A Livr'Ouvert

171b bd Voltaire, 75011 Paris Latitute/longitude: 46.75984 1.738281

Tél: 09.52.65.38.67

lundi au samedi 10h à 19h

Mail: contact@alivrouvert.fr

Vos recommandations...

Sentences et proverbes de la sagesse chinoise de Bernard Ducourant - Ed. Albin Michel

Sentences et proverbes de la sagesse chinoise

De la destinée humaine

Rien n’abrège la vie comme les pas perdus, les paroles oiseuses et les pensées inutiles. (Proverbe)

Celui qui a une juste idée de la providence ne se tient pas au pied d’un mur qui menace ruine. (Mong-Tseu)

 De la condition humaine 

 Les jolies filles ne sont pas toujours heureuses et les garçons intelligents rarement beaux. (Proverbe)

 De la mort et de l’au-delà

J’ai soin de bien vivre afin de bien mourir. (Tchouang-Tseu)

De la nature humaine

 Non seulement le corps a sa cécité et sa surdité, mais aussi l’intelligence. (Tchouang-Tseu)

 Le grand défaut des hommes, c’est d’abandonner leurs propres champs pour aller ôter l’ivraie de ceux des autres. (Mong-Tseu)

 Le chemin du devoir est toujours proche ; mais l’homme le cherche loin de lui. (Proverbe)

 L’homme de bien et l’homme de peu

 Les bons conseils pénètrent jusqu’au cœur du sage ; ils ne font que traverser l’oreille des méchants. (Proverbe)

 L’homme de bien se révèle dans les grandes occasions ; l’homme de peu ne s’accomplira jamais que dans des petites tâches. (Confucius)

 L’homme de bien ne demande rien qu’à lui-même ; l’homme de peu demande tout aux autres.

 La sottise

Des passions humaines

 Celui qui vit au gré de ses désirs, devient de jour en jour plus faible. (Proverbe)

 Lorsque le ciel envoie des malheurs, on peut s’en garantir ; mais nul ne saurait échapper aux maux qu’il s’attire lui-même.

 Savoir où est le bien et s’en détourner, il n’y a pire lâcheté. (Confucius)

 L’ambition

 Qui ouvre son cœur à l’ambition la ferme au repos. (Proverbe)

 Vertu minime et situation éminente ; petit savoir et grande ambition ; peu de force et grave responsabilité : il est rare qu’il n’en soit pas ainsi. (Confucius)

 L’avidité

 L’envie – La convoitise

 Ce qui est acquis par des voies injustes, on le perdra par des voies injustes. (Confucius)

 La médisance

 Une bonne parole n’est pas facile à dire ; une mauvaise échappe aisément. Une fois lâchée, elle part au triple galop et ne revient que difficilement. (Proverbe)

 La flatterie

 L’hypocrisie – La dissimulation

 Les paroles sincères manquent souvent d’élégance ; les paroles élégantes sont rarement sincères. (Lao-Tseu)

 Le mensonge

 Lhomme de peu colore toujours de belles apparences les fautes qu’il a commises. (Confucius)

 La colère – La violence

 Une année de querelle : dix ans de rancune. (Proverbe)

 L’orgueil – L’arrogance

 Celui qui se complait et se repose en sa vertu, perd sa vertu. Celui qui se glorifie orgueilleusement de ses talents, les rend inutiles. (Choi-King)

 L’égoïsme

 C’est s’aimer bien peu que de haïr quelqu’un ; mais c’est haïr tout le monde que de n’aimer que soi. (Proverbe)

 La curiosité – L’indiscrétion

 On ne soulève pas des immondices sans rester longtemps imprégné de leur odeur fétide. (Proverbe)

 De l’argent

 Le gain s’opère avec la lenteur de celui qui remue la terre avec une aiguille ; la dépense va vite comme l’eau qui coule dans le sable. (Proverbe)

 L’or n’appartient pas à l’avare ; c’est l’avare qui appartient à son or. (Proverbe)

 La richesse et la pauvreté

 Le riche songe à l’année future, le pauvre au jour présent. (Proverbe)

 Rien ne manque aux funérailles des riches, que des gens qui les regrettent. (Proverbe)

 La ruine

 Quand l’homme est au fond du puits, on lui jette des pierres. (Proverbe)

 Du commerce et des affaires

 Il est aisé d’ouvrir une boutique, mais plus difficile de la tenir ouverte. (Proverbe)

 Les honneurs et la célébrité

 Il en est des poètes des peintres et des musiciens comme des champignons : pour un de bon, dix mille de mauvais. (Proverbe)

 La vaine gloire a des fleurs et n’a point de fruits. (Proverbe)

De l’amour

 L’esprit a beau faire plus de chemin que le cœur, il ne va jamais aussi loin. (Proverbe)

 Je n’ai encore vu personne qui aimât autant la vertu que l’on aime la beauté du corps. (Confucius)

 Qui aime n’aura jamais peur des cheveux blancs. (Kouo Yu)

 Le vice empoisonne l’amour, la tendresse le double. (Proverbe)

 De la femme

 La langue des femmes est leur épée ; elle ne la laisse jamais rouiller. (Proverbe)

 La grâce et la beauté sont bien peu de choses lorsqu’elles ne sont qu’extérieures. (Le Yi-King)

 La guerre des sexes

 Lorsque naît un fils, le père prie pour qu’il ait le courage du lion, tout en redoutant qu’il ressemble à une souris ; quand c’est une fille, il lui souhaite d’être une souris, non sans redouter qu’elle se transforme en tigresse. (Nu-Chien)

 Du mariage

 Quand on achète une maison, on regarde les poutres ; quand on prend une femme, il faut regarder la mère. (Proverbe)

 Le mariage est comme une place assiégée : ceux qui sont dehors veulent y entrer, et ceux qui sont dedans veulent en sortir. (Proverbe)

L’étude et la connaissance

 Des enfants et de leur éducation

 Si tu aimes ton fils, corrige-le ; si tu ne l’aimes pas, donne-lui des sucreries. (Proverbe)

 De l’étude

 L’étude est une épouse aussi belle que le jade. (Proverbe)

 L’enseignement qui n’entre que dans les yeux et les oreilles ressemble à un repas pris en rêve. (Proverbe)

 De la connaissance

 L’ignorance est la nuit de l’esprit, et cette nuit n’a ni lune ni étoiles. (Proverbe)

 La connaissance est le début de l’action ; l’action l’accomplissement de la connaissance. (Wang-Yang-Ming)

 De la connaissance de soi

 Ce n’est qu’avec les yeux des autres que l’on peut bien voir ses défauts. (Proverbe)

 Savoir ce qu’on a reçu du ciel, et ce qu’on doit y ajouter de soi, voilà l’apogée. (Tchouang-Tseu)

 La connaissance d’autrui

 Observez attentivement a conduite des gens, vous prévoirez leur avenir, leur malheur ou leur bonheur. (Lie-Tseu)

 L’apprentissage de la vie

 L’échec est le fondement de la réussite. (Lao-Tseu)

 Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour. (Confucius)

 L’écriture s’apprend aux dépens du papier ; la médecine s’apprend aux dépens des malades. (Proverbe)

De l’amitié

 Il y a trois sortes d’hommes avec lesquels il est utile de se lier d’amitié : les hommes droits, les hommes sincères et les hommes qui ont beaucoup appris. (Confucius)

 L’homme de bien est amical sans être familier ; l’homme de peu est familier sans être amical. (Confucius)

 Du bonheur

 La joie est en tout ; il faut savoir l’extraire. (Confucius)

 Le bien ne fait pas de bruit ; le bruit ne fait pas de bien. (Proverbe)

 Le bonheur vient de l’attention aux petites choses, et le malheur de la négligence des petites choses. (Liou-Hiang)

Des qualités de l’homme de bien

 L’homme de bien est droit et juste, mais non raide et inflexible ; il sait se plier, mais non se courber. (Confucius)

 Commettre une faute et ne pas s’en corriger, c’est là la vraie faute. (Confucius)

 Ce que nous manifestons (en bien comme en mal) trouve en dehors sa réponse. C’est pourquoi l’homme de bien est attentif à ce qui sort de lui. (Lie-Tseu)

 L’homme de bien se demande lui-même la cause de ses fautes ; l’homme de peu la demande aux autres. (Proverbe)

 Il faut être bien sage ou bien borné, pour ne jamais rien changer à ses pensées. (Proverbe)

 Aimer, et reconnaître les défauts de ceux que l’on aime ; haïr, et reconnaître les bonnes qualités de ceux que l’on haït, est chose bien rare sous le ciel. (Thseng-Tseu)

 Le sage a beau voyager, il ne change pas de demeure. (Proverbe)

 Le juste milieu

 Celui qui connaît sa force et garde sa faiblesse est la vallée de l’Empire. (Lao-Tseu)

 Pas trop d’isolement ; pas trop de relations ; le juste milieu, voilà la sagesse. (Confucius)

 Un homme de bien apprend dix choses et en croit une ; un homme complaisant apprend une chose et en croit dix. (Proverbe)

 La sincérité – La loyauté

 Cent « non » font moins de mal qu’un « oui » jamais tenu. (Proverbe)

 Si vous employez un homme, il ne faut pas douter de lui ; si vous doutez de lui, il ne faut pas l’employer. (Proverbe)

 Le calme et la bienveillance

 L’homme de bien est sévère avec lui-même et bienveillant avec autrui. (Confucius)

 Cultiver les sciences et ne pas aimer les hommes, c’est allumer un flambeau et fermer les yeux. (Proverbe)

 La bonté et le respect d’autrui

 Les nobles peuvent se vanter de leur noblesse ; je les considère tous comme poussière. Les pauvres gens ont beau se mépriser eux-mêmes : je les estime autant que mille livres d’or. (Tso-Tseu)

 La simplicité – La tranquillité

 Ne vous affligez pas de n’être connu de personne, mais travaillez à vous rendre digne d’être connu. (Confucius)

 Celui qui a plus de mérite que de réputation est vraiment louable ; celui qui a plus de réputation que de mérite a lieu de rougir. (Confucius)

 La patience

 A qui sait attendre, le temps ouvre les portes. (Proverbe)

 Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient satin. (Proverbe)

 La générosité – La charité

 Plus le sage donne aux autres, plus il a pour lui-même. (Lao-Tseu)

 L’organisation – La méthode

 Sans dessein, rien ne mène à rien. (Le Yi-King)

 En toute chose, il faut soigner le commencement et penser d’avance à la fin. (Proverbe)

 Quand la racine est profonde, pourquoi craindre le vent ? (Proverbe)

 Presse-toi de faire vite ce qui ne presse pas, afin de pouvoir faire lentement ce qui presse. (Proverbe)

 Trop de cuisiniers gâtent la sauce. (Proverbe)

 A quoi bon jouer du luth en présence d’un âne ? (Proverbe)

 La détermination – L’action

 Le bavardage est l’écume de l’eau ; l’action est une goutte d’or. (Proverbe)

 Parler ne fait pas cuire le riz. (Proverbe)

 Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps. (Proverbe)

 La volonté

 Quand la route est longue, on connaît la force du cheval ; quand une affaire est longue, on connaît la volonté d’un homme. (Proverbe)

 Un voyage de mille lieues a commencé par un pas. (Lao-Tseu)

 Mieux vaut être endurant que conciliant. (Proverbe)

 Le sang-froid – La maîtrise de soi

 Qui est esclave de ses désirs ne peut en même temps rester maître de lui. (Confucius)

 Le malheur n’entre guère que par la porte qu’on lui a ouverte. (Proverbe)

 Ne va pas au-delà de ce que tu as prémédité ; imite le laboureur qui ne dépasse pas les limites de son champ. (Commentaires sur le Tchouen-Ts’ieou)

 Le plus grand conquérant est celui qui sait vaincre sans bataille. (Lao-Tseu)

 La circonspection – La prudence

 J’ai vu des hommes périr en marchant dans l’eau ou dans le feu ; je n’ai jamais vu personne périr en marchant dans la voie du bien. (Confucius)

 Stratégie vaut toujours mieux que témérité. (Confucius)

 Écoute avec ton esprit plutôt qu’avec tes oreilles. (Confucius)

 Un écart grand comme l’épaisseur d’un cheveu finit par conduire à mille stades loin du vrai chemin. (Le Li-Ki)

 Une seule fente peut couler un bateau. (Proverbe)

 La prévoyance

 Ce ne sont pas les mauvaises herbes qui étouffent le grain, c’est la négligence du cultivateur. (Proverbe)

 Si vous devez parcourir dix lieues, songez que la neuvième marquera la moitié du chemin. (Proverbe)

 La persévérance

 Qui veut gravir une montagne commence par le bas. (Confucius)

 Celui qui a déplacé la montagne, c’est celui qui a commencé à enlever les petites pierres. (Proverbe)

La vie en société

L’art et la manière de conduire les hommes

Union sans chef, il faut craindre le pire. (Le Yi-King)

Quand il y a sept timoniers sur huit marins, le navire sombre. (Proverbe)

La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l’engrais. (Mao-Tsé-Toung)

L’exercice du pouvoir

Aimer ce que le peuple aime et avoir en aversion ce qu’il a en aversion, cela s’appelle être le père du peuple. (Confucius)

Tel empereur, telle cour. (Proverbe)

Il est facile de recruter mille soldats, mais il est difficile de trouver un bon général. (Proverbe)

La justice

<p<Il y a une sanction pour le bien et pour le mal ; si elle tarde, c’est que l’heure n’est pas venue. (Proverbe)

Le partage

Si le prix des grains est très élevé, les pauvres sont malheureux ; s’il est très bas, les laboureurs souffrent préjudice. (Ts’ien-Han-Tchou)

Troubles et conflits

Le prince qui perd l’affection de son peuple, perd son peuple. (Confucius)

Il suffit d’un morceau de viande corrompue pour gâter le bouillon de toute une marmite. (Proverbe)

 *

Émetteur du verbatim : François C

Ces entrepreneurs Made in France - Portraits et secrets de réussite de 15 talents tricolores de Patricia Salentey - Ed. Alisio 2018

Ces entrepreneurs Made in France ; portraits et secrets de réussite de 15 talents tricolores devenus grandsCe qui les motive, c’est visiblement une passion commune pour le « faire », une obsession diront certains, et une détermination à refuser les regrets et à gagner leur indépendance…Tous expriment haut et fort aussi le plaisir qu’ils éprouvent dans leur action au quotidien et qui leur donne envie d’avancer.

Le moteur est le même pour tous : la croissance. Parce que la croissance est synonyme de moyens décuplés, de création de valeur et…d’emplois.

Il s’agit pour chacun d’une lutte au quotidien, d’un marathon où rien n’est jamais définitivement gagné. Un univers de challenges, où le mot échec n’est jamais synonyme d’impasse mais de droit à l’essai : un aiguillon nécessaire pour apprendre et rebondir, afin d’aller plus loin.

Rodolphe CARLE - BABILOU : Deux hommes et un couffin

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Commencer chaque journée comme si c’était le premier jour. Rien n’est jamais gagné, c’est toujours un challenge personnel, il faut être humble. »
  2. La décision clé : « Etre intransigeant sur le maintien du contrôle du capital. Nous avons été tentés plusieurs fois par des offres alléchantes de partenariat, moyennant la perte de contrôle. Or il n’en est pas question. »
  3. Son conseil : « Avoir une vision de leader mondial. Il faut rêver grand quand on commence sa boîte. L’ambition, ça change tout le quotidien, ça détermine beaucoup de choses. »
  4. Sa fierté : « Le témoignage d’une maman contente…C’est toujours magique et mille fois plus satisfaisant que les chiffres de croissance. »
Frédéric MAZZELLA - BLABLACAR : Le petit génie de la French Tech

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Le plaisir d’apprendre. J’adore cette citation de Galilée qui dit : « Je n’ai jamais rencontré d’homme si ignorant qu’il n’eut quelque chose à m’apprendre. » Cela implique l’ouverture aux choses et aux gens. »
  2. La décision clé : « La première fois où j’ai appris à me déraciner et quitté la Vendée. Quand on ose se mettre en danger, on se prouve qu’on est capable de tout changer. Ensuite, on a moins d’appréhension. Il faut s’écouter et suivre son intuition, c’est comme cela qu’on avance. »
  3. Son conseil : « Créer un produit qu’on utilise soi-même. Chez Blablacar, on dit Think it, build it, use it ». C’est extrêmement moteur et positif d’être à la fois concepteur et client de son offre. On fait progresser plus vite son produit, et c’est plus efficace que les faux tests. »
  4. Sa fierté : « Un jour j’étais à la terrasse d’un café. Deux jeunes de 20 ans à côté de moi expliquaient : « C’est un truc de fou, on arrive de Bruxelles et on a payé 20 euros. Regarde ça… » et de faire la démonstration de notre appli à leurs deux autres copains. Je buvais du petit lait. Je ne les connaissais pas, ils s’étaient approprié BlaBlaCar, ils l’expliquaient et le vendaient ! »
Laetitia GAZEL ANTHOINE - CONNECTHINGS :Connecte votre téléphone mobile aux bornes urbaines mises à jour en temps réel, via des puces, Bluetooth, Wifi ou des QR codes

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « La détermination. Et voir grand, ne jamais se limiter, être ambitieux. »
  2. La décision clé : « En 2015, quand nous sommes passés d’un modèle de fournisseur de solutions à un modèle de mise à disposition pour les applications de notre connaissance de l’espace public. »
  3. Son conseil : « Se lancer, ne pas attendre que tout soit fixé dans les détails, car on rencontre toujours des obstacles, et savoir s’adapter aux marchés. »
  4. Sa fierté : « L’équipe qui fonctionne bien, qui est autonome. Et chaque signature de grand contrat. »
 

Jean-Baptiste RUDELLE - CRITEO : L’un des leaders mondiaux des technologies de publicité en ligne

Stanislas NIOX-CHATEAU - DOCTOLIB : Leader du marché français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne

Anne-Laure CONSTANZA - ENVIE DE FRAISE : Marque de prêt-à-porter pour femmes enceintes

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Le produit et le positionnement.»
  2. La décision clé : « Créer la marque sur Internet et en faire le canal exclusif de distribution. »
  3. Son conseil : « Le seul combat perdu d’avance est celui qu’on ne livre pas. » « Cultivez la culture de l’audace et de l’optimisme. »
  4. Sa fierté : « Voir dans la rue des femmes enceintes porter nos créations. »
 

Pauline LAIGNEAU - GEMMYO : Des bijoux de qualité, moins chers, plus modernes que ceux des grandes maisons traditionnelles, vendus sur Internet à destination des millennials.

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : Notre association à trois. Nous sommes complémentaires, nous partageons une confiance absolue et la même vision à long terme. »
  2. La décision clé : « Marier la joaillerie et l’Internet. »
  3. Son conseil : « Moins parler, moins réfléchir, mais faire ! Il faut se forcer à ne pas trop penser mais d’abord essayer de réaliser le produit pour le vendre. »
  4. Sa fierté : « Quand les clients, des couples comme nous, adhèrent à notre vision et nous disent qu’ils ont préféré Gemmyo à une marque de la place Vendôme. »
Guillaume GIBAULT - LE SLIP FRANçAIS : Fier de ses dessous

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Le plaisir, qui recoupe l’envie, la joie de vivre, l’épanouissement. C’est ce qui fédère et qui emmène tout le monde, l’équipe et les clients. »
  2. La décision clé : « S’inscrire dans l’actualité lors de notre première campagne publicitaire avec le détournement du slogan électoral « Le changement, c’est maintenant. »
  3. Son conseil : « Etre différent, c’est là où se trouve la vraie création de valeur. »
  4. Sa fierté : « Nous fabriquons tout en France, nous sommes rentables et en plus nos salariés sont heureux : impossible n’est pas Slip Français ! »
Céline LAZORTHES - LEETCHI : Cagnotte en ligne

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Ma pugnacité. J’ai un caractère de battante. Et ça paye. »
  2. La décision clé : « La vente de mon entreprise. Une impression de sauter dans le vide. »
  3. Son conseil : « Foncer. Provoquer sa chance. C’est un parcours et une vie hors du commun. C’est extraordinaire. Dur mais très riche. »
  4. Sa fierté : « Avoir su s’entourer. Voir mes collaborateurs s’épanouir et grandir. »
Augustin PALUEL-MARMONT - MICHEL et AUGUSTIN : « Trublions du goût »

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « L’authenticité et une forme de bienveillance, mot malheureusement galvaudé. »
  2. La décision clé : « Partager cette aventure avec un ami. »
  3. Son conseil : « Réaliser et vivre ses passions. »
  4. Sa fierté : « La joie de construire cette aventure avec une communauté sympathique. »
Yseulis COSTES - 1000MERCIS : La virtuose des données

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Savoir innover, inventer, avancer en permanence. »
  2. La décision clé : « L’introduction en Bourse, puis le départ aux Etats-Unis. »
  3. Son conseil : « Faire les choses avec passion et avec liberté. Et surtout, prendre plaisir tout au long de l’aventure. »
  4. Sa fierté : La qualité de l’équipe. Ensuite le bonheur de « faire » au quotidien. La valeur se crée dans l’exécution. Une bonne idée ne sert à rien si on ne l’applique pas correctement. »
Fany PECHIODAT - MY LITTLE PARIS : La comète du Net

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Avoir trouvé les bons associés. »
  2. La décision clé : « N’avoir pas levé de fonds. Avoir vendu. »
  3. Son conseil : « Capitalisez sur la posture d’outsider et adoptez ce qu’on appelle chez nous le Forrest Gump Way. C’est la naïveté qui mène à la créativité. L’expertise est l’ennemie de l’innovation, donc vous pouvez vous lancer sans complexe sur un marché que vous connaissez mal. »
  4. Sa fierté : Etre partie seule et avoir réuni 130 cerveaux autour de moi. »
Guillaume RICHARD - OUI CARE : Le roi des services

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Le jour où on décide d’être numéro un. Je n’ai jamais entendu un champion dire je suis arrivé là « par hasard ». Le talent ou la bonne idée, ce n’est pas suffisant. Avoir un objectif de long terme vous oblige à trouver les moyens financiers, humains, organisationnels. »
  2. La décision clé : « Avoir ouvert le capital tôt pour accélérer. Il ne faut surtout pas hésiter par peur de perdre le contrôle de son entreprise, car on peut toujours trouver des montages financiers pour reprendre la majorité du capital. »
  3. Son conseil : « Bien définir ce qu’on a envie de faire. On peut vouloir être auto-entrepreneur pour créer son job et assurer ses moyens de subsistance. On peut vouloir créer une TPE pour être le roi de son village, une PME ou une ETI pour être le roi de sa ville, de son département, ou une multinationale si on rêve de devenir le roi du monde. A l’entrepreneur d’adapter ensuite ses moyens à ses ambitions. »
  4. Sa fierté : « J’ai créé 17500 emplois. Nous avons réussi le pari de la quantité. Il faut maintenant réussir celui de la qualité. C’est tout l’objectif de « L’entreprise du possible », qui vise à permettre à tous les collaborateurs de réaliser leur potentiel professionnel. Avec déjà de belles réussites et de très belles évolutions. »
Octave KLABA - OVH : La tête dans les nuages

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « La construction du premier data center en 2004. Cela nous a permis de faire de la croissance sans se stresser. Sans se poser la question de savoir où nous allions mettre les serveurs les mois suivants. »
  2. La décision clé : « Créer l’entreprise à la fin de mes études alors que la question était : travailler pour gagner de l’argent ou se lancer sans argent ? »
  3. Son conseil : « Avoir des nerfs solides et être optimiste. Ne pas succomber aux émotions. L’entrepreneur est là pour trouver des solutions. »
  4. Sa fierté : « Les équipes, la force du collectif, les sourires, l’ambiance, la confiance dans l’avenir. »
Boris SARAGAGLIA - SPARTOO : Pointure du e-commerce

Recettes d’un succès

  1. Le facteur clé : « Maximiser le bon équilibre entre croissance, rentabilité et cash-flow. »
  2. La décision clé : « S’entourer : être plusieurs fondateurs, c’est essentiel. La complémentarité autant personnelle que professionnelle des associés a permis le succès. »
  3. Son conseil : « S’assurer qu’on a bien compris les attentes des clients : produits, qualité et prix. Puis mesurer régulièrement leur satisfaction. »
  4. Sa fierté : « En dix ans, avoir construit depuis la province française une société multiculturelle, présente à l’international. »
 Émetteur du verbatim : François C.

Les 100 000 familles - Plaidoyer pour l’entreprise familiale de Cyrille Chevrillon - Ed. Grasset 2015

https://images.epagine.fr/961/9782246853961_1_75.jpg La notion d’entreprise comme aventure collective, source d’épanouissement, de réalisation personnelle, lieu où s’expérimentent la solidarité, le travail en équipe, la création de richesses matérielles et intellectuelles, l’inventivité, l’action, la découverte, est rarement mise en avant.

La France a délaissé le capitalisme familial. Elle n’en a jamais fait un pilier de la création de richesses et d’emplois.

La France manque de capitalistes et de capitaux. L’absence de fonds de pension, l’étroitesse du marché financier pour les entreprises moyennes, le retrait des compagnies d’assurances de l’investissement dans les entreprises…font que les sources extérieures d’argent disponible pour investir dans les entreprises françaises manquent cruellement.

Les familles forment un socle pour l’industrie française avec cette combinaison unique entre goût de l’aventure et innovation, obsession du long terme et économie de moyens, proximité et qualité des relations humaines.

Un bon actionnaire est un actionnaire qui décide, qui choisit. L’Etat n’est pas toujours en mesure de le faire, car ses motivations en tant qu’investisseur sont multiples et pas toujours claires.

Sur 113 PME introduites en Bourse depuis 2008, environ la moitié d’entre elles ont accusé une baisse de leur cours depuis l‘introduction, dont certaines de plus de 90%. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, moins de 1% du financement des PME et des ETI provienne de la Bourse.

Le private equity est la deuxième source de financement en capital des entreprises après le marché, et concerne environ 5 000 entreprises.

243 grandes entreprises   5000 ETI   138 000 PME   3 millions de TPE

70% de ces quelque 143 000 ETI et PME sont à détention familiale

Près de 6 ETI sur 10 sont en transformation, actives sur le marché mondial et motrices dans l’innovation.

Leur enracinement dans un territoire et une histoire.

Les quatre C : Continuité (la pérennité de l’entreprise comme objectif permanent) ; Communauté (un management spécifique des ressources humaines) ; Connexion (des liens forts avec leur environnement local) ; Commandement (rapidité de décision, proximité avec les salariés, engagement affectif des actionnaires).

C’est dans ce souci permanent d’établir un équilibre entre la prise de risque et le long terme qu’il faut rechercher l’origine de l’efficacité des entreprises familiales.

« L’argent le plus facilement gagné est celui que l’on n’a pas dépensé. »

Intégrer dans ses organes de gouvernance des personnalités aux horizons et expériences divers.

L’Association des entreprises familiales allemandes : liberté, propriété, concurrence, responsabilité.

On dénonce d’un côté la complexité de nos lois et règlements, mais de l’autre, on n’a de cesse d’en rajouter d’autres qui finissent par faire de notre pays une immense construction bureaucratique, dont une bonne part des éléments constitutifs concerne…les entreprises.

 

*

Émetteur du verbatim : François C.

Le nouveau clivage de Jérôme Fourquet Editions du Cerf

https://images.epagine.fr/127/9782204127127_1_75.jpg Ces quatre scrutins (présidentielle autrichienne en mai 2016, référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne en juin 2016, présidentielle américaine en novembre 2016, élection présidentielle en France en mai 2017) ont donné à voir la montée en puissance d’un clivage puissant, qu’on pourrait résumer de façon schématique par les gagnants et les perdants de la mondialisation, ceux qui s’en accommodent et ceux qui la rejettent ou s’en inquiètent. Il est frappant de constater que les mêmes lignes de clivage sociologiques, géographiques et culturelles se retrouvent d’un pays à l’autre autour de cette opposition.

 

Partie I LES NOUVELLES LIGNES DE CLIVAGE SOCIOLOGIQUE

Ch 1 Front raw kids (les premiers de la classe) versus Back raw kids (les cancres du fond de la classe) : la fracture éducative

Cette corrélation renvoie tout d’abord au lien entre faible niveau de diplôme et emplois peu qualifiés, mal rémunérés et plus exposés à l’automatisation ou aux délocalisations. Le diplôme joue également sur la vision du monde de son détenteur, et lui permet d’être moins vulnérable aux bouleversements économiques. Dans une société en mouvement accéléré, la capacité d’adaptation et la possession d’un capital culturel deviennent des ressources majeures.

Le niveau de diplôme : une variable clé et structurante

Ch. 2 La classe ouvrière : le grand basculement

Marine Le Pen domine dans l’électorat ouvrier

L’évolution du vote des ouvriers en faveur du candidat FN au premier tour de la présidentielle (de 17% en 1988 à 39% en 2017).

Il n’y a pas aujourd’hui de contre-société frontiste dans le monde ouvrier comme il en existait une pour le PC. Pour autant, l’audience électorale et l’influence idéologique frontistes sont du même ordre de grandeur que celles qui firent la puissance du PC des années 1950 à la fin des années 1970 dans les milieux ouvriers.

Une domination du FN d’autant plus forte dans les segments les plus fragilisés du monde ouvrier

C’est dans les couches les moins diplômées du monde ouvrier et donc les plus vulnérables au chômage et à la concurrence étrangère que le discours de Marine le Pen a le plus « fait mouche ».

La fin du clivage générationnel

Segmentation proposée par Florent Gougou : la « génération héroïque » née dans les années 1920 ; la « génération de la modernisation » née après la guerre et dans les années 1950, aujourd’hui pour l’essentiel à la retraite ; suivent la « génération de la crise » (née entre le milieu des années 1960 et le début des années 1980) et la « génération de la mondialisation » (1983 à 2000).

Du fait du renouvellement générationnel, les strates les plus âgées et acquises à la gauche ont été remplacées par pluqieurs générations acquises au FN, car exposées aux délocalisations mais aussi à l’immigration, qui joue un rôle central dans la politisation de ces milieux populaires.

Des disparités selon les territoires

La majorité des ouvriers réside aujourd’hui en milieu rural ou dans des villes petites et moyennes.. 45% des ouvriers ruraux et 41% de ceux résidant dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants ont voté pour Marine Le Pen au premier tour de la Présidentielle de 2017.

Les « illettrées de Gad » (E. Macron) et « le panier des pitoyables » (H. Clinton) ou le ressort du mépris de classe

Le racisme de classe exprimé de façon plus ou moins ouverte ou involontaire de part et d’autre de l’Atlantique constitue un très puissant carburant du vote populiste. Et la réaction d’orgueil face à ce mépris social  est un ressort extrêmement profond sur lequel Marine Le Pen ou Donald Trump ont su jouer, servis en cela par l’attitude de leurs adversaires.

Ch. 3 Nomades versus sédentaires

On voit ainsi poindre un clivage entre ceux qui auraient un rapport maîtrisé et apaisé à la mobilité et ceux qui entretiendraient un rapport plus craintif et restreint ou contraint à la mobilité.

France sédentaire versus France mobile

44% de la population française a toujours vécu dans le même département ou la même région depuis sa naissance, quand la même proportion (46%) a vécu dans plusieurs départements ou régions différentes.

Tableau : le degré de mobilité résidentielle au cours de la vie selon l’âge, la catégorie socio-professionnelle et le niveau de diplôme.

Trois groupes se dessinent selon la trajectoire résidentielle qu’ont eue les individus au cours de leur vie. Un premier, les « sédentaires », a toujours vécu depuis sa naissance dans le même département ou la même région. A l’autre extrémité, une autre catégorie, les « nomades », est constituée par ceux qui ont résidé dans plusieurs départements et régions au cours de leur existence. Les membres de la troisième catégorie, nettement moins nombreux, seront qualifiés de « quasi sédentaires ».

Un survote pour le FN dans les populations les plus enracinées

La sédentarité amplifie le vote FN, notamment dans les catégories déjà les plus enclines à un tel vote

Les Français de l’étranger massivement acquis à Emmanuel Macron

Le soutien de ces Français expatriés illustre l’existence de ce clivage entre les bénéficiaires et les oubliés de la mondialisation.

 

Partie II UNE NOUVELLE GEOGRAPHIE ELECTORALE FAçONNEE PAR LA MONDIALISATION

Se dessinent ainsi, à différentes échelles, une ligne de clivage entre les espaces gagnants ou bénéficiant du modèle économique mondialisé et « tertiarisé » et les territoires victimes ou à l’écart des nouveaux flux économiques.

Ch. 1 Les métropoles et les territoires périphériques

Les milieux populaires, qui votent le plus massivement pour le FN, résident majoritairement à bonne distance du cœur des agglomérations en raison notamment du prix de l’immobilier. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles se concentrent dans les métropoles et leur première couronne…En raison de la hausse du marché de l’immobilier, phénomène que l’on observe dans toutes les métropoles mondialisées, cette distribution géographique de plus en plus marquée des classes sociales s’est considérablement renforcée ces dernières années.

Le fait d’être connecté à un réseau de transport ferré, très utilisé en Ile-de-France pour les trajets domicile-travail mais aussi pour les loisirs, joue un rôle important dans le fait de se sentir intégré ou au contraire à l’écart des opportunités offertes par la région-capitale.

Tableau : Le vote en faveur du Brexit dans certaines circonscriptions du Grand Londres : le « leave » gagne en intensité au fur et à mesure que l’on s’éloigne du cœur de la City.

Ch. 2 La logique centre/périphérie s’observe également au cœur des métropoles

La carte parisienne du vote Macron est le négatif quasi parfait du vote le Pen, la candidate frontiste réalisant ses moins mauvais scores sur le pourtour de la capitale et son plus faible niveau dans son cœur. L’opposition centre/périphérie entre ces deux votes se vérifie donc de manière emblématique à l’échelle des bureaux de vote parisiens.

Ch. 3 France de l’Ouest, France de l’Est : régions dynamiques versus territoires en difficulté

Le vote FN s’ancre dans les territoires les plus frappés par le chômage

Dans les catégories populaires comme parmi les cadres et les classes moyennes, plus le chômage est élevé dans le bassin d’emploi et plus la propension à voter Le Pen est forte et celle à voter Macron diminue.

Régions gagnantes et régions perdantes : quand l’histoire (et l’économie) inversent les rôles

Il est frappant de constater que l’opposition des deux France, celle soutenant Macron et celle soutenant Le Pen, renvoie précisément à des cartes qui montrent que la perception du degré de prospérité et de dynamisme économique de sa région par les populations locales a suivi des trajectoires radicalement opposées depuis une cinquantaine d’années. Alors qu’au début des années 1960, les habitants des régions industrielles du nord et de l’est se voyaient comme les habitants de zones industrielles essentielles à l’essor économique du pays, ils se perçoivent aujourd’hui comme les résidents de territoires « à la traîne ».

Ch. 4 Bassins industriels sinistrés versus clusters technologiques et foyers de la nouvelle économie

Donald Trump conquiert la Rust Belt

Ces différentes problématiques se conjuguent les unes aux autres et pourraient se résumer dans la crainte du déclin et dans la perte du statut des classes moyennes et laborieuses blanches sous l’effet de la désindustrialisation mais aussi de la place croissante occupée par les minorités, le déclassement de ce groupe faisant écho au sentiment de perte d’influence des Etats-Unis.

Poussée populiste dans les anciens bassins charbonniers

Tableau : le Brexit s’impose largement dans l’ancien bassin minier du Yorkshire.

Clusters, foyers de la nouvelle économie et villes universitaires à l’aise avec la mondialisation

Des territoires qui symbolisent le basculement vers l’économie numérique et du savoir. Il s’agit de grandes villes universitaires ou bien encore de ces « clusters », qui concentrent de la matiètre grise et des structures de recherche, mais aussi un tissu d’entreprises innovantes et des start-up. Dans ces lieux, la propension au vote populiste est nettement plus faible que la moyenne nationale voire régionale.

Ch. 5 Les enclaves aisées

Un net contraste entre certains littoraux et l’intérieur des terres

Même s’il y a des exceptions, les littoraux sont dans l’ensemble désirés. Le prix de l’immobilier augmente. Les locaux (ou les « natifs ») et notamment les plus jeunes d’entre eux n’ont souvent plus la possibilité de se loger et doivent, la mort dans l’âme, se replier vers l’arrière-pays. Ce choix résidentiel contraint génère un ressentiment et un sentiment de dépossession et de déclassement qui peut se traduire électoralement par une réaction de colère. Ils sont remplacés par des ménages plus aisés dont l’arrivée modifie en profondeur l’atmosphère locale.

La carte des prix de l’immobilier (telle que l’on peut la consulter par exemple sur un site comme meilleursagents.com) se superpose souvent parfaitement à celle du vote FN.

Cette césure entre les zones touristiques et résidentielles favorisées du littoral et les arrières pays s’observe également aux Etats-Unis.

Le vote FN s’arrête au pied du Mont-Saint-Michel

Dans tous les cas, les écarts de richesse et de dynamisme économique sont très marqués entre ces enclaves privilégiées et les espaces avoisinants.

Les stations de ski versus le fond des vallées

L’atmosphère et l’ambiance sont différentes à quelques kilomètres dans le fond des vallées…Ces communes des vallées qui étaient jadis privilégiées par leur situation géographique sont aujourd’hui bien moins favorisées que leurs voisines qui bénéficient de la rente de « l’or blanc ».

Les vignobles prestigieux versus les campagnes de moindre intérêt

Tableau : Le vote Macron décline au fur et à mesure que l’on s’éloigne du vignoble prestigieux de la Côte de Nuits et des Hautes Côtes de Nuits.

L’effet richesse

Plus la part de foyers fiscaux payant l’impôt sur le revenu est élévée et plus Macron a obtenu des résultats impressionnants.

Le Haut-Rhin : un cas d’école

Les failles apparues lors du référendum alsacien du 7 avril 2013 entre les territoires les plus fragilisés et les zones les plus dynamiques sont toujours présentes aujourd’hui et se manifestent à travers les effets (ville ; richesse ; frontalier) que nous avons identifiés.

 

Partie III IMMIGRATION, FRACTURES ETHNO-CULTURELLES ET RAPPORT A LA NATION

Ch. 1 La question de l’immigration polarise les électorats

Un ressort majeur du vote populiste

Alors que l’électorat frontiste était obnubilé par l’immigration clandestine, les soutiens d’Emmanuel Macron n’étaient que 18% (soit 74 points de moins que dans l’électorat frontiste) à indiquer que ce sujet avait joué un rôle déterminant dans leur vote, classant cet item à la dernière place de leurs préoccupations.

Le retour de la frontière

Alors que pendant plusieurs décennies, à la suite notamment du mur de Berlin, l’avenir de l’Europe s’écrivait et se pensait sur les ruines des frontières, concept obsolète et vestiges d’une période révolue, ces dernières ont fait leur retour en force…Dans le même temps, la concomitance de l’emballement des flux migratoires en Méditerranée et la montée en puissance du terrorisme islamiste transfrontière l’ont spectaculairement précipité.

Vote populiste et pression migratoire

La question migratoire s’avère un facteur déterminant du vote Front national.

Ch. 2 Le rapport à la nation comme ligne de fractures dans certains territoires périphériques

Irlande du Nord, Pays de Galles et Ecosse

L’Ecosse a massivement voté pour le maintien dans l’Union européenne.

Au Pays de Galles, le « Leave » l’a emporté avec 52,5% des voix.

En Irlande du Nord, les fiefs protestants ont majoritairement voté en faveur du « Leave », au nom de l’attachement à la couronne et à la nation britannique, quand les bastions catholiques votaient majoritairement pour le « Remain ».

Corse et Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen a obtenu un score élevé au premier tour (30%) et a atteint 47,4% au second.

Marine Le Pen est aussi arrivée en tête en Corse au premier tour.

Ch. 3 Minorités ethno-culturelles versus groupe majoritaire

Dans tous ces pays, les groupes minoritaires se sentant stigmatisés, visés ou simplement exclus de la communauté nationale ainsi définie ont opté majoritairement et parfois massivement pour les adversaires des populistes de droite.

Le cas de la minorité slovène en Autriche

Le vote Trump et la fracture ethnique

Donald Trump a fait le choix stratégique d’axer sa campagne sur les questions migratoires, quitte à braquer une partie de l’électorat. S’il a joué sur la peur du déclassement social ressentie par toute une partie de la classe moyenne et des catégories populaires, il a aussi répondu de manière plus ou moins subliminale à l’angoisse de devenir minoritaire existant dans l’Amérique blanche…L’activation du syndrome du « grand remplacement »…a également eu pour conséquence de polariser la société américaine sur ce clivage ethnique et de braquer les minorités contre Donald Trump.

En France, des votes également très polarisés selon le facteur ethno-culturel

En France, au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont enregistré un score quasiment deux fois plus élevé parmi les personnes ayant une ascendance maghrébine que dans l’ensemble de la population.

Ch. 4 Le tropisme très national des militaires

En France comme aux Etats-Unis, les territoires où le poids de la population militaire pèse dans le corps électoral se distinguent par un tropisme marqué en faveur de Marine Le Pen et de Donald Trump.

CONCLUSION

En France, comme dans d’autres démocraties occidentales, la ligne d’affrontement se situe de plus en plus entre les « sédentaires » et les « nomades »…Si le clivage gauche/droite n’a pas dit son dernier mot, notamment dans un vieux pays comme la France, chacun de ces deux blocs est de plus en plus travaillé par ces nouvelles lignes de fracture…En France comme ailleurs, un nouvel ordre politique est en train d’émerger sous nos yeux.

 

*

 

Verbatim proposé par François C.

La guerre des métaux rares - La face cachée de la transition énergétique et numérique de Guillaume PITRON - Ed. Les Liens qui Libèrent

https://images.epagine.fr/741/9791020905741_1_75.jpg Préface

En voulant nous émanciper des énergies fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance, plus forte encore. Robotique, intelligence artificielle, hôpital numérique, cyber-sécurité, biotechnologies médicales, objets connectés, nanoélectronique, voitures sans chauffeur…Tous les pans les plus stratégiques des économies du futur, toutes les technologies qui décupleront nos capacités de calcul et moderniseront notre façon de consommer de l’énergie, le moindre de nos gestes quotidiens et même nos grands choix collectifs vont se révéler totalement tributaires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élémentaire, tangible, palpable, du XXIème siècle. Or, cette addiction esquisse déjà les contours d’un futur qu’aucun oracle n’avait prédit. Nous pensions nous affranchir des pénuries, des tensions et des crises créées par notre appétit de pétrole et de charbon ; nous sommes en train de leur substituer un monde nouveau de pénuries, de tensions, de crises inédites. En attendant, c’est une contre-histoire du monde qui vient que ce livre voudrait raconter –le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

Ch. 1 LA MALÉDICTION DES MÉTAUX RARES

. Liste des métaux rares : antimoine, baryte, béryllium, bismuth, borate, cobalt, charbon à coke, spath fluor, gallium, germanium, hafnium, hélium, indium, magnésium, graphite naturel, caoutchouc naturel, niobium, phosphate naturel, phosphore, scandium, silicium métal, tantale, tungstène, vanadium, platinoïdes, terres rares lourdes et légères. . Les métaux rares, vecteurs d’énergies nouvelles Il n’est pas exagéré d’affirmer que le monde serait sacrément ralenti sans aimants contenant des métaux rares. . Une révolution technologique à l’origine d’une mutation énergétique Les moteurs électriques ont fait de la transition énergétique une hypothèse plausible. Voici que les technologies vertes et les technologies digitales sont en train de converger : des logiciels et des algorithmes toujours plus sophistiqués permettent d’ajuster les flux d’énergie transitant entre producteurs et consommateurs au sein de réseaux dits « intelligents »…Cette convergence amorce une ère inédite d’abondance énergétique, stimule de nouvelles filières industrielles et a déjà créé dix millions d’emplois à travers le monde. . Une accélération de la consommation de métaux rares . Terres rares, marché noir et catastrophes écologiques Les quelque dix mille mines éparpillées à travers le territoire chinois ont largement contribué à ruiner l’environnement du pays. Car il n’y a pas que l’extraction du charbon qui génère de la pollution…c’est également le cas de l’extraction des métaux rares. . Un monde plus vert tributaire de métaux sales D’un bout à l’autre de la chaîne de production de métaux rares, quasiment rien en Chine n’a été fait selon les standards écologiques et sanitaires les plus élémentaires. . De colossales répercussions sanitaires . Une soif de rattrapage, au risque de l’anarchie Les industriels ont pu polluer sans vergogne l’atmosphère des grandes agglomérations, contaminer les sols par des métaux lourds et déverser leurs déchets miniers dans la plupart des fleuves. Tous les dispositifs de croissance en Chine ont été conçus pour que règne la loi de la jungle. En clair, les Chinois ont fait n’importe quoi. . Les métaux rares, un fléau devenu mondial République démocratique du Congo, Kazakhstan, Amérique latine…Extraire des minerais du sol est une activité intrinsèquement sale, et elle a jusqu’ici été conduite d’une façon si peu responsable et éthique dans les Etats miniers les plus dynamiques que le dessein vertueux de la transition énergétique et numérique s’en trouve nécessairement remis en cause.

Ch. 2 LA PART D’OMBRE DES TECHNOLOGIES VERTES ET NUMÈRIQUES

. Les Green Tech : un bilan écologique accablant L’impact écologique des panneaux photovoltaïques. « Sur l’ensemble de son cycle de vie, la consommation énergétique d’un véhicule électrique est globalement proche d’un véhicule diesel » Etude Ademe . La matérialité de l’invisible Le digital nécessite l’exploitation de quantités considérables de métaux. Chaque heure, ce sont dix milliards d’e-mails qui sont envoyés à travers le monde, « donc 50 gigawatts/heure, l’équivalent de la production électrique de quinze centrales nucléaires pendant une heure ». Une étude américaine a estimé que le secteur des technologies de l’information et de la communication consommait 10% de l’électricité mondiale et produisait chaque année 50% de plus de gaz à effet de serre que le transport aérien. . Les promesses déçues du recyclage Le problème des industriels est bien la cherté de la récupération des métaux rares –un coût aujourd’hui supérieur à leur valeur. Le prix des métaux recyclés pourrait être compétitif si les cours des matières premières étaient eux-mêmes élevés. Las ! Ils sont structurellement bas depuis fin 2014. . Retour à l’envoyeur 80% des déchets électroniques produits aux Etats-Unis sont expédiés vers l’Asie…Les autorités européennes estiment que jusqu’à 1,3 million de tonnes de déchets électroniques seraient exportées de notre continent vers l’Afrique et l’Asie.

Ch. 3 LA POLLUTION DÉLOCALISÉE

Plutôt que d’assumer le leadership des métaux rares, l’Occident a préféré transférer leur production –et la pollution associée- vers des pays pauvres prêts à sacrifier leur environnement pour s’enrichir. . Quand les Américains dominaient le marché des terres rares . Montgolfières, aventure et terres rares : la saga de Rhône-Poulenc Dans les années 80, le français Rhône-Poulenc était l’un des deux grands chimistes mondiaux des métaux rares…Nous disposions d’un savoir-faire chimique prodigieux, doublé d’une prééminence commerciale remarquable. A des milliers de kilomètres de La Rochelle, la Chine, forte d’une production annuelle de plus de cent mille tonnes, s’arrogea donc le monopole des terres rares. Et qu’importent les conditions de travail : « Les unités de séparation y opéraient sans contrôle ni procédures de sécurité. Dans les usines de raffinage, les types faisaient de l’électrolyse à sept cents degrés sans casque, en tongs et en short ! C’était n’importe quoi ! » témoigne Jean-Yves Dumousseau. . Un nouvel agencement du monde En déplaçant ses mines et ses usines de métaux rares dans l’empire du Milieu, l’Occident a fait le choix de délocaliser sa pollution. Nous nous glorifions de nos législations économiques modernes, mais nous avons expédié nos rebuts électroniques dans des décharges toxiques ghanéennes, exporté nos déchets radioactifs au fin fond de la Sibérie et sous-traité l’exploitation de nos métaux rares un peu partout dans le monde. . L’illusion d’une nouvelle ère d’abondance Nous avons assisté à un phénomène mondial de liquidation des stocks stratégiques. En France, d’abord, où les stocks de platine et de palladium entreposés dans les coffres de la Banque de France, ont bientôt été écoulés, par des gouvernements de droite comme de gauche. Aux Etats-Unis, ensuite, où des dépôts de terres rares, de lithium et de beryllium valant des dizaines de milliards de dollars ont été liquidés. . L’abandon des politiques publiques de souveraineté minérale Exploiter ses propres ressources pour soi-même ou en garantir des livraisons pérennes par-delà les mers : cela fait des millénaires que ces deux règles élémentaires agencent toute stratégie d’indépendance énergétique. Or aucune d’elles n’a été appliquée jusqu’à ce jour par les Etats occidentaux pour les métaux rares.

Ch. 4 L’OCCIDENT SOUS EMBARGO

. Pékin, nouveau maître des métaux rares « La Chine est le pays le plus influent en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques. » La méthode de la Chine a été celle du rouleau compresseur : en quelques décennies, la Chine a multiplié les ouvertures de mines sur son territoire, lancé le chantier d’une seconde route de la soie terrestre et maritime, afin de disposer d’un corridor d’approvisionnement de commodités depuis l’Afrique, et mené des opérations de fusion et acquisition d’entreprises dans le secteur des produits de base. Les marchés mondiaux et les équilibres géopolitiques ont été bouleversés au fur et à mesure que Pékin étendait sa sphère d’influence. . L’ »arme des métaux » au service de la politique étrangère chinoise Ces deux dernières décennies, l’empire du Milieu a été accusé de mettre en œuvre une politique systématique de restriction des exportations de minerais rares aussi divers que le spath fluor, le coke, la bauxite, le magnésium, le manganèse, le phosphore jaune, le carbure de silicium ou encore le zinc. . Des manœuvres commerciales aux répercussions planétaires Septembre 2010 : premier embargo de la Chine sur le Japon (transition énergétique et numérique). . Voyage chez la reine du platine Le royaume des Bakofeng, en Afrique du sud, assis sur les plus grandes réserves mondiales de platine. Dans le bras de fer qui l’a opposée à des entreprises minières, la tribu du platine a fait valoir la prééminence du producteur sur l’acheteur, du propriétaire, souverain sur ses ressources, sur une clientèle dispersée à travers le monde. Et ce qui est inédit, c’est que ce n’est pas un Etat, mais une « simple » tribu africaine qui se paye une multinationale. . La recrudescence des nationalismes miniers On constate des restrictions aux exportations pour à peu près tous les minerais et métaux couverts par l’inventaire des produits de base..Plus généralement, une culture de la résistance se développe de Jakarta à Oulan-Bator, de Buenos Aires à Pretoria. . Des métaux d’influence…et de crise Spécificités des marchés des métaux rares : Ils sont extrêmement restreints, très confidentiels, opaques, stratégiques pour les pays miniers, entravés par l’irruption des investisseurs privés, obéissant à leurs intérêts propres. « Le marché des terres rares n’est ni stable ni même prévisible ».

Ch. 5 MAIN BASSE SUR LES HAUTES TECHNOLOGIES

. La bataille des super-aimants Ce sont les aimants des terres rares qui vont tout bouleverser. Mises au point en 1983, ces pures merveilles de technologie sont en effet devenues indispensables pour tous les produits équipés d’un moteur électrique –donc réputés non polluants. . Chronique d’une désindustrialisation annoncée A partir des années 2000, ces fabricants d’aimants qui avaient fait le choix de ne pas délocaliser leurs usines ont commencé à manquer de terres rares et se sont vus obligés d’arbitrer entre maintenir leurs activités industrielles à demeure, au risque de les faire tourner au ralenti faute d’approvisionnements en matières premières, ou bien délocaliser en Chine afin de bénéficier d’un accès sans entraves aux commodités. . Voyage dans la « Silicon Valley des terres rares » Baotou en Chine, capitale mondiale des terres rares. Notre dépendance à l’égard de la Chine, originellement cantonnée aux ressources, s’est étendue aux technologies de la transition énergétique et numérique qui en dépendent. . L’Indonésie à nouveau « non alignée » Avec 34% de la production mondiale d’étain, l’Indonésie se hisse à la première place des pays exportateurs de ce minerai high-tech…Dès 2003, « l’étain est devenu le premier minerai à faire l’objet d’un embargo ». A partir de 2014, tout ce que l’Indonésie compte de ressources minières, du sable au nickel, des diamants à l’or, ne put être exporté à l’état brut…Comme en Chine, cette politique représentait un fabuleux levier de création de richesse.

Ch. 6 LE JOUR OÙ LA CHINE A DEVANCÉ L’OCCIDENT

. Les recettes chinoises du « colbertisme high-tech » L’innovation et le progrès technologique comme principes directeurs (13ème plan quinquennal 2016-2020)…Pour cimenter cette vision, Pékin s’est appuyé sur les fabuleux avantages compétitifs de l’économie chinoise : une main d’œuvre bon marché venue des régions intérieures ; le faible coût du capital, permis notamment par une politique de dévaluation du yuan ; la taille du marché chinois permettant la réalisation d’importantes économies d’échelle. . Des progrès technologiques stupéfiants Les stupéfiants progrès accomplis par la Chine dans les secteurs de l’électronique, de l’aéronautique, des transports, de la biologie, des machines-outils ou encore des technologies de l’information… Surtout, l’empire du Milieu a pris le leadership d’un éventail impressionnant de technologies vertes…Il s’affiche dorénavant comme le premier producteur d’énergies vertes au monde, le premier fabricant d’équipements photovoltaïques, la première puissance hydroélectrique, le premier investisseur dans l’éolien et le premier marché mondial des voitures à nouvelles énergies…Il veut, sur le terrain, être le grand gagnant de la transition énergétique et numérique. . L’Occident affaibli Aux Etats-Unis, en Europe, en France, la désindustrialisation a malmené le contrat social d’après-guerre, provoqué de graves troubles sociaux et constitué le fonds de commerce d’une pléthore de partis populistes. « La survie (…) de la démocratie européenne (…) pourrait être l’enjeu final de l’émergence, à peine entamée, de l’industrie chinoise. » . Quand deux visions du monde s’opposent Sa réussite permet à la Chine de promouvoir un modèle de gouvernement valorisant la patience du temps long, à l’encontre des options à courte vue qui, en Occident, ont anéanti toute politique industrielle. La guerre des métaux rares –et des emplois verts- révèle le nouveau conflit idéologique d’aujourd’hui : celui qui oppose la Chine et l’Occident à travers leurs principes d’organisation politique respectifs.

Ch. 7 LA COURSE AUX MISSILES INTELLIGENTS

. Shampoing, tondeuses pour chien et missiles de haute précision L’armée chinoise, dès les années 1980, a connu une triple mutation : doctrinale, organisationnelle, technologique…Pour accomplir cette transformation technologique, Pékin a certainement médité un enseignement cardinal de l’histoire des matières premières : métaux et paix ont rarement fait bon ménage. Chaque fois qu’un peuple, une civilisation, un Etat a maîtrisé un nouveau métal, son utilisation s’est accompagnée de faramineux progrès techniques et militaires – et de conflits toujours plus meurtriers. C’est désormais au tour des métaux rares, en particulier les terres rares, de changer le visage des conflits modernes. . Magnequench dans le collimateur des « Princes rouges » Les parties prenantes à l’opération d’achat de Magnequench (USA) se sont rapidement révélées tout aussi douteuses que celles de la vente de l’activité de production d’aimants de Crucible Materials à YBM. . Interférences chinoises dans les urnes américaines Il est de notoriété publique que Pékin, ayant pris fait et cause pour Bill Clinton et son colistier, Al Gore, a cherché à soutenir financièrement le Parti démocrate tandis qu’ils s’activaient en vue de leur réélection à la présidentielle de 1996. . Déni d’accès en mer en Chine méridionale Surnommé « tueur de porte-avions » et opérationnel en 2010, le missile balistique DF-21D constitue un pilier de la politique de « déni d’accès » que Pékin a mise en œuvre ces dernières années en mer de Chine méridionale. La maîtrise par Pékin de technologies balistiques avancées a déjà modifié les rapports de force en mer de Chine méridionale. . Quand les aimants chinois font tanguer le Pentagone En abandonnant aux Chinois le contrôle de la chaîne aval des minerais rares, les Etats-Unis n’avaient-ils pas offert à leurs concurrents l’opportunité de subtiliser leurs secrets militaires et de rattraper leur retard ?

Ch. 8 EXTENSION DU DOMAINE DE LA MINE

. Vers une pénurie de métaux ? D’ici à 2040, nous devrons extraire trois fois plus de terres rares, cinq fois plus de tellure, douze fois plus de cobalt et seize fois plus de lithium qu’aujourd’hui. La conclusion d’ensemble de cette étude portant sur tous les métaux nécessaires à moyenne échéance pour soutenir nos modes de vie high-tech est aberrante : puisque la consommation mondiale de métaux croît à un rythme de 3 à 5% par an, « pour satisfaire les besoins mondiaux d’ici à 2050, nous devrons extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis son origine. »…Nos 7,5 milliards de contemporains vont absorber plus de ressources minérales que les 108 milliards d’êtres humains que la Terre a portés jusqu’à ce jour. Nous avions déjà des listes d’espèces animales et végétales menacées ; nous établirons bientôt des listes rouges de métaux en voie de disparition. . La transition énergétique et numérique en danger Le marché noir des terres rares, qui représente un tiers de la demande officielle, accélère l’appauvrissement des mines, et, à ce rythme, certaines réserves pourraient être épuisées dès 2027. Pékin va favoriser les intérêts de ses industriels des technologies vertes et soutenir la croissance de sa transition énergétique et numérique au détriment de celle des autres…La plausibilité de ce scénario est renforcée par trois facteurs : le déni de la rareté des ressources ; le manque d’infrastructures minières ; le défi du taux de retour énergétique, i.e. le ratio entre l’énergie nécessaire à la production des métaux et celle que leur utilisation va générer. Il faut concasser une tonne de roche pour obtenir entre 1 et 5 grammes d’or. Pour la même quantité d’énergie dépensée, les groupes miniers extraient aujourd’hui jusqu’à dix fois moins d’uranium qu’il y a trente ans –et c’est vrai d’à peu près toutes les ressources minières. . La multiplication des fronts miniers Plusieurs vagues de nationalisme minier ont déjà placé les Etats importateurs à la merci de pays fournisseurs pourtant bien moins puissants qu’eux…La géopolitique des métaux rares pourrait faire émerger de nouveaux acteurs prépondérants, souvent issus du monde en développement : le Chili, le Pérou et la Bolivie, grâce à leurs fabuleuses réserves de lithium et de cuivre ; l’Inde, riche de son titane, de son acier et de son fer ; la Guinée et l’Afrique australe, dont les sous-sols regorgent de bauxite, de chrome, de manganèse et de platine ; le Brésil, où le bauxite et le fer abondent ; la Nouvelle-Calédonie, grâce à ses prodigieux gisements de nickel. A travers cette stratégie d’expansion minière, l’empire du Milieu vise un objectif audacieux : abandonner les monopoles miniers édifiés sur ses seules ressources domestiques de minerais au profit d’une nouvelle position dominante, fondée cette fois-ci sur son contrôle planétaire d’une ribambelle de métaux rares.

Ch. 9 LA FIN DES DERNIERS SANCTUAIRES

. La France, un géant minier en sommeil Avec à l’Elysée le président le plus « pro-mines » que le pays ait connu depuis longtemps se repose la question de rouvrir des mines en métropole, ce qui change fondamentalement la nature du débat…La relance de notre propre activité extractive, désormais, nous place face à nos propres responsabilités. La polémique sur les mines nous invite à prendre conscience de ce que les Chinois ont compris depuis des lustres : notre modèle de développement recèle d’indébrouillables contradictions. Entre les rêves d’un monde plus vert et la matérialité d’un monde plus technologique, il n’est pas évident de choisir. . Paris à la conquête des océans L’ensemble du domaine maritime français totalise aujourd’hui plus de 11 millions de kilomètres carrés : c’est vingt fois la surface de l’Hexagone, et c’est surtout le deuxième plus grand au monde après celui des Etats-Unis. . Le jour où le président Obama a fait sauter le verrou de l’espace Terres, océans, astéroïdes…La célébration d’un meilleur partage des ressources a au contraire donné lieu à la plus grande entreprise d’appropriation des éléments terrestres jamais connue. Le projet, entonné en chœur par tous les avocats de la transition énergétique et numérique, de réduire l’impact de l’homme sur les écosystèmes a en réalité conduit à accroître notre mainmise sur la biodiversité. Quant à notre nouvelle convoitise pour l’espace, elle balaie d’ultimes interdits.

ÉPILOGUE

Toutes les ressources du futur nous placeront face à de nouveaux défis protéiformes. Aussi, il est temps de nous interroger dès à présent : quel est le sens de ce saut technologique que nous embrassons comme un seul homme ? N’est-il pas absurde de conduire une mutation écologique qui pourrait tous nous empoisonner aux métaux lourds avant même que nous l’ayons menée à bien ? Peut-on sérieusement prôner l’harmonie confucéenne par le bien-être matériel si c’est pour engendrer de nouveaux maux sanitaires et un chaos écologique –soit son exact contraire ?

*

Verbatim proposé par François C.

 

La silver économie - 60 acteurs de l’économie des 60+ de Dominique Boulbes &amp; Serge Guérin - Ed. La Charte

https://images.epagine.fr/029/9782874035029_1_75.jpg

Introduction

L’espérance de vie en France atteint un peu moins de 80 ans pour les hommes et un peu plus de 85 ans pour les femmes.

Il est estimé que le marché de la Silver économie représente 90 milliards d’euros, et devrait croître de 50% dans les cinq prochaines années, ce qui correspondrait à une création nette de 300 000 emplois selon la Dares.

Chapitre 1 La presse seniors

74% des 55-64 ans (dont 41% tous les jours) lisent un quotidien payant, contre moins de 10% pour les 18-35 ans.

Les 65 ans et plus consacrent 27 heures par semaine à regarder la télévision et 2 heures aux nouveaux écrans.

. Notre Temps, mai 68, en marche vers le senior power

Le mensuel intègre en effet les deux dimensions du temps des retraités, le temps d’avant, et le temps d’aujourd’hui, qu’il faut utiliser au mieux. Notre Temps se situe à ce moment charnière de notre vie.

Nous appelons d’ailleurs la génération 50-69 ans, la « génération I » pour « Inédite »!

. Rustica, la culture du lecteur

Rustica est davantage qu’un titre, c’est une véritable marque,qui, finalement, n’a jamais changé son ADN.

Nous creusons ce sillon de plus en plus, c’est-à-dire les bonnes pratiques pour un jardinage sain, une vie saine et une alimentation saine.

. Lagardère, les seniors du dimanche

Télé 7 jours se vend à 1,2 million d’exemplaires chaque semaine.

Nous investissons énormément sur des sites, des applications, des audiences fortes, mais la monétisation n’est pas là, puisque la publicité va à Google et Facebook. Nous sommes en train de changer de stratégie pour protéger nos données et mieux les exploiter.

Chapitre 2 Le marketing seniors, la machine à explorer le temps

. Planet.fr, un autre futur pour la planète des seniors ?

Le site est articulé sur trois thématiques : l’actualité, la santé, le féminin…Nous avons 1,5 million d’abonnés à la newsletter quotidienne de Planet, 1,3 million à celle de Medisite.

. Maetva, danse avec les seniors

Pour construire un marketing seniors, il faut superposer deux raisonnements. D’une part, le système de valeurs acquis par un individu entre 20 et 30 ans, qui a fixé une fois pour toutes ses comportements d’achat dont il ne sort que très rarement. D’autre part, les traits de comportement propres à l’âge, craintes accrues, isolement, désir de sécurité.

. Silvereco.fr, murmurer à l’oreille de l’écosystème

Lancé en 2014, l’annuaire imprimé de la Silver économie est tiré annuellement à 10 000 exemplaires et répertorie aujourd’hui plus de 2 000 entrerises sur plus de 500 pages.

Je crois fortement qu’une logique de « silver-citoyenneté » est en train de s’imposer, car bien vieillir est l’affaire de tous.

Chapitre 3 La vente à distance, total recall

Cette méthode de vente, bien qu’ancienne, est d’une étonnante modernité. Elle entretient un rapport ditrect avec le client, fonctionne sur des tests produits incessants, mesure instantanément la rentabilité des investissements. La VAD est ainsi en avance de phase sur bien des points de la vie des affaires contemporaines : connivence de marque, Return On Investment en temps réel, agilité managériale, innovation produits sur la base de l’expérience utilisateur, travail sur la data et les affinités comportementales…

. Françoise Saget, Linvosges, le linge inoxydable

Aujourd’hui, Françoise Saget fait 105 millions de chiffre d’affaires, et Linvosges, 95. Nous avons doublé le chiffre d’affaires en dix ans.

Le cross canal, c’est le fait de traiter mes clientes partout de la même manière dans tous mes canaux, avec les mêmes nouveautés, les mêmes cadeaux, les mêmes offres, etc.

. Damart « Froid, moi ? jamais avec Thermolactyl !

Qui ne connaît pas le Thermolactyl ? Ancienne marque des années 50, ce n’est pas pour autant une vieille marque. Bien au contraire, c’est un laboratoire permanent d’idées, d’études, de recherches, de réflexions constantes sur la femme de plus de 50 ans, cœur de cible, dont il s’agit d’accompagner la modernisation.

. Domaine agricole de Chezelles, faire son miel de la VAD

Les techniques de la VPC, lettres, mailings, ont patiemment construit une solide identité de marque. Plus que des clients réguliers, ce sont des clients fidèles, attachés à l’entreprise, friands d’informations sur ce qu’il s’y passe…Combien de marques ont su développer cette connivence ?

. Atlas for men, l’éternel retour

Le business model de l’entreprise est celui du fast retail. Dix-sept collections sont créées chaque année, avec quatre-vingts produits, tous originaux, entièrement conçus par des stylistes en interne, sur la base de nombreuses études consommateurs. La clientèle est clairement senior, d’une moyenne d’âge de 60 ans, qui apprécie de pouvoir disposer d’une offre trextile variée à domicile.

Chapitre 4 Le numérique, d’un château l’autre

Les entreprises de la Silver économie font le pari d’une numérisation inéluctable des personnes âgées. Le numérique gère en effet particulièrement bien les contraintes de la vieillesse : rupture de l’isolement, achats à distance, surveillance médicale déportée, entretien des liens familiaux malgré l’éloignement géographique…

. Facilotab, la tablette d’avant les tablettes

Le Cdip a voulu une tablette facile d’utilisation, qui ne nécessite pas que les utilisateurs changent leurs habitudes. L’équipe du Cdip a développé une couche d’interface élémentaire, permettant d’utiliser la tablette de manière très simple, pour des applications essentielles et centrées sur la communication avec la famille ou les proches.

. Doro, le club seniors

Chaque composant des téléphones que fabrique cette société sudéoise, que ce soit le hardware –la forme, le design- ou le software –l’enchaînement des menus- est pensé pour une clientèle senior…Le marché des produits numériques pour seniors doit ainsi être pensé dans une dynamique d’évolution constante.

. Ordissimo, l’âge et les usages

Outre le fait de proposer, depuis plus de quinze ans, des ordinateurs adaptés à un public senior, la stratégie originale d’Ordissimo vise à développer une communauté d’utilisateurs en offrant une large gamme de produits et de services référencés et légitimés par la confiance accordée à Ordissimo.

Chapitre 5 Les start-up, le choc des cultures

Le monde des start-up contribue très fortement à la dynamique de la Silver économie et peut proposer des solutions technologiques ou non, utiles et nécessaires au bien vieillir.

. Citizen Mobility, les compagnons du transport

L’entreprise, créée en 2011, consiste en une application numérique associée à des équipes de suivi…Le pari est clairement la qualité des relations humaines : qualité de service de ses « chauffeurs compagnons », qualité de suivi des équipes qui font le lien entre les personnes transportées, les structures, les chauffeurs…Le projet : sortir d’une vision purement fonctionnelle des outils numériques, en y associant des services humains à valeur ajoutée.

. Mamie Foodie, coup de torchon

Mamie Foodie est un traiteur qui propose aux entreprises de prendre en charge la restauration de leurs événements. La cuisine est réalisée par des seniors en retraite, qui sont ensuite présents pendant le buffet, peuvent se présenter, échanger avec les participants, retrouvant ainsi un réel lien social.

Mamie Foodie participe de l’économie inclusive, faire en sorte que personne ne soit laissé au bord du chemin.

. Ubiquid, catch me if you can

L’entreprise utilise la technologie des puces RFID pour répondre à une question bien connue des directeurs de maison de retraite : la gestion du linge. Un établissement perd en moyenne deux mille vêtements par an en raison de la complexité des circuits.

. MaSuccession, Balzac au pays du numérique

MaSuccession, structurée autour d’un site Internet et d’expertises patrimoniales, propose une panoplie de services qui vont de la simple évaluation gratuite des frais de succession à l’élaboration de solutions plus complexes, afin d’en réduire les montants par anticipation. C’est une stratégie de niche : apporter une forte expertise sur un nouveau marché.

. Famileo, l’amour et les preuves d’amour

Famileo est une application qui permet aux membres d’une famille de poster depuis leur smartphone des photos et des messages qui se matérialisent ensuite dans une gazette papier livrée directement à une personne âgée, qui reçoit ainsi régulièrement le journal de sa famille.

. Gema, lève-toi et marche !

Gema est un déambulateur motorisé qui permet à une personne âgée de se lever puis de se mouvoir sans aide humaine. Son principe est de fonctionner de façon intuitive, sans boutons ni commande vocale, grâce aux apports de la robotique.

. Les talents d’Alphonse, les liens forment la jeunesse

L’association a pour objet de mettre en relation les générations : d’une part par le biais d’une plateforme numérique qui permet la rencontre à partir de centres d’intérêt à partager, d’autre part par des initiatives favorisant l’échange concret dans des lieux physiques.

. Opticiens mobiles, voir et pouvoir

Autour d’un concept innovant mais simple dans sa définition : pratiquer le métier d’opticien à domicile. Il s’agit d’aller vers des gens qui ne sont pas disponibles pour aller en magasin pour des raisons de temps, de capacités physiques ou d’éloignement.

. Responsage, merci patron

Responsage est actuellement le seul acteur à être dédié aux salariés aidants et à fournir une prestation complète qui va de l’accompagnement des salariés, à l’animation et à la sensibilisation dans les entreprises, en passant par la rédaction de bilans sociaux éligibles à la RSE.

Chapitre 6 Les objets connectés, demain, l’odyssée de l’espèce

C’est un objet, non technologique – pour le distinguer des ordinateurs et smartphones-, qui capte, transmet et reçoit des données en se connectant à Internet grâce à un capteur, une puce RFID, un QR code, pour pouvoir bénéficier de services additionnels.

. Swaf, la soif d’entreprendre

Proposer une réponse technologique au risque de déshydratation qui touche un nombre croissant de personnes âgées…Le projet Swaf cherche à apporter une réponse à l’enjeu majeur de l’hydratation. Reste à trouver le marché et les conditions de la pérennité pour que cette avancée dans la prévention puisse toucher le plus grand nombre.

. Link Care Services, innover pour prévenir

L’entreprise développe une solution originale d’identification à distance des chutes et des situations anormales de vie des aînés (environ 450 000 chutes par an, et 10 000 décès consécutifs. Coût pour la collectivité : environ 2 milliards d’euros annuels).

. Blue Frog, un autre monde est possible

Cette jeune société a conçu et développé Buddy, un petit robot de 60 cm de haut. Buddy est doté de nombreuses fonctionnalités, téléprésence, aide à la prise de médicaments, applications du quotidien comme les recettes de cuisine, les jeux et les exercices pour les petits enfants, etc. Il permet d’assurer une présence à distance.

Buddy est le pivot de bien des questionnements majeurs de la Silver économie, qu’il réussit à intégrer : la technologie, les usages, la présence humaine, la surveillance à distance, le maintien à domicile, la stimulation cognitive, la domotique…

. Bluelinea, premier de cordée

Bluelinea diffuse divers objets connectés, boutons d’alarme, bracelets de géolocalisation pour les personnes atteintes d’Alzheimer, détecteurs de chute, capteurs de poids ou de tension, inclus dans les abonnements. Les objets sont commercialisés à des particuliers ou en Ehpad, avec une couche de services, une plateforme ouverte 24h/24 qui peut répondre à des appels d’urgence, lever le doute en cas de chute, aider à retrouver une personne égarée, etc

Chapitre 7 L’aménagement du domicile, home, smart home

Une bonne partie de l’avenir de la filière se joue sans doute dans cette vaste recomposition du paysage autour de deux lignes de force, des Ehpad élargis d’un côté, des logements augmentés »smart home » de l’autre, les deux étant appelés à se compléter plus qu’à se concurrencer.

. Variation, les gammes du désir

Fabricant à Tournus de fauteuils de relaxation qui s’adresse essentiellement à une clientèle de seniors.

Variation est fabricant, ce qui lui permet de fabriquer la commande particulière de chaque client…Varier ses gammes, varier son dispositif commercial, vente à domicile et magasins de centre-ville, varier ses actions marketing, presse et courrier pour les seniors, numérique pour les autres…Une intense culture du client.

. Indépendance Royale, l’autre façon de vivre chez soi

Le spécialiste, basé à Limoges, des équipements et produits de mobilité pour les seniors, afin de leur permettrte de conserver, ou de regagner, un maximum d’autonomie et de confort…Ses produits vont du monte-escalier électrique au scooter pour seniors, en passant par sa literie ergonomique, Idealsom, et sa douche, Ideal Douche. Il est un acteur global du bien vieillir à domicile.

. Rothelec, des radiateurs et des hommes

Un produit, le radiateur à inertie, décliné dans 22 modèles –selon l’encombrement, la puissance nécessaire aux pièces, des modèles verticaux, etc.-, dont l’installation d’adapte complètement à l’aménagement du client.

Même si les seniors basculent progressivement sur Internet, les fondamentaux de cette clientèle se maintiennent, voire se renforcent : recherche de la qualité, d’une relation humaine, d’un suivi personnalisé.

Chapitre 8 Les pharmacies et le matériel médical, la révolution culturelle

Les 22 000 officines et les quelques milliers de magasins de matériel médical sont des acteurs majeurs du soin et de l’accompagnement dans les territoires, qu’ils couvrent très largement. Ce sont souvent les premiers interlocuteurs des aînés et de leurs aidants.

. Giphar, le corner des seniors du coin

Premier groupement de pharmacies d’officine, Giphar s’est engagé dans une double action de formation et de sensibilisation à la question silver de ses adhérents. Il développe une offre spécifique de produits, matériels et solutions destinée aux aînés fragilisés, plus largement aux personnes en perte temporaire ou définitive d’autonomie.

. Winncare, du lit au fauteuil et du fauteuil au lit

Le groupe accompagne les évolutions de son marché autour d’une grande idée, celle de l’habitat équipé et connecté, permettant de maintenir à domicile les personnes qui n’ont, principalement, que des difficultés de mobilité, en réservant de plus en plus les maisons de retraite aux patients atteints de troubles neurologiques, cognitifs, qui nécessitent une forte présence humaine au quotidien.

. Incomed, jusqu’au bout du tabou

Filiale du groupe France Collectivités, Incomed est dédiée aux produits d’incontinence, le principe est de livrer chaque mois directement au domicile.

Quatre à cinq millions de personnes sont concernées en France par l’incontinence.

Sur l’incontinence, on est confronté à la facticité brutale de son propre déclin, que partager sur le sujet, et avec qui ?…Incomed propose de gérer des commandes faciles, des conseils discrets, des livraisons régulières.

. Herdegen, la longue marche

Créée en 1860, l’entreprise fabrique des équipements d’aide à la mobilité, avec une gamme très large, cannes, fauteuils releveurs, lits médicalisés, matelas médicaux, équipements de salles de bains, aides techniques.

Cette entreprise se projette à long terme sur un marché en croissance, avec une identité et une vision stratégique claires et solides.

Chapitre 9 Les grandes entreprises, silver is coming

Pour les grands groupes hors secteur de la santé et de la high-tech, il y a eu trois manières d’aborder la question senior : viser frontalement ce public, se faire rattraper naturellement par le vieillissement des consommateurs, ou faire de la nouvelle donne démographique un levier de croissance et de renouveau.

. Saint-Gobain, la silver vita

L’enseigne spécialisée senior Vita Confort (groupe Lapeyre) s’adresse au grand public à la recherche de solutions d’équipements non stigmatisantes favorisant la vie à domicile des personnes en perte d’autonomie.

L’un des enjeux majeurs du groupe concerne l’adaptation de plus de 28 millions de logements anciens. Une perspective titanesque mais obligatoire pour favoriser le bien vieillir à domicile…C’est toute une filière à mettre en mouvement pour qu’elle puisse se mobiliser efficacement face aux enjeux de la transition démographique.

. Legrand, au courant des seniors

Le groupe Legrand est au coeur des évolutions du logement, qu’il essaie d’anticiper et d’accompagner. La France doit aujourd’hui gérer une transition : intervenir dans des situations d’urgence en adaptant les logements existants, mais aussi s’inscrire dans les nouvelles tendances de conception de l’habitat, qui devront anticiper le vieillissement de la population…Legrand en est venu progressivement, avec ses partenaires de la construction, à une réflexion stratégique sur le logement de demain : connecté et intégré dans des offres de services.

. Somfy, à l’écoute de l’écosystème

Somfy s’inscrit aujourd’hui dans l’écosystème de la Silver économie, en nouant des partenariats dont l’enjeu est de se positionner dans la grande idée du maintien à domicile…Le schéma d’ensemble est bien une redéfinition des frontières entre un domicile mieux équipé et des Ehpad de proximité, pour explorer le plus longtemps possible les solutions d’allers et retours entre ces deux plate-formes.

. La Poste, le facteur sonne toujours deux fois

Le vieillissement de la population et la présence dans les zones rurales d’une part croissante d’aînés et de personnes en déficit d’autonomie éloignés de leurs proches offrent des opportunités pour l’opérateur postal…L’engagement dans la Silver économie de La Poste ne se traduit pas seulement dans les nouveaux services dévolus aux postiers, mais aussi par une politique de croissance externe portée par La Poste Silver, la holding de diversification du groupe dans la Silver économie, en particulier dans les services à domicile et la santé.

Chapitre 10 Les maisons de retraite, la Silver économie canal historique

728 000 aînés vivent dans les 7 752 Ehpad, sur 17 millions de retraités…Aujourd’hui encore, 44% des établissements relèvent du public, 31% de l’associatif et un quart du privé lucratif. Le leader de ce dernier, Korian, qui gère en France quelques 250 établissements, ne représente qu’environ 4% du total des personnes accueillies.

. Adef Résidences, la pensée du mouvant

La volonté du fondateur Dominique Bourgine (création en 1993) est de construire un modèle de gestion qui allie autonomie, travail collaboratif et approche pluridisciplinaire du vieillissement, en alliant rigueur et gestion dynamique du quotidien…Le groupe associatif (3500 salariés ; 220 millions d’euros de CA) accélère son développement par des reprises de structures.

. Korian, leader oblige

L’ambition du groupe est de pouvoir proposer à ses patients et à ses adresseurs, partout où il est implanté, des services correspondant à la situation de santé, ainsi qu’aux aspirations et à l’environnement familial, et de pouvoir les faire évoluer pour garantir durablement la meilleure qualité de vie possible.

L’approche Positive Care. Promouvoir une prise en charge respectueuse des aspirations et des possibilités de chacun, préserver et renforcer l’autonomie en toute circonstance. Cette ambition se nourrit des valeurs de Korian, la bienveillance, l’initiative, la responsabilité et la transparence, qui ont été choisies et construites par les collaborateurs.

. Colisée, ne jamais quitter l’arène

Groupe privé commercial qui gère et anime plus d’une centaine d’établissements, Ehpad et cliniques de soins de suite et de rééducation.

Chapitre 11 Les résidences pour personnes âgées, le meilleur des mondes possibles

Si, en 2011, la France ne comptait que 250 à 300 résidences et villages seniors, en 2018, plus de 750 seront installés sur l’ensemble du pays…Il est prévu que le territoire en compte 1500 d’ici 2025. A terme, cela représentera environ 150 000 logements en résidences services seniors, soit environ 200 000 personnes logées de cette manière, soit moins de 3% des 75+ non dépendants.

. Domitys, tous ensemble

Aujourd’hui, le groupe compte plus de 65 résidences sur l’ensemble du territoire et regarde hors des frontières…Il a développé une réelle expertise adaptée spécifiquement aux personnes autonomes de plus de 75 ans.

. Les Senioriales, les résidences labos

Les Senioriales entendent se distinguer de la concurrence par une priorité donnée à l’innovation à travers une démarche originale et riche de living lab. L’idée est que les résidents puissent donner leur avis, participer à des tests produits, proposer eux-mêmes des solutions.

. Vacancéole, parties de campagne

Il s’agit d’adapter l’approche du tourisme à l’accueil des seniors. Dans le cas de Vacanceole, l’approche se focalise sur des bassins de population allant de 25 à 60 000 habitants. La résidence seniors est calibrée pour la taille du bassin de vie : 30, 40 ou 50 logements maximum. L’idée est d’installer une résidence seniors connectée à des services de soutien à domicile. La résidence doit disposer de surfaces communes surdimensionnées pour accueillir tous les services nécessaires à destination des résidents, mais aussi de la population âgée vivant sur le même bassin.

Chapitre 12 Les services à la personne, tant qu’il y aura des femmes

Le secteur des services à la personne compte plus de 1,4 million de salariés, dont une très grande majorité sont des femmes peu qualifiées…Sur les 35 000 organismes recensés, 78% sont des entreprises (dont des autoentrepreneurs), 18% des associations et 4% des établissements publics.

Le secteur doit faire face à des marges faibles et des problématiques fortes en termes de recrutement, de turn over, de qualification et de rémunération des personnels.

C’est le premier secteur en termes d’emploi de la Silver économie. C’est aussi un secteur en forte évolution et un gisement d’innovations sociales et technologiques.

. LogiVitae, la vie du logis

Logivitae s’est positionné sur l’accompagnement des personnes de très grand âge en situation de perte d’autonomie sévère, mais aussi sur les personnes en situation de fort handicap. En outre, l’entreprise (150 auxiliaires de vie employés) prend en soin des personnes souvent de condition modeste, éligibles aux aides sociales.

. Oui Care, l’oxygène du quotidien

Le leader des services à la personne, présent sur tous les segments de ce marché…Le groupe a dépassé les 250 millions d’euros de C.A. et vise deux milliards dans quelques années…Son axe stratégique constant est que la satisfaction des clients passe d’abord par celle des salariés, les deux devant être étroitement associées dans un même cercle vertueux.

. Saveurs et Vie, vétéran du jour, innovant toujours

L’idée : lutter contre la dénutrition en associant qualité des repas et qualité de la relation humaine lors du portage.

Innovation dans le positionnement initial de l’offre, innovation dans la démarche commerciale qui allie BtoB et BtoC de façon originale, innovation dans l’organisation de la fabrication, en rupture avec le modèle classique des cuisines centrales.

. Orpea services à domicile, prendre les seniors par la main

Cette division d’Orpéa (environ 140 millions de CA) intervient soit vers les aînés en grande fragilité, soit vers des seniors désireux de bénéficier de services à domicile de confort.

Chapitre 13 La téléassistance, the new frontier of which I speak…

Le principe est de combiner un équipement, montre ou bracelet, avec une plateforme de reception d’appels. Lorsqu’une personne est en difficulté, elle déclenche une alarme, les opérateurs de la plateforme préviennent alors des personnes désignées à l’avance et/ou les services de secours.

. Assystel, le bijou des Ardennes

Assystel centre ses réflexions sur l’utilisateur final, dont il s’agit d’abord de bien comprendre les problèmes concrets…Le petit village des Ardennes dans lequel Assystel a conservé son siège social est une forme de symbole de toute une culture d’entreprise solide et cohérente : pragmatisme de l’approche client, solidité des innovations, attention aux détails, implication de longue date dans l’écosystème de la Silver économie.

. Senioradom, le new deal des anciens

Le principe est de modéliser des comportements et de détecter des situations anormales…Senioradom fonctionne indépendamment des capacités de la personne âgée et il est aussi utile en préventif qu’en curatif. L’intelligence artificielle décharge l’aidé comme l’aidant et permet ainsi à chacun de mieux vivre.

. Présence verte, présent à l’appel

Présence Verte compte plus de 110 000 abonnés, ce qui en fait le premier téléassisteur français…Son modèle, donnant priorité à la territorialisation et au lien social, est une manière de populariser la téléassistance qui reste en France encore peu utilisée.

Chapitre 14 Le logement social, la quadrature du cercle

On compte aujourd’hui 4,7 millions de logements sociaux, soit plus de 11 millions de personnes concernées. Une partie croissante des locataires se voit gagnée par l’avancée en âge, puisque près du tiers des locataires HLM est déjà âgé de plus de 60 ans…

Pour les bailleurs sociaux, prendre en compte le vieillissement des résidents implique de développer une politique d’adaptation des logements, de constituer une offre nouvelle, d’initier des services d’accompagnement des plus âgés, ou, encore d’imaginer des approches en faveur du lien entre toutes les générations.

. Action Logement, nous vieillirons ensemble

Organisme paritaire qui collecte la contribution annuelle des entreprises pour le logement des salariés (plus d’un million de logements ; 25% du parc HLM)…Le groupe de logement social cherche à adapter son engagement à la nouvelle donne démographique et aux nouveaux besoins des locataires seniors, en menant des réflexions autour des services, de l’adaptation du logement, de la mobilité sur le territoire après la retraite.

. Arcade, remettre les pendules à l’heure

Le groupe Arcade gère environ 140 000 logements et loge plus de 350 000 personnes…Pour Arcade, la valeur ajoutée des organismes d’HLM se situera dans l’accompagnement des habitants, en particulier les plus fragiles et les plus aisés.

. Logévie, les travaux et les jours

Logévie porte une réflexion globale sur le parcours de vie des seniors, afin que les solutions proposées soient intégrées dans une dynamique de vie cohérente, simple adaptation du logement d’abord, puis résidences autonomies pour conserver du lien social et bénéficier de services Ehpad si la santé se dégrade.

La capacité à associer étroitement des solutions techniques, économiques, sociales pour réinventer l’accompagnement du vieillissement.

Chapitre 15 Les mutualités, histoire de périmètres

Si en 2005, on comptait plus de 1200 mutuelles, en 2018 elles sont moins de 500…Les mutuelles couvrent 35 millions de personnes en France et restent le premier acteur de complémentaire santé (marché de 34 milliards d’euros) avec 52% de parts de marché, pour 18% aux GPS et 30% aux assureurs.

La transition démographique impliquera des évolutions stratégiques majeures pour inventer des nouveaux services, renforcer la prévention, s’appuyer sur le numérique et la télémédecine, accompagner le risque de la perte d’autonomie…

. MSA, vers les silvers verts

La Mutualité sociale agricole est le deuxième régime de sécurité sociale en France…Sa spécificité est d’être un guichet unique pour ses adhérents. En effet, elle encaisse les cotisations, et sert les différentes prestations (santé, famille, retraite…).

La MSA répond, depuis plusieurs décennies, aux besoins et attentes des seniors sur les territoires ruraux.

. Swiss Life, y penser toujours, n’en parler jamais

Swiss Life France développe également une offre autour du financement de la retraite et de la protection santé et se positionne à sa manière sur le segment de la perte d’autonomie….Pour l’assureur, la Silver économie est une opportunité forte pour se renforces en France.

. MNH (Mutuelle nationale des hospitaliers), oser le client

En 2012, la MNH est passée d’une logique produit à une logique client, en se donnant pour objectif de faciliter la vie des professionnels de la santé au sens large…Le groupe a procédé à des acquisitions et exerce désormais plus de vingt métiers, à destination d’un seul et même public, les hospitaliers.

. AESIO, aux sources du mutualisme

Union de trois mutuelles…Pour Aesio, l’enjeu est de construire une offre innovante, prenant en compte les nouvelles attentes, les besoins des aidants et les évolutions des modes de vie des assurés, tout en développant un modèle économique soutenable et adapté aux politiques publiques, moins dépensières et plus orientées sur la prévention.

Chapitre 16 Les acteurs financiers, anatomizing the greys

Le coût de financement de la dépendance est d’environ 30 milliards d’euros, financés au trois quarts par des dépenses publiques, soit 1,1% du PIB, en incluant les dépenses de santé, d’hébergement et de perte d’autonomie.

. SISA (Services innovants aux acteurs de la santé et de l’autonomie), revisiter la matrice

La stratégie du fonds est d’aborder la Silver économie sous l’angle particulier de la santé. Le vieillissement de la population questionne en effet le système de soin actuel : baisse du nombre des médecins, éloignement des patients, prévalence des maladies chroniques, inadaptation des hôpitaux aux personnes âgées, nécessité d’une surveillance à domicile…Le fonds privilégie ainsi les innovations capables de contribuer à réinventer un système de soin adapté aux nouvelles réalités démographiques, en conciliant solidité des business models et vision prospective

. Amundi, l’avenir est un long passé

Affirmer que l’économie du bien vieillir est en phase avec la démarche socialement responsable du groupe…Identifier la robustesse du sous-jacent, le caractère inexorable, massif, international, du vieillissement…La Silver économie permet ainsi de tenir des raisonnements de long terme…Pour les entreprises concernées, c’est une surcouche de croissance qui est attendue –et constatée jusqu’à présent.

. Crédit mutuel Arkéa, la Silver économie inclusive

Si la banque n’a pas créé une structure dédiée à la Silver économie, elle est devenue par la force des choses, un acteur majeur du financement et de la dynamique de cette dernière…La banque s‘est par ailleurs orientée vers la commercialisation d’offres spécifiques pour les seniors.

 

 

*

 

 

Verbatim proposé par François C.

Les bouées jaunes de Serge Toubiana - Ed. Stock

https://images.epagine.fr/046/9782234085046_1_75.jpg C’était un défi qu’elle avait besoin de relever. D’éprouver. C’était un immense réconfort pour moi de la sentir heureuse, j’admirais sa vitalité, son désir d’aller toujours plus loin. D’être bien et d’être libre.

La maison lui ressemblait, vive et colorée. Accueillante et confortable.

Ce furent dès lors nos « années Sils-Maria », quinze jours en août à marcher dans la montagne, au fin fond de l’Engadine. Nous avions découvert ce site, d’une beauté à couper le souffle, en 1989…

J’ai relu Stallone quelques jours avant sa mort. Cela se lit très vite, aussi vite qu’est mené le récit de Lise, cette jeune femme qui, après avoir vu Rocky 3 au cinéma, redouble d’énergie et décide de s’en sortir en arrêtant de subir une vie morne.

La relecture de Stallone m’a glacé. J’avais oublié la fin, qui ressemble trait pour trait à celle d’Emmanuèle.

Durant les longs mois de son combat, elle n’a pas écrit. A peine quelques notes qu’elle gardait pour elle. Elle m’avoua que si elle se remettait à écrire, ce serait pour tenter de décrire cette période comme une période heureuse de confrontation avec elle-même, au plus profond d’elle-même. Elle désirait par-dessus tout gagner son match. Et le gagner seule.

Un mois avant ce funeste 10 mai 2017, je pensais encore qu’Emmanuèle serait la plus forte, tant je la croyais invincible, indestructible. Elle avait une telle énergie et un tel appétit de vivre.

Emmanuèle était au centre de tout, c’est elle qui parlait et qui, poussée par une force invisible, formulait la chose la plus invraisemblable qu’il est possible d’imaginer sur le plan humain : le désir tranquille de mourir.

Houellebecq regardait Emmanuèle avec tendresse, admiration et une certaine curiosité, lui disant qu’il n’avait jamais vu de sa vie une personne aller de manière si sereine à la mort. C’était pour lui un cas d’étude inédit sur la capacité de résilience d’un être humain. Jusqu’au bout, je vis qu’elle était lucide et vivait les instants présents avec une intensité folle, sachant qu’ils étaient les derniers.

Quel sentiment me traversa l’esprit à cet instant ? Un immense vide, le chagrin bien sûr, tout en sachant qu’il n’est rien comparé à celui des jours, des mois et des ans qui allaient suivre. Un vertige profond. Ma vie entière basculait dans un monde inconnu. Emmanuèle n’était pas encore absente, elle était là, sous mes yeux, sur son lit de mort.

« La vie a passé si vite –ce furent mes premiers mots prononcés d’une voix tremblante. C’est ce que nous nous disions, Emmanuèle et moi, il y a quelques jours. Jamais un nuage ni une dispute. Un bonheur profond, une complicité parfaite… »

Elle se méfiait instinctivement de l’approche théorique du cinéma, ayant une relation exclusivement « physique » et sensorielle avec les films : d’un côté, deux qui transmettent de l’énergie, de l’autre ceux qui n’en donnent pas.

Son système de goût était entièrement façonné par une conception guerrière de la vie. Elle détestait la spéculation intellectuelle ou formelle, toujours à la recherche d’une vérité tangible, vérifiable. Pour elle, l’art devait nécessairement transmettre de l’énergie, de la force, du courage pour se battre.

Elle ne faisait aucun pari sur l’avenir, aussi bien sur le plan professionnel que sentimental. Son horizon semblait noir, bouché. Elle ne se voyait pas vieillir.

C’était l’année de mes quarante ans, j’avais la conviction que jamais plus je n’aurais la chance de rencontrer une femme aussi radieuse et séduisante. A l’amitié, s’ajoutaient l’admiration et désormais l’amour. Les trois « A » qui, étroitement entremêlés, font qu’une histoire est susceptible de durer. « Ne rate pas cette chance ! » Voilà ce que je me suis dit secrètement.

Tout au long de ces années auprès d’elle, j’ai eu le sentiment qu’elle me transportait vers des zones de vie auxquelles je n’avais jusque-là jamais pu accéder. Il émanait d’elle, de tout son être, l’injonction d’exister.

Ecrire pour être à ses côtés et prolonger le bonheur d’avoir vécu auprès d’elle. Ecrire pour combler le vide, l’absence. Pour raconter le film de sa vie. Et faire en sorte qu’il ne soit jamais interrompu.

Elle avançait avec une grâce infinie, un port de tête altier, fier. A ce moment précis, je me suis dit que j’avais une chance inouïe d’aimer cette femme et d’être aimé par elle. Elle m’a enfin vu et m’a souri avec amour. Ensemble, nous avons pris l’ascenseur pour rejoindre notre appartement.

Elle ne parvenait pas à reconquérir entièrement sa liberté, une liberté pour elle décisive qui lui permettrait d’entreprendre, et surtout d’écrire. Le poids des morts pèse longtemps sur la conscience des vivants, la formule se vérifiait et trouvait là tout son sens.

Arrivé à la bouée, je pris la poignée de cendres et la jetai dessus, tout à la fois ému et exalté. Dorénavant, j’irai chaque été nager du côté des bouées jaunes. Plus loin que d’ordinaire. Sur sa trace.

Continuer de vivre, sans elle, mais toujours avec elle. « Ni avec toi ni sans toi », comme disait Mme Jouve, la narratrice dans La Femme d’à côté de Truffaut.

La nuit, il m’arrive souvent de pleurer. Amour de ma vie, tu me manques ! Tu me manques tellement ! Alors je me mets sur le côté droit et je glisse mon bras gauche sous l’oreiller d’Emmanuèle. Je pose ma main là où elle n’est pas. Où elle n’est plus. Et je caresse de mes doigts son absence.

La vie a passé si vite.

*

Verbatim proposé par François C.

L'art de changer de vie en 5 leçons de Philippe Gabilliet - édition Saint Simon

https://images.epagine.fr/073/9782374350073_1_75.jpg

Quand tout (ou presque) devient possible

Nous voici à l’époque de toutes les instabilités, marquée par la volatilité des statuts et des trajectoires de vie, les rendant plus imprévisibles que jamais.

Et, aujourd’hui comme hier, seuls celles et ceux qui disposent des bonnes capacités d’action (matérielles, financières, intellectuelles, culturelles, sociales) peuvent tirer parti des opportunités offertes par la vie et poser ainsi leurs propres choix.

L’heure est désormais au changement de vie sous toutes ses formes, qu’il prenne pour nom transition, mutation, repositionnement, refondation, recomposition, chambardement, métamorphose, rupture existentielle, grand départ, saut dans l’inconnu, appel de la vocation ou vie rêvée.

Et si changer de vie peut parfois conduire à changer de lieu et d’espace, il est avant tout un changement intérieur, une reconfiguration existentielle majeure, un nouvel alignement de ces planètes ayant pour noms désirs, valeurs, rêves, espoirs, buts et projets.

Toute nouvelle vie est semblable à un jeune enfant, à la fois prometteuse et fragile. Car le champ des possibles, où ondoie le chant des sirènes, peut finir par se transformer en champ de mines, sur lequel le candidat au changement de vie finit par sauter, voyant exploser son existence et se disperser ses rêves.

 

1. Ce que changer de vie veut dire

L’idée que nous avons peut-être plusieurs vies possibles, qu’il est sain de vouloir vivre la vie qu’on mérite, tout comme rien ne serait plus désespérant que de passer à côté de sa vie.

. changer le décor de la pièce dans laquelle ils sont en train de jouer.

. changer les autres acteurs, ou au moins opérer une redistribution des rôles.

. changer la pièce, afin de repartir sur une intrigue originale.

. se changer lui-même. Se changer soi-même afin de changer de vie peut prendre des formes innombrables.

Environnement, relations, identité constituent les trois dimensions dans lesquelles se déploie tout changement de vie.

L’événement à la source d’un changement de vie prend presque toujours la même forme. Celle d’une bifurcation, d’un carrefour de l’existence autour duquel vont se dérouler une série d’événements déclencheurs.

. premier point : la destination…En tout état de cause, quiconque aspire à changer de vie entend échanger la destination qui était tracée jusque-là et vers laquelle il se dirigeait et la remplacer par une destination autre, correspondant davantage à ses désirs et à ses aspirations.

. second point : C’est bien sur un chemin que le changement de vie va commencer à prendre forme. Le chemin, c’est la façon concrète dont le changement de vie auquel on aspire s’invite dans notre réalité.

Un changement de vie est avant tout une mosaïque, faite de lieux et de liens nouveaux, certes, mais aussi de nouveaux rythmes, de nouveaux rituels, de nouvelles règles du jeu personnelles et relationnelles.

 

2. Tant qu’à changer de vie, autant le faire pour de bonnes raisons

Il arrive que notre environnement de vie, matériel ou relationnel, soit de plus en plus vécu comme toxique, créateur d’inconfort et de mal-être physique, affectif ou moral. Il peut enfin n’être que routinier et répétitif, au fil d’une vie fondamentalement coupable de n’être que quotidienne.

Se réaliser, c’est avant tout réaliser quelque chose ; c’est décider de faire, d’agir, de poser des actes concrets, d’entreprendre. To do or not to be, s’exclamerait Hamlet aujourd’hui.

Quelles que soient les décisions prises, on peut considérer que les tournants et bifurcations de vie ont toujours intérêt à être abordés de front, les yeux dans les yeux, ne serait-ce que pour éviter la prolifération ultérieure du ferment de tous les désespoirs : les regrets.

Entre réaction face à un changement imposé et désir d’évasion face à un vécu insatisfaisant, il devient nécessaire de laisser un espace au choix raisonné, celui de modifier la donne afin de jouer désormais une autre partie. Le choix raisonné est en fait celui de l’optimisation, celui qui conduit à toujours tenter de faire mieux (ou différemment) avec les ressources dont on, dispose.

Face à tous ces changements de vie quels qu’ils soient, la ligne de partage doit demeurer celle du réel…Concentrer notre action sur les domaines que l’on peut influencer, sur lesquels on peut faire levier.

Changer de vie consiste en priorité à se demander où le réel peut être influencé. Car pour changer de vie –quelles qu’en soient les raisons- il est nécessaire de s’interroger sur les failles à explorer, les options et alternatives à creuser, les marges de manœuvre de toutes sortes.

 

3. La vie ne se laisse pas changer facilement

Le réel ne se laisse jamais bousculer facilement, ni impunément. Car face au changement de vie, il y a presque toujours un prix à payer.

Il y a, derrière tout changement de vie assumé, une sorte de reconfiguration systémique ; ce sont les conséquences de cette reconfiguration, vécues ou anticipées par l’ensemble des acteurs en présence, qui vont naturellement déboucher sur des résistances visant à faire perdurer la vie d’avant.

Tout changement de vie, modeste ou radical, s’accompagne –à un moment ou à un autre- d’une série d’inconvénients, de désagréments, d’inconforts et autres impacts négatifs, tant pour celui ou celle qui change que pour son environnement…Car dans le fond, il n’y a pas que moi qui change quand je change…Un changement de vie est avant tout contextuel et relationnel.

Face au changement de vie, tout le monde s’y met…Ils vont tenter par divers moyens de pression de nous faire revenir sur terre. Comment ? En nous poussant au compromis, à la négociation avec notre propre désir, voire à l’attentisme.

Parmi toutes ces craintes, il en est une plus puissante, plus déterminante, plus ancrée que les autres au plus profond de nous-même. Il s’agit du mécanisme immunitaire le plus efficace contre le changement de vie : la peur de la remise en question des engagements existants.

La thèse défendue par les théoriciens de l’immunothérapie du changement est que tout désir de changer de vie va devoir se confronter à une série de motivations contraires –en fait d’ »engagements concurrents cachés »- qui nous poussent à perdurer dans notre situation actuelle.

Il y a derrière tout changement de vie une réflexion sur la constance…Celui ou celle qui change de vie est toujours un transfuge, qui assume son désir de connaître une extraordinaire aventure, celle de se découvrir puis de s’assumer autre, afin d’être pleinement soi.

Cette idée de suspension des engagements préalables (familiaux, professionnels, sociaux) dans les processus de transformation identitaire fait ainsi des moratoires de toutes natures un objet central dans l’analyse des bifurcations de vie.

 

4. L’important, c’est ce qui se passe à l’intérieur

A l’image de l’ADN, notre identité serait constituée d’un mouvement tournoyant de deux processus entrelacés. La première hélice renvoie au caractère objectif de l’individualité, à ses déterminations biologiques, sociales, historiques et biographiques…La seconde hélice renvoie à la force de la subjectivité, celle de notre imaginaire et de nos petits et grands rêves d’une vie autre, d’une existence différente. Au fil de l’histoire de chacun, l’une ou l’autre hélice peut s’imposer tour à tour et définir un contexte de vie différent, soit marqué par le poids des déterminations, soit nourri par les rêves de changement.

Pour que la décision de changer de vie aboutisse à une transformation durable, il va falloir que s’instaure un nouvel équilibre entre d’un côté un changement extérieur et, de l’autre, ce que l’on nommera une transition intérieure, « cette fin qui prépare un nouveau commencement » comme l’écrit William Bridges.

. Premier temps de la transition : définir ce que l’on veut être.

. Second temps : sorte de zone neutre, marquée par l’incertitude.

. Troisième temps : celui du nouveau départ.

C’est la transition intérieure qui vient créer l’espace d’écoute et d’attention au monde dans lequel de nouvelles rencontres, de nouveaux signes extérieurs vont être perçus, créant ainsi intérieurement les conditions pour percevoir des opportunités invisibles à ce jour et saisir des occasions favorables à la nouvelle vie.

Globalement changer de vie, c’est se repenser dans l’ensemble de ses sphères de vie. C’est accepter que la bifurcation volontaire décidée dans un domaine précis (travail, couple, lieu de vie) puisse produire des conséquences systémiques dans d’autres domaines.

33 questions pour passer à l’action (fiche projet adressée séparément à celles/ceux qui m’en feront la demande).

 

5. Se jeter à l’eau : trouver son mode d’emploi

Plutôt que d’avouer que le changement de vie leur fait peur, nombre de candidats vous diront simplement qu’ils « attendent d’être prêts ». Est-on jamais prêt à changer de vie ? Sans doute pas. Celles et ceux qui sautent le pas ne sont jamais complètement prêts, du moins pas le jour où ils posent la première pierre de leur nouvelle vie.

On se transforme d’abord en actes, puis en pensées.

Changer de vie, du point de vue de Merleau-Ponty, c’est poser des actes qui vont ouvrir de nouvelles possibilités à partir desquelles le changement de vie espéré pourra prendre forme et substance.

Mais dans tous les cas, le déclic n’est qu’un moment favorable, à l’image du dieu grec Kaïros. Le kaïros, c’est justement ce déclic ; c’est l’instant T de la faille propice ; c’est l’ouverture inattendue –même si vous l’espériez secrètement- dans le champ des autres vies possibles.

Toute vie nouvelle commence par la création d’un écart à la norme, à l’habitude, à la zone de confort…Le changement de vie obéit le plus souvent au principe de l’écart modeste, celui de l’ »huître perlière ». Il consiste à introduire en douceur un nouveau comportement, à engager une action parasite dans notre quotidien, action qui –peut-être- donnera naissance à une perle, celle de la vie d’après.

Votre changement de vie va fonctionner en mode viral, par la contamination de micro-changements qui, en interagissant entre eux, vont progressivement poser les bases d’un nouveau décor, de relations renouvelées et d’un rythme de vie plus conforme à vos désirs et aspirations.

Dans tous les cas de figure, un changement de vie réussi sera une co-création, un travail d’élaboration conjointe avec d’autres, qui parfois ne le savent pas encore.

Il fallait la changer, cette vie. Pas pour tout casser, mais pour tenter de faire différemment avec ce qu’on avait, de reconsidérer le puzzle de toutes ces ressources, de tout ce potentiel. Tout n’est pas parfait, bien sûr. Et c’est tant mieux. Cela signifie que vous continuez à apprendre et à grandir, au fil d’expériences que vous avez recherchées, et d’autres que vous avez découvertes.

 

Conclusion – 10 idées pour réussir votre changement de vie

. Changer de vie est toujours possible…mais pas toujours souhaitable…La question du changer pour quoi ?

. Dans une vie, on ne peut ni tout choisir, ni tout changer. Mais c’est avec ce que l’on choisit de changer que l’on va faire la différence…Consacrer notre énergie aux points d’inflexion et d’influence, ceux sur lesquels existent des marges de manœuvre et où une action est possible.

. Avant de changer de vie, il est conseillé de comprendre la nature réelle de l’insatisfaction ou du manque ressentis dans la vie actuelle.

. Un changement de vie conduit souvent à remettre en question des engagements antérieurs.

. Même quand on envisage de changer radicalement de vie, mieux vaut garder une claire conscience de ce qui ne changera pas, quoi qu’il arrive.

. On change d’abord ses actes, les pensées suivront…Le changement de vie ne se construit qu’en faisant.

. Tout changement de vie commence par une fin et finit par un commencement…D’où la nécessité de bien comprendre à la fois ce qui s’achève et ce qui débute lorsque la vie se met à changer.

. Le changement de vie est une expédition risquée, qui requiert un camp de base.

. Tout changement de vie réussi est une création collective.

. Pour changer de vie, il faut accepter d’apprendre des choses nouvelles, en particulier celles qui nous avaient manqué dans la vie d’avant…Un changement de vie est presque toujours un défi adaptatif et créatif qui nous conduit à développer notre potentiel inexploité, nos ressources inexplorées.

Citations :

Francis Bacon On naît, on meurt. Entre les deux, on fait quelque chose, c’est mieux…

Bruckner Il y a une vérité dans la théorie de la réincarnation : c’est bien ici-bas que nous pouvons connaître plusieurs existences, renaître, recommencer, bifurquer. L’essentiel est de pouvoir dire j’ai vécu, et non pas j’ai végété.

Campbell Vous devez apprendre à renoncer à la vie que vous avez planifiée, afin de vivre la vie qui vous attend.

Coelho Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine.

France A. Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie.

Goethe Garde-toi dans ta vie de rien différer, que ta vie soit l’action, encore l’action.

J-C Kaufmann Tout individu –vous, moi, tous les autres- est un mouvement continuel, ni stable, ni homogène. Notre vie n’est qu’un incessant processus d’identifications successives dont les garde-fous sont le patrimoine des habitudes (…) et les cadres de socialisation.

Reeves Pour explorer le champ des possibles, le bricolage est la méthode la plus efficace.

Salomé La porte du changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur, chacun en détient la clé.

Shakespeare La vie est un spectacle, autant faire sa propre mise en scène.

 

*

Verbatim proposé par François C.

Le nouveau mal français de Sophie COIGNARD - Ed. de l’Observatoire 2017

  1. Quarante ans après.
Alain Peyrefitte délaissait la langue de bois pour décrire avec simplicité et élégance les névroses, les blocages, les dénis, les trahisons, les lâchetés, les collusions qui minent la cohésion nationale, entravent la marche du pays et brident les initiatives de son peuple.

C’est ainsi que s’est construite, puis ossifiée, une société à irresponsabilité illimitée, dans laquelle les dirigeants s’exonèrent d’assumer leurs décisions et leurs actes.

  1. Main droite, main gauche.
La politique anti-tabac…Pour calmer les buralistes en colère, l’Etat redouble de créativité depuis le milieu des années 2000…A ceci près que les dépenses engagées sont insensées, et risquent d’aboutir à l’inverse de l’objectif affiché.

Tout se passe comme si le ministère de l’Economie et des Finances ignorait, et même contrecarrait, la politique mise en œuvre par celui de la Santé.

Un grand absent : le courage…L’Etat multiplie les incohérences dans sa politique, entretenant un maquis de mesures éparses aussi coûteuses qu’obscures.

  1. Ubu fiscaliste.
Des conclusions particulièrement cinglantes sur l’absurdité qui préside à la taxation du chocolat et de bien d’autres denrées.

Comble de l’inertie administrative, ces impôts du troisième type ne remplissent que très peu les caisses de l’Etat…La France compte près de 200 « taxes à faible rendement », alors qu’il n’en existe aucune au Royaume-Uni et trois en Allemagne. Cherchez l’erreur…

  1. Déserts médicaux : une pénurie organisée… par l’Etat !
Le MICA « mécanisme d’incitation à la cessation anticipée d’activité » inventé par l’assurance maladie à la fin des années 80.

Le mal français s’incarne avant tout dans une inégalité scandaleuse devant la quantité et surtout la qualité des soins disponibles selon le lieu où l’on réside.

  1. Le loto éducatif.
L’Education nationale s’est effondrée au cours des quarante dernières années sous le poids du gigantisme, de l’idéologie, de la bureaucratie, et les valeurs qu’elle incarne ont suivi le mouvement.

Il y avait 59 300 nouveaux diplômés du bac en 1960, 202 700 en 1976, et 641 700 dans la promotion 2016.

La sélection par le hasard et par l’influence, c’est une étrange conception de l’égalité républicaine. Tellement étrange qu’elle n’est appliquée nulle part ailleurs.

Mais rien n’est pire que l’hypocrisie française…Celle où le réseau relationnel, ainsi que l’argent, permet aux plus favorisés de prendre leur envol et laisse les autres englués dans l’arbitraire.

  1. La « scotomisation ».
Une maladie qui engendre une vision absurde et déformée de la réalité.

L’institution dans son ensemble ne veut pas remettre en cause sa routine et son petit confort. Elle préfère agir comme si cet effondrement n’existait pas.

Aucun des ministres n’a voulu, ou n’a pu, combattre efficacement les racines du décrochage scolaire, pour ne pas dire de l’écroulement. Mais tous se félicitent des performances du « système ».

  1. Les « MDD ».
Comme… »ministre à durée déterminée »

« La plus grave impuissance du pouvoir ministériel, c’est son impuissance à durer ».

L’enfer de la rue de Grenelle. Xavier Darcos ? Deux ans. Luc Chatel ? Sept trimestres. Benoît Hamon ? Il détient le record, avec moins de cinq mois.

  1. Le mythe du champion français
Sept ans après ce beau discours du président Sarkozy, on est loin de Palo Alto. « Le projet Paris-Saclay est aujourd’hui en suspens : la création d’une grande université de recherche intégrant universités et grandes écoles est au point mort et la stratégie de développement économique du site reste à mettre en œuvre » rapport 2017 de la Cour des comptes.

En avril 2015, Vivendi devient l’actionnaire majoritaire de Dailymotion…Le bureau de Palo Alto a été fermé. Ce n’est pas grave puisque l’objectif est atteint : le champion français est entre des mains françaises.

  1. L’histoire sans fin
Chaque président, ou presque, quand il s’installe à l’Elysée, commande un rapport à une commission composée d’éminentes personnalités, dans l’objectif d’engager des réformes. Les propositions sont médiatisées…puis les forces contraires, celles du corporatisme, de l’immobilisme, du conservatisme, pour ne rien dire de la couardise, font sombrer l’initiative dans l’oubli.

Et s’il ne s’agissait nullement d’une fatalité, mais d’une volonté consciente ou inconsciente, manifestée par ceux qui nous gouvernent : commander des rapports dont les propositions seront jugées inacceptables, afin d’apparaître comme des réformateurs contrariés par le pouvoir de la rue, le conservatisme de l’Administration ou le poids des corporations ?

  1. Un poste dans les cimes
Le poste de président de Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB), l’une des plus belles sinécures de la République.
  1. Tour -extérieur- de magie
Propulsion record vers les grands corps

Les préfets sans préfecture…Les « préfets en détachement de service public » ne sont pas tenus de diriger une préfecture. Mais ils bénéficient d’un traitement intéressant et surtout de pensions de retraite substantielles, cumulables avec d’autres revenus.

Le recyclage au sommet est un sport national.

  1. Recyclages sans frontières
Ségolène Royal nommée par Macron « ambassadrice chargée des pôles Arctique et Antarctique »…Harlem Désir est nommé en juillet 2017 au poste de représentant pour la liberté des médias au sein de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Cette nomination montre bien, après celle de Ségolène Royal, que la politique à l’ancienne, en France, n’a pas rendu son dernier soupir.

  1. Le culte du statut
Un statut pour dix personnes : les joueurs professionnels de jeu vidéo.

Tout le monde est d’accord pour dire que la France souffre des rentes de situation et des barrières à l’entrée créées pour l’exercice de certains métiers. Le bras armé de ces forteresses, ce sont les ordres professionnels. Ces instances peuvent non seulement exercer une influence non négligeable sur la législation et la réglementation, mais aussi prononcer des sanctions contre leurs membres en cas de manquement.

Chacun son ordre, chacun son statut, chacun chez soi…L’obsession du statut, le poids des avantages acquis, la répugnance de l’Etat à se montrer équitable de peur de mécontenter les groupes d’influence les plus puissants, voilà qui n’a pas changé en quarante ans !

  1. Des corps malades
Il y a quinze ans, l’Etat-employeur comptait encore près de 700 corps différents regroupant ses agents. Chacun avec ses avantages, ses primes, ses grades et ses mécanismes d’évolution de carrière singuliers.

En sept ans, de 2005 à 2012, le nombre de corps constituant l’Administration française a été réduit de moitié, passant de 700 à 340. Ensuite, tout s’est arrêté.

En clair, ni les administrations ni les syndicats ne voulaient de réforme. Alors même que les fonctionnaires concernés ne perdaient aucun avantage et qu’ils étaient même plutôt gagnants. Vous avez dit « société bloquée » ?

  1. Education : la ligne Maginot public-privé
Une ligne Maginot a été tracée une fois pour toutes en 1992 : 80% des élèves doivent fréquenter le public et 20% le privé.

En France, plus les résultats de la machine éducative sont décevants, plus ceux qui la pilotent et qui la défendent –ce sont souvent les mêmes- se montrent suspicieux à l’égard de l’enseignement privé, accusé d’accroître les inégalités qu’ils ont eux-mêmes contribué à creuser.

  1. La fuite des cerveaux
27% des expatriés à destination des Etats-Unis sont des scientifiques, contre 8% dans les années 1980…Près de la moitié des chercheurs les plus renommés en économie, classés parmi les 1000 meilleurs mondiaux, ont traversé eux aussi l’Atlantique.

20 000 chefs d’entreprise environ ont quitté la France en l’espace de quinze ans…L’exode fiscal a fait perdre 0,3% de croissance annuelle et 500 000 emplois en vingt ans.

  1. Les nouveaux confetti de l’empire
Mayotte Peu importe au début des années 2000 que les rapports sociaux relèvent du droit coutumier, que la polygamie y soit une pratique courante, que plus d’un tiers des plus de quinze ans n’aient jamais été scolarisés, que l’état civil soit une notion inexistante, que la propriété foncière individuelle n’ait aucun sens pour le citoyen lambda…

Le pouvoir a tout fait à l’envers et décrété cet alignement sur la métropole sans avoir réfléchi aux fractures immenses entre les deux sociétés, impossibles à réduire dans un délai si court.

  1. « C’est la faute à Bruxelles ! »
L’Hexagone multiplie les infractions à la législation européenne. Il fait aussi figure de cancre en matière de transposition des directives.

L’Europe, finalement, leur aura été bien utile à tous, comme repoussoir…S’il faut réformer le système des retraites ou le marché du travail, privatiser des entreprises moribondes, supprimer des postes dans la fonction publique, c’est toujours la faute de Bruxelles.

  1. Pas responsables, pas coupables
Ce terme américain de « distraction », difficile à traduire puisqu’il signifie tout à la fois « diversion », «égarement », « inattention », « confusion », est celui qu’employait aussi la ministre britannique de la Culture Maria Miller. Il indique clairement la volonté de ne pas gêner l’action de l’exécutif.

Jérôme Cahuzac, l’homme qui est prêt à mentir, les yeux dans les yeux, au Président de la République…Il se cramponne à son fauteuil de ministre jusqu’à l’ouverture d’une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale ».

Pas responsable, pas coupable : une attitude qui n’existe nulle part ailleurs…A part, peut-être, dans l’Italie de Silvio Berlusconi, ce qui ne représente pas exactement une référence.

C’est là un travers très français, que de ne pas placer la responsabilité individuelle d’un politique au cœur du pacte qui unit les citoyens et leurs élus. Bien au contraire, ces derniers utilisent le suffrage universel comme le moyen de se blanchir de leurs éventuels manquements.

  1. Les petits malins du Parlement
Pas besoin d’être un personnage politique bénéficiant d’une audience nationale, comme Nicolas Dupont-Aignan, pour tenter de maximiser le bénéfice à tirer des règles de financement public des partis politiques. Quelques illustres inconnus peuvent aussi y parvenir avec la bénédiction du législateur…
  1. IRFM (indemnité représentative de frais de mandat) : la non-abolition d’un privilège
Plusieurs fois menacée, toujours sauvegardée

Une parodie de sacrifice.

  1. SOS député
Selon la Constitution, les députés ont trois missions claires : ils discutent et votent les lois ; adoptent le budget de l’Etat ; contrôlent l’action du gouvernement. Mais, dans la réalité, ils entretiennent une sorte de culture du passe-droit et gèrent un bureau des pleurs contre une Administration tatillonne.

Député père Noël

Pierre Mazeaud « Le député est devenu une sorte d’assistante sociale, ce qui l’éloigne du Parlement où il ne vote plus les lois. Ainsi pour s’assurer une réélection sans problème, il est constamment sur le terrain, se substituant en réalité aux élus locaux, transformant son mandat déterminé par le titre IV de la Constitution en une fonction, contraire à ce qu’elle doit être. »

  1. Un déontologue en carton-pâte
Quatre déontologues se sont succédé à l’Assemblée nationale depuis la création de ce poste, en juin 2011. Quatre personnes de bonne volonté qui sont liées par des obligations de confidentialité telles que les députés indélicats peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Sur le papier, bien entendu, l’obligation morale est absolue et le contrôle total.

Le clivage entre ceux qui acceptent la présence d’une telle autorité morale et ceux qui la combattent ne sépare pas les femmes et les hommes, la droite et la gauche, les jeunes et les vieux, mais les anciens et les nouveaux députés.

  1. Le délire quantitatif
Obsession du chiffre…Cet affichage numérique est d’une grande pauvreté conceptuelle et politique.

Alors que le nombre de paysans ne cesse de diminuer, les fonctionnaires chargés de leur tutelle, eux, continuent de se multiplier.

« C’est tragique, mais il faut se rendre à l’évidence : il n’existe absolument aucune étude de coût des différentes prestations matérielles ou de services fournis par l’Etat » Alain Lambert

  1. « C’est trop bête »
Alain Peyrefitte déplorait déjà, en 1976, la loi de neutralisation réciproque entre ministères, une loi régie par les directeurs d’administration arc-boutés sur leurs prérogatives.

Avec le recul, Alain Lambert compare sa Lolf à « une Rolls qui roule sur un chemin de campagne » : « L’instrument était bon, dit-il, il n’a d’ailleurs jamais été mis en cause. Simplement il n’a pas été utilisé. C’était comme se doter d’un logiciel très performant en n’utilisant que le traitement de texte. »

Les forteresses que sont les directions d’administrations centrales résistent donc au changement avec une énergie prodigieuse. Elles trouvent toujours une oreille compréhensive à Matignon ou à l’Elysée pour entendre leurs doléances. Après tout, les conseillers du prince aujourd’hui seront peut-être directeurs demain…

  1. « Méthode randomisée » contre « méthode expérimentale »
Comment font les autres pour évaluer l’action de leurs administrations ?

Parfois, la Cour des comptes hausse tout de même le ton. Mais très poliment. En 2004, quatre ans après l’entrée en vigueur de la loi sur les 35 heures, elle regrettait ainsi, en termes choisis, que la réduction du temps de travail n’ait pas donné lieu à des évaluations approfondies, fiables. On est loin du pouvoir d’injonction qui existe dans les autres grandes démocraties.

Des millions pour les consultants.

  1. Un « jeunisme » de façade
La France se retrouve à la tête de la plus grande collection de ces « petits gadgets », dénoncés quarante ans plus tôt par Alain Peyrefitte, tous destinés à doper l’emploi des jeunes et tous impuissants à produire des effets significatifs.

L’art de simplifier en complexifiant.

Plus de trente ans de recul n’ont donc servi à rien. Jamais la France ne s’est lancée dans une politique durable de promotion de l’apprentissage. Les majorités successives ont fait et défait en faisant passer leurs convictions idéologiques avant l’intérêt des jeunes générations.

  1. Le verrou de Bercy
Le caractère discrétionnaire de la transmission ou non des dossiers de fraude fiscale à la justice pose un problème d’égalité de traitement des citoyens. En effet, les plus gros dossiers de fraude ne parviennent jamais jusqu’à la commission des infractions fiscales, et encore moins sur le bureau du procureur. L’Administration de Bercy utilise en effet la menace d’une plainte pénale pour pousser ces fraudeurs à payer.

La France conserve donc son vieux système de bouclier fiscal digne de l’Ancien Régime. Et sa représentation a choisi, une fois encore, de maintenir l’omerta qui règne sur les plus gros fraudeurs.

  1. Quand le bâtiment va
L’Etat perd de l’argent dès qu’il se mêle d’immobilier, comme propriétaire, comme vendeur, comme acheteur, et même comme locataire.

En clair, alors que l’Etat-propriétaire n’a plus un sou et creuse la dette publique, François Hollande et ses ministres ont laissé son agent immobilier, la Sovafim, vendre les immeubles de l’Etat sans lui réclamer le produit de la vente ! Un ménage français qui agirait de la sorte serait déjà devant une commission de surendettement !

  1. Tous en marinière !
L’attitude française, depuis des années, consiste à se voiler la face et à prétendre créer, dans tous les secteurs, des champions industriels, alors que l’exécutif feint simplement d’organiser ce qui le dépasse.

Plutôt qu’affronter la réalité, les orphelins de Colbert préfèrent porter des marinières et distribuer des « médailles du redressement productif ».

  1. Action-réaction
Dans la vie publique, chaque fois que surgit un fait divers, quel que soit son importance, on décide de faire une loi. Cette maladie de la production législative a abouti au fait que la dernière législature a enfanté deux lois par semaine…Pas un fait divers médiatisé, en effet, qui ne suscite une loi sécuritaire ou victimaire. Comme si la réflexion à long terme des gouvernements successifs était uniquement indexée sur l’actualité.
  1. Un grand corps si discret, les AAI (Autorités administratives indépendantes)
Ces institutions qui échappent à tout contrôle, ou presque, ont proliféré au fil des ans au point de s’arroger des prérogatives très larges, celles de juger, d’infliger des amendes, d’empêcher des rapprochements industriels, de décider de ce que les citoyens doivent savoir ou ignorer…
  1. Le perpétuel rêve d’Uriage
Cette surreprésentation d’énarques, et singulièrement de membres de grands corps, aux plus hautes responsabilités de l’Etat n’est évidemment pas neutre, si l’on considère à quel point la grande école représente un moule, surtout pour ceux qui en sortent dans les premières places.

Aucune autre grande démocratie moderne n’a opté pour une formule telle que l’ENA. Partout, ce sont les universités qui forment les futurs dirigeants.

  1. « Au nom des pouvoirs qui me sont conférés »
Les insignes de grand-croix pèsent lourd, désormais, sur la poitrine de Jacques Servier, tandis qu’Irène Frachon refuse à plusieurs reprises de recevoir la Légion d’honneur : « Ce ruban rouge, c’est la fierté et l’identité de la nation, dit-elle. Je ne peux pas appartenir à l’ordre de chevalerie qui a honoré Jacques Servier. »

Les héros de l’ombre peuvent toujours se consoler avec cette excellente boutade de Frédéric Dard : « La Légion d’honneur ? A partir d’un certain âge, il faut disposer d’un sacré piston pour ne pas l’avoir. »

  1. Le mirage de la société civile
La France est la seule démocratie mature où se pose encore et plus que jamais la question de la participation au pouvoir de non-professionnels de la politique. C’est un symptôme de la maladie chronique, mais de plus en plus aiguë, dont souffre la société française : la défiance envers ceux qui sont censés la diriger et la représenter.

L’énarchie, la République des fonctionnaires et des apparatchiks réunis ont réussi, sous la Vème République, à accoucher d’une nomenklatura déconnectée des réalités et installée pour toujours dans les rouages du pouvoir, quelle que soit la majorité politique en place.

  1. Pour une poignée de syllabes
La manière d’apprendre à lire aux enfants…est source de polémiques sans fin, qui opposent deux camps irréductibles, les « républicains » et les « progressistes » ou « pédagogistes »…Cette guerre de positions dure depuis plus de quarante ans.

Mais comme la France est, plus que toute autre démocratie avancée, perméable aux diktats idéologiques pour peu qu’ils soient énoncés par des intellectuels, les avocats de la méthode syllabique continuent d’être montrés du doigt comme d’affreux rabâcheurs du refrain « C’était mieux avant ».

  1. Le pèlerinage de la réforme
Un pèlerinage aux Pays-Bas…Au milieu des années 1980, la Hollande frôlait le dépôt de bilan.

Ma réforme au Canada…Surtout, ce pays est passé en quelques années de la faillite à la prospérité.

Carnet de voyage en Scandinavie.

Gerhard Schröder, un héros allemand.

Une mission pour rien…En vérité, en regardant ce qui se fait à l’étranger, les Français cherchent moins une méthodologie pour réformer qu’à se donner du courage…pour ne rien faire du tout.

Aucun responsable politique étranger ne s’est jamais rendu à Paris pour s’inspirer des réformes à la française.

  1. La « bande des huit »
Les uns et les autres, employés et employeurs, s’entendent sans l’ombre d’un nuage pour partager, avec la bénédiction de l’Etat, l’argent qu’ils soutirent à la formation professionnelle et aux organismes paritaires où ils siègent côte à côte…Ils forment la « bande des huit », en bagarres incessantes dehors, en grande connivence dedans. D’un côté le « club des cinq » : CFDT, CGT, Force ouvrière, CGC et CFTC. De l’autre un trio bien rodé : le Medef, la CGPME et l’UPA. Peu importe ce qui les divise sur le fond, ils sont les rois de la matérielle et savent se serrer les coudes pour se partager un gâteau plutôt généreux.

Les mésaventures du rapport Perruchot (2011)…La transparence chez les « partenaires sociaux » est un combat sans cesse repoussé au lendemain.

  1. Sa Majesté La Rue
Combien de tentatives de réformes ne sont-elles pas mortes dans la rue ?

La rue est la reine du conflit asymétrique. Elle l’a encore montré dans l’épisode le plus attristant qui soit, celui de l’écotaxe.

Cette capitulation en rase campagne courant octobre 2014 sape de façon spectaculaire et durable l’autorité publique face au pouvoir de la rue. Ensuite, elle coûte une fortune aux contribuables. Enfin, elle contrevient à tous les discours sur l’environnement tenus depuis 2008, et piétine le principe du pollueur-payeur.

  1. La société de défiance : si tu gagnes, je perds…
Le « droit à l’erreur »…C’est là le résultat d’une société marquée par deux affections dont les effets se renforcent mutuellement : la bureaucratie et la défiance.

« Il faudrait animer, ou ranimer, une société ankylosée…Comment rompre ce cercle vicieux où s’enferme la France : une population, à la fois passive et indisciplinée, qui justifie le dirigisme, et une bureaucratie qui décourage les initiatives et réussit à rendre les citoyens un peu plus passifs encore ? Jusqu’à ce que, exaspérés, ils sautent d’un coup de la léthargie à l’insurrection, tandis que l’Etat passe de la pression à la répression… »           Alain Peyrefitt

*

Verbatim proposé par François C.

Idées des autres

 Image associée Notées au cours du premier Quadrimestre 2018

DEVELOPPEMENT PERSONNEL + SAGESSES

Churchill Le succès ne dure pas. L’échec ne tue pas. Ce qui compte, c’est le courage de continuer.

Comte-Sponville A. Si nous sommes déjà dans le royaume, c’est qu’il s’agit d’habiter dès maintenant –autant qu’on le peut et au moins par moments- cet espace à la fois matériel et spirituel (le monde, le Royaume), où rien n’est à croire, puisque tout est à connaître, et où rien n’est à craindre pour ce qui n’en dépend pas. La sagesse des Evangiles rejoint ici celle d’Epicure ou des stoïciens : « Ne vous inquiétez pas du lendemain ; demain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »

Cremisi La cinquantaine est la vieillesse de la jeunesse alors que la soixantaine est la jeunesse de la vieillesse.

R.P. Droit L’histoire de Job se termine bien, en apparence : il retrouve ses troupeaux, deux fois plus nombreux. Il a de nouveau des enfants. Mais ce ne sont évidemment pas les mêmes. Les morts ne reviennent pas, les souffrances passées se réparent sans disparaître. Conscience, liberté, lucidité, responsabilité sont à ce prix.

L’empathie est ainsi le comportement fondateur du cerveau social. Cette capacité à éprouver et partager les émotions des autres se tient, pour le meilleur, au cœur de la genèse des pouvoirs. S’il n’y avait qu’elle, la face du monde serait différente. Mais ce lien humain fondateur, ce plaisir de coopérer qui engendre la bienveillance se heurtent au mal : cruauté, joie mauvaise, jouissance de torturer et d’écraser. Plus sophistiqués que toute autre espèce dans leurs comportements solidaires, les animaux humains le sont aussi dans leurs meurtres. Sacrifices sanglants, iniquités, destructions sont leur signe distinctif.

Cl. Ducasse Les pathologies qui sont symptomatiques de notre époque : la déréliction du lien social, le culte de l’ego, le sentiment de solitude et d’isolement, la dépendance au smartphone…et notre rapport déséquilibré aux nouvelles technologies, qui sont devenues des « dispositifs d’aliénation sociale ».

Dupré Dans le bleu des soirs d’Ile-de-France pareil au bleu de Prusse de matins d’exécution, je chercherais longtemps encore le secret de conduite qui permet de lier la douceur sans quoi la vie est peu de chose à l’honneur sans quoi la vie n’est rien.

Frankl Ce qui doit donner de la lumière doit d’abord supporter de brûler.

Général de Villiers La culture ambiante du « temps court » et du zapping ne valorise ni l’engagement, ni la patience, ni la persévérance. La jeune génération est particulièrement concernée : tout l’attire, mais rien ne la retient…Cette versatilité…ouvre sur le vide. Le vide sur lequel, par définition, on ne peut rien construire de stable, de durable, de grand.

Guerrin Le décor du film Call Me by Your Name, de Luca Guadagnino, est l’Italie de l’été 1983. Il n’y a pas de portable, pas d’écran, pas de jeux vidéo, pas YouTube, pas de réseaux sociaux. Que font ces jeunes (privilégiés) ? Ils lisent beaucoup, jouent de la musique ou en écoutent, discutent, dansent, draguent, bronzent, font du vélo, s’ennuient. Très bonne formation.

Horvilleur Un héritage n’est vivant que si l’on s’en empare pour le transformer.

Houdé Avec l’imagerie cérébrale, ce que l’on découvre aujourd’hui est la structure et le fonctionnement du cerveau qui apprend. Or, ce cerveau, « théâtre de l’éducation », lieu de toute synthèse individuelle ou collective, est l’angle mort de l’éducation nationale. En 2018, on éduque encore trop souvent « en aveugle » des millions de cerveaux, c’est-à-dire en manipulant les entrées (rythmes scolaires, nombre d’élèves par classe, etc.) et en observant les sorties (contrôles et examens, classement Pisa), sans bien connaître les mécanismes internes du cerveau qui apprend.

Huxley A. Le prix que Newton a eu à payer pour être intellectuellement si exceptionnel a été qu’il n’a pas eu d’amis, qu’il n’a jamais connu l’amour, qu’il n’ pas eu d’enfants, ni beaucoup d’autres choses désirables. En tant qu’homme, c’est un raté ; en tant que monstre, il est magnifique.

Labarthe A.S. C’est au moment où nous commençons à comprendre quelque chose de la vie qu’il nous faut la quitter. Mais peut-être est-ce cela comprendre. On ne comprend le verre qu’à l’instant fugace où il se brise.

Malraux A. Les hommes unis à la fois par l’espoir et par l’action accèdent, comme les hommes unis par l’amour, à des domaines auxquels ils n’accèderaient pas seuls.

 Moogalian Comme un flambeau d’espoir, l’acte altruiste d’Arnaud Beltrame a restauré notre foi en l’humanité. Nous sommes rassurés car, malgré la folie grandissante de ce monde, il y a des gens comme lui, des gens qui sont prêts à tout donner pour sauver les autres, pour défendre les valeurs de la République.

d’Ormesson Il ya quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.

Pessoa Au sommet, il n’y a de la place que pour l’Homme seul. Plus il est parfait, plus il est entier, plus il est lui-même. Même s’il nous est impossible de changer notre destin, nous pouvons malgré tout trouver le sens de la vie en témoignant de la capacité la plus humaine qu’il soit, celle de sublimer la souffrance en exploit.

Pfeffer Le talent est une force, pas un outil. Le talent n’est ni bon, ni mauvais. Etre doué de plusieurs talents est en fait un cadeau ambigu. Pour certains, c’est un fléau.

Proust On a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu’on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir et elle s’ouvre.

Renard Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s’effrayer : ça passe.

Rey L’une des figures les plus repoussantes de notre temps, c’est la conjugaison de l’immaturité psychique la plus complète avec les moyens d’action les plus sophistiqués.

Cl. Rosset L’épreuve du réel me semble être le ressort fondamental de la joie de vivre. Je pense en effet qu’il y a une alliance possible entre la lucidité –la vie est absurde, ridicule- et la joie. Car être heureux, c’est toujours être heureux malgré tout.

Cl. de Saint-Lager Tant qu’on ne considérera pas la rencontre entre l’homme et la femme comme un don mutuel et l’alliance de deux libertés, on ne pourra saisir le mystère féminin ni l’énergie masculine.

Ziglar Ce ne sont pas vos aptitudes, mais votre attitude qui déterminera votre altitude.

DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL

Baverez Les séquelles des chocs des dernières décennies vont être aggravées par les grandes transformations qui bouleversent le travail : l’allongement de la vie active et l’enchaînement de carrières professionnelles successives ; l’alternance des phases d’activité et de reconversion ; la révolution numérique qui remettra en question la moitié des emplois existants au cours des prochaines décennies ; la polarisation des postes, des revenus, des entreprises et des territoires. Le capital humain devient décisif. Et le nerf de la guerre économique sera la formation.

BCG (étude) Cinq éléments essentiels à la réussite d’une stratégie de pivot : comprendre de façon objective la situation de l’entreprise, redéfinir son axe stratégique majeur, restructurer pour réduire coûts et bureaucratie, construire une culture d’innovation, de vitesse et d’ouverture, et enfin investir dans le numérique.

Challenges Un Américain passe 24 heures en ligne chaque semaine. C’était 9 heures en 2000.

Th. Chapusot (être patron) La recette, c’est un tiers de raison, parce qu’il faut réfléchir avec sa tête pour mener son projet, un tiers d’estomac, parce qu’il faut tenir le cap, et un tiers de cœur, parce qu’il faut en avoir avec ses clients et ses collaborateurs.

Hababou Une nouvelle bataille du service client est lancée, encore plus impitoyable qu’hier, qui fera de nombreuses victimes et fera triompher de nouveaux modèles.

C. Hautcoeur Le développement de l’apprentissage ne pourra se faire en France que si, comme en Allemagne et en Angleterre, toutes les carrières techniques jusqu’aux postes d’ingénieurs de rang élevé et de direction, deviennent réellement accessibles aux apprentis, ce qui implique de leur ouvrir une multiplicité d’expériences, y compris internationales, et l’accès à des formations théoriques complémentaires (qui ne correspondent pas forcément auc besoins du moment dans l’entreprise). Faute de rendre l’apprentissage plus attrayant pour les jeunes (et pas seulement pour les entreprises), celui-ci restera considéré comme une solution par défaut, voire un stigmate, et contribuera à figer la segmentation sociale de la jeunesse…que l’on observe d’ailleurs même en Allemagne.

St. Hill Un travailleur qui passe d’un employeur à un autre, ou d’un type d’emploi à un autre, ne doit pas être exclu des moyens nécessaires pour assurer son existence. La protection sociale doit devenir un acquis portable, mais aussi universel, couvrant tous les travailleurs sans exception. C’est un besoin qui se fera de plus en plus sentir à mesure que les technologies numériques gagneront tous les secteurs de l’économie et transformeront un nombre croissant de bons emplois en minables petits boulots en ligne.

Fr. Joignot Très inquiet, Tristan Harris (créateur, après avoir quitté Google en 2015, de l’association Time Well Spent) compare les portables, avec leurs touches colorées et leurs incessantes offres et tentations, aux « machines à sous » des casinos : ce sont des « technologies addictives », comme le confirme l’anthropologue culturelle Natasha D. Schüll, auteure d’Addiction by Design.

St. Lauer Le système actuel de la formation professionnelle est coûteux, mal ciblé, mal évalué et prospère dans l’opacité la plus totale. Patronat et syndicats avaient l’occasion d’être les acteurs du changement. Mais l’accord qu’ils viennent de conclure sur la formation professionnelle a montré les limites de l’exercice. Leurs propositions conduisent à faire perdurer une usine à gaz, sans plus de garanties d’efficacité (24/02).

Muzard La créativité d’un groupe de singes peu évolués est égale à celle de ses dominants. Alors que chez les plus évolués, comme les chimpanzés, elle est la somme de la créativité de tous ses membres.

Th. Nadisic L’autre tendance favorise l’autonomie des personnes au travail, leur responsabilisation, leur capacité à la prise d’initiative, leur respect mutuel et une meilleure coopération. Des innovations telles que le coaching d’équipe, la participation des salariés à la construction d’une vision pour l’entreprise ou des méthodes empathiques pour mener les entretiens d’évaluation annuelle, fondent cette seconde approche.

Peters Les entreprises excellentes ne croient pas à l’excellence –seulement à l’amélioration continue et au changement constant.

Prunier-Poulmaire Les compétences comportementales transversales et humaines deviennent essentielles à l’heure où les compétences techniques peuvent être transférées aux robots. Car, en identifiant ce qui nous différencie du robot, on est plus que jamais conduit à miser sur le capital humain : imagination, curiosité, créativité, intelligence relationnelle, diplomatie, éthique, sens du collectif, de la négociation, gestion de l’imprévu, compréhension fine et nuancée des émotions.

Riolo Pour gagner demain, il faut réformer aujourd’hui. Sans attendre. Faire preuve de courage et d’audace.

Sachet-Milliat A. Les salariés sont plus exigeants. Ils veulent un travail qui ait du sens, dans lequel ils s’épanouissent et ils refusent d’être écrasés par la hiérarchie. Ils ne sont plus prêts non plus à sacrifier leur vie personnelle pour leur carrière. Ils sont parallèlement soumis à une pression grandissante. Tout va plus vite, tout est plus compétitif et plus incertain. Il faut être sur le pont à n’importe quelle heure, mais aussi répondre à des injonctions paradoxales, avec d’un côté des attentes de plus en plus fortes en termes de responsabilité sociale et environnementale et de l’autre une quête continue de rentabilité. C’est très stressant !

J-D Senard Notre rôle face à tous ces défis et ces bouleversements est de donner une vision aux salariés et aux diverses parties prenantes de ce que nous sommes, de ce que nous voulons être et de ce que nous voulons faire.

J.D. Silicani Les 5,6 millions d’agents de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux sont, dans leur majorité, compétents et assidus. Hélas, le cadre de leur gestion est inadapté et ne leur permet ni de servir leurs concitoyens comme ils le souhaiteraient, ni de bénéficier de parcours professionnels stimulants et valorisants.

Turmeau Au lieu de chercher à construire un avantage concurrentiel, les stratèges de l’océan bleu s’efforcent de rendre la concurrence sans objet. Ils se demandent ce qu’il faudrait faire pour séduire la masse des acheteurs même sans marketing. Ils invitent les clients à leur dire ce qu’ils aiment ou pas. En se tournant vers les non-clients, autrefois invisibles, ils cherchent à susciter une nouvelle demande, tout en se battant pour attirer davantage de clients existants.

LITTERATURE/PORTRAITS LITTERAIRES

Dugain Une vie détournée, le récit que Ghyslain Wattrelos nous délivre, est la relation intime de la solitude d’un homme dans un contexte où témérité et courage sont des exceptions étouffées par le ronronnement de la société du spectacle et de ses rebondissements programmés. Quand par une destinée fatale on se retrouve confronté à l’essentiel, comment se défendre contre la futilité et le dérisoire ? En s’acharnant sans relâche à mettre en lumière l’immense masse d’ombre qui recouvre l’Océan Indien et ses arrangements de barbouzes. Lire ce livre est une nécessité.

Slimani J’écris pour sortir du langage et des rapports humains du quotidien, conditionnés par la peur, le politiquement correct, une certaine morale, plein de choses qui vous inhibent. La littérature, c’est un espace de grande liberté, surtout en France. Ce n’est pas fait pour être distrayant. On écrit avec ses hontes, ses peurs, ses pensées mauvaises, pour tout dire, tout montrer, parler de ce dont on ne parle pas dans la vraie vie. Il n’y a aucune limite.

ECONOMIE/GEOPOLITIQUE

Ai Weiwei Un migrant, c’est une personne qui n’a pas d’autre choix que de quitter son pays parce qu’il y a la guerre, parce qu’il y a la misère, parce qu’il y a des conditions climatiques extrêmes. Dans ces circonstances-là, personne ne quitte son pays de son plein gré.

Attali Le pire existe aussi dans bien des régions du continent. C’est en Afrique, à nos portes, que se sont reconstitués des marchés aux esclaves ; que certains pays imposent à leur jeunesse un service militaire à vie (oui, à vie !) ; que le niveau de vie s’effondre en raison de la natalité ; que des femmes sont systématiquement violées ; que des enfants sont mis au travail à cinq ans dans des mines ; que des dictateurs torturent, massacrent, pillent sans contre-pouvoir ; que le climat devient plus invivable qu’ailleurs. Et des trafics d’hommes, de femmes, d’enfants, d’armes, de drogues s’étendent sur tout ce continent pour pourvoir, en bout de chaîne, à nos besoins et nos désirs.

Baverez L’Italie cumule des maux structurels et les vecteurs du populisme. Le pays demeure miné par l’effondrement de sa démographie, par la faiblesse de la productivité et de l’innovation, par les inégalités sociales et territoriales : la pénurie d’emplois dans certaines régions du Nord et dans le Mezzogiorno va de pair avec le chômage structurel des jeunes. La conjonction d’une dette publique de 133% du PIB et des fragilités du système bancaire peut vite devenir explosive avec la hausse des taux d’intérêt. Enfin, l’Etat demeure d’une faiblesse insigne, otage des corporations quand il n’est pas corrompu par les mafias qui contrôlent environ 10% du PIB.

L’Iran dispose de tous les atouts pour devenir un grand émergent mais se trouve bloqué par la pénurie d’investissements, l’ampleur des inégalités, la confiscation des ressources indispensables au développement par les fondations religieuses et les gardiens de la révolution qui contrôlent des pans entiers de l’économie.

Or le destin de l’Egypte est plus que jamais un enjeu mondial. Avec 100 millions d’habitants en 2020, elle est le pays le plus peuplé du monde arabe, l’une des clés de l’évolution de l’islam vers la radicalisation ou la modération. Au carrefour de trois continents et de deux mers, son rôle est vital pour endiguer la dynamique du chaos au Moyen-Orient et la contagion du jihadisme en Afrique.

Les illusions autour de l’avènement de la démocratie de marché et de la communauté internationale sont mortes. Le monde reste une jungle où les monstres sont de retour. S’y promener désarmé, c’est s’afficher comme une proie à dévorer…L’Europe doit entendre le signal d’alerte que lui adressent les hommes forts et leur politique de puissance. Elle doit réarmer sur les plans militaire, politique, intellectuel et moral (22/03).

Bruckner Si la traite transatlantique, qui a duré quatre siècles, est qualifiée à juste titre de crime contre l’humanité, la traite des Noirs d’Afrique par le monde arabo-musulman, commencée dès le VIIème siècle et terminée officiellement au XXème, peut s’assimiler à un génocide pur et simple : on estime qu’elle fit près de 17 millions de victimes, tuées ou castrées.

J.P. Cabestan Cette révision constitutionnelle en Chine va à l’encontre de toute esquisse d’institutionnalisation des règles de succession et renforce le caractère opaque, arbitraire, voire mafieux, du PC chinois. Comme toutes les sociétés secrètes, le PCC peut renforcer et prolonger le mandat de son « parrain » actuel. Mais il est incapable de garantir toute transmission transparente, sans à-coups et pacifique du pouvoir (03/03).

Challenges Tokyo et ses 13 millions d’habitants comptent 13 000 emplois municipaux. Paris et ses 2 millions d’habitants en comptent 54 000.

Chercheurs de différentes universités et ONG publient une étude sur les « utilisations malintentionnées » de l’intelligence artificielle. Par exemple, automatisation des outils de piratage, génération d’arnaques personnalisées via les réseaux sociaux, programmation d’ »essaims » de drones par des organisations terroristes, création de fausses vidéos d’information plus vraies que nature…

Cohen La comparaison entre les Etats-Unis et la planète dans son ensemble est fascinante. A l’échelle du monde, on trouve aussi que le 1% des personnes les plus riches du monde captent 20% du revenu global et les 50% les moins riches 10% du total. Les Etats-Unis sont devenus une maquette réduite des inégalités mondiales. Il existe toutefois une différence majeure à l’œuvre. Les plus pauvres des habitants de la planète se sont enrichis. Leur revenu a doublé au cours des quarante dernières années. Ce sont les classes moyennes, coincées entre les super-riches et la moitié inférieure, qui ont décroché, leur revenu progressant deux fois moins que celui des plus pauvres, et quatre fois moins que celui des plus riches.

Ph. Escande La voiture autonome n’est plus un gadget futuriste, ni une option de plus sur le catalogue des constructeurs, mais un agent de changement profond de nos sociétés.

Frachon A. Cela, l’abomination qu’ont vécue les Syriens, dans un camp comme dans l’autre, fait qu’on ne peut pas recommencer « comme avant ». On ne peut pas imaginer que Bachar Al-Assad exerce de nouveau le pouvoir comme avant, avec ses moukhabarat (la police secrète) omniprésents, son « mini-goulag » du désert, ses caves à viol et à torture, la domination d’une partie de la population sur une autre…La personne de Bachar compte moins que ce qu’elle représente : un système qui a fait faillite. Le jihadisme a été vaincu ou presque. Mais du strict point de vue syro-syrien, rien n’est réglé.

Face aux profonds bouleversements structurels de l’heure, personne n’a de recette magique. Il est probable que le trumpisme économique affaiblira un peu plus les électeurs de Donald Trump. Il est probable que le Brexit appauvrira la Grande-Bretagne. Mais, sauf à ériger en priorités les questions de l’immigration et la lutte contre les inégalités, le populisme va s’installer durablement. Parce qu’il n’est pas une aberration passagère, mais le symptôme d’une situation.

Gernelle Est-ce une raison pour l’Union européenne de ne pas dire à la Pologne ce que l’on pense de sa dérive illibérale et, à la Turquie, de sa mue dictatoriale aggravée par ses attaques odieuses contre les Kurdes, notamment en Syrie ? Avec des alliés comme ceux-là, nous n’avons pas besoin du reste du monde pour être inquiets (08/02).

Huré Amazon a fort bien compris ces complémentarités. L’enseigne compte offrir dans ses nouveaux magasins ce qu’il ne peut pas offrir sur Internet (le voir, le toucher, le sentir), en tirant parti de son fichier clients, le plus important au monde, avec une connaissance très fine des historiques de navigation et d’achats de chacun. Les clients sont précisément au cœur de sa stratégie, symboliquement représentée sous forme d’une chaise vide lors des réunions internes.

Johnson Le 13ème plan quinquennal chinois (mai 2016) a pour objectif de faire du pays une « nation innovante » d’ici à 2020, un « leader international de l’innovation » d’ici à 2030, et « une grande puissance mondiale de l’innovation scientifique et technologique » d’ici à 2050. Les dépenses de recherche et développement (R&D) devront atteindre 2,5% du PIB et le nombre de brevets déposés devra doubler d’ici à 2020.

Kaufmann La crise économique puis la crise migratoire et les attentats terroristes ont retourné l’opinion publique européenne. Au-delà d’un certain seuil, l’immigration devient politiquement explosive. Le projet de loi français « asile et immigration » en est une traduction. Le verdict italien rend encore plus urgente une politique qui organise, réhabilite et maîtrise l’asile et l’immigration à l’échelle européenne (06/03).

Kessler L’initiative One Belt, One Road, qui veut renforcer les échanges entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, montre que le développement de la Chine se veut désormais plus exo-centré : hors les murs. Ce projet titanesque est intégrateur, couvrant soixante-huit pays et près des deux tiers de la population mondiale (01/02).

St. Lauer Mais l’économie américaine n’est pas la Trump Organization. M. Trump considère le commerce international comme un jeu à somme nulle où les gains des uns correspondent aux pertes des autres. Imaginer que les barrières douanières vont provoquer une réallocation des investissements vers les Etats-Unis est illusoire. Plus sûrement, les produits à base d’acier ou d’aluminium vont augmenter, pénalisant consommateurs, entreprises et, in fine, salariés du fait du recul de la compétitivité, sans parler des mesures de rétorsion que ne manquera pas de prendre le reste du monde (12/03).

Ch.Makarian Mais, face à tant de craquements, il devient impossible de déconnecter les avancées des différents mouvements de droite dure en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en Slovaquie (où les populistes soutiennent un gouvernement de gauche), jusqu’à une alerte récente en Finlande, d’une Union Européenne qui se résume tragiquement à son impuissance.

Un processus de « décivilisation » est en marche. Pis : sans qu’on y ait pris garde, la régression n’est pas loin de passer pour une forme de modernité.

Milanovic Des sociétés dans lesquelles cohabitent des gens aux revenus et schémas de consommation extrêmement différents peuvent-elles rester stables et démocratiques ? De telles sociétés n’auraient-elles pas tendance à exacerber les caractéristiques de ce qui était autrefois considéré comme le fléau du tiers-monde, à savoir la désarticulation sociale, avec une couche supérieure prospère parfaitement intégrée à l’économie mondiale et des couches inférieures stagnantes, progressivement dépassées par les classes moyennes des économies émergentes ?

J.P. Dupuy Certains experts estiment à un risque sur trois l’éventualité d’une guerre nucléaire entre l’Amérique et la Corée du Nord avant la fin du mandat de Trump. Pourtant, ni Kim ni Trump ne veulent cette guerre. Les intentions n’ont plus d’importance. C’est un accident qui plongera le monde dans l’enfer. A la suite d’une erreur humaine, un système d’alerte signale faussement l’arrivée de missiles nucléaires. Cela s’est produit plusieurs fois pendant la guerre froide. Cela vient de se produire à Hawaï, puis au Japon. Le monde a les nerfs à vif. Il n’y a plus de différence entre une vraie et une fausse alerte.

Editos « Le Monde » Il est difficilement contestable que l’OMC est aujourd’hui à bout de souffle. Comment continuer à fonctionner à 164 membres avec un système fondé sur l’unanimité ? Comment parvenir à un consensus, quand la règle de l’ »engagement unique » stipule que, tant qu’il n’y a pas compromis sur chacun des sujets de négociation, il ne peut y avoir d’accord global ?

Depuis une trentaine d’années, les citoyens les plus pauvres ont basculé, pour bon nombre d’entre eux, soit dans l’abstentionnisme, soit dans le populisme. Désormais, le risque est que les classes moyennes –socle de nos sociétés démocratiques-, soient à leur tour gagnées par la défiance et la déréliction. Les gouvernements se doivent d’y prendre garde.

L’élite de Brasilia baigne dans un climat d’impunité de nature à écoeurer le peuple. A quelques mois de l’élection présidentielle, le Brésil, pays parmi les plus inégalitaires au monde, renvoie l’image d’une société de castes où les dirigeants n’obéissent pas aux mêmes lois que les miséreux. C’est indigne et dangereux pour la plus grande démocratie d’’Amérique latine (27/01).

Il semble urgent de définir de nouvelles règles pour que l’espace continue à être considéré comme un bien commun…Si Elon Musk a réussi à redonner un élan formidable au vieux rêve humain de conquête de l’espace, il ne doit pas nous faire oublier que celle-ci doit se poursuivre à l’abri des seuls intérêts d’une poignée de milliardaires, aussi talentueux soient-ils (14/02).

Ce sont largement plus de la moitié des électeurs italiens qui ont voté pour des formations anti-système. Le parti démocrate de l’ancien premier ministre Matteo Renzi confirme, lui, la tendance pan-européenne de l’effondrement des partis de centre gauche, avec 18,9% des voix (05/03).

Il y a sept ans, les manifestants syriens réclamaient au minimum un peu de liberté, et pour certains la chute d’un dictateur. Aujourd’hui, aucun syrien n’imagine plus la fin de « l’enfer sur terre ». Et le reste du monde, lassé, paraît avoir perdu, face à une brutalité exceptionnelle, et bien que toutes les valeurs universelles et onusiennes soient bafouées, tout ce qui pourrait ressembler à de l’empathie, à de la compassion. Les portes de l’enfer ne semblent pas près de se refermer (20/03).

Radical et doctrinaire, M. Bolton est profondément hostile à l’accord nucléaire conclu avec l’Iran en 2015, que les Européens s’évertuent actuellement à sauver. Il était également, ces dernières années, favorable au recours à des frappes préventives contre la Corée du Nord. Le vent mauvais qui souffle de Washington n’est pas près de s’apaiser (23/03).

Ph. Escande Carillion a poussé à l’extrême la logique dangereuse de la société sans actifs et sans grande différenciation. Minée par la compétition, elle a été progressivement poussée à accepter des contrats sans réelle rentabilité et à haut risque. En 2016, les impayés ont explosé , représentant jusqu’à 30% de ses revenus. Créature hybride, construite en moins de vingt ans par acquisitions successives, la société s’est effondrée d’un coup sans que personne ne lui vienne en aide. Comme si on ne la voyait déjà plus.

Ce qui frappe chez Amazon, c’est la rapidité du déploiement vers de nouveaux secteurs et son ampleur. En moins de deux ans, la firme a considérablement élargi son champ d’action, s’intéressant aussi bien à la livraison de colis, avec sa flotte de camions et d’avions, aux épiceries physiques avec le rachat de la chaîne diététique Whole Foods, au cinéma, à la maison, et désormais à la finance.

Frachon A. Pour expliquer cette régression de la démocratie libérale, on avance les mêmes raisons de part et d’autre de l’Atlantique : immigration, sentiment d’un multiculturalisme imposé aux dépens des cultures nationales, individualisme radical, dissolution de l’intérêt collectif, inégalités croissantes, chaos technologique. Il faudrait renouveler le modèle libéral : l’une de ses caractéristiques est sa capacité à se régénérer. Trump préfère participer à sa démolition.

La méthode Trump est un coup de plus porté à cette idée d’un ordre international fondé sur un minimum de règles. Il est vrai que cette illusion-là faisait partie des autres, celles que l’on entretenait à la fin de la guerre froide : poursuite du désarmement nucléaire, progression de la démocratie et libre-échange pour tout le monde.

En cette fin de XXème siècle, l’Amérique cède aux illusions de l’omnipotence et va se livrer à trente ans « d’aventures impériales », la plupart désastreuses. A l’intérieur, le leadership politique, républicain ou démocrate, se soumet à la domination de Wall Street. L’esprit du temps est gagné par un individualisme forcené qui, dissolvant la notion de citoyenneté, érige la cupidité en vertu civique. L’Etat-providence se désagrège. En fin de parcours, il y a Donald Trump –non comme une surprise, mais comme un aboutissement.

En Irak comme en Syrie, les Kurdes ont été au premier plan de la lutte contre l’EI. Historiquement, ils ont toujours été victimes du cynisme des grandes puissances. Faut-il vraiment qu’il en aille ainsi ? Une fois de plus (22/03).

Giraud Selon l’Unesco, chaque année, environ 246 millions d’enfants dans le monde sont victimes de violences en milieu scolaire. Les filles sont particulièrement vulnérables à ces violences qui vont des brimades aux agressions sexuelles.

Imbert Mais comment se désengager. L’Arabie saoudite paraît convaincue que les houthistes ne cesseront jamais de lui mener la guerre –certains parmi eux se projettent dans des décennies de combat contre la puissance sunnite régionale. L’Iran a beau jeu de les soutenir de loin, à coût réduit. Sans contrôler les houthistes ni jouer un rôle capital dans cette guerre. Téhéran se contente de faire saigner son grand rival dans son pré carré (10/02).

Kaufmann Le scrutin italien est le dernier candidat européen au box-office des films d’épouvante que l’on se joue et se rejoue, après ceux du référendum sur le Brexit, des élections en France, en Autriche, en Allemagne ou en Catalogne. Le scénario est étrangement familier. Défiance de l’électorat envers les institutions et les partis politiques traditionnels, crise migratoire, montée de l’extrême droite et du mouvement 5 étoiles qui fait figure de favori, rejet de l’Europe dans un pays qui en fut pourtant l’un des plus enthousiastes soutiens…et incertitude totale sur le résultat pour couronner le tout (14/02)

Ch. Makarian La juxtaposition des cas allemand et italien, autrement dit la réussite économique et le marasme, la rigueur et l’incurie, la solution raisonnable et la plongée dans l’irrationnel, obligent à réfléchir sur…le constat que la rémanence du fait culturel est désormais le facteur fondamental de l’identité européenne (07/03).

Mendras Avec quelques dizaines d’associés, Poutine détient les ressources (économiques, administratives, militaires) qui lui permettent de contrôler le pays. Son combat quotidien est de garder le pouvoir, sans jamais suggérer qu’il pourrait laisser la place à un autre. Son nouveau mandat ne lui donne aucun répit, car il sait que son sort ne se joue pas dans les urnes, mais dans sa capacité à étouffer la contestation au sein d’une société inquiète de l’avenir (17/03).

Pedroletti C’est là qu’intervient une autre dimension de l’autoritarisme chinois. Le rythme accéléré d’innovation et d’investissement dans le big data et l’intelligence artificielle a fait surgir des convergences en matière de contrôle, de surveillance et de notation sociale (le système de credit rating, ou notation, que la Chine veut élargir à l’ensemble de ses citoyens en 2020). De quoi inquiéter, dans un régime qui ne juge pas opportun d’en limiter la portée.

Pitron En nous engageant dans la transition énergétique, nous nous sommes tous jetés dans la gueule du dragon chinois. L’empire du Milieu détient en effet aujourd’hui le monopole d’une kyrielle de métaux rares indispensables aux énergies bas carbone et au numérique, ces deux piliers de la transition énergétique.

Rey La Ghouta, c’est tout cela : la force brute s’exerçant sans se soucier de la moindre critique, de la moindre humanité : le déni aux populations de leur droit d’être et d’exister pour les réduire au mieux au statut de migrants futurs pour celles et ceux qui réchapperont de l’enfer…C’est enfin le triomphe des faux-semblants : de bonnes frontières, bien gardées et bien fermées, armées de solides indifférences « réalistes » nous éviteront tout débordement. L’histoire pourtant nous apprend que l’ordre brutal est voué à corrompre le cours ordinaire de nos vies, à détruire les fondements de nos valeurs et à se répandre inlassablement (27/02).

Ventura Le Berlusconi d’aujourd’hui est un monsieur de 81 ans qui ne pourra pas être élu ni occuper de fonctions gouvernementales, un homme qui oscille entre la modération, les thèses d’une droite « lepéniste » et des promesses intenables (la suppression du chômage des jeunes, sans qu’on sache comment), qui, en cas de victoire, aura bien du mal à gérer ses partenaires et qui vise probablement l’après-élection, quand aucun des candidats au pouvoir ne parviendra à gouverner seul. Le Berlusconi d’aujourd’hui et sa survie politique sont, en d’autres termes, le triste signe de l’abyssale crise italienne (02/03).

POLITIQUE/SOCIETE

Agacinski Il s’agit de savoir dans quelle société nous voulons vivre et d’avoir le courage de résister au « marché total », comme c’est encore le cas de la plupart des pays européens. L’honneur de notre pays serait, avec d’autres, de travailler à l’abolition universelle d’une pratique qui touche aujourd’hui dans le monde les femmes les plus vulnérables.

Alexandre Demain, la déconnexion entre plaisir, sexe, amour et reproduction sera totale : tout deviendra modulaire, choisi et industrialisé. Sélection et modifications génétiques des embryons, sexe virtuel et robot-sexe, utérus artificiel, enfants produits par des couples du même sexe, bébés avec trois parents puis sans parents vont industrialiser amour, sexe et procréation.

Babeau Le progressisme a une chance que n’ont pas eue les puritanismes d’autrefois : il va avoir à disposition les outils technologiques permettant d’imposer à tous le respect de ses dogmes, entraînant ainsi une terrifiante normalisation des comportements. Dans le monde de l’hyper-surveillance, la dictature sera « à un clic de souris ». Une personne malintentionnée aura à sa disposition tous les outils pour se saisir du pouvoir absolu sur nos existences.

N.Baverez La France doit donc impérativement moderniser son modèle social en poursuivant deux objectifs complémentaires, la diminution de ses coûts et la réponse aux fléaux sociaux du XXIème siècle : la dépendance et le développement des maladies chroniques ; la pauvreté et la marginalisation des jeunes ; le précariat ; l’exclusion ; l’enfermement communautaire et la radicalisation.

Paris souffre en effet d’un quadruple problème d’insécurité, de saleté, de thrombose et de pollution qui rend la vie de ses habitants plus difficile et qui mine son attractivité.

Bertrand La France compte 400 000 apprentis, soit seulement 7% du total des jeunes de 16 à 25 ans. Ce pourcentage est en moyenne de 15% dans les pays européens. Pourtant 70% des apprentis français trouvent un emploi dans les sept mois suivant la fin de leur cursus.

Colin L’économie numérique est en effet une économie de l’instabilité. Ce ne sont plus seulement les trajectoires professionnelles qui sont discontinues, c’est aussi la situation des entreprises qui est plus fragile. Les entreprises numériques se livrent une concurrence féroce, qui laisse beaucoup d’entre elles sur le carreau. Les entreprises traditionnelles sont mises à rude épreuve par la transition numérique et ne s’en sortent qu’en imposant toujours plus de précarité à leurs salariés.

Courtois Difficile dans ces conditions, devant les soubresauts ou les tumultes des années en 8, d’imaginer de quoi 2018 sera porteuse. D’autant qu’un autre chiffre magique pour les uns, fatidique pour les autres s’est imposé ces derniers temps dans la numérologie politique. Le 7, comme 1997 et la victoire inattendue de Lionel Jospin. 2007 et le triomphe annoncé de Nicolas Sarkozy. 2017 et la réussite d’Emmanuel Macron grâce, comme on dit, à un remarquable alignement des planètes.

Voilà pourtant le chef de l’Etat rattrapé par le vieux clivage droite-gauche, qu’il entend dépasser, accusé, d’un côté, de manquer de cœur et, de l’autre, de fermeté. Nul doute qu’il ne variera pas dans sa volonté affichée de tenir la balance égale entre « humanisme » et « efficacité » en matière d’immigration. Mais le syncrétisme macronien pourrait bien, pour la première fois, trouver là ses limites (15/01).

Refondation idéologique, en premier lieu. Pas plus que ses homologues allemand, scandinave, italien ou espagnol, le PS n’a su inventer un modèle de société capable de faire pièce à une mondialisation libérale et inégalitaire qui sape les fondements de la social-démocratie. Or, à ce stade, l’invocation par les candidats d’une gauche réformiste et solidaire, sociale, écologique et prudemment européenne tient du vœu pieux (23/01).

La promesse de la campagne de Macron était de redonner aux Français le goût de l’avenir et de réformer le pays en dépassant les vieilles et vaines querelles idéologiques…Or c’est cette confrontation que la bataille du rail qui s’engage fait brutalement resurgir. Comme hier « Billancourt », il paraît périlleux, aujourd’hui, de désespérer la SNCF. Mais il est vrai qu’entre-temps Renault s’est mondialisé et est devenu le premier constructeur automobile mondial (31/03).

P-A Delhommais La SNCF représente 1% du total des effectifs salariés dans le pays mais 25% des journées de grève.

 Dugain La rumeur, l’indécence, l’insinuation, la calomnie salissent un mouvement général positif pour un meilleur respect des femmes et cette déviance immonde arrange celles et ceux qui, pour promouvoir de sordides intérêts, ont compris l’avantage que l’on pouvait tirer à accuser sans preuves au risque de discréditer les autres, toutes les autres qui ont été les vraies victimes de prédateurs tapis dans l’ombre de leur petit pouvoir (16/02).

Le problème de ces épisodes médiatiques fiévreux, c’est qu’ils finissent par lasser, et de plus en plus vite. Et puis, on ne va pas pouvoir éternellement faire passer des vessies pour des lanternes, ce qui, traduit en version moderne, donne « des fake news » volontairement mensongères pour des informations sérieuses. L’investigation c’est un métier exigeant et coûteux, ce n’est pas des rumeurs qu’on accrédite au gré de ses appétits de profits faciles.

Le pays de la révolution à condition que rien ne change peut-il devenir le pays de l’évolution où tout change pour de bon ? la confrontation risque d’être violente et douloureuse, tout en devenant le test majeur du quinquennat. Les conservatismes sont autant prétendument de gauche que de droite dans notre pays, ce qui donne sa force au centrisme pragmatique du jeune président qui agit pendant que ses adversaires pérorent comme ils l’ont toujours fait (09/03).

Editos « Le Monde » Aux Etats-Unis, chaque année, 1,8 million de tonnes de déchets électroniques sont mis à la poubelle. En France, chaque habitant en jette une vingtaine de kilos par an. En trente ans, la durée de vie d’un ordinateur a été divisée par deux et, depuis le début des années 2000, le taux d’appareils ménagers défectueux remplacés dans les cinq premières années d’utilisation a quasiment doublé pour atteindre 13%. Quant aux téléphones portables, ils sont remplacés en moyenne tous les vingt mois.

La crise structurelle du système français carcéral ne se règlera pas d’un coup de baguette magique. Les prisons souffrent d’un sous-investissement chronique. Le plan en cours de construction de 15 000 places sera étalé jusqu’en 2025. Il aura donc un impact marginal sur les capacités d’ici à la fin du quinquennat. Parallèlement, le développement des peines alternatives à la prison n’aura d’effet qu’à long terme, tant la révolution culturelle à mener sur ce plan s’annonce difficile (24/01).

Inquiétant constat, cet haro sur les médias ! Car il suffit de rappeler combien la presse reste muselée, censurée, voire embastillée, dans tous les pays autoritaires ou illibéraux du monde pour savoir que l’information est un ressort essentiel de la démocratie. Un contre-pouvoir indispensable à sa vitalité. Que nos éminences politiques ne le supportent pas, au point de jeter les journalistes en pâture, est le symptôme d’une démocratie défaillante (01/03).

Ces exemples les plus dramatiques ne sauraient masquer la banalisation d’un antisémitisme ordinaire, fait d’insultes quotidiennes, d’inscriptions menaçantes dans les cages d’escalier ou sur des magasins juifs, de rassemblements hostiles, d’agressions physiques, d’ostracisme dans les établissements scolaires (29/03.

Ph. Escande La chaudière de l’armement fonctionne donc à pleins fourneaux pour alimenter les poudrières qui se constituent, essentiellement en Asie et au Moyen-Orient. Les industriels produisent désormais 40% de plus qu’il y a quinze ans. Le désarmement mondial n’est pas pour demain.

Industriels et artisans peinent à embaucher au pays du chômage de masse. Les deux priorités absolues du redressement sont parfaitement connues : un effort de formation sans précédent pour répondre aux besoins des entreprises et un investissement massif dans le numérique où la France accumule les retards, dans l’industrie comme dans les services. Une urgence d’autant plus grande que de telles réformes prennent des années à produire leurs effets et que l’embellie actuelle ne sera pas éternelle. Du pain sur la planche (25/01).

De ce bras de fer entre les entreprises et l’éducation nationale, puis avec les régions…a émergé un système de financement d’une complexité rare, une usine à gaz de 8,2 milliards d’euros par an. Mais au-delà de cette tuyauterie invraisemblable, le point-clé reste celui de l’orientation et de l’attractivité, qui est finalement lui aussi le reflet d’une méfiance réciproque des acteurs de la formation. La révolution copernicienne sera donc culturelle ou ne sera pas (09/02).

La technologie 5G annonce une révolution bien plus grande que le passage de la 3G à la 4G. Elle promet des débits 100 fois plus rapides et un fonctionnement bien plus économe qui permettra de basculer dans l’internet des objets. Du réfrigérateur aux automobiles, tous les objets communiqueront entre eux.

St. Foucart D’autres Tchernobyl invisibles sont devant nous. Le scandale du chlordécone, par exemple, ne sera pas le moindre. Interdit en 1976 aux Etats-Unis, ce pesticide cancérogène et perturbateur endocrinien a été utilisé par dérogation dans les bananeraies des Antilles françaises jusqu’au milieu des années 1990. Il contamine désormais, pour plusieurs siècles, les sols, les rivières, les nappes phréatiques et les écosystèmes côtiers de grandes étendues de Guadeloupe et de Martinique. Une large part de la population y en est imprégnée et encourt des risques accrus de certaines maladies –cancer de la prostate notamment.

Fr. Fressoz Le PS a été pillé des deux côtés : sur sa droite par Emmanuel Macron, sur sa gauche par le leader de la France insoumise. Le casse a été si violent qu’à l’issue de la double séquence présidentielle et législative, celui qui fut naguère l’un des deux grands partis de l’alternance ne peut plus prétendre à une quelconque hégémonie. Il risque d’être au mieux une force d’appoint dans les prochaines années, mais pour qui ? (08/03)

Galland Il n’y a pas deux France, mais des France traversées de clivages multiples et complexes qui ne se laissent absolument pas approcher.

Gernelle L’antisémitisme est bien là, parfois maquillé sous les traits d’un « antisionisme » jugé plus présentable par ses propagateurs, parmi lesquels on trouve des islamistes et une partie de l’ultragauche. Comment fermer les yeux sur ce qui monte ? Deux événements tragiques, cinq morts. Un héros dont on se souviendra, une honte que l’on n’oubliera pas. Et toujours ce combat de l’âme qui fait rage (29/03).

Kaufmann Construit et dominé par les hommes, le système se fissure, mais il résiste redoutablement bien. Comme résiste cette image si française et si commode, celle d’une culture de la séduction bien à nous : où donc fixer la limite ? Bonne question, alors parlons-en. Non, la France n’est pas les Etats-Unis. Aux Etats-Unis, en 2017, on a livré les porcs au bûcher, parfois hâtivement. En France, on préfère encore les cacher.

de Kerdrel Le problème, c’est que la France est le pays qui consacre le plus d’argent à son modèle social, mais qui compte 9 millions de citoyens vivant sous le seuil de pauvreté, 3 millions d’enfants ne mangeant pas à leur faim et 2,5 millions d’adultes illettrés. Et pourtant, il existe dans notre pays 51 allocations différentes, souvent versées sans le moindre contrôle.

Loridan-Ivens La communauté juive de la Mitteleuropa a été détruite, une culture a disparu à cause du nazisme. Si le caractère antisémite de ce crime est avéré, Mireille Knoll, poignardée et brûlée, a vécu la Shoah dans son appartement. Lorsqu’on a connu les chambres à gaz, assister à ce genre de crime soixante-dix ans après est une horreur. Après la guerre et au retour des camps, j’ai rêvé qu’on en finisse avec l’antisémitisme, mais personne n’en a tiré les leçons (29/03).

Ch. Péguy La guerre contre la démagogie est la plus dure de toutes les guerres.

Ch. Saint-Etienne Nous avons l’industrie la moins robotisée des pays développés. Pour 10 000 salariés dans le secteur manufacturier, nous avons 126 robots, contre 160 en Italie et en Espagne, 270 en Allemagne et au Japon, et 550 en Corée. Les investissements dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont deux fois plus faibles en France que dans la zone euro et trois fois plus faibles qu’aux Etats-Unis.

Strauch-Bonart Twitter et Facebook n’empêchent pas seulement la complexité et la nuance, ils réduisent tout débat à un choix binaire entre “pour” ou “contre”. Les réseaux sociaux multiplient aussi les occasions de réaction impulsive, de grégarisme et d’attaques directes. Cela est d’autant plus aisé que, en ne voyant pas celui qu’on attaque, on perd ce qu’apporterait sa présence : une invitation à l’empathie.

Testart Le transhumanisme, c’est le nouveau nom de l’eugénisme. C’est l’amélioration de l’espèce par d’autres moyens que la génétique. C’est la perspective de fabriquer des humains plus intelligents qui vont vivre trois siècles, quand les autres deviendront des sous-hommes. Et cette perspective, qui créera une humanité à deux vitesses, est en passe d’être acceptée par la société.

Veltz En France, nous avons tous les éléments du puzzle : des entreprises, des laboratoires de recherche, des villes dynamiques. Mais quand je vois ce que fait Google à Toronto ou à Colombus, où ils ont investi la ville pour une expérimentation en vraie grandeur, je me dis que nous sommes « petits bras » sur ces sujets. Les aides à l’innovation sont éparpillées, et on risque de ne pas avoir de laboratoire véritablement efficace à la bonne échelle, concentrant les moyens nécessaires pour mettre en place ce genre d’innovations.

 

PROSPECTIVE

Attali Un modèle de société empathique, misant sur le partage des objets et des patrimoines, la gratuité des services, le refus de l’accumulation, la libération du temps, le respect des femmes, des faibles, de la nature et des diverses formes de vie, l’altruisme, la non-violence ; et qui, à terme, pariera sur le dévoilement et l’épanouissement des forces de l’esprit, au-delà de ce qu’on nomme trop simplement l’intelligence ; des forces nouvelles telles qu’elles commencent à se faire connaître tant par les neurosciences que par les techniques de méditation de pleine conscience ; et au-delà, les techniques les plus hétérodoxes d’expression des immenses potentialités négligées des corps et des esprits.

Ezratty Au CES 2018 de Las Vegas, l’IA était également employée -au-delà des assistants vocaux- dans l’orchestration des objets connectés, les smartphones (reconnaissance d’images ou de visages), la traduction automatique, les robots grand public (dont une nouvelle version du chien Aïbo de Sony) ou, plus futuriste encore, l’analyse des émotions. Sans oublier, bien sûr, la voiture autonome avec des démonstrations signées Toyota, Nissan, Nacya ou Baidu.

*

Verbatim proposé par François C.

Les 10 commandements de l'entrepreneur de Brino Vanryb - éditions du Rocher

https://images.epagine.fr/421/9782268096421_1_75.jpg Il reste un endroit où il faut se battre avec courage et persistance, où il faut effectuer une course de haies…Ce dont je parle, c’est de l’entreprise et de ceux qui la créent, la dirigent et la font vivre.

Commandement 1 La solitude tu éviteras.

Un commandement au cœur de tous les commandements qui suivent. Tout ce que je fais aujourd’hui, avec mon entreprise, je le fais en équipe auprès d’entrepreneurs et de fondateurs que j’accompagne dans le même esprit collectif.

Commandement 2. Tu ne dépenseras point.

Nous avions une devise : dépenser chaque euro comme si c’était le dernier.

C’est d’ailleurs toujours le facteur temps qui est sous-estimé par les jeunes entrepreneurs. On imagine qu’on va finaliser son produit en six mois, alors qu’il faut souvent plus d’un an ! On pense que les premiers clients vont se précipiter, alors qu’il va falloir les chercher et les convaincre un par un. On se retrouve ainsi totalement démuni, bloqué au milieu du gué. Plus personne ne veut remettre d’argent et la faillite devient inévitable.

 La frugalité que je défends n’est en rien l’ennemi de l’investissement. Il ne s’agit pas ici de présenter la radinerie comme une valeur d’entreprise, mais simplement de regarder la réalité en face, celle des millions d’entreprises qui se battent pour passer le cap des trois premières années, bien loin des licornes, ces start-up milliardaires qui défraient la chronique.

Commandement 3. Ton sang-froid tu conserveras.

Quand une décision semble devoir être prise immédiatement, j’utilise souvent une expression inspirée du cinéma pour décrire la bonne attitude à avoir : « Faire un zoom arrière. » Il s’agit toujours d’être capable de désaxer son point de vue et penser loin de la contrainte.

 Lorsque les dirigeants perdent leur sang-froid, cessent d’écouter leur entourage et s’enferment dans leur tour d’ivoire, c’est le début des ennuis. Des ennuis qui, la plupart du temps, amènent de grandes déconvenues. Conviction et persistance : oui. Autisme et aveuglement : non ! Emotion et précipitation : encore pire !

Commandement 4. La passion tu ne perdras pas.

Dans un tel cadre, il est donc vital de remettre la passion au cœur du projet de l’entrepreneur. Je suis convaincu que, à la fin, ce sont les vrais passionnés qui rafleront la mise. Et ce sera mérité.

La passion est une réelle force. Elle permet souvent de dépasser les antagonismes. La passion est le plus beau des traits d’union.

La passion est ma figure imposée inaugurale. Avant de m’impliquer dans un projet, j’ai besoin de ressentir, presque physiquement, que la passion et le courage sont parmi les moteurs principaux de la structure avec laquelle je vais parcourir un bout de chemin…Les yeux dans les yeux, je veux que la passion qui anime mon interlocuteur me saute au visage. La passion est un feu sacré qui doit allumer la mèche de tous les possibles. Un feu qui ne doit pas s’éteindre.

Garder la flamme, voilà peut-être le bien le plus précieux d’un entrepreneur qui veut durer.

Commandement 5. Te réinventer tu t’obligeras.

Une des qualités premières d’un entrepreneur me paraît être, justement, de sentir à quel moment une révision stratégique doit être opérée. Même si cette révision est déchirante. Même si elle est difficilement admissible dans un premier temps. Même si elle effraie.

Une bonne idée et de bonnes équipes ne feront un succès qu’en s’adaptant réellement aux besoins et aux attentes du marché.

Pour éviter une possible situation d’échec, il faut donc anticiper la décision de pivoter, ce qui implique de savoir dès le départ qu’entre le démarrage du projet et son aboutissement, cela va prendre beaucoup plus de temps que prévu et passer par des révisions stratégiques, afin de tenir dans ces périodes difficiles.

Commandement 6. Déléguer tu apprendras.

L’entrepreneur qui ne sait pas déléguer s’engage sans le savoir dans une voie sans issue.

Apprendre à déléguer constitue le premier pas de la maturité pour un entrepreneur. Cela se vérifie dans la « vraie » vie. Je l’ai vécu et cette expérience était particulièrement formatrice.

Il semblerait qu’il ne soit pas si facile de déléguer. C’est ce type de blocage psychologique que l’on rencontre fréquemment, même chez les plus talentueux des entrepreneurs, qu’il faut savoir dépasser.

Ce n’est pas uniquement un signe d’ouverture d’esprit, mais aussi, et surtout, une étape indispensable pour grandir personnellement et professionnellement.

Commandement 7. Tes équipes tu motiveras.

Leur donner envie   L’envie, c’est le désir de se lever le matin, de partir au travail le cœur léger, ressentir que c’est un moment essentiel de sa vie, et non une contrainte. Tout le monde ne le sait peut-être pas mais le mot « travail » vient du latin « tripalium » : instrument de torture.

Tout d’abord, partager l’information…Il faut également partager la richesse créée par l’entreprise, et le faire largement.

(L’actionnariat salarié)…Enfin, je me souviens surtout de l’ambiance magnifique qui a prévalu au sein de l’entreprise les années suivantes, de la motivation de tous, du désir de réussir ensemble, de ce sentiment d’appartenance à une communauté d’intérêt qui n’était pas uniquement celle du patron.

Partager la richesse est indispensable. On ne l’apprend pas dans les cours de management, ce qui n’est guère étonnant, mais ce septième commandement est au cœur de la motivation des équipes, et donc de la réussite.

Commandement 8. Arriver au bon moment tu sauras.

On ne le dit pas souvent, mais l’un des facteurs clé du succès, c’est le temps. On ne peut pas déconnecter un projet du moment où on va le mettre sur le marché.

Bien sûr, il est important de pouvoir s’appuyer sur une super équipe et un bon produit. Mais la martingale est de permettre à ce produit d’arriver au bon moment. Trop tôt, c’est trop tôt ! Et…trop tard, c’est trop tard !

Avoir à l’esprit qu’une entreprise ne fonctionne que si ses produits rencontrent des clients. C’est la raison pour laquelle il est essentiel d’arriver au bon moment. »Time to market », selon la formule chère aux Américains…Un commandement à garder en permanence à l’esprit.

Commandement 9. Tes clients tu comprendras.

On sous-estime trop souvent l’incroyable concurrence à laquelle une entreprise est confrontée en permanence. Aujourd’hui, lorsque vous avez une idée, aussi excellente soit-elle, des centaines de personnes à travers le monde auront la même idée, au même moment.

Cette leçon –observer ses clients, les écouter, devancer leurs attentes-, je l’ai apprise à la dure. Mais elle s’applique à tous les secteurs d’activité et à tous les projets.

Quel que soit le domaine, mettez-vous toujours à la place de vos clients…Cela reste la manière la plus simple et la plus efficace de trouver son marché et de résister à la concurrence.

Commandement 10. Gérer tes priorités tu sauras.

A courir plusieurs lièvres en simultané, on ne réalise rien d’efficace. C’est une des règles de la réussite : déterminer un objectif, le suivre et ne pas se laisser distraire.

La réussite passe par une vision claire des priorités. Egalement par l’application obstinée d’une stratégie et d’une vision, tant que cette dernière est pertinente.

Je suis convaincu que les règles simples qui consistent à établir ce qui est important, définir la vision de l’entreprise et s’y tenir, sont indispensables.

Penser sa vie, et ne pas seulement la subir, ce n’est pas qu’une histoire d’entrepreneur, c’est peut-être la clé du bonheur, une des choses les plus difficiles à réussir.

Extraits du texte H. JACKSON BROWN Jr., ‘ »Be Brave »

« Soyez courageux. Si vous ne l’êtes pas vraiment, forcez-vous à l’être…

N’ayez pas peur de prendre des risques, c’est ce qui vous rapportera le plus.

Cherchez les opportunités, pas la sécurité.

Quand vous faites face à une tâche difficile, agissez comme s’il était impossible d’échouer.

Sachez choisir vos priorités : apprenez à dire non, mais avec politesse.

Ne dites jamais que vous n’y arriverez pas faute de temps ; vous avez le même nombre d’heures que Pasteur, Michel-Ange, Mère Teresa, Leonard de Vinci et Einstein avaient dans leur journée !

Ne donnez pas beaucoup d’importance à des sujets mineurs.

Ne vous arrêtez pas sur vos échecs avec regrets, tirez-en des enseignements et avancez.

Apprenez à donner une deuxième chance..Une deuxième, mais pas une troisième !

Ne surestimez pas votre capacité à changer les autres.

Ne sous-estimez pas votre capacité à vous changer vous-même.

Passez moins de temps à vous demander qui a raison, plus de temps à décider ce qu’il faut faire.

Souvenez-vous que les gagnants ont souvent fait ce que les perdants n’ont pas eu envie de faire!»

 

*

Verbatim proposé par François C.

 

L'année du déclic de Charlotte Savreux - Balland

https://images.epagine.fr/649/9782940556649_1_75.jpg Et si c’était la vôtre…?

Mes «témoins du possible»…avaient un projet à réaliser, une passion à satisfaire, un idéal à porter, une quête à honorer, une cause à défendre et ils ont mis toute leur énergie à son profit.

Le Collectif des Possibles   Ils forment la ligue de ceux qui refusent de vivre dans une époque minimaliste, déprimée, fataliste et attentiste.

Il n’y a pas de victoire, de grande réalisation sans une prise de risque et une mise en danger de ce qui existe, ni sans défier ses propres peurs.

On ne change pas de vie, mais on la continue en capitalisant sur les compétences acquises et en rebattant les cartes de son existence pour s’offrir de nouvelles potentialités de jeux.

Chapitre 1 – LES JUSQU’AU-BOUTISTES

Envers et contre tout, envers et contre tous, ils sont allés au bout de leur intime conviction, n’accordant aucun compromis au découragement.

Il ne faut pas avoir peur d’aller contre l’avis de ceux qui vous découragent, et bien au contraire, continuer de persévérer et de croire en ses idées.

Del Busto Gomez Nous sommes trop nombreux à nous retrancher derrière l’âge pour renoncer et nous résigner. Or, il n’est jamais trop tard pour oser, vivre et décrocher sa victoire…Tant que nous sommes vivants, beaucoup reste possible. Jusqu’au dernier souffle.

Th. Marx Nous ne perdons jamais les acquis de nos précédentes expériences. En s’additionnant les unes aux autres, elles viennent optimiser notre nouvelle trajectoire, nous permettant ainsi d’honorer l’expérience suivante et le palier supérieur, pour qui a su tirer les leçons des apprentissages antérieurs.

La vie est un laboratoire où nous sommes tous des chercheurs habilités à sortir de notre zone de confort, pour tenter des expériences et nous offrir le spectre de nouvelles opportunités.

Si la mort invite au renoncement, au détachement, à l’abandon, vivre demande en revanche du courage, de l’engagement et de l’énergie pour se mettre au monde.

« L’échec » ou plutôt l’épreuve est donc davantage une expérience de vie qu’un désaveu, et fait partie intégrante de notre processus d’apprentissage et d’évolution.

Persévérer, c’est gérer le critère du temps en ayant confiance. C’est vouloir vraiment et longtemps.

Renard Le projet est le brouillon de l’avenir, parfois il faut à l’avenir des centaines de brouillons. ## Chapitre 2 – LES «RESSORTS INSUBMERSIBLES»

Ceux que j’appelle les ressorts insubmersibles ont vécu cet instant de vie où tout vole en éclats. Quand le temps est suspendu et le cheminement interrompu. Ce que Nietzsche appelle le « chaos ».

de la Martinière L’épreuve, si elle est un passage douloureux à traverser, est aussi féconde pour qui projette le chemin de création et de construction qui peut en découler. Il y en a toujours un, car dans les moments les plus vertigineux et les plus nus d’une vie, il se dégage une « intensité d’être » qui permet d’accéder aux profondeurs de soi-même…Un déclic puissant peut surgir, une révélation, une prise de conscience, une vocation qui participe alors à une phase de transformation importante de notre vie.

Chalumeau La vie n’est jamais une route linéaire, prédéfinie et définitivement actée. Elle offre des points de rupture, des intersections, des carrefours, avec à la clef son lot de nouvelles perspectives. L’occasion alors de rebattre les cartes du jeu de sa vie, et d’exprimer son libre arbitre pour mieux réorienter sa vie.

D’une épreuve majeure, on ne s’en sort pas seul, mais avec les autres, avec ceux qui nous inspirent, nous orientent parce qu’ils sont et ce qu’ils font, ceux qu’on appelle les tuteurs de résilience.

La peur, si elle annihile, déclenche aussi pour qui sait accueillir l’épreuve, le levier suprême de l’instinct de survie qui fait alors émerger nos ressources intérieures les plus puissantes, tel un geyser en plein désert, pour surmonter les difficultés et nous transcender. C’est à cet instant précis que la magie opère, que l’épreuve de vie devient une expérience de vie, celle qui enseigne, celle qui fait bouger douloureusement les repères, mais qui ouvre aussi le champ des possibles et le panorama de nouvelles opportunités et perspectives.

Chapitre 3 –  LES PERCHISTES DE L’ASCENSEUR SOCIAL

Altrad La difficulté n’est pas de faire mais d’oser faire.

Dia Sans courage, il n’y a pas de transformation possible, pas d’aspiration, pas d’éclosion…Seul le courage mène à la victoire et à la joie car quand nous remportons une victoire, nous nous sentons non seulement accompli mais aussi vivant. La joie vient de l’effort surmonté, du dépassement de soi et de l’ordre établi.

Ne pas habiter sa vie est une «belle» stratégie de défense, mais cette protection a un prix : celui de passer à côté de son existence.

Fr. Roustang Il y a deux choses que les humains détestent, la liberté et le bonheur parce qu’il faut les inventer, les construire et que cela demande du courage, de la persévérance et de l’audace.

Le libre arbitre revient à accueillir ce qui s’impose à nous, tout en sachant le transformer au fil de la vie, des envies et de notre évolution personnelle pour sortir du conditionnement originel et nous ouvrir alors au champ des possibles…Sur ce chemin au service de votre réalisation, sachez que vous ne serez jamais seuls ; la vie se mêle à l’ouvrage, faisant émerger des opportunités, des rencontres, des synchronicités parfois troublantes qui viendront ponctuer votre évolution.

Chapitre 4 – LES « P.D.G. » : les PETITS DEVENUS GRANDS

La patience n’est jamais une perte de temps, elle offre la juste maturation qui permet d’optimiser l’instant de l’éclosion. L’action jusqu’alors inefficace, devient alors un jour féconde avec une intensité à la hauteur de la conviction, de la persévérance et de la patience investies. Même s’il faut parfois multiplier les détours…

Coluche A ceux qui disent ne pas avoir de chance, demande-leur le nombre de fois où la chance est passée pour rien.

Une chance qui n’est pas le simple fait du hasard, mais qui dépend aussi et surtout de nous-même, de notre vigilance, de notre ouverture à recevoir et de notre capacité à transformer le fortuit en opportunité, l’inattendu en potentialité.

La vie est, avec ou sans diplôme, merveilleusement généreuse et gratifiante avec ceux qui savent se projeter, rêver et nourrir une ambition…Sans elle, il n’y a pas de grande réalisations, et sans ambition, nous manquons surtout la première d’entre elles, celle de nous réaliser et de nous épanouir.

Chapitre 5 – LE COLLECTIF DES POSSIBLES

Ils ont, chevillé au corps, le goût de la vie dans toutes ses nuances et ont acquis au fil des années les apprentissages qui leur permettent aujourd’hui de croire en la puissance du désir, en l’énergie de l’action, et d’habiter l’inconnu avec confiance, de repousser les limites sans jamais renoncer à la vie.

Char L’homme est capable de faire ce qu’il est incapable d’imaginer.

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.

Th. Saussez Faire de l’engagement le fil rouge de sa vie, et de chaque étape une chance maximale.

Riboud A. Instinct, Imagination, Courage.

Partir en quête de son Graal est un défi noble à honorer. Il faut vouloir les choses, pas uniquement les attendre.

Il n’y a pas d’échecs, il n’y a que des épreuves qui, une fois traversées, se révèlent être de formidables opportunités.

La volonté de faire, quelles que soient les circonstances, c’est ce qui rend les choses possibles. Réussir, c’est naviguer entre les récifs, c’est avancer en faisant au mieux, en dépit des circonstances.

Saint Augustin Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède déjà.

Travailler, c’est ne jamais se reposer sur ses acquis, c’est s’investir dans le maintenant et dans le demain. Hier et avant-hier ne sont jamais plus intéressants.

Alain Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherché.

Th. Marx Savoir être pour durer. Ne pas avoir de projet, c’est devenir un ennemi pour soi-même. Le meilleur moyen d’aider une personne n’est donc pas de l’assister, mais de lui donner l’idée d’un projet pour lui ouvrir les perspectives et le champ des opportunités. Quand on entretient un projet, on entretient la flamme.

D. de Saint Marc Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

Saint-Exupéry Fais de ta vie un rêve, et de ton rêve une réalité.

La vie est fragile, des maladies nous emportent, des accidents changent le cours de notre vie, mais, et c’est tout le paradoxe de la vie, notre force est immense et c’est elle qui nous permet de réaliser des rêves plus grands que nous.

Conclusion Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient.

A vous désormais d’essayer, d’œuvrer, d’oser…

La vie vous attend !

 

 

 

Verbatim proposé par François C.

Indian Therapy de Juliette Tissot - Tensing

Et moi, je suis libre et enchaînée à ma vie de femme d’expat.

J’ai beaucoup travaillé, lui aussi. On a voyagé, on a continué à danser et à rire. Et puis l’envie d’avoir des enfants s’est imposée, l’horloge biologique, la nature, la raison, le sourire d’un bébé dans la rue.

J’ai senti que le poids de ma vie quotidienne allait finalement me manquer. J’ai senti la perte et le manque au bout de mes doigts, l’abandon et le vide.

En quelques heures, à peine arrivée à Delhi, j’ai senti que ma nouvelle vie serait pleine d’ambivalences.

En Inde, on arrive tôt ou tard aux limites, à ses limites.

Delhi est une ville où le bruit est un mode de vie.

C’est V. qui m’a d’abord déniaisée sur l’esclavage moderne en Inde.

La femme d’expatrié gère une petite PME.

J’ai connu ici l’euphorie, la déprime, l’énervement, la beauté, la compassion. Aujourd’hui, je suis dans un état proche de l’énervement absolu, prête quitter ce pays à la première occasion, prête à hurler plus fort que les chiens errants qui m’empoisonnent, prête à vivre partout sauf ici.

Je ne suis qu’une accompagnatrice de monsieur mon mari, c’est normal…A aucun moment il y en a une qui s’est demandé si j’avais un travail, une passion.

Mon pouvoir sur ces gens est immense. Ils sont prêts à tout pour avoir un travail, quitte à dormir par terre comme des chiens.

Oh ! Inde, Odeurs d’épices, Odeurs de pisse…Une puanteur indescriptible, l’Inde comme on en rêve dans nos pires cauchemars.

Ce départ en Inde a chamboulé tout ce que j’étais. Il a donné un coup de fouet à notre existence, à notre couple, à notre famille. Mais je me demande aujourd’hui si c’était le bon fouet.

Cette incapacité de l’Homme à être heureux ou juste bien dans la durée. Vous me comprenez un peu Docteur Kumar ou vous me considérez comme une enfant gâtée.

Stéphane met le doigt sur ce qui fait mal, sur cette perte de mon indépendance. Et si tu me quittes demain, Stéphane, je fais comment ? Et si j’ai envie de te quitter ? Tes questions ne sont pas anodines. Pourtant, tu avais promis. Tu avais dit que ton argent, c’était mon argent, tu avais promis.

Entre Françaises de Delhi, c’est un peu comme aux Alcooliques anonymes, on est toutes liées par les mystères de nos vies indiennes.

La vie d’expat en Inde m’a montré ce soir-là son visage alcoolisé, libéral, sensuel et festif.

J’ai l’impression d’être dans un tunnel sans fin.

Chaque matin, c’est comme si je vivais en Inde pour la première fois. Chaque matin, je réalise que je vis dans un autre monde.

Il faut reconnaître que les Indiens ont la domesticité dans les gènes.

Les jalousies à l’extérieur, le poids des traditions et de la société ont eu raison de son désir de changer les choses. Elle n’a pas pu changer l’Inde.

Que des trucs anti, anti, anti tout, anti maux de l’Inde, ce pays de tous les dangers.

Il n’y a pas l’eau courante à Delhi. L’eau de la ville ne coule que quelques heures par jour.

Les Indiens chrétiens ne sont pas des hindous, mais ils ont bien ce même sens de la destinée, du destin collé à la peau, de la malédiction et des coups du sort.

Le fauteuil roulant est un luxe que les handicapés pauvres ne peuvent pas s’offrir. Les culs-de-jatte se déplacent en planche à roulettes. Les victimes de la polio marchent avec leurs bras.

Objectivement, les poux, c’est immonde, sale, dégoûtant, mais j’aime être cette maman singe, cette chatte qui extrait le parasite de ses petits.

Franchement je trouve qu’un Indien considère souvent son serviteur comme un chien. Et à part le dernier Indien qui est tout en bas de l’échelle, chaque Indien a sous lui un esclave à exploiter.

J’ai l’impression de vivre à côté de moi-même. Je fais les choses, je parle, mais je vis mécaniquement. Face aux autres, j’ai l’impression d’être une illusion, un mirage. Je n’existe pas tout à fait, je suis le fantôme de ce que j’étais.

Je ne changerai pas l’Inde, c’est elle qui me changera. C’est à moi de m’adapter, de sortir, de rencontrer. Je veux retrouver de la douceur à être avec moi-même…Petit à petit je crois que nous avançons.

«Je ne sais pas qui vous a mis dans la tête que vous ne pouviez pas faire certaines choses, alors que vous pouvez. Votre souffle peut tout. Le yoga va vous aider à être en pleine possession de vous-même. Vous allez réveiller la Kundalini.»

Les épanouies prennent l’expatriation comme une opportunité, un nouveau départ, elles ont envie d’apprendre, de créer, elles n’ont pas peur d’affronter les différences.

Je dépasse ma douleur, je la dompte, je la canalise. Je veux y arriver, je peux le faire, je vais y arriver. Je me découvre des forces insoupçonnées. J’y suis. J’y arrive.

Je me sens vivante et c’est une sensation qui n’a pas de prix.

C’est en laissant le temps vivre en nous, exister, s’aérer, s’évaporer, s’étendre qu’il peut ralentir. Le temps pressé devient exaspérant car il reste toujours insuffisant tellement on veut mettre de choses dedans…Il faut attendre d’avoir trente-neuf ans pour comprendre cela ?

Ces années sans travail et sans tâches obligatoires sont un cadeau. Je dois le prendre et m’en réjouir.

C’est mon réveil des sens, mon côté prise de conscience existentielle. Je deviens aware, tellement aware. Je deviens dingue aussi, mais plus comme l’année dernière. Cette année, la folie est agréable et les Indiens sont beaux.

J’ai enfin laissé tomber mes grosses valises d’idées logiques et de jugements. Je goûte au bonheur, à la plénitude de l’instant. Souvent je sens comme un pincement agréable dans mon cœur qui me dit justement pince-toi pour voir, pour voir combien le bonheur est là tout près de toi, comme l’amour.

Depuis quelques semaines, beaucoup de choses s’ouvrent en moi. Je vais de découverte en découverte. Comme si je trouvais ma propre humanité, mon vrai moi.

L’Inde nous rappelle que tout est possible, que sur cette terre des hommes et des femmes ne vivent pas et ne pensent pas comme nous, l’Inde nous déstabilise, l’Inde nous rend fou parfois, j’aurais pu être sa nouvelle victime. Mais finalement, je ne suis qu’une Occidentale de plus à avoir reçu la grâce des mains de Lord Ganesha.

Et pourtant, je me sens comme au bord du précipice une nouvelle fois. L’Inde m’a changée, l’Inde a changé ma famille, mon rapport au monde, au travail, au sens de la vie…J’ai l’impression que Paris est aussi une expatriation. S’expatrier, c’est littéralement vivre en dehors de la patrie, loin du père. Alors revenir dans sa patrie, c’est vivre de nouveau près du père.

On ira où tu voudras, quand tu voudras.

*

Verbatim proposé par François C.

L'hypercapitalisme mondial d'Alain Cotta - éditions Odile Jacob

hypercapitalisme mondial

Les deux capitalismes

Une coexistence hostile

Le capitalisme d’entreprise doit désormais vivre avec un capitalisme d’Etat dans une cohabitation qui n’est pas sans nuages et qui peut aller d’une indifférence feinte à une franche rivalité, sans exclure une hostilité qui incite les pessimistes à craindre l’explosion d’une troisième guerre mondiale.

La rivalité sur les marchés de biens et de services (la sphère réelle)

La rivalité dans le domaine financier

L’expansion d’une rente financière mondiale, de plus en plus indépendante de la croissance de la production des biens et des services.

Le fait que le capital réel, la richesse « réelle » s’élève à 200 trillions de dollars en 2014 (un trillion = 1000 milliards), et que la richesse financière représentée par la totalité des actifs financiers atteint 300 trillions, soit désormais plus que la première, et 60% du capital total, matériel et financier, de l’espèce humaine…Cette supériorité va s’accroissant, puisque le taux de croissance du produit réel mondial avoisine les 2,5% sur le long terme et celui du capital financier 5%, soit deux fois plus.

De la rivalité à l’hostilité

La rivalité dans les domaines économique et politique entre les deux capitalismes fermement décidés à rester eux-mêmes s’impose avec plus de force que dans l’ «ancienne» coexistence.

Ce sentiment de rivalité vient de connaître une intensité nouvelle, sûrement définitive, avec le couplage de la constitution du groupe de Shanghaï et de l’annonce du grand plan chinois dit « Une route, une ceinture » par le président Xi Jinping.

Faire du yuan –ou renminbi- une monnaie mondiale, coexistant avec le dollar sur une base d’égalité, est à l’évidence le projet permanent de la Banque centrale chinoise, exécutrice de l’ambition d’un parti qui l’affiche avec une discrétion égale à l’intensité de sa volonté.

La guerre ?

L’éventualité d’une guerre préventive

Le crépuscule des guerres traditionnelles

L’aube des guerres nouvelles

L’expression des guerres est en train de se modifier totalement sous l’influence d’une révolution digitale dont on ne peut pas prévoir toute l’étendue.

Les armes d’une guerre cybernétique sont en dehors du champ spatial des affrontements. Elles constituent l’ensemble des éléments définissant la puissance informatique d’une nation, soit la qu     alité de ses ordinateurs, le nombre et la capacité des algorithmes nécessaires au développement de ses stratégies ainsi qu’à la connaissance presque instantanée de celles des éventuels agresseurs, sans omettre l’habileté de leurs utilisateurs.

Le déclenchement d’une guerre cybernétique plonge donc l’agressé dans quatre incertitudes successives : quel agresseur ? Puis, à supposer qu’il soit identifié, comment lui répondre ? La réponse sera-t-elle efficace ? Et, enfin, celle de l’intensité du risque d’une contre-réponse imprévisible.

L’asymétrie de cette guerre traduit l’extension dans le domaine de la violence de la substitution généralisée de l’information à l’énergie, de la pensée au muscle. Terminator perd définitivement sa place au profit d’un virtuose du clavier. Jamais plus d’hommes sur le terrain avec leurs armes légères ou lourdes, plus de blessures ou de morts physiques, plus de gagnant ou de perdant définitif et durable, mais une guerre de robots de plus en plus algorithmiques conçus ou manipulés par des militaires sans uniforme, jouant à la guerre plus qu’en la vivant –ou en en mourant.

Une réconciliation fusionnelle des entreprises et des Etats-nations ?

La réconciliation économique des entreprises et des Etats-nations

La dernière révolution de l’âge digital devrait s’accompagner, comme les deux révolutions précédentes, d’une concentration progressive conduisant à des oligopoles sectoriels devenus stables, après que la concurrence a épuisé ses effets favorables pour les vainqueurs.

La concertation des banques centrales

Une Agence mondiale de réassurance de défauts de paiement d’entreprises réunirait plus facilement les institutions des deux capitalismes que celle qui garantirait le remboursement des dépôts en tout genre, notamment ceux placés en gestion patrimoniale.

La convergence des structures sociales dans les deux capitalismes

Le rôle discriminant de la propriété s’efface lentement au profit du pouvoir dont l’origine est de moins en moins militaire, non plus uniquement liée à la possession età l’usage des armes ou de toute autre richesse matérielle, terre comprise, mais à la nécessité d’assurer un ordre économique, lui-même condition nécessaire de l’ordre social. Et qui dit détention d’un pouvoir dit liberté et récompense. Et absence de pouvoir, dépendance et résignation.

Les hyperriches

Ces hyperriches ne sauraient constituer plus de 2% de la population mondiale. Ce n’est pas une classe…plutôt une caste dont les membres se reconnaissent, s’envient et s’estiment à la mesure de leurs revenus près, de leur patrimoine et surtout à la similitude de leurs références et de leurs objectifs.

L’actuelle phase de la mondialisation favorise bien plus qu’elle ne tolère la constitution de cette nouvelle caste de l’espèce humaine. Et aucune occurrence, même une guerre, ne paraît aujourd’hui devoir ralentir la montée des inégalités de pouvoir et de richesses qu’elle constitue.

La classe moyenne mondiale

Le nombre des individus connectés dans une population donnée deviendra un critère du niveau de développement qui se substituera à celui de la « production par tête ».

La classe moyenne mondialisée acquerra une homogénéité croissante, supérieure sûrement à celle qu’elle manifestait dans les sociétés occidentales. Son resserrement autour d’une moyenne mondiale est une quasi-certitude, d’autant que la nature digitale des activités salariées s’imposera à tous.

De plus en plus d’individus auront un revenu et un mode de vie des plus voisins et « moyens », comparés aux deux autres catégories sociales : les hyperriches et les exclus.

Avec l’âge digital, le capitalisme devenu mondial allait –ce n’est qu’un début- se donner pour objectif de rassasier les envies infinies du cerveau limbique, ceux issus d’un « corps bleu » où tous nos sentiments transitent et naissent dans le cerveau.

L’image, d’autant qu’elle est gratuite, régnera sur la classe moyenne comme l’argent sur les hyperriches, appelant dans son sein des icônes humaines, ballons aux mains, chansons aux lèvres et fesses à l’air.

Les exclus

Pour la première moitié du siècle actuel, à moyen terme, l’exclusion d’un nombre élevé d’individus est inévitable…Plus du tiers de l’humanité ne sait toujours pas lire, plus encore écrire, sans évoquer la toute petite fraction qui parvient à maîtriser les rudiments des mathématiques.

La mondialisation actuelle de toutes les techniques connues provoque la montée des exclusions. Leur poursuite, désormais organisée et programmée, ne pourra que l’accroître encore.

Des accidents de parcours ?

L’instabilité économique

Une crise systémique mondiale paraît désormais fort improbable pour plusieurs raisons concordantes.

L’évolution de ce très probable triopole (Chine, Etats-Unis, Europe) obéira aussi, comme depuis l’invention de la monnaie, à des considérations politiques. Entre tous les états possibles des relations entre ses trois membres, les choix dépendront sûrement des relations politiques entre deux de ces puissances, la Chine –en fait- et les Etats-Unis –en droit-, l’Europe n’ayant guère de « chances » de devenir un Etat fédéral.

Les désordres sociaux

Ces derniers, qu’il s’agisse des inégalités ou du chômage, pourraient être plus difficiles à calmer.

Aux inégalités croissantes devenues considérables, les remèdes sont presque identiques et, ce, dans les deux capitalismes. Ils se réduisent, en fait, à en limiter les effets quotidiens en assurant aux moins bien lotis de quoi les dissuader de manifester violemment la précarité de leur sort.

L’exclusion involontaire, le chômage, constitue le seul danger véritable, d’autant plus inquiétant que les chômeurs sont nombreux, en valeur plus absolue que relative, et que le niveau de vie du reste de la population est élevé.

Plus le niveau de vie moyen d’une nation est élevé, plus les « indemnités » versées au chômeur doivent l’être pour qu’il ne soit pas condamné à la condition de paria.

Avec la mondialisation, l’hypercapitalisme ne saurait demeurer à l’abri des transferts massifs de population naturellement provoqués par les inégalités existantes entre les niveaux de développement des nations et, plus encore, entre celles des continents entiers (ou presque) comme l’Afrique, d’autant que les accroissements de population, plus rapides dans les nations « pauvres » que « riches », augmentent spontanément la pression des émigrations souhaitées.

Dès 2050, la population africaine, hors émigration, devrait atteindre 2 milliards d’individus, soit près de 20% de la population mondiale, et celle de l’Europe moins de 5%. Six fois plus de pauvres que de riches –si proches.

Ainsi les différences de niveaux de vie, en l’occurrence des salaires entre les espaces d’émigration et d’immigration, constituent-elles un facteur de désordre social éventuel presque supérieur à celui du chômage.

Les désordres d’origine démographique seront difficiles, pour ne pas dire impossibles, à prévenir tant ils sont lointains pour les « riches d’accueil » et instantanés pour ceux que la mort d’inanition guette sur leurs lieux de naissance avant qu’ils ne risquent leur vie pour l’éviter…De tous les désordres, ils seront les plus violents et les plus malaisés à traiter lorsqu’ils deviendront très pressants.

Des religions ambiguës

Les religions et l’argent

Un harmonieux concert

Que les religions soient immanentes ou transcendantes, qu’elles aient été parcourues de schismes et d’hétérodoxie durables ou non, qu’elles imprègnent les modes de vie et de pensée de continents différents, elles adoptent à très peu de différences près la même position à l’égard de l’argent, du luxe et des inégalités sociales. Toutes opèrent un compromis entre une réticence morale, garante de l’ordre social, et l’acceptation profane de l’irrépressible volonté de chaque individu de s’enrichir pour mieux vivre et, pour certains, d’acquérir les moyens de gouverner leurs semblables.

Une note discordante : l’islamisme

L’émancipation des femmes qui accompagne l’hypercapitalisme en marche constitue sans aucun doute l’une des raisons de la réserve des dirigeants politiques des nations musulmanes et de la franche opposition de ses religieux, bien qu’elle demeure inexprimée et d’une intensité inégale selon que celles où cette religion prévaut ont plus ou moins connu la pression colonialiste de l’Occident au cours des deux siècles précédents.

L’hypercapitalisme : une nouvelle féodalité

Les nouveaux seigneurs

Le succès durable de cet hypercapitalisme assure la naissance permanente d’hyperriches dont la population s’accroîtra d’autant plus vite que la mondialisation sera totale. Leur fortune issue, à l’origine, du profit, s’alimentant ensuite aux rentes immobilières et surtout financières…fera à ces nouveaux rentiers une place des plus enviables dans la population des nouveaux seigneurs.

La multitude mondiale

Les exclus

Sur la très solide assise du pouvoir de l’argent, cette liberté frappée pour ceux qui le détiennent et ce rêve de la richesse pour les « autres », la nouvelle féodalité de l’hypercapitalisme mondial a de très beaux jours, années, peut-être même siècles devant elle.

*

Verbatim proposé par François C.

Comprendre et appliquer Sun Tsu en 36 stratagèmes de Pierre fayard - éditions Dunod

https://images.epagine.fr/889/9782100769889_1_75.jpg

Partie 1 STRATAGEMES DE L’EMPRISE (en situation de domination)

Cacher dans la lumière (Aveugler).

Dans une situation désavantageuse ou bloquée, éviter de lutter en pure perte contre des positions irréductibles dominantes. Un usage stratégique du paradoxe va s’attacher à les renforcer dans un premier temps pour mieux composer avec, et les manipuler dans un second.

L’eau fuit les hauteurs (Déplacer).

Dans un conflit ouvert, au lieu de se conformer à un ordre du jour favorable à autrui, mieux vaut temporiser et s’en soustraire dans la sécurité. Contourner la difficulté en investissant un terrain, ou un argumentaire périphérique et accessible, puis l’imposer comme celui de la décision.

Général Beaufre: l’essentiel dans la stratégie consiste à maintenir et augmenter sa liberté d’action.

Le potentiel des autres (Instrumentaliser).

Lorsqu’un objectif est difficile à atteindre, faire en sorte que d’autres le fassent pour soi!

« Tuer avec un couteau d’emprunt »

Dicton chinois : Si tu veux réaliser quelque chose, fais en sorte que tes ennemis le fassent pour toi.

Les vases communicants (Transvaser).

En se mettant hors d’atteinte, renforcer sa position relative tout en observant l’engagement des autres parties prenantes. Attendre que la situation se renverse. Jouer la montre.

« Attendre tranquillement un ennemi qui s’épuise »

Dicton chinois : Le stratège attire l’ennemi et ne se fait pas attirer par lui.

Le chaos fertile (Bénéficier).

Quand un ordre ancien se délite, cela génère un appel d’air créateur d’occasions. A quelque chose malheur est bon. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme et les ennuis de mes ennemis sont mes amis. Dégénérescence d’un côté, croissance de l’autre.

Le cycle le plus court OODA (Observation, Orientation, Décision, Action) donne un avantage à la fois offensif et défensif à travers la disposition d’un éventail d’opportunités plus imprévu et plus diversifié.

« Piller les maisons qui brûlent »

Sun Tzu: La tâche première du général est de se rendre invincible (…) Les occasions de victoire sont fournies par les erreurs adverses.

La stratégie adore le vide (Dériver).

Rendre le comportement d’un partenaire ou d’un adversaire prévisible. Renforcer ses convictions et ses attentes et aller dans leur sens pour mieux les prendre à contre-pied. Une illusion éclatante occulte la réalité. Accréditer un mirage pour mieux tromper. Jouer de l’effet levier des apparences.

« Mener grand bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest »

Sun Tzu Celui qui sait quand s’engager, fait en sorte que l’autre ignore quand se défendre (…).

Le général exemplaire gagne à distance en s’attaquant à la stratégie de l’ennemi et en manipulant son esprit.

Partie 2 STRATAGEMES DU FIL DU RASOIR (Stratagèmes de confrontation et des batailles incertaines)

Créer à partir de rien (Créer).

Toute chose de ce monde procède du néant et la réalité croît dans le mirage des apparences. La force de l’illusion et de l’imagination appellent à la création du réel. Plutôt que d’imposer ses arguments, faire son marché dans ceux des autres parties prenantes, puis les mettre en scène pour leur donner consistance.

« Transformer le mirage en réalité »

Vaincre dans l’ombre (Divertir).

Fixer dans le visible conventionnel –la force Zheng- pour mieux l’emporter par la force Ch’i (ensemble des procédés, méthodes et moyens non orthodoxes, extraordinaires et hors-normes). User des formes orthodoxes pour couvrir une ruse inédite. Gesticulation diurne, action nocturne. Accréditer un comportement rationnel pour l’emporter au moyen d’un subterfuge inattendu.

« Se donner une apparence trompeuse tout en cachant la véritable intention d’attaque »

Sun Tzu Attaquer en pleine lumière, vaincre en secret (…)

Profiter de l’aveuglement (Accroître).

L’attente stratégique. Patienter jusqu’à ce que l’incendie appelle les secouristes qui en tirent profit. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Tirer bénéfice des crises et des conflits extérieurs pour s’en approprier les richesses sans gouvernail. A distance du chaos, le stratège observe avant d’intervenir à point nommé.

« Contempler l’incendie de la berge opposée »

Sun Haichen Tant que l’huile alimente le feu, attendre à bonne distance (…) Le bon stratège maîtrise l’art du délai.

Le sourire du tigre (Adoucir).

Un sourire qui désarme cache le chemin des armes. Quand l’aménité héberge le danger. Endormir la vigilance adverse par une conduite paradoxale et des dehors aimables, puis inverser les qualités. Des dehors inoffensifs sécurisent l’offensive à venir. Bouche de miel, cœur de fiel.

« Cacher un poignard derrière un sourire »

Sun Tzu Quand l’ennemi cherche à attaquer, songez à négocier. Quand il cherche à négocier, songez à l’attaquer.

Qui sait perdre gagne (Sacrifier).

Perdre petit pour gagner gros. Abandonner la part du feu pour éteindre l’incendie. Le sacrifice utile. Savoir perdre pour gagner ensuite assure la durée à une force dominante qui use intelligemment de ses faiblesses réelles ou simulées. Perdre une bataille pour mieux gagner la guerre.

« Sacrifier les détails pour sauver l’essentiel »

Dicton chinois Il faut sacrifier les détails pour réaliser les grands desseins.

La chance se construit (Profiter).

Prévoir le futur dans le détail est une gageure. Il est plus stratégique de se rendre disponible à l’improbable et d’accueillir l’inconnu sans trop se préoccuper de sa rentabilité a priori. La chance est une construction de tous les instants car l’occasion fait le larron. Cultiver largeur d’esprit, vigilance et réactivité.

## Partie 3 STRATAGEMES D’ATTAQUE (Stratagèmes de situations de bataille, offensives ou en position d’assaut)

La pince des louanges (Révéler).

Agir à contretemps tout en anticipant pour révéler des intentions à leur état embryonnaire alors qu’elles sont fragiles, peu étayées et vulnérables. Provoquer une floraison hâtive pour la rendre stérile. Débusquer les desseins cachés pour agir à propos. Mobiliser l’ensemble de ses ressources en étant renseigné quand les autres parties prenantes sont encore dans l’impréparation.

« Frapper l’herbe pour débusquer le serpent »

Sun Tzu Une armée sans espions est comme un corps sans yeux et sans oreilles.

Le potentiel du passé (Réincarner).

Au lieu de ne compter que sur soi, redonner vie à ce qui a été vécu pour le faire servir à de nouvelles fins. Les réussites, élans sentimentaux, symboles et fantômes du passé reprennent de l’actualité dans le cadre d’une nouvelle dimension. Ce que tout le monde recherche est difficile à se procurer, alors que ce qui ne sert plus implore qu’on l’utilise. Emprunter un cadavre pour le retour de son âme.

« Reprendre vie sous une autre forme »

La victoire par la situation (Disjoindre).

Quitter des terrains minés pour d’autres favorables. En jouant sur l’aveuglement et la présomption d’un puissant, l’attirer sur un terrain qui le rend vulnérable. L’adéquation aux circonstances et aux contextes fait le succès ou l’échec.

« Attirer le tigre de la montagne vers la plaine »

Sun Tzu Le général ne demande pas la victoire à ses soldats, mais à la situation dans laquelle il les déploie.

Lâcher pour saisir (Retourner).

Consolider pour affaiblir. Eviter de supprimer toute marge de manœuvre à une adversité acculée en la contraignant ainsi à l’inventivité ou à une résistance farouche. Laisser doucement miroiter une solution séduisante qui va doucement affaiblir sa position et créer les conditions d’un renversement de situation. L’action paradoxale. Assurer dans un premier temps le contraire de ce qui est attendu pour mieux concrétiser dans un second.

« Laisser courir pour mieux saisir »

Lao Tseu Avant de détruire, il faut construire ; avant d’affaiblir, il faut consolider ; avant de prendre, il faut donner ; avant d’attaquer, il faut laisser partir.

Dicton chinois Duper en se servant du mode de pensée de l’adversaire, il devient l’otage de sa propre illusion.

Du plomb pour de l’or (Investir).

Capturer un gros poisson avec un appât minuscule. Offrir avec prodigalité ce qui est gratuit pour gagner ce qui ne l’est pas. Céder ce qui ne coûte rien pour créer les conditions d’obtenir ce qui coûte. Payer en banalités de brillantes idées. Donner peu pour obtenir beaucoup. L’alchimie des poubelles.

« Donner une brique pour ramasser du jade »

Dicton chinois Abandonner un avantage momentané pour assurer une victoire durable ultérieure.

Qiao Liang Comme jamais dans la guerre, l’incertitude, l’aléatoire et l’imprévu dominent. Dans ce flou radical, attendre de règles fixes et établies la définition d’un espace de jeu prévisible est totalement aléatoire.

Le poisson pourrit par la tête (Orienter).

Frapper à la tête. Derrière les actes et les positionnements, identifier les intentions qui les animent. Dégager l’essentiel. Viser le centre de gravité d’une manœuvre ou d’une organisation. Stratagème du talon d’Achille ou de l’effet multiplicateur. Viser la clef de voûte d’un édifice et le désorganiser.

« Pour neutraliser une bande de brigands, capturer en priorité leur chef »

Partie 4 STRATAGEMES EN SITUATIONS CHAOTIQUES (Situations propices à des bifurcations soudaines à la genèse souterraine)

Travailler en montagne (Prévenir).

Tarir la source qui fait la puissance d’un courant plutôt que s’évertuer et dépenser en vain pour le contenir. Se concentrer et agir sur les conditions initiales en amont des phénomènes. Attaquer sur les arrières.

« Retirer les bûches sous le chaudron ».

Dicton populaire Ne pas s’opposer à la force, lui retirer son point d’appui.

La confusion opportune (Confondre).

Le profit du chaos. Pêcher avantageusement en eau trouble. Tirer profit du brouillard avec opportunisme sans être prévisible. Perturber à dessein l’ordre et les relations dans une situation. Dissoudre les relations de causes à effets.

« Semer la discorde pour en tirer profit ».

Dicton chinois La meilleure façon de contrôler son ennemi est de laisser la nature faire son œuvre.

Les temps difficiles créent les héros.

Muer sous la façade (Renaître).

Plier aujourd’hui pour mieux l’emporter demain. Sacrifier à des apparences pour mieux préserver la substance. Paraître d’autant plus impassible qu’on est déterminé. Renaître sous un rideau de fumée. Changer sans le donner à voir. Grand calme avant la tempête. Reculer pour mieux sauter.

« La cigale d’or fait sa mue »

Dicton chinois Quand tu t’échappes, fais-le très secrètement sans que cela ne se sache. Construis un faux bastion afin de dissuader l’ennemi d’attaquer, et retire toi discrètement en laissant un nid vide.

Stratagème de la chèvre (Piéger).

Au lieu de s’épuiser en arguments pour convaincre qui ne veut rien entendre, le laisser déterminer lui-même comment il concevra son piège. Une fois qu’il sera attiré, obturer les chemins de retraite. Fluidifier pour mieux fixer. Chercher la femme. Privilégier la stratégie sur la tactique.

« Refermer la porte de la maison sur les voleurs »

Dicton chinois Dans le conflit, projeter un rocher sur l’ennemi au fond d’un puits.

S’allier au diable pour servir dieu (Echelonner).

Contrebalancer le poids de ses voisins par une alliance lointaine. S’associer au mal pour mieux servir le bien. Intégrer une force contraire en la plaçant dans un contexte qui l’oriente autrement. Des adversaires distants se transforment en partenaires locaux. Soigner le mal par le mal. L’alliance de revers.

« S’allier avec ceux qui ne sont pas dans son organisation pour maîtriser ceux qui le sont. »

Convertir un emprunt en acquis (Prétexter).

Prétexter une nécessité temporaire pour s’assurer une position durable. Stratagème du chevalier blanc. Transformer les bonnes relations en vecteurs d’expansion. L’ingratitude gagnante.

« Profiter de la bonté de quelqu’un pour le maîtriser ».

## Partie 5 STRATAGEMES POUR GAGNER DU TERRAIN (Obtenir par la ruse ce que d’autres possèdent ou bien contrôlent)

S’approprier la charpente (Remplacer).

Semer la confusion par des mouvements inattendus, puis échanger les places de la substance et des apparences. Une fois identifiées, s’approprier les valeurs d’autrui en les remplaçant par des articles pourris sans qu’ils paraissent comme tels. Stratégie du vampire, valeurs contre monnaie de singe. Du caviar pour le prix d’œufs de lump.

« Voler la poutre et la remplacer par un pilier »

Dicton chinois Aussi splendide que semble un édifice, si on affecte ses poutres et ses piliers, il s’écroule.

Châtier la poule pour effrayer le singe (Dissuader).

Agir résolument là où la chose est aisée pour éviter d’avoir à le faire là où c’est difficile. Se montrer intraitable dans la normalité pour éviter de s’y risquer dans la sphère du danger. L’extrême rigueur dans les détails assure la facilité dans les grandes entreprises. Faire un exemple à peu de frais pour éviter ce qui serait coûteux et hasardeux à réaliser. La partie pour le tout. Le billard à trois bandes.

Dicton chinois Une armée est invincible lorsqu’elle craint plus ceux qui la commandent que ses ennemis !

Un profil bas sécurise l’intelligence (Endormir).

L’affichage de la force et de l’habileté stimule et arme la vigilance et les manœuvres en sous-main de l’adversaire. Ne pas en donner les apparences anesthésie la vigilance d’autrui. En situation désespérée, jouer au con ou feindre la folie est un gage de survie. La sagesse chemine sous le couvert de la balourdise.

« Feindre la bêtise sans tomber pour autant dans la sottise ».

Proverbe chinois Abuse ton adversaire en l’incitant à sous-estimer tes propres capacités.

Le cadeau empoisonné (Inciter).

Pour provoquer un comportement particulier, faciliter une avancée sans retraite possible. Ce à quoi on ne peut inciter, faire en sorte que d’autres le fassent avec conviction et ténacité. Tendre la détermination de ses troupes en supprimant toute alternative autre que la victoire. Couper les ponts. Brûler ses vaisseaux.

« Faire monter sur le toit, puis retirer l’échelle »

Enrôler la force adverse (Dramatiser).

User de la crédulité d’un puissant pour emprunter sa force et se donner une apparence de dominant. Adopter une fière allure en s’habillant des vêtements et arguments d’autrui. Stratagème d’emphase et d’emballage.

« Orner de fleurs un arbre sec »

Sun Tzu En absence de troupes, utilise celles de ton ennemi.

Rendre l’inutile indispensable (Retourner).

Au lieu de s’imposer de l’extérieur au moyen d’une batterie d’arguments, se procurer des ascenseurs dans les défaillances d’une situation et s’en faire un vecteur d’intégration. Profil bas, identifier et puis résoudre des problèmes intérieurs, et monter en puissance jusqu’au contrôle de la situation. Stratagème du grignotage.

« Intervertir les rôles du maître de maison et de l’invité »

Dicton chinois Pour revenir à plein, aller à vide préalablement.

Partie 6 STRATAGEMES DU DERNIER RECOURS (A situations des plus périlleuses et extrêmes)

La faveur fatale (Vider).

Donner avec libéralité ce qu’on ne peut plus défendre pour se maintenir partie prenante. Anticiper un abandon en le concédant délibérément pour gagner du temps. S’abaisser pour mieux se relever. Acheter du temps en conquérant une faveur.

« Aller au-devant des désirs de quelqu’un dans un but inavoué »

Dicton chinois Intoxique ou accapare ton ennemi avec une activité consommatrice de temps ou d’énergie, de la sorte s’évidera son esprit combatif.

La déception paradoxale (Décevoir).

Dans une situation de faiblesse, se montrer encore plus démuni que l’on est sème le trouble sur la réalité des rapports de force. Stratagème du rien pour le tout. En situation désespérée, user du paradoxe. Le vide déroute le plein. Fausse anguille sous roche.

« Montrer la ville déserte à l’ennemi »

Sun Tzu Fort simulez la faiblesse, faible simulez la force.(…) L’art de la guerre est fondé sur la duperie.

Gagner avec ce que l’on a perdu (Abuser).

Reconfigurer une situation en transformant ce que l’on a perdu en atout. Influencer, semer le trouble et la confusion chez l’adversaire en usant de ses propres espions. Retour d’espion à l’envoyeur. Stratagème du retournement.

« Utiliser à son profit l’espion de l’adversaire ».

Sun Tzu Il n’est de situation où les espions ne puissent être utilisés.

La plaie qui sauve (Tromper).

Intoxiquer un adversaire par une blessure volontaire. Rentabiliser un sacrifice pour crédibiliser une personne, un produit ou un service. Petite perte pour grande cause.

« S’infliger soi-même une blessure pour gagner la confiance de son ennemi. »

Dicton chinois Nul n’est assez fou pour se blesser lui-même. Une blessure est donc un gage de sincérité.

Stratagèmes en chaîne (Orchestrer).

Une stratégie qui combine des mouvements incessants désappointe et met en réaction les autres belligérants. Stratagème de la liberté d’action. Garder la main en toutes circonstances par le rythme. Florilège stratagémique.

« Conjuguer plusieurs méthodes dans un but précis »

Dicton chinois Ceux qui se livrent aux stratagèmes n’en pratiquent jamais qu’un seul. (…) Pour réussir, il faut souvent en utiliser plusieurs à la fois.

Eloge de la fuite (Se retirer).

Lorsque les dés sont objectivement jetés en sa défaveur et que la déroute prochaine s’annonce inexorablement, résister est une absurdité. Mieux vaut se mettre hors de portée en mettant en sûreté ce qui peut l’être encore. Un pas en arrière est salutaire pour renaître. Savoir se retirer, sauver les meubles. Stratagème du phénix.

« La fuite est le stratagème suprême »

Dicton militaire Une bonne retraite vaut mieux qu’un mauvais combat.

*

 Verbatim proposé par François C.

Métamorphose des managers, à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle de Cécile DEJOUX et Emmanuelle LEON - Ed. Pearson

9782326001466_1_75.jpg

Partie 1 L’ETRE : ACQUERIR DE NOUVELLES COMPETENCES MANAGERIALES

1. Décoder la civilisation numérique

1.1. De nouveaux acteurs entrent en jeu…

1.2. …et s’accaparent de nouveaux pouvoirs grâce à la maîtrise de l’hybridation et de la pensée systémique

*1.3. De nouvelles valeurs apparaissent… *: l’apprentissage en continu comme mode opératoire ; la recommandation comme socle de confiance ; la frugalité comme mode de ressource ; la recherche d’expériences comme style de vie ; l’immédiateté comme système de reconnaissance.

1.4. …et font émerger de nouvelles formes de reconnaissance

1.5. Des langages propres à la civilisation numérique apparaissent…

1.6. …ainsi que de nouvelles gestuelles

1.7. Tous les secteurs d’activité sont affectés par le numérique…

1.8. …avec des modèles économiques fondés sur trois évolutions : le passage d’une économie des coûts de transaction à une économie de la plateforme ; le passage de l’innovation produit à l’innovation d’usage ; le passage d’une économie de la demande à une économie de l’attention.

1.9.  De nouvelles règles légales s’imposent…

1.10.   …afin d’accompagner de nouvelles formes de travail

Exemples de pratiques pour acculturer les collaborateurs au numérique : open innovation ; création d’un incubateur corporate ; réalisation de greffes ; participation à des learning expeditions ; mise en place de partenariats de start-up ; méthode d’immersion ; hacking management ; mise en place de méthodes agiles et de Design Thinking ; codéveloppement. 

2. Le « Manager numérique » : quelles sont les nouvelles compétences à acquérir pour maîtriser l’alphabet de la civilisation numérique ?

2.1. Les compétences numériques en quelques mots…

2.2. Les compétences numériques du manager

  • la curation pour obtenir une information pertinente ;
  • la granularisation pour générer du contenu ;
  • la valorisation visuelle pour animer les chiffres ;
  • le partage pour débuter le collaboratif.

3. Le « manager agile » : comment les méthodes agiles permettent-elles au manager de travailler différemment ?

3.1. Les méthodes agiles en quelques mots…

3.2. Les compétences du manager agile

  • la vélocité pour inventer avant les autres ;
  • l’expérimentation pour faire sans complexe en cocréation ;
  • la communauté pour tester, apprendre et diffuser ;
  • l’usage pour cibler l’expérience utilisateur.

4. Le « manager designer » : comment le Design Thinking permet-il au manager d’innover au quotidien ?

4.1. Le Design Thinking en quelques mots…

  • Définition et historique du Design Thinking
  • Les cinq principes du Design Thinking
  • Les cinq étapes de la méthode du Design Thinking : comprendre (Inspiration) ; imaginer (Idéation) ; prototyper (Itération) ; expérimenter ; réaliser (Implémentation)
  • Pourquoi le Design Thinking est-il une technique adaptée au management ?

4.2. Les compétences du manager designer

  • La transdisciplinarité pour intégrer la diversité de points de vue ;
  • L’empathie pour se mettre à la place de l’usager ;
  • La créativité pour associer usage et innovation ;
  • Le prototypage pour tester avec l’utilisateur.

Partie II LES LIEUX : S’APPROPRIER DE NOUVEAUX ESPACES*

5. Espaces de travail : repenser la performance

5.1. A chaque fonctionnalité, son espace de travail

  • Un espace de travail pour attirer les talents
  • Un espace de travail pour fidéliser les talents
  • Répartir intelligemment les ressources humaines
  • Améliorer la performance

5.2. A chaque époque, son espace de travail

  • Management scientifique : l’espace de travail est un process (espace « séquencé ») ;
  • Les relations humaines : l’espace de travail, outil de communication (espace « hiérarchisé ») ;
  • Les ressources humaines : l’espace de travail, facteur d’optimisation (espace « efficient ») ;
  • Et aujourd’hui ? L’espace de travail, facteur d’innovation (espace « collaboratif »).

6. Open space(s) : oser la transformation

6.1. L’open space, le lieu de toutes les critiques

Attributs de base d’un espace de travail : aération, mobilier, taille du poste, température, éclairage, informatique/équipements, bruit ambiant.

6.2. A la recherche de l’intimité perdue

Trois formes de privatisation de l’espace : acoustique (s’isoler du bruit ambiant) ; verbale (maintenir la confidentialité de ses propos) ; visuelle (empêcher autrui de nous voir).

6.3. (Re)penser l’appropriation des espaces de travail

La capacité d’un open space à proposer une appropriation individuelle ou collective à ses occupants aura un impact direct sur leur satisfaction au travail et sur leur capacité à fonctionner ensemble de manière efficace.

6.4. Vers un open space stratégique ?

Le design des espaces de travail peut faciliter ou inhiber trois types d’interaction : l’énergie (contribution de chaque membre à l’équipe dans son ensemble) ; l’engagement (la manière dont chaque membre de l’équipe communique avec les autres) ; l’exploration (voir de quelle façon des équipes différentes interagissent).

7. Télétravail : distinguer mythes et réalité

7.1. Un contexte favorable, un essor mitigé

La France est en deçà de ce qui serait possible en matière de télétravail.

7.2. Une évolution positive de la législation

L’ordonnance du 22/09/2017.

7.3. Le paradoxe des avantages/inconvénients du télétravail

Tableau des avantages et risques principaux associés au télétravail à domicile pour : le salarié, l’entreprise et son management, la société.

7.4. L’épineuse question de la productivité

7.5. Une approche multidimensionnelle du télétravail ? Trois éléments clés :

  • situation économique et culture managériale de l’entreprise ;
  • nature de l’activité réalisée ;
  • fréquence du télétravail.

8. Coworking : valoriser le partage

8.1. L’essor du coworking

On dénombrait dans le monde 600 lieux de coworking en 2010, 3600 en 2013 et environ 13800 en 2017.

8.2. Un marché en pleine structuration

On compterait 409 espaces de coworking fin 2016 en France.

8.3. Le coworking : à la recherche d’un nouveau lien social

Ces espaces offrent à leurs occupants une nouvelle communauté professionnelle et permettent de créer un lien social autour du lieu de travail.

8.4. Le coworking : un espace adapté au fonctionnement en mode projet

8.5. Le coworking : trois clés de succès

  • Clarifier les objectifs de l’espace de coworking ;
  • Conserver une dimension « humaine » ;
  • Organiser l’animation de l’espace.

9. Fab Labs : hacker pour innover

9.1. Parti du MIT…essaimant dans le monde entier

Visée des Fab Labs : aider les populations du monde à « devenir les protagonistes de la technologie plutôt que ses spectateurs »

9.2. L’esprit des Fab Labs : du hacker au maker

9.3. Des espaces de collaboration et d’innovation

9.4. Vers des Fab Labs internes ?

Partie III LES AUTRES : APPRENDRE A TRAVAILLER COLLABORATIVEMENT

10. Collaborer en face en face et à distance

10.1.  Les dérives du travail collaboratif en face à face

Garder en tête deux écueils spécifiques au mode collaboratif : son coût lié au morcellement du travail ; son impact parfois négatif sur la performance et la créativité.

10.2.  Distance(s) à l’œuvre dans les équipes

Outre la dispersion géographique, s’intéresser à d’autres types de distance : horaire ; culturelle ; technologique ; organisationnelle ; psychologique.

10.3.  Leviers pour apprendre à travailler ensemble en face à face ou à distance

  • Avoir un objectif clair et motivant ;
  • Répartir les rôles ;
  • Choisir et maîtriser les méthodes de travail ;
  • Valoriser et relativiser les outils numériques ;
  • Expliciter les modes de reconnaissance ;
  • Mettre en place une communication interne et externe ;
  • Collaborer moins et mieux ;
  • Affirmer la loi du séquentiel sur la loi du multitâche (notre cerveau ne peut pas faire plusieurs choses à la fois si les tâches demandent de la concentration) ;
  • Etablir des rites et des rituels ;
  • Réinventer le travail.

11. Maîtriser les plateformes numériques

11.1.  Plateformes : de quoi parle-t-on ?

11.2.  Un essor important…grâce au numérique

11.3.  Les plateformes : libération du travail ou retour du taylorisme ?

11.4.  La fin du salariat : le retour au « domestic system » ?

11.5.  Quand une plateforme numérique devient votre manager…

11.6.  Reprendre le pouvoir sur les plateformes numériques

12. Apprendre à travailler avec les robots

12.1.  Que faut-il savoir pour travailler avec un robot ?

12.2.  Qui sont ces robots et comment interagir avec eux ?

Les quatre qualités d’un robot : polyvalence ; interactions physique, cognitive et sociale ; autonomie décisionnelle ; capacité d’apprentissage.

Quatre mots clés si l’on envisage le robot collaborant avec l’homme dans le monde du  travail : le statut juridique du robot ; la confiance ; le pouvoir ; le bien et le mal.

12.3.  Que faut-il savoir sur les champs d’évolution des robots pour mieux travailler avec eux ?

  • Remplacement des méthodes statistiques par l’apprentissage par renforcement ;
  • Les progrès du *deep learning *ou de l’apprentissage profond ;
  • L’empathie artificielle.

13. Interagir avec l’intelligence artificielle et devenir un « manager augmenté » : la métamorphose

13.1.  L’IA en quelques mots

13.2.  La nouvelle responsabilité sociale de l’entreprise : trouver l’équilibre entre le travail humain et l’intelligence artificielle ?

  • Comprendre pour informer ;
  • Lancer des alertes quand les limites éthiques sont dépassées.

13.3.  Quelles tâches l’IA peut-elle réaliser ?

  • L’interprétation des situations de tous ordres ;
  • La suggestion de solutions ;
  • Décision avec autonomie.

13.4. Comment l’IA va-t-elle transformer le métier de manager ?

  • L’IA en tant qu’assistant du manager ;
  • Repenser la valeur ajoutée du manager.

13.5. Quels sont les domaines et les compétences à développer pour travailler et performer avec l’IA ?

  • Le manager régulateur d’interactions entre les personnes, entre les hommes et la machine, entre les hommes et l’IA, afin de rendre ces interactions fluides et véloces.
  • la valorisation des collaborateurs et des pratiques opérationnelles innovantes ;
  • le gardien de l’esprit critique et le rempart contre la bureaucratie des algorithmes ;
  • l’anticipation des nouvelles compétences et nouveaux rôles des collaborateurs en tenant compte des progrès des machines et des IA.

13.6. Les compétences du manager dans son interaction avec les IA et les machines

  • Créer des systèmes informants fournisseurs de data ;
  • Eduquer et apprendre des IA ;
  • Contrôler les IA.

13.7. Les compétences du manager avec ses équipes pour qu’elles travaillent avec les IA

  • Problématiser et garder l’esprit critique : repenser le monde du travail, les métiers, les compétences ; poser les bonnes questions ;. sortir du cadre.
  • Acculturer : expliquer ; expérimenter ; accompagner l’intégration IA-équipe ; repenser les métiers en design thinking.
  • Penser la complémentarité : s’approprier les outils ; accepter que la valeur ajoutée ne soit plus dans les tâches exécutives (lâcher-prise) ; penser communauté et développer l’intelligence collective homme –IA.

Conclusion : faire sa métamorphose et devenir un « manager augmenté »

Pour réussir, le manager augmenté devra maîtriser cinq « soft skills » :

  • Compétences numériques
  • Compétences d’agilité
  • Compétences de Design Thinking
  • Compétences collaboratives
  • Compétences d’interaction avec l’IA.

 « L’IA va bouleverser le rapport au travail, la nature des compétences à développer, les modèles économiques des entreprises et le type de société dans lequel nous allons évoluer. L’IA a un impact avéré sur la transformation et le sens du travail. Le manager devra à la fois développer des compétences spécifiques pour travailler avec les IA (régulation des interactions homme-machine), accompagner les collaborateurs vers l’acceptabilité des mutations (quelles sont les valeurs et le sens du travail humain ?) et se métamorphoser en un «manager augmenté» .

*

Verbatim proposé par François C.

Le Bonheur par le travail - Dix-sept histoires de longévité heureuse de Michel Godet et Mar Mousli - éditions Odile Jacob

https://images.epagine.fr/834/9782738135834_1_75.jpg

1. DES MILITANTS

Evelyne SULLEROT (1924 -2016) : Une vie de combats au service de ses valeurs

  • Création du Mouvement français pour le planning familial (1958), avec Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé.
  • Création puis direction de RETRAVAILLER de 1974 à 1994.
  • Marraine depuis 2006 d’une association de pères : SOS Papa.

Youcef TATEM (né en 1946) Un militant tout-terrain : de la culture ouvrière à la culture pour tous

  • la passion du cinéma.
  • le football, deuxième passion.
  • la défense des opprimés, des exploités.

Il est toujours prêt, à plus de 70 ans, à aider un migrant en difficulté, à tracter pour une bonne cause et à arpenter les itinéraires traditionnels des manifestations populaires.

Pierre CHOUX (né en 1926) Quand un éducateur de rue se fait entrepreneur d’insertion

Pierre Choux a choisi très jeune un métier qui le passionne : éducateur de rue. Plus soucieux d’efficacité que d’idéologie, il est devenu P-DG d’un groupe d’entreprises (Groupe ID’EES) pratiquant divers métiers mais toutes animées par la même volonté : insérer les jeunes par le travail.

Pascal PELLAN (né en 1950) La force des convictions au service de l’artisanat et de l’apprentissage

Il est recruté à 27 ans par la Chambre des métiers et de l’artisanat des Côtes-du-Nord…Dès ses premières missions, il va se passionner pour le monde des artisans et de l’apprentissage. Il est à l’origine de ce qu’on a pu appeler le « miracle de Ploufragan », la métamorphose d’un centre d’apprentissage en difficulté en un campus dynamique et diversifié.

A la retraite, il devient lui-même dirigeant d’une entreprise inscrite au répertoire des métiers. Il a sa carte d’artisan, qui l’ancre de la façon la plus emblématique qui soit dans le monde des métiers.

André LETOWSKI (né en 1945) Un retraité enfin libre de travailler à sa guise !

Fasciné par l’entreprise depuis son plus jeune âge, il va devenir un spécialiste de la gestion et de la création d’entreprise. Il se passionne pour l’entrepreneuriat, jusqu’à se transformer en un véritable militant de la PME.

A l’heure de la retraite, débarrassé des contraintes administratives et budgétaires, il peut enfin donner libre cours à sa passion, avec un succès surprenant.

Comprendre l’époque 1962 – l’année charnière des Trente Glorieuses

  • 18 mars 1962 : les accords d’Evian mettent fin à la guerre d’Algérie.
  • Année d’une modification importante de la Constitution : l’élection du président de la République au suffrage universel.
  • Ouverture du concile Vatican II
  • Le « miracle français » (OCDE) : la croissance est de 6,8%, la consommation progresse de 7,1%, et le chômage est de 2%.

Comprendre l’époque- La révolution féminine

Les femmes deviennent majeures en 1965 : une loi les autorise à exercer une profession sans le consentement formel de leur mari, et à gérer seules leurs biens personnels. Elles peuvent enfin signer un chèque !

Les conséquences du travail généralisé des femmes : sur les territoires, sur les inégalités sociales, sur la stabilité des couples, et sur la démographie.

2. DES RESISTANTS

Dignes face à la désindustrialisation

Ils ont tous les deux réussi à se reconvertir sans drame dans les métiers de service, conformément aux grandes tendances de l’économie du moment. Leur victoire : avoir réussi à travailler toute leur vie sans quitter leur ville, Balbigny, et leurs amis.

Un meneur d’hommes

Alain Peretti a été porté par une passion dont il a su faire une vie : celle de la culture raisonnée et contrôlée (CRC). A la tête d’une coopérative céréalière, il a vite compris que sa survie passerait par l’innovation et la différenciation.

Sauvé par la fonction publique !

Guy Dignac : la reconversion réussie d’un jeune agriculteur sans diplôme qui a travaillé quinze ans pour rien et qui vit aujourd’hui une retraite heureuse de la fonction publique, rejointe la trentaine passée. Cet agriculteur, qui avait toutes les chances comme ses voisins de l’époque de s’épuiser dans la course à la modernisation agricole, a bel et bien été sauvé par la fonction publique.

Comprendre l’époque – Le consensus sur le chômage, une exception française

  • Du travail pour tous : les Trente Glorieuses.
  • Crise ou changement d’époque ?
  • Chômage de masse et mise à l’écart des seniors.

3. DES PROFESSIONNELS CHEVRONNES

Le double message que nous voulons porter : l’homme, en vieillissant, ne cesse de se renouveler par sa capacité d’étonnement, d’adhésion à des projets. Il trouve dans ce flot d’actions nouvelles l’élixir d’une jeunesse et d’un enthousiasme sans égal.

De la Légion étrangère à l’entreprise

Mieux qu’un autre, Henri Petiteau (né en 1935) trouve le bonheur par le travail, montrant ainsi que les retraités peuvent être créateurs de valeur…Ce qui est remarquable dans son parcours, c’est le cheminement qui l’a conduit de la Légion aux portes de l’entreprise à laquelle il a continué à contribuer jusqu’à l’âge de 74 ans.

La passion des langues

Hélène Tanneux (née en 1947) Elle s’investit sans compter dans ce métier de dirigeante d’entreprise qui la passionne. Le moment de la retraite venu, elle reprendra des activités qu’elle avait pratiquées et aimées dans sa jeunesse : guider des touristes (faire découvrir sa ville à des visiteurs étrangers), et enseigner (aider des demandeurs d’emploi à améliorer leur anglais).

Docteur Martine Malier (née en1947)

Elle s’est consacrée à une discipline nouvelle en France lorsqu’elle a commencé ses études supérieures : la rééducation neurologique…Elle a connu une carrière remarquable, couronnée par sa nomination comme chef de service à l’hôpital Foch…Contrainte de quitter Paris pour des raisons familiales, elle fait contre mauvaise fortune bon cœur et met ses compétences médicales et son talent d’organisatrice au service d’établissements de province plus modestes…La retraite lui permet de renouer avec ses passions de jeunesse : la littérature et les archives, sans pour autant tourner le dos à ses collègues médecins, qui peuvent toujours faire appel à ses compétences et à son expérience lorsqu’ils ont besoin d’un conseil.

Des chômeurs parisiens aux paysans de la Loire

Anne-Marie Chompré (née en 1948) fait une belle carrière à l’ANPE qui ne l’empêche pas de s’engager socialement dans le syndicalisme et civiquement dans l’antiracisme…Son ascension se termine prématurément lorsqu’elle cède à la tentation d’un dispositif alléchant de pré-retraite, la cessation progressive d’activité. Devenue retraitée à temps partiel, elle se construira une seconde vie en aidant ses voisins dans un bourg rural de la Loire.

Comprendre l’époque : L’avenir des retraités en attendant la retraite systémique

  • Niveau de vie des retraités et finances publiques/ En consacrant 14,5% de son PIB au financement des retraites, la France se place dans le peloton de tête de l’OCDE.
  • Un système à reconfigurer/les retraités partant le plus tôt (ceux relevant des régimes spéciaux) ont aussi les taux de remplacement les plus élevés (75 à 90% du dernier salaire contre 60% pour le régime général). De par les catégories sociales auxquelles ils appartiennent, leur espérance de vie est aussi généralement plus longue. La convergence des multiples régimes devra donc figurer au programme des prochaines réformes.

4. DES INTELLECTUELS

Grandeur et regrets du meilleur de la classe

Jacques LESOURNE (né en 1928). Il étudie l’économie à l’Ecole des mines et l’approfondit aux Etats-Unis au contact de plusieurs prix Nobel américains. Il appliquera ensuite la théorie à la tête de la SEMA, puis fera des aller et retours entre théorie et pratique. Devenu professeur du Conservatoire national des arts et métier (CNAM), il accepte d’animer une démarche prospective mondiale commanditée par l’OCDE, Interfuturs. Il aura plus de difficultés avec les clans et les réseaux complexes du journal le Monde, dont il assurera la direction pendant trois ans.

A la retraite, Jacques Lesourne est devenu un intellectuel à temps plein, ne cessant plus d’étudier et d’écrire.

La volonté farouche de comprendre le monde en mutation

Alain TOURAINE (né en 1925). Passer de la conscience de classe à un nouvel axe de lecture permettant de comprendre les mouvements sociaux modernes, régionalistes, féministes, écologistes ou culturels, a été un exercice difficile, pas toujours compris par ses collègues universitaires. Il y est parvenu par un long travail, et continue, à plus de 90 ans, à dresser un tableau vivant de la société, au premier rang de laquelle il a depuis longtemps placé le « sujet ».

Le général qui dérange…et que les médias s’arrachent !

Vincent DESPORTES (né en 1953) Convaincu que tout citoyen a le droit, et parfois le devoir, de faire connaître ses analyses et ses positions sur des sujets d’intérêt général, Vincent Desportes paiera cher son obstination à ne pas se laisser bâillonner. D’abord par un exil de cinq ans aux Etats-Unis, qu’il saura transformer en une période féconde de contacts, de réflexion et d’apprentissage. Ensuite, par la fin prématurée de sa carrière, qui le privera d’un avancement prestigieux, mais lui donnera (enfin) une totale liberté de parler et d’écrire, dont il profitera pleinement.

Un fabuleux conteur

François de Closets (né en 1933) : le modèle du journaliste de télévision…Il disposait d’un don qu’il a cultivé dès son adolescence : comprendre rapidement les concepts et les situations les plus complexes et réussir à les expliquer avec des mots précis mais simples…Il a montré qu’il était capable de faire aussi bien avec sa plume, enchaînant les best-sellers…Il n’a jamais cessé d’écrire et sa « retraite » consiste simplement à ne plus produire ni animer d’émission de télévision ; il continue toutefois à y participer…mais comme invité.

Le bonheur par le travail, une réalité

  • Des retraités autonomes/Les Français souhaitent passionnément rester le plus longtemps possible dans un lieu familier où ils ont souvent vécu une grande partie de leur vie. 91% des plus de 75 ans y parviennent, et même les trois quarts des plus de 90 ans.
  • Le bonheur par le travail/la fierté d’être utile, d’exercer un métier que l’on maîtrise et que l’on aime et d’être reconnu pour sa compétence, son savoir-faire et la qualité de sa production. Il tient aussi à la fierté d’exercer des responsabilités même modestes.
  • Pour la collectivité, des dizaines de milliers de bras et de cerveaux prêts à l’emploi.
  • Le poids politique des seniors.

*

Verbatim proposé par François C.

Généraux, Gansters et Jihadistes - Histoire de la contre-révolution arabe de Jean-Pierre Filiu - éditions de La découverte

https://images.epagine.fr/078/9782707197078_1_75.jpg

1. Bienvenue dans l’«Etat profond»

Le concept d’«Etat profond», en tant que structure parallèle et occulte de pouvoir…était alors sans objet dans le monde arabe, où les régimes en place étaient ouvertement dictatoriaux, les organes répressifs s’imposant à une justice aux ordres, avec la complicité affichée de mafias d’Etat.

Ce mélange de règlements de compte, d’économie souterraine et de théories du complot engendra bientôt en Turquie un sentiment d’omniprésence de l’Etat profond.

Pour appréhender la spécificité (et la perversité) d’un tel Etat profond dans le monde arabe, il importe de revenir au processus de construction nationale dans ces différents pays…Une composante clé de ce processus est la vision et la gestion patrimoniales de la nation et de ses ressources. La comparaison avec la Turquie est une fois encore éclairante, au moment où les appareils de sécurité vont s’imposer au centre de la politique arabe.

2. Le mythe des « pères de la nation »

 Les acteurs de l’Etat profond justifient en effet leurs activités illégales par l’incapacité de l’Etat légitime à assumer ses missions « en profondeur ». Et l’ »Etat parallèle » se veut le reflet soi-disant efficace d’un Etat officiel, que son impuissance à répondre aux attentes de l’opinion aurait lui-même disqualifié.

Le kémalisme et le wahhabisme sont deux idéologies qui confèrent au dirigeant et à ses proches une autorité sans partage, un discours de légitimation et une assise sociale. La répression des pratiques « hétérodoxes » dans le Hedjaz « cosmopolite » n’a pas été moins impitoyable que la lutte contre l’islam « réactionnaire » dans les campagnes d’Anatolie.

3. Les Mamelouks de notre temps

C’est surtout l’implacable darwinisme des luttes de pouvoir qui lie le plus intimement les mamelouks modernes au général Baybars, héros de la bataille de Mansoura (1249) et à ses successeurs. Nasser, Boumedienne et Assad étaient loin d’être les dirigeants les plus talentueux, mais ils savaient survivre coûte que coûte dans un environnement implacable de trahisons et de putschs. Ils apprirent à tuer pour ne pas l’être et leur obsession sécuritaire en vint à déterminer le sort de leur pays. Une fois l’indépendance nationale détournée à leur profit, ils prirent leurs compatriotes en otages de leur soif de pouvoir. Que le pire gagne et non plus le meilleur, telle semblait désormais la règle de cette sinistre saga.

La rivalité exacerbée entre Nasser et le maréchal des armées Abdelhakim Amer contribua largement à précipiter l’Egypte dans le piège de la « guerre des Six Jours », en juin 1967.

Les militaires algériens furent les premiers touchés par une telle vague de protestation populaire –aspirations collectives à la liberté- et ils tracèrent la voie du plus sombre des avenirs aux autres Mamelouks : ne jamais baisser la garde, quelles que soient les marques extérieures de soumission ; et surtout, surtout, ne pas hésiter un seul instant à combattre par les armes le verdict des urnes.

4. La matrice algérienne

Libéralisation et expansionnisme offraient de nouvelles opportunités de captation de ressources et de redistribution des prébendes au sein de l’élite dominante et de ses protégés.

(Algérie) La violence atteignit en 1993 et 1994 les niveaux inégalés de quelque 500 morts par semaine…Le GIA eut cinq chefs successifs durant ces deux années sanglantes.

Bouteflika avait accompli son devoir électoral en chaise roulante. Les Mamelouks algériens ne se contentaient plus d’un président marionnette, ils avaient installé une momie au sommet de l’Etat.

Peu importait l’état réel du pays et de son économie, les Mamelouks défendaient avec ténacité et constance leurs intérêts collectifs. De tels processus de rente et d’accaparement, essentiels à la cohésion du régime algérien, se déclinaient sous des formes tout aussi redoutables dans les autres autocraties arabes.

5. Les rentiers de la violence

Hafez al-Assad (Syrie) ou Ali Abdallah Saleh (Yémen) n’étaient que deux exemples de ces milliers de jeunes officiers dont la fulgurante ascension sociale dépendait de la consolidation des privilèges multiformes de leur corporation.

L’opacité des budgets militaires, et des appareils de sécurité en général, ne pouvait à cet égard que faciliter les détournements collectifs ou personnels. L’impératif de « défense nationale » n’avait qu’à être mentionné pour légitimer tous les passe-droits.

(Egypte) Les grands généraux, qu’ils soient ou non en activité, développèrent leurs relations avec la classe affairiste pour mieux collaborer avec la génération montante de capitalistes globalisés, tout ce petit monde prospérant à l’ombre de l’Etat égyptien et de ses réseaux clientélistes.

Le chantage exercé sur une bien plus grande échelle aux dépens des pouvoirs occidentaux, afin de leur extorquer une juteuse « protection » contre une menace que les Mamelouks arabes ont pourtant largement contribué à créer.

(Le jackpot israélien) Ces chiffres astronomiques illustrent comment les Mamelouks d’Egypte et de Syrie ont réussi à transformer leur relation avec Israël en un formidable

instrument de pression à l’égard de leurs parrains étrangers.

Les Mamelouks arabes ont démontré une exceptionnelle capacité d’adaptation et de survie à n’importe quel prix, surtout quand ce prix est payé par une partie de leur propre population. Après avoir détourné les indépendances postcoloniales, ils ont accaparé la gestion des ressources nationales et consolidé leur mainmise sur la sphère publique. Ils sont ensuite parvenus à encore accentuer leur position dominante par un processus de « privatisation » au profit de leurs protégés ou de leur propre famille. Les Mamelouks d’Egypte furent à l’avant-garde de ces liaisons incestueuses avec l’affairisme le plus débridé, mais leurs homologues arabes ne tardèrent pas à suivre cette voie.

6. A chacun sa « terreur globale »

Le régime Assad a ainsi géré avec un sang-froid impressionnant la « guerre globale contre la terreur » qui faisait rage dans l’Irak tout proche. Il a démontré une capacité hors du commun à agiter l’épouvantail d’Al-Qaida aux dépens de sa propre opposition, tout en continuant à collaborer avec d’authentiques réseaux jihadistes, au Liban ou en Irak…Bachar al-Assad a ainsi poussé la logique du « pompier pyromane », héritée de son père, à des niveaux de perversité sans précédent.

7. Deux fers au feu en Syrie et au Yémen

Les frères ennemis de la dictature mamelouke et du jihad global s’accordaient à l’évidence sur un point : la contestation politique devait être écrasée à n’importe quel prix…pour les contestataires.

(Syrie) Cela n’était certes pas suffisant pour accréditer la menace jihadiste. Aussi le régime Assad décida-t-il de relâcher massivement les jihadistes détenus dans les prisons syriennes.

Le régime Assad, fidèle à sa politique du pire, épargnait ostensiblement Daech pour concentrer ses frappes contre les autres groupes armés.

8. Elégie de Tahrir

Les Mamelouks avaient ainsi restauré leur hégémonie sur l’appareil de sécurité, tout en envoyant aux Etats-Unis et à Israël les messages nécessaires à la perpétuation de leur rente stratégique. Ils avaient absorbé l’impact de plus sérieux de la vague révolutionnaire de 2011 en prenant l’initiative de déposer Moubarak. Il leur fallait maintenant une formule constitutionnelle de validation de leur structure de pouvoir.

Morsi apparaissait de plus en plus comme un chef de parti, prêt à couvrir tous les débordements de l’appareil islamique, au lieu de diriger le pays en président de tous les Egyptiens.

Pendant que les généraux s’engraissaient, le pays s’enfonçait dans la pire période de violence de son histoire moderne : environ 2500 civils tués et quelque 17 000 blessés pour les seuls huit premiers mois de l’après-Morsi, avec un nombre de 41 000 détenus (selon les organisations de défense des droits de l’homme).

Les Mamelouks égyptiens sont parvenus, avec bien plus de talent que leurs homologues algériens deux décennies plus tôt, à contenir, renverser, puis écraser la vague démocratique.

9. Les fossoyeurs de la Palestine

Pour les Mamelouks égyptiens au chauvinisme affiché, mépriser les Palestiniens était devenu une seconde nature. Gaza était fondamentalement une marchandise à vendre au meilleur prix à Israël et aux Etats-Unis. Il n’en était que plus logique de punir les palestiniens lorsqu’ils osaient contester les termes d’un tel échange.

Le paradoxe d’une Egypte plus insensible qu’Israël aux souffrances palestiniennes était déjà cruel. Il se doublait, en outre, d’une montée en puissance, en matière de lutte antidjihadiste, de l’engagement discret d’Israël dans le Sinaï, ne serait-ce que pour y suppléer aux défaillances de l’armée égyptienne.

Par cette campagne contre le peuple de Palestine et ses droits, l’Etat profond avait parachevé son émergence au grand jour arabe, il n’avait plus besoin d’œuvrer dans les coulisses, de monter des intrigues complexes ou d’entretenir des rideaux de fumée. L’horreur du carnage en Palestine était indécente et la plaie, ainsi ouverte, demeurait béante. La Palestine devenait pour les fossoyeurs mamelouks le tombeau du rêve arabe. Car aucune contre-révolution n’était digne de ce nom sans la liquidation de la cause palestinienne.

10. L’alternative tunisienne

Alors que l’Egypte s’enfonçait dans la spirale de la sédition armée, la Tunisie parachevait sa transition institutionnelle, depuis le renversement du despote Ben Ali jusqu’aux premières législatives, organisées conformément à une nouvelle Constitution, elle-même adoptée après des débats passionnés. Le peuple de Tunisie et sa classe politique avaient effectivement posé les bases d’une IIème République en état de marche, là où les généraux égyptiens avaient saboté toute alternative crédible à leur règne mamelouk.

A partir de l’interdiction d’Ansar al-Sharia (AS), en septembre 2012, la Tunisie avait été aussi déterminée dans la lutte contre le jihadisme que les régimes mamelouks. Elle n’avait néanmoins pas pris le prétexte du terrorisme pour monter les uns contre les autres, bien au contraire. Et les procédures de l’Etat de droit étaient respectées dans l’instruction des dossiers et le jugement des 1 343 détenus pour délits liés au terrorisme.

A bien des égards, la Tunisie avait rejoint la famille et les préoccupations, voire les angoisses de ces démocraties occidentales. Le pays avait dès lors moins à craindre la virulence de tels débats que son isolement persistant dans un environnement aussi agressivement mamelouk.

La contre-révolution arabe n’aura donc épargné que la Tunisie. Elle aura plongé la Syrie et le Yémen dans les abominations de la guerre civile afin de laisser, officiellement à Bachar al-Assad, de facto à Ali Abdallah Saleh, l’essentiel de leur pouvoir. Elle aura enfoncé l’Egypte dans l’impasse d’un autoritarisme impuissant à assurer une sécurité minimale. Elle aura réussi le tour de force d’obliger le Premier ministre « d’union nationale » en Libye à négocier sur un pied d’égalité avec Haftar, ainsi légitimé et conforté dans son arbitraire. Elle aura abandonné durant de longues années des millions de femmes et d’hommes au joug de Daech, s’en remettant à une coalition extérieure pour réduire très laborieusement le territoire de ce pseudo-califat.

« La révolution n’a pas échoué. Elle continuera tant que ses mots d’ordre « Pain, liberté, justice » ne seront pas accomplis. Ils peuvent la retarder, mais je pense que le mouvement est irréversible. N’oubliez pas que nous sortons de décennies de totalitarisme. Cela ne se fera pas en un jour. »

*

Verbatim proposé par François C.

Verbatim de PROFESSION SLASHEUR: Cumuler les jobs, un métier d’avenir de Marielle BARBE - Ed. Marabout 2017

Profession slasheur ; cumuler les jobs, un métier d'avenir

Je n’ai jamais su choisir !

Mon «coming out»

Mes familles de compétences

L’organisation de mon planning

Mes difficultés de slasheuse

Le fil conducteur de mon parcours

Le sens que j’ai donné à ma vie professionnelle

Demain, tous slasheurs

Un slasheur sachant slasher

Dessine-moi un slasheur!

Le slasheur par « nature »

Le slasheur « par accident » ou par nécessité

21 slasheurs et slasheuses extraordinaires

La boîte à outils

Votre profil «positive slasheur»

Super-slasheur sur le marché du travail!

  • Accepter l’insécurité et les fluctuations financières.

  • Courir après le temps (mais ce n’est pas obligatoire !).

  • Comment vous présenter simplement et efficacement ?

  • Trouver le statut compatible avec vos besoins.

  • Entreprise recherche mouton à cinq pattes, et inversement.

  • Des plateformes de recherche d’emploi « slash-compatibles ».

Slashez-vous!

  • Assumez qui vous êtes.

  • Gagnez la bataille de la légitimité.

  • Oubliez vos « bonnes » excuses !

  • Échec, persévérance, passion : un trio qui booste.

  • Faites confiance à la vie…et sachez faire face à l’adversité.

  • Jouez…pour de vrai.

  • La meilleure place, c’est la juste place.

Conclusion

Une vie qui vous ressemble.

TABLE DES TESTS ET OUTILS POUR LE SLASHEUR

Slasheur or not slasheur ?

Si vous avez répondu par oui à la majorité des propositions, bienvenue dans la tribu des slasheurs ! Dans ce cas, spontanément, sans réfléchir, notez ce que vous considérez être vos différents slashs ?

Pause respiratoire

Ma pratique autour de la respiration m’a donné la certitude que le souffle nous offre un ancrage à la fois très simple et très efficace, à nous-mêmes et à l’instant présent.

L’histoire des gros cailloux

Quels sont les gros cailloux dans votre vie ? Ceux que vous aimez ? Qui correspondent à ce qui est essentiel pour vous ? Ceux qui donnent du sens à votre vie ? Qui vous permettent de vous réaliser, d’accomplir vos rêves ? Quels qu’ils soient, c’est à vous et à vous seul, de vous assurer qu’ils trouvent une place prioritaire dans votre vie !

Si vous donnez la priorité aux peccadilles (le gravier, le sable), vous remplirez votre vie de peccadilles et vous n’aurez plus assez de temps précieux à consacrer aux priorités de votre propre vie.

Voyage vers ma future vie professionnelle

Et vous, comment voyez-vous votre vie professionnelle « idéale » en 2030 ? Feuilletez les magazines en y découpant tout ce qui vous inspire, vous appelle, fait des liens avec :

  • des envies, des activités, des projets, des univers que vous souhaitez développer,

  • le cadre, le lieu, l’ambiance dans lesquels vous aimeriez travailler,

  • les personnes avec qui vous aspirez à travailler.

Soyez vigilants à ne pas vous censurer et laissez parler votre cœur.

Le vide-dressing

Ecrivez à l’intérieur de cette poubelle, sans vous censurer :

  • tous les préjugés, les idées reçues, les critiques entendues ou sous-entendues provenant de votre entourage personnel et professionnel et de la société en général ;

  • les jugements négatifs que vous portez sur vous-même ;

  • les peurs de votre entourage qui se cachent derrière leurs mots blessants, ou même leurs conseils « bien intentionnés » ;

  • vos propres peurs.

Ensuite, à l’extérieur de cette poubelle, notez en face de chaque mot le « pendant » positif…Personnellement, lorsque je souhaite me libérer de certaines choses encombrantes, je les écris et les brûle. C’est un acte symbolique qui me donne la sensation de me libérer.

Slashez-vous : speed slashing

 

Quel slasheur « extraordinaire » êtes-vous ?

  • Comment et quand avez-vous découvert que vous étiez slasheur ?

  • Etes-vous slasheur « par nature », par choix ? ou bien par obligation, pour des raisons économiques ?

  • Quels sont vos différents « slashs » ou familles d’activités/métiers ?

  • Quels sont vos principaux centres d’intérêt/passions ?

  • Que répondez-vous quand on vous demande ce que vous faites comme métier ?

  • Assumez-vous et revendiquez-vous d’être slasheur ?

  • Quel est selon vous le fil conducteur, le point commun, le sens de ces différentes activités ?

  • Qu’est-ce que cela raconte de vous ?

  • Considérez-vous qu’être slasheur vous fragilise ou, au contraire, que cela a donné de l’épaisseur et de l’expansion à votre profil ?

  • Comment définiriez-vous vos atouts et votre valeur ajoutée de slasheur ?

  • Vos clients, vos interlocuteurs, vos boss ont-ils connaissance de toutes vos activités ? Si oui, reconnaissent-ils votre multiactivité ?

  • L’organisation de votre planning de slasheur est-elle simple à gérer, ou au contraire un véritable casse-tête ? Au quotidien, comment organisez-vous votre temps avec vos différentes activités ? En alternance, en parallèle ? Par séquences, par saison… ?

  • Quels sont vos statuts ? Salarié ? Autoentrepreneur ? Indépendant ? Un mix des trois ? Ou encore un autre statut ?

  • Qu’appréciez-vous le plus dans votre mode de fonctionnement/votre vie de slasheur ?

  • Vous sentez-vous épanoui et à votre place dans cette manière de travailler en mode « multi » ? Pourquoi ?

  • Selon vous, quels sont les atouts principaux d’une personne qui assume d’être slasheur ?

  • Quels sont les points de vigilance, les écueils, les risques auxquels sont exposés les slasheurs ?

  • Connaissez-vous beaucoup de slasheurs ? Y a-t-il un profil de slasheur qui vous étonne, vous inspire tout particulièrement ?

  • Quels conseils, trucs, astuces, expériences de slasheurs souhaitez-vous partager ?

  • Si vous aviez une baguette magique, de quoi auriez-vous besoin en tant que slasheur ?

  • Avez-vous déjà une petite idée du prochain « slash » qui viendra compléter les autres ?

  • A quoi ressemblera votre « vie professionnelle idéale » dans 10 ans ?

Cahier des charges

Ce qui ne vous convient plus dans votre vie professionnelle (colonne de gauche) versus ingrédients de votre vie professionnelle idéale (colonne de droite)

Rewind

Le jeu des sept familles

Familles : « Valeurs » ; « Savoir-être » ; « Dons/talents naturels » ; « Compétences professionnelles » ; « Compétences personnelles » ; « Centres d’intérêt » ; « Carburants ».

In & out of the box

Slashs & moi

Si j’étais…

Chacun a une représentation personnelle du slasheur qu’il est…Chaque compétence, chaque métier, est une pièce du puzzle et ces pièces combinées entre elles finissent par dévoiler peu à peu qui je suis.

Mon « multikigai »

Selon la philosophie de l’ikigai, votre raison d’être se situe au croisement de ces quatre éléments :

  • ce pour quoi vous êtes doué (vocation),

  • ce que vous aimez le plus faire (passion),

  • ce pour quoi vous pouvez être payé (profession),

  • ce dont le monde a besoin (mission).

Et si vous aviez une baguette magique ?

Bucket List

Écrire la liste de vos envies. Ces dernières peuvent être en lien avec : des voyages, des aventures et expériences de vie, des apprentissages et des connaissances, des projets et des plaisirs tout simples, des objectifs à atteindre,…

Aucun regret

Bronnie Ware : « Les cinq regrets des personnes en fin de vie »

  • J’aurais aimé avoir eu le courage de vivre la vie que je voulais vraiment, pas celle que les autres attendaient de moi,

  • J’aurais dû travailler moins,

  • J’aurais aimé avoir le courage d’exprimer mes sentiments,

  • J’aurais aimé garder le contact avec mes amis,

  • J’aurais aimé m’accorder un peu plus de bonheur.

Je reconnais et assume (enfin) ma valeur ajoutée

Le fil conducteur de mes slashs

Le nuancier de mes offres

Quelles nuances vos couleurs primaires combinées entre elles (par deux, par trois, etc.) produisent-elles ? Quelles offres singulières vos différentes compétences, vos multiples métiers en s’hybridant donnent-ils ?

Je compte (sur) tous mes trésors

Fiche d’identité «slasheur »

La chasse aux bonnes excuses

Merci au slasheur que vous êtes !

Prenez le temps de noter et de dire « Merci » à tout ce que votre vie de slasheur vous a apporté :

  • les projets hors du commun que vous avez menés ;

  • les connaissances, les compétences que vous avez acquises grâce à vos multiples expériences ;

  • les merveilleuses rencontres que vous avez faites ;

  • les émotions et les aventures que vous avez vécues ;

  • les chances, les opportunités qui se sont présentées à vous.

L’attrape-rêves

Dessinez cinq ballons de baudruche, correspondant respectivement à vos :

  • sources d’inspiration ;

  • envies ;

  • rêves ;

  • raisons de croire à d’autres possibles ;

  • les petits pas que vous pouvez faire pour rendre vos envies et vos rêves possibles.

Votre mantra

*/

Verbatim proposé par François C.

Verbatim de SURDOUÉS: s’intégrer et s’épanouir dans le monde du travail de Cécile BOST- Ed. Vuibert 2016

Surdoués ; s'intégrer et s'épanouir dans le monde du travail

Chapitre 1 – POURQUOI PARLER DES SURDOUES DANS LE MONDE DU TRAVAIL ?

Des malentendus tenaces

Tentatives de définition et conséquences

Trois « traits ombrelles » : intensité, complexité et dynamique personnelle (besoin de faire toujours plus, plus loin et mieux).

. Une construction identitaire parfois difficile

Deux grands groupes différents de stratégies d’adaptation : les intégrés/conformistes ; les marginaux.

Trois types de comportement : équilibré ; exagéré ; effondré.

. Une estime de soi à géométrie très variable

C’est avec ce regard critique permanent sur lui-même (« l’inaccessible idéal du moi ») que grandit un surdoué.

. Une place difficile à trouver

Le surdoué grandit avec un sentiment envahissant d’être perçu comme celui qui a ou est toujours « trop » par rapport à une « norme » définie par les habitudes du groupe dominant.

Le surdon n’est pas une vue de l’esprit

. Une réalité neurophysiologique

. Pour mémoire, l’origine du test de QI et son utilité

Un test d’intelligence ne sait pas évaluer de façon correcte un surdoué « dys », hypersensible, hyperémotif, dépressif et/ou assommé par des médicaments.

. Les intelligences multiples de Gardner

. Le surdon, une différence qui s’inscrit dans un continuum

Plus l’intelligence mesurée est élevée, plus grande est la capacité à distinguer les informations pertinentes de toutes natures, grâce à une acquisition, un traitement et un stockage des informations plus importants et plus rapides.

Prélude au monde du travail : la sélection par l’école

. La roche tarpéienne de l’école

Les vrais problèmes de l’enfant surdoué commencent quand il « en montre trop ».

. Des résultats d’études convergents

Un tiers des enfants surdoués réussit brillamment ses études, un tiers s’en sort sans éclat, le reste est en échec scolaire.

Deux grands types de populations surdouées : a) des surdoués équilibrés ; b) des surdoués en mode survie.

. Le casse-tête de l’orientation professionnelle

Le plus important est d’aider le surdoué à cheminer entre le sentiment de choisir une carrière pour faire plaisir à d’autres et ses passions « irraisonnées », entre ce qui relève de ses centres d’intérêt et de ses habiletés et compétences.

. De la difficulté d’être trop intelligent

. De la « norme » en matière d’intelligence

Certains arrivent à survivre au système scolaire en choisissant une voie professionnelle moins classique : en étant indépendant (artisan, commerçant, profession libérale) ou en devenant chef d’entreprise.

Chapitre 2 – LE SURDOUE EST-IL SOLUBLE DANS L’ENTREPRISE ?

Au commencement était le recrutement

. La lettre de candidature

Motifs du rejet de deux ordres : a) Les compétences demandées sont bien là, mais les expériences passées font apparaître un candidat surqualifié, ou au potentiel trop important pour ce que le poste peut offrir ; b) La logique qui a conduit le candidat à postuler n’est pas cohérente avec le poste à pourvoir.

. L’entretien

La forme…et le fond

Les différentiels de repères

. Différences d’intensité

L’intensité concerne tous les aspects de la vie quotidienne du surdoué, vite qualifié d’ »excessif » ou de « trop ».

. Différences d’approche

Les différences physiologiques cérébrales donnent au surdoué une capacité accrue de perception, de traitement et de mémorisation de l’information, tant en termes de quantité que de rapidité.

. Différences de synchronisation

Le temps est une variable très particulière chez le surdoué…, qui ne se montre jamais synchrone avec son environnement.

. Différences de pensée

Cette capacité à penser hors du cadre, à remettre en cause les règles, est de facto un facteur de fragilisation du groupe.

Une créativité compulsive

Le surdoué est un créatif permanent. Il challenge les autres et les traditions, bouscule les statu quo, fait appel à des idées folles venues d’on ne sait où, comme s’il voyait ce que les autres ne pouvaient pas voir.

L’idéalisme et le perfectionnisme

Son idéalisme le rend intransigeant et cassant. Il faut vraisemblablement lui rattacher le perfectionnisme. Le surdoué se met la pression tout seul pour atteindre un objectif qui correspond à l’image idéale de lui-même qu’il souhaite atteindre.

La question de l’intelligence émotionnelle

. La performance avant les émotions

Vu de l’extérieur, il est donc très difficile de comprendre ces montagnes russes émotionnelles auxquelles est soumis un surdoué, qui passe si facilement (et pour un rien !) du rire aux larmes.

. QE versus QI

Les recherches ont largement démontré que les surdoués ont a minima un QE « dans la moyenne », et qu’ils sont nombreux à être charismatiques.

. La tyrannie des émotions

Depuis son plus jeune âge, le surdoué est confronté aux émotions qui l’assaillent par le biais du bombardement sensoriel permanent qu’il vit.

. Des émotions hors norme

. L’IS (intelligence stratégique) mieux que l’IE

Michael Maccoby : l’anticipation, la vision, la réflexion systémique, la capacité à motiver, la capacité à établir des partenariats.

Des relations épineuses

. Se ressourcer seul ou sociabiliser ?

Un surdoué se sent mieux dans le silence et une certaine solitude…Il a besoin d’une énergie intense pour se sociabiliser, pour se mettre au niveau (d’intérêts et de langage) des autres.

. Se museler ou agacer ?

Un surdoué passe néanmoins très souvent pour arrogant et exaspérant.

. Se taire ou manipuler ?

Jusque dans sa façon de parler, le surdoué dérange : sa logique de réflexion, son débit de parole et le vocabulaire qu’il emploie peuvent déstabiliser.

. Suivre ou être soi-même, mouton ou mouton noir ?

Apprendre à tolérer que les autres ne fonctionnent pas de la même façon que lui, à vivre avec le reste du monde et non malgré lui, est vital pour un surdoué, sous peine de devenir aigri et de s’isoler plus encore, la phobie sociale guettant particulièrement les plus doués d’entre tous.

Promotions et progression

. Quel profil faut-il en général pour progresser en entreprise ?

Quatre profils de manager, dans cette bataille qui se joue en permanence pour le pouvoir : le rebelle positif ; le râleur ; l’imposteur ; le manipulateur, destructeur ou pervers narcissique.

. Les surdoués sont-ils doués pour progresser en entreprise ?

Bien au-delà de toute promotion, la déconnexion, l’isolement social et la marginalisation guettent le surdoué qui ne réussira pas à trouver la stratégie gagnante pour préserver son intégrité psychique, ni à apprendre à vivre et à progresser avec des gens qui, visiblement, ne fonctionnent pas comme lui.

Chapitre 3 – QUAND LA CRISE SURVIENT

Harcelé, harceleur, ou un peu des deux ?

L’entreprise est un lieu agressif et souvent psychorigide, dont le conformisme cognitif et la faible tolérance à la diversité ne conviennent pas au surdoué.

Burn out

…ou Bore out

La manifestation extérieure du Bore out est l’apathie. Le surdoué qui s’ennuie dans son travail s’effondre aussi sûrement que sous une très lourde charge de travail !

Invoquer le surdon comme handicap, une solution ?

Chapitre 4 –ENTREPRISE ET SURDOUE : LE GRAND MALENTENDU ? DECRYPTAGE

Entreprise cherche collaborateur ayant du savoir-vivre

Surdoué cherche entreprise pour activité ayant du sens

. Une question de valeurs et de besoins

Besoins du surdoué : exigence de qualité ; désir d’apprendre ; goût du travail bien fait ; goût du challenge ; faible besoin de formalisme ; besoin d’autonomie ; besoin de réactivité et de partage ; besoin de respect, de reconnaissance de l’engagement pris et du travail accompli ; besoin de se sentir reconnu dans son mode de fonctionnement singulier.

. Peu importe le métier pourvu qu’on ait l’environnement

. Des compétences bien particulières

Capacité à voir de façon globale, augmentée par capacité de projection, d’anticipation ; goût pour la complexité et créativité associée à de multiples centres d’intérêt ; sens de l’organisation, doublé d’une inclination naturelle pour le travail et d’une vraie puissance à l’abattre.

La personnalité du surdoué à la lueur des tests

. Le MBTI, Myers Briggs Type Indicator

. Le Big 5

Cinq grands traits de personnalité universels : 1. Ouverture d’esprit ; 2. Conscienciosité (organisation, fiabilité, sens de l’effort,…) ; 3. Extraversion ; 4. Amabilité (sociabilité, altruisme et coopération,…) ; 5. Névrose (degré de stabilité émotionnelle,…).

. Le décalage du surdon à la lueur des tests

. Qu’impliquent ces différents types dans l’entreprise ?

. Quels profils de collaborateurs recherche l’entreprise ?

. Quelle cohabitation entre surdoués et non-surdoués en entreprise ?

. Quels profils d’entreprise recherche le surdoué ?

Surdoués en entreprise : (un)wanted ?

Le classement des individus en trois groupes (Roland Persson) : le nerd (Steve Jobs ; Xavier Niel) ; le héros (de Gaulle, Zinédine Zidane) ; le réformateur (remet en cause l’ordre établi et menace les intérêts en place).

Chapitre 5 – POUR LA ROUTE

Accepter le surdon

Etre surdoué, ce n’est pas une question de production mais une question de ressenti. Le véritable enjeu est de se sentir mieux.

Accepter d’être surdoué, c’est se réconcilier avec soi-même et ne plus ressentir ce sentiment diffus de honte…Accepter est libérateur d’un nouveau flot d’énergie.

Quatre grandes étapes dans l’acceptation de son surdon : 1. Se reconnaître ; 2. S’affirmer ; 3. Retrouver son groupe d’appartenance ; 4. La recherche d’affinités.

Apprendre à vivre avec le surdon

. Pour penser à l’avenir, penser d’abord au passé

. Respecter certains besoins : 1. dappartenance ; 2. de nourriture intellectuelle ; 3. de pratique et de créativité.

Gérer sa réputation

. Améliorer son image : 7 briques pour améliorer votre intelligence relationnelle :

  1. Comprenez pleinement ce que signifie être surdoué et ce décalage entre vous et les autres.
  2. Sachez de quoi est fait votre surdon et acceptez ce mode de fonctionnement.
  3. Faites les choses « comme il faut ».
  4. Investissez du temps pour développer vos habiletés sociales.
  5. Développez un réseau en commençant par des surdoués.
  6. Elargissez votre réseau initial à d’autres cercles.
  7. Appuyez-vous sur un mentor.

. Mieux gérer ses émotions

. Apprendre à fixer des limites

Questions de santé

. L’hypersensibilité

. Les hyperexcitabilités

Cinq formes d’hyperexcitabilité : émotionnelle ; psychomotrice ; sensuelle ; intellectuelle ; imaginaire.

. Les erreurs de diagnostic

. Apprendre à connaître et (surtout) accepter ses limites

. Apprendre à trouver sa place

 EN GUISE DE CONCLUSION

Par sa capacité à apprendre facilement, à s’engager, à travailler avec puissance, à être multitâches et multi-intérêts, à voir loin, à envisager des solutions innovantes, par sa créativité, un surdoué est un véritable atout pour la structure qui l’intégrera. Malheureusement, son mode de fonctionnement singulier est encore bien mal connu et donc très mal utilisé, ce qui est dommage.

  *

CITATIONS :

Frankl Ce qui doit donner de la lumière doit d’abord supporter de brûler.

Huxley A. Le prix que Newton a eu à payer pour être intellectuellement si exceptionnel a été qu’il n’a pas eu d’amis, qu’il n’a jamais connu l’amour, qu’il n’a pas eu d’enfants, ni beaucoup d’autres choses désirables. En tant qu’homme, c’est un raté ; en tant que monstre, il est magnifique.

Pfeffer Le talent est une force, pas un outil. Le talent n’est ni bon, ni mauvais. Etre doué de plusieurs talents est en fait un cadeau ambigu. Pour certains, c’est un fléau.

Ziglar Ce ne sont pas vos aptitudes, mais votre attitude qui déterminera votre altitude.

 *

Verbatim proposé par François C.

 

Verbatim de DIRIGEANTS LE DEFI de L'ENGAGEMENT de Raphaelle LAUBIE et Philippe WATTIER - Ed. L'Archipel 2017

Dirigeants ; le défi de l'engagement

1.LES PARADOXES DANS L’ENGAGEMENT DU DIRIGEANT

Des racines et des ailes.

Le dirigeant a fait le choix de s’élever…Cela comporte des risques, il doit l’assumer. Tôt ou tard, il se retrouve confronté à son idéal et à des situations paradoxales inédites et parfois brutales…C’est par un travail sur soi, apprentissage permanent, et par la recherche de sa « juste place », que l’on peut surmonter ces paradoxes et en faire des leviers pour l’action.

L’insuffisante prise en compte des facteurs de santé.

Des charges de travail trop importantes sans périodes de repos sont contre-productives…Le respect de certaines règles d’hygiène de vie (alimentation, sommeil, activité physique…) est garant d’un niveau de performance durable…Une pratique sportive régulière permet de maintenir un bon état de santé global tant au niveau du tonus physique que du développement des capacités mentales…Des mesures de prévention limitent les problèmes de santé graves et récurrents.

Les déséquilibres des trois vies

Il est essentiel de ne pas vivre uniquement des vies professionnelle et familiale. D’autres activités (sports, associations, etc.) qui entraînent une socialisation vont créer des sas de décompression…Ces interactions entre vie professionnelle et vie personnelle sont le lieu de très nombreux paradoxes. Avoir un complice indépendant des sphères professionnelle et personnelle pour partager ses questionnements sera d’une grande utilité, notamment pendant une période délicate.

Les dissonances cognitives.

Dans l’exercice de ses fonctions, le dirigeant peut être amené à vivre des situations très inconfortables, lorsque ses pensées et schémas mentaux ne se trouvent plus en harmonie avec sa propre perception de l’environnement externe. On parle alors de dissonance cognitive.

Tout dirigeant peut être confronté à ce type de situation à un moment ou à un autre de sa vie professionnelle…Le « dysconfort » vécu alors par le dirigeant l’amène à modifier son mode de fonctionnement, et parfois à prendre des décisions irrationnelles, laissant collaborateurs et proches démunis et dans une incompréhension totale.

Les erreurs de casting et les fausses routes.

Une mobilité géographique mobilise toutes les ressources du dirigeant…Imprégné de la culture de son entreprise, le dirigeant croit connaître les codes en arrivant dans un nouveau pays et peut faire preuve d’analyses ou de comportements inadaptés. En effet, les cultures locales prédominent encore sur les cultures d’entreprise, aussi fortes soient-elles…Le dirigeant n’est souvent pas préparé à ce paradoxe qui peut l’amener à remettre totalement en question sa performance professionnelle passée, et à perdre totalement confiance en lui…Une mobilité géographique est donc un véritable projet qui doit être préparé au sein de l’entreprise et en famille, afin que le dirigeant se sente soutenu et accompagné dans une expérience qui, si elle est riche d’enseignements, peut se révéler complexe.

2.FEMMES ET LEADERSHIP

Evolution des codes sociétaux et irritants.

Aujourd’hui, les femmes ont les mêmes opportunités, libertés et prérogatives que les hommes. Pas plus, mais les mêmes…Elles ne pourront tirer parti de ces opportunités qu’à condition de définir quel équilibre elles visent en termes de contrainte et de reconnaissance professionnelles, de vie personnelle, familiale, et seulement si elles assument pleinement ces choix.

Les femmes font face à un dilemme culpabilisant qui est présent très tôt…En effet, il est courant pour les femmes de devoir composer avec des injonctions contradictoires –réussir leurs études, puis gérer leur carrière, être une bonne mère de famille en restant présente pour ses enfants –sous peine de perdre leur indépendance en cas de problèmes conjugaux ultérieurs. Il est assez justifié d’avancer que les hommes y sont moins exposés.

Les femmes doivent apprendre à reconnaître et lever leurs « facteurs irritants », les freins à leur développement professionnel et personnel.

La levée de ces obstacles et la création d’un environnement de travail bienveillant et accueillant sont bénéfiques aux femmes, mais aussi aux hommes qui souhaitent se détacher des parcours « masculins classiques ».

Vertus et bonnes pratiques.

Il existe autant d’approches, de démarches et de plans d’action concernant les femmes et leur place en entreprise que de situations. Chaque entreprise doit s’investir dans ce challenge en intégrant sa culture, les problématiques et les moyens qui lui sont propres. Les solutions toutes prêtes à « reproduire » n’existent pas.

Il est nécessaire de s’engager dans une première étape de diagnostic afin d’identifier les points forts et faibles de l’entreprise, mais aussi les freins perçus par les femmes. Cette première étape permet de mettre en place des objectifs, un plan d’action, et d’en préciser les modalités de suivi.

La démarche doit être appuyée par le top management, emporter l’adhésion du middle management et, une fois amorcée, doit être soutenue sur le long terme. Les études et les exemples pratiques montrent que tout relâchement des actions provoque inévitablement un retour en arrière.

Les défis pour demain

Les programmes en lien avec l’éducation des lycéens et lycéennes, par exemple, sont un moyen de traiter certaines problématiques avant l’entrée dans la vie active, et donc de diminuer la nécessité de certaines mesures de « rattrapage » une fois intégré le monde du travail.

Les entreprises peuvent aussi intervenir au niveau sociétal pour poser un regard sur la place et le rôle de la femme dans la société.

Les mesures en faveur de la promotion féminine ne doivent pas être prises au détriment des compétences, faute de quoi le risque de rejet est réel.

Le leadership est-il sexué ?

Les femmes sont perçues comme plus créatives, plus coopératives et à l’écoute, dans une démarche plutôt horizontale.

Les hommes sont perçus comme étant davantage animés d’un esprit de conquête, de compétition –les prises de décision s’effectuent selon une démarche plus verticale.

Les hommes et les femmes appréhendent différemment leurs émotions.

Pour autant, les femmes au pouvoir ne montrent pas de différences majeures dans l’exercice du leadership. Il est impossible de distinguer un leadership spécifiquement féminin.

Par ailleurs, les jeunes générations ont tendance à gommer les différences hommes/femmes.

3.ENGAGEMENT SOCIETAL : TEMOIGNAGES

RSE, vous avez dit RSE ?

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est encore méconnue dans les entreprises et relativement peu formalisée, particulièrement dans les petites structures.

Intégrée à la stratégie globale, la RSE est un véritable outil de pilotage de l’entreprise dans une logique de pérennisation et de développement responsable.

La RSE est un atout pour attirer les consommateurs, renforcer la marque employeur et fidéliser les salariés.

Pour mettre en œuvre une démarche RSE, il est recommandé d’être accompagné et de désigner un ou des référents en interne pour le déploiement en lien avec tous les services et directions de l’entreprise.

Valeurs : au-delà des mots

Les valeurs revêtent un usage interne vis-à-vis des salariés et des managers, au moment des recrutements et tout au long de la vie de l’entreprise.

Les valeurs doivent être définies dans un esprit de co-construction avec les parties prenantes de l’entreprise, notamment les salariés.

La simple définition des valeurs ne suffit pas. Elles doivent constituer le socle de pratiques managériales et organisationnelles cohérentes.

Les valeurs doivent être un support dans le cadre de la relation client afin d’assurer un service le plus qualitatif possible.

En tant que premiers ambassadeurs des valeurs de l’entreprise, les dirigeants doivent faire preuve d’exemplarité.

La gouvernance responsable ou l’entreprise étendue.

Recourir aux administrateurs indépendants revêt un intérêt pour se faire challenger et bénéficier du regard de personnes externes à l’entreprise.

Les clients et usagers sont une ressource précieuse qu’il ne faut pas hésiter à consulter dans le cadre du développement de nouveaux produits et services.

Le mode coopératif et la gouvernance incluant toutes les parties prenantes de l’entreprise sont un gage d’équilibre sociétal.

Il est recommandé d’impliquer ses fournisseurs dans la gouvernance de l’entreprise, dans un esprit de coconstruction pour un résultat gagnant-gagnant.

Engagement et responsabilité

La culture managériale doit avant tout reposer sur le fait de donner du sens aux collaborateurs.

Qu’on adopte ou pas le concept d’entreprise libérée, il est nécessaire de réfléchir et innover sur un plan managérial en donnant la possibilité aux salariés de s’investir et d’être force de proposition.

Pour que les salariés s’engagent, les entreprises doivent leur donner toutes les clés et transformer les idées en actions concrètes.

Transparence et pédagogie sont essentielles à une communication fluide entre les collaborateurs et la direction.

Focus : des projets dont ils sont fiers.

Impliquer les équipes, c’est à terme faire émerger dans l’entreprise des collaborateurs citoyens engagés…C’est souvent révéler à des salariés toutes leurs potentialités.

Les Fondations ne doivent être en aucun cas les « danseuses du patron ». Tournées vers l’externe, elles doivent permettre de fédérer et créer du lien en interne.

La diversité est un enjeu de taille dans les entreprises tant d’un point de vue humain qu’économique. La prise en compte de la diversité ne peut être que vertueuse.

4.DIGITAL ET INNOVATION OUVERTE<

Innovation ouverte et clients

A l’instar des pure players, les industries de biens de consommation courante, pour lesquelles l’innovation est une considération prioritaire, ont ouvert leurs process d’innovation à leurs cibles de clientèle, tout autant qu’à des start-ups ou des partenaires industriels.

La valeur attendue du client dans ce processus diffère selon les industries.

Cette ouverture de l’innovation au client représente un phénomène pérenne, auquel le digital et les nouvelles technologies ont donné une formidable puissance…Elle impose qu’une culture centrée sur le client anime l’ensemble de l’entreprise.

Start-ups et entreprises innovantes

Par ses nouvelles offres, les nouvelles manières de travailler qu’il occasionne et ses nouveaux outils, le 2.0 est une opportunité pour aller plus loin dans l’innovation collaborative ou innovation ouverte.

Nous assistons à une accélération des cycles, de même que s’accroît la facilité de mise en relation d’un nombre plus important d’intervenants. Ce qui ne semblait pas possible il y a encore quelque temps est, avec les nouvelles technologies, réalisable et praticable.

Le processus d’innovation ouverte, par nature, traverse les organisations. Ainsi, l’innovation doit venir de partout et un des challenges des organisations établies est de gérer ce changement de culture.

Comme pour les autres processus de l’entreprise, la digitalisation et les nouvelles technologies viennent challenger les principes établis de l’innovation ouverte (open source, crowdsourcing, crowdfunding,…).

Enfin, comme pour tout apprentissage, il est important d’avoir conscience du degré de maturité en innovation ouverte de son organisation pour identifier outils et partenaires.

Financiarisation de l’innovation

C’est à partir de 2008 que les groupes se sont orientés vers l’innovation ouverte.

Innover sous la pression des actionnaires impose de limiter les risques. Sur cet aspect aussi, l’innovation ouverte est intéressante, car elle constitue un moyen d’externaliser les risques inhérents à l’innovation en s’alliant notamment aux start-ups.

Pour les innovations périphériques et incrémentales, les grands groupes se sont naturellement tournés vers d’autres acteurs (universités, start-ups, centres de recherche,…) afin d’avoir accès à l’expertise de pointe en limitant l’investissement et le risque financier.

L’open source, aux frontières de l’innovation ouverte

Le modèle open source…est un processus d’innovation ouvert, souvent à une très large communauté, qui repose sur le partage de la valeur, voire sur la gratuité, notions qui sont éloignées des modes classiques de gestion de la propriété intellectuelle –quand elles ne s’y opposent pas.

Les freins à la diffusion de l’open source sont réels : remise en cause des modèles économiques existants, notamment en termes de valorisation de l’innovation et de contrôle de la valeur, coût élevé de transition du modèle classique au modèle open source, risque d’une extension trop forte d’offres sur mesure.

Le modèle open source, surtout présent aujourd’hui dans le secteur des softwares, a de fortes chances de s’étendre : d’une part, du fait de l’extension des technologies de l’information au sein de toute forme d’innovation, et ce quel que soit le secteur d’activité ; d’autre part, parce que les valeurs « idéologiques » portées par l’open source correspondent en partie aux nouvelles attentes sociétales de partage, d’engagement individuel et de quête de sens.

La diffusion de la culture open source dans l’entreprise imposera alors de bien maîtriser les enjeux technico-juridiques de ce type de modèle (plateforme, système de régulation) et de revoir les pratiques managériales de l’entreprise (capacité à gérer un écosystème externe complexe, à donner un sens collectif à l’action, à assurer un bon équilibre entre leadership et taylorisme managérial).

L’innovation ouverte : pari culturel et défi pour le leadership

Un certain nombre de facteurs culturels contribuent aux succès des entreprises les plus performantes en matière d’innovation ouverte : l’obsession du client, une bonne intelligence de l’écosystème et la capacité à partager une même vision à tous les niveaux de l’entreprise.

Leurs leaders ont une réelle aptitude à observer, à questionner, à associer des savoirs sans relation apparente. Ils expérimentent et encouragent l’essai chez leurs collaborateurs. Ils pensent et agissent en réseau. Ils font preuve d’agilité, d’audace, mais aussi d’humilité.

C’est la combinaison de ces compétences distinctives avec un fort engagement personnel, une attention aux équipes, une mission claire et partagée qui fonde le succès du pilotage des démarches d’innovation ouverte. 

*

Verbatim proposé par François C.

Verbatim de 52 poèmes d'occident pour apprendre à s'émerveiller de Fabrice Midal ed. Pocket 2015

52 poèmes d'Occident pour apprendre à s'émerveiller
  1. S’ouvrir à la beauté du monde. Je ne pouvais pas prévoir combien ce spectacle allait me toucher –je peux juste m’arrêter et lui dire « bonjour ». Le laisser être. Vous aussi, qu’est-ce qui vous appelle maintenant et que vous pourriez accueillir ?
  2. Apprendre des arbres. Méditer, c’est être comme un arbre. Comme lui, restons immobiles. Abandonnons, pour un instant, nos projets et nos prétentions. Ce qui advient, laissons-le advenir. N’essayons pas de le changer. En nous ouvrant ainsi sans condition à la réalité, nous découvrirons un sens d’être primordial, qui nous permettra ensuite de pouvoir agir et aimer avec justesse.
  3.  Libérer en nous le plus haut désir. Méditer, c’est faire le mouvement du tournesol : se libérer de nos chaînes et entendre le plus haut désir qui nous habite, le désir d’éveil, de liberté, de tendresse et d’amour.
  4.  L’émerveillement et le papillon. La poésie comme la méditation nous apprennent -et de façon « magique »- à invoquer la splendeur oubliée de l’existence qui n’attend de nous que d’être reconnue.
  5.  S’accorder au monde. La méditation nous apprend elle aussi cette apaisante réconciliation avec la réalité. Nous ne sommes plus à distance, séparés, mais nous coïncidons avec ce qui est. Nous ne regardons plus l’oiseau, nous sommes l’espace où il se déploie.
  6.  La splendeur du « bel aujourd’hui ». Telle est bien l’épreuve que l’on fait dans la pratique méditative : nous avons à traverser le gel de nos inquiétudes pour retrouver le bel aujourd’hui. En ce sens, méditer est un travail : ouvrir les portes et les fenêtres pour goûter à neuf l’azur.
  7.  S’élever. Là est le sens tout entier de la pratique de la méditation. En méditant, nous posons nos fardeaux. Nous retrouvons un souffle vivifiant. L’exil s’achève, nous sortons du désert.
  8.  La douleur et l’espérance. Dans la méditation, nous découvrons que nos douleurs et nos difficultés ne sont pas solides et figées –elles peuvent passer, se transformer, être apaisées. Nous découvrons une source toujours inattendue d’où tout peut renaître.
  9.  La magie de la parole, le rythme du temps. La méditation, à l’instar de la poésie, met entre parenthèses nos préoccupations, pour nous permettre ainsi de mieux coïncider avec le jeu du monde. Pour cette raison, elle est une source de joie toute pure.
  10.  La pure honnêteté. La méditation, loin de se présenter comme un outil ou une technique pour être moins stressé ou plus efficace, est une leçon d’authenticité. Elle nous confronte à nos limites, à nos peurs, à nos erreurs –sans en faire toute une histoire. Les grands méditants n’étaient pas des êtres parfaits ; ils étaient simplement qui ils étaient. Ils ne s’excusaient plus d’être et ne cherchaient pas à prouver quoi que ce soit. Ils étaient pleinement humains.
  11.  La quête de l’étoile. Lorsque l’on s’engage dans la pratique de la méditation, nous voyons la nuit –notre inquiétude et notre peur, nos doutes et ce bavardage qui devient parfois incessant –s’effacer peu à peu et la clarté jaillir. Il nous suffit alors de la laisser croître.
  12.  Vivre est bon. La méditation nous apprend à reconnaître cette bonté qui n’est pas le bien-être que l’on peut éprouver quand on réussit un examen ou quand on achète un vêtement neuf, mais qui se déploie du simple fait d’être en vie.
  13.  La tendresse et la nostalgie. La méditation peut jouer un rôle majeur dans la vie des hommes, non seulement en leur apprenant à vivre la splendeur et la gravité du présent vivant, mais aussi en libérant en eux la haute mémoire de  l’origine.
  14.  Ne soyons pas si prévisibles. Donnez moi le calme, le blanc bouillonnement, l’incandescence et la froideur du moment incarné ; le moment, la chair vive de tout changement, de toute hâte et de toute opposition ; le moment, le présent immédiat, le Maintenant…C’est lui que j’attends. Il est simple et élémentaire.
  15.  La solitude authentique. La méditation nous apprend à ne plus être effrayé par la solitude, mais à en faire une bénéfique compagne. Nous ne cherchons plus de divertissements ou de consolations. Nous redécouvrons la dimension originaire de paix et de silence qui règne là, maintenant.
  16.  Etre pleinement soi. La méditation est une entreprise de libération. Elle vous invite à ressentir ce que vous ressentez, à assumer votre singularité. Vous êtes mieux à même de dire « non » si cela est juste et nécessaire.
  17.  Regarder ce qui est avec droiture. Dans la tradition bouddhique dont elle est issue, la méditation a toujours été pensée comme l’union de la paix (shamatha) et de la vision claire (vipashyana). On ne se pose dans le présent que pour mieux voir ce qui est –la confusion comme la sagesse. En ce sens, la méditation est d’abord un exercice de clarté très précieux.
  18.  Les étranges animaux de l’esprit débridé. Les poèmes d’Apollinaire montrent le jeu de l’esprit dans son mouvement le plus créatif. Ils nous apprennent à l’observer avec amusement et tendresse. N’est-il pas étrange et ironique que notre esprit passe si rapidement du chaud au froid, du calme à la panique, de la jalousie à la plus grande tendresse ? Devenir familier de l’esprit débridé, c’est le début de la sagesse !
  19.  Le chemin sans chemin. La méditation nous délivre de la tyrannie des buts qui déterminent notre présent et nous soumettent à eux. Elle nous permet beaucoup plus fondamentalement de nous relier à la vie dans son surgissement toujours imprévu. S’y engager, c’est partir dans la plus belle aventure qui soit –celle de notre propre existence.
  20.  N’aie pas peur des ombres. La méditation nous ouvre à l’autre côté des choses, au silence entre les mots, à la nuit qui entoure le jour. Elle sait voir en toute chose sa charge de beauté et de dignité. Elle nous ouvre ainsi à l’immensité de la vie.
  21.  Comment l’amour nous rend meilleurs. La méditation nous aide à nous libérer de deux erreurs qui nous privent de tout rapport juste à l’amour : le découragement cynique et le narcissisme consommateur. Elle nous montre comment retrouver la dimension si précieuse de pur don propre à tout amour véritable. On aime toujours sans pourquoi et on est aimé de même –sans raison.
  22.  S’ouvrir à l’énigme de notre corps. Méditer consiste à toucher la présence nue avec son corps tout entier. La méditation est une invitation : et si je vivais moi aussi en devenant pur remerciement devant le simple fait d’être, découvrant que « c’est moi le jardinier et moi la fleur » dans le palais qu’est parfois le monde ?
  23.  Retrouver un sens du sacré. La méditation, en mettant hors jeu l’emprise de ces petits démons, nous fait faire cette expérience de présence ouverte. Loin de nous enfermer dans le prosaïque du présent, elle en entrouvre l’extraordinaire (au cœur même de l’ordinaire) ! Et quiconque s’est engagé dans de longues sessions de pratique méditative a vu naître en lui un rapport tout à fait neuf et souvent bouleversant aux choses.
  24.  Le jeu des métamorphoses. La méditation est une voie alchimique en ce qu’elle fait découvrir dans les choses les plus concrètes, en notre propre lourdeur, ce que nous avons tendance à oublier ou à rejeter, la matière (materia prima) permettant d’œuvrer à la pierre philosophale. Autrement dit, ce que nous voudrions supprimer, détruire en nous, ce qui nous blesse et nous peine, ce que nous négligeons, devient par la pratique source d’une nouvelle vie.
  25.  Le verger pour voûte. Etre fidèle à ce que nous vivons au présent, même dans sa simplicité toute nue, est essentiel et devrait être préféré à la logique de toutes les institutions. La méditation aide à faire cette expérience de confiance. Tout est là, à portée de main. Tout peut être l’occasion d’un réveil authentique.
  26.  L’esprit est plus vaste que le ciel. L’esprit, quel phénomène surprenant ! Il pense, il a peur, il envisage ceci ou cela qui ne se passe généralement pas du tout comme il l’a prévu. Nous sommes très préoccupés par ces événements mentaux, mais nous ne portons pas attention à l’esprit lui-même. Méditer, c’est le découvrir, se familiariser avec l’immensité qui est la sienne.
  27.  De l’innocence à l’expérience. Méditer, c’est à la fois ne pas renoncer à notre innocence première et consentir à se relier au monde de l’expérience si souvent douloureuse et injuste. Et c’est précisément cette union de l’innocence et de l’expérience qui fait toute l’importance de la pratique.
  28.  Le courage de l’extrême tendresse. Méditer, c’est simplement entrer en rapport avec ce qui est et donc se relier aussi à ceux qui souffrent pour pouvoir les apaiser. Méditer, c’est apprendre à ouvrir son cœur.
  29.  L’invisible. Notre être n’est pas saisissable. Avant de méditer, on peut croire être « comme ceci » ou «comme cela », selon des critères qui viennent souvent du jugement des autres et que nous avons fini par accepter. Or, par l’épreuve de la méditation, nous découvrons que notre esprit passe par tant de phases différentes, prend tant de formes diverses, qu’il est sans doute préférable d’accepter qu’il ne nous sera jamais totalement transparent. Un ouvert premier nous constitue. C’est lui qu’il faut saluer. Ne nous identifions pas à des identités relatives –gardons notre lien à l’invisible.
  30.  Le monde vivant de l’imagination. Découvrir le présent n’est pas restreint à ce qui est là immédiatement, mais doit nous permettre de nous ouvrir à un monde plus vaste –en réalité sans limites. Même un grain de raisin, la voix d’un ami, le scintillement des étoiles dans la nuit, peuvent devenir un univers magnifique.
  31.  Le bonheur d’être. La méditation est l’art suprême du bonheur. Elle nous apprend à célébrer la joie d’être, à remercier du simple fait d’exister. Elle nous montre ainsi que le vrai bonheur ne vient pas de la saisie, du contrôle ou de l’accumulation de biens, mais d’un geste de confiance gratuit et libre.
  32.  Contempler la mort et retrouver le goût de l’essentiel. Je prends souvent un moment pour me rappeler la brièveté de l’existence, le fait que la mort surgisse parfois sans que l’on y prenne garde, et je considère à partir de là ce qui, pour moi, est essentiel, ce qui fait tout le sel de la vie. La pratique devient alors plus évidente et porteuse d’une joie neuve et vivifiante.
  33.  Entrer apaisé dans l’absence de sécurité. Partout où les hommes ont vécu avec sagesse, ils ont découvert des formes de méditation. Et c’est son invitation à abandonner toute identité, à s’ouvrir pour de bon, qu’il me semble important aujourd’hui de chercher à cultiver. Personnellement, je ne médite pas pour obtenir une autre identité, mais pour réaliser la limite profonde de toute.
  34.  L’épreuve et la décision éthique. La méditation aujourd’hui est aussi le geste éthique par excellence : non pas acquérir un savoir, chercher à être à l’abri, mais affronter la nécessité de nous tenir au plus juste dans les diverses épreuves de l’existence.
  35.  Fragilité et beauté de l’existence humaine. La méditation, en nous apprenant à ne rien saisir, nous indique la langue de la modulation qui colore toute expérience. Elle nous apprend ainsi à ne pas faire seulement attention à l’information que les propos d’un ami ou d’un collègue contiennent, mais aussi au ton de sa voix, au rythme de son être –à sa présence si fragile et unique. Sachons nous aussi célébrer ces moments qui nous montrent que vivre est la chose la plus précieuse et la plus incomparable entre toutes.
  36.  Entrer dans l’espace du sentiment. Méditer, c’est retrouver cette dimension originelle du sentir où le langage conventionnel s’éteint, où nos routines n’ont plus de prise, où tout peut apparaître sous un jour neuf. Nous découvrons ainsi un espace vibrant de présence : c’est là que naît toute poésie, que s’ouvrent des relations inattendues et des possibles nouveaux…C’est là aussi que nous nous découvrons reliés au monde tout entier, permettant ainsi à notre cœur de s’apaiser.
  37.  Quand la profondeur de la présence est apaisement. La méditation nous fait découvrir un tout autre rapport au présent, loin de celui dans lequel nous sommes d’habitude installés. Là, le temps n’est plus figé. Le temps n’est plus mesurable. Ce qui était opposé est comme apaisé, non par une réconciliation naïve, mais par la profondeur de notre présence.
  38.  Le Bouddha et l’étoile. La présence méditative ne nous enferme ni en nous-mêmes, ni dans une sorte de néant, mais nous ouvre à l’immensité la plus vigilante et claire. Elle est cette intelligence et cette compassion non fabriquées qui se déploient quand nous acceptons enfin d’être tout simplement.
  39.  Intacte et vertigineuse nature. Et si méditer, c’était s’arrêter de s’agiter, de gérer de nouveaux projets, pour apprendre à laisser la vie disposer en nous de forces oubliées, de traits enfouis, de paroles inconnues ? Dans les moments de crise, nous découvrons que cette approche est fertile. L’homme en difficulté constate que ce n’est plus par sa seule volonté qu’il peut s’en sortir. Il doit retrouver l’appel qui, en lui, plus vaste que lui, saura lui montrer le chemin. Méditer, c’est se tourner vers cet appel.
  40.  La quête amoureuse des troubadours. Méditer ne consiste donc nullement, comme on le dit souvent à tort, à tuer le désir. Cela ne nous conduit évidemment pas non plus à vouloir un assouvissement systématique. La méditation nous apprend à laisser notre désir nous rendre vivants en nous tournant vers l’essentiel.
  41.  Comment la poésie apaise notre douleur. Le poème et la méditation donnent à ce qui se révèle difficile à soutenir son juste poids. Nous retrouvons cet espace ouvert et chaleureux qui change la tonalité de toute expérience. La douleur n’a pas disparu, mais sa place dans l’équilibre de notre existence est désormais toute différente.
  42.  La grâce et l’élégance. Laissons tomber le contrôle épuisant de la volonté et du raisonnement affairé, tout autant que les petits jeux mesquins du cœur humain, pour retrouver la pure simplicité d’être. N’est-ce pas la leçon de toute méditation ?
  43.  Le secret de tout mouvement. L’immobilité de la méditation n’a rien de statique, elle est confiance profonde et ample dans le jeu toujours spontané du présent. C’est cette souplesse qu’il importe de vivre. Méditer, c’est trouver ainsi un mouvement qui est aussi pure stabilité ; c’est entrer dans la ronde de la vie.
  44.  La floraison de la beauté et de la gratitude. Là aussi est le secret de la méditation : nous apprenons à devenir pure gratitude devant le fait que le monde est. La méditation est cet apprentissage qui vise à permettre de nous accorder à la beauté du monde en effaçant ce qui, en nous, vient la recouvrir ou l’embrumer. Nous sortons ainsi de nous-mêmes. Joie profonde.
  45.  La quête de l’outre-monde. Comme je serais satisfait si la méditation, au lieu d’être présentée comme une manière de mieux se connaître soi-même, était reconnue comme ce qui invite tout être humain à voyager dans l’outre-monde ! Ce serait tellement plus juste.
  46.  Vivre dans le pays du poème. Car tel est bien le grand secret : dans la nuit, la lumière de la vérité, même si nous la remarquons à peine, garde néanmoins le jour.
  47.  La liberté intérieure. Il n’y a pas un chemin unique qui conduise à la sérénité. Il incombe à chacun de trouver le sien. La poésie comme la méditation ne nous prescrivent aucune règle, n’imposent rien, ne font qu’invoquer cet état de sérénité, de manière chaque fois nouvelle, et par là nous éveillent à lui.
  48.  L’instant en suspens. Lorsqu’on rentre plus profondément dans la pratique, on apprend à reconnaître cet interstice, à la fin de l’expiration, avant la prochaine respiration, entre deux pensées ; il y a une brèche, « douceur d’être et de n’être pas ». Il n’y a rien à saisir et pourtant, c’est là qu’est le secret de la pratique.
  49.  Merveille d’une simple chose. En poésie comme en méditation, par le miracle de l’attention, le minuscule devient immense. Ce qui pourrait sembler anecdotique devient universel. Le simple devient grandiose.
  50.  Briser les conventions. La méditation, par sa manière de nous plonger dans le sentir nu, nous ouvre à la source même de la vie, qui seule peut permettre un véritable changement.
  51.  La révolte qui libère. La méditation est cette épreuve : trouver « la vérité dans une âme et dans un corps ». Elle rassemble ce qui est ainsi partout désuni et nous libère tout autant d’un intellectualisme mortifère que d’un matérialisme aveugle et bête.
  52.  Transformer le monde en splendeur. Oui, telle est bien la grande leçon de la poésie et de la méditation : nous permettre de nous ouvrir à la splendeur du terrestre et transformer ce qui s’y refuse, comme l’alchimiste qui, par un travail patient, fait que le plomb devient de l’or.

*

Verbatim proposé par François C.

Verbatim de LES INTOUCHABLES D’ETAT: Bienvenue en Macronie de Vincent JAUVERT- -Ed. Robert Laffont 2018

https://images.epagine.fr/851/9782221197851_1_75.jpg . Le projet d’Annick Girardin fin 2016 pour contraindre tous les jeunes hauts fonctionnaires à servir dans l’administration au minimum dix ans sans discontinuer, au lieu des quatre prévus jusque-là.

L’Ecole Nationale des Archaïsmes.

. Le montant exact des revenus des barons de Bercy –toutes primes comprises

En 2015, cent cinquante cadres de Bercy étaient mieux payés que le chef de l’Etat…104 « administrateurs généraux des finances publiques » figurent dans ce palmarès. Autrement dit, tous les patrons départementaux et régionaux du fisc, ainsi que certains de leurs adjoints, sont mieux rémunérés que le chef de l’Etat.

Sauf oubli, le gouverneur de la Banque de France perçoit donc un revenu annuel total de 450 907 euros bruts par an. Ce qui fait de lui, sans conteste, le fonctionnaire le mieux payé de la République.

. 1244 agences de l’Etat

1244 organismes créés, selon son rapport, « de façon ponctuelle, sans cohérence d’ensemble et sans réflexion systématique sur leurs conséquences pour le reste de la fonction publique »… » Cette création se traduit dans certains cas par une moindre efficience (…) par rapport à une gestion en direct par l’Etat ». Autrement dit, ces agences n’apportent rien à leurs usagers. Mais beaucoup à leurs dirigeants.

Dix plus hauts salaires de « Business France » : 19 500 euros par mois.

Leurs chères entreprises publiques : éden actuel des hauts fonctionnaires

L’APE (Agence des participations de l’Etat) ne contrôle plus que 81 entreprises, dont douze aéroports et 11 ports.

On est là dans un « entre-soi qui se nourrit du concubinage entre administrations, cabinets et entreprises » David Azéma

Les couples d’Etat

Claudia Ferrazzi et Fabrice Bakhouche/Florence Parly et Martin Vial/Christine Ockrent et Bernard Kouchner/Agnès Buzyn et Yves Lévy, directeur de l’INSERM/Thomas Fatome et Carine Chevrier.

Bientôt donc arriveront à l’ENA des élèves dont les deux parents, voire les grands-parents, seront énarques…Sébastien Veil est le petit-fils de deux anciens de l’ENA (Simone et Antoine Veil).

Les Bérard-Andrieu, la plus grande dynastie d’énarques.

Les ménages du Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat constitue le premier corps de l’Etat, devant l’inspection des Finances et la Cour des Comptes…Ses trois cents membres actuels –moitié énarques, moitié nommés par le gouvernement au « tour extérieur » -constituent l’élite de l’élite.

Parmi les « ménages » en or : être membre du collège d’une autorité administrative indépendante (AAI). Mieux, en présider une.

Avant la loi du 20 janvier 2017, il y avait 42 AAI. Soit autant de présidences à pourvoir et plus de cinq cents sièges. Presque tous rémunérés. Parfois très grassement. Des postes à se répartir entre membres de grands corps.

Après cette loi, le nombre des AAI est passé de 42 à 20. Les cumuls sont interdits et pas plus de deux membres d’un même corps ne peuvent siéger au sein d’une même autorité.

 Les plumes du Conseil : Eric Arnoult alias Erik Orsenna/Marc Lambron.

 L’effarante consanguinité entre banquiers d’affaires, grands patrons et hauts fonctionnaires de Bercy

Les banques d’affaires adorent recruter des hauts fonctionnaires de Bercy. Qui eux-mêmes adorent répondre à l’appel de ce que d’aucuns appelleraient le « grand capital ». Et faire des allers et retours entre la haute finance et l’Etat dont, pendant dix ans, ils ne sont qu’ »en disponibilité »

 En 2014, la Cour des comptes découvre que l’APE (Agence des participations de l’Etat) confie un très grand nombre de mandats sans appels d’offre.

 La République des avocats d’affaires

Les objets de ces cabinets sont tous les mêmes : défendre les clients devant des autorités de régulation, autrement dit des extensions de l’Etat.

 Antoine Gosset Grainville n’a toujours pas démissionné de l’Inspection des Finances. Pour des raisons « purement sentimentales », assure-t-il.

 De fait, depuis les années 2000, beaucoup de membres de l’élite font des allers et retours entre la sphère publique et des cabinets de ce genre. Un inquiétant brouillage des lignes.

 Le chiffre des hauts fonctionnaires –conseillers d’Etat, inspecteurs des Finances ou magistrats à la Cour des comptes- passés avec armes et bagages dans les firmes d’avocats d’affaires est en croissance exponentielle. C’est une véritable hémorragie : 14 entre 1979 et 1990 ; 63 de 1991 à 2001 ; 103 de 2002 à 2010 ! Et cette ruée vers l’or continue.

 Ce nouveau monde du droit public des affaires est particulièrement consanguin. Ses élites se retrouvent dans un think tank très fermé, « le Club des juristes ». La crème de la crème. Quarante personnes, pas une de plus.

 Scandale aux impôts

Depuis plusieurs années, un nombre croissant de cadres supérieurs de l’administration fiscale deviennent avocats fiscalistes, pour des cabinets français et étrangers ou pour leur propre compte. Et ce, du jour au lendemain !

 Grâce à leur savoir-faire enrichi tout au long de leur carrière au sein de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), ces grands commis de l’Etat sont les mieux placés pour booster l’ »optimisation fiscale », comme on dit pudiquement au siège des grandes entreprises.

 Bienvenue dans le monde du lobbying à la française

qui s’épanouit dans le concubinage des grands corps.

 La croissance exponentielle de la réglementation a fait prospérer le marché du lobbying. Du coup, depuis une quinzaine d’années, nos aristocrates de la fonction publique ne font plus la fine bouche.

 Dans son livre de campagne, Révolution, le futur Président écrira : « L’appartenance à un corps, le droit au retour, sont des protections qui ne correspondent plus ni à l’époque, ni aux pratiques du reste de la société. » Ses collègues en politique voient les choses bien différemment…

 La politique sans risque

Pourtant, pendant un quart de siècle, ce haut fonctionnaire, Renaud Dutreil, s’est toujours débrouillé pour ne jamais être exclu du corps prestigieux du Conseil d’Etat.

 Ces hommes politiques hauts fonctionnaires…veulent tout : le pouvoir grisant mais éphémère des ministres, l’argent des patrons et les privilèges à vie des grands corps.

 En juin 1997, François Hollande retrouve son siège de député et est remis d’office en détachement de la Cour des comptes. Il conservera ce statut vingt ans, jusqu’à son départ de l’Elysée en mai 2017, quand il demandera à faire valoir ses droits à la retraite de la rue Cambon. Malgré une assiduité au mieux intermittente, il touchera 3473 euros nets par mois de pension d’ancien conseiller référendaire.

 Affaires publiques…Très privées

L’univers réglementaire est chaque jour plus complexe. Il faut anticiper les nouvelles lois, scruter les décrets en préparation. Tenter de les faire modifier dans le bon sens…Bref, faire bénéficier son employeur de son réseau dans l’Etat. Certains secteurs sont particulièrement demandés. Les plus régulés évidemment (Immobilier ; grande distribution ; télécoms ; sociétés de vente aux enchères,…).

 Ces drôles de consultants

Autrement dit, client et fournisseur ont travaillé dans la même firme et étaient issus du même grand corps d’Etat ! Une situation qui ne doit rien au hasard. Elle est l’aboutissement d’une stratégie mûrement réfléchie.

 Sanctionné ? moi, jamais

La plupart du temps, les hauts fonctionnaires qui commettent de graves erreurs ne sont pas sanctionnés. Ils poursuivent leur carrière comme si de rien n’était.

 Sus aux intouchables !

Président de la commission de déontologie de la fonction publique, c’est lui qui autorise ou interdit le « pantouflage «  des hauts fonctionnaires dans le privé. En réalité, Roland Peylet est un tigre de papier qui ne fait pas peur à grand monde. Et il le sait.

 

*

Verbatim proposé par François C.