d’entraîner, à l’écoute, à l’aise, inspiré, reconnu, admiré et fêté.

Nicolas Sarkozy demeure à mes yeux un personnage hors normes, doté de qualités exceptionnelles qui m’ont toujours impressionnée, et de défauts qui m’ont souvent navrée. Ainsi de son inaptitude à maîtriser son verbe et son comportement.

Un Président dit « normal »

François Hollande, c’est l’histoire d’un antihéros à qui il est arrivé des choses extraordinaires. Hormis ses interventions sur le Mali, son comportement après les tueries de janvier 2015 à Charlie Hebdo où il avait convié le monde entier à partager « notre peine », où on l’avait trouvé digne, dans son rôle, c’est un président qui n’a jamais su donner un sens à son action, l’expliquer, en faire un grand récit national. On attendait quelque chose qui n’est jamais venu, et lui a toujours cru que les choses finiraient par s’arranger, que la croissance allait repartir, la courbe du chômage s’inverser. Un optimisme trompeur ou une insondable naïveté ? Sa bonne étoile fut une étoile filante.

Le secret d’Albin

Albin est mort vers 23 heures, le 29 juillet 2020. Je suis assommée, envahie par un chagrin que je sais irréparable.

Albin n’est plus là. Pour moi c’est un vide immense. Quelques mois avant sa mort, un jour que nous étions tous les deux en voiture, soudain j’avais vu qu’il pleurait. « Mais qu’est-ce qu’il y a, mon chéri ? » Il m’avait répondu : « C’est parce que je ne veux pas te quitter. »

Et l’irrémédiable est arrivé. Pour m’imprégner de cette fatalité à laquelle personne n’échappe, je me répète ce qu’il me disait comme pour m’y préparer : « Tu le sais bien, le temps passe. »

Café sans filtre de Jean-Philippe Blondel - L'iconoclaste

Coup de cœur d’Élodie, notre amie libraire: Depuis la réouverture du Tom’s après le confinement, Chloé s’y réfugie chaque jour, discrète observatrice des gens qui passent avec leurs histoires, cette femme avec son fils, ces deux hommes qui se retrouvent, mais aussi Jocelyne, l’ancienne patronne du bar et Fabrice, qui a pris la suite, avec José et ses envies d’évasion…

Un roman frais et léger qui se savoure comme un café en terrasse et qu’on referme avec le sourire !

Le chaos de la démocratie américaine de Ran Halevi - Gallimard

Émetteur du florilège : François C.

Le chaos de la démocratie américaine : ce que révèle l'émeute du capitoleINTRODUCTION

Mais la portée de la journée du 6 janvier va plus loin et plus profond. L’événement aura été le symptôme exorbitant, la flambée imprévisible des tendances à l’œuvre qui consument la démocratie américaine depuis trente ans. Il donne un tour explosif non seulement à la polarisation délétère qui déchire le pays mais encore à la désagrégation des normes civiques, morales et culturelles qui ont longtemps gouverné la société américaine.

Aujourd’hui, la démocratie sert plutôt à faire prospérer deux pathologies formées en son sein aux pôles opposés: d’un côté, le populisme dans sa variante il-libérale, infusé et relayé à flux ininterrompu par les réseaux numériques et les talk-shows radiophoniques ; de l’autre, la révolution identitaire, «différentialiste», racialiste qui a fini par déborder l’enceinte universitaire pour atteindre la sphère politique proprement dite.

I UNE ÉMEUTE SANS REPÈRES

Les images du 6 janvier paraissent d’autant plus saisissantes que cette émeute visait le panthéon de la démocratie américaine, dont les émeutiers souillaient l’enceinte, piétinaient les principes et attaquaient les symboles.

L’événement retentissant qu’est devenue cette émeute sans repères… a aussi son lot de vrais extrémistes, des groupes organisés, décidés de longue main à en découdre.

Les suprémacistes d’aujourd’hui trouvent dans le trumpisme un compagnon de route qui offre à leurs passions délétères une visibilité inespérée.

L’épisode auquel ils prirent part, de près ou de loin, est une manifestation caractérisée d’extrémisme, un outrage aux lois, aux conventions, aux procédures qui gouvernent la vie de la Cité : débats d’opinion, pétitions, manifestations, négociations, compromis…

Le 6 janvier est le rejeton délétère de cette fraternité virtuelle fermentée dans le chaudron des passions et des colères qui lui tiennent lieu d’identité.

II LES SORTILÈGES D’UNE PRÉSIDENCE «ALTERNATIVE»

De toutes les normes démocratiques que Trump a bousculées au cours de son mandat, ces manquements à la pacifique transmission du pouvoir sont d’une gravité comparable à sa dénégation controuvée des résultats de l’élection présidentielle.

Ce fut la conclusion crépusculaire d’une présidence qui ne ressemblait à aucune autre, ballottée par une gestion échevelée, des polémiques et des scandales à répétition.

Donald Trump transféra au domaine public une règle de vie qui l’avait guidé dans la gestion de ses affaires : le mensonge n’est qu’une variante de la vérité, une «hyperbole véridique», une vérité alternative, contingente, un point de vue subjectif, révisable, affaire de moment, de situation, d’opportunité, qu’on adapte, ou abandonne, suivant les nécessités ou la demande.

Donald Trump politisait à son profit l’art débonnaire de «baratiner»…Il en usait libéralement, compulsivement, en multipliant sans compter les imputations approximatives, exorbitantes ou proprement fallacieuses qui visaient non à persuader mais à entretenir justement des ressentiments, des préjugés, des soupçons, des certitudes illusoires, à fort potentiel électoral.

Les années Trump furent une terre d’accueil fertile – un véritable théâtre expérimental – aux nouveaux usages de la très vieille obsession du complot.

Lui seul possédait le secret de fabrication de son personnage… un composé de culot et d’obscénité, de narcissisme et d’autorité, de crânerie et de pétulance, de franchise politique et de cécité morale, réfractaire à toute imitation.

Le «pacte populiste» que Trump a noué avec ses partisans ressortissait à deux mouvements de fond inséparables: la polarisation idéologique et culturelle qui déchirait la société américaine bien avant que lui-même entre en scène et, par ailleurs, déjà évoquée, la haine des «élites» -politiques, économiques, universitaires- qui dépasse la division traditionnelle entre démocrates et républicains.

III INVAINCU

La bataille postélectorale, ruineuse et vaine, dans laquelle Trump entraîna le Parti républicain et une armée d’élus et de juristes obéissait plus à ses impulsions familières qu’à une conception élevée de la justice, ou au bon sens politique et à la moindre analyse rationnelle de ses chances d’aboutir.

Le monde de Donald Trump est structuré par cette distinction binaire entre winners et losers, non pas à proprement parler, mais selon qu’ils savent ou non placarder les signes extérieurs, les artifices flatteurs, de la réussite et de la puissance même lorsqu’ils échouent: «La réalité est secondaire, tout est affaire de perception» (Michael Cohen)

IV GUERRE D’OPINIONS

Trump n’a sans doute pas imaginé, ni peut-être voulu, le drame qui allait s’ensuivre. Mais comment s’étonner que ses sombres harangues contre la Constitution et la trahison du vœu populaire aient mis le feu aux poudres?

Les faits parlent d’eux-mêmes: les déclamations toxiques, les faussetés, les sommations, les insultes, les calomnies proférées sans discontinuité pendant des mois réunirent les conditions qui devaient aboutir à l’explosion.

MISÈRE DES CONVENTIONS

Si le système de freins et de contrepoids pouvait se maintenir si longtemps aux États-Unis dans un équilibre satisfaisant, c’est que les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, consentaient à les exercer avec une assez grande retenue qu’aucune loi écrite ne prescrivait formellement.

L’infraction aux conventions n’est pas propre à la seule démocratie américaine. Elle participe d’une radicalisation politique que le populisme de droite ou de gauche et le progressisme identitaire et «sociétal» infusent à nos mœurs publiques.

Trump pourra vérifier en temps réel à l’échelle nationale l’étendue des ravages que la fin de sa présidence et ses prolongements auront infligés à l’esprit des institutions: l’affaiblissement dramatique de la confiance spontanée dans les institutions politiques, l’extension légale de la défiance à l’ensemble de la procédure du vote, une judiciarisation massive des contestations électorales, des violences peut-être et, partant, un système fédéral impuissant et perclus, car privé du titre de légitimité primordial qui donne vie à tout gouvernement légal: la sanction irréfutable, et communément acceptée, du suffrage universel.

CONVERGENCES ILLIBÉRALES

Là où le populisme trumpiste et l’idéologie progressiste se retrouvent, c’est dans la représentation belliqueuse de l’ordre des choses, qu’ils cultivent avec ou sans le secours de la théorie: celle d’une société livrée à une lutte perpétuelle, guerre des droits et guerre des mémoires, où chacun désigne à sa guise les dominants, les opprimés, les «élites» de son choix, ainsi que leurs boucs émissaires de prédilection.

Diversitaires et populistes sont également habités par toute une imagerie de compétitions, conflits, haines recuites, assujettissements, humiliations historiques, violences symboliques ou réelles. Les premiers partent de l’individu, les seconds ne réfléchissent qu’en termes de communauté, de genre, de race, mais avec le même esprit réducteur. Pour les uns et les autres, la complexité n’a pas droit de cité : la simplification à l’extrême de la marche du monde est le seul mode possible de le penser, avec, pour chacun, sa manière particulière de se mettre à l’abri de la réalité, son «narratif» propre, ses complots, ses oppresseurs à punir, ses victimes à dédommager.

Le trumpisme comme le progressisme cherchent à instrumentaliser la démocratie représentative pour satisfaire des pratiques qui sapent ses fondements. Et ils usent souvent, pour ce faire, des mêmes moyens : la pression, l’intimidation, la peur, l’exclusion.

Ce refus commun de penser la chose commune autrement qu’en termes essentiellement improbateurs de culpabilisation et de victimisation, avec ou sans le secours de la théorie, rend les deux mouvements à la fois intellectuellement stériles et politiquement redoutables. Dans le monde progressiste, il finit par assécher toute réflexion positive sur le destin de la démocratie américaine, tout en politisant à l’extrême, et en défigurant, l’idée même de démocratie.

CONCLUSION

Ce qui sape la démocratie américaine et ne cesse de la retourner contre elle-même, ce sont moins les dissentiments politiques, propres à toute démocratie, que les fractures culturelles qui les parasitent et les radicalisent ; c’est la manière de concevoir l’être-ensemble national, le passé, le gouvernement de la Cité.

L’assaut du Capitole révéla au monde ses fêlures, que les lendemains de l’événement allaient aggraver. Un an après -et on ne sait pour combien de temps encore-, le 6 janvier apparaît comme une journée sans fin.

*

EN ATTENDANT de GAULLE… de Franz-Olivier GIESBERT - Albin Michel

Émetteur du florilège : François C.

AVANT-PROPOS

Emmanuel Macron a du charisme, avec le sourire afférent, mais il lui manque le caractère. Il biaise, procrastine, finasse, dit une chose et son contraire «en même temps», pour plaire à tout le monde.

Mais force est de constater que, depuis le départ du grand homme, le pays n’a cessé de dégringoler sur la pente du déclin… la France, sereine et immuable, a continué de suivre «la politique du chien crevé au fil de l’eau» comme disait de Gaulle.

Alors que les effectifs de la fonction publique ont progressé, en trente ans, presque deux fois plus vite que ceux de la population active, la France est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, avec la Grèce.

De Gaulle invitait sans cesse à prendre de la hauteur, la position « généralement la moins encombrée ». Rien ne sera possible tant que ses successeurs ne s’inspireront pas de son exemple pour sortir enfin de leur bougeotte aboulique de « bourdons sur la vitre ».

MACRON VA-T-IL RÉUSSIR À SE RÉINVENTER?

Quand le feu couve, il est toujours dangereux de jouer avec les allumettes.

L’humanité est au creux d’un carrefour vers lequel dévalent plusieurs camions fous dont les freins ont lâché.

Aux États-Unis comme en France, le duo infernal juge-journaliste dézingue sans cesse tout ce qui bouge, en tout cas à droite. Il ne le fait pas exprès. Il est hémiplégique.

(14/18) Sur les champs de bataille, la France perdit 27% des 18-27 ans.

Après le règne de l’enfant-roi, voici celui du casseur-roi.

Le démago-dégagisme a fait reculer la démocratie.

La morale de tout cela: l’écologie est décidément une chose trop importante pour être confiée aux politiciens ou aux communicants, ce qui revient souvent au même.

Si la France va mal, c’est parce qu’elle vit, à travers le jacobinisme, sous une gouvernance à irresponsabilité illimitée.

Mais la grande absente du logiciel présidentiel, c’est la France éternelle en crise morale, identitaire, métaphysique, qui se demande si elle est encore de son temps.

Philippe Juvin dresse, à travers son récit, un état des lieux accablant du système sanitaire le plus coûteux du monde, qui, pendant la crise, a toujours eu un train de retard, miné qu’il était par une bureaucratie fabriquant de la nuisance pour se donner de l’importance.

COMMENT LA DROITE VA PEUT-ÊTRE S’EN SORTIR?

La droite fait face aujourd’hui à une sorte d’hystérie judiciaire.

La radicalisation d’une gauche sans boussole, de plus en plus islamo-gauchiste, obsédée par les «lois liberticides» ou les «violences policières».

Si la droite a pu sortir du piège, elle le doit à ce qu’on peut appeler la «gauche folle», qui, en sombrant dans le communautarisme, l’islamo-gauchisme, l’obsession anti-policière, est devenue un épouvantail pour beaucoup de Français, comme le montre le fiasco des «escrologistes» et de la France insoumise aux régionales.

LA NOUVELLE INQUISITION

Le propre du totalitarisme est son rapport très aléatoire avec la vérité, qu’il écrabouille sans complexe.

Ce qui est à l’œuvre à Grenoble, c’est bien une entreprise totalitaire qui utilise le mensonge et la terreur intellectuelle.

Force est de constater que, dans ses territoires perdus, zones de non-droit, l’État est marginalisé, ridiculisé, à la ramasse.

Le dhimmi, i.e. le non-musulman, est une sorte d’Untermensch, comme on disait sous le IIIème Reich.

Souvent plenellisés, nos chers confrères seront-ils maratisés dans la foulée? Pauvre presse! Pauvre France!

L’heure est à la mise au pilori si l’on n’appartient pas à la «gauche» tendance Le Monde.

DIRIGER LES FRANÇAIS, QUELLE GALÈRE!

La France est toujours une usine à gaz, à tartufferies, à impostures, à fausses valeurs.

N’a donc pas ému grand monde, sur ce continent, la conquête de l’enclave kurde d’Afrique par le rouleau compresseur turc et ses chars allemands, le tout avec les ex-soldats de Daech et d’Al-Nosra, nos pires ennemis.

(gilets jaunes) Idéologiquement, c’est la fête à Neuneu, avec pour marqueurs le nationalisme, le dégagisme «antisystème», des pulsions d’extrême droite, d’extrême gauche, d’extrême centre.

Force est de constater que l’islam français est troué de partout par le salafisme et ses cousins islamistes, tous hostiles à la République, que l’État a laissés proliférer avec une complaisance insane.

Il y a quelque chose de terrifiant à voir déferler sur la France éternelle de Montaigne ou de Hugo la mode des fadaises américaines standardisées, de la cancel culture au Black Lives Matter, avec leur haine de l’universalisme et leur culte de la proscription, la mise à l’index, la réécriture de l’Histoire, qui nous ramènent aux temps noirs de l’Inquisition.

«IL VENAIT DE LA NUIT… OU LES AVENTURES DE Z COMME…

Il a peur de tout. Des migrants en général et des musulmans en particulier, de l’Amérique, de l’Allemagne, de la mondialisation, du cosmopolitisme, du capitalisme, du libéralisme. Sans parler du féminisme… C’est un héraut de la droite extrême de plus en plus compatible avec la gauche extrême. Une créature étrange, pleine de contradictions, exagératrice, révoltée, fascinée par la force, par le Mal au pouvoir.

Plus la bien-pensance médiatique dénoncera Zemmour avec son hystérie infantile, plus il grimpera dans les sondages.

L’ISLAMO-GAUCHISME VA-T-IL TUER LA GAUCHE?

François Pupponi a écrit un livre formidable sur la progression des islamistes qui prospèrent notamment grâce à la veulerie des politiques de la gauche niqab ; la pleutrerie des parquets judiciaires ; le noyautage des associations d’insertion, permettant de faire financer les militants radicaux par le contribuable.

L’Occident est une forteresse criblée de trous. Pour un peu, on verrait à travers.

L’intellectuel de gauche n’apprend pas. C’est même son signe distinctif. Après s’être fourvoyé en défendant les régimes mortifères de l’Union soviétique et de la Chine populaire, du Cambodge, il continue, ces temps-ci, à tomber dans tous les panneaux, de l’islamisme à l’antiracisme identitaire importé des universités américaines.

Ce rôle de généreux bienfaiteur de l’intégrisme, voire du terrorisme, est désormais dévolu à l’émirat du Qatar, as du dessous-de-table et mille-pattes de l’Orient qui, à force de les mettre partout, risque de se prendre un jour les pieds dans ses jambes et dans le tapis!

Un sondage de l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès révélait, il y a peu, que 74% des musulmans de moins de 25 ans mettaient l’islam, donc d’une certaine façon la charia, au-dessus de la République. Des chiffres glaçants contredits par les musulmans de plus de 35 ans, qui étaient seulement 25% sur la même ligne.

La vieille pente vichyssoise des élites françaises les a déjà amenées, parfois, à «comprendre» la tuerie de l’équipe de Charlie par des islamistes (relire Despentes ou Plenel). Après chaque attentat, une petite musique nous intime de faire des concessions sur le voile intégral et, surtout, sur le délit de blasphème, auxquels il serait vain, voire honteux, de continuer à s’opposer.

JUSTICE, LES HYÈNES ET LES MOUTONS

En 1940, à part le seul et admirable Paul Didier, tous les juges prêtèrent serment au maréchal Pétain avant d’appliquer sans sourciller les lois d’exception qui faisaient des juifs des citoyens de second ordre.

Est-il sain pour la démocratie qu’une petite coterie journalistico-judiciaire ait droit de vie et de mort sur les élus? La justice, la vraie, n’est-elle pas en train de crever de ce mélange des genres, au profit d’un tribunal permanent qui condamne, comme pendant la Terreur de 1793, à la tête du client?

Au train où vont les choses, il faudra bientôt écrire le mot justice avec des guillemets.

PAYS EN DÉCLIN CHERCHE SAUVEUR

Le spectacle qui s’offre partout, sauf dans les vertes campagnes de la douce France, est celui d’un monde où tout s’affaisse. L’autorité, la culture, l’économie, la bonne intelligence.

Le laisser-aller du pouvoir et la complaisance de la presse bien-pensante, obnubilée par le spectre de l’État policier, se sont conjugués pour engendrer une bête immonde où cohabitent l’extrême gauche, les racistes, les identitaires. Une menace réelle pour la République.

La machine à inepties est en état de marche, il suffit de mettre une pièce dedans. Avec la crise économique qui vient, sa production pourrait bien dépasser toutes les prévisions.

À l’aube de 2021, deux dangers menacent la France: l’américanisation par le politiquement correct (pour la tête) et la soviétisation par l’hyper-bureaucratie (pour le reste du corps).

Pinailleuse et envahissante, la bureaucratie ne fait rien mais elle bloque tout.

Mais, attention, la guerre d’aujourd’hui ne se limite plus au champ militaire. Elle est aussi technologique, économique, environnementale, sanitaire.

PARIS-MARSEILLE, LA DOUBLE MÉPRISE

Quand en finira-t-on avec le caporalisme? Jupiter ne touche toujours pas terre: les leçons de la crise des gilets jaunes n’ont pas encore été tirées par le pouvoir.

La culture du déni, spécialité française, à gauche comme à droite, permet à nos «élites» d’occulter tout ce qui menace notre identité, sinon notre essence: la désindustrialisation, l’acculturation, la montée de la délinquance, l’accélération des flux migratoires, le grand délire de nos dépenses publiques, les plus élevées des pays d l’OCDE. Sans parler de l’endettement de l’Etat, qui culmine désormais à 120% par rapport au produit intérieur brut. Tout cela dans un climat de laisser-aller général, sur fond de perte d’autorité.

La France a-t-elle un Mario Draghi en magasin?

L’EUROPE, INVENTION FRANÇAISE

Faute d’un capitaine à la barre, l’Europe est un canard sans tête, un rassemblement hétéroclite à irresponsabilité illimitée, une carpette sur laquelle tous les politiciens essuient leurs pieds crottés, le bouc émissaire de toutes leurs lâchetés, pleutreries, névroses. Comment voulez-vous qu’elle marche? Et pourtant, comme disait l’autre, elle tourne! Mais dans quel état!

Ne nous lassons pas de répéter, comme tous les bons Européens, ces vérités indélébiles =: la Commission ne compte que 33 000 fonctionnaires, soit la moitié du personnel de la ville de Paris, et son budget représente seulement 1% du PIB européen, 80% étant redistribués aux pays européens!

D’autant que, à en croire Stephen Smith, les ennuis sont devant nous. Au train où vont les choses, il pourrait y avoir sur le Vieux Continent, dans trente ans, 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 aujourd’hui.

Devant les perspectives d’immigration massive, l’Europe doit trancher. Ou bien elle devient une «forteresse Europe» inaccessible derrière ses grillages ; ou bien elle se réinvente comme une sorte d’«Eurafrique», sur fond d’universalisme humaniste, ce qui sonnerait le glas du modèle social à l’européenne, un Etat providence sans frontières n’étant pas viable ; ou encore elle tente de survivre avec une politique «de bric et de broc» en suivant plusieurs stratégies à la fois. C’est sans doute ce dernier scénario qui prévaudra. Mais il ne nous mettra pas à l’bri des tempêtes, des coups de vent, des crises…

DINGUE, «LE DONALD»?

ERDOGAN-LA-MENACE

C’est au cours de l’affreux XXème siècle, quand leur espace vital s’est rétréci, que les Turcs furent frappés du syndrome de la purification ethnique et religieuse. Ils ont ainsi exterminé 1 200 000 Arméniens lors du génocide perpétré de 1915 à 1916, liquidant les deux tiers d’une population qui habitait cette terre depuis des temps immémoriaux, bien avant que les Turcs l’envahissent et se l’approprient.

Chacun ses juifs. Erdogan persécute les 15 millions de Kurdes de Turquie tout en essayant de massacrer, à intervalles réguliers, les 2,5 millions qui vivent encore de l’autre côté de la frontière, en Syrie: coupables d’avoir mené le combat contre Daech qu’il soutenait en douce, ils sont à ses yeux des «terroristes».

Erdogan ne cache pas ses intentions, l’Empire ottoman est de retour, tout le monde est prévenu: les Arméniens, les Kurdes, les Grecs et les Européens, dont il contrôle quasiment la pratique de l’islam par associations interposées. Tous les grands criminels de l’Histoire ont toujours annoncé la couleur, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

*

HUMAN PSYCHO - Comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète de Sébastien BOHLER - Ed. Bouquins

Émetteur du verbatim: François C.

Première partie Les piliers de la folie

Pour produire les destructions monumentales qui avaient cours tout autour du globe, il avait fallu que tout le monde s’y mette. Que 8 milliards d’humains, aux commandes de dizaines de milliards d’automobiles, de téléphones, d’avions, d’usines ou d’ordinateurs, se comportent tous ensemble avec la planète comme un essaim ravageur vis-à-vis d’un champ de blé ou de luzerne.

Il avait fallu que collectivement nous soyons entraînés à faire des choses qu’individuellement aucun de nous n’aurait souhaité faire.

C’est finalement la recherche de nouveaux besoins et la course à l’innovation technologique qui décident de l’évolution du monde et de son impact sur l’environnement naturel. Les retombées de ce jeu qui se déploie d’après ses propres lois, ce sont les individus qui en font les frais et qui malgré eux en perpétuent la dynamique.

Une des lois essentielles de l’univers. À savoir que les propriétés d’un système sont, le plus souvent, totalement différentes de celles de ses composants… Ce livre postule que l’humanité est une entité qui se développe, qui agit et qui «pense» de manière autonome. Son fonctionnement est potentiellement très différent de celui des individus humains.

Les quatre caractéristiques fondamentales de l’humanité (sur le plan du langage, de la cognition, de l’émotion et de l’action). Nous avons devant nous un être à l’ego démesuré, doté d’une incroyable aptitude à manipuler les autres, d’une absence totale d’empathie et d’une tendance à agir de manière instantanée et sans tenir compte des conséquences.

Psycho I Human ego

Dès les premiers instants, l’humanité se dépeint comme au-dessus. Au-dessus de tout. Des plantes, des animaux, des roches, des océans.

Le cortex orbitofrontal, zone clé de la psychopathie… Logiquement, les individus dont le cortex orbitofrontal a été détruit sont incapables d’intégrer l’existence des autres dans leurs raisonnements et leurs agissements. Comment le pourraient-ils? Ils ne savent pas comment agir et penser d’une manière acceptable socialement.

Où est le cortex orbitofrontal de l’humanité? La réponse est simple: elle n’en a pas -ou bien, si un jour elle en a eu un, il a dû recevoir une grosse barre à mine en pleine tête… La collectivité humaine, cette chose tentaculaire qui exploite, essore et abandonne tout ce qui lui tombe sous la main, sans l’ombre d’un remords, sans le début de la moindre interrogation.

Psycho II Human techno

Aujourd’hui, on estime qu’environ 1% de la population remplit les critères de psychopathie.

Toujours opère entre nos mains le même principe: du sous-sol de la Terre à la Lune en passant par les nuages, l’espèce humaine décompose, exploite, utilise, convertit, instrumentalise tout, y compris le cœur du vivant.

Pour l’humanité, la nature est une proie. Tout ce qui s’y trouve a par définition une utilité.

Les défaillances du cortex orbitofrontal poussent à se servir d’autrui, à tromper et à mentir… Mentir, tromper, dissimuler, manipuler, tout cela fonctionne ensemble. Et suppose de déconnecter son cerveau orbitofrontal.

Les pannes du cortex orbitofrontal se traduisent par une ignorance morale (tendance à agir en considérant autrui comme un moyen) accompagnée d’une absence de culpabilité.

L’humanité agit vis-à-vis des espèces animales, des ressources naturelles, des lacs et des rivières en les instrumentalisant, à la façon d’un prédateur, sans une once de culpabilité. Dès lors, le monde, devenu système, se meurt.

Psycho III Human monster

En quoi l’humanité remplit-elle les conditions d’un tel manque d’empathie? Dans les rapports entre l’espèce sapiens et la nature, sapiens est le bourreau, et la nature est la victime.

L’histoire de l’émergence de l’homme est donc celle d’une perte progressive d’empathie pour les autres formes de vie.

Psycho IV No future

Dans sa façon d’agir envers la biosphère, les espèces animales, les forêts ou les ressources naturelles, l’espèce Homo sapiens ne se pose presque jamais la question des conséquences. Ou, si elle les présuppose, elle les ignore délibérément et n’en tient pas compte pour modifier ses décisions présentes.

Le système même de production et de consommation des biens matériels, bien au-dessus des consciences et des actions individuelles, est fait pour agir dans l’instant, de manière impulsive, sans prendre en compte l’avenir à long terme.

Au fil du temps, nous avons donné naissance, par nos inventions, par nos moyens de communication et de transport, par nos lois et nos traités internationaux, à un super-être qui ne réfléchit pas à l’avenir. Sa puissance n’a d’égale que son inconscience. Son caractère, celui d’un ego démesuré qui se croit au-dessus de tout, qui ne pense qu’à exploiter la nature, qui n’éprouve aucune compassion ni empathie pour les êtres qui le peuplent, et qui se moque éperdument de ne laisser derrière lui qu’un champ de ruines. Même s’il doit lui-même y laisser sa peau.

Deuxième partie La source du mal

L’empathie a tendance à vous faire préférer aider une personne qui vous ressemble plutôt qu’une personne dissemblable.

Simplement, ces résultats révèlent qu’une force biologique sélectionnée par des millions d’années d’évolution, avant même l’émergence de l’humanité, tend à nous faire éprouver de moins en moins d’empathie vis-à-vis d’une personne, à mesure qu’une personne nous est de moins en moins semblable.

Dès qu’un groupe social est affublé des qualificatifs de sale, repoussant, dégoûtant, inférieur, le cortex préfrontal ventromédian, qui inclut le cortex orbitofrontal, s’éteint entièrement.

Nous, humains, sommes en grande partie des êtres mimétiques. Nous nous définissons par notre groupe d’appartenance et par notre entraide à l’intérieur des limites de ce groupe. C’est pourquoi la déshumanisation est le corrélat inévitable de l’humanité ; elle se mesure couramment au sein même de nos sociétés.

Dans ce contexte, l’empathie préférentielle conduit à deux effets: d’une part, une hausse de l’empathie des humains à l’intérieur du groupe humain (qui constitue désormais l’endogroupe), d’autre part un effondrement de l’empathie des humains pour les autres formes de vie qui forment désormais un exogroupe.

L’histoire de notre espèce montre que l’empathie à l’intérieur des frontières de l’humanité n’a fait que s’accroître au fil des siècles, tandis que vis-à-vis du monde animal et végétal elle se mourait.

Nous vivons toujours et plus que jamais dans la sacralité de notre espèce, mais l’homme de Vitruve ne règne à présent que sur un monde desséché d’où s’élèvent des colonnes de fumée noire. Et le voilà condamné à devoir répondre, dans l’avenir, à des questions insolubles.

Troisième partie Stopper le psychopathe

Mais le jour où les Biden, Poutine, Xi Jinping comprendront que leur ennemi commun est cet organisme malade qui les conduit au bord du précipice, comme le joueur de flûte de Hamelin, peut-être décideront-ils des statuts d’une instance régulatrice informatisée globale qui sanctuarisera les ressources fossiles de la planète en les dispensant de se concurrencer en permanence. Le psychopathe global sera alors domestiqué par un cortex orbitofrontal digne de ce nom.

Homo sapiens n’est pas la huitième merveille du monde mais un poison à pénétration lente et sournoise. L’humanité est responsable de la sixième extinction de masse de l’histoire de la vie depuis quatre milliards d’années… Elle a évolué d’un stade d’hominidé relativement inoffensif vers celui de méga-organisme toxique et invasif capable de réduire à néant des millions d’hectares de forêts et de recouvrir la surface des océans de plastique tout en saturant l’atmosphère de gaz toxiques.

L’humanité est une masse autoorganisée qui ne sait que produire des flux de matières, extraire, recracher et croître. Elle ne possède pas de représentation de l’avenir. Il lui manque une structure mentale décisive pour cela.

De la Renaissance à la révolution industrielle, de Descartes aux OGM, notre vision du monde nous prépare à un état agentique vis-à-vis de la nature. Au point que le fantasme de solutions technologiques à l’effondrement planétaire en autorise certains à tout détruire. Pour la nature elle-même, c’est une mauvaise nouvelle. Et le plus terrible est que personne ne prendra sa défense ; il n’y a pas de procès de Nuremberg de la nature, parce qu’elle n’est pas un sujet humain.

*

La Cabane Magique, tome 1, La vallée des dinosaures de Mary Pope Osborne - Bayard Jeunesse (Roman jeunesse)

Coup de cœur de Lena, petite stagiaire de la semaine : Tom et sa sœur Léa vont découvrir près de chez eux, dans le bois de Belleville, perchée en haut d'un chêne, une cabane remplie de livres. Cette cabane s'avère être une cabane MAGIQUE ! En ouvrant un des livres de la cabane, un ouvrage sur les dinosaures, puis en posant son doigt sur une image de dinosaures et en souhaitant de voir ce dinosaure, Tom fait voyager la cabane dans le passé!

Tom et Léa se retrouvent donc à l'époque des dinosaures, cette aventure extraordinaire leur réserve bien des surprises et ils vont apprendre beaucoup de choses sur ce monde peuplé d'animaux disparus. Au cours de cette expédition un mystère apparaît : à qui peut donc appartenir cette cabane? Pour ça Tom et Léa doivent trouver des indices.

J'ai vraiment aimé ce livre, il m'a fait découvrir un aspect de fantaisy qui nous emmène dans différents mondes et donne envie de découvrir le propriétaire de cette fameuse cabane. Plus on lit de tomes plus les indices augmentent, pour ensuite arriver à la réponse.

Les infiltrés de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre - Allary (essai)

Émetteur du verbatim : François C

Les infiltrés : comment les cabinets de conseils ont pris le contrôle de l'EtatLes sommes versées aux cabinets de conseil oscillent entre 1,5 et 3 milliards d’euros par an. Soit, au plus haut de cette moyenne, l’équivalent du budget du ministère de la Culture.

Chapitre 1 Covid : les grands cabinets à la manoeuvre

On peut quasiment suivre au jour le jour l’immixtion des cabinets de conseil dans la manière dont l’Etat a géré la crise. Mais aussi, les failles de la puissance publique, son attentisme, ses non-dits, et, surtout, ses moments de panique.

La sidérante facture de McKinsey : le total de la commande atteint le montant vertigineux de 10,7 millions d’euros en moins de dix mois. Ceci témoigne de la perte de savoir-faire du ministère de la Santé dans la gestion de la crise.

Le Covid a agi comme un miroir grossissant sur l’affaiblissement des services publics concomitant de l’envolée du consulting, l’un accélérant l’autre et vice versa.

Chapitre 2 L’irrésistible ascension des consultants

Sous le gouvernement Fillon, des centaines de consultants déferlent dans les ministères : Justice, Intérieur, Ville, Economie, Immigration…

Interventions des consultants dans l’Administration : ils ne prennent jamais l’avis des citoyens qui sont pourtant à la fois les payeurs et les usagers du service public.

Les cadres des ministères, moins nombreux, pressés en permanence par des urgences politiques changeant au rythme des gros titres des chaînes d’info, harassés par le reporting, qui s’ajoute à l’empilement des normes et des règlements, ne vont plus cesser de solliciter des prestataires extérieurs.

Chapitre 3 Un consultant à l’Elysée

Emmanuel Macron, super consultant ?…Dès son entrée au gouvernement sous François Hollande, il s’est appuyé sur les grands cabinets de conseil.

(Présidentielle 2022) Recueil de data, traitement des données, mise en œuvre de préconisations. Un second grand audit pour alimenter le programme de la Macronie. Le process est bien rodé. Et les consultants sont toujours à bord.

Chapitre 4 Grandes écoles et think tanks sous influence

Les cabinets de conseil utilisent ces rencontres pour identifier les donneurs d’ordre de la commande publique. Avec les fonctionnaires qu’ils ont repérés et démarchés, ils agissent en amont et bâtissent des projets de réforme, se trouvant alors en position d’influer voire de participer à l’écriture des appels d’offres nécessaires à la réalisation de la réforme.

Chapitre 5 Grands corps malades

Mettre un pied dans la porte, tisser sa toile, se rendre indispensable…Cet entrisme est facilité par la porosité devenue la règle entre la « caste » des hauts fonctionnaires et la nouvelle « aristocratie » des consultants.

Entre un tiers et la moitié des membres de l’Inspection des finances -la crème de la haute fonction publique, dont les agents sont sortis premiers de l’ENA- pantouflent. Ces adeptes des allers-retours entre le public et le privé semblent aujourd’hui plus soucieux de leur carrière que de l’intérêt général. Grands corps malades !

L’amateurisme de l’Administration culmine dans un secteur d’activité crucial, celui de la numérisation de l’Etat. Le nombre de fonctionnaires qui travaillent dans les directions informatiques des ministères est dérisoire.

Chapitre 6 Numérique : l’Etat a perdu le contrôle

Dans nombre de ministères, la numérisation des services de l’Etat a des allures de gouffre sans fond, avec, à chaque fois, des sociétés de conseil à la manœuvre.

Les informaticiens « publics » sont aujourd’hui 17 000, sur un total de 2,5 millions de fonctionnaires. Soit 0,68% du personnel d’Etat…Parmi ces informaticiens de l’Administration mal payés, peu considérés et insuffisamment formés, combien savent réellement coder ? Quelques centaines, tout au plus. Peut-être encore moins, assurent ceux qui connaissent l’impéritie de ces services.

Ces « entrepôts de données » devenus indispensables à tous les échanges, étant aux mains de sociétés américaines, cela signifie très concrètement que lorsque McKinsey, Roland Berger ou le BCG sont missionnés par l’Etat français pour travailler dans la Défense ou à Bercy, ces cabinets de conseil risquent de stocker toutes les données auxquelles ils ont eu accès dans un cloud américain. Le souci est que les Etats-Unis pourraient, un jour, exiger d’en prendre possession en raison d’une loi extraterritoriale, le Cloud Act, que Washington a adopté en 2018.

Chapitre 7 L’hôpital malade de son administration

Au point que tenter de répertorier tous les contrats de conseil conclus par les organismes en charge de la santé publique en France donne vite le tournis.

Conséquence de cette politique, entre 2000 et 2020, la France a perdu 80 000 lits d’hospitalisation.

A la rentrée 2021, 20% des lits d’hospitalisation ne pouvaient être utilisés faute de personnel.

En attendant des jours meilleurs, l’hôpital concentre tous les effets pervers du consulting : promesses d’économies à court terme, mais apparition de surcoûts à long terme (surcroît de personnels administratifs, absentéisme, etc) qui fragilisent le service public et constituent autant d’opportunités pour le secteur privé.

Chapitre 8 Des consultants cinq étoiles

En mars 2018, Pierre de Villiers, ex CEMA (chef d’Etat-Major des armées), intègre en qualité de senior advisor le Boston Consulting Group.

Après la fin de la guerre froide et la disparition d’une menace immédiate, la France a, année après année et comme d’autres pays occidentaux, réduit le format de ses forces militaires. De 1960 à 2020, les budgets afférents ont été divisés par trois. Et les effectifs de l’Armée de terre par dix, passant de 1 million à 100 000 hommes. Ce changement de paradigme a contribué à l’émergence d’un immense marché privé de la sécurité et permis un recours massif à l’achat de services.

Issus des trois corps et présents sur l’ensemble des bases militaires, ces experts des télécommunications, au nombre de 7000, installent tous les systèmes d’information de la Défense, dont ils assurent aussi la maintenance. Un rôle primordial. Pourtant, en trente ans, plus de la moitié des effectifs a été supprimée tandis que les besoins informatiques s’accroissent toujours davantage, et une partie des activités préalablement accomplies par ces techniciens a été transférée à des acteurs privés.

Chapitre 9 Justice et police menottées

Tous les magistrats le constatent : des fonctions judiciaires, surtout dans le domaine de la justice civile, sont en passe d’être totalement externalisées tandis que de nouveaux marchés s’ouvrent pour les cabinets de juristes ou d’avocats.

Au 1er janvier 2020, selon l’Observatoire international des prisons, 71 établissements pénitentiaires sur un total de 187 ont été partiellement privatisés.

Le ministère de la Justice, relève la Cour en octobre 2021, « a accumulé un retard considérable par rapport aux autres ministères ou à ses homologues européens : équipements obsolètes, logiciels anciens qui communiquent très peu entre eux au sein du ministère, gouvernance informatique en souffrance, très faible niveau de protection des systèmes, incapacité de la justice à disposer d’informations fiables pour conduire le changement. »

La Justice est sous-dotée en informaticiens (environ 500 personnes) et se trouve à la merci des cabinets de consultants qui, faute de suivi effectif, peuvent dégager des marges indécentes.

Chapitre 10 Bercy : consultation à tous les étages

La lecture de cet accord-cadre de février 2021 renvoie l’image d’une Administration étrangement famélique. Les compétences recherchées couvrent en effet un très vaste champ : audit financier, diagnostic industriel, écriture des plans de retour à l’équilibre, restructuration financière, recherche de repreneurs ou de solutions de réindustrialisation, expertise juridique.

Mais il est quand même fascinant de voir un Etat déléguer au privé une mission par nature éminemment politique. Faire des économies revient en effet toujours à faire des choix. La « consultodépendance » atteint ici un seuil critique.

Chapitre 11 Matignon : un sondage toutes les quarante-quatre heures

Entre le 5 mars et le 28 mai 2020, le gouvernement a commandé, pour 1 million d’euros, trente-trois études qualitatives et douze questions hebdomadaires pour mesurer la popularité de l’exécutif, soit un sondage toutes les quarante-quatre heures !

Conclusion

Les Infiltrés ne connaissent pas de frontière. Et la France n’est pas le seul pays avide de conseils, ne faisant que suivre les Allemands et les Britanniques qui, en Europe, en ont été les premiers, et les plus gros consommateurs.

Chaque jour, les citoyens constatent l’écart grandissant entre la charge des impôts et la qualité des services publics.

Il ne s’agit pas de bouter hors de l’Etat jusqu’au dernier des consultants. La priorité consiste à stopper un processus de privatisation larvée afin de bâtir un futur commun. Ministres et hauts fonctionnaires doivent en urgence se « désintoxiquer » du consulting, réapprendre à penser par eux-mêmes, et cesser d’être les faire-valoir des grands cabinets américains. C’est au prix de cet effort qu’ils redeviendront ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être, d’authentiques responsables politiques.

Arrêtons de donner autant de pouvoir et d’argent aux grandes sociétés de consulting.

Le retour de la guerre par François Heisbourg - Odile Jacob (essai)

Émetteur du verbatim : François C

Le retour de la guerreChapitre I LA PANDÉMIE COMME ACCÉLÉRATEUR DE L’HISTOIRE

Sur sa durée depuis décembre 2019, il s’agit bien de la pandémie la plus meurtrière en l’espace d’un siècle. Mieux valait être riche que pauvre, bien nourri qu’obèse ou démuni, convenablement logé que condamné à la promiscuité, membre du groupe dominant que victime de discriminations ethniques ou religieuses. Mais jusqu’à quand et jusqu’où cet « argent-hélicoptère » est-il possible ? Nous manquons de précédents par rapport à la combinaison en 2020 – 2021 de l’envolée de l’endettement public, d’interventions sans limites des banques centrales, de quasi absence d’inflation, de taux d’intérêt voisins de zéro et d’envolée du cours des actifs boursiers. Socialement et éventuellement politiquement, la pandémie voit s’accumuler la poudre des explosions futures.Un facteur commun relie entre elles toutes ces réponses sanitaires, économiques et sociales à la pandémie, c’est le renforcement du rôle de l’État sous toutes ses formes, qu’il soit prescripteur, régulateur, ordonnateur, répressif. Simplement, il ne faut pas confondre crise de la mondialisation et crise, par ailleurs bien réelle, de la démocratie, largement imputable justement à l’accroissement des inégalités et de la précarité. Maîtriser et encadrer la mondialisation tant chinoise qu’américaine est au contraire une des conditions d’un regain démocratique. Loin d’être un sujet pour geeks, le domaine numérique et cybernétique est devenu une des clés des relations entre pays. Pendant la pandémie, de façon passablement chaotique et parfois sans cadrage clair, les freins à la circulation des personnes ont été mis en place à l’intérieur de la zone Schengen. Tests PCR obligatoires, quarantaines plus ou moins dures, voire fermetures complètes de frontières se sont multipliées. Le fait est que la pandémie a d’ores et déjà exacerbé la lutte entre les deux principaux pôles de puissance de la planète : la logique est celle de la Covid comme accélérateur de l’Histoire. La pandémie laisse dans son sillage un monde plus divisé et polarisé, dans lequel les facteurs de désordre et les égoïsmes se sont trop souvent donné libre cours, offrant un champ libre aux instincts de conservation et aux appétits de prédation. Dans l’immédiat, elle a exacerbé la confrontation entre les deux superpuissances et les modèles de gouvernance et les valeurs idéologiques que chacune incarne.

Chapitre II CHINE – ÉTATS-UNIS : LES SUPERPUISSANCES ET LA GUERRE

La superpuissance américaine a de beaux restes, et pas seulement dans le domaine militaire. Le positionnement confrontationnel des deux superpuissances sera fait au mieux de rivalité tant idéologique qu’économique et stratégique. Au pire, la confrontation exclura toute stabilisation des relations dans la durée et pourrait déboucher sur la guerre directe ou indirecte, massive ou limitée. Dans tous les cas cependant, les relations internationales de chaque État sont contraintes par les données de politique intérieure, que celles-ci soient le produit de processus démocratiques, comme le Brexit britannique ou le « Make America Great Again ! » de Donald Trump, ou le fruit d’autres logiques : autoritarisme poutinien ou léninisme chinois. Cet impératif qu’est pour la Chine l’unité et cette priorité qu’est la lutte contre le séparatisme n’ont pas, ou plus, leur équivalent du côté américain : si la guerre de Sécession a laissé de profondes plaies en termes de relations raciales, le séparatisme n’est plus un sujet. Il y a là une asymétrie qui pourrait s’avérer belligène. L’Amérique de Biden entend organiser politiquement et stratégiquement le système international, et plus spécialement l’immense aire Indo-Pacifique, autour de la défense et l’illustration de la démocratie. Contrairement aux États-Unis, la Chine n’a pas de réseau d’alliances de sécurité et de défense sur lequel s’appuyer et à partir duquel se projeter. L’Empire britannique à son apogée de la fin du XIXème siècle préfigure à bien des égards les nouvelles routes de la soie à la fois maritimes et terrestres, commerciales, informationnelles, stratégiques et, le cas échéant, militaires. Au quotidien, une sorte d’infra-guerre existe d’ores et déjà entre la Chine et les États-Unis. Cyber-opérations de toutes sortes, à des fins de renseignement, d’entrainement, de rançonnement ou de sabotage, ne sont certes pas le monopole des superpuissances, mais elles en font sans surprise un usage substantiel, le cas échéant en soutien d’opérations informationnelles, sur le registre des fake news et autres « infox »…Ce champ de bataille est extraordinairement propice aux dérapages et à des processus d’escalade pas forcément prévus. Dans la grande région Indo-Pacifique, nous sortons de ce qui ressemblait aux compromis stabilisateurs de la guerre froide vers une rupture incertaine et instable du statu quo. En tout état de cause, l’ordre stratégique dans la grande région Indo-Pacifique a perdu la stabilité qu’il possédait depuis les années 1970 et il n’a pas la robustesse que possédait l’ordre bipolaire de la guerre froide. Pour les pays européens, un bouleversement dans la région Indo-Pacifique au profit de la Chine et aux dépens du système d’alliances américain aurait d’immenses conséquences, que cela passe par la guerre ou par la menace du recours à la force.

Chapitre III LA DÉMOCRATISATION DE LA GUERRE

Si un conflit entre la Chine et les États-Unis est désormais au centre des risques stratégiques à l’échelle de la planète, la guerre elle-même change de nature, dans ses moyens comme dans sa pratique. Il est possible de dire qu’elle se démocratise tout en se banalisant. Dans la guerre asymétrique, l’un des principaux enjeux est précisément la capacité de déterminer qui, des protagonistes en présence, imposera « sa » règle du jeu. La capacité de calcul à prix et surface constants double tous les dix-huit mois…Appliqué à la guerre, ce constat signifie que les barrières d’entrée à des capacités réservées naguère à des pays puissants s’abaissent au rythme exponentiel de la loi de Moore. C’est dans leurs effets de seuil que s’opposent ces deux lois. Celle d’Augustine rend inabordable toute une catégorie d’armements, celle de Moore en démocratise l’accès. Les Saoudiens ont assez d’argent pour acheter à prix d’or des avions de combat, pendant que les Houthis investissent dans les drones tueurs et les missiles balistiques aimablement fournis par l’Iran. Plus que les contraintes financières ou les barrières technologiques, c’est l’aptitude mentale et organisationnelle à l’innovation qui sera cruciale. La lutte pour la prééminence que se livrent désormais la Chine et les États-Unis impose aux superpuissances des logiques quantitatives et qualitatives de dépenses différentes de celles qui s’appliquent aux autres catégories d’acteurs…Les pays qui luttent contre leur déclassement stratégique, comme la Russie, la France ou le Royaume Uni, ou ceux qui tentent de monter dans la hiérarchie des puissances, comme l’Inde, se voient à leur tour amenés à s’engager dans ce nouveau type de course aux armements, rang oblige. La banalisation de la guerre risque d’être tout sauf ordinaire dans ses conséquences. Elle se manifeste de la façon la plus courante à travers les opérations conduites dans la cyber-sphère. Précisément parce que la cyberguerre, c’est tous les jours et tout le monde, les risques de dérapage sont extrêmement élevés, car une fois lâchés dans les réseaux, les virus informatiques sont aussi difficiles à maîtriser que leurs cousins biologiques échappés dans la nature…La généralisation des cyber-opérations multiplie les risques de dérapage pouvant provoquer la montée aux extrêmes. En élargissant le spectre de la conflictualité, la cyber-sphère contribue à l’accroissement du danger de guerre, y compris au niveau le plus extrême de violence. L’avènement à grande échelle des systèmes autonomes, et notamment des armes robotiques destinées à tuer sans ordre humain, pose une foule de problèmes éthiques et juridiques…Le résultat de ces évolutions, ce sont plus d’acteurs, petits et grands, capables et désireux de recourir à la force sur des théâtres d’opérations plus nombreux. Les « zones grises » de la conflictualité virent plus volontiers que naguère au noir. Si l’espace risque désormais de contribuer à alimenter le risque de guerre plutôt qu’à stabiliser la situation stratégique, c’est d’abord parce que le phénomène de démocratisation et de banalisation des moyens s’y accélère, alors que la montée de la superpuissance chinoise change la donne spatiale héritée de la guerre froide. Comme la neutralisation de satellites peut être sélective et que l’identification de sa cause peut poser problème, il est possible que l’espace extraterrestre soit le champ de bataille initial de toute crise majeure entre Pékin et Washington, notamment autour du sort de Taïwan. Ceux qui craignent une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis ont tort ; dans les circonstances énumérées plus haut (armes hypervéloces, multiplication rapide du stock d’armes nucléaires de la Chine…), le risque est qu’elle ne soit ni froide ni limitée à des moyens dits « conventionnels ».

Chapitre IV UN MONDE SANS LOI, OU LE PIEGE DE KINDLEBERGER

A l’échelle régionale depuis 2013 en Syrie, la puissance dominante cesse d’exercer son hégémonie, mais sans que se présente pour l’heure une puissance montante susceptible de la remplacer…Par défaut, d’autres s’y précipitent, telles la Russie ou la Turquie, mais dont aucune n’a la capacité d’y établir une forme d’ordre à l’échelle de la région. Aujourd’hui, le système onusien est marginalisé par la conjonction d’une Russie disposant d’un pouvoir de perturbation mais non de proposition, d’une Amérique affaiblie concentrée sur ses problèmes intérieurs, de démocraties désunies, et d’une Chine devenue superpuissance qui n’a pas encore défini son rôle mondial, le tout sur toile de fond de puissances émergentes ou intermédiaires usant de leurs marges d’autonomie accrues. La Chine est une « force qui va », qui n’a visiblement pas de contribution multilatérale à faire, dépassant la défense étroite de ses intérêts idéologiques et matériels. L’incertitude et l’instabilité ne sont pas les meilleures compagnes de la paix. Cela vaut a fortiori quand il n’existe pas par ailleurs ni accord ni stabilité quant aux règles du jeu international censées régir le système international. Un ordre international ne peut pas se fonder sur ce qui revient à établir une société protectrice des dictateurs et des kleptocrates. Pour le moment, le Chine paraît moins intéressée par la transformation du système international que par son instrumentalisation. C’est une longue période de désordre qui se profile davantage qu’une tentative d’organisation du système international, donc Kindleberger plutôt que Thucydide. Ainsi, dans les prochaines décennies, le changement climatique alimentera la conflictualité à tous les niveaux, dès aujourd’hui en attisant les luttes urbaines et rurales ou en accroissant les flux de réfugiés, et par la suite entre les États, quand ils estimeront ne pas pouvoir obtenir une modération des politiques climatiques des autres pays par des voies pacifiques.

Chapitre V L’EUROPE DÉBOUSSOLÉE

Il y a donc urgence à comprendre comment nous en sommes arrivés là, sinon il y a fort à craindre que d’autres crises, notamment climatiques et guerrières, ne conduisent à d’autres désastres. Se lamenter sur ce déclassement ne saurait tenir lieu de politique. Une Europe herbivore dans un monde de carnassiers…D’une part, une Europe secouée sinon affaiblie, visiblement incapable d’agir à propos dans l’urgence, aura plus de mal à défendre ses intérêts et ses valeurs dans un monde où la prédation s’est durcie, et cela d’autant moins qu’elle n’inspire pas confiance…D’autre part, que penser de la capacité de l’Europe d’agir collectivement dans des guerres dont les adversaires sont des nations ou des groupes non étatiques, au vu du manque d’efficacité et de pertinence dans la guerre contre le virus ? L’Europe subit plus qu’elle ne peut maîtriser ces forces que sont la montée éruptive de la Chine, la réorientation américaine et le révisionnisme d’une Russie dont l’affaiblissement exacerbe plus qu’elle ne modère les instincts. Face à des antagonismes agiles, les Européens doivent pouvoir faire preuve d’une agilité au moins équivalente, dans le temps le plus court possible sur l’espace le plus vaste possible. (Brexit) Tout cela se calmera peut-être, mais en attendant, le Brexit affaiblit l’ensemble des protagonistes au plan stratégique. L’Europe, face à une Russie révisionniste, une Amérique occupée ailleurs, et une Chine menaçante, n’avait pas besoin de cela.

AND THE WINNER IS… ?

Avant même la pandémie, la prédation et la loi de la jungle progressaient partout, fût-ce à un rythme inégal. Avec la pandémie, non seulement toutes ces tendances se sont aggravées, notamment à travers l’extraordinaire coup de frein économique de 2020, mais encore le monde est passé d’un jeu à somme nulle à une ligne de résultat négative…Loin d’unir les efforts face au péril commun à travers un sursaut multilatéral pendant la crise sanitaire, le monde a assisté davantage à un chacun pour soi qui augure mal de notre capacité collective à affronter la menace existentielle que représente le changement climatique. Pendant ce temps, les moyens de la guerre ne cessent de se démocratiser, et ses domaines d’action de s’élargir. Entre la guerre cybernétique et informationnelle qui est quotidienne mais qui tue peu et l’apocalypse nucléaire toujours menaçante mais dont l’emploi reste fort heureusement encore virtuel, le spectre de la conflictualité ne connaît plus de césures aussi nettes entre ce qui relève de la non-guerre ou de la guerre. Dans un monde sans ordre, la tentation et la réalité du recours à la force sont de plus en plus prégnantes aux portes de l’Europe comme à l’épicentre économique et stratégique du monde que représente l’espace Indo-Pacifique, et cela à tous les niveaux, de l’action de groupes non étatiques au choc des superpuissances. Les guerres de toute nature seront désormais l’horizon incontournable de la vie de nos sociétés, et cela vaut aussi pour notre continent. Ce serait dommage de constater qu’à l’épreuve des faits, nous n’avons plus qu’un couteau sans lame auquel il manquerait une manche. Cette crainte explique l’accent que nous avons mis sur l’effort qui s’impose à nous face à la violence guerrière qui se lève.

Les orageuses de Marcia Burnier - Cambourakis (roman)

Coup de cœur de Priscilla, libraire à De Fil en Page: On dit pas vengeance, (…) c’est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d’autre n’est disposé à le faire

C’est comme ça après pour celles qui ont dit non sans être entendues. C’est comme ça pour les victimes de viol, n’ayons pas peur de dire les mots.

ARRÊTE de trembler. voilà, comme ça. Respire on a dit. T’arrête surtout pas de respirer. Regarde pas la traînée sur ton pull, regarde-la pas, on s’en fout si ça partira au lavage, au pire tu le jetteras, tu l’aimais même pas ce pull.

Et puis après ça continue encore, la peur, l’angoisse, la honte, le sentiment d’y être pour quelque chose dans ce qui est arrivé… Sauf que là ces «sorcières, (ces) sœurs, ces vengeresses, pétroleuses, prêtresses, toutes un peu abimées mais qui ont réussi à se rafistoler comme elles pouvaient» ont décidé que la peur devait changer de camp. C’est par leur blessure qu’elles se reconnaissent les unes dans les autres et puisent ce qu’il faut de colère salvatrice pour essayer d’en sortir, coûte que coûte et parce qu’il n’y a pas d’autre choix.

Un premier roman saisissant et nécessaire, à mettre entre toutes les mains, pour une révolte aussi vitale qu’urgente.

Un texte publié dans la collection Sorcières.

Passagère du silence de Fabienne Verdier - Livre de Poche (roman)

Émetteur du florilège : François C.

Passagère du silenceIl manquait à mes camarades l’intelligence du cœur, cette curiosité passionnée qui pousse l’être jeune à découvrir la face cachée du monde, l’ivresse et la poésie du jour.

Je me suis mise en chemin -c’était une question de survie-, en quête d’une initiation véritable qui m’ouvrirait les portes d’une réalité autre.

Je me demandais si j’allais rester. La réalité ne coïncidait pas avec l’idée que je me faisais de ce pays et de ce que je venais y trouver. Et pendant des années, il en fut ainsi. Je ne sais pas ce qui m’a fait tenir, sans doute mes aventures cocasses et incroyables, la découverte d’une nature humaine inconnue et d’un monde inimaginable.

Il y avait, jadis, une culture des maisons de thé en Chine, dont celle-ci n’était qu’un vestige, comparable à celle des pubs en Angleterre, ou des cafés en France.

L’artiste, en Chine, possède un statut unique car l’art est supposé traduire la vérité d’un esprit, sans faux-semblant.

Il n’existait pas de sauf-conduit pour l’impunité. Toute faiblesse, tout accès de sincérité risquaient de vous mettre au rang des ennemis du peuple. Rien, alors, ne vous était épargné et vous étiez éliminé.

Les étudiants comme les professeurs étaient trop attachants pour que je ne souhaite pas partager leur vie, une vie où l’histoire donne à l’existence les dimensions de la tragédie. J’avais l’impression de n’avoir connu dans mon pays que des faits divers. Il avait fallu que je vienne en Chine pour comprendre ce qu’est une tragédie. Ce qui me séparait finalement des Chinois n’était rien d’autre que le fait qu’ils avaient traversé une telle expérience historique.

Il était extraordinaire de voir ces jeunes s’inspirer entièrement d’une culture étrangère. Mais qu’avaient-ils eu le droit de conserver de la leur ? On leur avait refusé cet héritage sous le prétexte qu’il n’était qu’un ramassis de vieilleries.

Je devais aussi m’imprégner de la pensée chinoise, devenir un peu chinoise par l’esprit, par toute ma façon d’être et même de vivre.

Grâce à lui, j’ai découvert la présence d’une vie culturelle clandestine et, en dépit des interdits, j’ai rencontré ces êtres pleins d’audace, derniers détenteurs de la tradition esthétique. Il passait ses nuits à copier et recopier des estampes de textes anciens à la recherche d’un style personnel.

Ce n’est qu’au début des années quatre-vingt que l’art des lettrés, ce regard particulier sur le monde, fut peu à peu remis à l’honneur, qu’on se remit à publier des livres classiques et des études anciennes ou nouvelles. Il est impossible de comprendre la peinture chinoise sans connaître la culture chinoise. Mais est-ce tellement étonnant ?

Le paradoxe le plus fou de ces régimes totalitaires c’est qu’ils annihilent chez les plus faibles, l’individu, sa personnalité, sa liberté. Chez d’autres, au contraire, comme ce maître des sceaux, qui n’eut d’autre choix que de subir les affres de l’histoire, ils créent ou déclenchent une énergie intérieure violente, une puissance de survie nouvelle. Ils nous livrent alors un savoir poignant et bouleversant de vérité. Ils se sont construits seuls, dans l’interdit, et n’auraient sans doute jamais atteint cette qualité d’»Etre vrai » dans une vie normale. Ces hommes m’offraient le fruit de leur bataille intérieure : la renaissance et la sauvegarde de leur art. Comment ne pas les suivre ? Dans ses décors à la Zola, la Chine fut pour moi un accélérateur de progrès et de connaissance extraordinaire.

(Paroles de maître Huang) « Tu dois arriver à percevoir que, dans le monochrome, dans les variations infinies de l’encre de Chine, tu peux interpréter les mille et une lumières de l’univers. »

« La peinture chinoise est une peinture de l’esprit ; elle ne vise qu’à transmettre l’esprit des choses à partir des formes, qui ne sont qu’un moyen. »

« Il faut trouver le juste milieu pour saisir la vie. Tout est dans la juste mesure des oppositions. En Occident, vous aimez les extrêmes ; pour vous, le juste milieu est synonyme de fadeur. Pour nous Chinois, le juste milieu c’est épouser la vie, la paix. L’harmonie de la nature est basée sur le juste milieu. »

« Le peintre, au cours de son existence, se construit une banque de données psychiques à partir de sa connivence avec le monde. C’est ce qu’il restitue dans son trait. Un jour, de cette banque de données naîtra naturellement, en un geste spontané, un acte créatif. »

« Le beau, en peinture chinoise, c’est le trait animé par la vie, quand il atteint le sublime du naturel. »

On n’imagine pas l’inhumanité, l’hystérie, l’indifférence qu’engendre la surpopulation. Le corps n’a plus d’individualité, la multitude vous dépasse ; on devient un numéro.

« Laisse-moi vivre ma vie comme je l’entends, lui ai-je répondu. Je ne peux repartir avec toi. Je suis comme la chrysalide occupée à construire le joli papillon que je serai peut-être un jour. » Comment lui faire comprendre la mutation intérieure que j’expérimentais à ce moment-là ?

J’étais aux anges devant ces paysages magiques, ces étendues d’infini ; ils me faisaient mieux comprendre à quel point le ciel régit l’ordonnance du monde, comme me l’avait enseigné mon vieux maître…Là-haut, j’étais heureuse. La beauté des montagnes, les nuages si proches de la terre dont les ombres dansaient dans les champs, parmi les troupeaux de yaks, dilataient mon cœur d’allégresse.

Pour les Tibétains comme pour les tribus africaines, les vieux philosophes du Moyen Âge ou les grands maîtres calligraphes zen, le cercle est le point central : vide nourricier, plénitude première, lieu de naissance de tout ce qui est. Cette sorte de « cosmogramme » représentait l’expérience du sacré, la diversité du monde dans l’unité.

Pour les paysans, le vieil arbre symbolisait la fertilité et la longévité : ses racines, plongeant dans les rivières souterraines, assuraient la liaison avec l’eau qui arrose les champs, nourrit les plantes et donne la vie. Il rassurait les paysans car sa vigueur était de bon augure pour les cultures : il était le protecteur du village.

Un soir, j’ai rencontré dans une ville sordide un Yi complètement saoul qui m’a lancé avec violence : « Rentrez chez vous et racontez ce qui nous arrive, ce qui se passe ici. Il n’y a plus de culture yi, on n’a plus le droit de parler yi, on ne peut plus penser yi. On n’a plus le droit d’être yi. »

« Toute sa vie, Su Dongpo s’est cru obligé de demeurer un dignitaire de l’Etat. Que reste-t-il de son action ? Une digue inutile sur un lac, à Hangzhou. En revanche, par ses essais, ses poèmes, il a laissé une trace durable. Il nous a rappelé un art de vivre empreint de sagesse qui enseigne à mieux supporter les vicissitudes. Que demander de plus ? »

En tant que peintre, je pense que je ne perçois pas les choses comme un sinologue ou un intellectuel. Contempler un brin d’herbe peint par différents maîtres m’enseigne beaucoup. Je suis comme l’abeille laborieuse qui cherche un bon miel pour nourrir son esprit ; et chaque fleur est une expérience unique, l’approche d’essences ou de parfums subtils.

« L’esprit possède des possibilités d’excursion infinies ; tu dois t’en servir pour voyager. Il établit des connexions tout seul ; il est de même nature que le nuage qui passe ; le stable n’existe pas pour lui. Suis ses variations sans fin. Il faut accepter nos pensées diverses, même contradictoires. »

Depuis lors, j’explore le chaos. Pour certains tableaux, je garde le geste qui décrit un rond, car tout naît du cercle et, dans ce chaos d’encre que j’efface et recrée, dans ce tourbillon, ce maelström, soudain, mystérieusement, la forme s’inscrit et l’objet de mon intuition naît de lui-même. Je reste alors émerveillée comme devant un phénomène de magie.

Pendant notre périple, nous avons vécu comme des clochards célestes et de cette façon de vivre j’ai conservé au moins un héritage : je peux me contenter pendant des mois de pousses de bambou et de soupe au riz !

Certains Chinois vouent un véritable culte à ce monde passionnant des insectes ; monde vivant et amusant offert par la nature, créatures complexes et admirables de la mécanique céleste en action jusque dans ces phénomènes en miniature.

Tiraillée entre confucianisme et taoïsme, la culture chinoise tire sa richesse non d’une synthèse de ces deux courants de pensée, mais des milliers de synthèses possibles que chaque individu peut composer à son gré.

« La calligraphie ressemble à une rivière, me dit-il ; ce n’est pas en un jour que celle-ci devient un fleuve puissant ; mais à force de couler, elle finit par creuser son chemin à travers les pierres et, quand elle est devenue un cours d’eau majestueux, rien ne saurait lui faire obstacle. »

Je marchais dans une atmosphère surréaliste parmi les pierres dressées, inclinées, couchées, évoquant la course des nuages, les éclairs de la foudre, les éclaboussures de l’eau jaillissante, l’empreinte du pied d’un bouddha, la tête d’un tigre rugissant, un dragon endormi au bord de l’eau ou des grottes d’immortels. Il se dégageait de ce lieu une harmonie sereine, un jeu de cache-cache entre minéral, végétal, terre, ciel et eau.

Dans cette Chine nouvelle de brutes corrompues, de cadres du Parti vénaux, d’analphabètes vaniteux, comment ces vieux lettrés, ces rescapés du raz de marée parvenaient-ils à survivre ? Ils avaient été à deux doigts de sombrer dans la folie, usés par une agression quotidienne absurde, souvent incompris de leurs proches, regardés avec honte par leurs propres enfants, critiqués avec acharnement pendant des années ; leurs biens, rouleaux anciens, bibliothèques savantes, brûlés ; eux-mêmes battus et torturés, et pourquoi ? Parce qu’ils peignaient ? Parce qu’ils étaient poètes ? Parce qu’ils osaient parler de l’insaisissable et, par la voie des arts, se libérer des entraves ?

Le vieux Lan m’ouvrait ainsi de nouvelles portes, de nouvelles connexions, de nouveaux voyages que je portais en moi sans jamais les faire vivre.

Pékin, outre les pigeons musiciens, était aussi, pour moi, le paradis des cerfs-volants qu’enfants et adultes faisaient voler sur la place Tianan men, témoin de tant de tragédies. Papillons, phénix, dragons aux yeux globuleux, scolopendres de plus de dix mètres de long et autres animaux fantastiques y dansaient dans les airs au gré du vent et adressaient un pied de nez au portrait de Mao encore accroché au-dessus de l’entrée de la Cité interdite.

Elle devait pédaler deux heures pour venir travailler et autant le soir pour rentrer chez elle. Elle habitait un quartier destiné à être rasé et devrait plus tard parcourir un trajet plus long encore. Hors de la ville, les laissés-pour-compte ! « Imagine-toi ! me disait-elle, on va nous loger dans une tour ; aucune vie de quartier, pas de marché ! Nous serons sans repères, isolés, déracinés. Et puis, avec les pannes d’électricité, les ascenseurs ne marchent jamais. »

La Chine se modernisait à grande vitesse : les pauvres s’appauvrissaient, les riches s’enrichissaient ou, comme me disait un Chinois, « L’Europe occidentale se socialise et la Chine se capitalise ».

Il faut oser transformer ! C’est dans la transformation incessante que nous trouvons de nouveaux langages et, de plus, je pense sincèrement que c’est aussi grâce à elle que nous vivons profondément notre nature d’»être au monde ».

La qualité d’une œuvre ne tient pas au talent inné de son créateur, même s’il est nécessaire au départ, ce qui n’est pas sûr. La différence réside dans la persévérance, la volonté acharnée de poursuivre. Certains, satisfaits, s’arrêtent en route ; d’autres continuent à chercher jusqu’à ce qu’ils trouvent…J’ai compris en arrivant en Chine que mon séjour n’aurait de sens que si je me pliais à un apprentissage rigoureux…Très vite, je me suis rendu compte en maîtrisant la technique que, pour aller plus loin, je devais m’initier à leur philosophie.

Pour moi, l’acte de peindre porte en gestation toutes les modernités possibles. Accueillir sur le pas de sa porte la beauté du monde, libre et sans entrave, l’insouciance d’un instant…

Réaliste: soyons logiques autant qu'écologiques de Bertrand Piccard - Stock (Actualités)

Émetteur du florilège : François C.

Réaliste : soyons logiques autant qu'écologiquesL’origine

Avec l’héritage scientifique de ma famille et mes deux tours du monde, en ballon sans escale, puis en avion solaire sans carburant, on risque de me cataloguer en adepte inconditionnel de la technologie comme solution à tous les problèmes de l’Humanité. Pourtant, j’ai baigné toute mon enfance dans les balbutiements de l’écologie et cela m’a autant influencé que les histoires familiales de stratosphère et d’abysses qui peuplèrent mes rêves de jeunesse. J’ai eu suffisamment l’occasion de parler de la façon dont ces récits m’ont inspiré pour devenir explorateur, mais je n’ai jamais raconté les autres influences qui expliquent mon engagement pour la protection de l’environnement. Mon engagement, mais aussi ma volonté de tracer la voie d’un possible modèle écologique différent.

L’esprit pionnier

Je me souviens des quelques années passées avec ma famille en Floride, près de Cap Canaveral, à deux pas du Kennedy Space Center, où mon père préparait son Mésoscaphe pour explorer le Gulf Stream. Grâce à lui, j’ai été invité à six décollages de fusée, d’Apollo 7 à Apollo 12, et aux événements de la NASA. Quand je me retrouvais face à face avec les héros de mon enfance, dont j’avais lu les aventures dans mes livres d’école, j’avais l’impression qu’il n’y avait plus aucune limite entre le rêve et la réalité. Tout devait être possible.

La nature humaine

Au-delà de mon histoire familiale et des exemples d’écologie que j’ai eus devant les yeux, mes expériences d’explorateur et de médecin ont façonné mon action environnementale et fait de moi un être réaliste et pragmatique. J’adore bien sûr revenir de mes expéditions aériennes en racontant la beauté de ce que j’ai vu, en décrivant la magie de la Nature qui reflète le miracle de la vie sur notre planète bleue flottant dans le Cosmos. Tout le monde m’applaudit, mais cela ne sert à rien. A rien, s’entend, pour changer le monde, pour l’améliorer. La beauté ne dissuade pas l’être humain de commettre l’horreur et le miracle de la vie ne l’empêche pas de la détruire. Si les lois gouvernant le monde étaient celles de la morale, du respect et de la compassion, ce livre n’aurait pas lieu d’être, je ne chercherais pas de solutions puisqu’il n’y aurait pas de problèmes. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Le monde du passé

Ces innovations technologiques et ces comportements rationnels ne sont-ils qu’anecdotiques ? Pourraient-ils se généraliser à l’échelle de la planète ? Cela suffirait-il pour nous tirer d’affaire ? Notre monde pollue-t-il parce que nous y vivons trop bien ou parce que nous utilisons des systèmes et des structures archaïques ? Pourrait-on les changer et serait-il économiquement possible de le faire ? Il est fondamental de poser le problème ainsi, de voir la réalité en face, d’identifier les axes sur lesquels nous pouvons agir, avant de se lancer dans la bataille. Car, pour gagner, nous devons créer un large consensus.

Quelle décroissance ?

Si l’on peut économiser de l’énergie à grande échelle, réduire magistralement le gaspillage de matières premières et la production de déchets, tout cela de manière financièrement rentable, prôner la décroissance est-il encore nécessaire ? Philosophiquement, oui, cela se comprend. Instiller de la sobriété dans un monde qui succombe à ses excès a beaucoup de sens. Devenir moins matérialiste et remettre l’humain au premier plan, aussi. J’y serais favorable si je l’envisageais comme possible. Mais que fait-on une fois qu’on l’a dit ? Car l’humain, c’est aussi un salarié en quête de travail, de loisir, de confort. Alors est-ce vraiment souhaitable ? Est-ce même réaliste ?

La croissance qualitative

Si vous m’avez suivi jusqu’ici, vous aurez compris que je considère la croissance dite illimitée comme une aberration dangereuse et la décroissance comme une philosophie sans psychologie, en ce sens qu’elle ne tient pas compte de la nature humaine. Aucune des deux n’offre à mes yeux de voie réaliste pour éviter le désastre que nous sommes en train de préparer. Si aucune des deux voies ne répond à nos besoins, nous devons sortir de tout clivage conventionnel et trouver une troisième voie : celle que j’appelle la croissance qualitative.

La révolution énergétique

Nous venons de voir que la croissance qualitative s’appuie sur un modèle économique qui rentabilise l’efficience d’énergie et de ressources en misant sur la maturité des technologies propres. Il s’agit par conséquent d’une transformation profonde de notre fonctionnement, bien plus que d’une simple transition. Je n’hésite plus aujourd’hui à parler de révolution énergétique, tant les sources renouvelables, par l’incroyable bras de levier qu’elles représentent, permettent d’aller vite. Mais cela ne se fera pas sans intervention gouvernementale.

Sortir de la paralysie

Les pionniers apprécient les défis qui les obligent à quitter leur zone de confort. Ils recherchent même l’inconnu, qui ouvre des horizons différents, ainsi que les doutes et les points d’interrogation qui stimulent la créativité. Mais il en faudrait bien davantage dans tous les domaines de la société. Trop souvent, notre monde affectionne les stratégies qui renforcent la prédictibilité, la certitude, la stabilité, l’immédiateté. Au risque de stagner, de perdre des opportunités d’évoluer. Notre système s’est progressivement sclérosé, sur les plans politique, économique, financier, législatif, bureaucratique. Le paradoxe est que l’Europe ne s’est jamais aussi bien portée,en matière de sécurité, de santé et de qualité de vie, mais ce qui a assuré notre présent nous empêche maintenant de garantir notre avenir. A moins de reprendre notre destin en main et de changer un vieux narratif qui ne fonctionne plus.

Les 1 000 Solutions

C’est depuis le cockpit de Solar Impulse, au milieu de l’Atlantique, entre New York et l’Europe, que j’ai envoyé le communiqué de presse annonçant la création du Comité international pour les technologies propres, rebaptisé plus tard Alliance mondiale pour les technologies efficientes. Charles Lindbergh avait accompli son vol en 1927 pour ouvrir la voie au transport aérien long-courrier. Je voulais que le mien serve à la recherche et la promotion de solutions pour protégerl’environnement.

Un aperçu du futur

Parler autant de solutions sans donner d’exemples concrets n’a aucun sens, mais faire ici une liste à la Prévert n’en a pas non plus. L’inventaire complet se trouve sur le site de la Fondation et je vais me limiter à en présenter les grands principes par domaine. Je le ferai comme si ces solutions étaient déjà implémentées, pour bien montrer ce qu’elles apportent comme améliorations. Il s’agit donc ci-dessous d’une projection dans un futur non seulement souhaitable mais surtout possible, dont la réalisation ne dépend que de la vitesse à laquelle réagira l’humanité. Certaines sont géniales par leur technicité, d’autres enthousiasmantes par leur simplicité. Elles sont parfois si logiques, évidentes, qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt. Et pourquoi on ne les utilise toujours pas à grande échelle. Les mailles de notre filet n’ont pas encore permis de labelliser toutes les solutions existantes et certains domaines sont mieux fournis que d’autres. Mais nous continuons notre travail de recherche.

Le capitalisme en question ?

Dans un monde idéal, les mécanismes du marché réguleraient harmonieusement la production et la consommation. On ne produirait que ce qui est nécessaire et on ne consommerait que ce qui est sain. Le court terme ne prendrait pas le pas sur le long terme, car on comprendrait que c’est dangereux. Les Etats n’auraient à jouer qu’un rôle d’observateurs. Ce monde a été imaginé et soutenu par les penseurs du libéralisme économique, mais il faut être naïf –ou malhonnête- pour prétendre qu’il existe. En même temps, quelle légitimité avons-nous pour critiquer les grands acteurs de notre monde réel, qui, somme toute, ne sont pas différents de nous, avec les mêmes imperfections, irrationalités et égoïsmes ?

Le rôle des Etats

Je ne veux pas que cette notion de croissance qualitative s’ajoute à la liste des bonnes intentions qui n’aboutissent à rien. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une théorie mais d’une façon très concrète d’utiliser la chasse aux gaspillages et à l’inefficience pour stimuler l’augmentation des richesses globales. Bien entendu, une telle transformation sociétale ne se fera pas spontanément. Le rôle des Etats est fondamental pour définir les caps les plus ambitieux et faire respecter les objectifs. Seuls les gouvernements peuvent fixer des seuils incompressibles de durabilité, i.e. des niveaux en-dessous desquels techniquement, et même avec la meilleure volonté du monde, il serait impossible d’aller. Ces standards exigeants doivent être établis en fonction de ce que les technologies les plus modernes permettent d’atteindre.

Conclusion

Nous avons compris que la situation actuelle ne pouvait plus durer, pour garantir la qualité de vie non seulement des générations futures, mais de la nôtre. Nous avons vu d’où venaient les réticences et les obstacles qui ont freiné la protection de l’environnement jusqu’à aujourd’hui. Nous avons saisi que la décroissance, même si elle était philosophiquement souhaitable, n’était sans doute pas socialement ni psychologiquement acceptable. Par chance, il existe une alternative à la décroissance : la croissance qualitative. Cette dernière nécessite le passage d’une économie de gaspillage à une économie d’efficience. Ce serait utopique si les solutions n’existaient pas et si elles n’étaient pas rentables, autant pour l’industrie que pour le consommateur. Le travail de la Fondation Solar Impulse depuis quatre ans a montré que c’était possible. Plus de 1 200 solutions existent pour atteindre cette efficience, pour développer de nouvelles opportunités industrielles, pour protéger l’environnement tout en créant des emplois. Que manque-t-il alors pour que tous ces éléments s’enchaînent et aboutissent au résultat que nous espérons ? La modernisation du cadre légal, sans laquelle il ne se passera rien.

Le vrai état de la France de Agnès Verdier-Molinie - L'Observatoire

Émetteur du florilège : François C.

Le vrai état de la FranceLa France mérite mieux que des mensonges, des approximations ou des artifices. D’où qu’ils viennent. Elle mérite la vérité sur le décrochage qui nous guette. Et les solutions pour en sortir.

Partie I DÉCROCHAGE

23ème rang mondial en richesse par habitant, la France a décroché

Dit autrement, notre richesse nationale est gonflée à l’hélium de la dépense publique et de la dette. C’est ce qu’on retrouve en 2021 où un tiers des six points de croissance de la richesse nationale vient de la hausse de la dépense de fonctionnement de nos administrations publiques.

Sept milliards d’heures travaillées en moins

En France, on travaille 630 heures par an par habitant. Selon l’OCDE, qui publie ce classement, la France est le pays où cette quantité de travail par habitant est la plus faible. L’Espagne est à 697 heures par habitant, l’Allemagne à 722 heures, le Royaume-Uni à 808, les Etats-Unis à 826, la Suisse à 943.

Deux millions d’emplois en moins dans l’industrie

Le secteur industriel français comptait 5,5 millions d’emplois salariés en 1980, il n’en comptait plus que 3,1 millions en 2021…soit une diminution de plus de deux millions.

Il est préoccupant de constater que l’accélération récente de cette désindustrialisation n’est pas partagée avec les autres pays d’Europe, qu’elle est le fait de notre perte de compétitivité liée au coût du travail et à la cascade fiscale qui pèse sur nos entreprises.

82 milliards de déficit commercial

Allemagne pour 2020 : + 183 milliards d’euros (balance commerciale) ; France : - 82 milliards.

D’après l’Insee, de 1970 à 2016, la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a baissé dans la richesse nationale de 22,3 à 10,2%. En comparaison, la part de l’industrie manufacturière dans le PIB en Allemagne monte à 20,6%, soit deux fois plus qu’en France. L’Italie et l’Espagne ont aussi une industrie manufacturière plus importante qu’en France avec respectivement 14,6% et 12,8% de la valeur ajoutée.

8ème rang en Europe pour les investissements étrangers

Sur les vingt dernières années, les investissements directs en provenance de l’étranger en France se sont établis en moyenne à 21 milliards d’euros par an. Près de 440 milliards d’euros d’investissements étrangers sont venus se localiser en France sur ces vingt ans. Sur ces mêmes vingt dernières années, les investissements français à l’étranger se sont élevés à 1075 milliards d’euros et donc à une cinquantaine de milliards d’euros par an, soit un solde net négatif de 30 milliards d’euros par an.

90% des nouvelles entreprises créées avec…un seul salarié

(enquête SINE, également effectuée par l’Insee) sur l’indicateur des emplois créés par génération de créations. Les cohortes de nouvelles entreprises produisent peu, voire pas d’emplois…Ce phénomène est accentué par les disparitions d’entreprises, le taux de pérennité sur trois ans étant de 72% puis 60% sur cinq ans, un phénomène logique compte tenu du risque associé à la création d’entreprise. Mais qui se renforce lorsque l’on constate que les nouvelles entreprises démarrent en moyenne avec un financement de moins de 8000 euros dans leur projet.

Partie II REPOUSSOIR

Deux millions et demi de Français partis…à l’étranger

Ils aiment la France mais ils l’ont quittée. Ils sont presque 200 000 en Suisse, 130 000 en Belgique, 140 000 au Royaume-Uni inscrits au consulat…Ils sont partis de France pas toujours pour des raisons fiscales. Souvent aussi pour des raisons de liberté, de pouvoir d’achat, de rêves d’entreprise.

483 taxes, impôts et cotisations, 1126 milliards de prélèvements obligatoires

La France est championne du monde du nombre d’impôts, taxes, contributions et cotisations. En 2019, on en comptait 483 ! Soit 214 impôts, 159 taxes et 110 cotisations. Sur ces dernières, 37 cotisations et contributions employeurs, 38 cotisations et contributions salariales, 8 cotisations pour indépendants et inactifs, et 17 autres cotisations, majorations et pénalités (à la charge des ménages, des entreprises ou des deux). Une véritable litanie.

La France reste fin 2021 taxée de l’ordre de 140 milliards de plus que ses homologues de la zone euro.

25 milliards d’impôts en plus pour les ménages

La réalité, c’est qu’entre baisses de cotisations sociales, chômage et maladie (-24 milliards d’euros) et hausses des impôts directs des ménages (+ 25 milliards d’euros) on fait plutôt du sur-place jusqu’en 2019 en matière d’imposition des ménages, mais cela étonnera peu nos concitoyens. Encore un coup du bonneteau fiscalo-social français.

150 milliards d’impôts en plus pour nos entreprises

Que s’est-il donc passé entre 2012 et 2019 pour que tous les efforts pour améliorer la compétitivité de nos entreprises se traduisent par des résultats aussi faibles ? Eh bien, une partie des baisses liées au CICE et au pacte de responsabilité a été avalée par des hausses d’impôts sur la main d’œuvre, sur les outils de production et par des hausses de cotisations sociales.

Partie III SOUMISSION

2950 milliards de dette publique

Un chiffre énorme. En 2022, la dette de la France représente 44 000 euros par Français. En 2012, c’était 20 000 euros.

Notre dette va devenir notre croix. Cette dette n’est pas une dette d’investissement, mais une dette de fonctionnement. Entre 1995 et 2019, la dette a augmenté de 900 milliards pour que la France fonctionne, et de moins de 700 milliards d’euros pour qu’elle investisse. C’est l’inverse de ce qu’il faut faire. Si la France s’était endettée pour investir, elle n’aurait pas plus de dette aujourd’hui par rapport à notre richesse nationale que l’Allemagne.

Officiellement, on va vers les 3000 milliards d’euros de dette mais, officieusement, si on fait bien les comptes, et notamment si l’on ajoute tous les engagements « hors bilan » de l’Etat qui correspondent à des sommes qu’il s’est engagé à verser si certains événements se produisent, on est plutôt à presque 8 000 milliards d’euros de dette pour la France.

200 à 300 milliards de dette détenue par la Chine ?

La souveraineté financière de la France est en jeu….La question de la « soutenabilité » de la dette française mais aussi de la souveraineté de la France sont devant nous.

Bercy doit faire la lumière sur ceux qui, en achetant notre dette, détiennent de facto une partie de notre avenir. C’est une question de finances publiques mais aussi de souveraineté et de liberté géopolitique.

270% du PIB entre dette publique (114%) et dette privée (156%)

Depuis 2008, le taux d’endettement des entreprises françaises n’a pas cessé de progresser chez nous, passant de 117,5% à 143,2% du PIB. C’est près du triple du niveau observé chez nos vertueux voisins allemands (57,2%)…Et les conséquences à long terme de cet endettement supplémentaire contracté pendant la crise sanitaire interrogent. La capacité de nos entreprises à investir ou à embaucher dans les prochaines années risque d’être sérieusement compromise.

200 milliards de déficit, le plus lourd déficit historique

Le « quoi qu’il en coûte » dope la croissance de la France à la dépense publique. Tout cela financé à crédit par la dette.

Il y a fort à parier, du fait de la campagne pour les présidentielles, que le dérapage des dépenses publiques va continuer en 2022, continuant de gonfler artificiellement la croissance en la finançant par du déficit et de la dépense publique.

1454 milliards de dépenses publiques

Dont environ 558 milliards d’euros pour l’Etat en 2022 et environ 253 milliards pour les collectivités locales, auxquelles il faut ajouter 570 milliards de dépenses de la Sécu. Et encore, il manque les dépenses d’assurance chômage et les retraites complémentaires…

Partie IV BUREAUCRATIE

120 000 postes en moins ou en plus ?

A coups d’embauches, de revalorisations et de primes, les dépenses de personnel du secteur public auront dérivé de plus de 20 milliards en cinq ans, entre 2017 et 2022.

Il faut dire que, pour faire tourner la bureaucratie française, il faut des bureaucrates et même des bureaucrates d’exception. C’est l’énarchie française. Détricoteurs de l’ombre des réformes, ils empêchent la suppression du statut public, ils freinent des quatre fers sur les réductions de postes, ils refusent la décentralisation du système et contribuent à ajouter une louche de complexité chaque fois que sont annoncées des « simplifications ».

Oser parler de productivité et de coûts de gestion comme partout ailleurs en Europe. Pour nos agents publics, c’est pour quand ?

650 milliards d’euros de coûts de production de nos services publics

Nous payons pour produire nos services publics 84 milliards de trop par an. Un surcoût par rapport à la moyenne des pays européens lié à notre mauvaise organisation publique et à sa sous-productivité qui est considérable. Ces 84 milliards de plus ne nous permettent même pas d’avoir à notre disposition des services publics plus efficaces qu’en Allemagne.

Notre secteur administratif (non marchand) écrase notre secteur marchand et nos entreprises. La période que nous venons de vivre avec son « quoi qu’il en coûte » sans fin a contribué à augmenter le déséquilibre structurel de la France entre secteur marchand et non marchand dans la richesse nationale.

60 000 guichets publics

Qu’on parle de millefeuille, de mammouth, des douze travaux d’Hercule, l’administration française est incroyablement complexe. Il y a bien, déjà, beaucoup de formulaires en ligne, mais souvent il faut les télécharger, les imprimer, les remplir et…les envoyer par la poste !

2 millions de cartes Vitales surnuméraires ou 153 000 ?

Faut-il rappeler que la fraude sociale est évaluée à 20 milliards d’euros par an en comptant les cotisations et les prestations ?

On comprend qu’on est en bureaucratie quand on ne sait pas compter les cartes Vitales, qu’on a des lois que personne ne respecte, que l’on garde des guichets ouverts sans visiteurs…Kafka n’est pas loin.

Partie V INACTIVITÉ

11% d’économie grise

(Sondage Opinion Way : évaluation de l’économie informelle en France) En 2021, 24% des sondés admettent connaître dans leur entourage quelqu’un qui travaille de manière dissimulée ; 13% des Français déclarent avoir rémunéré un travailleur dissimulé pour au moins une activité en 2021 ; à 54% ils expliquent que c’est pour avoir un prix plus bas et à 31% pour éviter des impôts.

Avec notre système de protection sociale élevée, nous courons le risque de désinciter au travail déclaré.

8,1% de chômeurs ou plus de 13% ?

Si l’on additionne le chômage et le halo du chômage en France, on est à 13,5%. En Allemagne on est à 7,2% et aux Pays-Bas à 9%. Si on ajoute le sous-emploi, on est toujours à 17,9% en France, à 9,6% en Allemagne et à 12,4% aux Pays-Bas.

Effectivement, si l’on fait le compte entre les demandeurs d’emplois, les inactifs qui ne cherchent plus d’emploi et les personnes qui travaillent mais souhaiteraient travailler plus (sous-emploi), on englobe près de 6 millions de personnes (on triple donc le nombre de demandeurs d’emplois officiels).

1,7 actif pour financer un retraité

En 2018, la France comptait 17,2 millions de retraités…Cela fait en réalité des décennies que le ratio démographique du régime général, de loin le plus important régime français de retraite (83,4% des retraités) se dégrade d’année en année.

Seuls 35% des 60-64 ans travaillent contre plus de 40% en Europe

Depuis 1983 et la retraite à 60 ans au lieu de 65, nous ramons pour faire remonter l’âge de la retraite. Pendant ce temps-là, en Allemagne, le débat porte sur le report de l’âge de départ à la retraite à 68 ans pour éviter la baisse des pensions.

La France reste hors sol. Aidée par nombre de bonimenteurs qui font croire que le travail n’est pas la clé de la création de richesse.

25 jours d’absence en moyenne par an dans le public, 18,7 dans le privé

En réalité, les 35 heures n’ont jamais été réellement appliquées dans les collectivités. Les exécutifs avaient une dérogation pour conserver les régimes de temps de travail inférieur dont ils bénéficiaient depuis 1984. Ainsi, les agents publics locaux cumulent-ils près de 40 motifs de congé dérogatoires dont les jours du maire, des jours de congé pour déménagement ou encore des jours pour «rentrée scolaire ».

Deux fois plus de syndiqués dans le public que dans le privé

Nos syndicats sont donc peu transparents, peu représentatifs, très financés par nos deniers publics, mais aussi moins enclins à la négociation et beaucoup plus au blocage que dans les pays plus syndiqués. Les statistiques de jours de grève le montrent.

Partie VI PAUVRETÉ

Deux fois moins de milliardaires qu’en Allemagne

Se focaliser avec acharnement à regarder toujours le 0,1% (38 000 foyers), voire le 0,01% (3800 foyers) à la loupe pour les trouver trop riches est destructeur.

Le débat public doit gagner en lucidité. Couper la tête des riches ne fait pas baisser le nombre de pauvres. Au contraire.

7,1% de travailleurs pauvres en France contre 3,7% en Allemagne

Le modèle allemand est donc bien plus protecteur, car il permet aux foyers allemands d’avoir plus de travail, plus de ressources et moins de pauvreté…Alors que le modèle français, hyper-dépendant, dépensier en aides sociales et hyper-taxé, crée plus de pauvres, en créant moins de jobs et moins de richesse.

Un jeune sur vingt illettré et 100 000 jeunes sans diplôme ni formation

Il faut rappeler que le décrochage scolaire est une réalité en France : nombreux sont ceux qui abandonnent prématurément les bancs de l’école, sans qualification ni diplôme. En 2016, 140 000 jeunes Français sortaient de l’enseignement sans avoir obtenu ni un diplôme professionnel, ni le baccalauréat. Au final, c’est 620 000 jeunes de 18 à 24 ans sans diplôme du second cycle du secondaire qui restent durablement sans formation.

En 2020, les « NEETs », soit ces jeunes de 20 à 34 ans qui ne sont ni dans l’emploi, ni en formation, ni dans l’enseignement sont 10,7% en France. Beaucoup plus qu’en Allemagne qui compte 7,9% de « NEETs ».

Quatre fois plus de logements sociaux qu’en Allemagne, passeport pour créer des ghettos et plus de pauvreté

La France compte 17% de logements sociaux, soit deux fois la moyenne européenne (8,6%), nettement plus que l’Italie (5,3%) ou l’Allemagne (4,6%) et un peu moins que le Royaume-Uni et la Suède (18%).

90 communes franciliennes sur 1300 concentrent 66% du parc social…Une folie qui crée des ghettos, du communautarisme, de la pauvreté, de l’insécurité…Des zones où prolifèrent des trafics en tous genres.

300 000 sans domicile fixe, 27 000 sans-abris

Nous comptons selon la Fondation Abbé Pierre 300 000 personnes sans domicile fixe. Un chiffre qui a doublé depuis les 140 000 personnes du dernier rapport de l’Insee en 2012. Plus inquiétante encore est la montée du nombre de sans-abris, bien qu’il soit difficile à définir : ils seraient 27 000 de plus ?

32% de la richesse nationale ; championne du monde des dépenses sociales

La France est à la première place du podium en matière de dépenses publiques sociales.

En juin 2018, Emmanuel Macron parlait du « pognon de dingue » de la dépense sociale. Difficile de le contredire, car ces dépenses sont passées de 659 milliards d’euros en 2012 à plus de 800 milliards d’euros. Et pourtant, la pauvreté est toujours là.

Partie VII INSÉCURITÉ

880 homicides en 2019

Depuis 2016, les cambriolages de logements seraient en hausse de près de 10%, les coups et blessures volontaires de 31,2%, les escroqueries (entre 2012 et 2020) augmenteraient de 49% et les violences sexuelles exploseraient de + 104,5%.

Avec 3,8 millions de crimes et délits répertoriés par an, la France détient, avec la Belgique, le triste record de l’Union européenne : 723 crimes et délits pour 100 000 habitants, loin, très loin devant les Italiens (386), les Allemands (271), les Espagnols (234) ou les Danois (69).

113% de surpopulation carcérale

A cause notamment de ces programmes pénitentiaires qui n’avancent pas, 80 000 à 100 000 peines de prison resteraient en attente d’exécution chaque année.

Nombreux sont les condamnés à ne pas aller en prison, car toute peine d’emprisonnement de deux ans ou moins peut être commuée en assignation à résidence, port du bracelet électronique (ou anti-rapprochement) ou semi-liberté après examen du dossier par un juge d’application des peines (JAP).

122 839 OQTF, mais seulement 18 906 retours à la frontière!

Problème : dans les faits, les mesures de reconduite à la frontière sont bien loin d’être exécutées.

On estime à partir des fichiers des bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat que les étrangers entrés en clandestinité en France pourraient avoir dépassé les 334 546 en 2019, soit + 115% depuis 2004.

28 000 mineurs non accompagnés

En 2005, on comptait 2 500 mineurs isolés en France. Fin 2017, ils étaient 25 000 pour une dépense qui dépasse 1,4 milliard d’euros.

De plus en plus nombreux, ces mineurs deviennent des fauteurs de troubles, se tournant vers la délinquance dans beaucoup de centres urbains.

Cette absence d’état civil fiable est une véritable bombe à retardement. Selon la Direction de la coopération internationale, 237 millions d’enfants de moins de cinq ans dans le monde n’ont pas d’acte de naissance. Et près de 70% d’entre eux n’ont jamais été enregistrés à la naissance. Ils n’ont donc aucune trace légale dans leur propre pays d’origine.

8 000 fichés S

On compte 12 000 fichés S dont 8 000 pour terrorisme, 2 100 sont en prison pour des faits de terrorisme ou soupçons de radicalisation, 390 le sont pour faits de terrorisme en lien avec l’islam radical, 1329 individus détenus, prévenus ou condamnés pour des infractions de droit commun (ne portant pas atteinte à l’ordre public) mais susceptibles d’être radicalisés.

1,6 point de PIB seulement de dépenses de sécurité intérieure

En 2021, la dépense sociale explosait, à 32% de PIB, tandis que la dépense de  sécurité intérieure (y compris la justice et le pénitentiaire) stagnait autour de 1,63% du PIB.

Conclusion: Le déclassement de la France n’est pas une option

La France est sur un fil, elle hésite: elle peut basculer du côté des pays du Nord de l’Europe bien gérés ou des Pays du Sud. Pays encore riche ou pays plus pauvre? Les Français sont dans l’expectative. Les réformes ne se font pas. Le sentiment de paupérisation monte. Les débats se tendent. Avec sa débauche de dépenses publiques, la crise du Covid a accéléré l’effondrement de la France.

La France ne doit plus être ce tonneau des Danaïdes qui finance par les aides sociales (et donc la dette) la consommation de produits importés plutôt que de travailler et de produire en France.

Reconstruire la France. Tout simplement car la France n’a pas droit au déclin.

 

 

Les chroniques de Bridgerton de Julia Quinn aux éditions J'ai Lu (textes intégraux)

Coup de cœur d’Anne-Julie, une cliente expatriée à Rennes: Londres, au début du XIXème siècle. Le Vicomte de Bridgerton meurt accidentellement en laissant une épouse et huit enfants dont les prénoms suivent l’alphabet: Anthony, Bénédict, Colin, Daphné, Éloise, Francesca, Grégory et Hyacinthe. L’aîné devient donc le chef de famille avec toutes les responsabilités que cela implique, alors que le dernier est encore écolier.

Chaque tome de cette saga est consacré à un des enfants, en commençant par l’entrée dans la haute société londonienne de Daphné. Après sa présentation devant la Reine au grand bal des débutantes, Daphné doit maintenant trouver un époux. Mais le choix sera compliqué entre les exigences de son frère Anthony, ses attentes romantiques de jeune femme et le respect de l’étiquette ! Pour se donner du temps et multiplier les éventuels prétendants, elle met au point en secret un stratège avec la complicité du Duc Simon de Hastings.

J’ai connu cette saga grâce, évidemment, à la série télévisée. L’ayant fortement appréciée, j’ai cherché les livres dont elle était tirée. Tous les personnages sont attachant, chacun avec leur histoire, la rédaction fluide et les histoires palpitantes !

Cette nouvelle édition regroupe les tomes deux par deux. Achetez tous les tomes car dès qu’on en finit un, on veut débuter le suivant !.

Psycho-pass ; inspecteur Shinya Kôgami t.1 de Midori Goto et Natsuo Sai - Kana (manga seinen)

Coup de cœur de Grifine, notre première stagiaire de l’année: Dans un futur où les chercheurs ont réussi à mesurer l’état mental (psycho-pass) et le caractère d’une personne, il est devenu quasiment impossible de commettre des meurtres. Pourtant l’inspecteur Shinya Kogami, qui est un jeune homme tout juste recruté dans les services de police, enquête avec son équipe d’exécuteurs sur une série d’assassinats qui se sont déroulés dans un hôpital. Vont-ils réussir à trouver le coupable?

Ce manga nous plonge directement au cœur d’une énigme policière avec de nombreux rebondissements.

Idées des autres notées au cours du troisième quadrimestre 2021 par François C.

Émetteur du florilège : François C.

 

 

Choisir un éditeur de texte gratuit sur iPad – macternelleDEVELOPPEMENT PERSONNEL + SAGESSES

Alain Les pas ne conduisent pas seulement vers le but ; chaque pas est un but.

Allard La première chose qu’on entreprend, c’est de survivre. A côté des fonctions organiques, du pouvoir cognitif, il y a cette fonction qui nous pousse à agir. Les centenaires aiment la vie. Si vous aimez la vie, elle vous aimera.

Attali Personne en particulier n’enseigne aux futurs parents quel usage faire de la discipline, comment développer la curiosité et la motivation de leurs enfants, comment gérer les écrans, comment équilibrer vie familiale et solitude, comment leur transmettre une éducation sentimentale et sexuelle, comment éviter toute violence physique ou verbale…

Bachelard Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit.

J-P Belmondo La vie, c’est une occasion unique, à saisir d’urgence.

Bruckner Une personne entre 60 et 70 ans, c’est une vieille berline élégante qui doit aller chez le garagiste tous les 100 kilomètres. On répare par morceaux les genoux, les hanches, le cœur, les poumons…

Chardonne Les femmes ont sur l’existence des informations qui nous échappent.

Conche Je médite parce que je crois qu’il ne faut compter que sur soi. Je médite parce qu’il faut tout tirer de soi-même, il ne faut pas attendre, compter sur ce qui vient de l’autre. On peut avoir des amis, mais parce que le rapport à eux nous aidera à nous rejoindre dans ce qu’on est essentiellement.

Goethe La hauteur nous attire, mais non les degrés qui y mènent ; les yeux fixés sur la lune, nous cheminons volontiers dans la plaine.

Le grand secret de notre maladie oscille entre la précipitation et la négligence.

St. Hawking Je considère mon cerveau comme un ordinateur qui cessera de fonctionner lorsque ses composants deviendront défaillants. Il n’y a ni Paradis, ni vie après la mort pour les ordinateurs cassés. C’est un conte de fées pour les personnes ayant peur du noir.

L’Imitation de Jésus Christ Il est sage de penser dans le calme à ce qui peut arriver quand la tempête se lèvera.

Une épreuve t’est souvent plus utile que si tout se réalisait constamment selon tes désirs.

C’est dans l’adversité que l’on discerne le plus clairement la vertu d’un homme, car c’est là qu’il se montre sous son vrai jour.

Tâche de supporter patiemment les défauts d’autrui, quels qu’ils soient, parce que toi aussi, tu as beaucoup d’imperfections que les autres doivent supporter.

Le matin, pense que tu pourrais ne pas atteindre le soir, la nuit venue, ne sois pas assuré de voir le matin.

Ionesco Plonge dans l’étonnement et la stupéfaction sans limites, ainsi tu peux être sans limites, ainsi tu peux être infiniment.

Kessel On peut toujours plus que ce que l’on croit pouvoir.

JM Le Clezio J’aimerais avoir quatre-vingts ans. Avoir la vie derrière soi : là on est vraiment libre.

Marc Aurèle Tu peux t’enlever bien des obstacles superflus s’ils dépendent entièrement de ton jugement ; et tu te donneras un champ très vaste si tu embrasses par la pensée le monde entier, si tu penses à l’éternité du temps.

Rassam Le bruit est toujours l’expression d’un désaccord, d’une discordance, d’un raté.

Saint-Exupéry (A. de) Dans la vie il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent.

Staël (de) G. La raison seule préserve des périls, ou témoigne qu’on a cessé de les craindre.

Sulivan L’enfance est du bonheur ou du malheur stocké pour toujours.

Tesson Est divin ce qui se tient dans la présence pure, dans l’explosion du réel. Le divin miroite dans la complexité immanente de la nature. Il y est incorporé.

DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL

de Leyritz Si le monde est sans cartes ni boussole, il n’est pas sans espoirs ni solutions.

Thomson Avant la pandémie, le bureau était pour beaucoup le dernier ressort du sentiment communautaire, à l’heure où la fréquentation des églises et l’appartenance à des associations était en berne. Mais aujourd’hui, même nos relations professionnelles sont atomisées. La Grande Démission s’accélère et on lui doit un moment centrifuge dans l’histoire économique américaine.

ECONOMIE/GEOPOLITIQUE

Attali L’Histoire nous apprend que, quand il est logique, et même s’il est déraisonnable, le pire arrive toujours, et plus vite que prévu…Du simple point de vue européen, il est urgent de se préparer à l’hypothèse de la fermeture du marché chinois pour nos firmes, et au retrait des troupes américaines, qui seront occupées ailleurs.

Baverez L’antidote des démocratures est donc à chercher dans l’abandon du capitalisme de prédation et de rente pour un capitalisme inclusif de parties prenantes, dans l’éducation et la formation, dans la lutte contre la violence sous toutes ses formes, dans le réengagement des citoyens dans la vie civique.

Notre pays a perdu sa souveraineté, i.e. la maîtrise de son destin, car il dépend de la Chine pour son approvisionnement en biens essentiels, des Etats-Unis pour la technologie et de l’Allemagne pour la réassurance de sa dette…Si le modèle économique et social fondé sur la distribution et l’endettement est reconduit, la chute de notre pays deviendra irréversible…Les atouts de la France sont annihilés par la démagogie politique et par les dysfonctionnements d’un Etat obèse et impuissant, qui a refusé de s’adapter aux bouleversements du monde. (20/12).

Bell L’Etat national est trop grand pour gérer les petites choses et trop petit pour gérer les grandes choses.

Buffett Ayez peur quand les autres sont avides et avides quand les autres ont peur.

Ph. Dessertine La finance dominant le monde des affaires est l’indice que quelque chose est pourri au royaume du business. Ce serait l’indice certain de la fin d’un cycle, d’un déclin de la création de valeur, la fin de propositions nouvelles correspondant aux besoins des humains.

A partir du moment où les paradigmes, sur lesquels se fondaient tous les raisonnements antérieurs, vacillent, plus aucun des modèles existants ne résiste.

Patino L’ère numérique, c’est l’ère du jeu intégral et du calcul permanent. Ce qui est en jeu est moins l’extension du calcul que celle du calcul incompréhensible. Quand le chiffrable devient indéchiffrable, il amène non seulement de l’incompréhension mais aussi de l’imprécision. Il est donc nécessaire de pousser les Big Tech à ouvrir le capot.

POLITIQUE/SOCIETE

Artus Les effets à attendre de la transition énergétique sur l’équilibre macroéconomique sont donc un affaiblissement de la consommation, une hausse de la pression fiscale, une baisse de la rentabilité du capital pour les actionnaires et un besoin fortement accru de mobilité et de formation requalifiante des salariés.

Babinet Attendre plus longtemps avant de relancer un vrai programme nucléaire moderne, numérique et résilient serait une faute économique, environnementale, sociétale et finalement politique.

Baverez L’immigration n’est pas la cause du décrochage de la France ; elle est l’un des symptômes de la paralysie de ses institutions et de l’inefficacité de ses politiques publiques. Dans ce domaine aussi, cessons de subir et agissons !

L’Etat entrepreneur sans les entreprises ni les entrepreneurs n’a pas plus d’avenir que le capitalisme sans capital.

L’euthanasie de la production, la généralisation de l’assistanat et de l’emploi public, la gangrène de la violence, le dysfonctionnement chronique de l’Etat pour assurer les services de la santé, de l’éducation et de la sécurité, le règne de la démagogie ne sont nullement le monopole de l’outremer.

Boudeville Renforcer l’évaluation et la satisfaction patient, intégrer les nouvelles aspirations des professionnels, amplifier la déshospitalisation des urgences non vitales tout en reliant les professionnels grâce à un véritable carnet de santé numérique, simplifier la coordination, faciliter l’expérimentation locale et l’innovation…

Comte-Sponville A. La fidélité, c’est le seul antidote socialement disponible à cette maladie d’Alzheimer des civilisations qu’on appelle la barbarie. Du passé, ne faisons pas table rase !

Lisnard Pour faire votre local à poubelles il faut respecter le PLU, lui-même conforme au PADD, qui doit être respectueux de l’application du Scot, qui lui-même est soumis à l’application de la DTA, tout dans le respect du Sraddet et du PLHI…

Ferry Il faut sortir nos enfants du syndrome de Peter Pan, ce petit garçon qui refuse de grandir et qui veut vivre avec la fée Clochette dans le monde de l’imaginaire infantile.

Finkielkraut A. L’élan compassionnel emporte tout sur son passage. Sa puissance simplificatrice remplace le clair-obscur de l’âme humaine par une verrière à travers laquelle chacun doit vérifier la sincérité d’un sentiment, la cohérence d’une attitude, la légitimité d’une expression.

Gady A. On touche là au grand échec du monde patrimonial, qui n’a pas su ou pu se constituer en force politique, alors même qu’il poursuit, comme l’écologie, une philosophie de la préservation de ce qui existe, ainsi que la protection de la fragilité et la défense de l’unique, menacé par la gloutonnerie consommatrice.

F-O Giesbert La culture du déni permet à nos « élites » d’occulter tout ce qui menace notre identité, sinon notre essence : la désindustrialisation, l’acculturation, la montée de la délinquance, l’accélération de flux migratoires, le grand délire de nos dépenses publiques, les plus élevées des pays de l’OCDE. Sans parler de l’endettement de l’Etat, qui culmine désormais à 120% par rapport au produit intérieur brut. Tout cela dans un climat de laisser-aller général, sur fond de perte d’autorité (10/09).

La limite de Zemmour est qu’il n’a pas le début d’une ébauche de solution dans un pays où le pourcentage des dépenses publiques est le plus élevé du monde ; le déficit du commerce extérieur chronique ; l’endettement de l’Etat, pharaonique ; le taux des prélèvements obligatoires paralysant (30/09).

Nay Mais liant ces tensions au travail de mémoire, l’Elysée ouvre les archives sur les enquêtes judiciaires en lien avec la guerre d’Algérie avec quinze ans d’avance. Mais si nos anciens avaient conçu des délais aussi longs, c’est bien qu’ils savaient que la transparence est l’ennemie de la paix sociale et de la capacité du vivre ensemble.

Ch. Prats Dans la lutte contre la fraude, citons l’utilisation de la biométrie pour sécuriser l’immatriculation sociale et sortir du système les millions d’individus n’ayant plus rien à y faire ; la mise en œuvre des dispositifs de détection précoce des fraudes à la TVA promus par l’Union européenne, que la France a refusée durant près de dix ans ; le rétablissement de la volonté farouche de lutter contre la fraude à tous les niveaux ; la fin d’un certain angélisme…

Rosencher A. C’est la démonétisation de la parole des « partis de gouvernement » qui explique le succès des candidatures de bal masqué et des matamorismes de plateaux télé. Voici venu le temps des ventriloques du Général !…La politique française doit d’urgence sortir de cette bulle de paroles dans laquelle elle s’est enfermée ces dernières décennies. Car elle secrète du désastre.

J-M Rouart Remuer l’Histoire, c’est faire remonter la boue, le sang, le crime, et c’est surtout faire désespérer les Français d’eux-mêmes, les pousser à torturer leurs plaies et à exciter leur penchant à l’autodénigrement.

St. Zweig Dans la politique et dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques.

PROSPECTIVE

J-M Guéhenno Nous sommes à l’orée de l’âge des données, et la question qui dominera les prochaines décennies est celle du contrôle de ce nouveau pouvoir. Faisons en sorte que ce ne soit ni le Parti communiste chinois, ni Google ni Facebook qui s’approprient les rênes.

 

La technique des étincelles de Vanessa Cahierre et Nadège Fougeras - La Martinière

Émetteur du florilège : François C.

La technique des étincelles ; 80 clés pour rebondir en période de changement

80 clés pour rebondir en période de changement

Ch. 1 FAIRE CONFIANCE A NOS EMOTIONS ET NOS BESOINS POUR GUIDER NOS ACTIONS

Mettre des mots sur ce que nous ressentons

Apprendre à décrypter nos besoins derrière nos émotions

Doper nos émotions positives

Accepter de vivre nos émotions négatives

Veiller à équilibrer nos émotions positives et nos émotions négatives

 Ma bulle d’énergies positives : Le pouvoir incroyable des odeurs

Ch. 2 DEBRANCHER ! ALTERNER CONNEXION ET DECONNEXION

L’importance d’alterner connexion et déconnexion

Pourquoi est-ce si important de privilégier des phases de récupération ?

La méthode Vittoz : émissivité et réceptivité

Comment développer sa réceptivité, se connecter à ses cinq sens ?

Ma bulle sensorielle : Comment la créer ?

Ch. 3 BOOSTER SON ENERGIE PHYSIQUE

Notre corps est notre meilleur allié

Notre corps nous parle et nous envoie des signaux

Booster notre D.O.S.E. (Dopamine, Ocytocine, Sérotonine, Endomorphine) ou comment stimuler les hormones du bonheur

Trouver la bonne activité physique.

Bien se nourrir : un esprit sain dans un corps sain

Capitaliser sur le sommeil

Ma bulle d’énergie corporelle : Se créer des routines

Ch. 4 GOÛTER A LA SERENITE DE VIVRE LE MOMENT PRESENT

Être dans le moment présent

Les bienfaits de la méditation

Les pratiques formelles

Les pratiques informelles

Le pouvoir magique des synchronicités

Ma bulle de rituels zen : Vivre l’instant présent

Ch. 5 L’ART DE CULTIVER DES RELATIONS POSITIVES

Comment cultiver les relations positives ?

Communiquer avec authenticité

S’inspirer des expériences des autres

Puiser de l’énergie dans les émotions partagées

Ma bulle de partage : Planifier et créer de bons moments avec notre entourage

Ch. 6 S’EXERCER A LA GRATITUDE ET CONTRIBUER A UN MONDE MEILLEUR

Qu’est-ce que la gratitude ?

Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on pratique la gratitude ?

Comment pratiquer la gratitude dans notre quotidien ?

Retrouver la joie d’être généreux. L’acte gratuit

Simplifier son espace. Être plutôt qu’avoir

Ma bulle de gratitude : Envers moi, envers les autres, envers le monde

Ch. 7 ET SI LE CHANGEMENT NOUS PERMETTAIT DE NOUS REALISER ?

Donner du sens à nos actions

Démultiplier son énergie avec le flow

Goûter aux bienfaits de « l’optimalisme »

Concentrer son énergie sur l’essentiel

Ouvrir le champ des possibles grâce à la créativité

Se fixer des objectifs pour soutenir nos efforts

Célébrer tous ses succès, même les plus petits

Ma bulle d’étincelles

CITATIONS

Ben-Shahar La différence essentielle entre le perfectionniste et l’optimaliste est que le premier refuse essentiellement la réalité tandis que le second l’accepte.

Cabral Bienheureux est celui qui sait que partager une douleur revient à la diviser et que partager une joie revient à la multiplier.

Chopra Au centre du mouvement et du chaos, restez calme intérieurement.

Dürkheim Il y a deux façons de grandir, la souffrance et l’émerveillement.

Goethe Voyage avec deux sacs. L’un pour donner, l’autre pour recevoir.

Harrus-Révidi Avant d’être pensé, le monde qui nous entoure est vu, senti, entendu, charnellement vécu.

St. Jobs La créativité, c’est seulement mettre les choses en connexion. Quand vous demandez à des gens créatifs comment ils ont fait telle ou telle chose, ils se sentent un peu coupables parce qu’ils n’ont pas vraiment fait quelque chose. Ils ont juste vu quelque chose qui leur a semblé évident après-coup. C’est parce qu’ils ont été capables de connecter des expériences et de les synthétiser sous une nouvelle forme.

CG Jung L’homme mérite qu’il se soucie de lui-même car il porte dans son âme les germes de son devenir.

Lacroix La vie est une alternance de mouvements et de repos. Tantôt nous tendons le ressort de notre être. Tantôt, au contraire, nous sommes dans la détente de notre être. Cette pulsation de l’activité et du lâcher-prise, la vita activa et la vita contemplativa, rythme le cours de l’existence.

Je suis responsable de mes paroles, de l’impact psychologique de mes paroles.

Le Breton Être à l’écoute de soi tout court, sentir sa présence au monde et s’en émerveiller. Voilà qui nourrit le sentiment que vivre est une chance.

Fr. Lenoir L’une des clés essentielles d’une « vie bonne » réside dans le non-attachement aux objets.

Monbourquette Si on ne pardonne pas, on ne peut pas être dans l’instant présent. On s’accroche au passé et on se condamne à rater son présent. Et en plus, on bloque son avenir.

Odoul Le langage du corps est un langage qui ne ment pas, qui est précis et direct.

Pivot La rêverie vagabonde est nécessaire à une bonne hygiène de vie, à l’équilibre de l’homme dans la bourrasque quotidienne.

Ricard Plus je ressens, dans la journée, dans la vie, des émotions positives, de l’affection, de l’admiration, de la compassion, du bien-être, de la joie, de l’élévation, moins il y aura de l’espace pour l’apparition, l’expansion et la flambée des émotions douloureuses, destructrices et négatives.

Salomé Sachant que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime, il est souhaitable de favoriser l’expression au-delà de l’émotion ou du retentissement. Cette pratique permettra d’éviter quelques somatisations, du stress et de l’angoisse.

Sénèque Être heureux, c’est apprendre à choisir. (…) Bien vivre, c’est apprendre à ne pas répondre à toutes les sollicitations, à hiérarchiser ses priorités.

Soulages Si l’on sait qu’on ne sait pas, si l’on est attentif à ce que l’on ne connaît pas, si l’on guette ce qui apparaît comme inconnu, c’est alors qu’une découverte est possible.

Thich Nhat Hanh Vivre en pleine conscience, ralentir son pas et goûter chaque seconde et chaque respiration, cela suffit.

Vittoz La concentration est la faculté de pouvoir fixer sa pensée sur un point donné, de suivre le développement d’une idée sans se laisser distraire, simplement de pouvoir s’abstraire dans un travail quelconque.

St. Zweig La pause, elle aussi, fait partie de la musique.

 

La boîte à outils des soft skills de N Van Laethem et JM Josset - Dunod

Émetteur du florilège : François C.

 

La boîte à outils ; des soft skillsDossier 1 LA REFLEXIVITE

Outil 1 L’attention

L’attention me permet de percevoir autour de moi et en moi-même. Elle fait le lien entre mes perceptions et ma mémoire. Elle est au centre de tous mes processus cognitifs et comportementaux.

 

Outil 2 L’entretien d’explicitation

Il consiste à amener une personne à évoquer le souvenir précis et particulier d’une situation en évitant les généralités.

Elucider la partie immergée de l’iceberg.

 

Outil 3 Le dialogue avec soi

Il permet d’éclaircir une situation pour mieux l’élucider a posteriori et mieux en comprendre les enjeux et forces en présence, après un entretien, une réunion de service…

Dialoguer avec soi pour éclaircir ses expériences.

 

Outil 4 Le carnet de bord du chercheur

Trois étapes : prise de notes sur l’expérience vécue ; analyse ; action et transformations.

Garder trace d’un processus pour l’étudier.

 

 

Dossier 2 L’ESTIME DE SOI

Outil 5 L’image de soi

L’image de soi conditionne le comportement. Image positive de soi : confiance, adaptation, efficacité. Image négative de soi : doute, dévalorisation, inaction.

 

Outil 6 Le piège de l’amour-propre

Face au piège de l’amour-propre (perception de soi par le regard d’autrui ; amour de soi pollué par l’opinion d’autrui amenant la volonté de se distinguer des autres), développer l’estime de soi (propre perception de soi-même ; sentiment « naturel » issu de soi se perdant dès lors qu’on accorde trop d’importance à l’opinion d’autrui).

 

Outil 7 L’audit de ses talents

Les talents de chacun se retrouvent dans les compétences mises en œuvre : parcours professionnel ; expériences non professionnelles ; mise en perspective ; nouvelles opportunités ; synthèse sous forme d’une visualisation globale.

 

Outil 8 La règle stoïcienne

Ce qui dépend de nous (aptitudes, comportements, émotions, pensées, croyances) et ce qu’on ne contrôle pas (les circonstances, les obstacles, les autres, la chance).

 

Outil 9 La self-défense mentale

Reconnaître les situations qui bousculent nos limites, s’y préparer et enfin agir en conséquence.

 

Outil 10 Le test d’espoir

Faire face aux problèmes avec espoir. S’entraîner à développer les deux qualités à la base de l’espoir : 1. Toujours imaginer plusieurs solutions à un problème ; 2. Tirer parti des expériences passées.

 

 

Dossier 3 LA MOTIVATION

Outil 11 L’échelle des motivations (Ryan et Deci)

Les motivations s’enchaînent dans un ordre qui va du « moins » (l’amotivation, liée à l’épuisement professionnel) au « plus » (la motivation intrinsèque, liée au bien-être).

 

Outil 12 Le circuit de la récompense

Les trois éléments de la boucle de la récompense : signal, action, récompense, ainsi que leur renforcement par répétition.

 

Outil 13 La reconnaissance

C’est un besoin fondamental. On distingue d’une part la reconnaissance intrinsèque, celle qu’on s’accorde à soi-même, et d’autre part la reconnaissance externe, celle que vous accorde autrui.

La reconnaissance : une aptitude à cultiver.

 

Outil 14 Les aspirations personnelles

Nos aspirations personnelles, liées à la motivation, à nos valeurs et à la réalisation de soi, sont connectées au sens que nous donnons à notre vie.

Suivre la direction de ses aspirations personnelles. « Qui ai-je envie d’être ?

 

Outil 15 Le système de valeurs

Identifier son échelle de valeurs et d’anti-valeurs.

Prendre conscience de ses valeurs fortes. Identifier ses anti-valeurs. Prioriser ses valeurs et anti-valeurs. Associer système de valeurs et comportement.

 

Outil 16 Le verre à demi vide ou à demi plein

La perception que l’on a des objets et des situations qui nous entourent agit sur notre motivation et notre comportement. Et comment, en élargissant notre perception aux deux aspects (demi-vide/demi-plein), nous mobilisons notre motivation.

 

 

Dossier 4 LA CREATIVITE

Outil 17 Le surréalisme au service de la créativité

Utiliser des techniques artistiques, poétiques, comme celles des surréalistes, pour ouvrir les canaux de la créativité et pouvoir considérer un sujet de manière nouvelle, voire inattendue.

 

Outil 18 La technique de Léonard de Vinci

Il s’agit d’enrichir la vision qu’on a d’un objet, d’une activité ou d’un projet par des points de vue différents.

Définir l’activité/le problème à résoudre. Chercher dans une autre discipline. Trouver des pistes.

 

Outil 19 L’intuition

C’est une compréhension globale, à caractère émotif, qui prend en compte un ensemble de composants dont nous n’avons pas idée et que nous ne pouvons pas expliquer logiquement.

Reconnaître ses intuitions et leur faire confiance.

 

Outil 20 La sérendipité

C’est à la fois la découverte par hasard de choses qu’on ne cherchait pas et également la présence d’esprit à comprendre leur importance et à en tirer des conclusions.

Laisser ouvert un champ de possibles : Cultiver l’ouverture sans a priori ; Accepter ce qui vient au moment présent ; Saisir l’opportunité et l’idée.

 

Outil 21 La contrainte créative

Apporter une contrainte à la recherche créative sur un projet permet de centrer les idées qui fusent sur l’essentiel. Se donner des contraintes dans sa recherche de créativité est un très bon moyen de lever ses propres freins et de dépasser le symptôme de la page blanche.

Se contraindre pour explorer de nouvelles formes.

 

Outil 22 Le brainstorming

Il a pour but de permettre une créativité collective par la suspension temporaire et autorisée d’une partie des règles implicites du conformisme social.

On peut faire ici l’analogie avec les chorus (improvisations) en jazz : chaque musicien se lance à son tour, mais il bénéficie de l’énergie et des improvisations des autres membres du groupe.

 

Outil 23 Le mind mapping

La « carte heuristique » est une technique permettant de représenter graphiquement des idées reliées entre elles sous forme arborescente avec une grande liberté dans leur organisation.

Organiser ses idées sans les brider.

 

 

Dossier 5 L’ADAPTABILITE

Outil 24 Apprendre à apprendre

Modalités : 1. Entraîner son attention. 2. Cultiver sa curiosité. 3. Comprendre ses modes d’apprentissage, notamment ceux-ci : le mode séquentiel (processus sériel) ; le mode global (l’organisation d’ensemble) ; le mode réflexif (compréhension par l’analyse) ; le mode actif (compréhension par l’activité) ; le mode factuel (des faits et des preuves) ; le mode intuitif (par la créativité) ; le mode verbal (des représentations verbales) ; le mode visuel (des représentations imagées).

 

Outil 25 La congruence avec soi

Penser, sentir et agir dans une même direction : des idées claires, des objectifs précis et réalistes, des contours définis ; une adhésion émotionnelle entière, des sentiments en cohérence ; un passage à l’action simple, efficace, sans retenue.

L’expérience du flow.

 

Outil 26 Les décisions biaisées

Trois principaux biais cognitifs (Daniel Kahneman) : le cadrage ; l’aversion à la perte ; les ancres (chercher des références complémentaires).

 

Outil 27 L’esprit critique : le tamis de Socrate

Exercer son esprit critique en passant par les trois tamis de Socrate : Est-ce vrai ? Est-ce bienveillant ? Est-ce utile d’en parler ?

 

Outil 28 La suspension du jugement

Suspendre son jugement permet de poser « un regard neuf » sur les situations et les personnes. Ce qui permet d’avoir de nouveaux points de vue, des options originales et de se libérer de préjugés implicites.

 

Outil 29 Le lâcher-prise

Le lâcher-prise est fait de détente physique, émotionnelle et mentale…C’est une attitude ponctuelle, qui apporte confiance, flexibilité et compréhension.

 

Outil 30 La zone de confort

Elle ne s’apprécie pas seule et isolée, mais dans un continuum d’adaptation et d’apprentissage : zone de confort ; zone de peur ; zone d’apprentissage ; zone de développement.

 

Outil 31 La résilience

La résilience est cette capacité à puiser en soi des ressources insoupçonnées jusqu’alors, tout en acceptant sa vulnérabilité.

Cultiver l’aptitude à la résilience : rebondir…ni mieux ni pire mais autrement, et être bien ; s’entourer d’amis et collègues ; se respecter, s’estimer, croire en soi.

 

 

Dossier 6 L’EFFICIENCE ET L’ORGANISATION

Outil 31 Les voleurs d’attention

Reconnaître les voleurs d’attention (stimuli corporels ; émotionnels ; externes ; pensées divagantes ; mémoire) comme une source de distraction est la première étape d’un programme de développement de son attention et vise à renforcer son efficacité.

 

Outil 33 Les trois attitudes au travail

Atouts et points de vigilance concernant ces trois attitudes : dispersion ; précipitation ; procrastination.

 

Outil 34 La prise de décision

Elle peut passer par deux systèmes cognitifs distincts et concurrents : un système rapide, instinctif, qui procède par approximations et stéréotypes ; un système rationnel lent et coûteux en ressources cognitives et attentionnelles.

Cf l’ouvrage de D. Kahneman : Les deux vitesses de la pensée.

 

Outil 35 La bonne heure

Utilisons le cycle circadien des états de vigilance pour réaliser nos activités à la bonne heure !

Connaître les moments de la journée où l’on travaille le mieux et ceux où l’on est moins vigilant permet d’organiser son emploi du temps et rythmer ses activités de façon à gagner en efficience.

 

Outil 36 La technique d’Ulysse

Elle permet de résister à la faiblesse de notre volonté lorsqu’elle cède aux distractions et diminue notre efficacité.

 

Outil 37 Les nudges (coups de pouce)

Adapter notre environnement à nos objectifs selon trois principes : simplifier nos choix, faciliter toutes les actions qui vont dans leur sens et compliquer toutes celles qui pourraient les contrarier.

 

 

Dossier 7 LA GESTION DU STRESS

Outil 38 Le test du burn-out de Maslach

Il s’agit de considérer :

. ses limites physiques : ne pas perdre le lien avec son corps ;

. le sens de son travail :le sentiment de servir à quelque chose ;

. le lien d’humanité : que l’on a avec les autres.

 

Outil 39 Le piège de l’hubris

Déjouer la tentation de la démesure et trouver la proportion en toute situation

Parmi ces tentations : l’hyperactivité ; l’hyper-confiance en soi ; l’extrême exigence ; la perfection ; la pression du temps ; l’obligation de résultat ; montrer l’exemple ; réussir coûte que coûte ; plaire à tout prix.

 

Outil 40 La reconnexion à soi

Elle s’entend comme une prise en compte de soi pour prévenir les effets du stress et de la pression. Car surchargés de projets, de tâches quotidiennes et de sollicitations diverses, on finit par oublier sa personne et le soin à lui apporter.

Se reconnecter à soi par tous les sens.

 

Outil 41 Le non constructif

Le non est parfois plus constructif qu’un oui mal assumé. Il peut prendre plusieurs formes :

. demande d’un délai de réflexion ;

. proposition alternative ;

  lâcher-prise ;

. réorganisation personnelle ;

. arbitrage entre plusieurs priorités ;

. négociation, etc.

 

Outil 42 L’équilibre vie personnelle/professionnelle

Trouver en soi-même l’équilibre de ses vies personnelle et professionnelle. Ceci nécessite un retour vers soi et de comprendre que l’exigence reprochée au contexte externe est en réalité une exigence personnelle.

 

Outil 43 Le relax flash

C’est une relaxation rapide qui permet d’obtenir un état de détente physique immédiatement… Utilisé plusieurs fois par jour, il peut vous procurer un état de bien-être quasi permanent.

10 secondes de détente pour alléger les tensions musculaires parasites.

 

Outil 44 Le coping (gestion psychologique ou cognitive du stress)

On distingue deux principales stratégies d’ajustement au stress :

. la première centrée sur la résolution du problème source du stress ;

. la seconde centrée sur ses émotions.

 

 

Dossier 8 L’EMPATHIE

Outil 45 Le cross-over émotif

Il est, en quelque sorte, le mécanisme de base de l’empathie. Celle-ci, dans son acceptation commune, consiste à comprendre ce que l’autre ressent, à « se mettre à sa place ».

Comprendre avec ses émotions : 1. Sympathie ; 2. Identification ; 3. Cross-over émotif ou empathie.

 

Outil 46 L’écoute attentive

C’est avant tout une attitude où le sujet qui écoute est à la fois présent à son interlocuteur et aussi à lui-même (corps, mental, émotions et motricité).

 

Outil 47 Les freins à l’écoute

Ils proviennent de plusieurs sources dont la plupart sont imputables à soi-même et peuvent donc être dépassés, à la condition de les repérer dans l’instant même de la situation d’écoute.

 

Outil 48 La question naïve

En forçant à préciser les choses, la question naïve permet de vérifier la solidité des arguments proposés, au lieu de les accepter ou de les refuser a priori…Elle peut également aider l’interlocuteur à clarifier son propre point de vue en éclairant ses pensées implicites et ses éventuelles lacunes.

 

Outil 49 La curiosité

C’est un goût pour découvrir, apprendre ou connaître de nouvelles choses.

Faites-vous un « cabinet de curiosité » : notez ce qui surprend et attise votre curiosité chaque jour !

 

Outil 50 L’art du silence

Il apporte à la parole un rythme, une respiration, il est nécessaire à toute conversation.

Il renforce la capacité de présence à soi et d’empathie pour l’autre. Il permet un calme intérieur qui apporte sérénité et tranquillité.

 

 

Dossier 9 L’AISANCE RELATIONNELLE

Outil 51 Les 50 nuances d’émotions

Une palette aux 50 nuances pour mieux déceler ses émotions

Polarité positive : joie, amour, paix, confiance, surprise.

Polarité négative : tristesse, aversion, colère, peur, lassitude.

 

Outil 52 Le langage corporel

Le langage passe par les mots et par le corps tout entier.

. Mon regard plus ou moins intense ;

. Les mimiques de mon visage ;

. Mes gestes plus ou moins saccadés et vifs ;

. Les mouvements involontaires de mes membres ;

. Mes gestes et mes crispations ;

. Ma façon de me tenir debout ou assis.

« Ce que cache mon langage, mon corps le dit.» Roland Barthes

 

Outil 53 La projection ou « l’effet miroir »

La compréhension des projections que nous faisons sur le monde et les personnes qui nous entourent nous permet une meilleure connaissance de soi-même, et nous donne du recul face aux avis favorables ou défavorables portés sur nous.

 

Outil 54 Les rôles sociaux

Basés sur des codes et des rites communs, les rôles sociaux régissent les comportements dans toutes les interactions : présentation de soi, répartition de la parole, maîtrise des émotions, écoute, accord ou désaccord.

Prévenir, éviter ou réparer ses erreurs dans ses rôles sociaux.

 

Outil 55 Le storytelling

L’objectif du storytelling est de mettre en scène sa personne dans un registre narratif. Il invite à communiquer de façon à susciter l’intérêt et l’adhésion de son interlocuteur.

 

Outil 56 Le small talk

L’objectif du small talk est clairement de pouvoir engager une conversation avec une personne, de créer un lien qui n’existait pas auparavant ou de provoquer un échange informel.

La conversation autour de banalités.

 

Outil 57 Le pitch

C’est la présentation rapide d’un projet, d’une entreprise ou d’une personne et de son activité. Sa durée estimée est de 45 secondes, avec un maximum de 1 minute 30. Cela correspond à environ 250 mots.

Susciter l’intérêt en 45 secondes.

 

 

Dossier 10 LA COOPERATION

Outil 58 Quelque chose de commun

La confiance dès le premier contact. Etablir rapidement une relation de confiance avec des personnes que l’on connaît peu ou pas du tout, et trouver des points communs.

 

Outil 59 L’effet spectateur

Le moyen le plus sûr de comprendre la dilution de la responsabilité est de s’observer soi-même : qu’est-ce qui fait que je me sens concerné par une sollicitation et pas par une autre ? Est-ce que la demande me paraît juste ? Le demandeur légitime ? Est-ce que je me sens capable d’y répondre ?

 

Outil 60 L’interdépendance

. Interdépendance : Les projets sont construits à plusieurs. Chacun(e) y a sa place et son avis compte.

. Indépendance : Chacun(e) prend sa vie en main, avec prise d’initiative et autonomie.

. Dépendance : La personne est plutôt dans l’obéissance. Elle ne choisit pas et n’agit pas seule.

 

Outil 61 La stratégie tits for tats (ou CRP : coopération, représailles, pardon)

Elle repose sur trois principes :

. Coopérer. Toujours proposer la coopération d’abord et continuer si l’autre joueur coopère.

. Punir. Si l’autre joueur ne coopère pas, répondre par une punition au tour suivant.

. Pardonner. Si l’autre joueur revient à la coopération, alors on coopère de nouveau.

 

Outil 62 La négociation

Faire converger les intérêts des parties prenantes.

  1. Entre les participants, définir un cadre et des références communes ;
  2. Prendre en compte l’asymétrie des gains/pertes (toujours surévaluées par rapport aux gains et ceci dans un facteur 2X) ;
  3. Prendre en compte les externalités (tout ce qui n’est pas directement pris en compte dans la transaction, comme des ventes associées…) ;
  4. Accepter de gagner moins que l’autre.
 

Outil 63 Le travail en équipe

Les Big Five du travail en équipe (University Central Florida) :

. un leadership, par une personne qui prend en charge la coordination et la méthodologie et précise le périmètre d’intervention de l’équipe ;

. un suivi mutuel des performances, où chacun fait attention aux autres et veille à la cohérence globale en recadrant ce qui diverge de l’objectif ;

. des capacités de backup, en cas de défaillance d’un membre, en se substituant à lui temporairement ou définitivement, par exemple ;

. une adaptabilité, si le groupe ou la méthodologie change au cours du  travail, pour qu’il n’y ait ni déviation ni éclatement ;

. une orientation collective, une attitude de préférence du collectif sur l’individuel, le développement personnel devenant une conséquence du travail collectif.

La France sous nos yeux de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely - Seuil

Émetteur du florilège : François C.

La France sous nos yeux : économie, paysages, nouveaux modes de viePremière partie DES USINES AUX ZONES COMMERCIALES ET AUX PARCS DE LOISIRS : UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE

La France de l’ombre : que reste-t-il quand les usines ont fermé ?

1. De la crise de 2008 au Covid-19 : la poursuite de la désindustrialisation Cette destruction du tissu industriel tricolore a touché la plupart des filières, y compris celles qui paraissaient les plus robustes, comme les secteurs de l’automobile et de l’agroalimentaire.

2. Alcatel : les ravages du fabless dans les années 2000 La ville de Lannion constitue un exemple emblématique de la déconfiture qu’a connue la filière des télécommunications et de l’électronique au cours des dernières décennies.

3. Tonnerre, ou quand la désindustrialisation frappe la France périphérique La ville a perdu au total 1800 emplois (pour 5500 habitants) qui n’ont jamais été compensés…Les bénéficiaires du RSA à Tonnerre représentent 6% de la population, soit le double de la moyenne nationale.

4. Contrexéville – Vittel, « Buvez, éliminez ! » (des emplois) De 2600 salariés en 1993 sur les sites de Vittel et Contrex à 1000 salariés en 2019. La désindustrialisation, outre la fragilisation économique des territoires concernés, déstabilise tout l’univers qui gravitait autour des usines et assurait la cohésion sociale.

Clap de fin pour le secteur primaire

1. Des bassins miniers aux bases de loisirs En l’espace d’une génération, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais aura troqué une activité hautement productive contre le statut de vaste musée à ciel ouvert.

2. De La Fin des paysans à la fin des agriculteurs De 1 588 000 exploitants agricoles en France en 1970 à 429 000 en 2017.

Distribution et logistique : la France comme zone de chalandise 1. Intermarché, ou comment les grandes surfaces ont quadrillé la France De 310 magasins en France en 1980 à 1832 en 2020. Désormais, l’activité des aires urbaines est structurée en bonne partie par la localisation des enseignes de la grande distribution et des très nombreux commerces gravitant autour d’eux.

2. Entre centre commercial et parc d’attractions : les villages de marques Les villages de marques se targuent d’être un motif de destination à part entière, une caractéristique qui en fait de véritables parcs à thème dédiés à la consommation.

3. L’essor de la logistique : la France Amazon Dans une société de consommation dominée par les services et le commerce, l’organisation du territoire répond aux impératifs de la supply chain et aux besoins des acteurs de l’e-commerce, qui pèsent d’un poids sans cesse plus important dans l’économie et dans nos vies. Une implantation logistique sur les principaux axes de circulation et dans les bassins désindustrialisés…La plateforme logistique a remplacé la vieille gare de triage.

4. La vitalité de l’économie souterraine : le trafic de drogue Pour ravitailler les 4000 points de vente qui maillent l’ensemble du territoire national, les trafiquants de shit ont eux aussi constitué des filières très rodées et extrêmement professionnalisées…Les go fast : maillon essentiel de la supply chain du cannabis.

Tourisme, loisirs et industrie du luxe : le territoire consommé et sublimé 1. La mise en tourisme d’une partie du territoire La montée en puissance du tourisme et son rôle prégnant s’observent dans de nombreux territoires, mais c’est sans doute sur nos côtes qu’ils sont les plus palpables. Les ports de pêche : des chalutiers à la plaisance. Ryanair démocratise l’avion et remplace la Datar. Massification et démocratisation du recours à l’avion. Les low cost ont irrigué touristiquement de nombreux territoires.

2. Parcs de loisirs, festivals, multiplex : la société de l’entertainment Disneyland Paris : première destination touristique française. Quand les pandas du ZooParc de Beauval surclassent le château de Chambord. Les festivals de rock : une activité économique à part entière. Les multiplex : locomotives culturelles et récréatives des zones commerciales (230 cinémas multiplex en 2018 contre 2 en 1993).

3. La France éternelle, principal produit d’export des géants du luxe La griffe « Made in France » reste dans cet univers un atout marketing majeur : ces géants du luxe vendent certes des produits de très grande qualité, mais il est évident qu’avec chaque article de maroquinerie ou carré de soie, c’est une parcelle de l’image sublimée de notre pays qui voyage.

En guise d’illustration : la métamorphose de La Ciotat, des chantiers navals aux promoteurs immobiliers Des pétroliers aux méga-yachts de milliardaires. Immobilier, bien-être et art de vivre : le nouveau mix économique ciotaden. Un futur pôle de loisirs d’entrée de ville, concentré d’économie de la consommation. Une reconversion à l’image de celle de la France d’après.

Deuxième partie LA FRANCE DESIRABLE : UNE NOUVELLE HIERARCHIE DES TERRITOIRES La France « triple A » 1. Ce que Wikipédia révèle de la popularité des territoires La popularité des communes de France métropolitaine sur Wikipédia. Télévision et réseaux sociaux confirment la hiérarchie des paysages français.

2. Le cocon bordelais et la Gironde périphérique 2004 – 2018 : La montée en gamme de Bordeaux : le prix du mètre carré à Bordeaux est passé de 1753 € en 2004 à 4770 € en 2018. Oasis bordelais versus Gironde périphérique…En Gironde, la polarisation entre une ville-centre et ses premières couronnes, d’une part, un hinterland populaire, d’autre part, est de plus en plus manifeste.

3. Biarritz : la Californie française passe de la Côte d’Azur à la côte basque Le TGV Biarritz – Paris, ou le train des influenceurs. Océan, surf et art de vivre : la nouvelle Californie française. Le vieillissement et la ringardisation de l’image de la Provence jetsetteuse. Des peintres de la Côte d’Azur aux instagrammeurs de Biarritz.

4. La gentrification rurale : le Perche, entre résidences secondaires et bureaux au vert A l’instar de ce que l’on a pu observer à Bordeaux ou à Biarritz, les places y sont rares et le ticket d’entrée substantiel. Le Perche ornais : un écrin de verdure à deux heures de Paris. L’effet PNR (Parc naturel régional du Perche). Le Perche, futur quartier de coworking parisien ?

La banlieue entre boboïsation et ghettoïsation 1. Pantin ou le prolongement du front de gentrification parisien La transformation du tissu urbain pantinois s’est accompagnée d’un renversement d’image de la commune, dont l’affiliation symbolique à la banlieue a laissé place à des comparaisons plus flatteuses avec Paris et plus encore avec l’arrondissement new-yorkais de Brooklyn.

2. La Seine-Saint-Denis profonde, de la banlieue ouvrière au ghetto français Nous sommes ici bien loin de l’ambiance « poussette Yoyo et vélo électrique » de la petite couronne gentrifiée, et sur la carte mentale que se construit l’habitant des centres-villes, la banlieue des micro-brasseries cède le pas à celle des barbus.

La maison individuelle avec jardin, ou l’idéal « Plaza majoritaire » 1. Le pavillon et le lotissement, paysages de la France d’après Adopté par un peu plus de la moitié des ménages français, le choix de la maison individuelle est en revanche systématiquement plébiscité dans les sondages par une écrasante majorité d’au moins deux tiers d’entre eux.

2. Des niveaux de vie différents mais une vision du monde commune

3. La culture du barbecue et du jardin

4. Du droit à la ville au droit à la piscine L’exemple d’un autre équipement totem de la maison individuelle, la piscine, témoigne du processus inverse, celui d’un marqueur élitiste qui se démocratise et se massifie en vertu d’un processus descendant en direction de couches sociales qui en étaient éloignées historiquement.

5. Une génération d’artistes issus de la France pavillonnaire Les années 2010, âge d’or des romans de lotissement. Le cinéma français et la périphérie, entre Desperate Housewives, Stephen King et le Groland.

6. Le périurbain d’après : diversification, gentrification et relégation

La campagne, une utopie de rechange ? 1. La nouvelle vague néorurale La Drôme, capitale française de l’écologie ? Le territoire y est décrit comme « un cluster écopolitique ». La fatigue urbaine des millennials. Des Drôme bis sur tout le territoire.

2. Ecolieux, « oasis » : les nouvelles communautés inspirées par l’écologie Environ 600 écolieux répartis sur le territoire français, dont la moitié sont déjà en activité, l’autre moitié concernant des projets à l’étude ou dont les travaux ont seulement commencé.

3. Vers une « luberonisation » des campagnes alternatives ?

4. Le pavillon, la yourte et le mas Lieu de rechange des utopies urbaines, la campagne sera aussi demain le théâtre d’une confrontation entre différentes manières de l’habiter.

La carte et les paysages : une nouvelle esthétique du territoire 1. Le paysage français d’après, entre palimpseste et kaléidoscope Le second consiste en une juxtaposition et une imbrication, sur des espaces de dimensions variables, de constructions de différents styles ou époques, selon une logique d’ensemble plus ou moins poussée et cohérente. Le premier est la résultante de la sédimentation de plusieurs strates architecturales, à l’image du parchemin.

2. Après-guerre, pavillonnaire, bande littorale : la sédimentation des couches architecturales

3. Esquisse d’une cartographie des couches esthétiques dominantes Localisation des 159 plus beaux villages de France.

4. La France comme safari-photo Il semble ainsi qu’une vaste partie du territoire français soit devenue pour des producteurs d’images, de culture et d’idées un espace chargé de poésie et de mystère.

Troisième partie DE LA MOYENNISATION A LA POLARISATION DES STYLES DE VIE La démoyennisation par le haut : la premiumisation des vacances 1. La montée en gamme estivale : du camping au village de vacances cinq étoiles Ces transformations conjointes, qu’il s’agisse du camping ou du tourisme social, ont contribué à réduire l’offre accessible aux catégorie populaires, et ces barrières ont inévitablement nourri un sentiment de déclassement auprès de populations qui n’aspirent pas moins que les autres à profiter de leurs congés.

2. Des Bronzés au chalet-spa d’altitude : la bipolarisation des stations de ski Alors que les stations les plus élevées montaient en gamme et ciblaient une clientèle premium, leurs homologues moins bien dotées par la géographie se sont spécialisées dans l’accueil d’un public moins aisé, devenant ainsi un marché de report.

La démoyennisation par le bas : la France du discount, de l’occasion et de la débrouille 1. Convergence matérielle ou élévation permanente du seuil de moyennisation ? Selon l’Insee, en 2019, 95% des ménages disposaient d’un téléviseur couleur et d’un téléphone portable, 85% d’une connexion à Internet et 82% d’un ordinateur.

2. Hard discount, Gifi, Dacia : la mise en place d’un marché secondaire Au pays des hypermarchés, le hard discount a trouvé son public : de un seul magasin Gifi en 1981 à 427 en 2016. Retour sur le succès foudroyant de la marque Dacia dans l’Hexagone.

3. Micro-entrepreneurs, crédit conso, « gratte-grattes » et chasse aux promos : l’essor de « l’économie de la débrouille » Les milieux populaires et le bas de la classe moyenne s’installent désormais, par choix autant que par nécessité, en marge du mode de consommation structuré et contrôlé par les enseignes de la grande distribution. Depuis quinze ou vingt ans se met ainsi en place ce que l’on pourrait appeler une « économie de la débrouille ». Le développement de l’auto-entrepreneuriat comme complément et palliatif au salariat. « Gratte-grattes », loto et paris en ligne : un autre versant de l’économie de la débrouille. L’évolution des encours de crédit à la consommation -de 57050 millions d’euros (1993) à 180795 millions d’euros (2018).

4. Le film « Effacer l’historique », hommage à la France du Bon Coin et des Gilets jaunes

La démoyennisation par le côté, ou la fin de la maison commune 1. Artisanal, made in France, mode éthique : la segmentation culturelle ou la nouvelle distinction Un burger, mais premium : la montée en gamme discrète de la consommation courante alimentaire. Le segment artisanal et gourmet ou la premiumisation discrète dans l’alimentation. Du made in China au Slip Français. De la franchise pour tous des années 1980 aux concepts pointus de centre-ville.

2. Boulangers de rond-point versus néo-boulanger de centre-ville : la France du pain coupée en deux

3. A chacun son épicier, son cafetier et son DJ Lieu iconique de la sociabilité française, le café fait également face à un renouvellement des formats et des contextes de dégustation hors domicile.

Quatrième partie LES NOUVEAUX VISAGES DES CLASSES SOCIALES : LES METIERS DE LA FRANCE D’APRES Une constellation populaire orientée client 1. L’ouvrier de la logistique a remplacé l’ouvrier d’usine Le secteur du transport routier de marchandises ne compte pas moins de 37000 entreprises, employant 420000 salariés dont 385000 routiers. Mondialisation, obsession du zéro stock, essor de l’e-commerce, toutes ces tendances nourrissent le développement du secteur de la logistique et du transport, qui est aujourd’hui l’un des secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois.

2. Services à la personne, chauffeurs VTC et livreurs : la nouvelle classe ancillaire Les services à la personne sont devenus un véritable marché. Chauffeurs de VTC et livreurs : voituriers et portefaix 2.0…Payés au lance-pierre, ces nouveaux domestiques 2.0 enchaînent les heures et sont soumis à des cadences très soutenues.

3. Les aides-soignantes : bras invisibles du secteur hospitalier et des Ehpad L’aide-soignante ou l’infirmière subalterne…Elle se situe symboliquement et matériellement en bas de l’échelle. Les prolétaires de la silver economy (de 2935 Ehpad en 1980 à 7338 en 2014).

4. Nettoyage et gardiennage, ou l’extension du domaine de l’externalisation Le ménage : un métier d’avenir. Vigiles et agents de sécurité : autres figures masculines des nouvelles classes populaires.

5. La crise des Gilets jaunes : le soulèvement des « classes subalternes » Les salariés de la logistique, de la grande distribution et des services à la personne ont été en pointe dans le mouvement des Gilets jaunes.

6. A la marge de la constellation populaire : nouveaux pauvres et « cassos » 1984 – 2000 : l’extension du système d’aides sociales en faveur des « nouveaux pauvres » et des précaires. L’émergence de la figure repoussoir du « cassos »…campant aux marges de la constellation populaire.

Les transformations de la constellation centrale 1. La France des bac + 2 : le cœur de la classe moyenne Métiers pour lesquels Pôle Emploi dénombre le plus d’offres d’emplois à niveau bac + 2 : comptable ; technico-commercial ; technicien de maintenance ; assistant administratif ; assistant comptable ; commercial ; gestionnaire de paie ; assistant de direction ; conseiller clientèle ; conducteur de travaux ; technicien informatique. De 53700 étudiants en IUT en 1980 à 120600 en 2015. En STS, de 67900 étudiants en 1980 à 263000 en 2019.

2. Les reconversions et la diversification ethnique renouvellent le profil des commerçants et artisans

3. Les franchisés, composante de la bourgeoisie provinciale de la France d’après On ne comptait encore que 20000 franchisés à l’orée des années 1990, contre pas moins de 78000 aujourd’hui. Avec un revenu annuel net de près de 39 000 €, les franchisés font partie des catégories aisées. Mais on constate dans l’univers de la franchise une grande hétérogénéité de situations.

4. Psychologues, coachs et thérapies alternatives : les professions de l’économie du bien-être Ces « métiers du code Z » traduisent bien le fait que le bien-être individuel, décliné sous toutes ses formes, a acquis une place majeure dans notre société, la montée en puissance de cette aspiration ayant donné naissance à de toutes nouvelles professions et activités.

5. Le délitement de la forteresse enseignante Tout en conservant leur importance numérique, les enseignants ont ainsi perdu de leur caractère innovateur au profit d’autres professions (néo-artisans ; métiers de la culture ; professionnels du bien-être ; start-upeurs…).

6. La Start-up nation, nouvelle bourgeoisie des métropoles Le label French Tech recense près de 20 000 entités au sein duquel travailleraient 600 000 salariés. Un écosystème essentiellement métropolitain. La constellation digitale, noyau innovateur de la société française ?

Les métamorphoses du 0,01% 1. Holdings et magnats de l’immobilier ont remplacé les capitaines d’industrie Tableau d’évolution entre 1998 et 2020 de la répartition sectorielle des 500 premières fortunes françaises. Le nombre de personnes tirant leur fortune de l’immobilier et de l’hôtellerie est ainsi passé de 15 en 1998 à 57 en 2020, la part relative de ce secteur grimpant de 3 à 11% du total. Le bond a également été spectaculaire pour la catégorie des holdings financières, dont le poids est passé de 1 à 8% du total (soit de 6 à 41 des 500 premières fortunes françaises).

2. Des fleurons tricolores qui ont prospéré sur un marché intérieur porteur Carrefour ; Unibail Rodamco ; Bouygues ; Vinci ; Norbert Dentressangle ; Club Med ; Groupe Beneteau ; piscine Desjoyaux ; Ubisoft ; groupe Korian…

Cinquième partie DES TRADITIONS A LA GLOBALISATION : UNE ARCHEOLOGIE DES COUCHES CULTURELLES Catholicisme : la roche-mère n’affleure plus qu’épisodiquement 1. Des traces toujours présentes Sous l’effet de l’effondrement de la pratique religieuse, les églises ont perdu leur centralité symbolique. Désormais très peu fréquentées, et le plus souvent mal entretenues, elles voient leur état se dégrader et poser de grosses difficultés aux communes et aux diocèses.

2. …mais qui s’estompent de plus en plus De 76% des baptisés dans les naissances en 1970 à 27% en 2018. 74% des moins de 35 ans ne savent pas à quoi correspond l’Ascension, 91% ignorent ce que signifie la Pentecôte.

Que reste-t-il des couches culturelles régionales ? 1. Etat des lieux de la persistance des identités et des accents régionaux Certaines régions périphériques conservent en partie leur accent. Les défis de la presse quotidienne régionale dans une France mobile…Les quotidiens de la presse locale généraliste sont tous confrontés au même dilemme éditorial : celui de devoir parler à tout le monde dans une société fragmentée.

2. Permanences et transformations des pratiques alimentaires régionales L’huile d’olive est largement sortie de son réduit méditerranéen. Le renouveau de la microbrasserie s’émancipe de la tradition brassicole. La pénétration de la galette des rois en pays d’Oc.

3. Le grand déplacement, ou quand les Français ont quitté leur terroir natal Des natifs du département désormais souvent minoritaires.

4. Familles monoparentales et immigration : les nouveaux contours des systèmes familiaux régionaux De 8,2% de familles monoparentales en 1975 à 24% en 2018.

La couche yankee : les Etats-Unis, une passion française 1. Blockbusters, Coca et McDonald’s : une amplification de l’américanisation à partir des années 1980 Les blockbusters surclassent le cinéma français. La révolution des palais : quand McDo conquiert la France (d’un seul restaurant en 1979 à 1464 en 2018).

2. Country, Buffalo Grill, pole dance : l’américanisation par le bas Histoire et sociologie de la danse country en France. Près de 250 écoles de pole dance répertoriées à travers le pays. La France des bikers : carte de l’implantation des clubs de fans de motos américaines.

3. De Manhattan à la Silicon Valley : le rêve américain des élites françaises L’Amérique, tu la consommes ou tu la visites. De New York à la Silicon Valley, le voyage initiatique des élites économiques françaises. Les vestiges urbains de l’influence américaine : l’introuvable Silicon Valley française.

Le millefeuille culturel français : la globalisation s’accélère 1. Mangas, sushis et Nintendo : les vecteurs de la culture japonaise en France 1993 : Dragon Ball débarque au pays d’Astérix. Et le sushi devint tendance. Une offre culturelle diffusée dans différents milieux sociaux. Le voyage au Japon, une pratique plus élitiste que le trip américain.

2. Halal, kebab, chicha : la couche orientale L’essor du marché halal : entre affirmation identitaire et moyennisation des consommateurs musulmans. Le kebab acquiert droit de cité. La chicha : élément incontournable du mode de vie banlieusard.

3. Le tacos français : dernier étage en date du millefeuille culinaire tricolore De la banlieue aux centres villes : une street food qui franchit le périph’. D’un seul restaurant O’Tacos en 2007 à 261 en 2018.

4. Blanquette, steak frites : les plats en déclin et les atemporels La tête de veau : plat en déclin tendanciel. L’insubmersible : le steak frites.

5. Des Enfoirés à Aya Nakamura, la pop urbaine a (presque) remplacé la variété L’immigration et les quartiers, laboratoires R&D de l’industrie musicale. La pop urbaine : victoire du hip-hop ou dilution dans la variété française ? La variété française historique, segment parmi d’autres de la bande-son de la France d’après.

Le patchwork spirituel français 1. Les évangéliques : l’Eglise d’après ?

2. L’essor de la culture psy De 32848 psychologues en 2010 à 65765 en 2018. En quelques années, cette « culture psychologique de masse » et cette approche se sont ainsi diffusées dans l’ensemble du corps social et constituent un élément majeur du patchwork culturel et psychique de la France d’aujourd’hui.

3. Chamanisme et ésotérisme gagnent du terrain dans tous les milieux sociaux Le chamanisme fait des adeptes. La sorcellerie revient à la mode…La vitalité de l’édition spécialisée dans l’ésotérisme, l’occultisme et la parapsychologie est un bon indicateur de l’engouement en faveur de ces courants.

4. Le yoga s’est fait une place dans le mix spirituel français

Conclusion LA POLITIQUE D’APRES : QUAND LES MODES DE VIE INFLUENCENT LE VOTE 1. Effets politiques de la désindustrialisation et de la tertiarisation de l’économie La carte politique de la France d’après porte les traces et les stigmates de la désindustrialisation et de la nouvelle hiérarchie des territoires, indexée sur leur inégale désirabilité touristique et résidentielle.

2. Les traductions électorales de la nouvelle stratification éducative La modification de la stratification éducative induit l’une des transformations majeurs de notre structure sociale (cf le tableau 1988 – 2021 : Evolution du score du FN/RN selon le niveau de diplôme des électeurs).

3. Le biotope parisien Quand les traces de la civilisation automobile s’estompent du quotidien des Parisiens…La voiture a disparu du quotidien des deux tiers des Parisiens, désormais préoccupés par le verdissement de leur cadre de vie. L’apprentissage de l’anglais au programme des municipales à Paris (LREM en 2020).

4. Dans les villes TGV, le renouvellement de population bouscule les équilibres politiques Quand Marseille se « normalise » et bascule à gauche.

5. Gauche de centre-ville, droite périphérique : une fracture politique entre deux styles de ville Le FN, parti de la périphérie.

6. Idéal pavillonnaire contre néo-ruralité : deux modes de vie, deux dominantes politiques Deux modes de vie et deux visions du monde s’y affrontent (RN contre EELV).

7. La consommation comme enjeu politique : acheter sur Amazon ou voter écolo ? Sur ce sujet comme sur d’autres, la crise du Covid-19 est venue exacerber des dynamiques déjà à l’œuvre. Si ces deux familles politiques (RN et EELV) s’affrontent souvent sur la question migratoire ou à propos de la construction européenne, on constate qu’elles divergent également en termes de modes de vie et de rapport à la consommation.

Vango de Timothée de Fombelle - Gallimard jeunesse (roman adolescent)

Coup de cœur d’Antoine, notre petit stagiaire de Noël:

Vango est l’une des sagas les plus connues de Timothée de Fombelle. Les récits de ce fameux auteur pour la jeunesse  sont peuplés de personnages souvent révoltés, qui ont connu des drames et  qui sont en quête d’identité. Les thèmes récurrents dans ses romans sont l’exil et le déracinement.

Dans ce roman, alors qu’Evangelisto (son diminutif est Vango) Romano s’apprête à se faire sacrer prêtre sur le parvis de Notre-Dame de Paris, en 1934, il est soudainement accusé d’avoir commis un meurtre. Il doit alors s’exiler, fuir la police française qui le recherche et tenter de percer le mystère qui plane sur ses origines…

En nous partageant le point de vue de chaque personnage, adjuvant ou opposant, ce livre est extrêmement vivant et émouvant. Le suspens atteint son paroxysme et on s’interroge quant au sort du héros. On découvre progressivement les liens entre les personnages, au fur et à mesure que la quête d’Evangelisto progresse. Le livre mêle également l’histoire fictive de Vango à des évènements et des personnages historiques, durant un contexte d’entre-deux guerres.

Ce roman se lit d’une traite tant il est palpitant!

Internet une infographie de Tristan Mendès France et Quintin Leeds - CNRS

Émetteur du florilège : François C.

Internet : une infographieDossier 1 L’AVENEMENT DU CYBERMONDE 1 Préhistoire d’une nouvelle technologie La naissance d’Internet résulte d’innovations technologiques successives, des années 1960 aux années 1990. Avant même que n’apparaisse le World Wide Web, Internet voit notamment la naissance de plusieurs protocoles de transfert de données et d’un réseau de pages web qui permettent le développement de cette invention.

2 L’avènement d’un âge d’or 2014 : 1 milliard de sites web 2016 : 3 milliards d’internautes 2020 : 3,8 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux

3 Des câbles au cœur de l’Internet mondial 99% des communications mondiales entre continents transitent par des câbles sous-marins de plus en plus nombreux. Si, en 2014, ils appartenaient essentiellement aux Etats puisque seuls 5% d’entre eux étaient contrôlés par les GAFAM, 5 ans plus tard, ces géants du net réalisaient 50% des investissements pour la pose de nouveaux câbles.

4 L’explosion du trafic Internet Le petit ruisseau de données qui circulait aux origines du web est devenu un véritable torrent. La multiplication des câbles sous-marins, des centres de données, ainsi que les nouveaux modes de consommation (notamment les consultations de vidéos ou la généralisation du smartphone) ont entraîné l’augmentation rapide du trafic en ligne.

5 Voguer sur la toile Les navigateurs constituent le principal accès à Internet. Seuls logiciels nécessaires sur l’ordinateur pour accéder au web, c’est à travers eux que l’ensemble des sites apparaît. Ils ont révolutionné les usages du web en permettant l’intégration de contenus multimédias et interactifs.

6 Ok Google ! Les moteurs de recherche sont un outil essentiel de la navigation sur le web. Ils indexent des milliards de pages et les rendent visibles aux internautes. Si le marché des moteurs de recherche était assez diversifié dans les années 1990, Google s’est imposé dès le début des années 2000 comme le leader du secteur. Depuis plus de deux décennies, l’entreprise est quasiment en situation de monopole (part de marché sur ordinateur d’environ 85% en 2020). Certains moteurs de recherche alternatifs veillant au respect de la vie privée, comme le français Qwant, ont récemment vu leur nombre d’utilisateurs augmenter.

7 Rivaliser avec les Etats ? Les géants du net sont devenus en quelques années de très puissants acteurs économiques. Leurs milliards d’utilisateurs les situent au cœur d’enjeux économiques, sociétaux, politiques et géopolitiques majeurs et les placent en capacité d’agir sur l’ensemble des activités humaines.

Dossier 2 SOCIETES NUMERIQUES 8 L’humanité connectée Apparu le 13 mars 1989, le web a bouleversé nos pratiques sociales et pénétré nos intimités comme aucune autre technologie. Depuis 2018, plus de 50% de la population mondiale dispose d’un accès à Internet et tous les pays du monde sont reliés au web. Au second trimestre 2021, 60% de l’humanité, soit 5,27 milliards de terriens, est connectée. La plus forte hausse en une seule année s’opère entre 2020 et 2021, avec 7% d’internautes en plus dans la population mondiale en raison, notamment, de la pandémie de Covid-19. Et chaque seconde, 10 nouveaux internautes apparaissent, tandis que l’humanité passe en moyenne 100 jours par an sur Internet.

9 S’aimer en un clic Les relations amoureuses se tissent de plus en plus en ligne. L’écrasante majorité des couples se rencontrent via des sites et des applications dédiées. Ces plateformes numériques sont toutes influencées par différents algorithmes, qui régissent de plus en plus notre sexualité.

10 Le porno sur Internet : une histoire d’amour La pornographie en ligne a une longue histoire. Aussi ancienne qu’Internet lui-même. Toujours présente, elle occupe environ 4% du web mondial. Dans l’univers des cultures numériques, le porno est une référence incontournable.

11 Un monde en réseau…social Apparus vers 2005, les réseaux sociaux ont bouleversé la manière de surfer sur Internet. La recommandation de contenus, omniprésente sur ces plateformes, modifie la façon dont les individus consomment ou s’informent, avec des risques liés à l’enfermement informationnel (les bulles de filtres), induisant une forte polarisation des opinions. Aux Etats-Unis, par exemple, 2/3 des habitants accèdent à l’information par ce biais.

12 Le coronavirus a tissé sa toile La pandémie de Covid-19 a profondément modifié nos habitudes en ligne. Le sentiment de peur, le confinement et les différentes restrictions ont amené un nombre considérable d’humains à se connecter très régulièrement. Avec le télétravail, mais aussi en raison de la consommation massive de vidéos et de jeux en ligne, la charge qu’a dû supporter le web lors de cette épidémie a été considérable (pic historique, en mars 2020, de 9,1 térabits par seconde). Ce séisme lié au coronavirus a eu des conséquences majeures pour de nombreux acteurs économiques. Avec des gagnants et des perdants.

13 Applications tous terrains Les applications sont des logiciels dédiés aux appareils mobiles (smartphone, tablette). Apparues dans les années 90, elles se popularisent avec le lancement de l’iPhone d’Apple en 2007. Les deux principales plateformes de téléchargement de ces applications, l’App store et Google Play, voient le jour en 2008. En 2020, 218 milliards de téléchargements d’applications étaient enregistrés alors qu’en 2009, on n’en comptait que 2 milliards. Elles ont introduit un changement profond dans la façon dont les internautes accèdent à Internet : cette couche applicative est venue s’interposer entre l’usager et les contenus en ligne en offrant une interface alternative aux classiques navigateurs.

14 La mort en ligne Avec plus de 4,7 milliards d’internautes, i.e. 60% de l’humanité, la question des traces numériques devient un enjeu majeur. Quel pourcentage de blogs, de sites, de profils sur les réseaux sociaux est le fait de personnes aujourd’hui décédées ? Difficile à dire. Reste une certitude, ces contenus fantômes constitueront inévitablement à terme la majorité de la toile. La gestion de ces données post-mortem reste un casse-tête, tant celles-ci sont diverses et éclatées sur différentes plateformes. Surtout, cette mémoire est, de fait, privatisée par des entreprises commerciales en ligne et ces traces peuvent disparaître avec elles. Par ailleurs, Internet fait naître de nouvelles pratiques mortuaires et funéraires. Diffusion en direct d’un enterrement, commentaires en ligne en guise de condoléances, sites mémoriels, etc…sont autant d’expressions de ces nouveaux rituels.

15 L’empire numérique chinois Sans surprise, la Chine est le pays qui compte le plus d’internautes dans le monde ; parmi ses 1,4 milliard d’habitants, on compte plus de 900 millions d’utilisateurs d’Internet en 2020. Et l’Internet chinois a une place à la mesure de sa population puisque 7 des 10 sites les plus consultés de la planète sont chinois.

Dossier 3 CULTURES NUMERIQUES 16 Le mur du son Le streaming musical constitue un mode de diffusion permettant une lecture instantanée d’un flux audio en ligne. Phénomène marginal au début des années 2000, c’est le suédois Spotify et le français Deezer qui populariseront cette pratique à partir de 2007, en proposant chacun un abonnement à leur plateforme. Le streaming, qui est devenu le principal mode de consommation musicale, a permis d’augmenter significativement le chiffre d’affaires de l’industrie musicale depuis 2015.

17 La vidéo devenue virale La vidéo triomphe sur Internet. Elle représente dorénavant l’écrasante majorité des données qui circulent en ligne, soit plus de 80% du trafic mondial. Symptôme de ce phénomène, le deuxième site le plus visité du monde est celui d’une plateforme vidéo : YouTube. Et les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux à abandonner les télévisions hertziennes au profit des plateformes de streaming par abonnement ; Netflix, Disney + ou encore Amazon Prime.

18 Jouer en réseau Les jeux vidéo et le e-sport ne cessent de se développer sous de multiples formes : jeux de rôle multi-joueurs, divertissements issus des réseaux sociaux, applications ludiques, jeux téléchargeables, compétitions internationales, retransmission en direct…D’un point de vue économique, l’industrie du jeu vidéo pèse déjà plus que la musique et le cinéma réunis ; bientôt plus d’un milliard de personnes jouera en ligne.

19 D’immenses territoires virtuels Les MMOG pour Massively Multiplayers Online Games sont un genre particulier de jeux vidéo en ligne apparus à la fin des années 1990, devenus aujourd’hui très populaires. Les internautes jouent ensemble dans un univers dit persistant, i.e. en évolution permanente, que le joueur soit connecté ou pas. Ces jeux se déploient dans des territoires virtuels parfois extrêmement vastes, bien plus grands que Paris, par exemple.

20 Wikipédia ou tous les savoirs du monde Wikipédia se définit comme une encyclopédie universelle et participative. Créée le 15 janvier 2001, elle représente aujourd’hui la plus ambitieuse entreprise de collecte du savoir à l’échelle de l’humanité, avec plus de 30 millions d’articles et une moyenne de 500 millions de visiteurs par mois. Wikipédia repose sur la Wikimedia Foundation, une organisation à but non lucratif créée par Jimmy Wales et Larry Sanger, qui héberge également d’autres projets comme le wiktionnaire ou wikinews (un portail d’actualités alimenté par les contributeurs). Tous ces projets utilisent le logiciel libre de plateforme collaborative MediaWiki.

21 Le règne du podcast Le podcasting, ou balladodiffusion, est un système de diffusion de fichiers audio et vidéo qui repose sur un abonnement à un flux de données (au format RSS), proposé via une application gratuite ou payante. Les auditeurs peuvent ainsi entendre les podcasts à la demande. Le terme « podcasting », qui a été inventé en 2004 par un journaliste britannique du quotidien The Guardian, provient de la contraction de «iPod » et de « broadcasting ».

22 Les langues du web Le web est une tour de Babel : on y parle presque toutes les langues. La toile étant mondiale, elle reflète la diversité de ceux qui la nourrissent, mais aussi de ceux à qui l’on s’adresse. Les sites commerciaux ou touristiques qui visent à sensibiliser une audience mondiale cherchent par exemple à multiplier autant que possible les langues dans lesquelles leur contenu est proposé. Mais le web accueille aussi des dialectes, des langues mortes, ou même des langues fictives.

23 Le roman graphique d’Internet L’arobase L’emoji Le hashtag

Dossier 4 POLITIQUE ET GEOPOLITIQUE 24 Des chefs d’Etat influenceurs Les réseaux sociaux se situent désormais au cœur de l’action des gouvernants. Qu’elles soient des relais d’une communication, voire d’une propagande interne ou un outil de projection de puissance à l’extérieur, ces plateformes sont devenues essentielles aux dirigeants pour court-circuiter les médias traditionnels. Les données de l’année 2019, alors que les comptes de Donald Trump n’avaient pas encore été fermés, en témoignent.

25 Le cybercrime paie La cybercriminalité est probablement aussi vieille qu’Internet. Il s’agit d’une forme spécifique de criminalité et de délinquance qui se produit essentiellement en ligne, et qui peut prendre de nombreuses formes : les infractions aux cartes bancaires, la pédopornographie, l’incitation au terrorisme et à la haine raciale, les escroqueries en ligne, le blanchiment d’argent ou la contrefaçon n’en sont que quelques exemples. Mais à qui profite le crime ? La cybercriminalité rapporterait environ 1500 milliards de dollars/an dont 860 milliards pour la vente de produits illicites.

26 Touché! Coulé! La guerre en ligne Il y a eu plus de 350 cyberattaques géopolitiques documentées dans le monde depuis 2009. Ce qui fait de la cyberguerre (les actes de cybercriminalité lancés par des Etats) une menace technologique majeure pour les nations et leurs citoyens, d’autant qu’une partie significative des attaques passe sous le radar…La Chine et la Russie cumulent plus de la moitié des cyberattaques identifiées depuis 2009.

27 Internet et libertés Le web a d’abord été pensé comme un espace de liberté, où chaque internaute aurait la possibilité de s’exprimer et de s’informer sans contrainte. Mais l’utopie des origines s’est très vite heurtée à la réalité d’un monde fracturé en nations, où parfois les libertés fondamentales s’avèrent très relatives. Dans les pays sous le joug de dictatures, la pratique d’Internet est bridée, voire interdite.

28 Chine, la grande muraille numérique Internet a toujours été un enjeu stratégique pour la Chine. Particulièrement sur son sol. La fenêtre qu’ouvre la toile sur un univers informationnel que le régime ne contrôle pas est très tôt perçue comme une brèche qu’il convient de colmater. Depuis le début des années 2000, le contrôle de l’opinion publique nationale étant un élément crucial du système politique chinois, le régime s’efforce de protéger sa frontière virtuelle des contenus provenant de l’étranger. D’où l’idée d’une « grande muraille numérique ».

29 L’intranet nord-coréen Le régime nord-coréen est l’un des plus fermés de la planète. Si la population est coupée du monde, elle peut malgré tout accéder à un gigantesque intranet, appelé KWANGMYONG, sorte d’internet hermétiquement clos, à l’intérieur duquel on accède à du contenu approuvé par l’Etat. KWANGMYONG duplique certaines pages du web mondial pour les rendre accessibles (après filtres et modérations). La toile est un enjeu stratégique pour le régime. Il s’en sert comme un instrument de nuisance, d’activités mafieuses ou de contournement des sanctions internationales.

Dossier 5 ECONOMIES NUMERIQUES 30 Le plus grand supermarché du monde L’émergence du commerce en ligne suit de près l’apparition du web dans les années 1990. La première commande en ligne date en effet du 11 août 1994 : un habitant de Philadelphie s’est alors acheté un album de Sting, ouvrant ainsi la voie au phénomène mondial de ce qu’on appellera dès lors le e-commerce. Depuis la pandémie de Covid-19 et les fermetures à répétition des commerces non-essentiels, la vente en ligne a connu un boom, notamment via le développement du « click and collect », autrement dit du « cliqué-retiré ».

31 Culture Pub 2.0 L’univers publicitaire est profondément bouleversé par l’avènement du web et des réseaux sociaux. Que ce soit dans leurs modalités de création ou de diffusion, les agences de publicité ou les décideurs promotionnels déploient de nouvelles stratégies totalement inédites. Les progrès technologiques, et particulièrement les algorithmes, offrent d’énormes opportunités qui s’avèrent être d’une redoutable efficacité dans le ciblage et le profilage des clients, mais qui posent aussi de nombreuses questions, notamment en termes de protection des données personnelles.

32 Chefs étoilés en ligne Que ce soit pour cuisiner ou pour commander un plat, le web s’est immiscé dans nos habitudes alimentaires. Aujourd’hui, nous utilisons Internet pour nous informer sur la qualité nutritionnelle d’un produit, pour lire les avis donnés par d’autres usagers sur un restaurant, pour se faire livrer des courses, etc. Fait notable, le succès des sites de recettes, qui cumulent des centaines de millions de vues par mois.

33 Le plus gros média du monde Cantonnés au papier durant des siècles, puis se diffusant sur la radio et la télévision dans le courant du XXème siècle, les médias d’information ont commencé à investir le web dès le milieu des années 1990. Aujourd’hui, ce qu’on appelle l’infosphère numérique leur impose de nouvelles stratégies éditoriales, de diffusion de contenus mêlant algorithmes et nouveaux formats multimédias.

34 Spam, spam, spam Le spam est une forme de communication électronique non sollicitée, le plus souvent publicitaire, que l’Office québécois de la langue française qualifie de « pourriel ». Le terme « spam » renvoie à l’idée d’un contenu indésirable et envahissant. Le premier pourriel fut envoyé le 3 mai 1978 à environ 400 personnes par un responsable marketing sur ARPAnet, l’ancêtre d’Internet. Aujourd’hui, on en dénombre des centaines de milliards par jour.

Dossier 6 INTERNET DEMAIN 35 Star webs L’Internet interplanétaire est un projet qui a été développé par Vint Cerf et la NASA en 1998, avec pour but premier d’établir des liaisons entre la Terre et Mars via un réseau Internet. Le web spatial quant à lui concerne l’Internet terrestre accessible via des constellations de satellites

36 Le web profond Le « deep web » désigne tout ce qui, sur Internet, n’est pas indexé. Le contenu du web profond comprend tout ce qui se trouve derrière un paywall ou qui nécessite des identifiants de connexion ou encore un mot de passe. Il comprend également tout contenu dont les propriétaires ont bloqué l’indexation par les moteurs de recherche. On peut ajouter certaines pages archivées (la fondation Internet Archives, par exemple, en compte plus de 468 milliards). On y trouve également des dossiers médicaux, bancaires, des contenus payants, des pages web confidentielles d’entreprises.

37 L’Internet des objets Lorsque le virtuel s’immisce dans le réel, qu’Internet interagit avec des objets, des lieux ou un environnement physique, on parle de l’Internet des objets ou IoT (pour Internet of Things en anglais). Les applications sont extrêmement diverses. On en dénombre déjà plus de 10 milliards, et on estime qu’il y en aura plus de 25 milliards à l’horizon 2030. Cette hyper-connectivité n’est évidemment pas sans poser un certain nombre de questions et fait redouter la mise en place d’une surveillance généralisée.

38 Smartphones, nos troisièmes cerveaux La consultation du web via notre ordinateur de bureau n’est plus la norme. Depuis 2017, la majorité des pages web sur Internet sont vues via un téléphone mobile. Avec 3,8 milliards de possesseurs d’un smartphone en 2021, soit 48,3% de l’humanité, l’Internet mobile bouleverse profondément les usages numériques.

39 « Si vous avez apprécié ça, vous aimerez aussi… » La majorité de ce que l’on peut voir en ligne est travaillée par les algorithmes. Ces derniers sont des suites d’opérations mathématiques qui vont délivrer des résultats en fonction des entrées qu’on lui soumet. Ces entrées peuvent être un clic, une requête sur un formulaire ou l’empreinte numérique qu’on laisse en ligne (notre historique de navigation par exemple).

40 L’impact environnemental du net Internet et les dispositifs numériques qui le soutiennent ont un coût pour notre environnement. On estime que ce secteur est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (contre 1,9% pour l’aviation ou 17,5% pour le bâtiment). La forte augmentation des usages liés notamment au e-commerce, à la consultation de vidéos en ligne, à la multiplication des services aux particuliers ou à l’omniprésence des objets connectés pourrait entraîner un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025.