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Vos recommandations...

Vivre à l'endroit de Juliette Allais

Coup de cœur d’Anne-Christine T.: Pour ma part, l’écrivaine a un style d’écriture très doux avec un sentiment d’empathie dans les mots. L’héroine est en retrait dans l’ombre par rapport à son mari grand éditeur assez méprisant orgueilleux, et par rapport à sa famille, notamment son père, grand musicien qui a les mêmes traits de caractère que son mari. Ainsi, notre héroïne assez effacée et discrète, reléguée des autres, a besoin d’une forme de reconnaissance face à un mari et un père brillants.

Personne de son entourage, n’envisage qu’elle ait ce besoin, l’envie d’écrire dans un cadre d’épanouissement personnel. Elle finit par écrire un livre sans en parler à son mari et va rentrer dans un personnage qui est à l’opposé de ce qu’elle ait dans la vie: plus d’assurance, elle s’affirme, elle existe, elle ose, elle revit….

Je laisse aux lecteurs découvrir la suite qui est palpitante. On a envie d’aller jusqu’au bout. Deux questionnements au niveau du couple: considérer, découvrir sa femme autrement et atténuer l’égo masculin. Parfois c’est une manière de tout recommencer à zéro….

King Kong Théorie de Virginie Despente - Le Livre de poche (roman en poche)

Coup de cœur d’Anne-Christine T.: Malgré son franc-parler, son écrit, son langage direct, l’autrice à travers son expérience et ses épreuves personnelles, nous livre ses pensées, son analyse  sur l’image de la femme   en société, les  rapports de la femme à l’homme au sens large du terme.

Sur le plan professionnel / politique : la femme par rapport à l’homme  a dû mal à trouver sa place dans l’espace public,  pour l’écrivaine le collectif est resté un mode masculin. Très souvent, la femme est amenée à sacrifier sa féminité (parfois sa vie familiale) pour réussir. La femme doit être prête à triompher, à combattre, ne pas être trop gentille, ne pas être trop effacée. Comme le dit l’autrice, la femme doit oublier à être douce, serviable, agréable. S’autoriser à dominer l’autre sans s’excuser, sans minauder. Elle sera jugée là dessus. Comment réussir à tout niveau tout en préservant sa féminité, la séduction tout en étant sérieux et ferme.

Citation de l’autrice : Etre coupé de sa féminité aux femmes qui renoncent à leur virilité, non pas en fonction des besoins d’une situation ou du caractère, mais en fonction de ce que  le corps  collectif exige d’elle….

C’est un petit livre qui se lit très  rapidement, et qui nous fait comprendre que malgré les épreuves de jeunesse, la provocation dans les mots, le ressentiment, l’autrice a puisé sa force de remonter dans l’écriture. 

Trois sœurs de Laura Poggioli - L'Iconoclaste (Roman)

Coup de cœur de Florian D., un ancien stagiaire: «S’il te bat c’est qu’il t’aime» dit un proverbe russe. Pendant des années, le père des trois sœurs Khatchatourian les a insultées, humiliées et frappées. Le soir du 27 juillet 2018, Krestina, Angelina et Maria l’ont tué. Ce crime a divisé la Russie: d’un côté ceux qui défendent les sœurs Khatchatourian et qui plaident la légitime défense, et de l’autre ceux qui affirment et jurent que les problèmes domestiques doivent rester privés et qui réclament de la prison ferme pour les trois sœurs.

Laura Poggioli a vécu à Moscou quand elle avait 20 ans. Elle aimait tout: la langue, la ville, boire et sortir avec ses amis et un homme. Il lui donnait des coups lui aussi parfois, mais elle se disait que c’était sa faute: «S’il te bat c’est qu’il t’aime» dit un proverbe russe.

Un roman qui vous fait réfléchir sur ce que vous êtes prêts à endurer par amour. L’autrice fait son éloge de la Russie qu’elle a connu tout en démontrant les problèmes de justice qui existent dans ce pays concernant les violences que subissent les femmes mais aussi les enfants au sein même de leur propre foyer.

Une femme blessée de Marina Carrère d’Encausse - Pocket

Coup de cœur d’Aude, ancienne collègue: Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, leurs enfants et la famille de son mari. Un jour, elle est emmenée à l’hôpital de Souleymanyeh, très grièvement brûlée. Un accident domestique, apparemment… «Apparemment», car ces accidents dont sont victimes de nombreuses femmes, en général très jeunes, masquent souvent des crimes d’honneur. Tandis que Fatimah va lutter pour vivre malgré ses blessures, pour ses enfants et le bébé qu’elle porte, la vie dans son village s’organise sans elle. À tel point qu’il semble qu’elle n’ait jamais existé. Seule sa fille aînée continuera à évoquer son souvenir.

Voici un roman très court que j’ai lu d’une traite, abordant un sujet dont j’ignorais absolument tout: les crimes d’honneur. Il s’agit d’une pratique d’origine babylonienne, une tradition tout particulièrement répandue dans le Moyen-Orient, où quand une femme (souvent jeune) est suspectée d’avoir enfreint le code d’honneur familial, il est justifié de se venger. Souvent en la brûlant et en maquillant le tout en accident domestique.

C’est ce qui arrive au personnage principal de ce roman, Fatimah, qui se réveille à l’hôpital complètement brûlée, avec des semaines de soins, de greffes et de douleurs insupportables devant elle. Difficile de ne pas compatir face à son sort. Personne dans sa famille ne vient lui rendre visite, sa fille aînée se demande bien comment elle va, mais le sujet est totalement proscrit à la maison.

C’est un roman fort, au style très simple et accessible qui permet une lecture très fluide et une plongée directe dans le récit. Les événements s’enchaînent vite, mais la fluidité du récit amène une facilité à la lecture. Surtout face à un sujet si dur. Les livres de Marina Carrère d’Encausse abordent toujours des sujets très intéressants!

 

Ex Nihilo de Shinji Mito - Pika édition (Manga)

Coup de cœur de Florian D., un ancien stagiaire: Yukari Kamono est un lycéen normal qui vit une vie des plus banale. Mais tout va changer le jour où il est attaqué par une mystérieuse créature blanche détruisant la ville dans le même temps. Il va alors faire la connaissance d’Anya, une jeune fille venue pour l’aider et lui apprendre par la même occasion qu’il est, comme elle, ce qu’on appelle un «Créateur»: un être capable de créer tout ce qu’il imagine. Qui l’a réellement attaqué? Que signifie vraiment être un «Créateur»? Pour avoir des réponses à toutes ses questions il va devoir se battre.

Une série en 2 tomes qui interroge sur la vision que chacun se fait du monde idéal et sur ce que nous sommes prêts à faire afin de l’atteindre.

Faire les bons choix par Anna Galloti et M. Lorenzen - Eyrolles (vie pratique)

Faire les bons choixÉmetteur du verbatim: François C.

La LUCIDITÉ, entendue comme conscience de nous-mêmes et de notre interaction avec le monde extérieur, de qui nous sommes… et, en général, de toutes les composantes qui font que nous sommes constitués d’une somme d’éléments dont la résultante est notre unicité. Choisir, c’est aussi se poser la question: quelle est la personne que je veux être? Quelles sont mes valeurs? Comment vivre en adéquation avec mes valeurs fondamentales? Comment est-ce que je souhaite utiliser le temps mis à ma disposition? Qu’est-ce que je veux vraiment?

Partie I Choix, lucidité et bien-être

Ch. 1 Notre point de départ: le choix qui nous rend heureux

Lucidité: la conscience de soi, de ce qui est bon pour soi, qui nous permet de construire notre destin tel que nous le souhaitons. Il suffit d’élargir notre champ de conscience pour nous ouvrir des portes que nous pensions autrefois inexistantes ou infranchissables. Le bonheur existe quand on s’aime soi-même et qu’on aime les autres. Nous effectuons des choix pour modifier une situation ou pour garder le statu quo ou simplement pour avancer dans la vie. La lucidité est un moyen pour devenir maître de son destin et pour effectuer de bons choix pour nous. Les bons choix mènent à une vie heureuse.

Ch. 2 Les fondamentaux du choix: sens, mission dans la vie, lucidité

Plus je deviens lucide, plus je fais des choix qui correspondent à mon essence, plus je suis acteur du monde. Grâce à un alignement adéquat et à une cohérence interne, les énergies se fluidifient et se concentrent sur une mission avec des objectifs clairs. Choix structurels = choix qui structurent notre vie sur le long terme. Les choix quotidiens sont la conséquence des choix structurels dans lesquels ils s’imbriquent. La lucidité porte avec elle son lot de risques et a un coût: celui d’aller à contre-courant pour se poser et poser à autrui des questions parfois dérangeantes. Les expériences, négatives ou positives, deviennent des sources d’apprentissage et de lucidité si nous choisissons leur rôle dans notre vie. Quand notre essence, nos valeurs et notre mission dans la vie sont alignées, nous pouvons effectuer des choix qui nous permettent de mener une vie heureuse, choix qui structurent notre vie et nos choix quotidiens. Le choix d’ouvrir notre conscience porte en lui des conséquences qui peuvent être difficiles à assumer et aussi la joie de se sentir bien avec soi-même et les autres. La lucidité n’est pas une nécessité en soi car nous ne «devons» pas être lucides à tout prix. Toutefois, dans des moments clés de notre vie, la lucidité nous aide à surmonter les crises car elle nous permet de nous retrouver et de nous sentir responsables de notre destin.

Ch. 3 Les outils pour faire des choix durables

À certains moments de notre existence, nous pouvons avoir envie d’être dans la fluidité de ce que nous offre la vie et nous pouvons agir en laissant venir les occasions d’avancer. À d’autres moments, en revanche, nous pouvons avoir envie de prendre en main notre vie et d’en déterminer le cours. En réalité, il ne s’agit pas de magie, mais de la puissance des changements quantiques qui s’opèrent à l’intérieur de nous. Ils sont tellement fulgurants que le monde qui nous entoure, d’une certaine manière, les entend et les fait résonner avec des rencontres et des coïncidences qui en réalité n’en sont pas. Nos expériences sont à l’origine et le moteur de notre lucidité si et quand nous décidons qu’elles deviennent une manière de mieux nous connaître. Pour apprendre à être lucides, nous avons besoin d’être au clair avec nos comportements vis-à-vis de nous –mêmes, qui se traduisent par trois choix fondamentaux:

  • le choix d’écouter notre corps, nos sens et tout notre être pour les inclure dans nos choix fondamentaux ;
  • le choix de nous autodéterminer, de contrôler ou pas notre vie ;
  • le choix de nous accepter tels que nous sommes (savoir s’avouer ses forces et ses limites avec lucidité).

L’estime de soi est le sentiment que qui je suis correspond à l’image de qui je veux être et résulte de l’alignement de toutes les dimensions.

Partie II Notre corps et nos émotions dans la prise de décision

Ch. 4 Notre corps et nos émotions: des outils précieux et parfois dangereux

Ch. 5 Les habitudes et les addictions: l’œuf et la poule

Partie III Les limites de nos choix

Ch. 6 Les dés sont pipés: les limites sociales de nos choix

Ch. 7 Les 5 i : ce que nous ne pouvons pas choisir

Carlo Moïso nous a appris le concept des «5i» : ils indiquent ce contre quoi nous ne pouvons rien et contre quoi il est inutile de lutter :

  • L’injustice de la vie ;
  • L’inadéquation de l’homme ;
  • L’inévitabilité de la fin ;
  • L’irréversibilité du passé ;
  • L’imprévisibilité du futur.

Le renoncement fait partie de l’acceptation de ces «5i», mais il est aussi une capacité, puisque si nous savons renoncer, nous savons aussi choisir: tout choix comporte son renoncement, il faut en être conscient et l’évaluer par rapport à nos valeurs, à nos bénéfices et, in fine, à notre bien-être dans le temps.

Partie IV L’impact de nos choix dans notre vie

Ch. 8 Comprendre les bénéfices de nos choix pour plus de bien-être

Ch. 9 Notre responsabilité est toujours engagée

Choisir, c’est aussi reconnaître sa responsabilité. Cela peut parfois paraître difficile et engendrer un sentiment de culpabilité. Alors nous recherchons des stratégies pour éviter la responsabilité. Lorsque nous demandons de l’autonomie, il est intéressant de voir dans quelle mesure nous en acceptons la pleine responsabilité. Au sein des organisations, nous ne nous sentons pas toujours responsables et certains facteurs (absence de sens, trop de contrôle, inadéquation avec nos valeurs) peuvent entraîner une déresponsabilisation. Cependant, nous pouvons contribuer à créer un climat dans lequel chacun pourra se sentir co-responsable. Ainsi la responsabilité assumée peut donner du sens et de la valeur à notre contribution et nous apporter du bien-être.

*

La cour des ténèbres de Victor Dixen

Coup de cœur d’Anne-Christine T: Une histoire de vengeance dans le milieu de la Vampyria au 17 ème siècle avec ses codes, l’art de l’apprentissage dans différentes disciplines, la compétition pour pouvoir être admis au sein de la Vampyria, accompagnée de pièges mortels.

Même si l’héroine  décide de se venger, elle est pris au piège par l’attirance de ce milieu qu’elle combat pour assouvir cette vengeance et succombera à quelques sentiments. Le roy soleil devient le roy des vampyres dans ce milieu un peu sciences fiction fantastique et ésotérique… sous l’Ancien Régime.

Les reines d'Emmanuelle Pirotte - Le Cherche-Midi

Coup de cœur de Charlotte, ancienne collègue et patronne de La p’tite librairie à Puteaux:

Amours interdits, trahisons et destins contrariés.

Emmanuelle Pirotte imagine un monde gouverné par les femmes sur fond d’apocalypse.

Du grand spectacle!

Coup de cœur de Magali également

Les enfants endormis de Anthony Passeron - éditions du Globe

Coup de cœur d’Aude, ancienne collègue: «40 ans après la mort de son oncle, Anthony Passeron décide d’interroger le passé familial. Évoquant l’ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires: celle de l’apparition du sida dans une famille de l’arrière-pays niçois - la sienne - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. Dans ce roman de filiation, il évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et le malade considéré comme un paria.»

Petite découverte de cette rentrée littéraire, dont je ressors plus riche. Un titre entre la biographie familiale, le témoignage et l’enquête puisqu’elle traite de la famille de l’auteur et retrace l’apparition du sida aux États-Unis et en France dans les années 80 avant de poursuivre avec toutes les recherches menées pour tenter de trouver un traitement. C’est un titre très intime et qui ne tombe pourtant jamais dans le voyeurisme, je l’ai perçu comme un très bel hommage à une famille et à un homme, l’oncle d’Anthony Passeron, Désiré. J’ai adoré suivre cette famille dans l’arrière pays niçois, une famille connue, respectée, et finalement tout est remis en cause quand la maladie arrive.

Les chapitres alternent entre la famille et les chapitres plus scientifiques, jusqu’à ce que les deux se recoupent quand Désiré, héroïnomane, contracte le virus. Tout comme son épouse et plus tard, leur petite fille.

Un titre très riche, surtout pour moi qui suis née en 92 et n’ai donc pas connu cette période. J’ai été stupéfaite de voir que l’institut Pasteur a d’abord refusé de faire des recherches, faute d’éléments. Je le savais mais j’ai été brisée de voir le traitement réservé aux malades, traités comme des pestiférés même par le personnel médical.

Un titre très personnel, l’écriture est très agréable et j’ai été ravie de découvrir Anthony Passeron que je ne manquerai pas de lire à nouveau si l’occasion se présente.

Glacé de Philippe Thirault et Mig d'après Bernard Minier - Philéas (Bande dessinée adulte)

Coup de cœur de Florian D., un ancien stagiaire: Un matin de décembre, dans les Pyrénées, le corps sans tête d’un cheval est retrouvé pendu en haut d’une falaise. Le commandant Martin Servaz se voit alors confier l’enquête la plus étrange de sa carrière. Tout proche du lieu du crime se trouve un établissement psychiatrique duquel personne ne peut s’échapper. Pourtant l’ADN du tueur en série Julian Hirtmann, enfermé dans cet asile, est retrouvé sur la scène de crime. Quelques jours plus tard, un nouveau corps va être retrouvé et cette fois il est humain.

Une enquête glaçante mêlant les crimes du passé au présent. Frissons garantis.

Les entreprises humanistes de Jacques LECOMTE - Les Arènes

Émetteur du verbatim: François C.

Première partie L’épanouissement de la personne au travail

  1. Être heureux au travail

. Contrairement à une opinion commune, la grande majorité des personnes se disent heureuses au travail.

. Effectuer une tâche difficile et stimulante, tout en estimant avoir la capacité de la réaliser, conduit généralement la personne à éprouver un sentiment d’accomplissement au travail.

. Certains parviennent à trouver du sens à leur travail, quel qu’il soit ; d’autres, même avec un travail intéressant, éprouvent beaucoup de difficultés à y trouver du sens.

  1. Trouver sa vocation

. Notre activité professionnelle peut être considérée de trois manières différentes. Soit comme un job (uniquement comme source de revenus), soit comme une carrière (source de revenus et moyen de promotion), soit comme une vocation (source d’un sentiment d’utilité sociale et d’accomplissement personnel).

. Toute activité professionnelle peut être perçue comme une vocation. Tout dépend du regard porté sur elle. On peut enrichir son travail pour en faire une vocation.

 3. Être vraiment motivé

. Deux formes de motivation: une personne est motivée intrinsèquement lorsqu’elle trouve de l’intérêt dans l’action en elle-même, tandis qu’elle est motivée extrinsèquement lorsque son intérêt concerne le résultat obtenu à la suite de l’action (salaire, primes, avantages divers). La motivation intrinsèque est plus profonde et plus durable.

. À nuancer par le fait que les avantages financiers peuvent stimuler la motivation intrinsèque. Cela dépend notamment de l’intention que l’on attribue au supérieur hiérarchique qui les fournit: si l’on pense qu’il le fait par intérêt, cela diminue la motivation intrinsèque ; si l’on pense qu’il le fait dans une démarche sincère de reconnaissance, cela augmente la motivation intrinsèque.

. Nous éprouvons davantage de motivation intrinsèque lorsque notre activité permet de satisfaire des besoins psychologiques fondamentaux, en particulier les besoins d’autonomie, de compétence et de relations humaines ; également de sens, d’utilité sociale, de cohérence avec des valeurs personnelles.

  1. Se sentir utile aux autres

. L’altruisme est une composante majeure du bonheur et de la motivation au travail. Le sentiment d’être utile incite à faire son travail le mieux possible.

. Les managers devraient créer des situations qui permettent à leurs collaborateurs de constater l’impact positif de leur travail sur ceux qui en bénéficient.

. L’empathie est une source importante de créativité professionnelle. Pour qu’une idée nouvelle soit vraiment créative, il est préférable qu’elle soit également utile ; et donc, que leur auteur s’efforce de se mette à la place de l’utilisateur éventuel.

. La «motivation de service public» désigne le désir d’être professionnellement utile aux autres. Elle est particulièrement présente chez un certain nombre de fonctionnaires et les salariés du secteur associatif, mais peut être ressentie par toute personne, quelle que soit son activité.

  1. Travaillons-nous pour l’argent?

. Nous sommes généralement surtout motivés par le travail et son utilité sociale… tout en croyant que les autres sont surtout motivés par l’argent. Ceci a des effets particulièrement problématiques dans les relations entre managers et collaborateurs.

. La plupart des personnes qui gagnent des sommes importantes à la loterie continuent leur activité professionnelle ou en profitent pour en exercer une autre. Ceux qui choisissent de s’arrêter de travailler sont généralement proches de la retraite.

  1. Les primes à la performance nous motivent-elles?

Trois arguments avancés, tous à l’origine d’effets indésirables.

  • L’argument de justice: il paraît légitime que le salarié soit récompensé en fonction de sa performance. Or, les salariés considèrent souvent comme arbitraires les critères ayant fondé la décision de leurs supérieurs. Par ailleurs, l’instauration de la prime à la performance crée des tensions au sein de l’équipe.
  • L’argument de productivité : L’attrait d’une rémunération plus élevée est censé encourager le salarié à produire un effort supplémentaire. En fait, la prime à la performance n’augmente que rarement la quantité de travail fourni et diminue généralement sa qualité.
  • L’argument de sélection: Les primes devraient inciter les salariés les plus productifs à venir travailler dans l’entreprise. En fait, le paiement à la performance séduit surtout les individus âpres au gain. Les personnes désireuses d’être utiles, que ce soit envers leurs collègues ou envers la société, sont attirées par des emplois servant le bien commun et par une ambiance de travail collaborative.
 

Deuxième partie Des relations d’équipe harmonieuses

7. Vive la confiance!

. Les salariés sont bien plus satisfaits et motivés au travail lorsqu’on leur fait confiance et qu’on leur accorde beaucoup de liberté que lorsqu’on les contrôle. Les entreprises où c’est le cas sont très rentables. Inversement, les divers systèmes de contrôle génèrent des coûts, notamment en termes de baisse de performance, voire des comportements tels que le vol.

. La première question que devrait se poser un employeur qui envisage de faire confiance à ses salariés n’est pas de savoir si ses salariés sont honnêtes, mais si lui-même l’est.

. Avoir confiance dans les idées des salariés est une clé de l’innovation. Le droit à l’erreur est indispensable pour cela.

. La confiance porte sur deux aspects: la compétence d’autrui et son honnêteté. Lorsqu’un manager fait confiance à l’honnêteté d’un collaborateur pour effectuer une tâche, il doit par ailleurs s’assurer de la compétence de ce dernier et, si nécessaire, faciliter le développement de celle-ci, par exemple grâce à une formation.

8. Travailler en bonne collaboration

. Les salariés coopératifs sont les plus performants. Il existe une spirale vertueuse entre coopération et performance.

. Lorsqu’une organisation instaure une atmosphère de compétition entre les salariés, elle génère un mal-être et une diminution du partage d’informations, ce qui entraîne une baisse de la performance du groupe.

. L’uniformité de pensée au sein d’un groupe peut engendrer des décisions catastrophiques. Il est bénéfique d’institutionnaliser un système de critique bienveillante des décisions collectives, par exemple sous forme d’»avocat du diable».

9. Se mettre au service des autres

. Plus un salarié est satisfait au travail, plus il a de probabilités de rendre service à ses collègues et à l’entreprise en général. Les managers ont une forte influence sur la tendance de leurs collaborateurs à s’entraider ou non. Les attitudes qui ont le plus d’impact sont la capacité à entretenir une bonne relation personnelle avec les collaborateurs, un comportement exemplaire, le fait d’incarner une vision, de favoriser les objectifs collectifs et de soutenir les collaborateurs.

. Les dirigeants qui font passer leur entreprise de la performance à l’excellence incarnent un mélange paradoxal d’humilité sur le plan relationnel et de forte volonté en termes de projet d’entreprise.

. Le «leadership serviteur»:

  • augmente la satisfaction, le bien-être, la créativité et l’implication des salariés ;
  • favorise la coopération et l’entraide dans l’organisation ;
  • diminue le turn-over des salariés.
10. La bienveillance comme source de joie et d’efficacité

. La reconnaissance mutuelle et le sentiment de justice au sein d’une organisation favorisent à la fois l’implication, la satisfaction au travail et la performance.

. Avoir de la considération pour ses collaborateurs et préciser clairement leurs tâches sont des attitudes complémentaires bénéfiques pour ces derniers et pour l’entreprise.

. La démarche appréciative (Appreciative inquiry) est une méthode reposant sur la prise en considération de ce qui fonctionne bien. Surtout utilisée dans les entreprises, elle est également appliquée avec succès dans d’autres univers: la santé, la protection de l’environnement, les pays en développement, etc.

. Elle constitue une rupture avec les pratiques traditionnelles, en focalisant sur les points forts, et permet ainsi de découvrir des compétences insoupçonnées et des approches innovantes chez les collègues et collaborateurs. Elle libère la créativité et ouvre des pistes d’évaluation, difficiles à mettre à jour par une approche traditionnelle.

11. L’apaisement des conflits

. La médiation d’entreprise permet une résolution des conflits de type gagnant-gagnant plutôt que gagnant-perdant, en révélant l’humanité de chacun. C’est une démarche bien plus efficace et moins coûteuse que le procès ou la conciliation. Elle devrait donc être la première forme de résolution du conflit envisagée, contrairement à ce qui se passe habituellement.

. Le médiateur est responsable et garant du processus, il facilite la communication entre les parties. En revanche, il n’intervient pas sur les décisions, lesquelles relèvent exclusivement de la responsabilité des parties.

. Le médiateur doit faire preuve de qualités humaines d’écoute et d’empathie. Il doit également respecter certaines règles déontologiques, telles que la neutralité, l’impartialité (ou plutôt la multipartialité) et la confidentialité.

. Le médiateur n’est pas nécessairement un expert du domaine sur lequel porte le conflit, ni un spécialiste du droit. Beaucoup de «médiations» échouent précisément parce qu’on fait appel à un spécialiste, mais qui n’est pas formé à la médiation.

. Les émotions sont acceptées, et même bienvenues en médiation, car elles permettent aux personnes de révéler leurs besoins profonds. Cela ne conduit cependant pas à de l’agressivité et de la haine, en raison du rôle régulateur assuré par le médiateur.

 

Troisième partie L’entreprise au service de la société

12. Une théorie révolutionnaire

. Le dialogue est plus efficace que la sanction pour améliorer la sécurité. Les inspecteurs d’hygiène et de sécurité au travail obtiennent plus de réductions des accidents du travail à travers une attitude coopérative plutôt que par une approche rigide.

. La meilleure attitude de leur part consiste à équilibrer encouragements et critiques, lorsque celles-ci sont nécessaires, en adaptant la stratégie d’inspection au comportement observé dans l’entreprise.

. La «pyramide régulatrice»de John Braithwaite permet d’ajuster le comportement des inspecteurs à celui des responsables d’entreprise. Face à un dirigeant vertueux, le dialogue et la persuasion ; face à un calculateur égoïste, la dissuasion ; face à un individu irrationnel ou incompétent, l’interdiction d’exercer.

. Les responsables de la sécurité au sein même de l’entreprise sont généralement plus aptes à découvrir l’origine de malfaçons, et donc à améliorer la situation. Ce qui n’élimine évidemment pas la nécessité de l’action des régulateurs de l’État.

13. Quand l’entreprise contribue à diminuer la pauvreté dans le monde

. La philanthropie d’entreprise peut aider, voire sauver, des millions de vies. Elle est d’autant plus efficace qu’elle tient compte des acteurs locaux de la société civile.

. La plupart des philanthropes sont discrets dans leurs dons, ne cherchent pas à se faire remarquer, tout en éprouvant une intense satisfaction dans ces actes. Ils insistent sur leur désir de contribuer à l’émergence d’une société meilleure et plus juste, en insufflant du professionnalisme dans l’action généreuse.

. Pour qu’une stratégie d’entreprise visant les pauvres soit moralement acceptable, elle doit respecter au moins ces trois principes de base:

  • le produit doit répondre à de vrais besoins (alimentation, eau potable, santé, énergie, etc.) ;
  • la démarche doit faciliter l’autonomisation des populations concernées ;
  • elle doit être respectueuse de l’environnement.
 

. Le microcrédit est efficace, sans pour autant entraîner de miracles. Il permet généralement aux personnes de fonder une entreprise ou d’acheter des biens durables importants, comme une bicyclette. En revanche, il n’aboutit que rarement à la naissance d’entreprises de taille conséquente.

. Reposant sur une double caractéristique –pas de pertes, pas de profit- le social business vise à résoudre de graves problèmes humains tels que la faim, la privation de logements, la maladie, la pollution, l’analphabétisme.

. De plus en plus d’entreprises multinationales ont mis au point des partenariats à grande échelle avec des entrepreneurs sociaux de pays en développement. La France est à la pointe de l’engagement dans ce domaine, grâce à des entreprises telles que Danone, Schneider Electric, Essilor, Veolia.

14. L’économie sociale et solidaire (E.S.S.)

. L’E.S.S. regroupe les organisations privées ou publiques qui s’efforcent de concilier activité économique et utilité sociale. Elles agissent dans des domaines très divers: soins de santé, éducation et formation, culture et loisirs, sport, environnement, aide à l’enfance et aux personnes âgées, etc. Ce secteur d’activité représente environ 10% de l’emploi en France.

. L’entrepreneuriat social est une manière d’entreprendre qui place l’efficacité économique au service de l’intérêt général. De nombreuses expériences d’entrepreneuriat social se sont créées en France et dans le monde au cours des vingt dernières années. Afin de mieux assurer la pérennité d’expériences prometteuses, l’organisation ASHOKA apporte son soutien aux entrepreneurs sociaux.

15. Comment réduire les risques de catastrophes

. Les organisations très fiables présentent certaines caractéristiques dont:

  • l’effacement temporaire de la hiérarchie ;
  • le débat contradictoire et la fonction d’avocat du diable ;
  • la non-punition des erreurs.
. L’élément le plus déterminant des organisations à haute fiabilité est la valorisation de l’erreur, qui ne doit pas être confondue avec la faute. L’erreur est considérée par les responsables d’organisations à haute fiabilité comme une source d’apprentissage. C’est en étudiant les erreurs que l’on se permet de les éviter à l’avenir.

. La sanction pénale des erreurs constitue un obstacle à la sécurité, car «la punition est mère du silence», elle incite les opérateurs à ne pas parler de leurs erreurs, et donc empêche d’apprendre à partir d’elles. Dans l’aviation civile, les enquêtes sur un accident ont pour seul objectif la prévention de futurs accidents ou incidents ; elles ne visent nullement à la détermination des fautes ou des responsabilités. C’est un facteur essentiel qui fait que l’avion est aujourd’hui le mode de transport le plus sûr.

16.Les entreprises humanistes sont-elles rentables?

. De nombreux chefs d’entreprise parviennent à associer harmonieusement leurs convictions morales et l’efficacité entrepreneuriale.

. La plupart des études concluent que les entreprises socialement responsables sont généralement plus rentables que les autres. Il existe cependant des résultats allant dans le sens inverse. La raison est que la bonne réputation sociale et environnementale d’une entreprise met du temps à se construire. Les parties prenantes ont tendance à interpréter les actions présentes de l’entreprise en fonction des réalisations passées. Ainsi, le chef d’entreprise qui modifie positivement les pratiques de l’entreprise, mais dans une optique essentiellement utilitariste à court terme, n’obtiendra certainement pas les résultats escomptés.

Quatrième partie Les réponses aux défis environnementaux

17. Sauver la planète, c’est possible!

. Longtemps ennemis, industriels et écologistes ont de plus en plus tendance à construire des partenariats gagnant-gagnant, que cela concerne la gestion des déchets, la protection de l’environnement et de la biodiversité, la fabrication de produits écologiques…

. S’engager en faveur de l’environnement est financièrement bénéfique pour l’entreprise, en raison de:

  • la diminution des gaspillages ;
  • une innovation accrue ;
  • la bonne réputation de l’entreprise auprès des clients ;
  • la confiance des investisseurs ;
  • une plus grande motivation des salariés.

18. Les trois plus grands succès écologiques de l’industrie

. Rocky Flats: usine d’armes nucléaires décontaminée en seulement dix ans.

. La vallée du Rhin, aujourd’hui le cours d’eau le plus propre d’Europe, alors que qualifié de «plus gros égout du monde» dans les années 1980.

. La couche d’ozone. Les 191 parties impliquées en 1987 dans le protocole de Montréal ont depuis réduit de 95% leur consommation de substances néfastes pour la couche d’ozone.

Épilogue Repenser la raison d’être des entreprises

19. La lente agonie d’une magistrale erreur

. La thèse selon laquelle la finalité de l’entreprise est d’augmenter le profit des actionnaires a largement dominé la pensée managériale pendant des décennies. Elle est aujourd’hui de plus en plus contestée, y compris par des dirigeants d’entreprise.

. Contrairement à ce qui est attendu, plus un PDG est payé en stock-options, moins ses performances sont bonnes, et plus cela se répercute négativement sur les actionnaires.

. Deux types d’actionnaires aux intérêts contradictoires. Les investisseurs à long terme souhaitent que l’entreprise investisse dans les compétences des employés, qu’elle développe de nouveaux produits, qu’elle entretienne de bonnes relations de travail avec les fournisseurs et qu’elle prenne soin des consommateurs. Inversement, les investisseurs à court terme privilégient des stratégies telles que la diminution des coûts, le rachat d’actions ou encore la vente d’actifs, voire de l’entreprise en entier.

20. Changer radicalement de perspective

. L’entreprise est une communauté de personnes agissant ensemble au service du bien commun.

L’expression «bien commun» implique:

  • un travail qui ait du sens pour la personne qui l’accomplit, ainsi que des conditions de travail satisfaisantes ;
  • des relations honnêtes avec les fournisseurs ;
  • des produits ou des services de qualité pour le client ;
  • un impact positif sur la société environnante (diminution du chômage et de la pauvreté, services rendus à la communauté) ;
  • le respect de l’environnement, voire son amélioration.
. Les écoles de commerce, qui ont longtemps enseigné la thèse actionnariale de l’entreprise, pourraient être à la source de ce renouveau de conception de la finalité de l’entreprise en tant que communauté.

. La perspective du convivialisme, qui repose sur une idée forte: il est possible de construire une société fondée sur la coopération plutôt que sur la compétition, sur l’interdépendance plutôt que sur l’individualisme, sur la confiance plutôt que sur le contrôle, sur le service d’autrui plutôt que sur la loi du plus fort.

Et pour finir: l’optimisme, levier pour changer le monde

La meilleure manière d’être réaliste, c’est d’être profondément optimiste et idéaliste.

. Il nous faut passer du pessimisme désespérant à l’optiréalisme inspirant.

. C’est en pariant sur ce qu’il y a de meilleur en l’être humain que ce meilleur peut se révéler.

. Les leaders-serviteurs sont l’espoir d’aujourd’hui et la réalité de demain pour changer le monde.

*

VIVEMENT APRES-DEMAIN! de Jacques ATTALI - Fayard

Émetteur du verbatim : François C.

Nous avons laissé se mettre en place, au nom de la liberté, dans le monde tout entier, une globalisation des marchés, une société régie par l’argent, sans autre valeur que le prix des choses, sans autres règles que l’égoïsme et la cupidité, conduisant à la déloyauté et à la destruction ; sans laisser la place à une autre éthique, une autre attitude au monde, qui lui donnerait du sens.

Le futur est plus fou encore, pour le pire et le meilleur, que ce que pourrait laisser penser la simple prolongation des tendances actuelles. Car il résultera de l’interaction, à chaque seconde, de l’action, de la créativité, de la rage, de la folie, de la colère, de la volonté positive de 8 milliards de personnes.

Ch. 1 LA RAGE

Tout semble aller pour le mieux

. Une croissance continue du niveau de vie du monde

Le PIB mondial a plus que doublé depuis l’an 2000.

. Une élévation continue de l’espérance de vie

L’écart en termes d’espérance de vie entre pays développés et en développement a diminué, passant de 23 ans en 1950 à 10 ans en 2015.

. La réduction avérée de l’extrême pauvreté

702 millions de personnes -soit 9,6% de la population mondiale- vivent encore en 2016 sous le seuil de pauvreté.

. La réduction du coût d’un très grand nombre de biens et de services

. Un accès généralisé aux nouveaux moyens de communication

3,8 milliards d’humains possèdent un téléphone portable ; 2 milliards sont des utilisateurs actifs de réseaux sociaux depuis leur smartphone.

822 240 nouveaux sites Internet sont mis en ligne chaque jour.

. Bouleversement de l’agriculture, de l’éducation et de la santé

. De nouveaux progrès techniques réduisent la pénibilité du travail

Il y a plus de 1,2 million de robots industriels en activité dans le monde.

. Bouleversement de l’organisation des entreprises

Les entreprises se convertissent progressivement à une structure horizontale et atomisée en centres de décision autonomes.

. L’économie collaborative

. Le développement de la coopération et de l’altruisme

Quatre grandes familles d’acteurs : les ONG, les agences onusiennes, le mouvement de la Croix-Rouge et les États.

. Le renforcement de la démocratie

. L’équilibre géopolitique du monde semble stabilisé autour des États-Unis d’Amérique

Le budget militaire américain est en 2016 supérieur au total des budgets militaires des neuf autres pays les plus puissants… Les armées américaines sont présentes dans 160 pays à travers 800 bases militaires, représentant 95% des bases étrangères mondiales.

La Silicon Valley et ses 19 000 start-up dominent nettement la scène avec les écosystèmes technologiques les plus dynamiques au monde.

. La prise de conscience mondiale des enjeux écologiques

. Une humanité de plus en plus consciente de son unité

. Le renforcement de l’état de droit international

. La violence a reculé partout dans le monde

Le nombre de morts violentes de toutes sortes dans le monde est passé de 500 pour 100 000 personnes chaque année il y a 5 000 ans, à 50 au Moyen Age, et à 6,9 actuellement dont moins de 1 en Europe.

La quasi-totalité des conflits actuels est confinée dans un arc Mali-Pakistan, représentant moins d’un sixième de la population mondiale.

Bien des choses essentielles au monde vont beaucoup plus mal

. Vieillissement du monde

. Une démographie explosive dans les régions les moins hospitalières

La population des pays les moins avancés du monde a plus que doublé en moins de 30 ans, atteignant 954 millions de personnes en 2015. En particulier, le Sahel est la seule région du monde à avoir gardé un taux de fécondité de 6 à 7 enfants par femme.

. La situation tragique des migrants

Environ 86% des réfugiés sont accueillis par des pays en développement : la Turquie, le Pakistan, le Liban, l’Iran, l’Ethiopie, la Jordanie, le Kenya, le Tchad et l’Ouganda sont les principaux pays d’accueil.

. Aggravation de la situation de l’environnement

(ONU) 33% des terres mondiales seraient modérément ou fortement dégradées du fait de l’érosion, de la salinisation, du compactage, de l’acidification et de la pollution chimique des sols.

Plus de 80% des eaux usées des pays en développement sont rejetées sans traitement dans les rivières, les lacs et les eaux côtières.

Aujourd’hui, plus de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à la collecte et au recyclage de leurs déchets.

. Le climat mondial empire

. Fragilisation de l’agriculture mondiale

La pollution liée aux activités agricoles, due aux intrants et à une eau souillée par les pesticides, les nitrates, le phosphore, le plomb, contribue à 40% de la pollution des estuaires et des eaux côtières par l’azote dans plusieurs pays de l’OCDE.

. La croissance économique mondiale est en baisse tendancielle durable

L’Espagne ne reviendra à son niveau de vie de 2007 qu’en 2017, le Portugal en 2020, l’Italie en 2024…D’autres pays voient leur niveau de vie baisser encore ; c’est le cas de la République centrafricaine, de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie et du Burkina Faso.

. Les richesses sont de plus en plus concentrées

Le décile le plus riche de la planète détient actuellement 87,7% du patrimoine mondial.

. La classe moyenne en recul dans les pays développés

La classe moyenne ne représente plus que 50% de la population active américaine contre 61% en 1971.

. Persistance de l’extrême pauvreté

776 millions de personnes restent encore en situation de sous-alimentation ; 750 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable ; 36% de la population africaine n’a pas de point d’eau ; 1 milliard de personnes n’ont pas accès à des sanitaires…Au Niger, par exemple, 0,2% de la population rurale a accès à l’électricité.

. Échec des systèmes éducatifs mondiaux

. Échec des systèmes de santé mondiaux

En 2016, 37 millions de personnes à travers le monde sont infectées par le virus du sida, dont 70% en Afrique subsaharienne.

. La fragilité du système financier mondial

Tous les intermédiaires financiers en dehors du secteur bancaire ne sont soumis à aucune supervision des États ou de banques centrales ; ils représentent 25% des actifs financiers mondiaux et l’équivalent du PIB annuel mondial.

. La dette publique mondiale continue de croître, d’une façon incontrôlée

La dette publique des pays avancés est passée de 71% du PIB de 2001 à 100% en 2013 ; au Japon, elle est passée de 59% du PIB en 1990 à plus de 230% en 2016.

. Une manœuvre de désespoir en Occident pour alléger la dette : les taux d’intérêt négatifs

19 000 milliards de dollars de dettes sont maintenant rémunérés avec des taux négatifs.

. Le droit de propriété s’affaiblit

L’absence d’harmonisation des normes de propriété intellectuelle alimente mondialement un marché de la contrefaçon estimé à 2,5% de l’ensemble des importations dans le monde.

. La détérioration de la liberté de la presse

. Le recul de la démocratie

Le marché, progressivement devenu le véritable souverain planétaire, asservit les électeurs qu’il traite comme des consommateurs, et les élites politiques, qu’il considère comme des employés.

Au cours des dix dernières années, 105 pays ont vu leurs libertés publiques reculer nettement, quand seulement 61 ont fait l’expérience de nettes améliorations, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression et l’état de droit.

. Les nations sont en train de se faire déborder par les entreprises

Aux États-Unis, 20 entreprises ou associations ont dépensé à elles seules plus de 420 millions de dollars en 2015 pour influencer les décisions prises à Washington. Plus de 30 000 lobbyistes travaillent à Bruxelles et ont influé sur 75% des projets de loi de l’U.E..

. Le protectionnisme s’installe partout

. La fragilité croissante de la soi-disant superpuissance américaine

47,8 millions d’américains sont aujourd’hui officiellement dans la pauvreté, soit 1 Américain sur 7.

Près de 32 millions d’adultes sont illettrés aux États-Unis, soit 10% de la population.

. La fragilité croissante de la Chine

Les inégalités se creusent, notamment entre villes et campagnes…Les entreprises et les banques sont surendettées et souvent au bord de la faillite…Vivre dans ses mégapoles serait aussi destructeur pour la santé que de fumer 40 cigarettes par jour.

. L’Europe reste politiquement impuissante

L’absence d’une réelle démocratie, l’inachèvement de l’union bancaire, l’absence de solidarité budgétaire et de capacité d’emprunt commune, l’absence d’une Europe de la sécurité, l’incapacité à gérer l’afflux des migrants accompagnent une faible croissance et un chômage croissant.

. D’autres puissances surgissent, plus ou moins pacifiques

. La faiblesse des institutions internationales

. La défaisance de l’ordre social et familial

Le modèle familial et traditionnel est progressivement remplacé par de nouvelles structures, de plus en plus diverses : recomposées, mixtes, monoparentales, homoparentales, mariées, pacsées ou en concubinage, adoptives, d’accueil, etc.

. Émergence d’un encadrement sectaire et fondamentaliste

La dérive sectaire menacerait 1 200 à 1 500 organismes de formation professionnelle fondée sur le développement personnel.

. Des puissances non étatiques, sectaires ou criminelles, prennent du pouvoir

. La déstabilisation géostratégique mondiale et le retour de la violence

Tout redevient prétexte pour se disputer, se battre, s’entretuer, massacrer.

Entre 2011 et 2015, on enregistre une multiplication par sept du nombre de personnes tuées chaque année en raison des guerres et du terrorisme.

Commence à exister dans certaines jeunesses du monde un courant très profond et très nouveau qui fait sauter le tabou de la mort.

Ch. 2 L’EXPLICATION

  1. L’organisation sociale fondée sur la demande de liberté politique et économique s’est révélée être, jusqu’à présent, le meilleur système au monde.

  2. Néanmoins, ce système est aujourd’hui défaillant et entraîne le monde vers le désastre.

  3. Le marché mondial est donc aujourd’hui le premier marché sans état de droit de l’Histoire.

Il ne peut que conduire à un sous-emploi des facteurs, à une explosion des inégalités, à une croissance faible, à un très bas prix des matières premières et à un chômage structurel élevé.

  1. La démocratie, enfermée dans les frontières nationales, est de plus en plus vidée de son contenu et de son pouvoir d’influer sur le réel.

  2. Devant l’impasse, la rage devient colère.

  3. Pour y échapper sans renoncer à la liberté, deux solutions : a) continuer d’espérer que le marché fournira la solution ; b) mettre en place au plus tôt un état de droit démocratique et planétaire.

Ch. 3 LA COLÈRE

Se laisser aller vers le mieux

. Des changements porteurs de croissance et d’harmonie sont quasi certains d’ici à 2030

• Explosion démographique, porteuse de croissance ;

• Le développement des classes moyennes ; Rassemblant 1,8 milliard de personnes en 2016, elles devraient en réunir 4,9 en 2030.

• Une énorme vague d’innovations devrait faire son effet ; Big Data ; machine learning, deep learning ; Internet des objets ; imprimante 3D ; outils de réalité augmentée et de réalité virtuelle ; blockchain ; Web sémantique ; nanotechnologies ; génomique ; neurosciences.

. En 2030, de nombreux secteurs seront bouleversés positivement

• La santé ; L’éducation ; Le travail ; Le logement ; L’eau ; L’agriculture ; L’énergie ;

• L’automobile ; L’aéronautique ; La distraction ; L’art ; L’économie collaborative ;

• Le recyclage.

. Vers un cercle vertueux?

A l’horizon 2030, l’Asie devrait représenter 59% de la consommation mondiale contre 10% aujourd’hui… Cela provoquera dans le monde entier un boom de la construction d’habitations et d’infrastructures, de la médecine, des télécommunications, de l’immobilier, de l’éducation, du divertissement, du tourisme et du luxe.

Cela ne suffira pas à construire un monde harmonieux

La rage sera partout ; la frustration sera générale, la violence dominera. La théorie nous annonce ainsi que tout cela dégénérera vraisemblablement en une crise d’ensemble, financière et militaire, globalement destructrice, dans un monde de plus en plus interdépendant.

Nous n’irons pas vers un monde harmonieux, mais au contraire vers un cumul de crises de plus en plus paroxystiques, où l’économie, le social, l’idéologique, le politique, le militaire se rassembleront en un nœud de contradictions, qu’il faudra trancher d’une façon brutale.

. Les tendances négatives de la démographie

La démographie aura en particulier des effets négatifs extrêmes dans les pays défaits ou défaillants…et d’abord dans les pays du Sahel.

. La pollution continuera de s’accélérer

Les pays à plus faible revenu en Afrique et en Asie verront doubler d’ici à 2030 les quantités de déchets créés en zone urbaine.

. L’aggravation des changements climatiques

. La raréfaction extrême de l’eau

Les aquifères souterrains –qui fournissent en eau potable la moitié de la population mondiale- seront de plus en plus surexploités ; car la demande en eau augmentera de 35% d’ici à 2030… Au total, en 2030, les 2/3 de la population mondiale devraient connaître un stress hydrique ou une pénurie d’eau.

. L’aggravation de la situation agricole

. L’accélération des migrations

. Le caractère déstabilisant des innovations sur le marché du travail

Le progrès technique fera disparaître d’ici à 2030 plus de la moitié des métiers existants ; et d’abord les métiers à faible niveau de qualification, sans que rien d’équivalent ne les remplace…Un chômage structurel planétaire de masse est vraisemblable.

. Poursuite de la concentration des richesses

L’économie de la colère

Au-delà de l’économie de la rage, qui caractérise le présent, le monde bascule progressivement vers l’économie de la colère, c’est-à-dire dans une société où l’action violente, qui a d’ailleurs recommencé à croître depuis quelques années, s’étendra et explosera en mille foyers d’incendie.

. La montée des déséquilibres

• Le dévoiement de la liberté individuelle ;

• Le dévoiement de l’ordre géopolitique ;

• Poursuite de l’endettement public et de la réduction des moyens budgétaires ;

• Poursuite du délabrement des services publics ;

• Remise en cause de l’idéal des démocraties de marché.

. La croissance des moyens de la colère

• Les innovations en armement vont s’accélérer… La convergence de la chimie et de la biologie fera peser le risque de création d’une arme hybride, combinant par exemple les capacités de transmission d’une arme biologique avec la létalité d’une arme chimique.

• Les diverses armées en présence ;

• Les entités non légales, criminelles et sectaires seront de plus en plus puissantes.

L’explosion de la colère

La moindre crise économique ou militaire pourrait être cette étincelle. Toutes pourraient avoir des conséquences systémiques, économiques et militaires. Plus précisément, une crise locale pourrait déclencher, par le jeu des alliances ou des contagions, une crise globale, économique ou militaire, ou les deux à la fois.

. Six détonateurs d’une crise économique et financière mondiale

• en Chine, les bulles d’endettement du secteur immobilier, des grandes entreprises publiques et des entités financières non régulées peuvent exploser ;

• une crise par exacerbation du protectionnisme ;

• une crise européenne ;

• l’éclatement de la bulle géante des dettes d’États…cela se traduira par une hausse spectaculaire des taux d’intérêt et du niveau général des prix ;

• une crise financière aux États-Unis ;

• une crise liée au prix du pétrole.

Personne ne peut dire quel serait le coût d’une telle crise globale, chaque jour plus probable, déclenchée par l’une ou l’autre de ces six étincelles. Il est en tout cas vraisemblable qu’elle se traduirait par une décennie, au moins, de récession et de déflation.

. Six détonateurs pour une guerre mondiale

• crises en mer de Chine ;

• crises dans l’ancienne Union soviétique ;

• crise indo-pakistanaise ;

• crises au Moyen-Orient ;

• crises au Sahel et dans la Corne de l’Afrique ;

• l’État islamique.

. L’explosion

D’ici à 2030, on peut craindre au moins que la rencontre de quelques-uns de ces dysfonctionnements conduise, comme on l’a vu deux fois au XXe siècle, à une nouvelle guerre mondiale.

Ch 4 LE MEILLEUR DU MONDE

Se battre pour que vive, dans l’intérêt des générations suivantes, une éthique de l’altruisme, de l’empathie et de l’élégance ; à la place de celle de l’individualisme, de l’avidité, de la convoitise et de la barbarie qui va en découler.

Agir sur soi

• prendre conscience de l’inévitabilité de sa propre mort ;

• se donner les moyens d’une vie pleine, en prenant soin de son corps et de son esprit ;

• trouver ses propres invariants (valeurs) ;

• se faire une opinion, sans cesse remise en cause, sur ce que vont faire les autres, et sur ce que peut devenir le monde ;

• un altruisme voulu, souhaité, vécu en profondeur, rationnellement et affectivement, par chacun, au plus profond de soi ;

• se préparer à vivre plusieurs vies, simultanément et successivement ;

• se préparer à résister aux crises, aux menaces, au découragement, aux critiques, aux échecs ;

• être prêt à apprendre et à se transformer aussi souvent que nécessaire ;

• mette en œuvre, avec humilité, écoute et raison, en soi et pour soi, un (ou des) projet(s) prenant sens pour soi ;

• se préparer à agir pour le bien du monde, par tous les moyens.

Agir pour le monde

• introduire partout l’apprentissage de l’altruisme, de la tolérance et de la loyauté ;

• trois nouvelles institutions : un Conseil de sécurité à la composition rénovée ; une chambre des générations suivantes ; un tribunal mondial de l’environnement ;

• lutter contre tous les risques d’embrasement d’un conflit mondial ;

• renforcer l’état de droit et les moyens légitimes de répression de la violence ;

• organiser la coordination économique mondiale ;

• créer une monnaie mondiale ;

• faire respecter un droit mondial de propriété du sol ;

• créer un fonds mondial d’économie positive ;

• donner au plus vite accès à tous à l’eau, à la santé, à l’énergie, au logement, à l’éducation et à l’information ;

• mesurer par des indices objectifs les progrès dans ces directions.

*

L'heure des oiseaux de Maud Simonnot - Éditions de l'Observatoire

Magali n’a pas été la seule à être charmée par ce livre:

Coup de cœur d’Élodie de la librairie De fil en page : Dans l’orphelinat de Jersey, Lily et le Petit subissent, comme tant d’autres, brimades et abus en tout genres. À la moindre occasion, Lily s’échappe dans le parc, entourée de nature elle rêve sa vie. La narratrice arrive sur l’île en quête de traces, de témoignages de cette histoire enfouie derrière les hauts murs de l’orphelinat qui avaient dissimulé au monde la violence de ce qui se déroulait à l’intérieur.

Un roman délicat et lumineux qui déroule son fil par petites touches et dévoile un scandale rapidement étouffé pour que l’île retrouve sa tranquillité.

Coup de cœur de Céline, ancienne collègue qui continue à lire énormément: Beauté de l’écriture… Tragique par l’histoire librement inspirée des multiples abus commis à l’orphelinat de la honte (du Haut de la Garenne) sur l’Île de Jersey… Un livre pour ne plus pouvoir dire «on ne savait pas» et qui vous donnera certainement envie, comme moi, d’en savoir plus sur les faits…

Un livre sensible et poignant qui ne souffre d’aucun pathos. À lire absolument!

TAÏWAN FACE A LA CHINE de Valérie NIQUET - Ed. Tallandier

Émetteur du verbatim: François C.

Introduction

La République populaire de Chine vit sur les vestiges idéologiques du XIXème siècle, Taïwan représente au contraire l’avenir, une modernité fondée sur l’esprit d’ouverture et la capacité d’adaptation.

Pour la Chine, Taïwan représente un défi idéologique et géopolitique et un révélateur en miroir de ses propres faiblesses. La survie de ce David face au Goliath chinois, son dynamisme, sa puissance d’innovation, sa capacité de séduction, son soft power qui s’affirme quand le régime chinois est de plus en plus critiqué, ses succès et sa légitimité internationale grandissante sont de moins en moins acceptables à Pékin.

Chapitre 1. VERS LA GUERRE?

Le temps des gesticulations

Taïwan pourrait être aux yeux de Xi Jinping la «mère de toute les batailles», militaire mais aussi stratégique et idéologique. Celle par laquelle la RPC pourrait imposer définitivement à la face du monde, et à celle de sa propre population, la supériorité indiscutable de son système politique.

Au cœur de la pensée stratégique chinoise

Le sujet de Taïwan est au cœur du développement des capacités militaires de l’APL, avec un budget (209 milliards de dollars) qui se situe désormais au deuxième rang mondial, derrière les États-Unis (768 milliards de dollars).

La rivalité avec les États-Unis

L’ambition de la Chine, au-delà de Taïwan, est de pousser les États-Unis au retrait d’une région qu’elle considère comme sa zone naturelle d’influence, dans une sorte de doctrine Monroe à la chinoise.

La guerre de l’innovation

L’avance de Taïwan ne peut pas être rattrapée à coups de milliards et de débauchage d’ingénieurs: c’est tout un biotope fondé sur la transparence, la confiance, l’ouverture et la liberté de pensée que le régime chinois ne peut pas accepter.

La ligne de front idéologique du Parti communiste

Taïwan est donc au cœur des intérêts de sécurité du régime chinois à tous les niveaux: géostratégiques, militaires, scientifiques et idéologiques… Taïwan est devenu un abcès insupportable pour le régime chinois.

Chapitre 2. TAÏWAN EST-IL CHINOIS?

Une Histoire complexe

Austronésiens, Hollandais et Japonais.

L’implantation très progressive des migrants chinois.

Une colonie japonaise «modèle»?

Le retour de Taïwan à la République de Chine

Une «libération» brutale en 1945.

Fuir le continent: l’installation du régime nationaliste à Taïwan.

Les fondements idéologiques autoritaires du Kuomintang.

1949: la prise en main de l’île par les continentaux.

Mao et Chiang, même combat

Les identités multiples de Taïwan

Rééquilibrage démographique entre continentaux et taïwanais. La proportion des taïwanais qui souhaitent une «réunification» avec le continent, et plus encore une réunification rapide, celle que souhaite Xi Jinping, est en chute libre.

Chapitre 3. LA MARCHE VERS LA DÉMOCRATIE

Une transition politique modèle

À partir de la fin des années 1960, l’objectif de Chiang Ching Kuo, avec le soutien tacite de son père, est d’ouvrir progressivement le Kuomintang aux élites taïwanaises qui en étaient exclues. Devenu Premier ministre en 1972, il double le nombre de Taïwanais au sein de son cabinet.

Lee Teng-hui: l’alternance réussie

L’homme qui met véritablement en œuvre le processus de démocratisation amorcé par Chiang Ching Kuo est Lee Teng-hui (1923 – 2020), président du Kuomintang et premier président de la République originaire de l’île, de 1988 à 2000.

Pour les autorités chinoises, la démocratisation de Taïwan ouvre la boîte de Pandore d’une expression populaire totalement libre, comme le démontre l’alternance politique sans heurts lors des élections qui se sont succédé à Taïwan depuis 1996.

L’évolution du parti indépendantiste (DPP)

Ces tensions entre camp nationaliste et camp indépendantiste témoignent toutefois du caractère très ouvert de la vie politique taïwanaise. La radicalisation de la stratégie chinoise à l’égard de Taïwan depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping a contribué à faciliter les convergences entre indépendantistes du DPP et nationalistes du Kuomintang.

Tsai Ing-wen, la femme tranquille

Modérée, soucieuse de ne pas inquiéter l’allié américain, Tsai Ing-Wen a contribué à renforcer l’image positive de Taïwan sur la scène internationale à l’heure où, dans le même temps, la Chine de Xi Jinping s’enfonçait dans un repli idéologique de plus en plus agressif. En 2020, la réélection triomphale de Tsai Ing-Wen est aussi due -outre les bénéfices de la reprise économique dans l’île- au contre-exemple de la répression du mouvement démocratique à Hong Kong par Pékin.

Les institutions de la démocratie taïwanaise

Contrairement à la République populaire de Chine, l’ensemble des droits des citoyens taïwanais sont garantis, dont la liberté de parole, d’enseignement, d’écriture et de publication. La liberté de religion, d’assemblée et d’association sont également garanties, ainsi que le droit d’élections, d’initiatives populaires et de référendum.

Taïwan se distingue aussi par une liberté de la presse exceptionnelle dans le monde chinois, particulièrement depuis la reprise en main de Hong Kong par le pouvoir central pékinois et l’adoption en 2020 de la loi sur la sécurité nationale… La position de Taïwan la place dans la même catégorie que les grandes démocraties occidentales et plus de 20 points devant d’autres pays d’Asie démocratiques comme le Japon.

Chapitre 4. SOFT POWER TAÏWANAIS CONTRE HARD POWER CHINOIS

Taïwan s’ouvre, voyage et diffuse son soft power fondé sur la liberté d’initiative et de création et le respect de formes d’expression du passé que le régime chinois a longtemps voulu éradiquer.

En pointe sur les sujets sociétaux

La question de l’égalité des genres est particulièrement significative dans une société traditionnellement confucéenne, où la femme était soumise à l’autorité de son père, de son mari ou de son fils.

Esprit d’ouverture

34% de la population taïwanaise dispose d’un revenu supérieur à 50 dollars par jour, le taux le plus élevé en Asie.

En 2018, les autorités ont adopté une initiative visant à faire de Taïwan une nation parfaitement bilingue en anglais avant 2030.

95% de la population dispose d’un accès libre à Internet, contrairement à la situation imposée en Chine, où les principaux sites étrangers ne sont pas accessibles et où les contenus sont constamment surveillés et censurés.

Un dynamisme culturel qui s’exporte

C’est la diversité des cultures qui est mise en avant à Taïwan comme caractéristique de la littérature de l’île, opposée au chauvinisme «grand Han».

Un cinéma mondialement reconnu.

La créativité encouragée à Taïwan s’exprime également dans la danse contemporaine, une exception dans le monde chinois.

Opéra et marionnettes, le conservatoire des cultures traditionnelles.

Ainsi, au travers de tous ces éléments constitutifs de son soft power, c’est la légitimité de Taïwan qui s’impose progressivement face à une Chine qui ne croit qu’en la force.

Chapitre 5. LE POIDS ÉCONOMIQUE DE TAÏWAN FACE A LA CHINE

Des atouts économiques

Dans les années 2000, les investissements taïwanais en Chine représentent 87% de la totalité des investissements de l’île à l’étranger et Taïwan était et demeure, de très loin, le principal investisseur «étranger» sur le continent, véritable moteur du développement économique de la Chine.

La domination technologique de Taïwan dans des secteurs clés pour la résilience des chaînes d’approvisionnement comme la pharmacologie, le cloud, le contrôle de la qualité et des normes dans des domaines particulièrement sensibles comme l’intelligence artificielle et l’internet des objets en réseaux.

Entre Taïwan et le continent: la loyauté des taishang

Estimée selon les sources entre 1 et 3 millions de personnes, la communauté des entrepreneurs taîwanais installés sur le continent depuis la fin des années 1980, les taishang, joue un rôle très important.

Sortir d’un partenariat trop exclusif avec la Chine

L’économie taïwanaise dans le monde

En dépit d’un différentiel de population colossal avec la Chine (23 millions d’habitants à Taïwan contre 1 milliard 400 millions en Chine), l’économie taïwanaise se maintient au 21ème rang mondial, avec un PNB de 759 milliards de dollars.

Chapitre 6. TOUCHÉ MAIS NON COULÉ: L’ENVERGURE DIPLOMATIQUE DE TAÏWAN

Une bataille perdue d’avance?

Au cours des années qui ont suivi le retrait de l’ONU, la surface diplomatique de Taïwan dans le monde s’est progressivement réduite, au rythme de la normalisation des relations diplomatiques de la majorité des États avec la République populaire de Chine, qui y met comme condition la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan.

La stratégie de Pékin: marginaliser Taïwan dans les organisations internationales.

La riposte de Taïwan: une diplomatie fondée sur des valeurs.

Les «représentations» de Taïwan à l’étranger.

Une légitimité croissante dans le monde

Les États-Unis: premier soutien à Taïwan et premier défi pour Pékin. La cause première de ces tensions entre la Chine et les États-Unis n’est pas la rivalité de puissance, mais la volonté de Pékin de réduire la marge de manœuvre de la seule puissance extérieure capable de préserver la sécurité et la stabilité dans le détroit de Taïwan en interdisant une action chinoise.

Une non-intervention des États-Unis en cas de crise grave dans le détroit de Taïwan paraît peu probable. En dehors du dommage en termes d’image, si la démocratie américaine refusait de se porter au secours de la démocratie taïwanaise attaquée par Pékin, les conséquences stratégiques seraient considérables et mettraient en danger à plusieurs titres la prééminence des États-Unis en Asie et au-delà.

L’importance stratégique de Taïwan pour les États-Unis.

L’ambiguïté au cœur de la relation entre Taïwan et le Japon.

Élargir les partenariats vers l’Indo-Pacifique: l’Inde et l’Asie du Sud-Est.

L’Union européenne de plus en plus favorable à Taïwan.

Le monde en développement est-il totalement perdu?

La Russie, partenaire impossible avec Vladimir Poutine.

Chapitre 7. RÉSISTER À LA CHINE: TAÏWAN FACE À LA GUERRE D’INFLUENCE

Désinformation et manipulation: les grandes manœuvres de Pékin

La «guerre de l’information en temps de paix» contre tout adversaire, à commencer par Taïwan, constitue l’un des moyens privilégiés de rééquilibrage du rapport de force. La Chine tente d’exploiter ce qui constitue à la fois le point fort mais aussi la faiblesse de la démocratie taïwanaise qui est -comme toutes les démocraties- sa très grande ouverture.

Taïwan est également la cible de cyberattaques en provenance soit du continent, soit de pays comme la Malaisie, où d’importantes communautés de Chinois d’outre-mer sont présentes.

Manipulations politiques

Les moyens de pression sur les individus sont l’argent, les jeux de hasard ou les invitations sur le continent dans des conditions particulièrement séduisantes ou flatteuses.

Le Kuomintang: le parti favori de Pékin.

La révolte de la jeunesse et le mouvement des Tournesols

Le mouvement des Parapluies à Hong Kong en 2014, prolongement de celui des Tournesols à Taïwan, le caractère de plus en plus répressif et de moins en moins acceptable du régime chinois pour une population et une jeunesse qui adhèrent pleinement au système démocratique.

La limitation des contacts entre les deux rives du détroit

Depuis l’élection de Tsai Ing-Wen et du DPP, la Chine a également mis en place des mesures visant à réduire, sinon à totalement interdire, les visites de plus en plus nombreuses des Chinois du continent à Taïwan au risque de saboter l’un des instruments du rapprochement pacifique entre les deux rives, par la multiplication des contacts.

Chapitre 8. DAVID CONTRE GOLIATH

Une menace militaire à prendre en compte

Numériquement, les forces de l’APL sont démesurées face à celles de Taïwan: la RPC dispose de 416 000 hommes, Taïwan de 88 000.

Face à Taïwan, ce sont les missiles conventionnels (balistiques et de croisière) qui occupent la première place, mais la toile de fond des capacités nucléaires de la Chine pèse aussi dans l’équation stratégique face aux États-Unis.

Si Taïwan ne s’effondre pas dès les premières frappes de missiles, les capacités de la Chine à organiser et réussir un débarquement dans l’île, puis à en prendre le contrôle, sont beaucoup plus limitées et -dans tous les cas de figure- extrêmement coûteuses… La Chine est loin de disposer de la supériorité navale et aérienne qui lui permettrait de lancer, puis de poursuivre, une opération de débarquement à travers un détroit bien plus large que celui qui sépare les côtes françaises du Royaume-Uni.

Un blocus difficile à tenir.

La stratégie des «zones grises». Le but est d’aboutir à l’épuisement des ressources humaines et matérielles de l’adversaire en temps de paix, en l’obligeant à réagir à des intrusions constantes.

Développer les capacités militaires de Taïwan

L’objectif stratégique du concept de défense globale se résume à la formule «défense résolue et dissuasion multidomaine» dans un contexte de ressources limitées. Les priorités sont le développement des capacités militaires, les opérations conjointes, l’exploitation des avantages géographiques naturels de Taïwan, l’utilisation de capacités asymétriques et des infrastructures civiles existantes, notamment dans les secteurs de haute technologie.

Taïwan prévoit également de renforcer ses capacités C4ISR (Command, Control, Communications, Computers, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) et la capacité de survie de sa chaîne de commandement. Il s’agit de dénier à l’APL la «supériorité informationnelle» que les Chinois veulent contrôler.

CONCLUSION

Le scénario impossible: la fin du modèle «un pays deux systèmes»

Pour Taïwan, la répression à Hong Kong et la suppression de toutes les garanties promises par la RPC en 1997 pour récupérer le territoire a révélé un peu plus le caractère totalement illusoire de toutes les promesses d’autonomie du régime chinois.

Le modèle russe ou la «réunification par la guerre»

Ce plan aurait un coût considérable. Taïwan est plus petit et deux fois moins peuplé que l’Ukraine, mais le terrain est difficile, très montagneux et l’île est séparée de la Chine non par une frontière mais par un détroit de plus de 100 km.

Une opération limitée?

Dans ce contexte, en choisissant d’attaquer Taïwan, le régime chinois prendrait en réalité le risque de se perdre. Une défaite, l’immense coût économique qui en résulterait, l’isolement diplomatique, l’humiliation ne pourraient qu’entraîner une remise en cause si ce n’est du régime lui-même, au moins de ceux qui, à sa tête, auraient mené la Chine à sa perte.

Utopie ou réalisme à long terme? La victoire du modèle taïwanais

On peut considérer que le meilleur qui pourrait arriver à la RPC serait non pas le triomphe d’un siècle de Parti communiste au pouvoir, mais l’adoption du modèle taïwanais de changement de régime, une évolution graduelle vers un système plus ouvert, plus démocratique et finalement plus stable.

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POUTINE ET L’UKRAINE Les faces cachées de Vladimir FEDOROVSKI - Ed. Balland

Émetteur du florilège: François C.

PRÉLUDE Un monde de tous les dangers

Au lieu de créer le nouveau monde, au début des années quatre-vingt-dix, l’élite russe postcommuniste a commencé à voler avec la complicité des banques occidentales. Cent vingt milliards de dollars sortaient chaque année du pays illégalement alors que 50% de la population frôlait le seuil de pauvreté.

Deux blocs sont en train de se créer. Poutine renforce l’Otan et pour l’instant, l’Otan renforce Poutine, même si l’on constate des fléchissements dans l’opinion publique russe.

Vladimir Poutine est devenu le principal problème de la Russie avec des répercussions majeures sur les affaires mondiales… il manque de prudence, il n’a pas peur, c’est un jusqu’au-boutiste et un psychorigide.

Il se pose en hériter d’Ivan le Terrible et de Pierre le Grand. Il se rêve aussi en Staline, symbole pour lui de l’ordre et de la sécurité. Il est absolument persuadé d’être envoyé par la Providence pour défendre la Russie.

I. LES CLÉS HISTORIQUES: UNE HISTOIRE QUI SE LIT COMME UN ROMAN POLICIER

STALINE

C’est au nom de la grandeur du pays et de la sauvegarde de ses intérêts supérieurs que les Russes disculpent leur tsar rouge… Machiavélique, implacable, féroce, il s’est affirmé par une volonté de puissance absolue.

On se rappelle le mot attribué à Staline: «La mort d’un homme est une tragédie, celle d’un million d’hommes une statistique».

Ce courant néo-stalinien… sur le fond, se présente comme la seule alternative à Vladimir Poutine et à son système oligarchique en dénonçant le fait que cinquante personnes détiennent 40% de la richesse de la Russie, qui compte par ailleurs 40 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Le régime stalinien allait désormais être marqué au plus haut degré par la théâtralisation, ce jeu d’illusions, de simulacres et de vertiges déjà caractéristique de l’autocratie traditionnelle en Russie.

Si le dictateur comparait sa police politique à une sorte «d’ordre militaro-religieux», ses organes ressemblaient néanmoins davantage à un ordre d’inquisiteurs ou aux réseaux terroristes qu’à un mouvement séculier traditionnel.

Cette fois-ci, Joukov déclencha une grande contre-offensive et parvint à repousser les troupes nazies à trois cents kilomètres de Moscou. Il avait perdu cent cinquante-cinq mille hommes en vingt jours. Mais désormais, pour le monde entier, la blitzkrieg ordonnée par Hitler avait à l’évidence échoué.

(Janvier 1953) On croit savoir que les quelque trois millions de juifs que compte alors l’Union soviétique vont être transférés en Sibérie ou dans le Grand Nord, tout comme l’ont été d’autres groupes ethniques punis. Les non-juifs ne sont pas moins accablés que les juifs, moins par solidarité ou compassion que dans la mesure où cette déportation semble devoir marquer le début de la nouvelle vague de terreur généralisée.

6 mars 1953: mort de Staline… Mais le souvenir des années qui avaient succédé à ce jour de juin 1941 où s’était engagée la grande guerre contre les nazis l’emportait sur les camps de concentration.

KROUCHTCHEV

Il est difficile de voir en Beria un réformateur. Responsable de millions d’assassinats, il a partagé avec les autres membres du Présidium cette implication criminelle. Krouchtchev pour sa part, à Moscou puis en Ukraine, a pris une large part dans les purges des années trente… Il dirigea le Kremlin de 1953 à 1964.

BREJNEV

GORBATCHEV

Le 10 mars 1985, le Bureau politique décide de se tourner vers le plus jeune de ses dix membres, Mikhaïl Gorbatchev (54 ans).

Sous l’inspiration d’Alexandre Yakovlev, véritable penseur de la pérestroïka, Gorbatchev choisit une autre voie: libéraliser l’économie et la politique.

Les réformateurs en avaient assez vu et considéraient désormais Gorbatchev comme le jouet du KGB. Eltsine, lui, pouvait se présenter en recours.

ELTSINE

D’une manière tout à fait inattendue, la chute du communisme eut lieu «en douceur» malgré la possession de dix mille têtes nucléaires et une tradition historique de violence. Il est étrange de noter qu’un pays qui était né à Pétrograd à la suite d’un coup d’état réussi sombrait soixante-quatorze ans plus tard à la suite d’un putsch raté. Le 18 août 1991 devait rester dans la mémoire de l’Histoire.

Eltsine s’attache d’emblée les milliardaires et met en place les fondements du plus grand cambriolage de l’histoire. L’ère des oligarques s’ouvre et s’achèvera dix ans plus tard … grâce à Vladimir Poutine.

Manipulation, désinformation, provocation, chantage se substituaient au jeu de la démocratie. S’y ajoutait une corruption endémique qui reposait sur des moyens financiers inégalés jusqu’alors… Le monde criminel et celui de la politique se trouvaient en parfaite osmose.

II. DES CLÉS PSYCHOLOGIQUES: L’HOMME AUX MULTIPLES VISAGES

Stratège hors pair, gouvernant implacable, lecteur univoque de l’histoire russe, Vladimir Poutine l’est indéniablement par sa formation issue du KGB.

(KGB) un monde marqué par la culture du secret… Son esprit est aussi une force au service d’un état fort et d’un esprit de refus d’imitation de l’Occident.

Alors que les forces à l’œuvre au Kremlin l’avaient choisi pour être la marionnette d’un système oligarchique et corrompu, c’est Vladimir Poutine qui, à la surprise de tous, est devenu l’implacable marionnettiste.

Indubitablement, Vladimir Poutine se présente en tsar des temps modernes, promoteur à tout prix de la grandeur éternelle russe.

III. DES CLÉS GÉOSTRATEGIQUES: L’IMMENSITÉ ET L’AUTARCIE RUSSES

La Russie est le pays le plus étendu du globe terrestre, et cette immensité peut lui permettre de survivre malgré les sanctions drastiques de l’Occident… Sa superficie couvre le double du Canada, deuxième état du monde en termes de surface… et trente-quatre fois la France.

En 1998, l’espérance de vie est de 59 ans pour les hommes et de 73 ans pour les femmes. Ces deux facteurs ensemble pourraient entraîner une chute démographique de 20% en trente ans, entre 2000 et 2030, puis -si la tendance continuait- une deuxième chute de 20 à 30% par rapport aux chiffres de 2030.

La Sibérie n’a que 40 millions d’habitants sur 12 millions de kilomètres carrés, soit 0,3 habitant par kilomètre carré.

Sans pouvoir politique fort, c’est aussi un danger géopolitique sans précédent qui pourrait s’ajouter: qu’adviendra-t-il des vingt-sept mille têtes nucléaires que détenait l’URSS? Un «gigantesque arsenal eurasiatique à l’abandon» se trouverait à portée de mains mal intentionnées.

 

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DES GÉANTS ET DES HOMMES - Pour en finir avec l’emprise des GAFA sur nos vies de Pierre LOUETTE - Robert Laffont

Émetteur du verbatim: François C.

Aux habitants du monde occidental, Google aura apporté l’omniscience, Apple et Facebook l’ubiquité, Amazon l’instantanéité de la satisfaction du désir…

Partie I COMMENT DEVIENT-ON DES GAFA? Retour sur la construction d’une domination sans partage

La mécanique de la séduction: le serpent d’Eden

De fait, plus que des outils qui aident au quotidien, les Gafa nous ont offert des répondants aux vulnérabilités de la vie.

La révolution numérique a bouleversé notre façon de penser, d’échanger et de travailler, procédant à de nombreux rééquilibrages entre l’humain et la machine, le privé et le public, les individus et les organisations.

La mécanique de la domination: la conquête du nouveau monde

Pétrole du XXIème siècle, les données sont la nouvelle matière première à extraire si l’on veut faire partie des empereurs du «data-capitalisme».

Les Gafa ont assis en des temps records une domination écrasante sur le monde technologique, et sur le monde économique tout court… Ils sont les empires les plus puissants qu’ait jamais connus l’histoire du capitalisme.

On se retrouve dans un monde économique dominé par une poignée d’oligarques omnipotents: une classe à part, un écosystème de profits et de ressources qui les distinguent du vulgum pecus, auquel ils ne laissent quasiment aucune miette -ni parts de marché, ni redistribution par les impôts.

La mécanique de l’addiction: Casino Royale

En cherchant à activer nos réactions les plus instinctives plutôt qu’à nous présenter une information objective, l’exploitation attentionnelle nous tourne en général vers «le plus tapageur, le plus sinistre, le plus choquant, nous propose toujours l’alternative la plus scandaleuse ou extravagante»… Un monde où règnent en maîtres les discours haineux, l’indignation sans fin, l’hystérisation de la conversation publique et la suspicion généralisée.

La création du bouton «like» en 2007: un exemple typique des techniques de gamification qui ont fait des réseaux sociaux de véritables «machines à plaisir» récompensant l’appartenance plutôt que la vérité -de terribles machines à frustration aussi, quand le «like» ou le «vu» tant attendu n’arrive pas…

Partie II LE GIGANTISME A L’HEURE DES COMPTES Le monde face à la menace des supranationales

La grande désillusion: bas les masques!

On ne compte plus les effets délétères de la domination sans partage des GAFA sur l’économie mondiale: création de dépendances économiques, abus de position dominante, étouffement de la concurrence, tarissement de l’innovation, atteinte aux intérêts des consommateurs, thésaurisation de profits gigantesques non réinjectés dans l’économie, refus de la solidarité fiscale…

À lui seul, Google, avec ses 140 millions de requêtes effectuées chaque heure dans le monde, émet en soixante minutes autant de CO2 que 1000 allers-retours Paris – New York en avion. Et, rien qu’en France, les 182 centres de stockage de données consomment 8% de l’électricité nationale…

Avec leurs technologies addictives, les GAFA portent notamment beaucoup de responsabilités dans le développement d’un hyper-consumérisme numérique nocif pour la santé psychique comme physique de l’être humain, et destructeur de lien social.

Ces différents aspects des dommages sociétaux convergent tous vers la plus effrayante des conséquences: c’est la démocratie elle-même, dans ses fondements essentiels, qui est aujourd’hui en danger.

Entre autoritarisme et supranationales, le capitalisme et l’Europe à la croisée des chemins

. Le capitalisme autoritaire: la tentation du modèle chinois?

. Le capitalisme insincère: le défi des supranationales américaines. Un data-capitalisme qui, sous ses dehors libertaires, se révèle presque aussi autoritaire que son rival chinois.

Sans que nous les voyions venir, les GAFA sont devenus des «supranationales»… les États entrent dans des logiques de réseaux privés et les plateformes numériques dans des logiques souveraines.

. Rideau de fer sur l’Europe et le capitalisme responsable? L’Europe a tous les atouts pour offrir une voie (et voix) intermédiaire au capitalisme contemporain: un modèle de capitalisme 2.0 responsable, respectueux de l’homme et de la planète, des libertés individuelles et de l’intérêt général, dont le monde a aujourd’hui cruellement besoin.

De trop grands pouvoirs pour de trop grandes responsabilités

. Le leurre de l’autorégulation

(Microsoft) Son patron Satya Nadella a compris que la modernité d’une entreprise technologique, aujourd’hui, était dans le respect de la vie privée, ainsi que dans l’ouverture des données et le partenariat.

Plusieurs signaux laissent à penser que Facebook est encore à mille lieues d’accepter de prendre ses responsabilités sociales.

. Entre l’enfance et l’âge mature du numérique, nous sommes en crise d’adolescence!

Internet, qui est né comme une forme de communication militaire, se révèle être une technologie du deuxième type: ses conséquences semblent «dominées» par l’imprévisible et l’incontrôlable.

Internet agit autant comme une force d’émancipation que comme un instrument d’asservissement et de délitement du tissu social.

Il est temps pour la civilisation numérique de rentrer dans l’âge adulte, celui de la réappropriation et de la régulation. Temps de déterminer ce vers quoi nous devons aller, même si tous les indicateurs ne sont pas encore lisibles. Il en va de l’avenir de l’humanité.

Partie III RÉGULER LES GAFA Dix-neuf propositions pour rééquilibrer nos vies numériques

Contenir la dynamique monopolistique des supranationales américaines

. Renouer avec la modernité de la régulation

Lutter contre les distorsions de concurrence provoquées par la concentration excessive des géants du Web me paraît un chantier prioritaire, car c’est tout l’écosystème numérique qui est fragilisé par les effets pervers d’une telle domination.

. Sept pistes pour un droit rénové

Penser les plateformes américaines comme des infrastructures essentielles ;

Repenser le droit antitrust au-delà du consommateur ;

La fausse bonne solution d’un démantèlement?

Renforcer les règles de concurrence et le contrôle des autorités de régulation ;

Rouvrir le monde numérique à la diversité (partage de leurs infrastructures essentielles) ;

Données personnelles: renforcer leur réappropriation ou en faire un bien commun?

Inventer une fiscalité numérique adaptée.

Réguler pour sauver le soldat presse, ce first mile de la démocratie

. Partager la valeur entre plateformes et éditeurs de presse: un enjeu d’équité majeur

Un retard à l’allumage un peu trop cher payé… Les médias traditionnels sont quand même allés loin, très loin, dans la servitude volontaire aux plateformes numériques qui leur apportaient sur un plateau de formidables outils de diffusion.

L’importance d’une réglementation pour rétablir l’équité… Loin d’être des concepts poussiéreux à l’ère numérique, la propriété intellectuelle, le droit d’auteur et le droit voisin sont des garde-fous essentiels pour que la liberté de création, d’expression et d’information puisse grandir et croître à l’avenir.

. Le combat pour un droit voisin en faveur de la presse: David contre Goliath… que soit reconnu le droit légitime à la rémunération des producteurs de contenus de presse lors de la réutilisation en ligne de leurs publications par les plateformes!

Même si c’est une bonne nouvelle que Google accepte enfin de rémunérer la presse en France, je reste convaincu que l’approche collective et légale est la plus satisfaisante pour notre secteur et, plus largement, pour nos sociétés démocratiques. Elle est au demeurant indispensable à la constitution d’un rapport de force.

. Trois pistes pour renforcer le first mile de la démocratie

Inviter l’État à soutenir le last mile du réseau ;

Inspirer le régulateur pour mieux protéger la presse… Une solution pourrait donc être de limiter les investissements qu’un annonceur peut consacrer à un support: par exemple, pas plus de 25 ou 40% de ses dépenses publicitaires dans une plateforme, le reste du budget devant être distribué entre radio, cinéma, presse et télévision ;

Mieux encadrer les achats publicitaires.

Remettre au centre des responsabilités les droits des individus… qui ne sont pas que des machines à produire de la data

. Sept pistes pour redéfinir les règles d’une technologie éthique et d’une éthique de la tech

Renforcer la législation européenne pour protéger les droits des individus ;

Trancher le débat de la responsabilité éditoriale des réseaux sociaux (simples plateformes avec un statut d’hébergeurs, ou bien éditeurs avec la responsabilité juridique que cela suppose?) ;

Mettre en œuvre une politique de «restriction algorithmique» (revenir à une navigation laissant plus de place à l’exploration volontaire, à la découverte, et moins au «more of the same», qui est profondément pernicieux) ;

Instaurer un régime de supervision comme pour la finance ;

Imposer un «code de la construction pour Internet» aux acteurs numériques ;

Concevoir un «serment d’Hippocrate» pour les ingénieurs informaticiens ;

Mieux protéger les modérateurs des plateformes.

. Deux pistes pour favoriser une coopération mondiale

Tout simplement, l’avenir de l’humanité en balance… Il est temps que la communauté mondiale s’empare à bras-le-corps de la «tech war» qui est en train de s’installer, et se mette d’accord sur les règles essentielles pour encadrer la nouvelle ère numérique et forcer ses acteurs à agir de manière éthique, en tenant compte des intérêts supérieurs de l’humanité ;

Organiser et structurer un débat public universel… Créer une institution mondiale de régulation de la tech.

CONCLUSION Ode à la vie en dehors des plateformes

. Google sur le gril

. Facebook sur la sellette

. Citoyens-consommateurs de tous les pays, unissez-vous! L’avenir du «Slow Web» (moins prédateur de données personnelles et moins intrusif vis-à-vis des utilisateurs, que nous avons le pouvoir de soutenir aujourd’hui en tant que citoyens-consommateurs)

. Entreprises, proposez et soutenez des alternatives aux GAFA!

. Médias, élevez votre niveau de jeu!

. GAFA, engagez votre mue vers une meilleure version de vous-mêmes!

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Le parfum d'exil d'Ondine Khayat - Pocket

Coup de cœur d’Élodie, libraire à Fil en page: 

«Taline appartenait à une chaîne humaine. Des êtres incarnés les uns après les autres, dont le vécu laissait des empreintes indélébiles… Elle portait en elle les stigmates des horreurs perpétuées contre les siens et, quoi qu’elle fasse, elle ne pouvait y échapper. Il lui fallait s’y confronter.»

Une belle lecture qui nous entraîne aux côté d’une jeune femme confrontée au passé de sa grand-mère arménienne dont elle découvre l’histoire et les tragédies…

«J’ai laissé des morceaux de mon cœur sur les routes tortueuses de ma vie. Ils se sont pris dans les buissons du doute et sont restés suspendus aux mûriers du désespoir.»

JEUNESSE de Pierre NORA - Ed. Gallimard

Émetteur du florilège : François C.

Hendaye était le bout de l’exode, et le saut dans un autre monde… Après un moment d’hébétude – «Qu’est-ce qu’on va faire?»-, ce fut une explosion de joie ; on ne quitterait pas la France!

Ce jour-là, j’ai pris conscience de la tragédie qui se jouait.

(Shoah) Des hommes avaient fait cela à des hommes, à des femmes. Ces images sont entrées en moi comme des couteaux, et elles y sont restées pour toujours.

Je ne suis jamais allé à Auschwitz, non par indifférence mais par crainte de me laisser engloutir par ce trou noir ; je sentais que si j’y plongeais, je ne saurais pas en remonter.

Pour moi, le judaïsme est tout entier histoire. Ce n’est pas une religion, à la différence du christianisme ; ce n’est pas non plus une culture, à la différence de l’islam. C’est une histoire… Elle a abouti de nos jours, sous nos yeux, à deux phénomènes monstres: la première et la seule tentative d’extermination industrielle d’un peuple ; et la création au forceps d’un État-nation à la fois exaltant et, pour le meilleur comme pour le pire, sans équivalent.

Jusque-là, la mort paraissait cogner discrètement à la porte de son corps ; tout à coup ce fut l’inverse, elle était dans la place et c’était elle qui décidait des moments de répit qu’apportait la morphine.

Quelques pas plus loin, en montant la rue de Miromesnil, mon père croise une belle inconnue à l’étoile jaune, bouleversée. Leurs regards se rencontrèrent. Trente mètres plus loin, tous deux se retournent et, après un instant d’hésitation, courent l’un vers l’autre pour s’étreindre un long moment. Puis chacun repartit de son côté, sans avoir échangé un mot.

(Jean-François Revel) Ils ne peuvent s’imaginer le jeune homme truculent, à la voracité intellectuelle ravageuse, amoureux de la vie, nature boulimique habitée d’un formidable appétit de tout: d’idées, d’histoire, de poésie, d’amitié, mais aussi, hélas, déjà, de bonne chère et de bon vin dont il a abusé jusqu’à se ruiner sauvagement la santé.

J’étais soudain saisi de la profondeur du temps, de l’intérêt des longues durées, de l’apport de tant de savoirs positifs, loin du verbeux des lettres et de la philosophie.

Après des nuits d’insomnie et des jours de détresse, de jalousie, de remords, de mépris de moi-même, de sentiment d’échec sur tous les plans, j’ai trouvé en moi assez de raison -et de raisons- pour émerger d’un long tunnel.

Ernest Lavisse s’est révélé un homme-clé d’une époque-clé: l’artisan de la nouvelle Sorbonne, le fondateur du cursus agrégatif, le directeur de l’Histoire de France en vingt-sept volumes…

(Collection Archives) Chacun de ces livres a été au départ une aventure avec l’auteur, à qui cette formule paraissait attirante et provocatrice.

 

 

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Impact par Olivier Norek - Pocket (policier en poche

Émetteur du verbatim: François C.

I.                    GREENWAR

ImpactMort prématurée, saturnisme, cancer, troubles cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques. Ici, un gamin sur deux est malade. Du pétrole, du schiste, du gaz fossile, plus c’est sale, plus vous gagnez d’argent. Ce que nous semblons ignorer, c’est le conflit planétaire qui arrive. Qu’adviendra-t-il lorsque la moitié de la planète sera exsangue, privée d’eau, de nourriture, de lieux habitables ? Le pilote distingua alors, à moins d’un mètre de sa cabine, des millions de tonnes de détritus soulevés par les eaux. Bouteilles, bidons, pailles, morceaux épais et colorés de ce qui avait été des objets entiers, pneus, sacs de toutes tailles, le tout coagulé par une mélasse de microbilles plastiques, comme si un monstre poubelle avait pris vie dans cet océan et que sa bouche d’ordures s’ouvrait en grand pour avaler l’hélicoptère. La pollution de l’air dans le monde tue 600 000 enfants par an. Votre bébé a contacté une grave infection respiratoire. On assiste à une situation inédite où le criminel n’est presque pas mis en cause. Dans l’esprit du public, si PDG est libéré, c’est que Total l’aura décidé. Si PDG meurt, c’est aussi que Total l’aura décidé. La résistance violente intervient lorsque la résistance passive a abattu toutes ses cartes. La justice ? Face à l’argent elle n’existe pas. Le droit des hommes non plus. Dans la société comme dans la nature, la force, la puissance et le pouvoir sont les seules mesures du droit. Un bunker reste un bunker. On parle de survie et pas d’autre chose. Guerre globale, virus, effondrement climatique, vous pouvez même vous y protéger d’un hiver nucléaire. Mais entre la pollution, le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles, les virus et les futurs mouvements migratoires massifs, il y a quand même assez peu de chances de sauver tout le monde. Les bien-nés sous l’étoile de l’opulence, aux parents magnats ou industriels, les enfants à particule d’un monde parallèle où de nobles Olympe et Hermine battaient des cils pour des Côme et des Ambroise.

II.                 ATOMIC

Souvent en entretien, Diane évoquait avec ses patients les moments charnières de leur vie. Ces choix qui changent tout. Ces moments à saisir qui font de vous ce que vous êtes. Vous le savez, la montée des eaux, les famines, l’absence d’eau potable, les inondations et les sécheresses provoqueront des déplacements massifs de population. Et les conflits qui les accompagneront ne feront qu’ajouter de l’horreur aux drames. La main d’œuvre la moins chère et la moins protégée de toutes, aux mains de multinationales accusées de torture, d’esclavagisme, de maltraitance et d’exploitation d’enfants pour un dollar par jour, dans des usines au bout du monde, hors de tout contrôle et de surveillance. Ces réfugiés, forcés de quitter leur pays à cause de catastrophes climatique provoquées par l’action collatérale des entreprises polluantes, se retrouveront ainsi dans les camps qu’elles auront fabriqués, sans autre choix que de travailler pour elles. Dans les guerres, la publicité et le marketing sont des armes aussi létales que les grenades. Gerda, en avocat chevronné, maître des coups fourrés et des surprises de dernière minute, entrevoyait déjà la stratégie mise en place par la Justice, et certainement pas par elle seule. Comme une punition divine, feu, terre et glace s’abattaient sur eux dans une même fureur. Fabien Attal se déplaçait mentalement dans toute l’architecture de sa défense, un plan en trois dimensions que lui seul pouvait voir dans sa totalité. Une construction complexe dont il connaissait chaque pièce, chaque coursive, chaque porte dérobée, et chaque fragilité. Nous survivons dans un monde de financiers où les 1% les plus riches détiennent deux fois plus que tout le reste de l’humanité, mais où 100% de la population subit leur pollution. Si Virgil Solal était suivi par des centaines de millions de personnes sur le web, ses soldats prêts à agir pour la cause constituaient une armée non moins impressionnante, mondiale, répartie dans toutes les classes sociales, les administrations, les services publics, des tours d’immeubles jusqu’aux fermes, des villes aux campagnes, des simples sympathisants jusqu’aux illuminés. En Angleterre, quelques disciples de Greenwar avaient réussi l’exploit d’une fragilisation immédiate de la Bourse grâce à la technique du « deepfake », permettant de faire dire n’importe quoi à n’importe qui en alliant intelligence artificielle et images d’archives. Certaines prières mettent vingt-cinq années à se réaliser. Elle lui sourit, tout en essayant de ne pas pleurer. Il sortit enfin de la cabine et pas à pas, l’un et l’autre se rapprochèrent. Je l’appellerai Moeava. Celle qui demeure dans les espaces infinis. Elle n’aura pas de frontières. J’ai rendez-vous avec elle. Ici. Dans quelques années. Et tu seras là, je l’ai rêvé. Virgil lui raconterait les erreurs des hommes pour qu’il les corrige. Il lui raconterait le monde et sa fragilité. Comme un vieux livre, il lui raconterait ce qui a disparu, et ce que l’on peut encore sauver.

QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE DE TOI? - 21 métiers du futur à l’ère des robots et de l’intelligence artificielle de Nicolas HAZARD - Ed. Flammarion

Émetteur du verbatim: François C.

Introduction Le monde du travail va être bouleversé par la quatrième révolution industrielle, celle de l’Intelligence artificielle et de la robotique.

Première partie LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE VA TOUT BOULEVERSER

Rémi – Nanomédecin Il est fort probable que les diagnostics médicaux seront demain tous produits par des algorithmes, mais on aura toujours besoin de médecins pour le choix des traitements et la relation avec le patient, d’où la probable apparition à terme du métier de nanomédecin.

Marine – Cheffe cuisinière 3D Visée: utiliser cette technologie de l’impression 3D pour fabriquer des gâteaux, biscuits et desserts de toutes sortes : la pâtisserie numérique est née. Selon Marine, un robot peut ici servir d’assistant pour continuer à fabriquer des produits artisanaux, locaux et sans additifs. Il suffit d’insérer dans de petits cylindres, des seringues ou des bidons les produits dont on a besoin (chocolat, crème, garniture…) et l’imprimante confectionne les gâteaux et les fait cuire avec un terminal de cuisson attenant.

Renaud & Romain – Éducateurs de robots L’un des emplois du futur sera vraisemblablement celui d’éducateur de robots. Il maîtrisera à la fois les compétences techniques nécessaires pour la programmation des machines, mais aussi la capacité à les adapter aux attentes de leurs futurs utilisateurs.

Fanny – Psychologue de robots Le concept de Mon Sherpa est simple: à travers l’application téléchargeable gratuitement sur toutes les plateformes, on peut soit parler à un médecin en téléconsultation, soit échanger avec un chatbot (en complément généralement d’une visite psy).

Gaël – Data policier Le data-policier résoudra des problèmes complexes à partir d’une somme colossale de données de tout ordre qu’il sera allé chercher. Assisté par une IA, le data policier pourra démêler des affaires insolubles, identifier des activités illégales ou encore démanteler des réseaux de crime organisé. 

Deuxième partie ON NE TRAVAILLERA PLUS JAMAIS COMME AVANT

Bastien – Nostalgiste Les technologies permettant de se projeter dans des univers différents ne vont cesser de se multiplier… Le nostalgiste créera des expériences sur mesure, via la réalité virtuelle, à des fins curatives mais également récréatives. On pourra ainsi replonger en enfance pour se remémorer des moments heureux ou retisser le fil de sa vie.

Gauthier, Hugo & Pierre – Artistes transgéniques La robotique et l’IA vont devenir des outils dont les artistes de demain sauront s’emparer… L’artiste de demain sera peut-être un artiste transgénique utilisant les biotechnologies pour créer de nouvelles espèces, des croisements d’animaux, peut-être même des créatures entre l’animal et l’homme, à des fins artistiques.

Sabine – Assistante au bonheur Le développement des écrans nomades a fait exploser le temps qu’on leur consacre…L’addiction suscitée par cette industrie en forte croissance va sans nul doute engendrer le développement de toutes les professions liées au sevrage de ces outils technologiques. Le métier d’assistant au bonheur apparaîtra pour accompagner les individus dans leurs grands choix de vie. Quel que soit le support qu’offrira l’IA, il me semble que rien ne pourra remplacer l’écoute, l’empathie et le sens du service d’une aide à domicile, d’une infirmière ou d’une paychologue.

Ondine – Réensauvageuse Un job qui émergera bientôt sera donc sans doute celui de réensauvageur. Avec les progrès de la génétique, nous pourrons dans quelques années travailler sur la réintroduction de plantes ou d’espèces disparues.

Catherine – Éthicienne d’IA Les entreprises devront systématiquement se doter de véritables éthiciens d’IA, pour questionner les nouveaux algorithmes et objets qu’elles vont créer, et ce avant même de les concevoir. Il s’agira d’appréhender l’ensemble des impacts sur la société et de permettre aux humains de décider ou non s’ils souhaitent voir arriver ces nouveaux outils et accepter leurs implications. Je suis convaincu que l’utilité, l’éthique et le sens de notre travail seront des facteurs de compétitivité majeurs de la quatrième révolution industrielle.

Troisième partie UNE RÉVOLUTION ÉDUCATIVE EST INDISPENSABLE

Benoît -Meta-architecte Avec l’émergence de la domotique, de la modélisation des données du bâtiment (BIM), le métier de constructeur nécessitera de plus en plus la maîtrise des nouvelles technologies. Le méta-architecte proposera ses services pour concevoir et construire la maison de vos rêves dans le monde de votre choix, le tout rémunéré en cryptomonnaie.

Maxime – Contrôleur aérien de drones Le contrôleur de drones sera le garant et le coordinateur d’un espace aérien remodelé qui nous simplifiera un peu plus la vie, tout en devenant toujours plus complexe à surveiller et à sécuriser.

Thomas – Terraformateur L’un des jobs du futur pourrait donc être celui de terraformateur, un scientifique qui travaillerait à rendre la vie humaine possible dans l’espace, que ce soit sur une planète, un satellite naturel ou un corps céleste.

Nicolas – Assistant du virtuel Leur job consistera à nous aider à créer notre identité et notre avatar virtuels correspondant à ce que nous rêvons d’être dans cet autre univers. Ainsi, l’assistant virtuel identifiera pour nous la panoplie d’objets digitaux qui nous seront essentiels et opérera comme un chasseur de tendances et de nouveautés, et comme intermédiaire pour négocier les transactions en crypto-monnaies.

Amélie – Éleveuse de criquets La géoponie rotative sur sol vivant… Le résultat est très impressionnant : pour un hangar de 1 000 mètres carrés, on peut cultiver soixante fois plus de fraises que sur un sol traditionnel! L’éleveur de criquets devra ainsi maîtriser les différentes technologies et leurs applications, pour faire grandir des espèces adaptées aux différents marchés.

Jean-Louis - Neuromanager L’innovation technologique et l’innovation sociale doivent marcher ensemble. Chacun doit pouvoir s’épanouir dans son travail et atteindre son plein potentiel. Le rôle du manager de demain sera celui d’amplificateur de talent, capable de trouver les outils pour faire réussir tout le monde.

Quatrième partie L’ÉDUCATION EST NOTRE BIEN COMMUN

Augustin & Emmanuel – Dépollutionneurs L’aventure Lemon Tree peut commencer. Pour cela, ils innovent et conçoivent des machines de tri aussi intelligentes qu’incitatives afin d’optimiser la collecte du papier, du plastique, des métaux, du bois et du verre. La mission du dépollutionneur sera de nettoyer les milliards de déchets que nous produisons, qu’ils soient enfouis ou à la surface des océans.

Saad – Sportif augmenté Ces données sont des éléments essentiels pour l’aide à la décision du coach. Elles lui offrent la possibilité de faire du prédictif, en définissant les paramètres physiques et techniques adaptés pour optimiser les chances de réussite de chaque match. Des puces seront directement intégrées dans le corps pour analyser avec précision les performances, et les entraînements revêtiront un caractère toujours plus scientifique.

Makiehitu – Exo-artisan Nombreux sont les artisans qui vont utiliser les avancées scientifiques et techniques pour étendre leurs capacités. Plutôt que de subir les machines, ils pourront les mettre au service de la valorisation de leur travail ou, plus encore, d’une dextérité et d’une acuité gestuelle augmentée. L’imprimante 3D autorisera la duplication à l’infini de n’importe quelle forme, tandis que les outils de frappe nanométriques permettront au graveur des prouesses inconnues jusqu’alors… et avec elles l’avènement de l’exo-artisan.

Helena & Claude – Data journalistes Le data journaliste utilisera les outils d’analyse de la donnée et créera ses propres algorithmes. La formation à l’éthique sera dans ce contexte un prérequis à la manipulation des données.

Nicolas – Pentester L’un des emplois qui ne cessera de grandir sera celui de pentester (la contraction de « pénétration « et « test »), i.e. un professionnel chargé de tester les résistances de tous nos systèmes de sécurité en essayant de pénétrer les réseaux et de comprendre leurs faiblesses.

Conclusion

Toutes les technologies évoquées sont à portée de main. Certes, elles sont plus ou moins démocratisées, mais elles préfigurent tout ce que l’Intelligence artificielle, l’Internet des objets, la robotisation, l’exploitation des données, la réalité virtuelle ou la révolution verte vont engendrer comme changements au sein de notre société. Autres points évoqués:

Première partie

Intelligence artificielle, robots, Internet des objets, réalité virtuelle, virage écologique …Toutes ces forces vont faire bouger les plaques tectoniques sur lesquelles nos sociétés sont installées, et ce de façon irréversible. La mauvaise nouvelle, c’est que sur cinq ans, 75 millions d’emplois à travers le monde vont effectivement disparaître du fait de l’automatisation. La bonne, c’est que ce sont 133 millions de nouveaux emplois qui devraient être créés. Et paradoxalement, je crois que plus les robots prendront une place importante dans nos vies et dans nos entreprises, plus notre économie sera centrée sur l’humain. Ce sont donc des facultés purement humaines qui feront la différence sur le marché du travail et qui seront à l’avenir les plus convoitées. Sans diplôme d’études supérieures, point de salut dans le monde de demain. De plus, même avec un diplôme et un emploi, les salariés devront acquérir de nouvelles compétences très régulièrement pour rester à la page.

Deuxième partie

La primauté de l’individu sur le groupe, teintée d’un narcissisme de plus en plus prégnant, est une caractéristique forte de notre société…Demain, il faudra réussir à concilier l’individualisme qui nous caractérise et notre besoin d’épanouissement collectif dans le travail.  Savoir résoudre des problèmes complexes avec l’aide des machines et de leurs données quasi infinies, c’est bien à cela que ressemblera l’archétype du job du futur.

Troisième partie

À l’heure des machines intelligentes, de l’obsolescence accélérée des compétences, des opportunités permanentes et de l’imprévisibilité, ce mode de vie où tout était appris une fois pour toutes n’est plus envisageable.  Le plus grand échec du système éducatif est de laisser sur le bord du chemin environ 100 000 élèves d’une classe d’âge. Ces derniers quittent l’école avant d’avoir obtenu le moindre diplôme.  J’imagine l’enseignant devenir une sorte de coach qui aura à sa disposition un ensemble de données pour définir la meilleure stratégie de succès.  Les nouvelles technologies vont rendre possible l’accès à des ressources d’apprentissage très variées, à tout moment, en tout lieu, par toutes sortes de moyens, et il nous faudra travailler à créer une multitude de moyes de formation et de valorisation des compétences.

Quatrième partie

Dès aujourd’hui, il faut s’occuper de sa formation comme on s’occupe de sa santé, procéder à des check-up réguliers afin de bien se connaître et d’évaluer son employabilité, identifier les organes qui vont bien comme ceux qui souffrent, et ne pas tarder à en prendre soin au risque qu’il ne soit trop tard. Le monde technologique de demain sera en constante évolution, et les compétences humaines seront les plus recherchées. Fini donc la standardisation et le formatage, la pluralité des savoir-faire et des aptitudes deviendra un vrai facteur différenciant. Pour se réinsérer, on a besoin de temps. D’argent. De ressources. Et de quelqu’un qui nous fasse confiance, sans juger, en respectant les choix et les rythmes des personnes, et en sachant les conseiller quand il le faut. L’accompagnement est un art, et il nous faut plus d’artistes. Les journalistes le savent bien, lorsqu’une information vraie va toucher 1000 personnes, des informations erronées sur le même sujet vont en atteindre jusqu’à 100 000. L’éducation, au même titre que la préservation de nos ressources et de la biodiversité terrestre, est à mes yeux la grande cause pour laquelle il est crucial de se battre aujourd’hui. Il faut encourager, faciliter, financer et promouvoir toutes les initiatives qui redonnent de la fraîcheur et de l’ambition à notre système éducatif. C’est ainsi que Singapour a promu au rang de valeurs fondamentales le respect, la responsabilité, l’intégrité, l’attention, la résilience et l’harmonie, censées favoriser la communication, l’éducation civique et la pensée critique.

 

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Blizzard de Marie Vingtras - L'olivier (roman)

Coup de cœur d’Élodie, libraire à De fil en page: Au cœur d’un violent blizzard en plein Alaska, un petit garçon disparaît. Bess n’a pourtant lâché sa main qu’un bref instant. Elle se lance à sa recherche, tout comme Bénédict et Cole. Alors que chacun lutte contre les éléments, les souvenirs remontent, le passé ressurgit.

Un premier roman captivant au suspens maîtrisé qui nous plonge en plein froid comme dans les tourments de l’âme humaine.

Les gens d’ici vous demandaient jamais d’où vous veniez. Vous pouviez vous être sorti les fesses tout droit de l’enfer ou être descendu du paradis, ça faisait pas de différence. Si vous étiez prêt à vivre au milieu de nulle part, à travailler dur, et à pas vous plaindre, il y avait une place pour vous.

Elan Vital : antidote philosophique au vague à l'âme contemporain par Sophie Chassat - Calmann Levy (essai)

Émetteur du verbatim: François C.

élan vital : antidote philosophique au vague à l'âme contemporainLa présence de l’élan vital se reconnaît à ce que, quelque chose bougeant en nous, dans tout notre être, corps et âme, nous sommes conduits à faire bouger quelque chose à l’extérieur de nous sous la forme d’un inédit, d’une origine. L’élan vital n’est pas là pour nous faire traverser l’existence sans heurts, car, quand l’élan vital n’est plus, nous perdons tout simplement “l’envie”, qui porte si bien son nom : en vie ! Cultivons notre élan vital. La vie ne vaut pas d’être vécue en mort-vivant.

Première partie DESCRIPTION : L’ELAN VITAL Cerner l’élan vital pour apprendre à le (re)connaître

Mouvement

L’élan vital se manifeste quand nous coïncidons pleinement avec ce mouvement de la vie en nous, quand nous ne faisons plus qu’un avec l’impulsion génératrice de vitalité qui est en nous…Aussi nous sentons-nous invincibles quand il nous habite et que rien ne l’amoindrit : notre vivacité est intarissable, rien ne peut nous arrêter. L’élan vital est d’ordre germinatif, bourgeonnant. Le sentiment qu’il procure est celui d’un afflux de suc, d’une inflorescence, d’une émergence chrysalidaire. Pour le vivant, l’enjeu est donc moins le maintien de l’équilibre immobile de son milieu intérieur que le mouvement perpétuel qui lui permet de s’adapter à d’incessantes métamorphoses. La vie est une aventure, pas une sinécure. « Augmenter sa puissance d’être », tel est bien, pour reprendre la formule spinoziste, le programme du vivant qui vise sa propre expansion : fuser, rayonner, abonder. L’élan vital apporte un surcroît d’être.

Temps de la qualité : des temps où « notre moi se laisse vivre », des temps pour soi, des temps solitaires, le temps des expériences esthétiques, du « quality time » avec ses proches. Ce type d’expériences temporelles exige toujours une forme de suspension : la mise entre parenthèses de l’agenda… Temps du continu : des temps longs qui excèdent les délais dits raisonnables… Temps de l’intensité : des temps soutenus, des temps exceptionnels, des contretemps, des temps qui rompent avec la monotonie… Temps de la différence : créer des occasions de premières fois, il y a tant à faire, tellement de choses à découvrir !

En cultivant au quotidien ces instants et ces lieux chargés d’élan vital, nous nous donnons les moyens de revenir à nous, i.e. à la source même de notre impulsion vitale. Pas d’explication rationnelle à ces effets de synchronicité et de sérendipité, mais c’est bien dans ces moments de lune de miel entre nous et le monde que nous éprouvons le plus ce sentiment de vitalité illimitée qui nous fait nous sentir vraiment vivants.

Créations

Sans cesse, donc, la vie dévie. Génératrice ininterrompue de nouveautés, d’individuations absolument singulières, mais aussi source d’imprévisibilité, elle bifurque, ne cesse de prendre la tangente…C’est pourquoi la véritable « adaptation » est invention et non accommodation. S’adapter, c’est toujours innover ; la contrainte appelle une réponse qui n’est pas prédéterminée, ce qui exige d’aviser et d’oser ce qui n’existe pas encore.

Cette sensation d’avoir la primeur du monde, c’est bien l’état dans lequel nous sommes quand l’élan de vie bat à plein en nous. Tout est plus clair, lumineux, tout semble inédit. Nous nous faisons « voyants » car nous voyons effectivement tout, plan large autant que détails microscopiques. Nous naissons à nous-mêmes et au monde sans discontinuité, rejouant ainsi la logique même de toute impulsion vitale : percer et s’ouvrir.

A notre échelle, nous avons tous le pouvoir d’être des créateurs. Par nos actions, bien sûr, quand l’action est « créaction » (action originante), mais aussi par nos idées qui ont la puissance d’ouvrir d’autres horizons possibles au réel, d’en révéler des dimensions inexplorées jusque-là. A quelque degré que ce soit, ce qui compte, c’est de mettre en œuvre des processus créatifs car toute création est mise au monde du monde lui-même.

Dans ce devenir qui nous fait advenir à nous-mêmes, il y a d’abord la trace de la volonté. Nous sommes ce que nous voulons devenir, nous avons le choix. Laisser couler, attendre que ça passe : un choix ; adopter la solution de facilité : un choix ; se laisser gagner par le cynisme : un choix ; partir ou rester : un choix ; sourire ou pas ; un choix. Nous nous modelons au quotidien par tous ces micro-choix, et nous finissons par leur ressembler.

La puissance vitale est fertile, généreuse, contagieuse, elle dote toutes choses de sa qualité : elle fait « être plus ». Au contraire, celui qui est privé de l’ivresse vitale retire également à toutes choses leur puissance d’être et les fait « être moins ». On songe ici à la façon dont les individus chagrins et lugubres nous contaminent de leur tristesse d’être, quand les personnes solaires nous font rayonner à leur seul contact.

Corps compris

L’élan vital suppose et exige ainsi une pleine et totale incarnation. Retrouver le goût de la vie demande d’ailleurs souvent d’apprendre d’abord à habiter à nouveau son corps. Quand on se sent privé d’énergie vitale, il ne faut surtout pas penser, il faut bouger…Tout (re)commence par le corps, car la vie n’est pas éthérée, la vie est matérielle. Son mouvement de création incessante se nourrit du plus tangible.

Il y aurait ainsi toute une physiologie de l’élan vital à faire. Abordons l’exercice par un détour : toutes les métaphores qui dépeignent l’élan vital sont corporelles. Elles ne se contentent pas d’emprunter une image au monde matériel comme le font toutes les métaphores, elles racontent souvent aussi un état physique de l’être. Les images convoquées sont en majorité charnelles, viscérales, organiques : Force vitale. Energie vitale. Goût de vivre. Appétit de vivre. Souffle de vie. Flamme intérieure.

Les épreuves auxquelles la vie nous confronte ne sont donc pas en soi ce qui brise notre élan vital. Les obstacles peuvent même nous conduire à son affirmation redoublée quand, au contraire, l’absence de difficultés et d’entraves conduit souvent au vague à l’âme, au taedium vitae (« lassitude de la vie »). L’élan vital s’expérimente parfois à son acmé dans le passage de l’ombre à la lumière, le clair-obscur semblant favoriser la « fureur de vivre ».

Deuxième partie PRESCRIPTION : LES BIOPHORES Discerner ce qui active et nourrit l’élan vital

Les biophores

Croire en l’élan vital, puis l’activer partout où cela est possible. Pour cela, identifier les « biophores », littéralement les « porteurs de vie ». Est biophore toute expérience qui active, nourrit et transmet l’élan vital. Est biophore ce qui éveille, stimule et féconde la « vie vivante ».

La vie intérieure

Se constituer une « poche mentale » qui soit un lieu de ressourcement -tout à la fois un refuge et un petit monde à soi…La coloration de mon univers mental dépend à la fois de ce que j’y ai accumulé, mais aussi de la façon dont je l’ai ordonné et, surtout, du tourbillon que j’y active à chaque instant. Car l’élan vital se nourrit de tous ces liens qui se tissent entre ces éléments qui m’habitent.Il y a ainsi toute une dynamique de l’intérieur qui reflète notre dynamique intérieure. D’où l’importance de se sentir bien chez soi et de rythmer ses espaces pour que s’y reflète la puissance plurielle de notre sève intime. Un « chez soi » peut être un biophore intense, il peut aussi être notre prison. Plus qu’un havre de paix, une vie intérieure ressemble ainsi à un incessant voyage où nous ne devons pas craindre les multiples transmutations qui nous font renaître à nous-mêmes.

Les trésors du monde

Je crois que l’élan vital se nourrit de la contingence, que quand tout est devenu nécessaire dans une vie, il s’épuise. En regardant le monde que nous côtoyons au quotidien comme fondamentalement contingent, comme pouvant ne pas être et ne pas être tel quel, nous éprouvons le sentiment de l’inventivité du réel – et peut-être avons-nous besoin de ressentir cela pour nous rappeler que nous pouvons, nous aussi, nous réinventer à chaque instant, même quand la quotidienneté s’est installée.

Ce renouvellement constant du monde nous fait cependant éprouver le nevermore de chaque instant. Ce qui a eu lieu n’aura plus lieu, ce que j’ai vécu ne reviendra pas. Pas de seconde fois. Pourtant, loin de devoir nous rendre tristes, cette conscience de l’irréversibilité du temps nous appelle à vivre toujours plus intensément l’unicité absolue du moment présent et surtout à appréhender le cours de l’existence comme une succession ininterrompue d’occasions, de chances à saisir. Chaque fois que j’apprends la destruction d’un écosystème, la disparition d’une espèce, la mort d’un paysage, je me sens meurtrie, parce que les coups infligés à l’élan vital dans le monde vivant sont des coups qu’on inflige à mon propre élan vital. 

Le lien aux autres

Plongée tout à coup dans une situation « entre la vie et la mort », elle avait traversé une profonde crise existentielle où la hiérarchie de ses valeurs s’était entièrement recomposée. S’en étant finalement sortie, elle avait formulé l’hypothèse selon laquelle la réflexion sur le sens de la vie n’était pas une question d’âge comme on le croit souvent, mais le résultat d’une situation où l’horizon temporel se rétrécit, laissant entrevoir un terme possible à l’existence. Ce qui compte vraiment dans la vie s’éprouve quand le temps est compté, et cela quel que soit le nombre d’années au compteur.

Authenticité, réciprocité, unicité, transformation, symbiose : l’amitié coche toutes les cases. Elle préserve sur le long terme la délicate équation de la relation biophore…L’autre m’est totalement indispensable à la fois puisque la seule idée de sa disparition me cause une peine immense et parce que son absence m’amoindrit quand sa présence me revigore.

Troisième partie PROSCRIPTION : LES BIOCIDES Identifier et lutter contre tout ce qui nous dévitalise

Biocides

Si ce qui caractérise l’élan vital est mouvement, création et corporéité. Ce qui, en contrepoint, l’affecte négativement est immobilité, stérilité et anesthésie. L’amour de la vie se révèle quand celle-ci nous échappe. Alors se produit une ruade vitale, du même ordre que celle que décochent, paraît-il, les animaux aux abois. Tout proteste et résiste à la perspective de la non-vie, tout redevient possible, on se promet que si on en revient, tout renaîtra.

L’idéal

Si la beauté idéale est captivante, elle n’est qu’»un rêve de pierre », un fantasme minéral et non un vécu organique. Le charme, lui, est palpitation, vibration…Humaine, la beauté a besoin du « grain de beauté », du « je-ne-sais-quoi ».  Car c’est dans les brins d’imperfection que se niche « le sel de la vie ». C’est que tout va ensemble : pas d’enthousiasme sans travail, fatigue et douleur. Si on veut le premier, on ne peut s’épargner les trois autres. Toute création est une mise au monde qui nous met « à vif ». Vouloir la vie, c’est vouloir toute la vie. On ne peut pas faire le tri, il n’y a qu’un seul lot. Ainsi, alors que l’idéal de perfection exige l’instantané et la performance, le perfectionnement implique le temps long et la persévérance. Le perfectionnement pourrait même se révéler être l’éthique de l’élan vital : se perfectionner en sachant qu’on n’atteindra jamais la perfection, mais ne cesser d’y tendre.

La plainte

Quand je me plains, je dis en somme que la vie m’est une insulte intolérable et que je mérite mieux que ça. Et j’attends. J’attends que quelque chose ou quelqu’un m’indemnise pour cette injustice qui m’est faite. Car la plainte, loin de conduire à vouloir changer ce réel irritant, amène à enregistrer l’existant. L’inaction est la vérité de la plainte, la revendication sans fin son horizon. Car la vie est action, invention, par nature pourvoyeuse de résolutions en forme de révolutions. Elle n’est même que cela. Les organismes vivants sont des exemples de solutions actives et créatrices à des problèmes qui se posent à eux. Nous avons le pouvoir de transfigurer nos blessures et, par la réactivation de notre élan vital, de produire de nouvelles gerbes de vitalité. Rien n’est jamais sans espoir. Evangile selon saint Matthieu : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, qui la lui rendra ? Et si c’était nous-mêmes ?

La norme

Nos choix de société actuels, en cours (car rien n’est encore joué) vont dans le sens d’une mécanisation exponentielle de la vie. Toujours plus tatillonnes, réglant les menus détails de nos actions quotidiennes, les normes ne se contentent pas d’émettre des recommandations, elles ont une force contraignante : nous devons les respecter, suivre les consignes, nous soumettre à des contrôles et à des évaluations. La norme n’a pas d’esprit, elle n’a qu’une lettre, aucune interprétation ou second sens n’est possible. La norme est ainsi biocide de toute « énergie spirituelle » : elle étouffe dans l’œuf l’expression de notre vitalité créatrice et vide toute chose de la possibilité d’un sens qui soit irréductible à la logique de la normativité. La norme est insensée, elle est anti-vitale.

CONCLUSION

L’élan vital n’est plus une option, il est notre manière d’affirmer, contre tous les biocides en cours, le parti pris de la vie contre ce qui la réduit, l’empêche, la menace. Cet « élan » doit reprendre son sens premier d’arme de combat : une « lance » à jeter avec force contre l’ultra-mécanisation et la dévitalisation en cours de nos existences. Notre responsabilité est de le réactiver, de l’amplifier et de l’essaimer autour de nous, partout où cela est possible. Littéralement, il nous faut désormais être sur le qui-vive.

Réveillons-nous ! par Edgar Morin - Denoel (essai)

Émetteur du verbatim: François C.

Réveillons-nous !1 DEUX FRANCE EN UNE

Depuis la Révolution de 1789, deux France se sont succédé ou ont coexisté : la France humaniste et la France réactionnaire. La loi de 1905 et l’affaire Dreyfus ont radicalisé l’opposition entre une France humaniste, républicaine, dreyfusarde, sociale, et une France réactionnaire prônant le retour à la monarchie, le privilège de l’Eglise catholique, l’expulsion des juifs - en fait la disparition de la France humaniste. Le désastre militaire de 1940 permit le triomphe de la France réactionnaire dans la défaite nationale avec l’accession du maréchal Pétain au pouvoir, « Travail, Famille, Patrie » remplaça « Liberté, Egalité, Fraternité ». Dans l’absence de tout grand mouvement politique porteur d’espérance, ces fortes inquiétudes favorisent le repli identitaire, revitalisent les racismes qui se prennent pour des racines, et réveillent un suprématisme dormant hérité de l’ère coloniale. Car c’est bien la purification ethnique et religieuse qui est devenue la ligne maîtresse de la France réactionnaire, dans son obsession d’éliminer l’immigration arabe, africaine, musulmane.

2 UNE NOUVELLE ERE ANTHROPOLOGIQUE

Dès lors, le progrès scientifique révèle sa terrifiante ambiguïté. La science la plus avancée devient productrice de mort pour toute civilisation. La rationalité scientifique révèle une face irrationnelle. Le progrès de la puissance humaine débouche sur l’impuissance humaine à maîtriser sa propre puissance. Mais tout cela est comme anesthésié dans le somnambulisme général de notre vie « au jour le jour ». Un péril écologique global de désastres massifs et multiples est apparu depuis un demi-siècle sans que les dirigeants et les peuples en prennent conscience. Ses causes sont non seulement dans les énergies polluantes qui prédominent dans nos économies, mais surtout dans le déchaînement techno-industriel pour le rendement et le profit, animé à la fois par la frénésie du capital et la volonté de puissance des Etats. Ces forces puissantes dominent les esprits humains qui devraient les dominer…L’anthropocène est aussi le thanatocène. Toute la philosophie transhumaniste masque le vrai problème de l’humanité, qui n’est pas dans l’augmentation quantitative de ses pouvoirs mais dans l’amélioration qualitative des conditions de vie et des relations humaines. L’enjeu essentiel n’est pas de changer la nature humaine, mais d’en inhiber le pire et d’en favoriser le meilleur. Le transhumanisme escamote la nécessité première de régénérer l’humanisme. Pandémie : cette crise révèle que les interdépendances de la mondialisation techno-économique n’ont apporté aucune solidarité ; elle remet en question les problèmes d’autonomie et de dépendance des nations. En même temps, elle parachève une communauté de destin de l’humanité dans le péril et la menace d’une crise gigantesque commune, sans que pourtant cette communauté de destin soit consciente. Inconscience et somnambulisme règnent. Nous sommes maintenant au cœur de la crise et la crise est au cœur de l’humanité.

3 PENSEE DE LA CRISE ET CRISE DE LA PENSEE

Les déviances désorganisatrices d’un système peuvent devenir organisatrices d’un système transformé. La crise peut se résoudre de façon réactionnaire, conservatrice, réformatrice ou révolutionnaire. Elle peut également combiner une synthèse de l’ancien et du nouveau. Ainsi, il nous faudrait aujourd’hui paradoxalement arrêter la croissance pour sauver la planète et soutenir la croissance pour sauver la régulation des sociétés modernes. La plupart de nos responsables, incapables d’affronter cette contradiction, oublient l’intérêt général à long terme, qui est planétaire, pour se concentrer sur leurs intérêts particuliers immédiats liés à la croissance économique.

L’aveuglement face à la crise en cours tient à la conception linéaire et quasi mécaniste du devenir, à la croyance que le futur est prédictible, à l’ignorance du travail souterrain à l’œuvre sous la surface du présent. En se fiant au calcul, on anesthésie sans cesse l’imprévu, lequel ignore le non calculable de nos vies et de nos sentiments. Selon une de mes maximes favorites, la connaissance est une navigation dans un océan d’incertitudes, où l’on peut se ravitailler sur des îles ou archipels de certitudes. Une fois encore, il s’agit de penser simultanément la nature de la crise et la stratégie qui conduira à sa solution, ce qui nécessite de remédier à la crise de la pensée. L’ère nouvelle apporte déjà les débuts incertains et ambigus d’une révolution anthropologique affectant la condition humaine sur la Terre, dans son rapport avec la mort, la vie, le monde et la relation entre humains eux-mêmes. Ainsi, la crise de l’humanité, qui est à la fois thanatologique (portant en elle une menace de mort), écologique, économique, civilisationnelle, historique, est pour toutes ces raisons conjuguées une crise anthropologique portant sur la nature et le destin de la condition humaine.

4 REVENIR A NOTRE TERRE

Cette ère nouvelle est marquée par des incertitudes en chaîne sur le présent et l’avenir. Nous sommes contraints à une navigation dans l’incertain, ce qui signifie le renoncement à toute conception linéaire de l’histoire…Le principe premier de l’écologie de l’action nous dit que tout acte échappe aux intentions de l’acteur pour entrer dans le jeu des inter-rétroactions du milieu, et l’acteur peut déclencher le contraire de l’effet souhaité.

La planète est en détresse : la crise affecte l’humanité entière, entraîne partout des ruptures, fait craquer les articulations, rallume les guerres, détermine les replis particularistes ; la vision globale et le sens de l’intérêt général sont ignorés. Civiliser la Terre, transformer l’espèce humaine en humanité devient l’objectif fondamental et global de toute politique aspirant non seulement à un progrès, mais à la survie de l’humanité. Le progrès matériel ne fait pas qu’occulter les catastrophes, il les prépare…Alors que sans cesse l’inattendu arrive, il est rapidement anesthésié. On est incapables de concevoir les ambivalences, les ambiguïtés et les contradictions des progrès scientifiques, techniques et économiques que notre logique, et par conséquent notre rationalité restreinte, occulte.

(Réforme de la pensée) Il s’agit de remplacer les principes qui engendrent des pensées simplificatrices, unilatérales, partielles et évidemment partiales, par des principes qui permettent à la fois de reconnaître, de distinguer et de réunir des antagonismes complémentaires…Car l’univers, la vie, l’humain obéissent non à un déterminisme mécaniste, mais à une dialectique d’ordre/désordre/organisation/désorganisation, comportant aléas et bifurcations, créations et destructions. Nous devrions savoir que l’histoire ne progresse pas de façon linéaire mais par déviances qui se fortifient et deviennent tendances, qu’elle est à la fois rationnelle et démente, marxienne et shakespearienne. Nous devrions savoir aussi que tout ce qui est humain est bipolarisé selon des notions en apparence antinomiques : Homo est à la fois sapiens et demens, faber et mythologicus, economicus mû par l’intérêt et ludens mû par le jeu et la gratuité. Sa raison peut se mettre au service de sa folie comme dans la guerre et le génocide…L’humain est un être instable et versatile, vivant de contradictions, capable du meilleur et du pire, devant contrôler sans cesse ses passions par sa raison, et réchauffer sans cesse sa raison par ses passions.

La politique de civilisation vise à ré-humaniser et à re-convivialiser nos existences. Elle vise à développer l’autonomie individuelle, la responsabilité, la liberté, et à lutter contre l’égoïsme. Cette politique de civilisation humaniserait les administrations, humaniserait les techniques, défendrait et développerait les convivialités et les solidarités. Elle serait une politique de la reconnaissance de la pleine humanité d’autrui. Il nous reste pourtant des principes d’espérance. Le premier est de miser sur l’improbable…L’espérance est dans l’improbable. Comme souvent dans les moments dramatiques de l’histoire, les grands événements salvateurs ont été inattendus. Le deuxième principe d’espérance se fonde sur les possibilités et la créativité de l’esprit humain. Le troisième principe d’espérance se fonde sur l’impossibilité de durer à l’infini pour tout système qui transformerai la société et les individus en machines.

La nouvelle politique humaniste de salut public est le grand projet qui peut réveiller les esprits accablés ou résignés. Ce n’est plus l’espérance apocalyptique de la lutte finale. C’est l’espérance courageuse de la lutte initiale : elle nécessite de restaurer une conception, une vision du monde, un savoir articulé, une éthique, une politique. Elle doit animer non seulement une résistance préliminaire contre les forces gigantesques de barbarie qui se déchaînent, mais aussi un projet de salut terrestre. Ceux qui relèveront le défi viendront de divers horizons, peu importe sous quelle étiquette. Ils seront les redresseurs de l’espérance.

LA PARENTHÈSE BOOMERS - Réconcilier les générations! de François DE CLOSETS - Fayard

Émetteur du verbatim: François C.

AVANT-PROPOS

Ils appartenaient à la génération de l’après-guerre, cette fameuse génération des boomers qui n’a connu ni guerre, ni épidémie, ni crise, a accumulé sur le dos de ses enfants une montagne de dettes et cinq années de retraite en plus, et a entraîné dans une interminable dégringolade la France glorieuse dont elle a hérité.

Un système de solidarité intergénérationnelle conçu pour la France de 1946 ne peut convenir à la France de 2050.

Ce nouveau tableau des générations se plaque sur une France aux multiples fractures, où toute différence devient source de victimisation, de discrimination et d’affrontement.

Première partie «GÉNÉRATION», VOUS AVEZ DIT GÉNÉRATION?

1. La ronde des générations

Chacun s’approprie sa génération en plaquant des stéréotypes sur les âges d’avant, d’aujourd’hui et d’après.

Je ne crois pas que le passage d’une France conquérante à une France démissionnaire qui intervient dans les années 1970-1980 était une fatalité. Il correspond bien davantage à une absence de volonté. Face à la perte de l’autorité politique, la conjoncture a pris les commandes.

(Mai 68) L’individu-roi remplace le Français… C’est bien une nouvelle génération qui s’impose et qui va entraîner le pays dans un irrésistible déclin. Une génération totalement libérale par sa revendication d’un individualisme sans limites, mais totalement socialiste par son exigence clientélaire d’un État omni-protecteur.

Les boomers se retrouvent à tous les niveaux de la société, dans toutes les positions, ils ont le même âge, mais surtout, ils partagent la même idéologie, celle de l’égoïsme, de l’hédonisme, du présentéisme. «Moi d’abord, ici et maintenant» et «après moi le déluge».

2. Du meilleur au pire

Pour faire face au réchauffement ou au vieillissement, il fallait se lancer dans des politiques nouvelles, audacieuses. Nous n’eûmes pas ce courage.

Le champion des années 1970, celui qui dominait l’Europe par son rayonnement, en est devenu l’homme inguérissable. La génération au pouvoir en France entre 1980 et 2020 a réussi l’exploit de ruiner le pays et de compromettre l’avenir de ses enfants.

De Gaulle avait mis les Français au service de la France, ses successeurs ont mis la France au service des Français… Cette génération «boomers», qui bascule aujourd’hui dans le grand âge, a hypothéqué l’avenir.

Deuxième partie LE RÈGNE DES BOOMERS

3. On a changé de république

Pour le meilleur ou pour le pire, les Français ne sont plus «raisonnables». Ils résonnent au son du tambour, ils ne raisonnent pas à quelques milliards d’euros près.

La Vème République s’était construite sur le primat de la France, elle va continuer, avec les mêmes institutions, sur le principe inverse, le primat des Français, un primat poussé jusqu’à l’autodestruction.

Les Français l’ont emporté sur la France. C’est l’intérêt individuel qui prévaut sur le bien commun, l’instant sur la durée, la génération en place sur les générations à venir. Les boomers ont troqué l’autorité contre le pouvoir, abandonnant les moyens de gouverner pour ne préserver que les privilèges.

4. La génération «Toujours plus!»

À l’opposé du toujours mieux, le toujours plus impose le quantitatif contre le qualitatif. Plus d’argent, mais aussi plus de vitesse, plus de temps libre, plus de droits, plus de privilèges.

En 2000, le revenu annuel d’un actif était encore de 2000 euros supérieur à celui d’un retraité. Aujourd’hui, c’est l’inverse… La génération boomers a géré dans l’instant, au mieux de ses intérêts, sans jamais intégrer le long terme dans ses calculs.

Si l’on prend le prix du mètre carré à Paris, il est multiplié par cinq entre 1995 et 2020, dans le même temps l’inflation n’a été que de 45%… Le marché de l’immobilier dans les grandes villes est devenu inaccessible pour les moins de 30 ans. Seuls 13% d’entre eux ont pu s’y risquer. L’inflation immobilière a enrichi une génération et exclu la suivante.

La France consacre déjà 14% de son PIB au paiement des retraites, loin devant l’Allemagne, 10,1%, le Danemark, 8,1% ou la Suède, 7,2%.

Les plus de 50 ans représentent 37% de la population et possèdent 68% du patrimoine… Le taux de pauvreté n’est que de 7% au-delà de la soixantaine, alors qu’il atteint 21% pour les moins de 30 ans.

5. La jeunesse corvéable

Le jeune non qualifié a devant lui des années de galère, enchaînant CDD, stages et contrats aidés avec des passages répétés au chômage, lorsqu’il se présente sur le marché du travail… Chacun porte son diplôme, ou son absence de diplôme, comme un code-barres qui le suit tout au long de son existence.

Nous avons mis sur pied un système dual avec un personnel qualifié, en CDI, très bien protégé, et un personnel non qualifié en situation précaire.

L’irrésistible montée du taux d’abstention prouve que les jeunes ne se reconnaissent plus dans la république, confisquée par une classe d’âge.

Pour supporter le poids des crises sanitaires comme des crises économiques, la mentalité des boomers conduit toujours à faire passer les seniors avant les juniors, à protéger le passé, quitte à offenser l’avenir.

6. La vie à crédit

L’endettement flambe dans tous les pays. Partout, la dépense est immédiate, les comptes remis à plus tard. Cet argent déversé à tout-va n’est ni gagné, ni gagé, rien que fabriqué. Autant dire que c’est de la fausse monnaie.

La droite avait eu le déficit honteux, la gauche aura le déficit glorieux, non pas caché mais proclamé.

Le crédit n’accompagne pas la politique, il la remplace. Tout problème trouve sa solution dans une facture. C’est l’outil de la procrastination. Il suffit de mettre de l’argent, ce qui est toujours agréable, pour différer la solution, qui est toujours désagréable. Notre endettement n’a servi qu’à financer le statu quo, à payer l’absence de réformes.

Depuis un demi-siècle, le pouvoir n’est plus en état de tenir le présent pour assurer l’avenir. Cet «après moi le déluge» se retrouve à droite comme à gauche. Il s’agit bien d’un phénomène de génération et pas de parti. Le crédit correspond parfaitement à l’hédonisme des boomers, à la perte d’autorité de l’État, au remplacement du citoyen par le client.

La France perd toutes ses usines et se désindustrialise comme aucun autre pays européen. Soit dit en langage clair: la France des boomers ne sait plus produire, car elle ne sait plus travailler.

La grande misère du service public… Toute difficulté prend une forme monétaire et toute facture devient légitime et doit être payée. L’euphorie financière interdit tout recours à une quelconque limite budgétaire. Quant à lier l’accroissement des budgets à des réformes radicales, on n’y pense même pas… Le secteur public coûte en France plus cher que dans les pays voisins, les agents sont plus nombreux, les budgets plus élevés et les services rendus médiocres… Tel est le bilan de l’ordre syndicalo-bureaucratique qui résiste depuis cinquante ans à toutes les tentatives de modernisation.

La France euphorique de la fin 2021 est une gigantesque salle de shoot où les descendants des boomers s’injectent par doses massives la drogue du crédit… Avec la crise sanitaire et le «quoi qu’il en coûte», les Français se sont totalement libérés des contraintes financières. Ils vivent dans un monde où l’argent n’est plus le problème mais la solution.

7. Le chacun pour soi

La politique pouvait d’autant moins prospérer à l’ombre des boomers qu’elle devait s’accommoder de l’indifférence française pour le militantisme. Depuis 1980, le pourcentage des Français qui adhèrent à un parti politique varie entre 2 et 3% de la population.

La génération boomer est tout entière au service de l’individu, de l’instant et de l’émotion, elle pratique le «moi d’abord» et le «maintenant, tout de suite», repoussant à plus tard le collectif comme l’avenir, la fraternité ou la raison.

La France post-68, la France des boomers, est donc malade d’individualisme, malade de n’être plus qu’une collection d’individus les uns à côté des autres et non plus un rassemblement de citoyens solidaires formant une société.

Ainsi en arrive-t-on à cumuler les inconvénients de la social-démocratie -avec une bureaucratie étouffante et des prélèvements accablants- et de l’ultralibéralisme -avec une société qui se défait, se déchire, s’archipélise, et des corporations qui se sentent dévalorisées. Nous payons comme des Scandinaves pour être servis comme des Américains. À ce double jeu, la démocratie n’a cessé de régresser dans les esprits.

Les boomers, eux, ont mis en place un État-providence d’une générosité sans pareille, qui offre tout sans rien imposer. C’est la politique sans peine qui, en une quarantaine d’années, a épuisé la partitocratie.

La République française est en morceaux et l’on risque de chercher longtemps un homme non pas providentiel, mais nécessaire, ou un parti pour la reconstruire.

8. Les enfants gâtés de l’histoire

Notre histoire contemporaine est marquée par la rupture des années 1970. Celle qui nous a fait basculer des Trente Glorieuses aux Trente Piteuses dont nous ne sommes toujours pas sortis.

Les Français accepteront-ils de supporter le prix de leur engagement contre Poutine? Une telle attitude représenterait une rupture avec la mentalité des boomers, qui exige de l’État-providence une protection universelle contre tous les aléas, toutes les fluctuations, tous les drames imaginables et, surtout, inimaginables.

Pour réconcilier ce cadre lumineux (beauté de la France) et cette humeur sombre (patrie de la rouspétance, du pinaillage, du mécontentement, du dénigrement, des affrontements, des troubles sociaux), l’étranger conclut que la France est habitée par des enfants gâtés. «Vivre au paradis et se croire en enfer», c’est, me semble-t-il, un trait de caractère unanimement reconnu aux Français, c’est lui qui va façonner la régression nationale.

Les Français ont compris que la parenthèse enchantée est terminée, que cinq crises majeures -sanitaire, militaire, financière, démographique et écologique- s’abattent ou s’abattront sur nous, mais ils entendent toujours que leurs sacro-saints droits acquis soient préservés.

Troisième partie LE TEMPS DE LA LONGÉVITÉ

9. Le système générationnel

L’accumulation des dettes, la perte de la cohésion sociale, le recul économique, l’appauvrissement des Français, le délabrement de la République et même la gérontocratie qui les opprime inquiètent moins les jeunes générations que le réchauffement climatique, la multiplication des calamités naturelles, la montée des océans, la perte de la biodiversité, l’épuisement des ressources, etc.

Aucun État, aucune organisation n’est à la mesure du planéto-désastre que nous voyons se mettre en place. Nul ne pourra donner quitus aux générations qui ont ainsi naufragé l’avenir de leurs enfants.

Nous arrivons à une nouvelle phase de la révolution démographique qui va subvertir notre organisation sociale.

Le principe, pour faire simple, c’est la conservation des droits acquis, un principe sacro-saint en France. On ne remet pas en cause les avantages reconnus à une quelconque catégorie, car les avantages se transforment en droits irréversibles. Mais que faire lorsque des changements obligent à modifier une situation devenue intenable?

Car le conservatisme construit une lecture pieuse du statu quo… C’est toujours la même procrastination face aux réformes indispensables, la même fuite en avant dans le déficit et l’endettement, la même spoliation des jeunes par ceux qui tiennent le pays.

En 2016, le nombre des plus de 60 ans a, pour la première fois en France et de façon définitive, dépassé celui des moins de 20 ans.

10. Le désordre des générations

Nous voilà donc potentiellement avec cinq générations (enfance, adolescence, âge adulte, senior, vieillard) qui ne se superposent pas, mais cohabitent, s’imbriquent, s’entremêlent et nouent de multiples relations d’interdépendance.

Dans le système qui s’est mis en place sans avoir été ni pensé, ni préparé, nous réussissons à combiner le jeunisme et l’âgisme, à maltraiter une jeunesse que nous survalorisons, à dévaloriser une vieillesse qui nous commande, à laisser les plus jeunes s’enfoncer dans la pauvreté, tandis que les plus âgés s’enrichissent sans rien faire.

Le boomer devenu quinquagénaire sait que l’entreprise commence le décompte des années. Trop vieux pour le travail, trop jeune pour la retraite, il s’est préparé une fin de vie professionnelle incertaine et une reconversion difficile.

11. Les deux âges de la retraite

Deux populations totalement différentes, tant pour les individus que pour la collectivité. D’une part, les seniors qui ont entre 60 et 75 ans ; d’autre part, le grand âge, qui peut aller jusqu’à 100 ans et plus… Le quatrième et le cinquième âge sont aussi dissemblables que l’enfance et l’âge adulte.

Les plus de 75 ans n’étaient que 3,4% de la population française en 1945, ils sont aujourd’hui 9,5%, ils seront 11% en 2025… À l’inverse, les moins de 20 ans, qui étaient 30% à la Libération, ne seront plus que 23,5% en 2025.

La première vie, de 60 à 75 ans, offre des années en mieux, des années en pleine santé ; la seconde n’offre que des années en plus, pas les meilleures, qui s’accompagnent d’une dégradation inéluctable de notre condition physique et intellectuelle.

La génération du court-termisme n’a pas vu plus loin que la case senior. Elle a repoussé devant elle ce cinquième âge -la falaise grise- qui l’attend et qui fait peur à tout le monde… Les «anciens» forment une population en perte d’autonomie sur laquelle tombent toutes les misères du grand âge, déficit de mobilité, multi-pathologies, état de dépendance, démence sénile, etc… une population qui exige une prise en charge moderne, selon les critères de sa génération.

Aujourd’hui, les plus de 65 ans représentent 20% de la population. Le vieillissement va porter cette population à 24,5% en 2030 et 27% en 2040… On estime aujourd’hui à 2,5 millions les personnes ayant besoin d’une assistance continue, mais la suite est connue: 3 millions en 2027 et 4 millions en 2050.

12. La génération dépendante

C’est donc le grand âge qui va envahir notre société dans les vingt prochaines années. La progression des seniors ne sera que de 20%, en revanche celle des octo-nonagénaires atteindra 70%. Quant au nombre de centenaires, il augmentera de 314%!

À la naissance, le Suédois, le champion de la bonne santé, peut compter sur 72 années avant de devenir vieux. Le capital du Français n’est que de 63 ans. Dix années de moins. La santé, ça se mérite ; son prix s’appelle la prévention.

La gériatrie distingue trois façons d’être vieux: Le mode «robuste et usuel», qui représente la moitié de la population âgée, ne correspond à aucune altération significative des grandes fonctions vitales. Le «vieillissement fragile». Les statistiques indiquent qu’en France, parmi les plus de 65 ans, 30% sont pré-fragiles et 15% fragiles. La dépendance, troisième stade du vieillissement. Il concerne environ 10% des personnes âgées et correspond à des pathologies sévères, évolutives, génératrices de handicaps.

À 90%, les gens souhaitent rester à leur domicile le plus longtemps possible et, rappelons-le, même en ayant besoin d’une assistance médicale.

13. Une longévité solidaire

La maîtrise du grand âge n’a rien à voir avec celle de la période 60-75 ans, elle ne peut se résoudre en faisant payer la génération suivante… La solution est à chercher dans de nouvelles solidarités.

La société se trouve donc contrainte par cette vie prolongée de dépasser l’individualisme égoïste du marché libéral pour retrouver un mode de fonctionnement plus solidaire.

Une stratégie qui consiste à financer en priorité des mesures de prévention de la perte d’autonomie est conduite dans quatre directions: la prévention de la perte d’autonomie par un suivi précoce et attentif, le traitement de la perte d’autonomie dans le but de rendre des aptitudes perdues, l’utilisation de technologies modernes pour suivre et assister la personne, et enfin une lutte obstinée contre l’isolement.

Le senior ne doit pas se mettre en retraite à 60 ans sans effectuer une activité sociale. Le bénévolat ne peut suffire. Ce service social doit s’effectuer au sein d’une organisation, qui fixe les règles, décide des affectations et vérifie la bonne exécution des tâches.

Tous les seniors seraient donc tenus de prendre une assurance dépendance qui subviendrait à leurs besoins en cas de perte d’autonomie. La prime serait évidemment proportionnée aux revenus, au patrimoine, ou aux deux.

Le «chacun pour soi» conduit au vieillissement dans la solitude de son logement ou à l’encasernement dans un Ehpad. La longévité ne peut qu’être solidaire, à l’opposé de l’esprit boomer. Telle est la révolution que nous impose notre évolution démographique.

Proposition LE CONSEIL DE PRÉVISION

Imaginer concrètement ce à quoi pourrait ressembler une fin de vie qui, l’âge venant, trouverait son équilibre entre le devoir de solidarité de tous vis-à-vis de chacun et les droits à la dignité et à l’indépendance de chacun vis-à-vis de tous.

Imaginer que chaque individu, homme ou femme, la cinquantaine venue, se voie inviter à un Conseil de prévision. Celui-ci servirait, comme son nom l’indique, à prévoir et préparer sa vieillesse, avec la perspective d’un service non pas militaire, mais social.

La première fonction de ce rendez-vous serait médicale ; il s’agirait tout simplement d’apprendre le vieillissement. La deuxième étape de ce Conseil de prévision serait assurantielle. Le ou la quinquagénaire aurait à faire le choix d’une «assurance dépendance». Le troisième temps serait professionnel, permettant à chacun de choisir son mode de vie pour ses dernières décennies. Le quatrième rendez-vous de ce Conseil de prévision serait patrimonial. Chacun aurait à sa disposition un conseiller financier pour l’éclairer sur la gestion de son patrimoine.

Conclusion LIBRES TOUS ENSEMBLE

La révolution de la longévité sera celle d’une liberté collective et d’un ordre social exigeant.

Dans tous les domaines, pour faire face aux crises qui s’annoncent, les libertés excessives de l’ère boomer devront être réduites. Qu’il s’agisse d’arrêter la machine infernale climatique, de remettre nos finances en ordre ou de construire la société du vieillissement, il faudra reconsidérer cette primauté de l’individu, revenir au collectif.

Notre passage de la liberté abstraite, souveraine et inaltérable à la liberté en situation, relative et responsable, ne fait que commencer.

Le pire du meilleur est devant nous.

Quarante ans plus tard, l’insatisfaction est générale, la République en panne, sans même prendre en compte le péril mortel de l’hyper-endettement. Le refus des contraintes est tel que même la vie à crédit semble insupportable. La liberté n’a pas été celle de l’engagement qui se met au service du bien commun et de ses valeurs, mais celle qui oppose le «moi d’abord» au «tous ensemble». Or la démocratie ne peut se construire sur l’addition de refus, sur la juxtaposition d’égoïsmes.

Dans ce monde impitoyable, une liberté ne saurait être vide de contenu. Elle ne peut miser sur l’égoïsme individuel et le nihilisme collectif. Il faut, tout au contraire, retrouver le civisme et le sens du bien commun. Les boomers les ont oubliés, leurs héritiers ne s’en souviennent plus. Mais avec des maîtres comme le réchauffement climatique, le vieillissement, l’endettement, les pandémies et, sait-on jamais, la guerre, nous ne pourrons plus ignorer que la liberté n’est pas un droit, qu’elle n’est pas donnée. Elle est en construction, elle a un coût. Elle se mérite.

*

Les livres de la rencontre du Samedi 11 juin avec Camille Jedel, Séverine Mikan et Laëticia Tran

Nous retrouverons Camille Jedel, Séverine Mikan et Laëtitia Tran le Samedi 11 Juin ! Voici les livres qu’elles nous présenteront et que vous pourrez faire dédicacer!

Faux départ t.1 : Blois sous la pluieFaux départ t1. Blois sous la pluie par Laëticia Tran

Mathieu est un jeune Parisien à qui tout réussissait. Mais sa vie toute tracée prend un autre tournant quand, pour couper les liens avec sa ville natale, il accepte un poste de professeur de littérature dans un lycée de la ville de Blois. À peine arrivé, il fait la connaissance de Mateo, étudiant en coiffure surdoué à l’enthousiasme rafraîchissant.

Par une suite d’heureux hasards, les deux hommes se rapprochent et, bientôt, malgré leurs différences, ne peuvent plus nier leur complicité naissante… Mais les averses ne sont jamais loin : entre likes Instagram, poids du passé et traditions conservatrices, Mathieu et Mateo arriveront-ils à accepter et dépasser leurs peurs pour construire ensemble une histoire qui leur ressemble ?

Blois sous la pluie est un récit sur l’acceptation de ses peurs et de soi-même. Il aborde des thèmes actuels comme l’anxiété, les clichés dans la communauté LGBT, la différence d’âge, de maturité ou encore d’origine dans les relations, ainsi que l’influence des institutions comme la famille, la religion ou le mariage.

Ce qu’il se passe à l’intérieur par Laëticia Tran

17 mars 2020. La France entre en confinement afin de lutter contre l’épidémie de COVID-19. Timéo et David, à peine séparés après trois ans de vie commune, se voient forcés de passer leurs journées ensemble, coincés dans leur petit appartement parisien.

Confronté à l’apparente décontraction de David face à la situation, Timéo, d’un naturel anxieux, a du mal à trouver sa place. Alors que les deux hommes communiquent difficilement, les vieux ressentiments se mêlent aux problèmes professionnels et familiaux. Pourtant, cette proximité pourrait-elle leur être salutaire ?

Dans ce moment hors du temps, Timéo et David devront trouver au fond d’eux-mêmes ce qu’ils désirent réellement pour réparer leurs blessures et se montrer enfin tels qu’ils sont. 

Fragments d’éternité, t4, Londres 1946 par Séverine Mikan

La guerre vient de s’achever. Londres respire enfin. La ville, encore couverte de cendre, s’ébroue comme si le temps reprenait son souffle. Benjamin écoute.

Dans l’air flotte une rime qu’il connaît, peut-être bien tout un poème, celui des premières amours et des coups de folie, de la jeunesse qui swingue et qui croit en l’avenir.

C’était hier, et pourtant… Si le destin lui redonnait une chance ? Si, en cet instant suspendu entre passé et présent, celui qu’il a aimé passionnément lui était rendu ?

Les deux royaumes t2. Deux âmes liées par Camille Jedel

Seul, Damon doit faire face non seulement à la vie qui grandit en lui, mais aussi à la disparition progressive de ses pouvoirs. Peu à peu, son lien si précieux avec la forêt s’effrite, le laissant aussi désemparé que terrifié.

Adrias, quant à lui, est pris dans la tourmente d’une guerre qui menace tout ce pour quoi il s’est battu. Une seule pensée le gouverne : y mettre fin, car ce n’est qu’une fois la paix retrouvée qu’il pourra rejoindre son aimé.

Mais quand la folie de la guerre s’empare des Hommes, nul n’est à l’abri.