Meurtre pour redémption de Karine Giebel - Pocket
Le conseil de Maryline:
Marianne, vingt ans. Les barreaux comme seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. Indomptable, incontrôlable, Marianne se dresse contre la haine, la brutalité et les humiliations quotidiennes. Aucun espoir de fuir cet enfer, ou seulement en rêve, grâce à la drogue, aux livres, au roulis des trains qui emporte l'esprit au-delà des grilles. Grâce à l'amitié et à la passion qui portent la lumière au cœur des ténèbres.
Pourtant, un jour, une porte s'ouvre. Une chance de liberté. Mais le prix à payer est terrifiant pour Marianne qui n'aspire qu'à la rédemption.
Orange

Le jour de la rentrée scolaire, Naho reçoit une étrange lettre écrite… par elle-même depuis le futur ! La femme souhaite aider la jeune fille qu’elle était à ne pas commettre les mêmes erreurs, et lui adresse une longue liste de directives, notamment concernant le nouvel élève de la classe…
Un manga original et touchant où l’amitié tente de vaincre la fatalité.
Série finie en 6 tomes
Coup de cœur d’Élodie, libraire à De fil en page.
L’AFFOLEMENT DU MONDE -10 enjeux géopolitiques de Thomas GOMART - Ed. Tallandier
1. La Chine à la conquête de la première place mondiale
À mes yeux, la Chine est aujourd’hui dans une situation paradoxale: une forte introversion intérieure que reflètent le durcissement du régime et sa volonté étroite de contrôle social et une forte extraversion extérieure, qui s’observe dans le projet BRI (Belt and Road Initiative) ou sa diplomatie publique. En réalité, la Chine est en train de réaliser un pivotement stratégique entre une posture continentale et une posture navale… Ce changement fondamental est indispensable à ses ambitions de puissance globale. Même graduel, il ne peut se faire sans une prise de risque élevée.
- Un monde au bord de l’asphyxie
. L’enjeu du réchauffement climatique
. La lente diversification des mix énergétiques
. La gouvernance de l’énergie ne cesse de se complexifier
. Les principaux producteurs: Arabie Saoudite, Russie et États-Unis
. Les principaux consommateurs: Union européenne, Chine et Inde
Des liens dialectiques existent entre le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité et les pollutions qui, à la différence d’autres menaces, ont d’ores et déjà des conséquences irréversibles sur nos modes de vie. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif extrêmement ambitieux au regard des efforts consentis depuis l’accord de Paris, une course de vitesse est engagée dans laquelle bon nombre de gouvernements et d’acteurs industriels piétinent.
- Les inconnues de la puissance américaine
Les États-Unis doivent faire face aux éléments suivants: une désindustrialisation liée à la mondialisation, une violente accentuation des inégalités sociales, une forte dépendance aux capitaux étrangers, un niveau élevé d’endettement, une montée en puissance de la Chine et une érosion du système dollar. En dépit des aléas conjoncturels, ils disposent toujours d’un incomparable pouvoir structurel, c’est-à-dire d’une capacité inégalée d’exporter leurs problèmes et d’imposer leurs préférences.
- La lutte pour le contrôle des espaces communs : mer, air, spatial et numérique
Il faut apprendre à penser les espaces communs à la fois dans des logiques de coopération et de confrontation. Deux phénomènes sont actuellement à l’œuvre: la volonté des États-Unis d’exercer une forte primauté dans le domaine spatial ; celle de la Chine d’investir massivement dans les infrastructures portuaires. Les Européens ne sont absents ni de l’un ni de l’autre, mais agissent avec des moyens beaucoup plus limités et sans vision d’ensemble intégrée. La maîtrise des espaces communs passera de plus en plus par celle de l’intelligence artificielle… qui invite à réfléchir sur la nature de la relation homme-machine, et ses conséquences sur l’espace-temps.
- La résurgence de la Russie
Le positionnement international de la Russie est marqué par son héritage impérial et son passé soviétique. Sa trajectoire politique et économique a toujours été appréciée en fonction de celle de l’Europe occidentale, vis-à-vis de laquelle elle accuse un retard de développement séculaire… Or, la Russie conçoit avant tout son rapport au monde à travers l’exercice de la puissance. C’est pourquoi elle cherche à déplacer la compétition avec l’Occident sur d’autres terrains que le seul champ économique.
L’objectif poursuivi par Moscou de découplage entre l’Europe occidentale et les États-Unis demeure. Il s’agit, d’une part, d’éviter une pression stratégique sur ses flancs ouest et sud et, de l’autre, d’évincer les États-Unis d’Europe pour rétablir un concert européen lui permettant de bénéficier des rapports de force bilatéraux… La Russie voit toujours l’OTAN comme la principale menace, mais les inflexions de ses doctrines nucléaire et conventionnelle indiquent qu’elle se préoccupe d’ores et déjà des menaces sur ses flancs orientaux. À cette heure, il est difficile de savoir si la Russie a implicitement abdiqué en faveur de la Chine, de manière à négocier une place favorable dans le nouvel ordre international que Pékin cherche à instituer, ou si elle pense toujours être en mesure de maintenir une complète indépendance stratégique vis-à-vis de l’empire du Milieu.
- Les bruits de guerre se rapprochent
Indicateurs de l’état du contexte géostratégique, les dépenses militaires mondiales ont connu une forte diminution entre 1987 et 1996 –point bas- avant de connaître une augmentation progressive, qui s’accélère depuis 2015. Avec 1739 milliards de dollars, la dépense militaire mondiale a atteint en 2017 son niveau le plus élevé depuis la fin de la guerre froide.
. Nouvelle course aux armements
. Permanence du cadre interétatique
. Accélération des armes de prolifération
. Crise du modèle occidental
. Le piège du terrorisme
Les principaux pays émergents, au premier rang desquels figure la Chine, entendent modifier les rapports stratégiques en leur faveur en poursuivant des logiques parfaitement classiques de puissance dans une forme de mimétisme avec celles suivies par les puissances occidentales.
Quels que soient leurs avatars et leurs causes, les affrontements au sein de la population entre groupes ou entre un groupe et des forces conventionnelles persisteront. C’est pourquoi il convient de penser simultanément les possibilités de conflits interétatiques et intra-étatiques, et leurs liens réciproques.
- L’Europe déboussolée
Les enseignements à tirer de l’histoire européenne sont tellement innombrables qu’ils en deviennent presque illisibles. Phénomène peu visible mais décisif, la diminution des dépenses militaires. L’appartenance à l’OTAN sonne pour nombre de ses membres comme un renoncement à l’effort de défense ; ils s’en remettent à un principe de sécurité collective en limitant au maximum leur contribution.
. Euro, migrants et Brexit
. Splendeurs et misères de l’intégration européenne
. L’autonomie stratégique est-elle possible?
L’affolement du monde est perceptible en Europe plus qu’ailleurs. C’est sans doute parce que les élites et les opinions européennes partagent l’impression de ne plus maîtriser leur destin. L’Europe a imposé son rythme au monde avant d’être foudroyée par les deux guerres mondiales…Aujourd’hui, ses atouts mais aussi son organisation et son identité sont directement menacés par la combinaison de plusieurs forces. L’accentuation de l’interdépendance économique s’accompagne d’un retour de la violence politique et d’une évolution des équilibres globaux en sa défaveur.
- La guerre commerciale est déclarée
Deux traits de la mondialisation produisent de puissants effets géoéconomiques. Le premier est l’hégémonie persistante du dollar comme monnaie internationale de référence, ce qui confère aux États-Unis un «privilège exorbitant»… Le second est l’intégration de plus en plus poussée de l’appareil productif mondial à travers des chaînes globales de valeur (CGV).
Face aux comportements des États-Unis, de la Chine et de la Russie, ses trois principaux partenaires commerciaux, l’UE devrait d’urgence réapprendre non seulement à penser mais aussi à agir en termes géopolitiques et géoéconomiques… Comprendre que les leviers de la politique économique sont potentiellement des instruments de conduite de guerre.
8% du patrimoine financier mondial est localisé dans les paradis fiscaux. En outre, 40% des profits des multinationales sont déclarés dans des pays à fiscalité faible ou nulle.
À cette dualité économique (pays matures à faible croissance et, de l’autre, des pays émergents à forte croissance) s’ajoute désormais une dualité de nature politique entre un capitalisme d’inspiration démocratique au sens où il respecte encore la séparation des pouvoirs et un capitalisme d’inspiration autoritaire au sens où la propriété privée n’est jamais totalement garantie.
- De la Méditerranée au Moyen-Orient, multiplication des dangers
Cette mer intérieure s’étend d’ouest en est sur 4 000 kilomètres, du sud au nord sur quelques centaines de kilomètres, compte 12 000 kilomètres de littoraux et relie l’Europe, l’Asie et l’Afrique… C’est aujourd’hui un espace maritime congestionné où s’entrelacent échanges commerciaux, flux migratoires et rivalités navales.
La tumeur irako-syrienne irradie au-delà du Levant. Ses métastases se propagent par de multiples canaux et soulèvent deux questions principales. La première concerne l’influence exercée par la Russie, l’Iran et l’Arabie Saoudite, qui ont modifié les rapports de force au cours des dernières années… La seconde question porte sur le degré d’unité de l’Europe et du monde arabe ou, pour le dire autrement, sur la manière dont le rapport à l’islam est susceptible de diviser les Européens et, inversement, le rapport à l’Europe le monde musulman.
De nombreuses tensions géopolitiques entre voisins émaillent l’espace méditerranéen et contribuent à son instabilité chronique: Israéliens et Palestiniens, Serbes et Bosniaques, Turcs et Kurdes, Catalans et Castillans, Turcs et Grecs, Algériens et Marocains. Présenté comme un «ensemble antagonique», il se compose d’une trentaine de pays de taille variable… pays travaillés, entre eux, par des relations conflictuelles ou, en leur sein, par des revendications sociales menaçant leur stabilité.
Daech a désigné les «judéo-croisés» pour ennemis, comme si les croisades du Moyen Âge n’avaient jamais cessé, et continue à propager une vision apocalyptique des relations avec l’Europe. Les défaites militaires récentes de Daech ne signifient pas la disparition de son idéologie mortifère. Il faut bien la connaître pour la combattre efficacement, en particulier en Europe.
Mers adjacentes: La mer Noire, la mer Caspienne et la mer Rouge constituent, en effet, l’environnement immédiat de trois puissances particulièrement actives dans la région depuis 2015: la Russie, l’Iran et l’Arabie Saoudite.
L’ensemble de la rive sud de la Méditerranée est concernée par l’évolution des structures étatiques. À des degrés divers, les «printemps arabes» ont révélé leurs fragilités internes et l’inadaptation de leurs institutions à la structure des sociétés. Ce sont «des régimes durs pour des États faibles» qui se révèlent incapables d’exercer d’autres fonctions que la sécurité et d’exister autrement que par le contrôle social étroit ou la répression de leurs propres populations.
- Les migrations et le choc des identités
La mondialisation entraîne une compartimentation des espaces mondiaux avec de fortes disparités de traitement entre migrants selon leur origine ou leur pouvoir d’achat…Les flux migratoires révèlent une hiérarchie des pays en fonction de leur attractivité et de leur capacité à accueillir ou à sélectionner les migrants. Toute circulation humaine se traduit par un contact avec l’altérité dont dépend l’affirmation d’une identité.
Sur les 31 pays ayant le plus faible PIB par tête dans le monde, 27 se situent au sud du Sahara. Le continent africain est aussi miné par de multiples conflits.
Une zone sensible: la bande sahélo-saharienne (BSS)… Le Sahel est fréquemment présenté comme une «bombe démographique» dans la mesure où l’émigration sahélienne pourrait concerner 40 millions de personnes d’ici la fin du siècle.
. Le débat sur l’identité et l’origine des conflits
. Sécularisation du politique et résurgence du religieux
. Des disparités démographiques préoccupantes
. Les migrations s’intensifient
. La sécurité alimentaire n’est jamais complètement garantie
La mondialisation se traduit par une accentuation vertigineuse des inégalités entre les pays et au sein des pays. 1% des plus riches de la planète possèdent 43% de la richesse mondiale, alors que les 50% les plus pauvres n’en détiennent que 1%. Cette inégalité globale s’observe principalement en Afrique et en Asie du Sud où vit principalement le «milliard d’en bas», i.e. les personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour.
Epilogue. La France affolée?
Le mouvement des «gilets jaunes» met à nu le profond clivage entre les gagnants et les perdants de la mondialisation.
Il ne fait guère de doute, à mes yeux, que nous sommes confrontés à une dégradation rapide de notre environnement stratégique et à une crise sociale aiguë. Nous ne sommes préparés ni à la première, ni à la seconde, et encore moins à la simultanéité des deux.
Commençons par accepter les réalités d’une mondialisation qui se caractérise par des logiques complexes de transaction et de cogestion, une nouvelle répartition de la puissance et la diffusion des technologies de l’information et de la communication. Trois traits principaux la dessinent aujourd’hui: une accentuation des inégalités, une dégradation de l’environnement et une capacité illimitée de mise en réseau des individus comme des groupes, qui relient et segmentent à la fois.
. La France ne doit pas subordonner sa stratégie internationale à la lutte contre le djihadisme.
. La France doit repenser ses relations avec les trois grands (États-Unis, Chine et Russie).
. La France, force motrice de l’autonomie stratégique européenne.
. La France doit ouvrir un débat sur le sens de la mondialisation.
*
Émetteur du verbatim : François C
Femme sur écoute d'Hervé Jourdain - Pocket
Le conseil de Marylin:
Strip-teaseuse et escort girl, Manon Legendre ne mène qu’une bataille, celle de son avenir. Son plan: racheter une boutique sur les Champs-Elysées et par la même occasion, sa respectabilité. Mais ça, c’était avant qu’on pirate sa vie. Lola Rivière, quant à elle, est de l’autre côté de la barrière. Experte en cybercriminalité, elle vient de rejoindre une équipe de flics aguerris tout juste délogés du légendaire 36 quai des Orfèvres pour un nouveau cadre aseptisé. Sans connexion apparente, les deux femmes vont pourtant se rencontrer et naviguer dans les méandres de la cybersécurité, des écoutes et du jeu médiatique. Le plus dangereux prédateur n’est pas forcément celui qu’on croit…
La vie comme elle vient d Anne-Laure Bondoux - École des loisirs

Coup de cœur de Mademoiselle Jeanne:
Mado et Patty sont deux sœurs que tout oppose et qui ne se supportent pas. Pourtant, à la mort de leur parent dans un accident de voiture, Patti demande la tutelle de sa cadette, et elles sont bien obligées d’apprendre à vivre ensemble et à se consoler à tour de rôle. Au moindre faux pas, Mado est placée dans un foyer jusqu’à sa majorité, or elles n’ont désormais plus qu’une envie : rester ensemble. Plus de huit mois après l’accident, c’est le brevet, les grandes vacances, juillet à Paris, puis enfin août à la campagne, rien que toutes les deux pour la première fois. Toutes les deux, ou presque… car Patty est enceinte et ce n’est pas le dernier de ses mensonges.
En commençant ma lecture j’avais quelques a priori : 1) C’est écrit par Anne-Laure Bondoux, génial !!! 2) Bon ça a l’air un peu cliché quand même… Les deux se sont confirmés : j’ai adoré, et oui c’est cliché ! L’histoire initiale l’est en tous cas : les parents meurent, les sœurs sont radicalement différentes mais s’aiment quand même, l’une très forte en classe et timide, très responsable, l’autre serveuse dans un bar, inconsciente, adore le verni à ongles, et pour couronner le tout un bébé annonce sa venue au monde trop tard pour l’avortement. Bref, la liste est longue parce que quand on y réfléchit deux secondes rien n’est vraisemblable, rien n’arriverait dans la vraie vie… et pourtant le titre est bien La vie comme elle vient. Et ça explique peut-être tout : l’enchainement des circonstances est rarissime mais tout peut arriver, et il faut prendre les événements comme ils viennent, les uns après les autres et sans réfléchir. L’histoire est surement clichée mais au final ça n’a aucune importance, on suit les aventures de Mado et Patty avec d’autant plus de plaisir, parce que ça ne nous arrivera sans doute jamais, et heureusement !
Si j’ai finalement dévoré ce livre, c’est sans doute parce que j’ai tout de suite adoré Mado : c’est à travers ses yeux qu’on entre dans cette histoire abracadabrantesque, mais elle reste un personnage très vrai malgré les circonstances. Elle a des hauts et des bas, est responsable mais en a marre d’avoir trop les pieds sur terre, admire sa sœur et la déteste en même temps, s’énerve et s’en veut après. Paradoxalement c’est un personnage auquel je me suis très facilement identifié malgré tout ce qui lui arrive : certaines de ses réactions, ou de ses réflexions peuvent paraître toutes bêtes mais révèlent souvent ce que les gens n’acceptent pas, n’osent pas dire de peur d’être jugé. Lorsqu’elle raconte son retour au collège après l’accident c’est fait avec beaucoup de finesse, et de justesse aussi peut-être…
« Je me suis alors aperçue que j’allais passer mon temps à me surveiller pour être conforme à ce qu’on attendait de moi : je devais avoir l’air triste et abattue, point à la ligne. (…) Mes copines aussi se contrôlaient : il ne fallait pas rire, pas me bousculer, pas me parler de choses tristes, ni de choses gaies, éviter de prononcer les mots tabous comme « papa », maman » et même « voiture »… (…) Elles n’ont pas vraiment voulu me mettre sur la touche. J’étais sur la touche. »
Même si les deux sœurs ont des personnalités un peu exagérées, leur relation est ambiguë et tout sauf linéaire. Elle s’aiment et se détestent en même temps, se consolent et s’engueulent, se serrent les coudes malgré elles.
« – Moi ? Je te filais des compl…
– Mado est si vive, si intelligente, si curieuse, si réfléchie ! récite-t-elle en clownant les profs. Tu crois pas que ça fout les boules d’entendre ça en permanence ?
(…) – Toi aussi, tu me donnes des complexes, dis-je à mi-voix »
En conclusion, j’ai adoré La vie comme elle vient parce que les personnages sont géniaux et attachants, réalistes au milieu de leurs comportements incohérents au possible !80 ANS, UN CERTAIN ÂGE de Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER - Ed. Albin Michel
Philosopher, c’est-à-dire penser son existence, c’est apprendre à bien la vivre jusqu’à la fin. Alors, allons-y!
LE TEMPS
1978 Le quadra «Le temps file entre les doigts comme une corde folle, et les frustrations commencent à s’accumuler.»
2018 L’octo «Je vais bientôt mourir et, comme disait le tant regretté Pierre Desproges, je fais quoi en attendant?»
Désormais, je pense ma vie comme une collection d’instants rares. Ayant renoncé aux grands projets, je peux me permettre ce que s’interdisait l’homme d’action: vivre au jour le jour pour y trouver la saveur d’exister.
Longtemps le souci du temps a pris le pas sur la qualité de mon vécu. Je suis en train d’inverser ces priorités et je trouve ça succulent.
LA FAMILLE
1978 Le quadra «On a souvent décrit les Servan-Schreiber comme un clan, voire une mafia.»
2018 L’octo «Une famille est un pacte existentiel. On y naît, on y vit, on y meurt en compagnie d’autres avec lesquels on a un peu ou beaucoup en commun.»
Octo, je suis à même d’apprécier la continuité avec la famille du Quadra. Instruit par l’exemple de mes parents, j’ai compris que pour que la famille dure, il faut favoriser les contacts entre ceux d’une même génération. L’idéal est que nos enfants et petits-enfants n’aient nul besoin de moi pour se réunir et faire preuve de solidarité en cas de besoin. Constatant que c’est pour la troisième génération ce qui est en train de se tisser entre eux, je souris intérieurement. Les valeurs communes ont donc bien été transmises.
LE COUPLE
1978 Le quadra «Dès que nous cessions de communiquer, l’envie de vivre semblait nous quitter.»
2018 L’octo «Un mois après notre rencontre Perla a déposé ses valises chez moi (où nous sommes encore).»
Et puis, chemin faisant, le vieux couple est voué à devenir un couple de vieux. Sur ce chapitre qui s’ouvre pour nous, ni les témoignages ni les observations ne sont nombreux, car auparavant on mourait trop jeune pour vivre de longues épousailles. Au point que vieillir ensemble passe encore pour un projet imprévu et risqué.
LES ENFANTS
1978 Le quadra «C’est probablement pour nous faire faire la folie de les mettre au monde que les petits enfants ont les yeux si brillants et des rires ensoleillés.»
2018 L’octo «Aucun des miens n’est drogué, gravement malade, en dépression chronique, incapable de trouver un emploi, en prison, ni fâché avec moi.»
LES AUTRES
1978 Le quadra «Chaque année passée depuis ma jeunesse m’a mieux fait admettre que je vous ressemble et que vous m’êtes nécessaires.»
Adulte, j’ai appris que chaque nation mettait un point d’honneur à dépenser cinq fois plus pour perfectionner son armement que pour aider les affamés du tiers monde.
2018 L’octo «Rares sont les liens indéfectibles. On peut partager le même lit des années, puis ne plus se voir, même sans fâcheries.»
J’ai appris que c’est dans ma relation aux autres que j’existe le plus complètement. Parce qu’elle me définit, me précise. Qui est sûr d’exister, au-delà de ses sens, si ce n’est en relation, en connexion avec ce qui n’est pas soi? Le besoin de l’autre est l’expression permanente de mon incomplétude.
Les autres sont pour moi des sources d’émotions, de stimulations, de désirs parfois, bref, de vie. Parce qu’ils sont mes semblables, ils me complètent ; parce qu’ils sont différents, ils m’enrichissent.
LE JOURNALISME
1978 Le quadra «Si je devais travailler aujourd’hui avec la personne que j’étais à vingt-trois ans, j’aurais du mal à la supporter.»
Aussi ai-je favorisé, dans les huit ou dix titres que j’ai dirigés, des qualités sans panache mais essentielles, comme la clarté, la précision, la couverture de l’actualité, la rigueur dans le contrôle des faits, l’élégance de la présentation et, surtout, l’honnêteté intellectuelle.
2018 L’octo «Je me suis trouvé, vers la soixantaine, confronté à une technologie de rupture devant laquelle mon expérience n’était plus adaptée.»
Ne suis-je pas né avant la télévision, le cinéma en couleurs, les antibiotiques, le droit de vote des femmes, la décolonisation, le rideau de fer sur l’Europe, la bombe atomique, la sécurité sociale, les voyages aériens, etc.? Et surtout longtemps avant la communication électronique qui est en train de remodeler les rapports entre les Terriens.
LA POLITIQUE
1978 Le quadra «Avec la politique on connaissait l’orgasme de l’élection, les délices de la renommée et une autojustification à toute épreuve.»
Il m’a fallu du temps pour comprendre que le but dominant de la politique n’est pas de résoudre au mieux et au plus vite les problèmes d’un peuple, mais de conquérir le pouvoir, et de s’y maintenir.
2018 L’octo «Une vision plus réaliste de la politique se résume pour moi à cette formule célèbre outre-Atlantique: It’s a dirty job, but someone has got to do it.»
Je n’en suis pas moins convaincu qu’il reste à la politique une mission majeure, et pour longtemps : la défense des droits de l’homme, qui sont à nouveau l’objet d’attaques et de remises en question sans précédent.
LE BUSINESS
1978 Le quadra «Aussi arrivai-je à la conclusion que si je réussissais ce que j’entreprenais, c’est que ça ne devait pas être très calé.»
Lorsque je considère mon activité… dans le monde du business, je ne me pose que trois questions: «Est-ce intéressant? Est-ce difficile? Est-ce moral?»
2018 L’octo «J’étais probablement trop intellectuel pour me contenter de faire fonctionner des entreprises, mais pas assez pour devenir un penseur établi.»
Peut-être suis-je incapable de croire que mes descendants puissent vivre dans une prospérité sans transcendance, mais pléthorique en divertissements pascaliens.
L’ESTABLISHMENT
1978 Le quadra «Qui donc a décidé de m’accepter et me l’a fait savoir? Tout simplement les secrétaires.»
L’origine des membres de l’establishment peut changer, leur durée, en fonction, se restreindre, le régime politique se transformer, leurs petites manies évoluer, mais le seul jeu qui les intéresse restera immuable : la loterie du pouvoir.
2018 L’octo «Me voici donc émérite ou honoraire dans des fonctions dont j’ai été si longtemps titulaire, la définition courtoise du has been.»
Autres pratiques salutaires: devenir très gentil, convivial, souriant, empathique, prévenant, serviable, drôle et reconnaissant. Car, dépouillé d’éminence sociale, il est crucial de faire ce qu’il faut pour que les autres vous trouvent de bonne compagnie.
LA DISTANCIATION
1978 Le quadra «Ma motivation, c’est l’envie de vivre, faite de curiosités, de désirs, de projets, de fantasmes, de sensations, de besoins.»
Si l’on veut accomplir, construire, réaliser quoi que ce soit, il ne faut pas abuser de la distanciation qui, à haute dose, rend sceptique, blasé, désabusé.
2018 L’octo «Mieux vaut reconnaître d’emblée qu’une vie ne peut être qu’une symphonie inachevée.»
Les sages taoïstes nous ont appris à nous garder de porter un jugement rapide sur ce qui se produit, puisqu’il est impossible alors d’en prévoir toutes les conséquences. Seule la distanciation temporelle révèle après coup la vraie portée d’un contretemps, comme d’une aubaine. Il n’est pas rare qu’avec les années, nos jugements s’inversent.
LA FORME PHYSIQUE
1978 Le quadra «Préférer la victoire sur soi-même à une assiette de profiteroles au chocolat, n’est-ce pas gravir un échelon vers la transcendance?»
J’ai fait le choix de me ménager pour donner à mon cerveau de meilleures chances de rester irrigué, à mon cœur de ne pas s’encrasser, à mes jambes de me porter, à mes yeux de percevoir la lumière.
2018 L’octo «Les quatre grands prédateurs de la Faucheuse, cancer, infarctus, AVC, Alzheimer, frappent au hasard. Il y a des semaines où, pour voir des amis, je navigue d’un hôpital à l’autre.»
Moi non plus je ne peux pas changer de carrosserie, je dois m’arranger avec ce dont je dispose.
LE MASCULIN
1978 Le quadra «Non seulement je trouve mes filles aussi futées que jolies, mais j’ai le sentiment d’avoir investi dans le parti qui monte.»
Parce que l’éducation des mâles, leur culture ne les ont pas préparés à vivre une sexualité fondée sur l’échange, le respect et la réciprocité.
2018 L’octo «J’ai d’autant mieux reconnu et apprécié ma part féminine qu’elle s’accompagnait d’une hétérosexualité inconditionnelle.»
Mon attitude à l’égard des femmes, je me la suis formulée en constatant ce qui est bénéfique dans le couple: à l’horizontale, animalité joyeuse ; à la verticale, respect, souvent admiratif.
LA MORT
1978 Le quadra «Soudain, la mort saute sur la scène, claque des doigts: «Voilà ce que je fais de tout ça!» Message reçu, pour de bon.»
Vers trente-cinq ans, j’ai vu pour la première fois ma vie comme une fin de vacances. Mon premier coup de vieux.
2018 L’octo «Agnostique, je fais donc une sorte de pari de Pascal inversé: pour ne pas m’illusionner, je préfère penser qu’il n’y aura rien après ma mort et agir en conséquence.»
Selon les jours c’est pile ou face. Je peux ressentir que ma vie n’a aucun sens puisque je vais disparaître sans avoir compris le jeu. Et le lendemain c’est parce que je me sens mortel que chaque instant vécu m’est source de félicité.
LA VIE
1978 Le quadra «Je n’avais pas d’estime pour ceux qui dormaient tard, parlaient beaucoup trop ou, plus simplement, rentraient chez eux à dix-huit heures pile pour retrouver leur femme et leurs gosses.»
Principal responsable de mon conditionnement psychologique, j’apprends à minimiser ce qui me nuit et à favoriser ce qui m’est bénéfique.
2018 L’octo «Graduellement se dessine non plus ce que j’aurais pu ou aimer être, mais ce que j’ai été. Ça et pas davantage. Le rendez-vous décisif avec soi-même: tout ça pour ça?»
Les années sont un filtre qui élimine le fantastique, l’illusoire, l’inaccessible, l’inutile…Des pans entiers de possibles disparaissent du fait que mon corps devient moins fort, moins agile, moins dynamique. Moins ardent aussi et c’est tant mieux. Des désirs moindres valorisent d’autant ceux qui demeurent et paraissent plus authentiques.
L’AVENIR
1978 Le quadra «On ne peut pas s’émerveiller chaque fois qu’on allume l’électricité, qu’on décroche son téléphone ou qu’on monte dans sa voiture.»
S’il me faut donc encore sauter de mon lit quatorze mille six cents fois, que vais-je trouver en me levant ainsi chaque matin?
2018 L’octo «Mon interrogation majeure sur notre époque se situe au niveau des valeurs. La seule qui reste universelle: le culte de l’argent, celui d’un veau d’or 2.0.»
Le principal problème éthique sera de plus en plus l’accroissement vertigineux des inégalités eu égard aux fortunes colossales détenues par 1% de la population.
Épilogue : DE MON VIVANT
Un octogénaire, ça apprend à se faire plaisir avec trois fois rien.
*
Émetteur du verbatim : François C
LA CHALEUR DU CŒUR EMPÈCHE NOS CORPS DE ROUILLER - Vieillir sans être vieux de Marie de HENNEZEL - Ed. Robert Laffont
L’abbé Pierre disait qu’il faut toujours garder les deux yeux ouverts, un œil ouvert sur la misère du monde pour la combattre, un œil ouvert sur la beauté ineffable, pour rendre grâce.
Vieillissez, ne vous opposez pas au réel, mais n’empêchez pas la vie d’accomplir son œuvre désirante, de faire jaillir du neuf, du nouveau, jusqu’à votre dernier souffle.
Au Danemark, 60% des plus de soixante-cinq ans travaillent.
La proportion de personnes âgées vivant seules est trois fois plus forte aujourd’hui qu’en 1962. 31% des personnes de plus de 65 ans souffrent d’être « trop seuls », et quatre femmes sur 5 âgées de plus de 75 ans vivent seules.
Nous allons vieillir plus longtemps, mais mieux. Encore nous faudra-t-il construire une image plus positive de cet âge de la vie, affronter nos peurs pour les dépasser, élaborer une vraie politique de prévention de la mauvaise vieillesse. Enfin, il nous appartiendra de lutter contre le déni du vieillissement et de la mort en «travaillant» à vieillir.
Comment tirer le meilleur usage de notre longévité pour accomplir cette ultime tâche, vieillir? Car il ne s’agit pas tant d’allonger une vie qui serait étouffante pour les autres, étouffante pour soi-même, que de trouver les clés d’une jeunesse intérieure donnant au temps qui reste à vivre toute sa lumière.
En Orient, on ne montre pas les corps mais les visages qui, bien que burinés par le temps, expriment la plénitude. Il cite les visages magnifiques des vieux sadous en Inde, la lumière des icônes. Ces dernières parlent d’un corps profond et pas seulement d’un corps apparent et corruptible. Elles enseignent qu’il est possible d’expérimenter un corps de lumière, double ontologique du corps physique.
Dans certains quartiers de New York se mettent en place des «cercles des aînés» pour permettre à ceux qui souffrent de se sentir inutiles et seuls de transmettre aux générations plus jeunes un savoir sur la vie.
Ils rêvent d’être des vieillards rayonnants, «rassasiés de jours», comme il est écrit dans la Bible, heureux d’avoir mené à bien cette aventure qu’est la vie, heureux de terminer leurs jours paisiblement et de porter sur le monde ce regard de bienveillance que l’on acquiert lorsque l’on n’a plus rien à perdre, à prouver, à défendre.
La vieillesse trouve ainsi son sens dans l’accomplissement d’une vie. Elle représente à la fois le couronnement d’une vie, son achèvement, mais aussi l’espace psycho-spirituel propice à son ultime résolution, car ce qui n’a pas été accompli en son temps, dans le passé, se trouve toujours déposé en elle, en attente d’être réalisé.
Une vie accomplie est une vie apaisée. C’est pourquoi il est si important de mettre de l’ordre dans sa vie avant de quitter la scène du monde, de faire le bilan.
Jacqueline Kelen distingue la solitude triste, souffrante des personnes âgées, abandonnées, oubliées, mises à l’écart, qui serait plus exactement un isolement, de la solitude «belle et courageuse, riche et rayonnante, que pratiquèrent tant de sages, d’artistes, de saints et de philosophes».
Insistant sur cette expression magnifique: la «fécondité du temps», Robert Misrahi affirme que, contre toutes les apparences, la personne âgée peut rester désirante, dans un élan vital, un vouloir-vivre, même quand l’avenir se dérobe. La vieillesse peut être une ouverture et non pas une fermeture.
Enseigner aux vieux que la vieillesse n’est pas un naufrage mais l’occasion d’une véritable renaissance. Misrahi imagine cette rééducation à trois niveaux. Celui de la créativité, de la joie et de la sérénité face à la mort.
Quel que soit l’état dans lequel nous vieillirons, quel que soit le lieu, cette énergie du cœur, si nous l’entretenons, est capable de nous transformer et de transformer notre regard sur le monde.
* *
Cocteau J’aime vieillir, l’âge apporte un calme, un équilibre, une altitude. L’amitié, le travail tiennent toute leur place.
- Decour C’est bien le moment de nous souvenir de l’amour. Avons-nous assez aimé? Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, des corps? Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse? Il est temps, avant de disparaître dans le tremblement d’une terre sans espoir, d’être tout entier et définitivement amour, tendresse, amitié, parce qu’il n’y a pas autre chose. Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ce que l’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse.
- Hesse Etre vieux représente une tâche aussi belle et sacrée que celle d’être jeune.
- Kelen Le fond de l’être est joie, légèreté, fraîcheur, mais il fallait désencombrer la source, quitter les oripeaux, abandonner le «vieil homme», ses souffrances et ses certitudes.
- Misrahi Le désir n’est pas, comme on le dit trop souvent, le règne de l’impossible. Il est au contraire un dynamisme visant la joie et la relation à l’autre comme reconnaissance réciproque. Si l’essence de l’homme est le désir, alors la poursuite de la joie est sa vocation.
- Silesius A. Chacun a en lui l’image de ce qu’il doit devenir. Tant qu’il ne l’a pas réalisé, son bonheur n’est pas parfait.
- Spinoza La jouissance du présent ne cesse d’étoffer le temps.
*
Émetteur du florilège : François C
LA VALLEE DU NÉANT de Jean-Claude CARRIÈRE - Ed. Odile Jacob 2018
Mais la mort est nécessaire, nous ne pourrions en aucune façon nous passer d’elle, car elle contribue à tendre, à densifier, à illuminer et même à glorifier –par moments- notre existence brève, à la présenter comme un joyau dans le plus bel écrin possible.
Le «mouvant» n’est pas ce qui se meut, ce qui bouge ou change de place. Ce n’est pas la matière elle-même, qu’elle soit visible ou invisible. C’est une qualité fondamentale, une nécessité, une force obscure qui se cache au fond de chaque être et même sans doute de chaque chose, une force à laquelle nous pouvons donner des noms divers –entropie, évolution, usure, dégradation, poussée, passage, histoire, décadence, vieillissement, dégringolade-, mais qui demeure, de génération en génération, et quels que soient les philosophes et les savants, totalement impénétrable à notre pensée.
Notre intelligence, comme notre sensibilité, comme notre mémoire et notre imagination sont des muscles. Comme tous les muscles, ils ont besoin d’un entraînement quotidien. Sinon nos facultés, se sentant négligées, s’étiolent et, finalement, découragées, déçues, peut-être dépitées…nous abandonnent au bord du torrent, notre regard fixé sur l’eau qui va –qui va sans nous.
Le monde et moi, nous nous éloignons l’un de l’autre, nous nous séparons peu à peu. Une façon de me dire à mi-voix, de me faire comprendre, que bientôt je devrai le quitter.
Nous ne sommes que ce qui bouge, que ce qui s’effrite et qui s’use. Nous sommes tous guettés par la disparition. Nous sommes ce qui fait, et ce qui se défait.
Plus ou moins conscients de ce danger, nous nous efforçons, souvent mais pas toujours, de lutter contre ce morcellement incessant, contre cette dislocation insistante, nous tentons de nous fortifier, dans tous les domaines, de nous réunir, de nous serrer les mains et les coudes, mais ici encore l’immobile, le stable, le durable nous apparaissent comme des idéaux toujours inaccessibles, presque des rêveries de passage.
Le mouvant, le flot, est une réalité profonde, mystérieuse, impérieuse, dont les sources nous sont inconnues, mais dont la force est sans pareille. L’immobilité reste un concept.
Tout ce que nous construisons, tout ce que nous bâtissons s’effrite, s’écoule et disparaît enfin. Aller du rien au rien, ou plutôt du néant au néant, c’est tout le chemin de l’existence, quels que soient le peuple et l’époque.
Toutes les heures blessent, la dernière tue. Mais justement, comment reconnaître la dernière? Qui nous préviendra? Une cloche sonnera-t-elle, quand nous en viendrons au dernier tour?
Toutes nos actions, toutes nos émotions, toutes nos entreprises sont suspendues à l’approche de ce moment-là. Aussi passons-nous le plus clair de notre vie à dresser des barricades souvent risibles –une idéologie, une religion, des colifichets, des rituels, ou une armée de médecins, de guérisseurs, de mercenaires, d’astrologues, de soldats en pierre ou en terre cuite comme les empereurs chinois- pour nous rassurer, pour chasser (en surface) nos craintes, pour proclamer au reste du monde que nous avons trouvé la fermeté, le bastion dur, celui que les siècles n’ébranleront plus.
En réalité, toutes ces valeurs, toutes ces idées,…toutes ces ambitions grandioses ont été emportées par le flot, ou par la vague, l’une après l’autre, conduites à une série d’échouages, et souvent de naufrages. Elles ne reviendront jamais, car les fleuves ne remontent vers leur source que dans les plus sombres prophéties.
Le monde s’écroule sous nos yeux, et, du même coup, notre espérance du monde dévale la pente, remous après cascade et tourbillon.
Banal à dire : le Temps est le grand enfonceur, le grand vainqueur de l’histoire. Et sans doute le seul vainqueur. Il ne la conduit pas –ne sachant où il va, ni dans quelle intention- mais il la contient et la manipule, il est le lit dans lequel l’Univers se couche…Il peut même faire exploser des étoiles.
Parfois-avec notre consentement et même nos encouragements- il ronge en silence, sans nous en avertir, pareil à une armée de taupes, et l’écroulement final est une surprise pour tous.
Litanie de la misère moderne, images et paroles de la désolation, dans une planète épuisée, où les comportements les plus archaïques se réveillent, ou même la Terre est impitoyable, ou même l’instinct de survie disparaît.
On dit qu’une dizaine, peut-être une douzaine de milliards de planètes ressemblant de près ou de loin à la nôtre sont dispersées dans notre seule galaxie. Et nous comptons cent cinquante ou deux cents milliards de galaxies.
Je regarde avec une sorte de calme avidité tous ces objets, tous ces visages et tous ces paysages qui disparaîtront avec moi. Ainsi, je vis dans mon oubli, déjà, je me traîne encore un peu parmi mes fantômes, qui sont plus vrais que moi, au fond, car ils me survivront.
Mettons côte à côte une image de ce Bouddha bien nourri, calme et contemplatif, mourant à quatre-vingts ans couché sur le côté droit, la tête posée sur un coussin, paisible devant l’entrée du nirvana, et une image du crucifié, souffrant et saignant. Ce sont deux formes exactement opposées, peut-être les deux versants de la condition humaine.
Hurlant comme un vivant.
Choisissons donc la vie, même la plus dure, si le néant doit être cette torture, éternelle en plus. La terreur que j’éprouve en pensant à mon cercueil -et moi bloqué dans ce coffre, lucide, paralysé, et pour toujours- rend désirable, et même inestimable, la vie la plus sombre, la plus difficilement supportable.
Et jusqu’à la fin.
La vie, toute vie, comme une éducation perpétuelle, et forcément inachevée.
Luis Bunuel disait à peu près la même chose. Ce qui le chagrinait, c’était de partir « au beau milieu du feuilleton ». Mais il s’agit d’un feuilleton sans fin. Et il le savait. À quoi bon attendre la suite?
Le Mahâbhârata disait, à ce propos: «Chaque jour la mort frappe autour de nous, et nous vivons comme si nous étions des vivants immortels. La voilà, la grande merveille !»
Une merveille qui s’appelle l’oubli, la distraction, l’inconscience, le bruit, le mouvement, autrement dit le divertissement.
Devenir une brume, un vent léger, quitter doucement toute conscience de la Terre, s’effacer peu à peu dans l’espace et se laisser emporter un jour, sans savoir où, dans les espaces : tout le contraire de la société apparemment solide, lourde, métallique et plastique où nous vivons, où nous ne songeons qu’à retarder la fin, et même –nous y viendrons un jour, croyons-nous- à ne jamais mourir.
Si nous renonçons au monde, comment pourrons-nous en parler?
De toute manière, il est assuré, et depuis longtemps, que le plaisir est un art. Qu’il peut l’être en tout cas. D’abord, il faut être doué, réceptif, curieux, avide même , instruit parfois, après quoi le désir et la méthode s’apprennent et se développent, selon les goûts et attirances de chacun.
Lire et voir, jusqu’au bout, jusqu’à l’entrée de cette vallée fatidique. S’intéresser. Ne pas partir idiot, surtout. Apprendre à faire quelque chose, et à le faire du mieux possible.
Ne pas perdre une seule occasion. Rester aux aguets, même encore aujourd’hui, dans cette promenade. Savoir, apprendre, découvrir chaque jour quelque chose sur le monde, ou sur les autres vivants, ou sur nous –mêmes, ou même sur les choses que nous jugeons « inanimées ».
Entre le ciel et nous, des messagers multiples ont voyagé, porteurs de grâces ou de malédictions, des anges, mais aussi des génies, des djinns, des apsaras et même des « esprits », et Mercure avec des ailes aux chevilles, et Iris assise sur son arc-en-ciel, et Zeus sous des déguisements divers, et tant d’autres comme la Vierge Marie à Lourdes, à Fatima et autres lieux. Cela constitue une longue liste d’intermédiaires. Avec aussi des taureaux, des scorpions géants, des centaures, des goules, des génies, des dragons, des voix sans corps, des créatures indécises.
Aux dernières nouvelles, l’Univers compterait de cent cinquante à deux cents milliards de galaxies, chaque galaxie se composant de cent à cent cinquante milliards de systèmes solaires.
Cette Terre précieuse que le cosmos a lentement formée pour nous et qui nous a été donnée, que nous avons mis des millions d’années à apprivoiser, à connaître, à cultiver et à aimer, nous devrions aujourd’hui mettre toutes nos forces à la préserver d’abord et si possible à l’embellir. Et nous faisons tout le contraire. Nous la creusons, nous la déchirons, nous la cassons, nous en aspirons toute la matière, nous l’étouffons sous nos déchets, nous l’empoisonnons, comme si nous voulions lui faire rendre gorge.
Quant à l’Univers, il ne s’en apercevra même pas. Une planète de plus ou de moins, sur des centaines de milliards, qui prendra le temps de faire le compte?
En Inde, rien n’est jamais assuré. Tout est courbe et tout est question. Telle chose peut être à la fois ceci et cela, hier et aujourd’hui, ici et là-bas, moi ou un autre.
Nous avons édifié au fil des siècles, nous et d’autres, un au-delà fantasmagorique –parfois pittoresque, toujours anthropomorphique, où des peintres et poètes se sont amusés à inventer supplice après supplice, plainte après plainte-, et là se rassemblent toutes nos peurs, et quelques-unes de nos espérances.
Ainsi, toute une partie du monde s’efface à chaque instant, emportée par le flot qui n’arrête jamais.
L’esprit est notre remords nocturne, traînant dans tous les fossés de la nuit. Il est une partie de notre honte, de notre chagrin, ou de notre insatisfaction profonde, que le vent porte ici et là, selon les saisons. Il est cette partie de nous que nous avons oubliée en route, ou que nous avons mal dirigée, ou que même nous avons étouffée dès notre jeunesse, et poussée à se séparer de nous, à nous fuir. Il est notre voix persistante et indiscutable, notre présence ici-bas qui s’éteint. Il est aussi notre reproche.
Et je me disais que j’aurais pu mourir sans voir ça ; et même que j’aurais pu ne pas naître, rester à jamais dans l’ignorance, qui est la marque même du néant.
Car je suis ignorant du monde, du monde presque tout entier. Si je me réjouis d’avoir connu le spectacle que nous propose le Yémen, combien d’autres images, dans les milliards de planètes qui se déplacent dans l’infini, aurai-je manqué de voir ?
La beauté n’est pas la sagesse. L’indifférence non plus. Elles en sont même, peut-être, le contraire. Loin de tour fatalisme, de toute abdication, la beauté exige de l’ardeur et de l’enthousiasme, de l’audace, quelquefois même du scandale, du remue-ménage, de la bagarre et du parti pris. Elle nous pique les reins, elle est bruyante, elle excite plus qu’elle ne calme.
Elle ne laisse pas «indifférent».
Il ne faut certainement pas négliger les progrès de la «stupidité artificielle». Ils sont constants, réguliers et par moments assez remarquables.
Ce qui se communique aujourd’hui sur les réseaux sociaux, le big data, les fake news, les like, le chaos médiocre de Facebook et des informations souvent improbables transmises par emojis : la disparition progressive et programmée de l’individu, la déraison incontrôlable, l’instabilité souhaitée du réel. Tout peut inquiéter, à chaque instant.
Et puisqu’il a été dit-souvent-que la mort est le sel, l’épice de la vie, qu’elle en fait le charme et la joie, comment imaginer une existence sans déclin, sans épilogue, sans un lourd rideau qui tombe à la fin?
Pourquoi nous priver de nos alarmes, de notre «crainte de la mort» et du bonheur, chaque matin, de nous réveiller vivants?
Soixante-quinze pour cent des espèces vivant sur notre planète disparaissent, en ce moment, sous nos yeux. Nous n’y prêtons aucune attention, sans paraître même nous douter que nous faisons précisément partie des espèces en danger de mort.
De là-haut, vous regarderez une dernière fois votre passé, en silence, tous les moments particuliers de votre existence, et ceux ou celles qui furent vos parents, vos amis, vos enfants peut-être.
La dernière vallée, où vous reconnaissez les autres. Un précipité de vie juste avant la mort.
Je pense une dernière fois au Japonais dans son torrent et je reste assis, vide d’esprit, là où je me trouve. Tout autour, le jour descend sur les collines, le crépuscule rôde, le vent s’apaise lentement, j’entends s’approcher les premiers oiseaux de la nuit. On pourrait croire qu’ils m’appellent. Je décide, au moins pour quelques minutes, de cesser de vieillir. Je ralentis ma vie, presque jusqu’à l’arrêt, je détends mes muscles, mes nerfs, je freine le mouvement de mon cœur, de mon sang. J’essaie de chasser toute pensée insistante, de maintenir mes yeux mi-clos, d’oublier toutes choses, et d’hier et d’aujourd’hui. Je respire en cachette.
Et le Temps passe.
*
Émetteur du florilège : François C
Ici Londres, de Judith Kerr

Anna, une émigrée Allemande, vit à Londres depuis son exil forcé. Contrainte de vivre dans une pension séparée de ses parents et de travailler comme secrétaire pour gagner de l’argent, la guerre naissante ne fait qu’empirer sa situation. Son frère Max, brillant élève de Cambridge, se fait arrêter et Anna tente de survivre au Blitz avec ses parents qui peinent à trouver du travail à cause de leur nationalité. Heureusement, ses cours de dessin arrivent à lui donner espoir et à lui faire rêver d’une vie d’artiste libre plus paisible…
Ici Londres est en fait un deuxième tome, après Quand Hitler s’empara du lapin rose. Je ne l’ai pas lu mais ça ne m’a finalement pas du tout gênée : les deux tomes sont plus ou moins indépendants.
résumé de l’éditeur : Classique incontournable de la littérature anglaise, Quand Hitler s’empara du lapin rose raconte l’histoire d’Anna, une jeune allemande de neuf ans, qui vit à Berlin avec ses parents et son grand frère Max. Elle aime dessiner, écrire des poèmes, les visites au zoo avec son oncle Julius. Brusquement tout change. Son père disparaît sans prévenir. Puis, elle-même et le reste de sa famille s’exilent pour le rejoindre en Suisse. C’est le début d’une vie de réfugiés. D’abord Zurich, puis Paris, et enfin Londres. Avec chaque fois de nouveaux usages, de nouveaux amis, une nouvelle langue.Ce périple plein d’angoisse et d’imprévus est ensoleillé par la cohésion de cette famille qui fait front, ensemble, célébrant leur bonheur d’être libre. Cette histoire, c’est celle de Judith Kerr. Elle signe avec Quand Hitler s’empara du lapin rose un roman autobiographique bouleversant, précieux témoignage de l’exil et de la montée du nazisme à travers les yeux d’une enfant.
S’il s’agit donc d’une autobiographie, elle est écrite à la troisième personne, chose plutôt originale ! En tous cas, qu’il soit fictif ou non, je me suis beaucoup attachée au personnage d’Anna. Elle est ici âgée d’une quinzaine d’années, après une enfance en Allemagne puis en exil, et la guerre prend le pas sur son adolescence. En effet, elle a très vite de grandes responsabilités : trouver un emploi pour subvenir à ses besoins et prendre soin de ses parents. Son père, un célèbre écrivain allemand, ne sait pas parler anglais et se sent couper du monde dans ce pays où ses œuvres ne sont pas reconnues, tandis que sa mère s’inquiète, autant pour Max que pour les dépenses de la famille. Anna arrive tout de même à prendre un peu de recul et à s’évader de son univers dur et triste grâce à ses cours de dessin. Elle redevient alors une adolescente comme les autres, insouciante et pleine de rêves et d’ambition. Anna décrit ses sentiments naturellement, sans détours et évoque parfois des situations compliquées, entre culpabilité et regret. Sa relation avec ses parents est parfois ambiguë : elle a conscience de tout ce qu’ils ont fait pour elle, essaye de prendre ses distances mais s’attriste de leur réaction…
« Mais elle ne pouvait pas oublier complètement, et elle savait bien que Mutti ne le pouvait pas, elle non plus. Il y avait entre elles une défiance qui n’existait pas avant cela. Une part d’elle-même s’en attristait. Une autre part, dont elle n’avait jamais soupçonné l’existence, une part secrète et inflexible, accueillait cette prise de distance. » p.299
Anna se pose des questions sur leur départ d’Allemagne et leur intégration en Angleterre : son père se sentait sans nul doute mieux là-bas mais, quant à elle, son nouveau pays commence à lui plaire…
L’histoire est captivante et on suit la vie quotidienne d’Anna ; quelques rebondissements viennent la ponctuer de retournements de situation surprenants et plusieurs intrigues s’entremêlent pour former un mélange parfois difficile à démêler ! Pour conclure, la fin de l’histoire est pleine d’espoir… Et il suffit de lire la biographie de l’auteure pour confirmer ses attentes !
En bref, Ici Londres est une très belle histoire vraie qui raconte l’intégration d’une jeune allemande en Angleterre en temps de guerre. Il ne me reste plus qu’à lire le premier tome : avec un nom comme ça difficile de résister, ma curiosité est piquée !
*
Émettrice: Mademoiselle Jeanne
LE CÂMINO + - Outil ludique de connaissance de soi de Frédérique EPELLY - Ed. Le Souffle d’Or 2016
Le CÂMINO est conçu pour vous aider, par un simple tirage à trois cartes, à avancer sur votre chemin de vie, à explorer de nouveaux horizons, à définir un axe pour la journée ou à avancer sur votre problématique actuelle.
Le tirage au hasard est une ouverture à de nouveaux possibles afin de se laisser surprendre par l’axe proposé, d’ouvrir un chemin pour agir. Il permet la clarification d’un état interne, d’une interrogation sur l’instant, il donne une direction.
Il évacue »le comment faire, comment s’y prendre », il propose une piste d’action.
Chaque tirage est une occasion de recentrage et a une résonance particulière.
Les 46 656 combinaisons possibles sont autant de points de départ et de repères. Des déclinaisons d’actions illimitées vous sont offertes, et c’est une direction particulière qui émerge.
Pas à pas, le jeu nourrit votre force et votre discernement.
*
36 CARTES-VERBES
ABANDONNER (verbe d’étape nécessitant le retirage d’un deuxième verbe)
ABOUTIR
ACCEPTER (verbe d’étape nécessitant le retirage d’un deuxième verbe)
AIMER
AIMER
APPROFONDIR
CALMER
CHEMINER
CHOISIR
CLARIFIER (verbe d’étape nécessitant le retirage d’un deuxième verbe)
CONSTRUIRE
CRÉER
CROIRE
DÉCIDER
DIRE
DONNER
ÉCOUTER
ENRACINER
ÊTRE
EXPLORER
FAIRE
IMPULSER
JOUER
LIBÉRER
OBSERVER
OSER
PARDONNER (verbe d’étape nécessitant le retirage d’un deuxième verbe)
RECEVOIR
RÉGÉNÉRER (verbe d’étape nécessitant le retirage d’un deuxième verbe)
REMERCIER
RENCONTRER
RESSENTIR
SURPRENDRE
TRANSFORMER
TRANSMETTRE
VIVRE
36 CARTES-RESSOURCES
ADAPTABILITÉ
ATTENTION
AUTONOMIE
CHARME
CLAIRVOYANCE
CONCENTRATION
CONFIANCE
COURAGE
CRÉATION
CURIOSITÉ
DYNAMISME
ÉNERGIE
ENTHOUSIASME
ÉQUILIBRE
FANTAISIE
GÉNÉROSITÉ
HABILETÉ
HARDIESSE
HUMOUR
INGÉNU
INTELLIGENCE
INTUITION
LÉGÈRETÉ
PERSÉVERANCE
PROFONDEUR
PUISSANCE
RÉCEPTIVITÉ
SENSIBILITÉ
SÉRÉNITÉ
SIMPLICITÉ
SINCÉRITÉ
SOLIDITÉ
SOUPLESSE
SPONTANÉITÉ
TENDRESSE
VOLONTÉ
36 CARTES-ACTIONS
ABANDONNER L’INUTILE
ABORDER L’OBSTACLE AVEC CONFIANCE
ACCUEILLIR L’IMPRÉVU
ALLER À LA RENCONTRE
ALLER À L’ESSENTIEL
AMORCER UN CHANGEMENT
APPORTER DE L’EAU AU MOULIN
CHANGER D’ANGLE DE VUE
CHERCHER UNE NOUVELLE FAÇON DE FAIRE
COMMENCER PAR LA PRIORITÉ
DÉBROUSSAILLER LE CHEMIN
DÉFINIR DES ÉTAPES
DEMANDER LE CHEMIN
EXPLORER D’AUTRES HORIZONS
FAIRE À MON RYTHME
FAIRE UN CHOIX
FORMULER UN PETIT OBJECTIF
FRANCHIR LA LIGNE D’ARRIVÉE
GOÛTER UN MOMENT DE BIEN-ÊTRE
LAISSER DU TEMPS AU TEMPS
ME LAISSER PORTER PAR LE COURANT
MENER MA BARQUE SEREINEMENT
OBSERVER LES COÏNCIDENCES
OSER FRANCHIR UN PAS DE PLUS
PESER LE POUR ET LE CONTRE
PRENDRE LES CHOSES EN MAIN
PRENDRE UNE DÉCISION
RÉALISER UNE CHOSE SIMPLE
REGARDER LES CHOSES EN DÉTAIL
SORTIR DES SENTIERS BATTUS
SUIVRE MON INTUITION
TESTER UNE NOUVELLE IDÉE
TROUVER MA PLACE
UTILISER UNE EXPÉRIENCE PASSÉE
VOIR LE POSITIF
VOLER DE MES PROPRES AILES
NE DITES PAS A MA MERE QUE JE SUIS HANDICAPEE, ELLE ME CROIT TRAPEZISTE DANS UN CIRQUE de Charlotte de VILMORIN - Grasset
Travailler dans la publicité, c’était finalement le meilleur compromis que j’avais trouvé pour pouvoir porter un justaucorps à paillettes juste derrière un bureau.
D’aucuns se plaignent d’indifférence, moi, je venais d’être heurtée en pleine face par la différence.
Elle vous suit tous les jours, prend les cours en notes à votre place, sort les cahiers de votre cartable et porte votre plateau à la cantine. Une auxiliaire de désintégration en somme. Existait-il meilleur moyen de faire fuir mes amies ?
On m’avait soudain mise en situation totale d’aliénation comme si j’avais besoin d’un chien d’aveugle, alors que tout allait pour le mieux. J’ai tout essayé pour m’en débarrasser.
Et ce jour-là, j’ai compris que le seul moyen pour moi de mener une vie normale serait de ne pas lutter. J’étais née comme ça et, sauf miracle, j’étais partie pour être handicapée le restant de mes jours, alors je n’avais pas d’autre choix que de l’accepter, et de faire en sorte d’aller bien. Je pouvais continuer à être malheureuse, à ne pas accepter les choses, cela ne ferait qu’accroître tous mes maux.
Les agences de pub ont cette faculté troublante d’effacer immédiatement toute hiérarchie dans les rapports humains au profit de l’arrière-goût sucré et enfantin de grande amitié festive généralisée.
Je repensai à mes rêves de petite fille. A la trapéziste. Et je me dis que finalement, c’était exactement ce que j’étais devenue. Une trapéziste suspendue dans le vide entre deux trapèzes, m’accrochant malgré la gravité et les limites de mon corps, attendant sereinement la stabilité prochaine, en prenant garde de ne surtout jamais regarder le vide.
*
J’ai créé mon entreprise, inventé mon propre poste, et défini mes propres besoins de déplacement. J’ai décidé de faire germer toutes ces expériences plus ou moins heureuses de mobilité réduite, et de faire, plutôt que d’attendre. Alors j’ai créé le premier site qui permet aux personnes en fauteuil de louer des voitures aménagées, entre particuliers.
« Oh mais ça alors c’est formidable ! Quel courage ! Quelle volonté ! Avoir un handicap et entreprendre, c’est vraiment extraordinaire. Vous devriez écrire un autre livre ! »
Le problème, c’est que je ne vis toujours rien d’extraordinaire. Je suis juste en fauteuil roulant depuis que je suis toute petite. Et si toutes les personnes handicapées de France devaient écrire non pas un, mais deux livres…
*
Émetteur du florilège : François C
Lettres à un jeune auteur de Colum McCann - Belfond

Prête foi à la langue – les personnages suivront et l’intrigue finira par se dessiner.
Lis sans entraves. Imite, copie, mais deviens ta propre voix.
Il n’y a pas de règles. Ou, si elles existent, elles ne sont faites que pour être transgressées. Assume la contradiction. Tu dois être prêt à tenir dans ta paume deux idées opposées ou davantage, au même instant.
La première phrase doit frapper à la poitrine. Entrer dans la peau et serrer le cœur. Sous-entendre que rien ne sera plus jamais pareil.
Ouvre avec élégance. Férocement. Délicatement. Etonne. Mise gros dès le départ. Evidemment, c’est comme si on te demandait de marcher sur la corde raide. Eh bien, vas-y, marche !
N’écris pas ce que tu sais, aborde plutôt ce que tu as envie de savoir.
Comme disait Vonnegut, nous devrions constamment sauter des falaises pour fabriquer des ailes en tombant.
Affirme-toi dans la persistance. Les mots viendront. Sans doute pas sous la forme d’un buisson ardent ou de colonnes de lumière, mais qu’importe. Bagarre-toi encore et encore. Si tu te bats suffisamment, le mot juste se présentera. Et, dans le cas contraire, tu auras au moins essayé.
Les idées sont là, c’est tout. Arrivées sans prévenir. On tombe sur quelque chose qui contracte les muscles de l’imagination et les serre si fort qu’on finit par avoir une crampe. Cette crampe s’appelle une obsession. Voilà ce que font les écrivains : ils s’adressent à leurs obsessions. Impossible de s’en débarrasser avant d’avoir trouvé des mots pour leur faire face. C’est le seul moyen de s’en libérer.
Dans ton travail d’écriture, déterminer le « moment » d’une histoire –ou même d’une scène-s’apparente à une révélation, et pas des moindres. Tu sais ce que ce moment signifie : c’est le point à partir duquel tout va changer, pas seulement pour tes personnages, mais également pour toi. Tu touches au nœud de l’affaire. Au pivot. A la clé de voûte. Si tu rates ce moment, le reste s’effondrera.
Une formule courante en littérature veut que les « personnages déterminent le destin », ce qui signifie (probablement) qu’un personnage bien composé agira conformément à ses motivations. Dans ce cas, sa personnalité prêtera à conséquence dans le déroulement de l’histoire. Mais celle-ci ne vaudra rien s’il ne fait pas partie du grand tourbillon humain. Nous devons les rendre tellement vrais que le lecteur ne les oubliera jamais.
Les bons textes mêlent l’art et la vraisemblance. Cela vaut pour la fiction, les ouvrages non romanesques, la poésie et même le journalisme. Il nous faut rassembler les potentialités du vrai et de l’invention au même endroit exactement. La vérité a besoin d’être façonnée. Y arriver demande beaucoup de travail.
Ton monde est un gisement à exploiter. Tu dois trouver la faculté de t’enfouir dans les tréfonds les plus obscurs pour découvrir ce qui n’a pas encore été révélé.
Aie toujours un carnet sur toi…Ne passe pas tes journées la tête dedans, mais griffonne dans ses pages à toute occasion. Images, idées, bribes de dialogues recueillies dans la rue, adresses, descriptions –tout ce qui est susceptible à terme de se glisser dans une phrase.
Si tu persévères dans le rôle de la caméra et de son opérateur, tu finiras par entendre la voix utile, tu discerneras la forme convenable, tu découvriras la structure appropriée et le reste s’enchaînera tout seul.
Un dialogue n’a pas besoin d’être véridique, mais juste. Il doit avoir l’apparence du naturel. Comme s’il s’était glissé naturellement sur la page. Bien composé, il rehaussera le reste du texte.
Lorsque tu lis à haute voix, l’intention initiale se rappelle à ton bon souvenir. Tu entends si ta musique chante juste ou faux. Tu t’aperçois qu’il y a un rythme ou pas. Tu découvres des rimes. Et tu trouves quantité d’erreurs. Réjouis-toi de les avoir débusquées.
Le principe du «qui, quoi, où, quand, comment et pourquoi» n’en demeure pas moins le combustible de l’écrivain.
Une histoire se déploie avec agilité. Elle ne se livre pas d’emblée. Son cours est parfois brusque. Elle peut devenir fuyante. Donc le contenant mérite d’être flexible. Bien sûr, il te faut une vision d’ensemble, une fin, ou du moins un projet de fin, mais tu dois être prêt à dévier, à changer d’avis et de direction.
En fin de compte, une intrigue doit nous serrer le cœur d’une façon ou d’une autre. Elle doit nous transformer. Nous rappeler que nous sommes vivants. Nous voulons nous attacher à la musique des événements. Une chose entraîne la suivante. Le cœur humain bat devant nos yeux. C’est ce qui nourrit l’intrigue. Tout peut arriver, mais aussi rien du tout. Et même si rien ne se passe, le monde continue de changer, seconde après seconde, mot après mot. Voilà peut-être le plus intrigant.
La ponctuation a son importance. Dans une phrase, c’est parfois une question de vie ou de mort. Traits d’union. Points. Deux-points. Points-virgules. Points de suspension. Parenthèses. Ce sont les contenants de la phrase. L’échafaudage de tes mots.
Les recherches sont le soubassement de presque tout bon travail d’écriture, poésie comprise. Nous avons besoin de repousser les limites du monde que nous connaissons. Nous devons être capables de nous projeter dans des vies, des périodes, des géographies éloignées de nous…Cela nécessite des recherches approfondies.
Écris comme si tu envoyais à ton lecteur une phrase soignée à la fois. La prose doit être aussi bien rédigée que la poésie. Chaque mot compte. Vérifie le rythme, la précision. Cherche les assonances, les allitérations, les rimes internes. Les réverbérations. Varie les procédés.
Tu dois consacrer toute ton énergie à ton propre travail. Les succès et les échecs des autres ne feront pas jaillir une phrase inédite au bout de tes doigts.
L’échec est utile. L’échec n’exclut pas l’ambition. L’échec incite à la bravoure. L’échec donne de l’audace. Il faut du courage pour échouer et plus encore pour admettre que l’on va échouer. Vise au-delà de toi.
Un jeune auteur doit lire. Lire, lire et lire. Comme un aventurier. Sans discrimination. Sans faute…Il doit lire tout ce qui se présente à lui…Le cerveau est une grosse caisse flexible. Ta tête peut engouffrer tant de choses. Plus le livre est difficile, mieux c’est. Plus tu es élastique dans tes lectures, plus ton travail gagne en souplesse.
Au bout du compte, le lecteur idéal, c’est toi. Tu assumes la responsabilité finale de ce que tu écris. Tu dois écouter cette voix, au fond de toi, qui émet les avis les plus critiques. Quand tu as terminé ton ouvrage, essaie de t’imaginer vingt ans plus tard en train de le lire, et d’estimer s’il vaut encore quelque chose.
Lorsque tu as terminé un récit ou un poème, essaie de le mettre de côté pendant une semaine ou deux, afin d’y revenir ensuite avec un œil nouveau. Ecris quelque chose d’autre dans l’intervalle. Crois en l’absence. Profite de cette solitude.
On n’entend souvent sa voix propre qu’après avoir longuement cheminé dans son récit. Au terme d’une année d’efforts, peut-être après des centaines de pages, voire plus. (Je ne me suis jamais senti aussi libéré dans ma vie d’écrivain, qu’un jour où j’ai jeté dix mois de travail.) Mais quelque chose en toi –et c’est une certitude- sait que tout ce que tu as écrit, à ce stade, a servi de préparation à un autre projet.
Fais confiance au lecteur. Si révélation il y a, qu’il se l’approprie. Tu es un guide en pays étranger. Sois bienveillant sans excès…Sollicite son intelligence, et il reviendra continuellement vers toi. Défie-le. Confronte-le. Ose. Laisse entrevoir l’inconnu. Déroute-le, éventuellement. Puis laisse-le avancer tout seul.
Souvent, au milieu d’un roman ou d’une nouvelle, tu te rendras compte, étonné, que tu ne sais pas franchement où tu vas. Peut-être même pas du tout. Tu surfes sur l’écume des mots, avec la vague impression que ton texte prendra peu à peu une consistance, une épaisseur. Tu as plongé en haute mer, sans beaucoup d’entraînement ou d’équipement, et tu tombes brusquement là-dessous sur un mot ou sur une image. Tu sursautes et comprends que c’est en fait le chemin que tu voulais emprunter.
Crois-moi, si tu te préoccupes d’autre chose que de toi-même, tu seras libéré. Tout ce que tu sais trouvera sa place dans tout ce que tu imagines. Tes personnages paraîtront bien plus vrais lorsqu’ils résulteront librement d’un acte créatif.
*
Émetteur du verbatim: François C.
LES DIX PRÉJUGÉS QUI NOUS MÈNENT AU DÉSASTRE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER de Jacques de LAROSIERE - Odile Jacob
Préjugé 1 «Plus on émet de la monnaie, plus cela favorise la croissance» . La crise financière de 2007-2008 est née de la surabondance du crédit. C’est le laxisme des politiques monétaires qui a permis l’emballement du cycle financier dont les autorités ont inexplicablement sous-estimé les effets délétères sur l’économie et la société.
. Il est inexplicable que les autorités monétaires n’aient pas tenu compte de l’emballement du crédit. La seule politique raisonnable aurait été d’avertir le marché dès le début des années 2000 de la formation d’une bulle et de prendre les mesures pour limiter la croissance du crédit (en relevant les taux et/ou en exigeant des candidats emprunteurs des acomptes plus élevés).
Préjugé 2 «L’abondance de la liquidité internationale est une bonne chose» . En quoi l’expansion de la liquidité globale a-t-elle fragilisé le secteur financier ? L’ensemble des pays du G20 a accumulé aujourd’hui une dette totale de plus de 150 000 milliards, soit un niveau record de 230% du PIB. Contrairement à ce qu’enseignait le « consensus », l’observation « post-crise » montre que ce sont les pays les plus endettés qui ont connu la plus faible croissance (c’est particulièrement net pour les pays de la zone euro).
Contrairement au « consensus » qui a endormi la vigilance des institutions chargées de la stabilité financière, la création massive de liquidités est loin de présenter un bilan positif. Elle s’est accompagnée d’un excès de l’endettement global qui a fragilisé le système financier en rendant la croissance future plus problématique. Elle a aussi influencé le comportement des Etats en éloignant l’objectif de discipline budgétaire et en reportant à plus tard les réformes indispensables pour augmenter la croissance potentielle.
Préjugé 3 «Des taux d’intérêt nuls, voire négatifs, facilitent le financement de l’économie.» Si l’on a connu, dans le passé, des périodes de taux négatifs en termes réels (taux défalqués de l’inflation), c’est la première fois que l’on peut observer l’existence persistante de taux zéro ou même négatifs en termes nominaux.
. Le marché financier peut-il opérer de façon stable dans un environnement de taux bas ou négatifs? Il est à craindre que les taux de marché très bas soient de nature (comme c’était le cas en 2007-2008) à encourager l’endettement et la prise de risques excessifs par les investisseurs. Or l’excès d’endettement –en particulier des entreprises- constitue, comme en 2007, un risque systémique.
Comment les organismes d’assurance-vie et des fonds de pension pourront-elles faire face à leurs engagements avec des actifs à rendement nul ?
Que ceux qui se disent héritiers de la pensée keynésienne aient pu promouvoir l’existence prolongée de taux réels nuls ou négatifs reste pour moi un mystère.
Préjugé 4 «L’absence d’un vrai système monétaire international n’a guère de conséquences graves sur la stabilité de l’économie mondiale.» C’est la chute du système de Bretton Woods (1973) qui a ouvert la voie à ces crises financières à répétition et à la « sur-financiarisation » qui caractérisent et minent le monde d’aujourd’hui.
Du temps de Bretton Woods, l’économie mondiale était ancrée sur la stabilité des changes. Les attentes étaient, de la sorte, cadrées, et l’importance des marchés financiers était contenue. Aujourd’hui, c’est la liberté et l’ampleur des flux de capitaux qui sont déterminants. Il en résulte que c’est le cycle financier qui nous gouverne avec les phases d’expansion et d’éclatement qui le caractérisent (boom and bust).
Au fond, les gouvernements ont cru retrouver leur liberté pour déterminer leur politique économique lors de la chute de Bretton Woods. En fait, ils n’ont fait que se subordonner aux marchés en profitant passivement des facilités d’endettement qui ont prédominé depuis lors.
Préjugé 5 «Les pertes subies par les entreprises financières seront toujours couvertes par les pouvoirs publics» . Est-il bon de voir l’Etat systématiquement couvrir les pertes subies par les entreprises financières ? Les fondements théoriques du concept d’aléa moral.
Le problème de fond de l’aléa moral est celui de l’asymétrie d’informations : l’assuré négligent ou mal intentionné sait qu’il est négligent ou malhonnête ; l’assureur ne le sait pas.
. La portée extraordinaire de l’aléa moral en matière financière : a) le volume des transactions financières s’est accru de façon spectaculaire ; b) l’effet de levier du système financier a considérablement augmenté ; c) l’analyse et la gestion des risques se sont détériorées.
. Le coût extraordinaire de l’aléa moral en matière financière et les moyens de réduire ce phénomène. Les montants globaux des renflouements engagés (25% du PIB européen ; 75% du PIB américain).
La politique monétaire aurait pu être différente. Son caractère asymétrique (très accommodante au moindre risque de ralentissement économique, à peine restrictive en cas d’emballement) a constitué une véritable invitation à l’aléa moral. En effet, la sanction des pertes en cas de récession était pratiquement éliminée par l’intervention des banques centrales.
En fin de compte, ce qui semble étrange, c’est la nature de la réaction de « l’opinion éclairée » face aux renflouements massifs dont l’ampleur défie l’entendement. Au lieu de centrer une bonne partie de la réprobation sur les causes de la crise –à savoir les bas taux d’intérêt et les bulles d’endettement- la critique s’est focalisée presqu’exclusivement sur l’imprudence –du reste souvent réelle- des banques.
Préjugé 6 «L’endettement public ne constitue pas un problème majeur»
. Les déficits et l’endettement publics : une question qui fâche…A partir d’un certain niveau (de l’ordre de 80 à 90% du PIB), la montée de la dette publique conduit à nombre d’inconvénients –et notamment à des crises- qui jouent contre la croissance.
Théorème de Harrod-Domar : « Lorsque les taux d’intérêt de la dette publique dépassent le taux nominal de croissance d’un pays, sa dette croît à l’infini. »
Depuis les années 1970, le poids des dépenses publiques a augmenté en France de plus de 40% en termes réels. Le graphique des dépenses publiques en France depuis 1970 illustre le caractère fallacieux des affirmations de ceux qui soutiennent que nous souffrons d’une excessive « austérité » en matière de dépenses publiques.
Il faut donc arrêter ce processus infernal, avoir le courage de regarder la réalité en face, et commencer à stabiliser la dette publique en s’attaquant en profondeur aux vrais problèmes. C’est une tâche possible que nombre de pays démocratiques (Suède, Finlande, Canada,…) ont assurée avec succès en quelques années. Rien ne permet d’avancer que cette tâche est hors de notre portée.
La dette publique française est proche de 100% du PIB. Elle atteint 2 250 milliards de dollars. Elle a pratiquement doublé en dix ans. Pendant cette période, 700 000 emplois ont été créés dans les collectivités locales sans que la hausse de la population ou l’amélioration des services rendus puisse, en rien, le justifier.
Préjugé 7 «La dégradation de la balance commerciale de la France est un phénomène conjoncturel sans portée majeure» . La détérioration continue de notre balance commerciale est inquiétante. C’est un domaine où le déni tend à prévaloir sur l’analyse.
. La baisse de nos parts de marché à l’exportation est continue.
. La demande intérieure française est de plus en plus riche en importations. Quand le contenu en emplois de biens importés dépasse significativement et durablement le contenu en emplois des biens exportés, c’est qu’on a très probablement affaire à un problème d’offre et de compétitivité…C’est malheureusement le cas de la France où le déficit net d’emplois (imports-exports) représente environ 2 millions de personnes, soir l’équivalent du chômage français.
En définitive, le problème est grave : trop de nos entreprises, particulièrement les PME (i.e. celles qui créent les deux tiers des emplois), ont du mal à survivre, à investir et à embaucher. Trop d’entre elles sont contraintes à fermer. La désindustrialisation de notre pays ne cesse de s’aggraver depuis des décennies. Notre société est en danger. Ce sont les entreprises qui créent l’emploi et non l’Etat.
Préjugé 8 «Le problème des retraites en France résulte de la trop grande diversité des régimes»
; Répartition ou capitalisation ? Etant donné les incertitudes qui pèsent sur les régimes de retraite (notamment du fait de l’évolution démographique et du déclin du nombre des actifs), il paraît sage d’encourager fiscalement la constitution d’instruments d’épargne-retraite destinés à compléter les régimes généraux et à aider les retraités à maintenir, après leur vie professionnelle, des conditions de vie acceptables.
. La pyramide des âges (structure de la population par âges) des pays développés change rapidement de forme. En 2050, ce ne sera plus du tout une pyramide, mais plutôt un tronc d’arbre vertical avec un renflement vers 60 ans.
. Les effets économiques de ce vieillissement sans précédent sont considérables, notamment sur le poids croissant des retraites. La dégradation des systèmes de retraite est inévitable. C’est là –et pour demain- une source de tensions intergénérationnelles que nos sociétés ne sauraient esquiver.
Le financement public de nos systèmes de retraite (publics et privés) est un des plus coûteux d’Europe (il absorbe 13,7% de notre PIB en 2014, contre 10,9% pour la moyenne de la zone euro)…Augmenter de trois ans au moins la durée de la vie active apparaît donc comme la seule manière, sinon de résoudre complètement le problème, mais du moins d’en traiter l’essentiel.
La priorité est de rétablir l’équilibre global du système, plutôt que de concentrer l’effort sur la recherche d’une solution unificatrice qui, par la force des choses, sera extrêmement complexe à réaliser. En effet, s’attaquer à quarante régimes spéciaux ne peut que susciter une diversité et une intensité de revendications et d’oppositions à la mesure de la complexité du système : pratiquement tout le monde sera mécontent.
Préjugé 9 «La création de l’Union monétaire européenne est de nature à faciliter par elle-même la solution des problèmes de fond»
. L’histoire de l’Union monétaire européenne : une audacieuse aventure, turbulente, mais encore inachevée.
Dès sa mise en œuvre en 2000, les politiques économiques des pays membres de l’Union se mirent à diverger aussi bien en Allemagne et en France que dans le sud de l’Europe…En d’autres termes, loin de converger –ce qui aurait été dans la logique d’une Union monétaire en devenir- les économies de l’Union se différenciaient de jour en jour.
. Un système en cours de réparation, mais encore en quête d’équilibre.
La France est le seul pays européen à présenter aujourd’hui la caractéristique :
d’être constamment, depuis dix ans, en déficit de balance courante ;
d’enregistrer un niveau record de dépenses publiques ;
d’être en déficit primaire (environ -1,5% du PIB) ;
de conserver la palme des prélèvements obligatoires.
Si ces formes de solidarité raisonnables et adaptées ne sont pas mises en oeuvre rapidement, la montée des populismes est à craindre. Il est paradoxal de voir l’électorat italien rechercher la voie du salut dans le nationalisme monétaire. En effet, les dévaluations qui suivraient la sortie de l’euro ne feraient qu’appauvrir les populations en cause.
Préjugé 10 «Le principe comptable de la « valeur de marché » est la seule manière de retracer fidèlement les données financières»
. Où l’on voit que les normes comptables peuvent, parfois, obscurcir la réalité et conduire à des aberrations.
La comptabilité en valeur de marché est donc « procyclique » : trop allante dans la phase ascendante, trop pessimiste en phase de récession.
D’une façon générale, la fascination pour la « juste valeur » ne peut qu’alimenter le « court-termisme » et le caractère procyclique des réglementations qui sont une des plaies de notre temps.
De ce point de vue, c’est un fait que les nouvelles règles comptables ont joué un rôle non négligeable dans la genèse de la crise : elles ont contribué à amplifier le sentiment d’euphorie avant l’éclatement des bulles, tout en accusant la chute des valeurs après le retournement du cycle financier.
Conclusion
. Les fondements objectifs (pour ne pas dire « scientifiques ») d’un certain nombre de « consensus » ou d’idées reçues paraissent fragiles.
. Le caractère grégaire et le mimétisme des manifestations de l’ »économiquement correct ».
. Pourquoi les remises en question de paradigmes trop superficiellement fondés ont été si discrètes ? Ce qui pose problème, à mon sens, c’est que les fragilités des marchés, les bulles d’actifs ainsi que la dynamique de crise créées par les excès d’endettement n’aient pas fait l’objet d’études et de mises en gardes suffisantes de la part des macro-économistes et des banquiers centraux.
Les défis sont pressants :
la transition énergétique est indispensable si l’on veut éviter le désastre climatique planétaire ;
la nécessité d’ajuster, si l’on veut les sauver, nos systèmes de retraite pour tenir compte du vieillissement de la population est inéluctable ;
l’adaptation de nos sociétés aux conséquences de la nouvelle donne technologique qui risque de bouleverser en profondeur nos structures sociales et notre rapport au travail doit se préparer systématiquement avec une perspective à long terme ;
la prise en compte et la correction, encore beaucoup trop tardives et timides, des effets sociaux de la mondialisation, notamment en matière d’inégalités de revenus, s’impose si l’on veut maintenir un minimum de cohésion sociale ;
la consolidation de l’Europe est urgente : l’Union est à un moment critique et décisif, il faudra leadership et clairvoyance pour la sortir de l’ornière.
*
Émetteur du verbatim: François C.
Startup academy, comprendre et s'approprier les secrets d'une nouvelle génération d'entrepreneurs de Philippe Bloch - Editions Ventana
Aucune entreprise n’envisageait plus alors de survivre sans adopter les codes d’un phénomène mondial qui redistribuait les cartes dans tous les domaines d’activité à une vitesse aussi effrayante qu’inédite. Le monde ne vibrait plus qu’aux mots étranges de Big Data, Océan Bleu, Intelligence Artificielle (IA), blockchain, industrie 4.0., API, chatbot, cybersécurité, MVP, POC, transhumanisme, machine learning, homme augmenté, capteurs, objets connectés, internet des objets, robotique, cobotique, cloud, réseaux sociaux, mobilité, connectivité, plateformes, algorithmes, lean, impression 3D, informatique quantique, réalité virtuelle, Bitcoin, etc.
En même temps qu’émergeait le concept d’entrepreneur du digital apparaissait de nouveaux codes, règles, communautés, modes d’organisation, façons de travailler ou de manager, parfois difficiles à décrypter pour les non-initiés mais qui sont en train de s’imposer comme autant de nouveaux standards.
De nombreux exemples attestent qu’une entreprise peut être Grande ET rapide, Puissante ET agile, Complexe ET innovante, Vieille ET branchée.
1/ CHANGER LE MONDE…MÊME UN PEU !
Où est mon étoile du berger ? Quel est le sens de mon action ? me procure-t-elle du plaisir, de la fierté, du bonheur, de l’excitation, de l’adrénaline ? A qui profite mon activité ? Quelle est son utilité sociale ? Majeure, superficielle, inexistante ?
Jeff Bezos (1997) « Nous sommes optimistes, mais nous devons rester vigilants et maintenir un sens de l’urgence. Nous allons continuer à nous concentrer sans relâche sur nos clients…Nous continuerons à apprendre à la fois de nos succès et de nos échecs. Nous investirons toujours massivement plutôt que timidement à chaque fois que nous détecterons une possibilité de renforcer notre leadership. »
L’esprit startup est synonyme de rupture en toutes choses. Casser les codes et penser autrement font partie de l’ADN des jeunes pousses au service d’un seul objectif : enchanter le client en lui proposant le meilleur produit ou service jamais proposé.
Désormais, tout le monde juge et évalue tout et n’importe quoi.
2/ ALLUMER LE FEU…MAIS PAS TROP !
A l’heure de l’intelligence artificielle et des assistants virtuels vocaux…il est urgent d’allumer le feu. De collecter et d’analyser un maximum de données pour combiner le meilleur de l’humain et du digital.
Personne n’est plus à l’abri. Le risque majeur pour toute entreprise ? Vouloir profiter trop longtemps d’une rente de situation confortable ou d’une position dominante, sans se soucier du moment où un nouvel entrant le lui fera regretter brutalement.
A l’image de l’idéogramme chinois qui voit derrière chaque crise une opportunité, il est urgent de transformer nos peurs en autant de challenges stimulants pour nos équipes et de repenser la culture de nos entreprises autant que nos organisations ou nos process.
3/ FAIRE PLUS AVEC MOINS
Pour éviter le naufrage, conserver les attributs d’une jeune pousse et rester un leader mondial avec un esprit de challenge, Jeff Bezos recommande « l’obsession du client, la lutte contre les process (on ne pense plus, on applique), l’envie d’embrasser les tendances extérieures et une prise de décision hyper-rapide ».
La croissance génère toujours de la complexité. Multiplication d’intervenants non décisionnaires ou pas toujours clairement identifiés, incapacité à trancher ou arbitrer les conflits, rivalités, jalousies, politique interne trop souvent préférée à l’action, lenteur de la prise de décisions, précautionnisme juridique, frilosité des SI, manque de courage, etc. Tout concourt à foncer droit dans le mur, sans que personne ne s’en alarme ou ne mette les pieds dans le plat.
Le rapport au temps pourrait bien devenir un enjeu stratégique majeur.
Autant qu’un CEO, un entrepreneur (ou un dirigeant) doit aujourd’hui être un CPS (Chief Problem Solver) autonome et créatif, capable d’absorber la difficulté et la contrainte et de restituer des solutions et de l’énergie.
L’essentiel est de changer d’angle de vue pour explorer de nouveaux territoires et de nouvelles solutions.
Pour les jeunes pousses, chaque minute, chaque heure, chaque jour compte. Leur obsession : le ROTI (Return On Time Invested) ! D’où une gestion très économe des rencontres, qu’elles limitent au strict nécessaire, et le rejet de tout ce qui ralentit.
Aucun créateur d’entreprise ne bénéficie au départ d’autant de ressources qu’elles. Pourtant, aucun ne se plaint ni ne se sent démuni, tant il prend de plaisir à affronter chaque difficulté l’une après l’autre, sa meilleure récompense étant de se retourner régulièrement et de constater le chemin parcouru, alors que personne n’avait misé sur lui. Entreprendre aguerrit. Surprotéger affaiblit. Faites passer le message !
4/ ACCEPTER L’INCERTITUDE
Entreprendre revient désormais à trouver chaque jour des solutions nouvelles et créatives à des problèmes dont la plupart n’existaient pas la veille.
Tout change à une vitesse inédite dans l’histoire de l’humanité. D’où la nécessité pour toute entreprise de capter les signaux faibles de son environnement et de développer une vision puissante et rassurante permettant de compenser l’absence de repères extérieurs.
A une époque où nous croulons sous les données de toutes sortes, il n’a jamais été aussi facile de se tromper sur leur interprétation et de prendre des mauvaises décisions. Plus que jamais, la pertinence de l’analyse prime sur le volume.
Plusieurs facteurs rendent difficile toute prévision, et impossible toute planification à long terme…Tomber amoureux de l’incertitude ambiante plutôt que de la craindre ! L’incertitude pousse au dépassement de soi.
5/ ECHOUER SOUVENT…MAIS VITE !
Chaque boucle doit suivre trois étapes : idée, mise au point, validation…Priorité à l’expérimentation, l’ergonomie, l’efficacité intuitive et la simplicité d’utilisation grâce à une collaboration permanente entre l’entreprise et la communauté de ses clients au travers de nombreux outils, dont les blogs.
Le concept de Customer Effort Score (CES), qui mesure désormais le taux d’effort imposé par l’entreprise à ses clients pour utiliser ses produits ou ses services.
Rebondir et tirer rapidement les leçons de leurs erreurs font partie de leur ADN. Quand la plupart des gens décrivent un échec, l’entrepreneur préfère évoquer « une solution qui n’a pas marché », s’inspirant de la science qui ne parle jamais d’échec, mais d’expérimentation.
Consacrer 70% de son temps à son business actuel, 20% à celui de demain et 10% à un horizon plus lointain.
L’une des priorités que tout manager désireux de rester dans la course à l’innovation doit se fixer : donner carte blanche à tous ses collaborateurs pour qu’aucun échec ou aucune déception ne vienne plus jamais décourager leur envie d’aller au bout d’une idée à laquelle ils croient et dont ils pensent qu’elle pourrait faire progresser leur entreprise.
6/ DATA IS KING
La data devenue l’or noir du 21ème siècle.
Les données sont au cœur de la révolution que nous sommes en train de vivre. Elles se logent dans une multitude de cases, et la capacité à les inventorier, collecter, stocker, analyser, visualiser, récupérer, utiliser, diffuser et partager est à l’origine des plus grands succès planétaires récents.
La startup cible souvent des niches, voire désormais une infinie multitude de personnes uniques grâce à l’intelligence artificielle et aux données qu’elle accumule sur elle.
L’IA (que Joël de Rosnay préfère appeler Intelligence Auxiliaire) s’éduque, s’entraîne et ne cesse de s’alimenter par les montagnes de données que nous lui fournissons.
Tout ce qui est peu qualifié et répétitif est pourtant en voie d’être mécanisé, et les machines seront bientôt imbattables dès lors qu’il s’agira de tester des millions de combinaisons et de nous aider dans des opérations complexes, menaçant à l’évidence d’innombrables emplois non qualifiés.
Voici que toutes les professions du droit sont menacées par des plateformes numériques…Et que dire des consultants, architectes, designers, voire des auteurs ?
7/ LES VALEURS AVANT LES PROCESS
« Manager par les valeurs, c’est un engagement à transformer toute l’entreprise. Et cela vient du dirigeant. » Jacques Horovitz
Leurs valeurs priment sur les process et leur donnent toutes les audaces, cette « part de volonté qui s’ajoute à l’analyse pour forcer le destin » pour reprendre l’expression de Roger-Pol Droit.
Si la complexité du monde a été multipliée par six entre 1995 et 2010, la complication des entreprises l’a été par trente-cinq dans la même période.
Six règles pour une « simplicité intelligente ». Comprendre le travail des autres (leurs comportements quotidiens, actions, interactions, objectifs, contraintes, etc.). Renforcer le rôle des « intégrateurs » (quiconque favorise la collaboration), supprimer les couches de management et les règles inutiles. Augmenter l’autonomie et la quantité totale de pouvoir au service du groupe (place au bon sens et à l’intelligence). Etendre l’ombre du futur (expliquer aux gens les conséquences de leurs actions). Accroître la réciprocité (comprendre et reconnaître l’intérêt qu’il y a à coopérer). Récompenser ceux qui coopèrent (et seulement eux)…Tel est pourtant le prix à payer pour mettre en œuvre la simplexité, valeur-clé de la planète startup.
8/ TRAVAILLER « AVEC » ET NON PLUS « CONTRE »
Les smartphones ont envahi nos vies, au point de donner naissance à une nouvelle maladie, la nomophobie (la peur d’être séparé de son mobile) et à une nouvelle génération de screenagers (contraction de screen et teenager), ces adolescents qui ne peuvent plus vivre loin de leur écran, devenu leur principal lien avec le monde extérieur.
La viralité est devenue un enjeu clé et donne l’avantage aux entreprises et aux marques sachant développer un lien personnalisé et affinitaire avec chaque consommateur.
Après les slashers (qui cumulent plusieurs activités et statuts en même temps), la glocalisation (néologisme anglais formé par les mots globalisation et localisation), le co-working, le co-design (inspiré du design thinking) ou la fusion food qui nous offre l’accès simultané aux saveurs du monde entier, c’est l’hybridation à tous les étages ! Coopération et compétition fusionnent pour donner naissance à la coopétition. Co-branding, co-investissement, co-construction, co-production, intelligence collective, économie collaborative, etc
Les startups nous démontrent chaque jour que rien ne vaut l’intelligence collaborative pour réussir les paris les plus fous et créer de la valeur, par la magie de l’échange et des technologies de l’information qui en accélèrent la circulation.
9/ L’HUMAIN N’A PAS DIT SON DERNIER MOT
La bataille du digital ne se gagne jamais sans, ou contre les hommes. Car si technologie et compétences techniques sont à la portée de n’importe quel carnet de chèques (ou compte Paypal), l’humain reste assurément le plus complexe de tous les défis, même et surtout à l’ère du digital.
« La digitalisation n’est pas une fin en soi. Nous devons la maîtriser, mais pas la subir. Elle doit se faire par et pour les Hommes avec un grand H » Jean-Dominique Sénard
Les entrepreneurs du numérique ont su comprendre l’importance des soft skills pour penser et agir autrement…Pour un grand nombre d’entre eux, curiosité, passion, empathie, vision, aptitude au risque, sens du collectif, etc…, priment sur la technique, la discipline, le respect des règles de l’autorité et de la hiérarchie. Autant de qualités qui ont besoin de liberté pour s’épanouir et se développer.
(Digital Factory - Thales) Procédures réduites au minimum, chacun prend seul ses décisions sous la responsabilité d’un manager responsable de l’ingénierie, développeur de ressources humaines, facilitateur de problèmes et apporteur de solutions.
Je suis de ceux qui pensent que faire le bonheur des autres et créer du lien ne se délèguent pas. Quels que soient notre pouvoir, notre fonction, notre place dans la hiérarchie, notre ancienneté ou la pression que l’environnement nous fait subir, nous sommes tous des Chief Happiness Officers en puissance.
10/ « J’OPTIMISME » ET J’INCARNE
Spécialistes du recyclage de problèmes en solutions, ils ont le sentiment d’être faits de béton et recouverts de téflon. Rien ne semble vraiment les atteindre, tant brille toujours dans leurs yeux la lumière au bout du tunnel, même dans les pires circonstances.
« L’histoire d’une entreprise est donc celle d’une cohabitation entre un Powerpoint qui vend du rêve en couleurs et une feuille Excel qui renvoie au noir et blanc de la réalité. » Stéphane Degonde
Afficher son optimisme en toutes circonstances et incarner fièrement sa marque sont deux armes redoutables qu’utilisent habilement les startuppers pour séduire financiers, collaborateurs et clients. A l’inverse, l’émotion, le sourire et l’humour sont le plus souvent absents de la stratégie et de l’image que projettent les grands groupes déshumanisés.
11/ TOUT N’EST PAS BON DANS LA STARTUP
. Meilleur défricheur que gestionnaire. Oublier que tout métier, quel qu’il soit, est un métier de « centimier » est une erreur tragique.
. Quand un succès trop rapide mène au désastre
. Une bonne idée trop tôt n’est pas une bonne idée. L’importance d’un bon timing pour un lancement est primordiale pour toutes les entreprises, mais seules celles qui ont les moyens de perdre durablement de l’argent avant d’imposer leur vision ont des chances de réussir quand elles sont trop en avance sur leur temps.
. Priorité à l’exécution. Entre une bonne idée et son succès, il y a toujours sa mise en œuvre. Or la jeunesse et le manque d’expérience de la plupart des créateurs les privent souvent des réflexes nécessaires.
. Distribution vs innovation. La bataille de la distribution va s’avérer de plus en plus difficile et coûteuse pour les plus jeunes entreprises.
. La « belle histoire » a ses limites
. De vrais clients plutôt que des Likes ! Seul le comportement réel de vrais clients utilisateurs réguliers d’un service ou d’un produit peut et doit servir de bon pour accord au développement.
. Le projet n’est pas la levée de fonds, elle n’en est qu’une étape
. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent
. Traduire son site en plusieurs langues ne veut pas dire être international
. Le management reprend très vite ses droits, startup ou pas
. Pas toujours so cool
. Le « startup management » reste à inventer
. Réinventer l’expérience collaborateur
Nous ne sommes donc qu’au début de l’invention d’un nouveau modèle employee centric, qui porte en lui les gènes de sa transformation permanente.
Après l’innovation numérique, l’innovation sociale et managériale ?
12/ PLACE AU MANAGEMENT « INTRAPRENEURIAL »
Intraprendre est un état d’esprit à la portée de chacun d’entre nous…Pour simplifier à l’extrême, le terme intrapreneur pourrait être une bonne traduction du mot startupper appliqué au monde du salariat. Dreamers who do. Des rêveurs qui agissent.
Le nombre, le rôle et l’influence des managers ne vont cesser de diminuer dans les années à venir au profit de l’intelligence collective, de l’autonomie et de l’esprit d’entreprise.
Quiconque aime la découverte et l’exploration de nouveaux territoires (par définition inconnus et donc incertains) et met ce talent au service de l’entreprise dont il est salarié est un intrapreneur.
Think big. Start small. Scale fast (Penser grand. Commencer petit. Grandir vite). Rien n’est plus efficace pour susciter l’engagement et l’esprit d’entreprise que d’offrir un environnement où chacun ressent que tout est possible, que tout reste à faire, à l’image de la can do attitude caractéristique de la Silicon Valley.
Ce qui est primordial :
- Savoir importer du stress, de la pression et des emmerdes et exporter de l’enthousiasme, de l’énergie et de l’optimisme.
- Capacité à se comporter comme s’il était en partie propriétaire ou fondateur de l’entreprise.
- Capacité à encourager, accepter, voire valoriser les échecs.
- Capacité à s’entourer de gens plus grands que lui et à attirer de fortes personnalités.
- Réapprendre à dire merci et bravo aussi souvent que nécessaire.
- Propager autour de soi une contagion émotionnelle positive…et être aussi souvent qu’on le peut un émetteur de bonnes nouvelles.
ConclusionSi vous êtes dirigeant, votre priorité est de repérer et de mobiliser à tous les niveaux de l’entreprise le talent et la créativité de tous vos collaborateurs au service d’une vision inspirante et partagée.
Tout peut et tout doit être remis en question régulièrement, même et surtout quand cela commence à bien fonctionner. C’est fatigant, mais préférable à la perspective d’assister trop vite à son propre enterrement.
*
Émetteur du verbatim: François C.
LA STRATEGIE DE LA LIBELLULE - La méthode corps-esprit de Thierry MARX - Le Cherche Midi
Lorsque la libellule est confrontée à un obstacle, son premier mouvement consiste à changer d’axe. Sans jamais reculer, elle teste un passage par le haut, puis par le bas, de droite à gauche et de gauche à droite, jusqu’à trouver la solution. Autrement dit, la libellule se montre capable de prendre de la distance.
*
Si nous commençons à regarder les choses et le monde dans leur autonomie propre et à exiger de nos réactions qu’elles soient utiles ou constructives, alors il est probable que nous commencerons à agir avec méthode et discernement, ce qui n’exclut pas la détermination.
Agressivité « Ai-je le temps de préparer une tasse de thé ? » Prenons donc le temps d’une tasse de thé pour éviter les réponses à l’emporte-pièce, ouvrir un espace apaisant et mieux résoudre nos problèmes.
Apaisement La seule attitude que nous puissions adopter, dans ce désordre environnant, consiste à trouver en nous l’énergie de l’apaisement…Et cela est possible uniquement si nous savons nous-mêmes ce que nous voulons être, ce qu’est notre projet de vie et si nous nous y tenons vaille que vaille.
Apprentissage « Si tu sais ce que tu veux, montre ce que tu vaux »
Armée Savoir être pour durer
Je découvre ma nouvelle règle de trois :
- La rigueur du projet ;
- L’engagement qui nous fait lâcher la main du passé ;
- Le respect du présent.
Avec aussi le sens de l’honneur et de la parole donnée.
Arts martiaux Transformer les ennemis en partenaires
Les arts martiaux nous apprennent que l’on ne gagne jamais parce qu’on est le meilleur mais parce qu’on a décidé de ne pas perdre.
Bouddhisme
Le shinto et le bouddhisme zen me permettent désormais, au travers des arts martiaux notamment, de mettre enfin du temps entre mes émotions et mes actions. C’est ainsi que j’ai pu reconstruire ma vie, entre ordre et désordre.
Boxe
Lire l’autre, le respecter certes, mais ne pas le subir. Ce n’est pas l’adversaire qu’il faut battre mais une mission qu’il faut remplir. Sans haine ni forfanterie.
Bushido « la voie du guerrier »
Ce code de la chevalerie du Japon médiéval fournit un sentiment de calme, de confiance au destin et une soumission tranquille à l’inévitable. Un calme stoïque en vue de dangers ou de sinistres, ce dédain de la vie et de convivialité avec la mort. Ce qui est inévitable n’est pas important.
Chance L’opportunité d’agir sur son destin
La chance, pour moi, est une opportunité qu’il faut saisir…La chance, c’est d’abord un projet. Sinon, c’est un leurre.
Chef (d’entreprise) Seul, mais avec les autres
Le responsable ne doit jamais chercher de bouc émissaire mais toujours essayer de faire travailler les uns avec les autres.
Compassion
Est-elle vraiment à même d’aider quiconque se trouverait dans le besoin ? La réponse est non.
La fraternité n’est pas de porter les autres mais de les aider à s’épanouir.
Douleur En analyser les causes pour en choisir les remèdes
Faire l’analyse des causes est toujours le meilleur moyen de leur trouver un remède.
En ne se posant plus prioritairement la question du comment mais celle du pourquoi, il témoigne de son souci d’appréhender une situation telle qu’elle est. Autrement dit, en n’ajoutant pas l’agitation à l’agitation, il fait siens les trois principes qui président à une bonne spirale dynamique : penser son geste, maîtriser son feu intérieur, se jouer des fausses contraintes du temps.
Échec Baisser les armes ou rebondir
Seules se sont relevées de situations parfois effroyablement complexes et précaires les personnes ayant réussi à remettre un projet en mouvement. Celles qui avaient trouvé la force de rester en état de veille et de se mettre en quête de nouvelles motivations, de nouvelles énergies. Celles qui se montraient capables de se déporter, de se dérouter, de se déplacer légèrement pour considérer les choses sous un autre angle. Assurément, il leur a fallu faire pour cela le deuil d’histoires passées.
Si vraiment nous sommes vivants, alors nous sentons, nous savons que toute solution réside toujours dans le mouvement. Dans l’effort qui nous tirera vers le haut, nous grandira, et qui seul nous donnera l’énergie de ne pas nous laisser rabougrir, rétrécir ou éteindre par la vie. Jusqu’à trouver l’être en nous-même.
Écologie Plus de temps à perdre, on s’y met tous !
Je milite pour que l’écologie sorte de la case politique et de son vocabulaire stérile pour devenir une partie intégrante de nous-même, un véritable réflexe vital et citoyen !
Émotion Mettre du temps entre nos émotions et nos actions
« Fais de l’impatience ton pire ennemi » n’hésitait pas à dire Miyamoto Musashi.
Si nous entretenons un rapport si biaisé avec le temps, c’est en grande partie parce que nous nous laissons soumettre par nos émotions.
Tout sport de combat consiste donc en cette nécessité de dompter le temps : le temps extérieur qui voudrait nous contraindre, mais, plus encore, ce temps intérieur auquel nous laissons trop souvent la possibilité de nous dépasser.
Par un apparent paradoxe, c’est en faisant le vide que nous mobiliserons en nous la bonne énergie, la bonne posture. Bref, que nous nous réarmerons. Alors nous pouvons retrouver l’élan de notre spirale dynamique.
Ennemi Vaincre sans haine
Etre bien avec soi-même est la condition sine qua non pour être bien avec les autres. Qui n’a pas de cap, qui ne se sent pas suffisamment présent à lui-même, qui ne trouve pas sa place dans sa propre existence ou tourne comme plume dans le vent, celui-là se sentira perpétuellement agressé. Et il aura alors tendance à attribuer à d’autres ses propres errances, ruminations, failles ou échecs.
Dit autrement, nous ne progressons pas contre les autres, mais en puisant en soi le désir et l’énergie de renouveler chaque jour le contrat que nous avons passé avec nous-même.
Entreprise L’employé n’est pas le rouage d’une immense machinerie, mais une sensibilité vivante
Nous avons beau être égaux, du moins théoriquement, nous n’en sommes pas moins différents et inégaux face à la vie. Cette diversité fait la richesse de toute société moderne, mais c’est elle aussi qui occasionne tous les antagonismes imaginables.
Le danger réside aussi dans le fait, tant pour le chef d’entreprise que pour l’employé, de ne pas accepter de quitter sa zone de confort.
Erreur Une opportunité d’apprentissage
Si une faille quelconque m’apparaît, et il y a forcément une faille quelque part –dans un dossier, une situation, une rencontre-, j’aime à penser qu’il va me falloir la résoudre ou la contourner, car alors quelque chose dans ce travail m’aura fait grandir.
La faille n’est pas un problème en soi : elle l’est si on se refuse à y voir une opportunité cachée.
Escalier (social)
L’ascenseur social est une chimère ! Il existe seulement un escalier que l’Etat doit entretenir en veillant notamment à ce que chaque citoyen puisse l’emprunter et en s’assurant d’une hauteur de marches accessible à tous.
Tout projet ne peut aboutir qu’au terme d’une prise de conscience du corps et de l’esprit, d’une progressivité, d’une construction dont l’image du franchissement, marche après marche, donne une idée très nette. L’ascenseur est le miracle ; l’escalier, la construction.
S’engager, c’est se projeter sur une longue durée afin de garantir ce qui nous tient le plus à cœur et d’œuvrer à l’aboutissement de ce pour quoi nous nous sentons faits.
Feu (intérieur) Attention au retour de flamme !
Nous devons donc être aussi soucieux de notre propre justesse que l’est le cuisinier devant sa flamme.
Formation Ne pas gaver mais donner faim
Qui dit émancipation dit éducation. Or, c’est par l’éducation, d’abord et avant tout démarche de liberté, que nous apprenons à connaître et à préciser nos désirs, et c’est par elle encore que nous saurons dans notre vie ce qui nous sera acceptable et ce que nous refuserons de subir. C’est pourquoi je m’intéresse tout particulièrement aux personnes dont la trajectoire de vie a pu être heurtée.
On aide authentiquement quelqu’un uniquement en lui donnant des outils concrets, pratiques, opérationnels.
Si la force du projet fait la force du caractère, la force de caractère n’en fait pas moins la force du projet. On n’avance sans heurt que sur ses deux jambes.
Gentillesse Méfions-nous de la miévrerie
Etre bienveillant, c’est d’abord avoir conscience que le projet de l’autre n’est pas moins intéressant, ou riche, ou nécessaire, que le sien propre. C’est aussi être capable de se voir soi-même comme l’élément d’un tout…C’est, enfin ne jamais abdiquer notre souci de solidarité.
Geste Il parle pour nous
On ne peut espérer d’un geste ou d’un mot désordonné qu’il aboutisse à une conclusion efficace et juste : en préalable à tout geste doit exister la pensée de ce geste.
Geste (bis) Son absolue nécessité pour la cuisine
La cuisine est le domaine de prédilection de la maîtrise du geste (la coupe juste), du feu (l’intensité) et du temps (la cuisson).
Japon L’évidence
Oui, tout ce que j’avais rêvé était là ! Le dojo, l’ambiance, l’homogénéité d’un peuple, la calligraphie, l’exiguïté du pays.
Judo Tu ne gagnes pas parce que tu es le meilleur mais parce que tu ne peux pas perdre
Kodawari
Pour moi, le kodawari, c’est tout à la fois ce qui maintient la qualité de vie à des standards élevés et ce qui permet la poursuite d’un idéal d’épanouissement.
Lucidité
Elle m’aide à réaligner les planètes, à retrouver la hiérarchie des priorités. Si tout va bien à 80%, la lucidité me permettra de comprendre pourquoi ce n’est pas le cas pour les 20% restants.
Maîtrise de soi
L’acceptation et le contrôle de soi nous ouvrent aux autres, aux opportunités de l’existence et à la possibilité de nous approprier un projet de vie qui soit l’expression directe de nous-même.
Ce n’est pas tant le but qui importe que la trajectoire. Ce qui transforme la vie réside souvent moins dans la réalisation d’un idéal que dans l’effort auquel on consent pour y parvenir.
L’important est de savoir, de sentir, que chaque jour nous offre l’opportunité de progresser sur une voie singulière, décidée en pleine conscience. Autrement dit, il n’est pas un jour qui ne nous offre l’occasion de nous libérer de tout ce qui entrave notre énergie, tous ces blocages que l’on attribue parfois au monde extérieur et qui trouvent souvent leur origine en nous-même.
Méditation Nécessaire pour retrouver la juste voie, celle qui permet de rester droit envers soi-même, c’est-à-dire de conserver le cap que l’on s’est fixé. En quelque sorte, méditer revient à se créer un environnement unique. Un écosystème à usage personnel.
S’il s’agit d’être heureux, il s’agit surtout de décider de l’être. C’est la décision qui fait sens.
Montagnard (Le pas du)
Il est bon et nécessaire de contempler le sommet que nous visons, mais nous ne devons jamais douter que l’escalader requerra du temps et de la méthode.
Nous sommes toujours en construction, toujours en quête, toujours en trajectoire. Ce qui est une chance inouïe, car nous pouvons toujours mieux faire. Nous nous adaptons toujours mieux à la vie…Là où nous pensions être arrivés, elle nous offre une nouvelle opportunité.
Nostalgie Le creuset de nos projets
Alors, par notre volonté de tirer tout leur miel de nos souvenirs, le passé ne sera plus le cimetière des occasions perdues, mais le creuset de nos projets.
Nourrir (L’art de se) Nous sommes ce que nous mangeons
Se connaître soi-même, savoir distinguer plaisirs et besoins, persévérance et entêtement, voilà qui constitue la base préalable à toute réforme de son régime alimentaire.
Ordre (et désordre) Savoir se remettre dans l’axe
Si nous avons les deux pieds dans l’ordre, nous nous statufions, nous nous stratifions, nous nous sclérosons. Mais si nous entrons dans le désordre, nous pénétrons dans un tourbillon infernal. Il nous faut donc guider notre projet entre ces deux pôles.
Peur Affronter cette mer d’incertitude
En nous engageant pleinement dans les 20% de cette mer d’incertitude, nous serons déjà allés bien plus loin que ce que nous connaissons, et ce gain annihile déjà tout bien-fondé à la notion d’échec. Ces 20% représentent l’expérience nouvelle, celle dont nous pourrons tirer les richesses nécessaires à la continuation de notre projet.
Projet Indispensable, qu’il soit modeste ou ambitieux, raisonnable ou démesuré
Nous disposons tous d’un réservoir infini d’énergie, mais trop peu d’entre nous en prennent conscience. Or il n’est qu’un moyen de mobiliser cette énergie : avoir un projet…Il s’agit seulement de comprendre que l’énergie naîtra de la définition sincère de ce projet et de ce que nous serons prêts à lui sacrifier.
Un projet à la fois, ce n’est déjà pas si mal. Surtout si l’on sait qu’un projet construit toujours le suivant.
Rêve À chacun sa propre grandeur
Nourrir un rêve, c’est toujours cultiver un idéal…Cet idéal n’est autre que l’expression du chemin de vie que nous nous sommes fixé, de notre désir de nous sentir grand dans l’existence. Aussi une vie entière ne sera-t-elle jamais de trop pour chercher à l’atteindre. C’est d’ailleurs ce qui fait la beauté de notre passage sur Terre.
Réveil Respecter son fil conducteur
Nous en revenons toujours, in fine, à la nécessité d’être présent à soi-même et de faire précéder nos gestes de la pensée de nos gestes.
Dès mes premiers gestes, je suis maître de mon projet. Dès la première substance avalée ou bue, je ne donne pas seulement à mon corps le carburant dont il a besoin, mais je mets mon esprit dans les conditions idéales pour gagner sérénité et confiance en soi.
Rigueur Une exigence que l’on doit à soi-même
Dans le shitsuke japonais, la rigueur est un projet. En inversant les termes, disons que c’est parce que nous avons un projet que nous y mettrons la rigueur nécessaire.
Se tenir à ce projet de micro-changement, c’est déjà faire preuve de rigueur. Celle-ci s’amorce au moment où on initie l’effort de faire le premier pas, puis de penser chaque journée comme une nouvelle étape disponible à un nouveau progrès. Ce qui revient à être loyal avec soi-même.
Rire Une madeleine de Proust
Ryokan Harmonie, tempérance, sérénité et respect
Je ne peux que rendre hommage à ceux qui, par-delà les siècles, entretiennent et transmettent avec sagesse et soin cette tradition d’harmonie, de tempérance, de sérénité et de respect, les quatre principes fondateurs de la voie du thé.
Sacrifice « Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu » Hélie Denoix de Saint-Marc
La constance et l’opiniâtreté –la rigueur- conditionnent la définition et la mise en œuvre de tout projet de vie…Une fois que nous savons ce que nous voulons, il va très tôt falloir identifier ce que nous sommes prêts à sacrifier de notre écosystème, de notre zone de confort, pour transformer enfin notre projet en réalisation.
Rigueur, engagement et régularité sont définitivement inconciliables avec toute velléité.
S’alléger Ce qui, hier, nous donnait des ailes peut finir, aujourd’hui, par nous lester
Et pour gravir les sommets, il faut savoir s’alléger.
Satori La force du présent
Il faut insister sur la nature transitoire du satori (la force du présent, la compréhension soudaine de l’essence, la signification d’un moment qui vous envahit de façon intime), par opposition à la permanence du nirvana qu’on retrouve dans les traditions bouddhiques de l’Inde.
Silence Un vecteur d’excellence
N’oublions pas que la pollution sonore est l’une des principales pollutions actuelles.
Temps Le plus beau des cadeaux
Une des règles de base que je m’impose et que j’impose à tous mes employés ou à tous les élèves de nos centres de formation, est de ne jamais être en retard.
Tristesse Ne pas s’y complaire
C’est la tristesse qui vient à moi. Aussi la sais-je provisoire. C’est ainsi que je vis : en refusant que mes émotions remettent en cause mon être profond.
Vérité Nécessaire mais pas toujours aimable
La vérité ne s’appréhende que par la compréhension des contraires.
Zen Préférer les passerelles aux murs
Le zen est pour moi une philosophie de vie, positive et bienveillante, qui préfère les passerelles aux murs. Qui considère l’instant présent comme une multitude de petits points de vie, pleinement remplis. Qui, analysant notre cheminement de vie, sait que le passé est passé et que le futur, quand nous y sommes, est le présent.
*
Emetteur du verbatim : François C
LES CHEMINS DE L’ESSENTIEL - Tout ce qu’il faut avoir lu, vu, écouté et tenté de Jacques ATTALI - Ed. Fayard
Une vie joyeuse, heureuse, bonne, libre, épanouie ne l’est vraiment que si on la traverse en ayant la chance, entre autres joies, de rencontrer, de profiter, de jouir, aussi souvent que possible, des plus grands chefs-d’œuvre de la création humaine. Plus encore, la fréquentation régulière de ces livres, films, œuvres musicales et œuvres d’art essentiels constitue un formidable moyen de découvrir les autres et le monde ; de se découvrir et d’avoir accès à de nouvelles dimensions du bonheur et de la réussite.
Première partie LES CHEMINS
Ch. 1 Plus que jamais disponible, l’essentiel est fui
. L’essentiel est de plus en plus abondant
. L’essentiel est plus que jamais disponible
. Les œuvres majeures sont de moins en moins fréquentées
. Une préférence pour le nouveau Or, aujourd’hui, le flux, devenu planétaire, est si envahissant que presque plus personne ne prend plus le temps de s’intéresser au stock.
. Une préférence pour le facile
. Une préférence pour la conversation
. Une illusion d’éloigner la mort De fait, bien des gens, approchant de la fin, regrettent de n’avoir pas assez lu, vu, entendu, tenté, partagé. Et quand ils se décident enfin à le faire, il est souvent trop tard : ils n’ont plus ni les yeux, ni les oreilles, ni le cerveau, ni les jambes pour parcourir les chemins de l’essentiel. Et souvent, ils n’ont plus personne avec qui les partager.
Ch. 2 Deux pratiques sociales ouvrent les chemins de l’essentiel
. Le rôle de la famille
. Le rôle de l’école
L’école ni la famille ne suffisent donc pas à donner accès à l’essentiel. Il faut, en plus, le vouloir. Et vouloir le vouloir. Dès l’enfance, puis dans l’adolescence et tout au long de la vie.
Ch. 3 Six pratiques individuelles ouvrent les chemins de l’essentiel
. Première pratique : le respect de soi Pour trouver de l’intérêt à l’essentiel, il faut d’abord trouver de l’intérêt à soi-même ; prendre conscience de l’unicité de sa vie et de la possibilité de la mener au plus haut ; il faut prendre confiance en soi, s’aimer, se prendre au sérieux. Se respecter.
. Deuxième pratique : la ténacité La capacité à ne pas renoncer, à fournir un effort soutenu et durable, à s’imposer à soi-même une règle, une discipline, même difficile, et à s’y tenir est la deuxième pratique essentielle.
. Troisième pratique : la répétition C’est dans la pratique de la répétition, que rend possible la ténacité, que se trouve la clé de l’accès à l’essentiel.
. Quatrième pratique : l’admiration L’admiration est un formidable remède contre la mélancolie, un des moyens premiers de la consolation, une voie vers l’empathie et l’altruisme.
. Cinquième pratique : le sens critique Admirer se mérite. Et critiquer se construit. Et c’est aussi dans la critique, dans l’exigence extrême, que se construit l’essentiel.
. Sixième pratique : le partage La littérature, la musique, le cinéma, les œuvres d’art sont autant d’occasions de partager, de débattre avec passion d’un roman, d’un essai, d’un film, d’un tableau, d’une chanson.
Ch. 4 Comment choisir le contenu de l’essentiel ?
. L’essentiel est fait de spécifique Une œuvre est d’autant plus essentielle qu’elle exprime la spécificité de celle, celui ou ceux qui l’ont créée ; qu’elle porte leur voix, par-delà les montagnes et les générations.
. L’essentiel est universel Plus encore que l’expression de sentiments universels, toutes les œuvres essentielles dans tous les domaines, dans toutes les cultures, dans toutes les formes d’art, ont un point commun : elles racontent une histoire.
. L’essentiel est l’œuvre du temps Le temps est un excellent filtre. Même si l’Histoire n’est pas toujours juste et si elle ne garde pas toujours trace des grands génies, elle ne garde presque jamais non plus trace d’artistes non essentiels.
. L’essentiel est apparemment inutile
. Comment recenser l’essentiel ?
Deuxième partie L’ESSENTIEL
Ch. 1 Les romans
Les dix œuvres essentielles
. Murasaki SHIKIBU Le Dit du Genji XIème siècle
. Miguel de CERVANTES l’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche 1605 et 1615
. Les frères GRIMM Contes de l’enfance et du foyer 1812-1857
. Alexandre DUMAS Le Comte de Monte-Cristo 1844-1846
. Herman MELVILLE Moby Dick 1851
. Gustave FLAUBERT Madame Bovary 1857
. Léon TOLSTOÏ Guerre et Paix 1865-1869
. CELINE Voyage au bout de la nuit 1932
. Gabriel Garcia MARQUEZ Cent ans de solitude 1967
. Albert COHEN Belle du Seigneur 1968
Les trente
. SOMADEVA XIème siècle Océan des rivières des contes
. Environ 1170 Le Roman de Tristan et Iseut
. Anonyme IXème-XIVème siècle Les Mille et Une Nuits
. Luo GUANSHONG XIVème siècle Les Trois Royaumes
. Jonathan SWIFT 1726 Les Voyages de Gulliver
. Jane AUSTEN 1813 Orgueil et préjugés
. Benjamin CONSTANT 1816 Adolphe
. STENDHAL 1830 Le Rouge et le Noir
. Alexandre DUMAS 1844 Les Trois Mousquetaires
. Charles DICKENS 1850 David Copperfield
. Fiodor DOSTOÏEVSKI 1879 Les Frères Karamazov
. Henry JAMES 1880 Washington Square
. Selma LAGERLÖF 1891 La Légende de Gösta Berling
. Marcel PROUST 1919 A l’ombre des jeunes filles en fleurs
. Italo SVEVO 1923 La Conscience de Zeno
. Stefan ZWEIG 1927 La Confusion des sentiments
. Mikhaïl BOULGAKOV 1927 Récits d’un jeune médecin suivi de Morphine
. D.H. LAWRENCE 1928 L’amant de Lady Chatterley
. Leo PERUTZ 1936 Le Cavalier suédois
. Albert CAMUS 1942 L’Etranger
. Vassili GROSSMAN 1945 La Dernière Lettre
. Richard MATHESON 1954 Je suis une légende
. Michel BUTOR 1957 La Modification
. Harper LEE 1960 Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
. Dino BUZZATI 1966 Le K
. Carlos CASTANEDA 1968 L’Herbe du di able et la Petite Fumée
. Ismaël KADARE 1980 Qui a ramené Doruntine ?
. Marguerite DURAS 1984 L’Amant
. Philip ROTH 1993 Opération Shylock : une confession
. Siri HUSTVEDT 2003 Tout ce que j’aimais
Les cent autres
Ch. 2 Les autres œuvres littéraires
Histoires, journaux intimes, correspondance et autobiographies
. THUCYDIDE Vème siècle avant notre ère La Guerre du Péloponnèse
. Sima QUIAN 1er siècle Shiji ou Mémoires historiques
. TITE-LIVE 1er siècle avant-1er siècle après notre ère Histoire de Rome depuis sa fondation
. Philippe de COMMYNES 1524-1528 Mémoires
. Bartolomé de LAS CASAS 1552 Très brève relation de la destruction des Indes
. MONTAIGNE 1592 Essais
. Samuel PEPYS 1669 Journal
. Madame de SEVIGNE débute autour de 1670 Correspondance
. Cardinal de RETZ 1675-1677 Mémoires
. Denis DIDEROT 1748-1793 Correspondance
. François-René de CHATEAUBRIAND 1849-1850 Mémoires d’outre-tombe
. Henry David THOREAU 1854 Walden ou la Vie dans les bois
. Gustave FLAUBERT 1887-1893 Correspondance
. Ernst JÜNGER 1920 Orages d’acier
. Paul NIZAN 1931 Aden Arabie
. Stefan ZWEIG 1943 Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen
. Esther « Etty » HILLESUM 1941 à 1943 Une vie bouleversée
. Carlo LEVI 1945 Le Christ s’est arrêté à Eboli
. Anne FRANK 1947 Le journal d’Anne Frank
. Winston CHURCHILL 1948-1953 Mémoires
. Primo LEVI 1947 Si c’est un homme
. Hannah ARENDT 1963 Eichmann à Jérusalem
. Jean-Paul SARTRE 1964 Les Mots
. Wilfred THESIGER 1964 Les Arabes des marais
. Anaïs NIN 1966-1982 Journal et Journal d’enfance
. Alexandre SOLJENITSYNE 1973 L’Archipel du Goulag
. Angela DAVIS 1974 Autobiographie
. William STYRON 1979 Le choix de Sophie
. Fernando PESSOA 1982 Le Livre de l’intranquillité
. Ishmael BEAH 2007 Le Chemin parcouru
Essais et textes philosophiques et métaphysiques
(De -800 à -500) Upanishad
(Entre -500 et -200) Bhagavad-Gita
Lao TSEU, milieu du VIème-milieu du Vème siècle Tao Tö King
ARISTOTE -349 Ethique à Nicomaque
Vers -200 Les Maximes des Pères (recueil de maximes tirées de la Torah)
AVERROèS 1179 Discours décisif
THOMAS d’AQUIN 1266 Somme théologique
MACHIAVEL 1532 Le Prince
Moderata FONTE 1600 Le Mérite des femmes
DESCARTES 1637 Discours de la méthode
HOBBES 1651 Léviathan
PASCAL 1670 Pensées
SPINOZA 1677 Ethique
ROUSSEAU 1755 Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
VOLTAIRE 1763 Traité sur la tolérance
HEGEL 1807 Phénoménologie de l’esprit
TOCQUEVILLE 1835 (tome I) et 1840 (tome II) De la démocratie en Amérique
MARX 1848 Manifeste du parti communiste
NIETZSCHE 1887 Généalogie de la morale
FREUD 1899 L’Interprétation des rêves
Virginia WOOLF 1929 Une chambre à soi
Simone de BEAUVOIR 1949 Le Deuxième Sexe
Richard M. HARE 1952 The Language of Morals
WITTGENSTEIN 1953 Investigations philosophiques
KRISHNAMURTI 1963 Le Sens du bonheur
René GIRARD 1972 La Violence et le Sacré
Paul EKMAN 2003 Emotions revealed
Amartya SEN 2005 The Argumentative Indian
Nassim Nicholas TALEB 2006 Le Cygne noir
Dilgo Khyentsé RINPOCHE 2008 Au cœur de la compassion
Théâtre
ESCHYLE -472 Les Perses
SOPHOCLE -441 Antigone
EURIPIDE -431 Médée
SHAKESPEARE 1599 Henri V
SHAKESPEARE 1610 La Tempête
Pedro CALDERON de la BARCA 1635 La vie est un songe
MOLIERE 1666 Le Misanthrope
RACINE 1670 Bérénice
MARIVAUX 1730 Le Jeu de l’amour et du hasard
GOLDONI 1745 Arlequin valet de deux maîtres
LESSING 1779 Nathan le sage
SCHILLER 1782 Les Brigands
GOETHE 1808 Faust
HUGO 1833 Lucrèce Borgia
MUSSET 1834 Lorenzaccio
LABICHE 1851 Un chapeau de paille d’Italie
STRINDBERG 1888 Mademoiselle Julie
IBSEN 1890 Hedda Gabler
Oscar WILDE 1895 The Importance of Being Earnest
TCHEKHOV 1897 Oncle Vania
Edmond ROSTAND 1897 Cyrano de Bergerac
PIRANDELLO 1921 Six personnages en quête d’auteur
Bertolt BRECHT 1941 La Résistible Ascension d’Arturo Ui
Tennessee WILLIAMS 1947 Un tramway nommé désir
Samuel BECKETT 1948 En attendant Godot
Wole SOYINKA 1959 Les Gens du marais
ANOUILH 1959 Becket, ou l’honneur de Dieu
IONESCO 1962 Le roi se meurt
Edward ALBEE 1962 Qui a peur de Virginia Woolf ?
Harold PINTER 1978 Trahisons
Poésie
Cantique des cantiques XIème siècle avant notre ère
HOMERE VIIIème siècle avant notre ère Odyssée
Le Livre des Psaumes VIème-1er siècle avant notre ère
OVIDE 1er siècle Métamorphoses
Abu I-FARAJ al-ISFAHÂNI 960 Livre des chants
Omar KHAYYÂM XIème siècle Rubayât
Djalâl ad-DÎN RÛMÎ XIIIème siècle Mathnawî
DANTE 1304-1307 Enfer
Christine de PISAN 1402 Le Dit de la Rose
Louise LABE 1555 Elégies et sonnets
SHAKESPEARE 1609 Sonnets
MILTON 1667 Le Paradis perdu
LA FONTAINE 1668-1694 Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine
Matsuo BASHÖ 1672-1694 Haïkus
COLERIDGE 1797-1799 La Complainte du vieux marin
LEOPARDI 1819 L’Infini
KEATS 1820 Hyperion
HEINE 1827 Le Livre des chants
Walt WHITMAN 1855 Feuilles d’herbe
HUGO 1856 Les Contemplations
BAUDELAIRE 1857 Les Fleurs du mal
VERLAINE 1866 Poèmes saturniens
RIMBAUD 1875 « Le cœur supplicié »
APOLLINAIRE 1913 Alcools et 1918 Calligrammes
Marina TSVETAÏEVA 1913 Le ciel brûle
Paul VALERY 1920 Le Cimetière marin
Khalil GIBRAN 1923 Le prophète
Federico Garcia LORCA 1935 Chant funèbre…
Pablo NERUDA 1950 Chant général
SENGHOR 1956 Ethiopiques
Ch. 3. Les films
Dix chefs-d’œuvre pour approcher le cinéma
Charlie CHAPLIN 1940 Le Dictateur
Orson WELLES 1941 Citizen Kane
Ernst LUBITSCH 1942 To Be or Not to Be
Marcel CARNE 1945 Les Enfants du paradis
Vittorio DE SICA 1948 Le Voleur de bicyclette
Stanley KUBRICK 1957 Les sentiers de la gloire
Akira KUROSAWA 1970 Dodes’kaden
Luchino VISCONTI 1971 Mort à Venise
Michael CIMINO 1978 Voyage au bout de l’enfer
Deepa MEHTA 2005 Water
Trente autres chefs-d’œuvre à peine plus difficiles d’accès
Buster KEATON (1926)Le Mécano de la « General »
Leo Mc CAREY 1933 La Soupe au canard
Jean RENOIR 1937 La Grande Illusion
Frank CAPRA 1939 Monsieur Smith va au Sénat
Victor FLEMING 1939 Autant en emporte le vent
John FORD 1939 La Chevauchée fantastique
Victor FLEMING 1939 Le Magicien d’Oz
Michael CURTIZ 1942 Casablanca
Alfred HITCHCOCK 1946 Les Enchaînés
Carol REED 1949Le Troisième Homme
Kenji MIZOGUCHI 1953 Les Contes de la lune vague après la pluie
Luchino VISCONTI 1954 Senso
Charles LAUGHTON 1955 La Nuit du chasseur
Leo Mc CAREY 1957 Elle et lui
William WYLER 1959 Ben Hur
David LEAN 1962 Lawrence d’Arabie
Raj KAPOOR 1964 Sangam
Michelangelo ANTONIONI 1966 Blow-Up
Stanley KUBRICK 1968 2001 : L’Odyssée de l’espace
Dennis HOOPER 1969 Easy Rider
Andreï TARKOVSKI 1969 Andreï Roublëv
Francis Ford COPPOLA 1972 Le Parrain
WOODY ALLEN 1977 Annie Hall
Steven SPIELBERG 1982 E.T ., l’extra-terrestre
Hayao MIYAZAKI 2001 Le Voyage de Chihiro
Park CHAN-WOOK 2003 Old Boy
James CAMERON 2009 Avatar
Michael HANEKE 2012 Amour
Paolo SORRENTINO 2013 La Grande Belleza
Les cent autres films essentiels
Les séries
Aaron SORKIN 1999-2006 A la Maison-Blanche (The West Wing)
David SIMON 2002-2008 Sur écoute (The Wire)
Julian FELLOWES 2010-2015 Downtown Abbey
Hagai LEVI 2008-2010 En analyse (In Treatment)
Charlie BROOKER 2011-2018 Black Mirror
Alexandra CLERT et Guy-Patrick SAINDERICHIN 2005-2018 Engrenages
Adam PRICE 2010-2013 Borgen, une femme au pouvoir
Lior RAZ et Avi ISSACHAROFF 2015 Fauda
Sebastian ORTEGA et Adrian CAETANO 2016 El marginal
Alex PINA 2017 La casa de papel
Ch. 4 La musique
Les dix œuvres essentielles
Jean-Sébastien BACH 1742 Les Variations Goldberg
MOZART 1791 Ave verum
BEETHOVEN 1827 Le 14ème Quatuor
BELLINI 1831 « Casta Diva » dans Norma
LISZT 1853 La Bénédiction de Dieu dans la solitude
RACHMANINOV 1901 Le 2ème Concerto pour piano
MAHLER 1902 L’adagietto de la 5ème symphonie
Richard STRAUSS 1911 Le trio final de l’opéra Le Chevalier à la rose
Thelonius MONK 1954 Blue Monk
The BEATLES 1968 White Album
Les trente
ZIRYAB (début du IXème siècle) Les 24 Noubas
Hildegarde de BINGEN 1160 Ave Generosa
Jean-Sébastien BACH 1723 Les Suites pour violoncelle
VIVALDI 1725 Les Quatre Saisons
PERGOLESE 1736 Stabat Mater
HAENDEL 1741 Le Messie
MOZART 1786 Les Noces de Figaro
BEETHOVEN 1811 5ème Concerto pour piano
Robert SCHUMANN 1838 Scènes d’enfants
ROSSINI 1842 Stabat Mater
CHOPIN 1844 Le largo de la 3ème Sonate
LISZT 1847 2ème Rhapsodie
MENDELSSOHN 1860 Romances sans paroles
TCHAÏKOVSKI 1875 1er Concerto pour piano
BIZET 1875 Carmen
WAGNER 1882 Parsifal
MASSENET 1894 Ma Méditation de Thaïs
Richard STRAUSS 1894 Morgen et Wiegenlied
PUCCINI 1896 La Bohème
1896 Arirang : Musique traditionnelle coréenne.
RACHMANINOV 1912 Vocalise
Ernest BLOCH 1924 Prière
RAVEL 1931 Le Concerto en sol
Samuel BARBER 1936 Adagio
Richard STRAUSS 1946 Métamorphoses
John COLTRANE 1964 A Love Supreme
Nina SIMONE 1965 Feeling Good et 1971 Mr Bojangles
Woodstock 1969
QUEEN 1975 Bohemian Rhapsody
Philip GLASS 1995 Quatuor
Les cent autres
Ch. 5 Les œuvres d’art
Les dix œuvres essentielles
ANONYME 300-900 Dualidad
ANONYME XIIème siècle Le buste de Jayavarman VII
Léonard de VINCI 1495-1498 La Cène
Hans HOLBEIN le JEUNE 1527 Portrait de Sir Thomas More
Pieter BRUEGHEL l’ANCIEN 1559 Le Combat de Carnaval et Carême
CARAVAGE 1607 Portrait d’Alof de Wignacourt
REMBRANDT 1655 Bœuf écorché
GOYA 1805 Portrait d’Isabelle Porcel
PICASSO 1907 Les Demoiselles d’Avignon
MIRO 1949 Femme et oiseau au clair de lune
Les trente
ANONYME Lascaux, grotte peinte il y a environ 17 000 ans en Dordogne
SCULPTEURS de RHODES -40 Le Laocoon
ANONYME vers 1100 Tête d’Ife
BOTTICELLI entre 1484 er 1486 La Naissance de Vénus
MICHEL-ANGE 1501-1504 David
Léonard de VINCI 1503 La Joconde
Mathias GRUNEWALD 1512-1516 Retable d’Issenheim
Artemisia GENTILESCHI 1612 Danaé
REMBRANDT 1642 La Ronde de nuit
VELASQUEZ 1656 Les Ménines
VERMEER 1665 La Jeune Fille à la perle
GAINSBOROUGH 1779 L’Enfant bleu
Anne-Louis GIRODET 1808 Atala au tombeau
CONSTABLE 1810 Paysage avec cottages
INGRES 1814 La Grande Odalisque
GERICAULT 1818-1819 Le Radeau de la Méduse
HOKUSAI 1830 La Grande Vague de Kanagawa
Claude MONET 1847 Impression soleil levant
VAN GOGH 1888 Les Tournesols
Edward MUNCH 1893 Le Cri
Sir Frederic LEIGHTON 1895 Flaming June
CEZANNE 1898 La Montagne Sainte-Victoire
KLIMT 1908-1909 Le Baiser
Edward HOPPER 1914 Soir bleu
Claude MONET 1890-1926 Les Nymphéas
Pablo GARGALLO 1933 Le Prophète
PICASSO 1937 Guernica
Frida KAHLO 1939 Les Deux Fridas
Francis BACON 1953 Etude d’après le portrait du pape Innocent X par Vélasquez
Gerhard RICHTER 1988 Betty
Les cent autres
Ch. 6 Les lieux
Les dix essentiels absolus
Vézelay : L’abbaye Sainte-Marie-Madeleine
Venise
Al-Ula
Vârânasî ou Bénarès
Angkor Vat
Monastère de Taktshang
Xi’an
L’île de Pâques
Jardin zen du Ryoan-ji
Palenque
Trente autres lieux essentiels virtuellement visitables
Le château de Versailles
Notre-Dame à Paris
Le Baptistère à Florence
Le château de Schönbrunn à Vienne
La mosquée/cathédrale de Cordoue
Les canaux de Bruges
Les Fjords islandais
Les palais de Saint-Petersbourg
Le Kremlin de Moscou
Sainte-Sophie à Istanbul
Les lieux saints à Jérusalem
Les ruines de Petra en Jordanie
Les pyramides en Egypte
Les cathédrales souterraines, à Lalibela en Ethiopie
Band I Amir en Afghanistan
La cité de Khiva, en Ouzbékistan
Le Taj Mahal en Inde
Le temple de marbre blanc de Ranakpur en Inde
Le lac Inle au Myanmar
Le monastère de Samyé au Tibet
Les gorges de Guilin en Chine
La vallée de l’Orkhon en Mongolie
Monument Valley aux Etats-Unis
San Juan Chamula, dans le Chiapas
Le temple de Tulum au Mexique
Les temples de Chichen Itza au Mexique
Le Machu Picchu au Pérou
Les géoglyphes de Nazca au Pérou
Le désert de sel «(salar d’Uyuni) en Bolivie
La Papouasie-Nouvelle-Guinée
Et trente musées virtuellement visitables
Le musée du Louvre à Paris
Le musée d’Orsay à Paris
Le Centre Pompidou à Paris
Le musée Groeninge de Bruges
Le musée Tervuren à Bruxelles
Le Rijkmuseum d’Amsterdam
La Tate Britain à Londres
Le British Museum à Londres
La Tate Modern à Londres
La National Gallery à Londres
Le Kunsthistorisches Museum de Vienne
Le Pergamon à Berlin
La pinacothèque de Munich
Le musée des Offices à Florence
Le musée de Florence Gould à Venise
Le musée Pinault à Venise
Le musée Pouchkine à Moscou
Le musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg
Le MoMA à New York
Le Lacma à Los Angeles
La Getty Collection à Los Angeles
Le Museo Nacional de Antropologia à Mexico City
Le musée de la Venta au Mexique
Le musée de l’or à Lima
Le musée du Caire
Le Naoshima Museum au Japon
Le musée de Shanghaï
Le musée national du Palais de Taipei
Troisième partie LA BONNE VIE
Combien de temps faut-il pour parcourir les chemins de l’essentiel ?
Une heure par semaine entre 25 et 65 ans.
En quoi la découverte de l’essentiel nous change-t-elle ? Cela développe quatre autres qualités, complémentaires et fort utiles dans la conduite de la vie :
- La maîtrise de soi
L’essentiel permet ainsi de résister aux pulsions de l’instant, d’aiguiser son jugement, de remettre toutes les choses en perspective, de relativiser les émotions, d’atteindre une certaine maîtrise de soi.- La perception des autres
Rien mieux que l’essentiel ne permet de se mettre à la place de l’autre…C’est ainsi le meilleur rempart contre l’intolérance, le manque de respect, la violence.- La capacité d’anticipation
Ainsi l’essentiel est-il au cœur de ce qu’il nous faut transmettre aux générations suivantes : les moyens d’anticiper, en puisant dans la plus large possible bibliothèque de comportements et de stratégies.- Le désir de se dépasser
Avec de la ténacité, de l’humilité, du travail, de l’envie, aucune porte ne résiste. A personne.Au total, ces dix pratiques (le respect de soi, la ténacité, la répétition, l’admiration, le sens critique, le goût du partage, la maîtrise de soi, la perception des autres, la capacité d’anticipation, le dépassement de soi) forment un ensemble qui démultiplie les moyens de la confiance en soi, de l’accès au bonheur.
*
Emetteur du verbatim : François C.
ALTITUDES - Ascensions d’un alpiniste et chef d’entreprise engagé de Luc BOISNARD - Ed. Alisio
LES CONSEILS DU LEADER REVEUR
. Soyez une personne inspirante, un mentor et un facteur déclenchant.
. Faites souffler le vent de la liberté et de l’entrepreneuriat au sein de vos équipes, de vos amis, de vos relations.
. Réalisez vos rêves et « devenez la meilleure version de vous-même « (Pascal de Clermont).
. « Utopisez » votre quotidien.
. Travaillez sur vos passions et « vous pouvez être ce que vous voulez être » (Paul Arden).
. Créer son entreprise est sans doute la meilleure manière de rester proche de ce qui vous fait rêver.
. Entreprendre, c’est un état d’esprit plutôt qu’un diplôme.
LES CONSEILS ATYPIQUES
. L’atypique possède une pensée composite.
. On ne naît pas atypique, on le devient.
. Faites de votre différence une force.
. Montrez qu’on peut voir différemment, qu’on peut faire autrement.
. Adoptez l’esprit variante en toute circonstance.
. Préservez votre indépendance et votre liberté de parole.
. L’atypique est authentique. Sa « manière d’être » bouscule les codes et opère des métamorphoses, fait apparaître de nouvelles réalités, ouvre vers de nouvelles valeurs.
LES IMPOSSIBLES CONSEILS DU MANAGER
. Plus l’objectif est ambitieux, plus grande est la satisfaction de la réussite.
. Annoncez la couleur de vos objectifs, cela met une douce pression.
. N’écoutez pas les chimères, mais écoutez votre cœur.
. Montrez aux autres que c’est possible.
. Renversez la vapeur, transformez l’impossible en facile, en possible, en plausible, en concevable, en probable.
. Pour mettre en route la machine à aller vers l’impossible, ne pas oublier de mettre la machine à organiser en marche sur le mode projet.
LES CONSEILS ANTICIPATOIRES
. « Si tu choisis une voie, mets tous les atouts de ton côté et ne fais pas les choses à moitié. » Tony Estanguet
. Entourez-vous des meilleurs.
. N’anticipez que les choses, les événements sur lesquels vous avez réellement prise ou une influence directe.
. Ne dépensez pas d’énergie pour les choses sans importance ou celles sur lesquelles vous n’avez aucune influence (météo,…).
. L’anticipation est un FCS (facteur clé de succès) pour la réussite. Avez-vous fait tout ce qu’il était possible de faire pour atteindre votre objectif ?
. Anticiper, c’est modéliser.
. Anticiper, c’est bien ; s’adapter, c’est bien aussi.
. Anticiper, c’est prévoir surtout l’imprévisible.
LES CONSEILS INCONFORTABLES
. Un bureau, c’est comme un duvet tout chaud. Alors, réveillez-vous, c’est dehors que ça se passe !
. Chez vos clients, vous trouverez l’essentiel des réponses à vos questions.
. Ne réfléchissez pas en termes de conviction personnelle mais en termes d’intérêt supérieur de l’entreprise.
. Lancez-vous sur les pentes de l’inconfort des nouveaux marchés.
. Sortez de vos propres convictions, de vos préjugés. Pratiquez le contradictoire.
LES CONSEILS EN DEPASSEMENT
. Pour bien se dépasser, il ne faut pas aller trop vite.
. Le mental est la clé du moteur du dépassement de soi.
. Explorez vos limites physiques et psychologiques et repoussez-les.
. Fouillez votre inconscient pour identifier vos limites personnelles.
. Dépassement de soi dit aussi repos et récupération.
. Les fausses bonnes idées des séminaires de dépassement de soi.
. Le dépassement de soi est strictement personnel.
. Le dépassement de soi est une forme de quête de l’excellence personnelle.
. Dans le dépassement de soi, l’adversaire c’est soi-même et les contraintes arbitraires que nous nous fixons.
. Considération et reconnaissance : guider les autres vers les chemins de l’excellence.
LES CONSEILS DU LEADER SOLITAIRE
. Ne pas aimer la solitude est un déni d’intimité.
. La solitude est une arme fatale pour celui qui s’y instruit.
. La seule véritable façon de gérer la solitude : être en accord avec soi-même, se respecter.
. Mettez à profit les vrais instants de solitude pour trouver votre inspiration.
. La solitude grandit celui ou celle qui s’y confronte.
. Exercez-vous à la solitude consciente.
. Aménagez-vous des temps de « coupure ». L’état « paradoxal » de la solitude permet de se retrouver ou de se préserver, pour finalement se relier à ce qui nous est essentiel.
. Moments d’intimité, et non d’isolement, au sommet de l’Everest, dans un monastère ou un hall de gare pour « séjourner » en soi, disaient les sages antiques.
LES CONSEILS EQUILIBRéS
Equilibre
. Vous savez quand vous n’êtes plus en harmonie, en symétrie.
. Faites des choses qui vous élèvent spirituellement, physiquement, intellectuellement.
. Evaluez les demandes et faites les choix qui sont bons pour vous. Arrêtez de vous voiler la face.
Ethique
. Quelles sont vos valeurs ? la confiance ? Le respect ?
. Quelles contradictions êtes-vous prêt à accepter ?
. Quelles sont les actions, les faits dont vous n’êtes vraiment pas fier ?
Esthétique
. Pensez harmonie, rayonnement, lumineux.
. Les victoires sont plus belles que tout le reste.
. Soyez les porte-parole d’un management élégant et fair-play.
. N’oubliez jamais l’immense beauté de la nature.
LES CONSEILS DE « L’INTUITEUR »
. « Intuiter » ne s’apprend pas. Nous ne sommes pas tous égaux devant l’intuition.
. Consignez dans un carnet les situations que vous avez « intuitées », comparez les résultats et recommencez.
. Ouvrez votre cœur et apprenez à détecter les bonnes ondes autour de vous.
. Développez votre authenticité, votre marque de fabrique à vous.
. Développez votre sensibilité et votre perception des choses, écoutez votre troisième œil et votre sixième sens.
. Ne restez pas dans votre tour d’ivoire et ouvrez les écoutilles.
. Mettez un peu d’oxymores dans vos décisions et plus généralement dans votre vie, apprenez à vivre au feeling.
. L’intuition est l’apanage des développeurs.
. Suivez votre intuition avec un plan précis jusqu’au but désiré en faisant preuve d’une vision à long terme.
. Apprenez à gérer et à équilibrer vos contradictions.
. Nourrissez vos espoirs, pas vos regrets.
LES CONSEILS DU MANAGER LIBRE
. Le matin, commencez par allumer les moteurs de l’audace, de la volonté, du caractère, de la passion, de la détermination.
. Ne remettez jamais au lendemain ce que quelqu’un d’autre peut faire mieux à votre place le jour même.
. L’entreprise est un véritable laboratoire politique : tentez des expériences inédites. Composez des binômes improbables. Enrichissez-vous de différences réciproques.
. Découvrez les énergies qui font vibrer vos collaborateurs, faites-en des tremplins pour leur réussite et leur rayonnement personnels. N’oubliez jamais et ne sous-estimez jamais l’enjeu du couple autonomie/responsabilité.
. Prévenez vos équipes, autonomie rime avec responsabilité. Décider, c’est trancher. Et tout le monde ne peut pas décider.
. Pour le leader, la liberté, c’est aussi l’indépendance.
LES CONSEILS HUMORISTIQUES
. Commencez par rire de vous avant de rire des autres.
. Humble vous serez : parlez le « Nous » et pas le « Je ».
. Abandonnez l’arrogance, l’orgueil, l’ego et passez en mode lego, en mode construction.
. Créez les conditions d’une double adhésion : personnelle et collective.
. Exit les grincheux, nous, on veut se marrer.
. L’humour est une technique managériale à prendre au sérieux.
. Rire n’est pas une menace ni pour les chiffres ni pour la rentabilité.
. Rire est la plus belle émotion.
*
Emetteur : François C.
DEMEURE - Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel de François-Xavier BELLAMY - Grasset

Saisis par le rythme du quotidien, et n’osant pas nous avouer que notre vie passe devant nous sans que nous parvenions à savoir vers quel but elle va, ni ce qu’elle construit de durable.
Face au camp de l’être, il y a les « partisans du flux » (Protagoras, Empédocle…) : ceux qui affirment que la vie est du côté du mouvement, de la mobilité, du changement permanent.
Le relativisme contemporain empêche le dialogue : car tout dialogue authentique suppose ce lieu commun qu’est la vérité à atteindre, qui constitue l’horizon partagé par tous ceux qui prennent part à l’échange, quelle que soit la diversité de leurs convictions respectives.
Aristote identifie dans ce qui change quelque chose qui est en train de s’accomplir : un potentiel qui attend de devenir réalité.
Le mouvement existe, oui, et il n’est pas pure illusion, comme le pensait Parménide. Mais il n’est en fait qu’une transition entre deux états de stabilité, celui de la pure puissance et celui de l’acte pur.
Ce qui commence, avec ce passage vers l’héliocentrisme, ce n’est pas seulement une nouvelle étape de l’astronomie ; c’est une nouvelle ère, que l’on appelle la modernité.
Nous vivons depuis quelques décennies l’accomplissement de la modernité, qui se traduit simultanément par sa crise globale. De fait, il semble qu’aucun aspect de notre vie collective n’échappe aujourd’hui à cette crise : nous la voyons se manifester sur le plan philosophique, intellectuel et spirituel, mais aussi sur le terrain de la technique, de l’économie, des institutions, de la société…La nature elle-même est désormais dans une situation critique.
Le monde ancien s’est achevé. Dans le nouveau monde qui s’ouvre, on ne peut plus espérer s’arrêter un jour pour goûter le bonheur : il nous faudra toujours tenter d’accroître, d’augmenter, d’agrandir notre puissance, pour pouvoir rester mobiles – pour pouvoir rester vivants.
La vie est un mouvement, mais un mouvement dépourvu de tout but qui pourrait en marquer l’achèvement. Nous ne courons pas pour rejoindre le lieu où nous pourrions nous reposer, non : nous courons pour courir, et courir plus vite que les autres.
Non, dans ce monde désenchanté, le mouvement n’a plus de fin –plus d’autre fin que la mort : il est en fait toute la vie. Quand il s’achève, tout s’achève. Pour rester en vie, il faut tout faire pour continuer de courir.
La structure pascalienne du divertissement, c’est cette ruse inconsciente qui nous fournit sans cesse de nouveaux prétextes pour continuer à courir.
Et ainsi, nous sommes devenus pleinement fidèles à l’essence même de la modernité. Celle qui ne voit dans la vie humaine qu’une course sans autre fin qu’elle-même, et qui observe le monde comme un perpétuel mouvement qu’aucun terme ne viendra conclure.
La vertu antique consistait à s’affranchir de son époque. La vertu moderne consiste à être assez adaptable, assez souple, assez plastique, pour coïncider absolument avec elle.
Pour les « gens de n’importe où », être « de quelque part » c’est refuser l’ouverture, choisir le repli sur soi ; c’est aussi nier la réalité d’un monde en mouvement, le caractère inéluctable de la « globalisation », de la disparition des particularismes périmés dans le grand flux des échanges, auquel rien ne peut échapper.
Ces itinéraires des « migrants » ne sont une chance que s’ils ne nous obligent pas à perdre l’univers familier qui constitue l’une des premières conditions de nos vies : ils ne sont une promesse que s’ils ne voient pas s’évanouir le point d’arrivée espéré à mesure que nous l’approchons. Tout mouvement n’est pas un progrès.
En réalité, nos choix seront toujours contraints par des limites que la technique n’abolit jamais, qu’elle ne fait que déplacer. Toute nouvelle configuration technique comporte un nouvel ordre de contraintes.
Les innovations ne peuvent être décrites comme un progrès que relativement à un choix, dont nous sommes tous responsables : la définition de ce que nous considérons comme une priorité à respecter, comme une ressource à préserver, comme un bien à conserver.
Croire par principe dans la supériorité de l’avenir, c’est ignorer qu’il y a dans l’héritage de l’histoire, et dans la réalité du présent, des biens infinis qui méritent d’être admirés, d’être protégés et transmis…Plus le rythme du progrès technique accélère, plus s’accélère avec lui ce délaissement du réel.
Nouvel idéalisme et nouvelle religion, le transhumanisme est la forme la plus contemporaine du progressisme moderne, une expression parfaite de notre fascination pour le changement.
Reconnaître la valeur infinie de la vie humaine, l’aimer malgré ses limites et ses épreuves, c’est aussi s’inquiéter de sa fragilité, et éprouver une inévitable angoisse devant les risques qui la menacent, à commencer par la folie des hommes eux-mêmes ; si cette vie est un trésor irremplaçable, comment ne pas être inquiet qu’elle puisse sombrer, dans l’extinction écologique ou dans le fantasme techniciste ?
Aucun but n’est donné à ce changement promis : la politique de la transformation s’accomplit dans son mouvement même, dans sa transe permanente…La vraie question politique est : quelle direction devons-nous prendre ? Quel avenir voulons-nous ? Selon quels choix allons-nous le préparer ? En poursuivant quels buts ?
Il faut donc être infiniment modeste, quand on prétend…installer une « nouvelle société » : le risque est immense qu’on détruise cet ordre lentement mûri et irremplaçable dans sa complexité, sa souplesse, sa richesse, au regard desquelles nos capacités d’organisation sont bien peu de chose…En méprisant le passé au nom des promesses de l’avenir, c’est le présent que nous mettons en danger.
La dimension tragique de l’histoire, qui tient à cette équation constamment vérifiée : ce qu’il faut le plus de temps pour construire, c’est ce qu’il faut le moins de temps pour détruire.
« Que l’humanité soit » : ce premier principe de l’éthique du futur nous oblige à préserver la stabilité de l’humain, non seulement face au risque de la destruction, mais aussi devant la tentation de l’augmentation qui ne serait pour l’humanité qu’une autre manière de suicide collectif.
Il n’y a pas de lieu où Sisyphe puisse espérer poser définitivement son fardeau, et se reposer avec le sentiment du devoir accompli, de l’objectif atteint, du projet réalisé. Nous ressemblons à ce malheureux condamné lorsque nous nous imposons de continuer d’avancer sans que nous puissions nous représenter un point d’arrivée pour notre effort. Tout mouvement sans finalité est une malédiction absurde.
C’est cette réduction du politique à l’économique, et de l’économie à l’instantané, qui nous a conduits à perdre toute générosité envers l’avenir, et avec elle le sens même de la demeure. Ce principe a en effet pour conséquence nécessaire une incapacité profonde et nouvelle à penser le long terme, et à construire pour le long terme.
Vivre et habiter ce monde, exister et être un corps, suppose d’accepter un ordre de contraintes, une infinité de renoncements. Se trouver vraiment quelque part, c’est à chaque instant de cette présence renoncer à être ailleurs. Faire vraiment quelque chose, c’est ne pas faire tout le reste.
Ce qui doit nous préoccuper, c’est plutôt l’instrumentalisation de ces histoires au service d’un combat que nous semblons collectivement prêts à livrer, non contre les injustices qui traversent la société, mais simplement contre toutes les contraintes qui s’imposent à nos désirs.
Le marché subtilise les biens les plus simples, les plus nécessaires et les plus gratuits –puis il les fait réapparaître comme par magie, mais sous forme de marchandises.
Aujourd’hui, dans le monde occidental, un enfant s’achète : c’est ce que nous appelons le « progrès ».
Le politique s’autodissout, puisqu’en parlant sans cesse de s’adapter à un monde qui change, il reconnaît par là, non seulement qu’il n’a plus de pouvoir, mais qu’il ne veut plus le prendre.
En interdisant toute alternative, en nous imposant comme seule politique possible l’administration technique des changements sans fin qu’exige de nous la compétition des marchés, la domination de l’économie ne peut que constituer une crise démocratique majeure.
Cette domination de l’économie marchande ne signe pas seulement la crise de la politique : elle entraîne aussi, paradoxalement, une crise inédite de l’économie elle-même. Le marché est un outil essentiel à la vie des hommes ; mais quand il absorbe tout de leur vie, il perd son sens, devient absurde, et se retourne contre eux.
Dans la transformation de l’économie par le marketing, il ne suffit pas que les individus consomment, il faut qu’ils consomment de plus en plus, et qu’ainsi l’économie puisse poursuivre sa croissance. Quand le mouvement devient un but en soi, le dynamisme de l’économie est un objectif absolu ; ce n’est pas seulement la récession qu’il faut éviter, mais aussi la stabilité elle-même, qui nous apparaîtrait comme un échec déprimant.
Il faudrait être aveugle pour prétendre préserver la nature en affirmant simultanément que notre but est de tout changer, de tout transformer, de tout mettre au service de l’idole du « progrès » technique.
La civilisation occidentale, dans sa frénésie de circulation perpétuelle, est passée de l’amour du chef d’œuvre à l’obsolescence programmée.
La demeure suppose du temps, le logement est un simple espace ; de même, le métier est ce qu’il faut du temps pour acquérir, et ce qui ne s’oublie pas –quand il est si rapide de prendre, ou de perdre, un emploi.
Notre travail, comme nos vies, trouve son accomplissement dans une forme de gratuité. Cette soif est difficile à saisir dans un monde où tout doit pouvoir être compté, parce que tout doit pouvoir se marchander ; mais pour sauver ce monde de la raison calculatrice qui finit par nous rendre fous, il faut redire que l’essentiel de nos existences tient, et tiendra toujours, dans ce qui ne se compte pas.
Le seul fait que nous puissions prendre au sérieux cette assimilation de l’intelligence à une machine à calculer en dit long sur le mépris dans lequel nous tenons notre propre vie intérieure, et sur la méprise qui nous empêche de considérer ce qui, dans notre connaissance du monde, échappe à tout calcul.
La numérisation du monde est une étape et un symptôme de la liquéfaction du réel, de cette « liquidation générale » que nous évoquions plus haut…Il nous faut donc, dans cette époque de numérisation du monde, retrouver la consistance des mots, pour qu’ils nous éveillent de nouveau à la réalité des choses.
Défaire les mots, c’est aussi imposer une défaite aux choses –et, quand il est question de genre, aux corps. La déconstruction du genre implique le déni du sexe, que l’on cherche à annexer de force à l’universelle plasticité désormais exigée du réel.
La notation, au moment où on voudrait la bannir de l’école, envahit toutes les dimensions de nos vies :nous passons désormais notre temps, à l’aide des outils numériques, à nous noter les uns les autres et à transformer en chiffres la moindre expérience ordinaire.
A la pression vers le changement, vers l’universel remplacement, il nous faut répondre par un sens renouvelé de la valeur des choses que nous tenons dans nos mains. Et la littérature répond, là encore, à cette nécessité de l’émerveillement : la poésie ne fait rien d’autre que dire le réel, et en manifester la beauté.
Dix ans durant, la navigation d’Ulysse est habitée par sa destination…Ithaque, qui attend « là-bas » concentre dès maintenant chaque geste, chaque décision, chaque mouvement de l’odyssée ; et c’est ce point d’arrivée qui fait naître l’énergie de l’aventure.
Il nous faut retrouver notre Ithaque. Etre capable, pour commencer, de la nommer de nouveau, de désigner ces points fixes que nous espérons atteindre, même sans aucune certitude d’y parvenir un jour, et qui cependant donneront dès aujourd’hui sens à nos engagements, à nos actes, à nos mouvements. Il nous faut retrouver ces buts immuables qui justifient des odyssées.
*
Emetteur du florilège : François C.
21 LEÇONS POUR LE XXIème SIECLE de Yuval Noah HARARI - Ed. Albin Michel 2018
Première partie LE DEFI TECHNOLOGIQUE La fusion de la biotech et de l’infotech nous lance les plus grands défis que l’humanité ait jamais dû relever.
- Désillusion La fin de l’histoire a été reportée.
Peut-être les révoltes populistes du XXIème siècle ne viseront-elles pas une élite économique qui exploite le peuple, mais une élite qui n’a plus besoin de lui. Ce pourrait bien être une bataille perdue d’avance. Il est bien plus dur de lutter contre l’insignifiance que contre l’exploitation.
- Travail Quand vous serez grand, vous pourriez bien être sans emploi.
Mieux nous comprendrons les mécanismes biochimiques qui sous-tendent les émotions, les désirs et les choix, plus les ordinateurs excelleront dans l’analyse des comportements et la prédiction des décisions et pourront remplacer les chauffeurs, les banquiers et les avocats.
Malgré l’apparition de nombreux emplois nouveaux, nous pourrions donc assister à l’essor d’une nouvelle classe « inutile » et souffrir à la fois d’un chômage élevé et d’une pénurie de main d’œuvre qualifiée.
Les gouvernements devront intervenir, à la fois en finançant un secteur de formation permanente et en mettant en place un filet de sécurité pour les inévitables périodes de transition.
Avec l’essor de l’IA, des robots et des imprimantes 3D, le personnel non qualifié et bon marché devrait perdre beaucoup de son importance.
- Liberté Big Data vous observe.
Pour le meilleur ou pour le pire, cependant, les élections et les référendums ne portent pas sur ce que nous pensons. Ils concernent ce que nous ressentons…Cette façon de s’en remettre à son cœur pourrait se révéler le talon d’Achille de la démocratie libérale. Car du jour où…quelqu’un disposera de la capacité technique de pirater et de manipuler le cœur humain, la politique démocratique se transformera en un spectacle de marionnettes émotionnelles.
Plus encore que les algorithmes, les hommes souffrent de données insuffisantes, de programmation (génétique et culturelle) défaillante, de définitions embrouillées et du chaos de la vie.
Les mêmes algorithmes Big Data pourraient aussi laisser les coudées franches à un futur Big Brother, au point que nous nous retrouverions avec un régime de surveillance orwellien dans lequel tous les individus sont en permanence tenus à l’œil.
- Egalité Le futur appartient à qui possède les data.
En 2100, le 1% le plus riche possédera non seulement le gros de la richesse mondiale, mais aussi la majeure partie de la beauté, de la créativité et de la richesse.
Du jour où les gens ordinaires perdront leur valeur économique, l’inégalité pourrait monter en flèche.
Les données sur mon ADN, mon cerveau et ma vie sont-elles mon bien ou celui de l’Etat, d’une société ou d’un collectif humain ?
Comment réglementer la propriété des data ? Ce pourrait bien être la question politique la plus importante de notre époque.
Deuxième partie LE DEFI POLITIQUE Toute solution au défi technologique passe par une coopération mondiale. Le nationalisme, la religion et la culture divisent cependant l’humanité en camps hostiles au point de rendre très difficile la coopération à l’échelle planétaire.
- Communauté Les humains ont des corps.
Les gens étrangers à leur corps, à leurs sens et à leur environnement ont toute chance de se sentir aliénés et désorientés.
Dès lors que les géants de la tech auront pris acte de l’existence du corps humain, ils pourront manipuler nos corps de la même façon qu’ils manipulent nos yeux, nos doigts et nos cartes de crédit. Le bon vieux temps de la séparation en-ligne/hors-ligne pourrait bien nous manquer.
- Civilisation Il n’y a qu’une seul civilisation dans le monde.
Le fondamentalisme islamique incarne bel et bien un défi radical, mais la « civilisation » qu’il défie est une civilisation mondiale plutôt qu’un phénomène uniquement occidental.
Les changements qui nous attendent dans le futur, quels qu’ils soient, sont susceptibles d’impliquer un combat entre frères au sein d’une même civilisation plutôt qu’un choc entre civilisations étrangères.
- Nationalisme Les problèmes mondiaux appellent des réponses mondiales.
Le problème survient quand le patriotisme bienveillant se transforme en ultranationalisme chauvin.
Allons-nous construire un monde dans lequel tous les hommes puissent vivre ensemble ou allons-nous nous enfoncer dans les ténèbres ?
Tant que les humains sauront enrichir l’uranium et le plutonium, leur survie exigera qu’ils privilégient la prévention de la guerre nucléaire sur les intérêts d’une nation particulière.
Nous approchons rapidement d’un certain nombre de points de basculement, au-delà desquels même une chute spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas à inverser la tendance et à éviter une tragédie mondiale.
Alors que nous avons désormais une écologie mondiale, une économie et une science mondiale, nous nous accrochons à la seule politique nationale…Mondialiser la politique signifie plutôt que la dynamique politique au sein des pays, voire des villes, devrait donner bien plus de poids aux problèmes et intérêts mondiaux.
- Religion Dieu sert désormais la nation.
Le seul changement notable qu’ils aient apporté à l’édifice des économies modernes a consisté à ravaler la façade et à placer sur le toit un immense croissant, une croix, une étoile de David ou un Om.
Nous sommes donc piégés entre l’enclume et le marteau. L’humanité constitue désormais une seule civilisation et des problèmes tels que la guerre nucléaire, l’effondrement écologique et la disruption technologique ne peuvent trouver de solution qu’au niveau global. Par ailleurs, le nationalisme et la religion continuent de diviser notre civilisation humaine en camps différents et souvent hostiles.
- Immigration Certaines cultures pourraient être meilleures que d’autres.
Les êtres humains étant toujours plus nombreux à traverser de plus en plus de frontières en quête d’emplois, de sécurité et d’un meilleur avenir, la nécessité d’affronter, d’assimiler et d’expulser les étrangers met à rude épreuve des systèmes politiques et des identités collectives façonnés en des temps moins fluides.
Tant que nous ne savons pas si l’absorption est un devoir ou une faveur, quel niveau d’assimilation est attendu des immigrés, et dans quel délai les pays d’accueil doivent les traiter en égaux, impossible de dire laquelle des parties n’honore pas ses obligations.
Et si 500 millions d’Européens aisés ne peuvent absorber quelques millions de réfugiés démunis, quelles chances les hommes ont-ils de surmonter les conflits autrement plus profonds qui assaillent notre civilisation globale ?
Troisième partie DESESPOIR ET ESPOIR
- Terrorisme Pas de panique.
Les terroristes sont maîtres dans l’art de manipuler les esprits…Ils ressemblent à une mouche qui essaie de détruire un magasin de porcelaines.
Les terroristes ne pensent donc pas de la même façon que les généraux. Ils raisonnent plutôt en producteurs de spectacles.
Si le terrorisme actuel est surtout du théâtre, le futur terrorisme nucléaire, le cyber-terrorisme ou le bioterrorisme représenteraient une menace beaucoup plus sérieuse et exigeraient des Etats une réaction plus draconienne.
- Guerre Ne jamais sous-estimer la bêtise humaine.
Les principaux actifs économiques consistent désormais en savoir technique et institutionnel plutôt qu’en champs de blé ou même de pétrole : or, le savoir ne se conquiert pas par la guerre.
Ne sous-estimons jamais la bêtise humaine. Tant sur le plan personnel que collectif, les hommes sont enclins aux activités autodestructrices…La bêtise humaine est une des forces les plus importantes de l’histoire, mais nous avons tendance à en faire peu de cas.
- Humilité Vous n’êtes pas le centre du monde.
D’un point de vue éthique, on peut soutenir que le monothéisme a été une des pires idées de l’histoire des hommes.
Les monothéistes croyaient que leur Dieu était l’unique dieu et qu’il exigeait une obéissance universelle. Dès lors, avec l’essor du christianisme et de l’islam augmenta la fréquence des croisades, du djihad, de l’inquisition et des discriminations religieuses.
- Dieu Ne prononce pas le nom de Dieu en vain.
Personnellement, je ne cesse de m’émerveiller du mystère de l’existence, mais je n’ai jamais compris le rapport avec les lois chicanières du judaïsme, du christianisme ou de l’hindouisme.
Il ne faut jamais utiliser le nom de Dieu pour justifier nos intérêts politiques, nos ambitions économiques ou nos haines personnelles.
Pour agir moralement, il n’est donc pas nécessaire de croire à un mythe ou à une histoire. Il suffit de développer une appréciation profonde de la souffrance. Si vous comprenez vraiment comment une action cause des souffrances inutiles à vous ou à d’autres, vous vous en abstiendrez naturellement.
- Laïcité Connais ton ombre.
Chaque religion, idéologie ou credo a son ombre. Quel que soit le credo que vous suivez, il vous faut reconnaître votre ombre et éviter de vous rassurer naïvement par un « ça ne peut pas nous arriver ».
Si vous désirez que votre religion, votre idéologie ou votre vison du monde dirige le monde, voici la première question que je vous adresserai : « Quelle est la plus grosse erreur que votre religion, votre idéologie ou votre vision du monde ait commise ? Qu’est-ce qui a mal tourné ? » Si vous êtes incapable d’apporter une réponse sérieuse, je ne vous ferai pas confiance.
Quatrième partie VERITE
- Ignorance Vous en savez moins que vous ne le pensez.
De même que la rationalité, l’individualité aussi est un mythe. Les humains pensent rarement par eux-mêmes.
Si vous désirez réellement la vérité, il vous faut échapper au trou noir du pouvoir et vous autoriser à perdre beaucoup de temps à errer de-ci, de-là à la périphérie. La connaissance révolutionnaire surgit rarement du centre parce que le centre est construit sur le savoir existant.
- Justice Notre sens de la justice pourrait bien être périmé.
Les injustices du monde contemporain résultent pour la plupart de biais structurels de grande échelle plutôt que de préjugés individuels…Chaque groupe ou sous-groupe est en effet confronté à un dédale différent de plafonds de verre, de doubles étalons, d’insultes codées et de discrimination institutionnelle.
Désormais, nous souffrons de problèmes mondiaux sans avoir de communauté mondiale. Ni Facebook, ni le nationalisme, ni la religion ne sont près de créer une communauté de ce genre. Toutes les tribus humaines existantes sont occupées à servir leurs intérêts particuliers plutôt qu’à comprendre la vérité globale.
- Post-vérité Certaines fake news sont éternelles.
En vérité, les humains ont toujours vécu à l’âge de la post-vérité. Homo sapiens est une espèce post-vérité, dont le pouvoir suppose que l’on crée des fictions et qu’on y croie.
Les êtres humains possèdent la remarquable faculté de savoir et de ne pas savoir en même temps. Plus exactement, ils peuvent savoir quelque chose quand il y réfléchissent sérieusement, mais la plupart du temps ils n’y pensent pas et donc ne le savent pas.
Notre responsabilité à tous est de consacrer du temps et des efforts à débusquer nos partis pris et à vérifier nos sources d’information.
- Science-fiction Le futur n’est pas ce que vous voyez au cinéma.
Les comédies romantiques sont à l’amour ce que le porno est au sexe, et Rambo à la guerre. Si vous imaginez pouvoir appuyer sur un bouton « supprimer » et effacer toute trace de Hollywood de votre subconscient et de votre système limbique, vous vous faites des illusions.
Tout le génie de Huxley est de montrer que l’on peut contrôler les gens bien plus sûrement par l’amour et le plaisir que par la peur et la violence (Orwell).
Cinquième partie RESILIENCE
- Education La seule constante est le changement.
Une bonne partie de ce que les enfants apprennent aujourd’hui n’aura probablement plus aucune pertinence en 2050.
Il faut plutôt apprendre aux élèves à dégager le sens des informations, à distinguer l’important de l’insignifiant, et surtout à associer les multiples bribes d’informations en une vision d’ensemble du monde.
Au milieu du XXIème siècle…La vie craquera aux entournures, il y aura de moins en moins de continuité entre les différentes périodes de l’existence. « Qui suis-je ? » sera une question plus urgente et compliquée que jamais.
Pour garder une pertinence –économique mais aussi sociale- un jeune de cinquante ans devra être capable d’apprendre et de se réinventer constamment.
Dès maintenant, les algorithmes vous surveillent…Et du jour où ces algorithmes vous connaîtront mieux que vous ne vous connaissez vous-même, ils pourront vous contrôler et vous manipuler sans que vous y puissiez grand-chose.
- Sens La vie n’est pas un récit.
Tous les récits sont incomplets. Reste que pour me construire une identité viable et donner un sens à ma vie, je n’ai pas vraiment besoin d’un récit complet dépourvu d’angles morts et de contradictions internes. Pour donner un sens à ma vie, il suffit qu’un récit satisfasse deux conditions. La première est qu’il me donne un rôle à jouer…La seconde est qu’un bon récit doit dépasser mes horizons, sans nécessairement se prolonger à l’infini.
Et pour nous comprendre, une étape cruciale consiste à reconnaître que le « moi » est une fiction que les mécanismes compliqués de notre esprit ne cessent de fabriquer, d’actualiser et de réécrire.
Donc, si vous voulez connaître la vérité sur l’univers, le sens de la vie et votre identité, mieux vaut commencer par observer la souffrance et explorer ce qu’elle est.
- Méditation Se contenter d’observer.
Observez simplement la réalité de l’instant présent, quelle qu’elle soit.
La technique du Vipassana repose sur l’intuition que le flux de l’esprit est étroitement lié aux sensations corporelles. Entre le monde et moi, il y a toujours des sensations physiques.
Si le cerveau et l’esprit sont une seule et même chose, les deux tunnels ne peuvent que se rejoindre. Et si le cerveau et l’esprit ne sont pas la même chose, il est d’autant plus important de creuser l’esprit, et pas simplement le cerveau.
*
Emetteur du verbatim : François C.
J’AI CHOISI DE BIEN VIEILLIR - Vivre plus longtemps…et mieux par Pr Françoise FORETTE & Laurence DORLHAC - Ed J'ai lu
Pour la promotion d’une avancée en âge active, chaleureuse, sereine et ouverte à la vie.
BIEN MANGER «Être bien dans son assiette est l’une des clés du bien vieillir»
Le poids fait office de signal d’alarme. La stabilité de son poids est bien un signe de bonne santé.
Un apport en calcium insuffisant peut contribuer à la perte de la résistance des os.
Vitamine D : nombreux effets extra-osseux bénéfiques, sur l’immunité, la prévention des cancers, les maladies cardio-vasculaires et la dépression.
En plus des 0,5 à 1 litre d’eau qu’apporte quotidiennement une alimentation équilibrée, il nous faut donc compenser en absorbant entre 1 et 1,5 litre d’eau.
TRAVAILLER « Le canapé, voilà l’ennemi ! »
Concept de réserve cognitive…Les personnes engagées dans une activité intellectuelle ou physique soutenue ont moins de risque de développer une maladie d’Alzheimer.
Plus on travaille longtemps, mieux on «exploite» son cerveau. La poursuite d’un engagement professionnel prend alors tout son sens.
Ce sont ces métiers à forte exigence mentale qui permettent de conserver un cerveau extraordinairement performant tard dans la vie.
Ce qui compte, c’est la permanence et l’importance de la stimulation des fonctions cognitives tout au long de la journée et tout au long de l’année…Le cerveau ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
La mortalité des personnes sans diplôme est deux fois supérieure à celle des personnes de niveau universitaire.
AIMER Il est possible de vieillir en poursuivant une vie sexuelle épanouie.
Les hommes sexuellement actifs se préoccupent aussi davantage de leur santé sexuelle. Cependant, les femmes qui considèrent le sexe comme quelque chose d’important ont trois fois plus de chances de rester sexuellement actives que celles qui ne le jugent pas important, indépendamment de l’existence de troubles sexuels.
Le sexe masculin est un organe « euro-vasculo-musculaire». Son bon fonctionnement est dépendant du mental, d’un afflux sanguin plus ou moins efficace et de la réactivité de certains muscles. Il suffit que l’un de ces trois critères faiblisse pour que la sexualité en pâtisse.
L’activité sexuelle, en favorisant le bien-être et la qualité de vie, induit un vieillissement positif chez les personnes âgées. Associée à l’activité physique et intellectuelle, elle contribue au maintien de la santé, en particulier cardiovasculaire.
BOUGER L’activité physique est indispensable pour bien vieillir.
Cesser de bouger, c’est s’interdire de réfléchir aux gestes à réaliser, et diminuer les chances de rester en harmonie avec son corps.
L’intensité de l’activité physique améliore la santé générale. Elle aide à bien dormir, normalise la tension artérielle, régule le taux de sucre dans le sang en facilitant le travail de l’insuline, participe au maintien d’une bonne musculature, entre dans la lutte contre l’ostéoporose, diminue le risque d’accident coronaire (angine de poitrine ou infarctus) et les risques de certains cancers.
La marche est un «marqueur» de notre état de santé…Plus on marche vite, plus la santé cognitive et la santé générale s’améliorent et plus la mortalité diminue.
Il faut être régulier dans sa pratique sportive pour qu’elle soit efficace pour la santé.
Chaque année, en France, près de 400 000 personnes âgées font une chute accidentelle, près de 12 000 en décèdent. Parmi les adultes de 65 ans et plus, 35 à 40% font au moins une chute par an.
Le meilleur sport est celui auquel on va pouvoir, sans forcer, s’adonner avec rigueur, plaisir et régularité.
L’activité physique est une des clés du bien vieillir, au même titre que l’activité intellectuelle, la poursuite de l’activité professionnelle, l’engagement social, amical et familial.
SORTIR Il faut vraiment sortir de chez soi.
Nos relations sociales se définissent selon cinq cercles : le cercle familial, le réseau professionnel, les liens avec les amis, les relations par affinités au sein d’une activité de club ou d’association et enfin le cercle constitué par le voisinage. La solitude qui mène à l’isolement concerne toute personne qui n’a pas ou peu de relations sociales avec les cinq niveaux décrits.
Sortir de chez soi, bouger, échanger avec d’autres. L’altérité chère à Emmanuel Levinas est peut-être le vrai secret du bien vieillir.
La fragilité est réversible grâce à une prise en charge appropriée tandis que la dépendance est, en règle générale, définitive.
Le bénévole trouve, au travers de son engagement, un épanouissement et une nouvelle utilité sociale.
Les sujets «hautement» optimistes ont une mortalité cardiovasculaire inférieure de 40% à celle des sujets à faible niveau d’optimisme.
Les études sur les liens entre le corps et l’esprit ont de beaux jours devant elles. Les disciplines telles que la méditation, la sophrologie, le travail des émotions, etc., tentent, en tout cas, de soulager angoisse, pensées négatives réputées pour leur action péjorative sur notre santé.
L’important est de savoir, quel que soit son âge, si son état de santé, ses capacités fonctionnelles et intellectuelles permettent de conduire en toute sécurité.
La sédentarité, le repli sur soi sont pour certains des ennemis à combattre avec énergie. Toutes les études le démontrent avec éclat: l’optimisme, le goût de l’action, le culte de l’amitié, la joie du travail, du sport ou des loisirs, les vacances avec les petits-enfants, les enfants, la famille, les voyages avec les amis sont autant de clés pour vivre ce temps avec bonheur et en pleine santé physique et intellectuelle.
S’ESTIMER La vieillesse est inattendue!
Le concept d’âges multiples : chaque individu porte en lui un âge biologique (celui de son corps), chronologique (son état-civil), un âge mental (ses connaissances), un âge psychologique (sa maturité) et un âge subjectif.
La révolution de l’âge subjectif est en marche. Elle bouleverse les codes du bien vieillir comme du reste. On vieillira désormais selon ses désirs en suivant l’âge que l’on a dans la tête.
Avoir une bonne estime de soi permet aux seniors de se garantir une meilleure santé.
La dépression des seniors est une affection fréquente, atteignant de 10 à 30% des personnes de plus de 65 ans suivant les études.
Lorsque nous sommes attentifs, quelle que soit l’expérience, le cerveau sécrète des substances comme la dopamine et la sérotonine qui accentuent notre bien-être.
La «seniorescence».
On voit maintenant fleurir les consultations « mémoire », les consultations «fragilité», «équilibre», «nutrition» dont l’objectif est de bien vieillir en bonne santé.
Chacun d’entre nous va avancer en âge en fonction de son vécu, de son caractère, de sa sensibilité aux événements qui ne dépendent pas de soi, de son ouverture aux autres. Il n’y a pas de «schéma» fixé à l’avance, obligatoire. Nous restons libres jusqu’au bout de nos sentiments, de notre ressenti lors de cette période si particulière de la vie.
PREVENIR De la prévention pour la maladie d’Alzheimer, aussi !
Les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires: hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, obésité, sédentarité.
Plus le niveau d’éducation est élevé, plus on est sensible aux recommandations de santé.
«L’épigénétique» Notre comportement agit sur nos gènes.
Quelques dépistages recommandés entre 50 et 74 ans: cancer du sein ; cancer colorectal ; cancer du col de l’utérus.
Conclusion Les pistes du bien vieillir.
Prévenir les maladies avant qu’elles ne surviennent et soient difficilement guérissables est donc un enjeu majeur, en attendant de nouvelles découvertes. Savoir que le style de vie, les connaissances, le goût de l’action, le goût des autres, le dynamisme et l’amour de la vie peuvent nous aider à atteindre ce but est un puissant encouragement.
Le concept d’épigénétique le confirme : rien n’est écrit définitivement.
*
Émetteur du verbatim : François C.
COMMENT NOUS PROTÉGER DES PROCHAINES CRISES de Jacques ATTALI - Ed. Fayard
Ces crises peuvent prendre huit formes : financière, économique, sociale, politique, géopolitique, idéologique, technologique et écologique.
Aujourd’hui, tous les signes indiquent l’occurrence d’une crise multiforme, prenant tous ces visages à la fois.
On n’a fait depuis la crise financière de 2007 que reporter les échéances de toute nature : financière avec la dette, économique avec le chômage, sociale avec les inégalités, politique avec le populisme, géopolitique avec les affrontements qui s’annoncent, technologique avec l’intelligence artificielle, écologique avec le réchauffement climatique, idéologique avec la remise en cause de la démocratie et la montée des fondamentalismes de toutes sortes.
Ch. 1 POURQUOI S’INQUIÈTER ? TOUT VA TRÈS BIEN !
Ch. 2 LA FOLIE DU MONDE
Les richesses sont de plus en plus concentrées
Les 1% des plus riches ont perçu 21% du revenu mondial en 2016, contre 16% en 1980…En Chine, le centile supérieur détient, en 2018, 30% du patrimoine contre 15% en 1995. En Russie, les 1% les plus fortunés détiennent 43% du patrimoine contre 22% en 1995.
Les infrastructures ne sont plus maintenues
On prolonge exagérément, faute de moyens, la durée de vie des ponts, des routes, des centrales nucléaires, des barrages.
Le chômage ne décroît pas
Le taux de chômage des jeunes est de 42,3% en Grèce, 34,1% en Espagne et 32,6% en Italie.
Des statuts de plus en plus précaires
Tout devient de plus en plus précaire : le contrat de travail, la résidence, les relations, le mariage, les carrières politiques et artistiques.
La santé mondiale est encore incertaine
115 personnes en Afrique meurent toutes les heures de maladies liées à un mauvais assainissement, à une mauvaise hygiène ou à de l’eau contaminée.
En 2017, le surpoids touchait 2,2 milliards de personnes. Plus de 70% des Américains sont en surpoids et plus de 30% de la population américaine est obèse.
Les matières premières se font rares et incertaines
L’humanité consommait 7 Gt de matières premières en 1900, 50 Gt en 2000 et 85 Gt en 2018. Et quelques-unes de ces matières premières, parmi les plus essentielles, commencent à manquer.
L’air est de plus en plus pollué
La mer est de plus en plus souillée et les poissons de plus en plus rares
20 milliards de tonnes de déchets sont rejetés chaque année dans les mers et les lacs, dont près de 10 millions sont des déchets plastiques.
La planète est de plus en plus abîmée
Sur l’ensemble de la planète, au cours des cinquante dernières années, 60% de milieux naturels ont été dégradés par l’urbanisation, le développement des infrastructures de transport et la surexploitation des ressources.
Le climat se dégrade
L’eau douce manque
Aujourd’hui, plus de 2,7 milliards d’êtres humains manquent d’eau au moins un mois par an.
4,5 milliards de personnes manquent de services d’assainissement gérés de manière sûre ; 80% des eaux usées retournent dans l’écosystème sans traitement.
Les migrations s’accélèrent
Les valeurs de la démocratie sont remises en cause
La globalisation des marchés vide chaque jour davantage les démocraties de leur sens. Les gouvernements démocratiques, empêtrés dans des petits scandales, soucieux d’une popularité vacillante, ne se donnent plus le temps d’être provisoirement impopulaires et d’agir pour le long terme.
Le PIB ne mesure pas la dégradation de l’environnement et le temps passé à des activités de distraction ou de conversation sur les réseaux sociaux. De même, il ne valorise ni l’éducation, ni l’espérance de vie, ni l’état de la nature.
Comme dans d’autres périodes sombres de l’Histoire, on voit glorifiés les hommes forts, les doctrines fanatiques, les idéologies intolérantes.
Remettre ces évolutions dans une perspective longue
Elle s’inscrit, fondamentalement, dans une priorité croissante donnée au présent sur le passé et l’avenir. Dans une volonté tyrannique des vivants de profiter du monde, en détruisant ce qu’il fut et ce qu’il peut devenir. En ne s’occupant que des flux, qui sont l’instant, et pas des stocks, qui sont l’Histoire. En détruisant l’héritage, en ne laissant rien aux générations à venir.
Cela se conclura, après mille soubresauts protectionnistes, populistes et identitaires, mille crises…par une victoire, provisoire en tout cas, des marchés sur les Etats, des objets sur les services, des machines sur les gens, de l’individuel narcissique sur le collectif altruiste.
Ch. 3 L’EMBALLEMENT
La démographie restera sans contrôle
En 2050, l’Asie comptera 5,3 milliards d’habitants ; la population en Afrique atteindra 2,5 milliards, dont 85% en Afrique subsaharienne ; et l’Amérique latine 785 millions.
Les richesses seront de plus en plus concentrées
Le travail sera de plus en plus rare
Plus généralement, le progrès technique continuera à organiser une lente et implacable traduction des êtres humains en artefacts, d’abord bourrés de prothèses, puis surveillés par des intelligences artificielles, comme s’ils étaient eux-mêmes des artefacts ; et lentement, le devenant.
Le niveau de vie des retraités baissera
Le taux de dépendance démographique (rapport entre la population de plus de 65 ans et la population de 15 à 64 ans, c’est-à-dire en âge de travailler) va passer en Europe de 30% en 2016 à 51% en 2070.
On ira vers une stagnation séculaire
On assistera alors, selon cette prédiction, à la poursuite de la baisse du niveau de vie des plus pauvres et des classes moyennes, et à la croissance de la fortune des plus riches.
Les pénuries deviendront insupportables
Les deux tiers de la population mondiale seront confrontés à des pénuries d’eau en 2025.
La production agricole pourrait encore baisser, à cause du réchauffement climatique, de la pollution de l’air et de la dégradation des sols.
Une crise de l’offre de graphite, palladium, platine, rhodium –essentiels en particulier pour les batteries- se fera aussi sentir dès 2020.
Les besoins en infrastructures seront de plus en plus énormes
Les besoins d’investissements nombreux dans les transports, l’énergie ou l’eau sont de l’ordre de 8000 milliards de dollars par an, jusqu’en 2030.
Le climat se déréglera bien plus encore
On peut s’attendre en 2050 à 250 millions de réfugiés climatiques. Au total, les migrants internationaux pourraient dépasser les 400 millions.
La nature sera de plus en plus polluée
Si on ne fait rien, dès 2025, il y aura dans les océans une tonne de déchets pour trois tonnes de poissons ; contre une pour cinq aujourd’hui.
Le monde sera de plus en plus dans un chaos politique
On ira vers une économie de marché globale sans Etat de droit, qui conduira à l’aggravation de la concentration des richesses, à un sous-emploi des hommes, à un environnement de plus en plus négligé, au pillage de toutes les matières premières, provoquant une exacerbation des désordres sociaux, idéologiques, politiques, géopolitiques et climatiques.
Les huit crises possibles
Ces huit crises, dont les paramètres s’entremêlent, sont : Financière ; Economique ; Sociale ; Politique ; Géopolitique ; Technologique ; Ecologique ; Idéologique.
Ch. 4 PARTOUT, DES MANŒUVRES DE RETARDEMENT
Le monde est noyé sous l’argent des banques centrales
Les banques centrales, supposées indépendantes, créent de la monnaie, qu’elles prêtent aux banques qui la reprêtent aux gouvernements, espérant ainsi donner du temps aux dirigeants pour qu’ils mettent en œuvre les réformes nécessaires.
Dans la zone majeure de l’économie mondiale, la masse monétaire est passée de 64% du PIB en 1980 à 125% en 2016 !
La dette publique continue d’augmenter
La dette publique atteint dans certains pays sept fois le montant des recettes fiscales : aucun particulier ne se risquerait à avoir des emprunts sept fois supérieurs à ses revenus annuels.
Les ménages continuent aussi de vivre aux crochets de l’avenir
Dans les pays développés, la dette des ménages atteint 63% du PIB en 2016, contre 52% en 2008.
La distraction nourrit l’inaction
Aujourd’hui on ne cesse d’inventer des moyens de ne pas penser, de ne pas réfléchir, ni aux enjeux du monde, ni même à sa beauté.
Ainsi a-t-on inventé dans les dernières décennies les jeux vidéo, les réseaux sociaux, la réalité virtuelle, des activités qui occupent désormais plus du tiers de la vie des hommes, avec une industrie de plus en plus puissante, dont la fonction majeure est de distraire, de divertir, de légitimer la résignation, de justifier la procrastination, de faire aimer le non-agir.
Les entreprises s’endettent au-delà du raisonnable
Au total, la dette mondiale de l’ensemble des emprunteurs, sans tenir compte des engagements de retraite, s’élève à 327% du PIB mondial.
Les défis des problèmes technologiques sont négligés
Personne ne parle sérieusement de maîtriser l’intelligence artificielle, de contrôler la génomique, les neurosciences ou les nanotechnologies.
Les solutions des problèmes écologiques sont reportées
Le prix du carbone reste très bas.
On ne gère pas non plus correctement les problèmes des déchets, ni dans les pays développés, ni dans les pays en développement.
Ch. 5 LE PIÈGE SE REFERME
Les taux d’intérêt commencent à monter
Mais si les taux d’intérêt remontent, dans certains pays particulièrement endettés, si cette hausse n’est pas maîtrisée et s’accélère, le service des dettes publique et privée deviendra vite intolérable, déclenchant une crise financière.
La valeur des entreprises cotées et non cotées commence à être mise en doute
La valorisation des actions cotées aux Etats-Unis est passée de 95% du PIB en 2011 à plus de 155% du PIB en mars 2018 !
Quelques signes annonciateurs
L’extraordinaire fragilité de la firme Facebook qui a perdu près d’un million d’utilisateurs en Europe après la mise en place du nouveau règlement européen sur la protection des données.
Les premiers signes du retour du nationalisme économique
Après une longue période d’ouverture, d’augmentation des échanges, de réduction des barrières douanières et non douanières, les pays en déficit commercial recommencent à se fermer.
Les premiers signes d’une crise écologique majeure
La saison des feux a commencé plus tôt et se termine plus tard.
Face à ces enjeux, d’autres idéologies commencent à s’exprimer
La première rassemble tous les tenants des droites nationalistes et xénophobes ; la deuxième rassemble tous les tenants des gauches les plus radicales ; la troisième rassemble les tenants des pouvoirs religieux…Pour les premiers, l’identité est dans la terre. Pour les deuxièmes, elle est dans la nature. Pour les troisièmes, elle est dans la foi.
Ch. 6 DES CRISES MAJEURES ONT EU LIEU DANS DES CIRCONSTANCES COMPARABLES
Des crises analogues ont eu lieu
Depuis 2008, aucune solution sérieuse n’a été mise en place. Encore moins pour les enjeux moins visibles, comme le climat et les pénuries. Rien qu’une procrastination, de la distraction et un report des échéances, par peur de ce qui est à faire.
Ch. 7 JUSQU’À QUAND SANS CRISE MAJEURE ?
Jusqu’à quand pourra-t-on retarder la crise?
Le monde n’est plus, dans son ensemble, qu’une gigantesque pyramide de Ponzi, dans laquelle la seule différence entre les gouvernants actuels et M. Madoff est que M. Madoff est en prison. Et que, pour l’instant, la pyramide tient encore debout.
Et beaucoup vont continuer de regarder, sans trop s’inquiéter, les dettes s’accumuler, le chômage augmenter, les inégalités se creuser, les pénuries se multiplier, les tensions et les escarmouches augmenter, les prix des matières premières grimper en flèche, l’eau douce manquer, les migrations s’accélérer, le climat devenir insupportable. Ils n’y penseront pas trop, tant que de nouvelles distractions réussiront à leur faire oublier la peur de l’avenir.
Ch. 8 QUEL SCENARIO DE DÉCLENCHEMENT ?
Un effondrement de la valeur des actifs
Les patrimoines boursiers pourraient perdre un tiers de leur valeur en quelques jours.
Une hausse brusque des taux d’intérêt à long terme
L’utilisation d’algorithmes de prédiction exacerberait les comportements panurgiques sur les marchés. En particulier, tous les produits structurés fondés sur la vente d’options ou de stratégies d’investissement complètes et construites avec très peu d’argent et beaucoup d’effet de levier, accéléreront la crise. L’appréciation de leur valeur future deviendrait alors explosive.
Une crise politique de l’Union européenne
Le plus vraisemblable serait la généralisation de gouvernements populistes en Europe…Ces gouvernements prétendraient nourrir un projet européen. En réalité, leurs politiques seraient, par nature, en conflit les unes avec les autres. Et il faudrait peu de temps pour que leurs conflits fassent exploser l’euro, puis l’ensemble des règles du marché unique et de l’Union européenne.
Une crise du dollar
Hypothèse de la perte de crédibilité globale de la superpuissance…La prise de conscience de ce que le déficit budgétaire américain est définitivement hors de contrôle…puis, un effondrement du dollar…
Une crise dans un pays périphérique majeur
Une crise de l’énergie ou des matières premières
Une crise climatique
Une crise de l’eau
Un grand attentat terroriste
Une crise technologique
Jusqu’à ce que l’intelligence artificielle échappe à ses maîtres et prenne totalement le pouvoir sur les hommes, et même contre les hommes.
Un affrontement militaire des grandes puissances
Et après ?
Au-delà de ces crises, on assisterait alors à une recomposition géopolitique du monde en faveur de l’Asie, à une contestation globale des systèmes démocratiques, à une mise en place de régimes despotiques en Europe et aux Etats-Unis, puis à une victoire des entreprises sur les nations.
Sans masquer ce qui fait l’essentiel de notre drame : notre égoïsme, qui nous fait préférer notre présent, certain, à notre avenir, hypothétique. Oubliant qu’il n’y aura bientôt plus de présent s’il n’y a pas d’avenir.
Ch. 9 LA RÉPONSE : TROIS PRINCIPES, SIX ACTIONS
Le capitalisme, le marché et les forces qui l’animent sont des mécanismes ; ils ne se résument pas à des puissants qu’il suffirait de remplacer. Ces mécanismes détruisent les patrimoines de toute nature, en particulier les patrimoines matériels, pour en tirer des flux, de plus en plus immatériels, en abandonnant des déchets de plus en plus importants…Ces mécanismes sont planétaires. Se renfermer ne nous protégera pas.
Trois principes
. Lucidité Etre prêt à comprendre, jusque dans leurs signaux les plus faibles, et le plus à l’avance possible, l’immensité des dangers, financiers, économiques, sociaux, politiques, géopolitiques, idéologiques, technologiques, écologiques ; pour soi, pour sa famille, pour son pays, pour ses contemporains, pour les générations futures.
. Combativité Il ne faut jamais se résigner, ni à souffrir, ni à perdre, ni à subir les conséquences des décisions des autres…Le courage est la clé de tout.
A chacun de nous, aujourd’hui, d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
. Positivité On ne peut échapper à une crise, ici et maintenant, de quelque nature qu’elle soit, qu’en agissant dans l’intérêt des générations futures.
Six actions pour une protection personnelle
. Analyser les risques Evaluer en quoi l’une ou l’autre de ces huit crises remettrait en cause un élément de sa propre situation (son revenu, sa retraite, son patrimoine, son emploi, son statut, son logement, son cadre de vie, sa liberté d’expression, sa liberté d’aller et venir, sa possibilité de devenir soi, son bonheur et celui des siens)
Agir positivement : protéger les acquis des générations suivantes
Trouver des alliés Les alliés peuvent être familiaux, amicaux, professionnels, financiers, associatifs, syndicaux, politiques ; ils peuvent aider à protéger une épargne, un emploi, une retraite. Et plus encore des libertés ou un environnement.
Renverser la table
Danser près de la porte
Partir
Six actions de prévention collective pour une entreprise
C’est en pensant à dix ans au moins qu’une entreprise peut survivre la semaine suivante.
La prévention collective pour un pays
La prévention collective pour le monde
*
Surtout : regardez vos enfants, ou vos petits enfants…Demandez-vous si vous pouvez leur laisser, à cette date (2050, 2070) un monde épouvantable ; si vous avez envie qu’ils vous maudissent, comme vous auriez de bonnes raisons de maudire les générations précédentes pour avoir laissé le monde dériver ainsi.
Chacun doit seulement se demander s’il a fait tout tout ce qu’il aurait pu faire, s’il fait tout ce qu’il peut faire, pour que ces cauchemars ne deviennent pas réalité. Oui, on le peut.
*
Emetteur du verbatim : François C
LA COMEDIE (IN)HUMAINE de Nicolas BOUZOU & Julia de FUNES - Ed. de l’Observatoire
Les collaborateurs… ont besoin de formations utiles, d’autonomie, d’autorité et de sens.
Les entreprises sont passées d’un management paternaliste, vertical et autoritaire, à un management infantilisant, mâtiné de bienveillance et de démagogie.
La complexité à l’intérieur de l’entreprise (la « complication », mesurée par le nombre de procédures, de niveaux hiérarchiques, d’interfaces, d’organes de coordination, de process, de reporting et de contrôle…) croît beaucoup plus vite que la complexité à l’extérieur de l’entreprise.
C’est, par exemple, le cas des mutuelles d’assurances, dont certaines sont rongées par les réunions, les process, les chiffres. La réglementation, qu’elles critiquent, les a en réalité protégées et leur a offert le loisir de développer des gouvernances et des organisations d’une redoutable inefficacité.
Les entreprises doivent valoriser l’intelligence, le courage, alors que les comportements lâches sont légion et que les équipes sont apeurées. Les salariés ont besoin d’autonomie, de franchise et de sens, pas de bons sentiments, de novlangue et de jeux récréatifs.
Le management « adulte », positiviste, adapté, est celui de l’autonomie au service d’un objectif sensé. Les entreprises du XXIème siècle doivent, pour ce faire, valoriser cinq qualités : la capacité à innover, l’audace, l’efficacité, le courage et la réflexion.
Le marketing est au cœur d’une transformation radicale…Demain, l’interprétation du big data par l’intelligence artificielle aura tué le business classique des études marketing… Les compétences clés seront la capacité à formuler une problématique, la créativité, l’audace et le courage de prodiguer des conseils intelligents et de convaincre qu’ils sont pertinents.
L’homme peut s’adapter et il est capable d’embrasser une vision holistique, systémique. Ce sont ces qualités qu’il doit renforcer et valoriser : voir largement, penser globalement.
Malgré ces évolutions technologiques, l’entreprise n’a pas disparu et le travail indépendant n’est pas devenu la règle. En France, 2,8 millions de travailleurs non salariés sont référencés par l’Insee, soit 12% de la population active.
Mais aujourd’hui, la capacité à innover, à être audacieux, à générer des idées intelligentes…n’est plus directement liée à un temps de présence sur un lieu donné. La quantité de travail importe, mais c’est au salarié «autonome» de déterminer quand et où il travaille le mieux.
Les entreprises se gargarisent d’autonomie et d’innovation, mais, au-delà des contraintes légales, elles restent attachées à une idéologie du contrôle et de la surveillance, difficilement compatibles avec l’entreprise efficace du XXIème siècle.
L’entreprise, en proposant tous types de services pour ses collaborateurs, y compris les plus privés, empiète sur leur espace intime…Ces cages dorées sont des injonctions au bonheur et au bien-être, mais servent surtout à «gérer» intégralement le salarié.
Le réalisme consiste à laisser de l’autonomie dans une organisation simple au service d’un projet que tout le monde doit servir.
Les entreprises évoquent en permanence l’audace, l’initiative, la créativité, l’innovation, mais l’obsession du collectif les empêche parfois de les pratiquer. Encore une injonction contradictoire!… Il n’y a rien de plus urgent pour l’entreprise que de laisser ses collaborateurs se concentrer, seuls, dans un bureau, résoudre des problèmes, trouver des solutions, au service du projet commun…
La complexité et la complication sont les symptômes d’un état d’esprit profond, qui émane de la société tout entière, marquée par une prolifération des peurs.
La réglementation au niveau politique et administratif et l’esprit de contrôle et de surveillance au niveau de l’entreprise s’aiment sans le dire et se fécondent tous deux pour donner naissance à des organisations où l’autonomie n’est plus qu’un mot et l’entrepreneuriat un concept.
C’est cette éthique du risque, de responsabilité, qui permet d’entreprendre, d’investir, d’innover et de changer…Le risque tempéré par la prudence est nécessaire à une vie réussie, à une entreprise réussie.
Agir n’est pas appliquer. L’action n’est ni l’agitation, ni l’application. Elle intègre les aléas qui la perturbent.
On ne déplace pas les montagnes en solitaire. Seul un groupe humain emmené par un chef charismatique, habité par le bon sens et une ténacité insubmersible, peut accomplir de grandes choses. Le numérique n’a pas tué l’organisation, il l’oblige à évoluer et à cultiver l’intrapreneuriat, cet «entrepreneuriat de l’intérieur».
L’imposture des «coachs» en leadership.
Les dirigeants doivent construire leur autorité sur leur compréhension personnelle des situations, des êtres qu’ils encadrent et sur le courage de décider malgré le cours imprévisible des événements.
Entre les deux, il y a le travail joyeux mais rigoureux, qui ne fait pas de l’entreprise une «pouponnière», ni de ses salariés des bébés. Le management «adulte» et responsable fait moins de l’aménagement de son territoire que de l’autonomie de ses salariés la condition première de son efficacité. Mais aujourd’hui, la mode est au «fun»…
La confrontation avec le réel, l’analyse et l’action, qui supposent un travail, des lectures, une réflexion, est remplacée par ce management juvénile, qui consiste à faire du loisir une loi d’existence, du plaisir un principe de réalité et de l’émotion compassionnelle une bonne conscience.
La morale utilitariste envahit nos sociétés, ce qui se traduit par l’obsession du bien-être…L’entreprise est le lieu de l’effort, du travail, de l’investissement, du risque mais pas du bonheur.
Nous constatons malheureusement que, trop souvent, le baby-foot, les plantes vertes et la méditation express du midi se substituent au projet, au travail et au sens.
C’est quand le sens est absent et que l’amour du travail bien fait s’érode que les entreprises se perdent en objectifs multiples et insignifiants et mobilisent maladroitement des dérivatifs comme le jeu et le bonheur.
Le management doit développer trois notions : la simplicité, l’autonomie et la culture.
La confiance ne saurait se réduire à un contrat. C’est au contraire la défiance qui entraîne un besoin obsessionnel de contrats…Le contrat repose sur une logique de protection réciproque. Les relations de confiance, à l’inverse, acceptent une logique asymétrique: j’accorde ma confiance sans avoir la certitude qu’elle sera payée de retour ; je me place dans une position de dépendance à l’endroit de l’autre ; je suis vulnérable face à autrui…Accepter l’incertitude est donc l’une des premières conditions de la confiance.
Les dirigeants et managers perçoivent mal que le courage n’est pas une vertu sacrificielle. Elle protège l’entreprise. Elle maximise ses chances de survie. Elle est le meilleur outil de régulation…Elle est tout à la fois instrument de leadership et de gouvernance. Elle se diffuse par mimétisme, partant de l’exemplarité des leaders. Le courage est l’outil indispensable au service du sens et de l’avenir.
Le brainstorming fantasme l’horizontalité et l’égalité. C’est la raison pour laquelle il ne donne jamais rien…Le topique est ce à quoi aboutit le brainstorming: un florilège d’opinions diverses souvent sans intérêt.
Dans la réalité de l’entreprise, le brainstorming ressemble davantage à une flatterie démagogique qu’à un discours constructif. C’est la raison pour laquelle il ne donne presque jamais de résultats.
Le mantra de Facebook était « Relier le monde », celui de SpaceX pourrait être «Amener les humains sur Mars». Un laboratoire pharmaceutique afficherait «Tuer le cancer». Le nôtre serait «Des idées pour progresser».
Le rôle explicite des managers ne doit pas être de défendre un silo ou un service mais, au service d’un projet collectif, de faciliter la fluidité de la communication dans la globalité de l’entreprise.
Rédiger un bon narratif de quatre pages est plus difficile qu’écrire un Powerpoint de 20 pages, car concevoir la structure d’un bon texte oblige à une meilleure identification et compréhension de ce qui est important et de la façon dont les choses sont reliées.
Au lieu de faire de la pâte à modeler et des loisirs créatifs, enrichissons la pensée, nuançons les mots, apprenons aux salariés à écrire correctement pour affûter les esprits, les rendre plus performants, plus riches en vocabulaire et donc en idées précises.
Supprimer la charte éthique ou ne conserver que le courage…Dans le cadre de l’entreprise, le mantra + le courage valent tous les engagements éthiques.
Supprimer les activités ludiques des séminaires d’entreprise…Ces derniers doivent être considérés comme des moments de rencontre et d’échange studieux, conviviaux et joyeux.
«Sapere aude» (Ose savoir)…Gardons toujours à l’esprit qu’une collectivité est humaine (et non inhumaine comme peut l’être un système totalitaire) quand elle est composée d’une pluralité d’êtres reconnus comme pensants, quand ses membres visent un sens commun et mènent pour cela des projets.
Au fond, nous plaidons avant tout pour un retour du sens et du bon sens. Pensons, travaillons, innovons dans la joie et la convivialité ! Aimons l’aventure et ayons du courage, condition de la justice, de l’efficacité et de la réalisation de soi.
*
Emetteur du florilège : François C.
MACRON LA VALSE FOLLE DE JUPITER de Jean-Marc DANIEL - L’Archipel 2018
Emmanuel Macron s’est engagé dans un processus où il est conscient de la nécessité du changement, de la transformation selon son expression, mais où il ne fait les choses qu’à moitié, accumulant les retards et comptant sur l’oubli et la fumée répandue par sa communication à la fois institutionnelle et personnelle en vue de masquer son inaction relative.
Au point où nous en sommes, Emmanuel Macron s’est transformé en un libéral américain: il accepte l’économie de marché, mais l’accompagne d’un État intrusif.
I. Ricoeur et rancœur ou la gloire du traître
Cette vie comporte plus de déconvenues et de fragilité que l’on veut bien nous le faire croire…Cela peut se révéler positif pour notre pays si Macron veut, au travers de sa présidence, effacer aux yeux de l’Histoire et de lui-même ces déconvenues et les mesquineries dont il a pu faire preuve.
Notre conviction est en effet que, si la tendance des premiers mois se confirme, Emmanuel Macron prend sérieusement le risque de subir le sort qui fut celui de son lointain homonyme –là encore de façon symbolique et exclusivement politique- c’est-à-dire qu’il ne sera pas réélu.
2. Le macronisme en campagne
Dans sa campagne, Macron a cherché à rompre avec cette approche caractéristique des mouvements issus de la gauche dans laquelle un projet flou et verbeux rassure les militants tandis qu’un programme sans envergure permet d’engranger les électeurs.
Nous proposons donc de classer les gauches en France en une gauche feuillante, au discours et à la pratique réformistes, au projet et au programme réalistes ; une gauche girondine, au discours révolutionnaire et à la pratique réformiste, au projet utopique et au programme démagogique ; et une gauche montagnarde, au discours et à la pratique révolutionnaires, au projet violent et au programme irréaliste.
Dans les pays dits socialistes d’autrefois, l’organisation planifiée de l’économie entretenait un gigantesque marché noir et tous les réformateurs qui proposaient des remèdes pour le faire disparaître arrivaient à la conclusion que le plus sûr moyen d’y parvenir était de réintroduire le marché, c’est-à-dire la liberté de créer des entreprises et d’en assurer la gestion dans le but de réaliser des profits.
Le paradoxe est que les «montagnards»-i.e. la France insoumise et ce qui reste du parti communiste-, qui se disent progressistes, sont en réalité des conservateurs militants… Le monde patronal français reste peuplé de conservateurs foncièrement antilibéraux.
Macron parle en septembre 2015 d’une société française engluée dans la rente, les monopoles et la défense des insiders, i.e. de tous ceux qui réussissent par des statuts ou des dispositifs contraignants dans la gestion de l’emploi à se protéger des aléas économiques.
Entre 2014 et 2016, Emmanuel Macron construit et égraine un projet feuillant, i.e. en langage plus moderne, social-libéral dont la composante libérale est à la fois affirmée et assumée.
3. Le macronisme en action: premiers éléments
L’économie française enchaîne des cycles d’une durée de sept à neuf ans, dont les années les plus défavorables, années de ralentissement, voire même de récession, furent 1975, 1983, 1993, 2001 et 2009. Le problème de la France est que, simultanément, son taux de croissance potentielle n’a pas cessé de reculer. Dans les années 1960, il était de 5%, dans les années 1970 de 4%, dans les années 1980 de 3%, dans les années 1990 de 2% et, depuis 2000, il se situe entre 1,5 et 1%.
C’est à la résolution des problèmes structurels du pays que le président Macron doit se consacrer en priorité: 1. La persistance d’un chômage élevé ; 2. L’absence de maîtrise des finances publiques ; 3. Un important déficit extérieur.
Porter un jugement sur les débuts d’Emmanuel Macron revient à s’interroger sur l’adéquation de la politique qu’il mène face à un héritage où le haut de cycle masque les limites du rebond de l’économie française, d’une économie en sous-emploi et marquée par les déficits jumeaux (budgétaire et commerce extérieur).
4. Le macronisme en action: rétablir la croissance potentielle
Par essence, l’État détourne à son profit une partie de la capacité de dépense du secteur privé. Ce détournement n’a de raison d’être que si la dépense publique a une utilité sociale supérieure à la dépense privée qu’elle empêche.
Cette prolifération morbide d’impôts est devenue une des composantes du « mal français » auquel il est urgent de s’attaquer.
En introduisant dans la vie des entreprises des obligations floues, voire contradictoires, on les fragilise. Enfin et surtout, le fait qu’à force de contraindre les entreprises, on porte atteinte à cet élément clé de leur fonctionnement et par-delà de la démocratie qu’est le droit de propriété.
Retraites. Le constat est simple, à savoir que la France, qui consacre 14% de son PIB à payer des retraites, est le pays de l’OCDE, après l’Italie, où ce poids est le plus élevé… Si le système accumule les déficits, c’est que l’on donne trop ou que l’on ne prend pas assez.
Toutes les astuces de langage plus ou moins alambiquées n’empêcheront pas que sortir de cet inconcevable déni sur l’âge de départ à la retraite est inévitable.
5. Le macronisme en action: redresser les finances publiques pour gérer le cycle
E. Philippe «La vérité, c’est que quand nos voisins allemands prélèvent 100 euros en impôts et en dépensent 98, nous en prélevons 117 et en dépensons 125. Qui peut penser que cette situation est durable?».
Chaque année, la France dépense 42 milliards d’euros pour rembourser ses intérêts. 42 milliards, c’est plus que l’intégralité du budget de la Défense nationale, c’est cinq fois le budget de la Justice.
Pendant la décennie de 1980 à 1990, les dépenses publiques ont représenté en moyenne 49,8% du PIB, 52,8% entre 1990 et 2000, 53,7% entre 2000 et 2011 ; et le quinquennat de François Hollande s’est terminé par un poids de 56,4% en 2016.
La dette publique représentait 99,2% du PIB au moment de l’élection d’Emmanuel Macron alors que son poids était de 20,7% en 1980.
Le bilan de ces allers et retours, allant de «coups de menton» économiques keynésiens justifiés par des discours sur le «modèle social français» à des corrections libérales inscrites dans le sens des attentes bruxelloises, est l’effritement de la crédibilité européenne de la France.
Redéfinir les missions de l’État, pour passer de la technique dite du rabot à celle dite du sécateur (qui consiste à «couper des branches», i.e. à redéfinir le périmètre de l’action publique).
Pour une nouvelle politique, il faut de nouvelles équipes. Et nous avons plus besoin d’une nouvelle politique budgétaire que d’une nouvelle politique de défense.
Le problème de la gestion de l’État n’est pas celui de la dépense publique, mais celui de la rente publique, i.e. de secteurs de l’administration qui, échappant à la concurrence, en profitent au nom du service public pour garantir à leurs gestionnaires des revenus indus.
Si l’on veut réduire le nombre de fonctionnaires, il faut savoir qu’il faudra affronter les syndicats conservateurs de la fonction publique. Pour l’instant, rien ne bouge.
6. Le macronisme en action: dignité nationale
Du fait de son impéritie budgétaire, Emmanuel Macron va devoir subir le cycle sans être en capacité d’en limiter l’impact…Apparemment, il compte sur le redressement en profondeur de l’économie pour contrebalancer les soubresauts conjoncturels. Son problème est que, malgré la reprise incontestable de l’investissement constatée en 2018, il n’est pas sûr que les mesures prises sur le marché du travail réduisent significativement et surtout rapidement le chômage.
Trois limites du macronisme en action : 1. Sa capacité personnelle à identifier les hommes utiles ; 2. Le peu de fidélité qu’il suscite ; 3. L’inexistence de relais politiques auprès de l’opinion, de militants aguerris prêts à protéger et à défendre sans barguigner le président de la République en cas de coup dur.
L’impression qui se dégage du groupe parlementaire d’En marche ! est qu’il est constitué d’une collectiuon d’hommes et de femmes dont on ne sait pas d’où ils viennent et qui ne savent pas où ils vont.
Dans les commentaires sur la haute fonction publique, on n’évoque guère le fait que Bercy ait été incapable de construire un budget à l’équilibre depuis plus de quarante ans.
Conclusion
Emmanuel Macron engage des procédures qui ne vont pas jusqu’à leur terme, ouvre des chantiers qui s’enlisent sans que personne ne comprenne où tout cela conduit.
Quatre points essentiels. Il lui faut : 1. Renforcer la concurrence ; 2. Faire du marché du travail un vrai marché : passer d’un cadre très contraignant à une logique contractuelle ; 3. «mieux dépenser» : utiliser les dépenses publiques pour améliorer la situation des plus défavorisés ; 4. Respecter nos engagements européens sur le plan budgétaire.
*
Émetteur du verbatim : François C
«Il faut dire que les temps ont changé…» - Chronique (fiévreuse) d’une mutation qui inquiète de Daniel COHEN - Albin Michel
L’espérance d’un avenir radieux a laissé place à la nostalgie d’un passé magnifié.
Toute la question est évidemment de savoir si le remède ne sera pas pire que le mal. Les robots vont-ils remplacer les humains et accroître la misère ? Le travail à la chaîne laissera-t-il place à une taylorisation des esprits, via Facebook et Netflix ?
Première partie PARTIR, REVENIR
I. Mythologies modernes
Les sixties marquaient bien davantage que le point culminant d’une phase de croissance. Un bouleversement beaucoup plus fondamental était en train de s’accomplir : la chute de la société industrielle allait vraiment se produire. Les trompettes de Jéricho embouchées en Mai allaient faire tomber, contre toute attente, les murs de l’ancienne forteresse. Les soixante-huitards n’y sont évidemment pour rien. Ils ont davantage flairé sa fragilité qu’ils n’ont été responsables de son effondrement. Un cycle totalement inédit était en train de s’ouvrir, rongé par une perte de sens, et qui allait mettre cinquante ans à se déployer.
Dans son livre Les Contradictions culturelles du capitalisme publié en 1976, le sociologue américain Daniel Bell analyse le capitalisme comme une tension permanente entre la sphère de la production, qui est habitée par un idéal d’ordre et de renoncement, et celle de la consommation, du marketing et de la publicité qui offrent des images de «glamour et de sexe, et font la promotion d’une manière hédoniste de vivre». L’une pousse à l’obéissance, l’autre à l’épanouissement. Vient un moment où elles ne parviennent plus à cohabiter.
II. Illusions perdues
1973 devait être la dernière année faste. A partir du milieu des années soixante-dix, les pays avancés allaient faire l’expérience d’une désillusion amère…La prospérité matérielle qui semblait acquise, voire excessive, devenait soudain incertaine.
L’assassinat de Moro en 1978 marque le paroxysme de la violence politique en Italie. On a appelé «années de plomb» la décennie mortifère des années soixante-dix…Tout au long des années soixante et soixante-dix, le nombre des homicides explose dans la plupart des pays riches, multiplié par un facteur 2,5 aux Etats-Unis et en Europe.
La violence criminelle des années soixante-dix a fini par abîmer la contre-culture des sixties. C’est elle qui allait, pour partie, déclencher la contre-révolution conservatrice, annoncée comme un retour à l’ordre moral tout autant que comme une solution à la crise économique.
III. La révolution conservatrice
La force de Reagan a été de rassembler dans un même programme les classes populaires (blanches) et les élites de Wall Street. Il a fédéré ses partisans autour d’une idée simple : le travail est salvateur.
L’économiste Benjamin Friedmann a montré…qu’il existe un formidable parallélisme entre les phases de croissance économique et l’essor des idées « progressistes ».
Deuxième partie LES TEMPS DÉGRADÉS
IV. L’adieu du prolétariat
Les classes populaires ont pris de plein fouet la dissolution de la société industrielle, qui, malgré ses défauts, avait au moins cet avantage de créer un habitat social intégrateur. Le sociologue Max Schuler a élaboré une théorie du ressentiment, dont le populisme a été l’expression parfaite. Il l’analyse comme un phénomène spécifiquement moderne, intrinsèque aux sociétés où l’égalité formelle entre les individus coexiste avec des différences spectaculaires en termes de pouvoir, d’éducation, de statut et de patrimoine, qui deviennent tout à coup insupportables quand on comprend qu’elles ne se réduisent pas.
V. La phobie migratoire
Aujourd’hui, les emplois les moins « flatteurs » de la société contemporaine –restauration, gardien de sécurité, commerce, aide aux personnes âgées- sont ceux qui vont aux immigrés. C’est ce qu’on appelle les bullshit jobs, dont les autochtones ne veulent pas, et que les immigrés de la première génération font partout, et auxquels ceux de la deuxième génération aimeraient échapper…Les immigrés représentent bien davantage qu’un enjeu économique. Boucs émissaires d’une société en crise, ils sont devenus le point de fixation de la violence contemporaine.
Comme le dit Pinker, à l’aune de la violence des punks, metal, gothiques, grunge, gangsters, hip-hop, les Rolling Stones feraient aujourd’hui figure de groupe caritatif…Les réseaux sociaux sont eux aussi devenus un réservoir de haine.
Daech a pris, à sa manière, possession d’Internet. Sa filmographie est directement inspirée des jeux vidéo. Ses recrues sont les digital natives du monde occidental, à qui on promet une place au paradis mais aussi et surtout une place dans l’imaginaire numérique.
Troisième partie RETOUR VERS LE FUTUR
VI. Le grand espoir du XXIème siècle
Tandis que s’effondraient la société industrielle et les infrastructures sociales qui la soutenaient, l’ascension de la société digitale progressait irrésistiblement.
C’est bien l’homme qui est au cœur de la société postindustrielle, mais un homme qui a besoin d’être préalablement numérisé pour épancher la soif inextinguible de croissance des sociétés modernes.
Le logiciel apprend seul, en jouant contre lui-même, au départ comme un débutant, puis de mieux en mieux, en utilisant ses propres « synapses », sa propre mémoire, pour acquérir de l’expérience, jusqu’à surclasser l’homme, grâce à des stratégies auxquelles aucun humain n’avait pensé auparavant.
La liste des progrès réalisés par les logiciels donne le vertige. On peut désormais tenir une puce, de la taille d’un grain de riz, entre le pouce et l’index, pour suivre à distance les malades atteints d’Alzheimer, ou pour s’identifier soi-même face à un robot…
Quel que soit le secteur considéré, moins la firme emploie de personnels, plus elle réussit…Le modèle de la «firme superstar» s’impose, avec un trait récurrent, celui du «winner takes most»: «le gagnant prend (presque) tout».
Dès qu’un problème est subtil et mêle plusieurs objectifs à la fois, il est inéluctable qu’un programme aveugle privilégie un objectif au détriment de l’autre…C’est lorsque l’ambiguïté est grande que les robots échouent.
VII. Génération Iphone
Il semble que l’effort pour participer au réseau, y trouver sa place, y être reconnu, soit l’annonce d’une servitude nouvelle davantage que la promesse d’une libération. Au grand miroir des réseaux sociaux, chacun cherche à magnifier la construction d’un être visible aux autres.
L’envers du média social est une insécurité sourde, la crainte d’être rejeté, de ne pas être à la hauteur de cette course au awesome, au «génial» ! »
Comme dans le film Matrix, le monde virtuel tend à remplacer le monde réel. Il faut des pannes électriques pour que le vrai cesse d’être «un moment du faux», comme disait Guy Debord dans La Société du spectacle.
Le monde numérique est celui de l’infini indéfini, où tout passe, rendant impossible une réflexion critique. Se présentant comme l’héritière d’une tradition individualiste, la culture numérique a construit un être hybride, de réseaux et d’algorithmes. Les individus passent plus de temps à médiatiser l’événement qu’à le vivre.
De nouvelles régulations, de nouvelles critiques sociales et artistes, doivent être conduites pour éviter que le monde numérique ne nous enveloppe entièrement dans son réseau de surveillance et d’addictions.
Gorz A. «Le capitalisme a ôté le désir ou le pouvoir de réfléchir aux besoins «véritables» de chacun, de débattre avec les autres des meilleurs moyens de les satisfaire et de définir souverainement les options alternatives qui pourraient être explorées.»
Conclusion : De Dylan à Deepmind
Schiavone A. « Nous avons besoin d’un nouvel humanisme, constructeur d’une rationalité intégrée et globale, à la mesure de nos responsabilités. Nous ne pouvons laisser la technique, et le réseau de pouvoirs dont elle est traversée, décider sans médiations des formes de la vie qu’il nous est donné de vivre. Il apparaît de plus en plus nécessaire de trouver un point d’équilibre qui, tout en intégrant le lien entre technique et marché, sache se placer en dehors de lui, qui permette d’élaborer ce qui apparaîtra comme un bien commun »
*
Emetteur du verbatim : François C
Cinquante nuances de guerre de Pierre Servant - Robert Laffont
«Les damnés de Mossoul» Tout n’est que chaos : moteur en flammes, camions criblés de balles, façades noircies, bidons éventrés, bennes défoncées, pylônes électriques couchés…La vie tente de s’extraire de cette masse de ferraille hostile…La vie humaine ravalée au rang de détritus, avalée par le grand démon du fanatisme religieux.
Le monde se fractionne et revient à la logique psychologique du duché, du marquisat, de la principauté, du califat.
L’ONU dénombre une trentaine d’Etats faillis (sur 193) et place cent vingt pays sur la liste rouge d’alerte pour cause d’instabilité chronique.
Les manœuvres de déstabilisation des Etats se feront plus fréquentes grâce aux armes de précision à longue portée, aux attaques en ligne (cyberguerre), aux systèmes robotisés permettant d’atteindre des cibles très lointaines et à la facilité croissante avec laquelle il sera possible de se procurer les techniques nécessaires à la création d’armes de destruction massive.
Première partie COMME UNE ENVIE DE BARBARIE
La barbarie monte de toutes parts et la civilisation marque le pas ou recule franchement. Le monde est à nouveau saisi d’une formidable envie de repli barbare, de recherche identitaire par rejet de la tribu des « autres ».
Assécher le terrain de la barbarie, c’est aussi se battre au plus près de soi sur ce terrain du sens, des valeurs, de la spiritualité (comprise dans son acception la plus large).
1. Recherche d’identité
Il y a dans l’air une envie frénétique de club à l’anglaise, fermé, sélectif et barricadé avec sur la porte un panneau subliminal ou explicite : »interdit aux »…ou « autorisé à »…
A travers la planète, des millions de personnes se sentent en voie d’expropriation : de leur terre, de leur culture, de leur maison natale, que cela soit une réalité (crises économiques, guerres, terrorismes, purification ethnique ou religieuse, peuples sans Etat : on pense aux Palestiniens et aux Kurdes) ou juste une crainte (« Je ne suis pas menacé mais je vais l’être à coup sûr »).
La montée de la pulsion identitaire –à travers une quête « religieuse » extrémiste- innerve toute la planète et toutes les religions.
2. Climat religieux tempéré…menacé
L’Indonésie (255 millions d’habitants dont 87% de musulmans) a vu progressivement sa tradition de pays tolérant et du juste milieu en matière religieuse remise en cause.
Ce qui pend au nez du premier pays musulman du monde, c’est une pakistanisation qui créerait des zones de non-droit contrôlées par les islamistes radicaux.
Chaque fois que l’on pose sa loupe sur une des terres du djihad, on trouve inlassablement les mêmes facteurs délétères : corruption des élites, mal-gouvernance locale, effondrement des services publics (notamment les soins ou les infrastructures), abandon d’une partie de la population par le pouvoir central, clanisme exacerbé, refus d’appliquer les accords de réconciliation, religion instrumentalisée, salafisme galopant, éducation faible ou inexistante (en dehors d’un enseignement coranique dévoyé par le wahhabisme), etc.
3. Bombes à fragmentation
Le génocide des yézidis a suscité dans le monde une indignation relativement mesurée.
Au début du XXème siècle, les chrétiens d’Orient représentaient 20% de la population du Moyen-Orient. Ils ne sont guère plus de 2 à 3% aujourd’hui.
L’Orient perd sa richesse humaine et culturelle : la lumière des juifs, des chrétiens, des yézidis s’efface, emportant avec elle dans la tombe ou l’exil la vitalité de cette terre.
La ville de Karakoch (près de Mossoul) est à elle seule un résumé de ce qui se passe dans cette région où ressentiments, haines recuites, guerres des religions, affrontements mafieux se mêlent sous le regard des grands parrains de ce conflit régional.
4. Éradiquer le pluriel
Stupéfaits, les Européens ont assisté en 2017 à la montée en puissance en Espagne d’une détestation de l’autre, devenu étranger à « sa » patrie.
MV Llosa « La passion peut être destructrice et féroce quand l’animent le fanatisme et le racisme. La pire de toutes, celle qui a causé le plus de ravages dans l’histoire, c’est la passion nationaliste. »
5. La chimère de l’ «ère nouvelle»
Le scrutin kurde d’autodétermination du 25 septembre 2017, histoire d’une pitoyable déconfiture kurde lourde de frustrations et de futurs affrontements.
Le résultat des premiers grands référendums sauvages de 2017 est catastrophique. Il laisse des pays déchirés, emplis d’amertume, l’un des camps attendant avec impatience le match retour pour prendre sa revanche. Le vent du sécessionnisme divise les peuples et délite « le vouloir vivre ensemble » cher à Renan. Il est lourd de sombres menaces.
6. La guerre des mémoires
En Pologne, le fossé est désormais infranchissable entre les conservateurs eurosceptiques au pouvoir et les libéraux pro-européens. Parmi les sujets de discorde : l’histoire nationale, devenue enjeu de combats mémoriels furieux.
C’est tellement nul que c’est bien
Réécrire l’histoire…signe en creux une attente : celle de populations qui se sentent menacées dans leur histoire par le poids d’une géographie débridée, sans limite ni frontière. Dans le noir de temps chaotiques, ils veulent pour avoir moins peur qu’on leur raconte des…histoires.
Le monde est devenu « religieux » à la façon des télévangélistes et des adeptes de Daech : incantations, condamnations et diabolisations sont leurs mamelles.
La révolution numérique, en diffusant les messages de la « nouvelle » vérité, en nivelant les discours (le pire est véhiculé plus aisément que le propos des « sachants » et « savants »), facilite la propagation de la sottise érigée en pensée ultime.
Donald Trump a été formidablement servi par la Toile, lieu impavide de propagation mondiale du « mentir-vrai ».
Deuxième partie COMME UNE ENVIE DE TYRANNIE
1. Le Fils du ciel et du dérèglement mondial
Assise sur le dogme d’infaillibilité maoïste, la Chine serait-elle en train de devenir une sorte de « Vatican » marxiste-léniniste, les porte-avions en plus et l’humilité du pape François en moins ?
Xi Jinping ne fait que picorer la pensée de Confucius. Il s’en sert d’abord comme de maximes qui lui sont utiles pour expliquer le sens de son action dans le cadre d’une « dictature éclairée ».
Il est le calme, Trump est l’agité. Cela ferait presque oublier la nature même d’un régime chinois qui reste répressif, ultranationaliste et marxiste, bref structurellement tyrannique, même s’il sait se montrer extrêmement manœuvrier et très entreprenant sur le plan du commerce international.
Pékin considère que l’Occident est devenu une pierre « molle », donc facile à travailler, à pénétrer.
Le PCC devient l’instrument de guerre idéologique du président chinois. La primauté du chef ne peut plus être désolidarisée de celle du Parti.
Le goulag chinois a de beaux jours devant lui, car il est clair que le régime de Xi entend faire mentir l’adage qui veut que le développement économique intérieur d’un pays s’accompagne d’un assouplissement du contrôle politique et d’une extension des libertés publiques.
2. La revanche de l’ «homme malade»
Dans la foulée du coup d’Etat en Turquie de juillet 2015, ce sont cent mille personnes qui ont été limogées, dont trente mille enseignants, avec une brutalité inouïe.
Parmi les marqueurs qui font d’un leader un tyran, celui de l’instabilité et de la réversibilité de ses alliances diplomatiques ou amicales émerge.
La mondialisation de la communication et de l’information a un terrible impact : les mauvais exemples se propagent très vite et font envie à des populations fragiles en quête de mâles dominants. En Serbie comme en Croatie, les idoles internationales ont pour noms : Trump, Orban (Hongrie), Wilders (Pays-Bas), Le Pen (France), Lindner (Allemagne), etc. La mondialisation facilite les effets miroirs et les phénomènes de contagion.
3. Nostalgies mémorielles
L’on ne comprend rien à la politique poutinienne sans prendre en compte une sorte de double nostalgie impériale qui a un large écho dans une partie de la population russe qui s’est sentie profondément déclassée après la chute de l’Empire soviétique.
4. Quand les Sassanides dictent à nouveau l’histoire du Moyen-Orient
Les Sassanides : cette civilisation puissante et érudite a régné pendant plus de quatre siècles (224-651 après J.-C.) sur un immense empire englobant l’Iran actuel, les territoires regroupés dans l’Irak d’aujourd’hui, l’Arménie…De défaite en défaite, l’Empire sassanide s’est effondré sous les coups de boutoir de la nouvelle foi armée : l’Islam.
Très investie en Iran et ailleurs dans le monde, la Chine cherche à tout prix à éviter des confrontations militaires directes qui gêneraient son grand projet d’expansion mondiale pour les cinquante ans à venir.
Jérusalem. En choisissant à travers un symbole détonant un camp contre l’autre, Washington abandonne la posture de médiateur de bonne volonté du conflit israélo-palestinien.
Soleimani. Il est l’un des maîtres d’œuvre et d’ouvrage en Iran de la forteresse chiite, développant sur place une activité aussi bien militaire, financière que diplomatique.
5. Traitement de choc pour l’Arabie saoudite, Etat schizophrène
L’écrivain Kamel Daoud parle à son propos d’un « Etat schizophrène », tout sourire en Occident et des plus barbares à la maison, avec décapitations publiques et discours de haine contre Israël, les apostats et les mécréants.
Ce pays qui, depuis les années 1970, a gangrené à coup de pétrodollars le monde sunnite d’un fondamentalisme abrutissant.
Fin 2017, médusés, les observateurs ont assisté à la mise sur pied d’une sorte d’axe anti-Perse : il fédère les Etats-Unis, l’Arabie saoudite (et les pays du Golfe, moins le Qatar) et Israël.
6. Moscow : the place to be
Dans le choc des icebergs nationalistes et la fonte des banquises étatiques, l’ours russe a prouvé que sa corpulence naturelle et sa diète récente ne l’avaient en rien handicapé.
Poutine a fait preuve au Levant d’un sens aigu des opportunités à saisir. Il a magistralement raflé la mise en sauvant Bachar et le clan alaouite d’un effondrement total.
Maestria diplomatique, cynisme politique, brutalité guerrière et sens affiné de la tactique ont permis au dictateur russe de se replacer au centre de la partie en peu de temps alors que son pays traversait une crise économique sévère à cause de l’effondrement du prix du baril de pétrole.
Ce que Poutine veut, c’est assurer la permanence de ses bases syriennes navale et aérienne en Méditerranée pour préserver son débouché vers les mers chaudes et y damer le pion à l’omnipotente Amérique.
7. L’atome des mollahs
Le monde est à la fois fortement fragmenté, sans polarité reconnue, et très relié…Dans ce contexte complexe, de quoi rêvent certains tyrans ? De l’atome ! C’est la garantie suprême, l’assurance-vie, la sanctuarisation garantie et, peut-être, la promesse d’une hégémonie par la terreur sur sa zone de convoitise.
8. Hiroshima mon amour
Kim Jong-un fait jeu égal avec les Etats-Unis, du moins dans l’invective.
Jusqu’où ira Kim Jong-un ? Que fera le président américain ? Que veut la Chine ? Ce sont trois questions majeures pour ce début de siècle.
La prudence commande de ne pas tout miser sur la raison dans un monde drogué à l’hyper-nationalisme. Le suicide collectif peut aussi faire partie de la panoplie d’une dictature ou d’une pensée jusqu’au-boutiste.
La Corée du Sud est la sixième puissance économique mondiale.
9. Le piège de Thucydide
Graham Allison : l’axe de sa réflexion le pousse à considérer que les grands décideurs sont loin de prendre des résolutions majeures d’une façon rationnelle…. » C’est la montée en puissance d’Athènes et la peur que cela a instillée chez Sparte qui ont rendu la guerre inévitable »
La frénésie d’irrationnel qui a saisi notre époque. La raison est balayée quotidiennement, y compris en Europe, au profit de la furie, de l’exclusion, du propos vindicatif, de la malhonnêteté intellectuelle, du sécessionnisme…Nous sommes entrés dans un temps d’hystérisation.
Les virus sectaires, mafieux, idéologiques sont proliférants. Ils s’attaquent aux parties faibles du monde. Elles sont nombreuses, comme on l’a vu.
Troisième partie COMME UNE ENVIE DE France…ET D’EUROPE
1. Discorde chez les « amis »
La France a péché longtemps par aveuglement sur le phénomène salafiste et sur le fait que la victimisation systématique des musulmans ne permettait pas de voir la progression du mal.
Certains courants de pensée se sont faits les alliés objectifs du salafisme, les aidant, par leurs postures idéologiques, à consolider une non-envie de France.
Pour le salafisme de combat, toutes ces fractures sont les bienvenues : c’est « la discorde chez l’ennemi » (titre d’un livre du général de Gaulle).
Tant que la menace du salafisme de combat (religieux, politique et djihadiste) n’aura pas été éradiquée, il continuera son travail de sape des démocraties et de pollution religieuse d’une partie de la planète.
Mais il y a bien une unicité politico-religieuse de référence à tous ces mouvements qui servent une seule cause : la volonté d’imposer à la planète un islam radical régissant tous les aspects de la vie des hommes sans exception (la charia).
2. Influence
« l’effet BTP » joue pour Macron et pour une nouvelle dynamique européenne : BTP pour Brexit, Trump, Poutine. Ce triptyque chaotique a pour effet de stimuler la diplomatie française et met l’Union européenne sous tension positive pour aller de l’avant. Chacun a conscience désormais, à Paris comme à Bruxelles, qu’il faut défendre et renforcer un modèle humaniste, démocratique, libéral et progressiste qui prend eau de toutes parts ailleurs dans le monde.
3. Locataire…contre propriétaire
Corporatisme, conformisme, cloisonnement et clonage des élites ont toujours affaibli le pays et précipité ses défaites. Parmi les pistes possibles pour s’opposer à ces « 4C », il y en a une qui nous semble cardinale : celle que nous appelons le « collaboratif créatif à commandement »…
4. Liberté, Maturité, Fraternité
Miser sur la résilience, la maturité et le courage face aux cinquante nuances de guerre qui assaillent la planète.
5. Europe, le sursaut ou le sursis
La mémoire redevient un vecteur de confrontation. Le nationalisme pointe son nez. Pourtant, la dynamique communautaire reste un miracle à réanimer d’urgence pour lutter contre le retour des tribalismes et des nationalismes.
Le système de valeurs européen, sa capacité à créer des normes (notamment dans le domaine de l’environnement), son souci de marier progrès économique et problématique sociale, sa capacité à partager de la souveraineté pour être plus fort à plusieurs, sa recherche d’entente et de coopération en font un projet alternatif séduisant aux modèles tyranniques qui se pavanent sur la scène internationale.
Il faut jouer à fond cette carte de la maturité européenne pour créer un pôle de réassurance dans un monde qui court à la catastrophe par son incapacité à faire sens et bien commun.
Ce que l’Europe va perdre en poids démographique, elle doit le regagner en influence démocratique.
Conclusion
La frontière des antagonismes passe au milieu des groupes humains et étatiques, grands ou petits. Les ONG et les institutions internationales caritatives en témoignent souvent : sur le terrain, il devient de plus en plus difficile de faire passer le fil de l’humanitaire au milieu de nombreux chas, de plus en plus étroits.
La maturité européenne, la fraternité, la pratique ancienne du collectif, l’équilibre des pouvoirs institutionnels (même s’il est parfois paralysant) sont autant de leviers pour s’opposer à la poussée qui semble irrépressible des ego bellicistes. Conforter ces leviers, c’est se battre, ici et maintenant, contre la barbarie et la tyrannie.
*
Émetteur du verbatim : François C