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Les filles au chocolat, tome 1, Cœur Cerise de Cathy Cassidy - Nathan et Pocket Jeunesse

Les filles au chocolat T.1 ; coeur ceriseFiche de lecture d’Antoine:

 Résumé: Cherry Costello est une fille de 13 ans à qui la vie n’a pas souri. Elle a perdu sa mère à 4 ans, ses camarades la méprisent, et personne ne comprend ses histoires de rêves et tout le monde pense qu’elle ment. Son rêve le plus cher se réalise enfin: son père a retrouvé une copine (Charlotte Tanberry). Elle va pouvoir avoir une nouvelle famille et une “nouvelle maman.” Malheureusement, cela est plus compliqué que ce qu’elle pensait car Honey Tanberry ne l’accepte pas et accepte encore moins le père de Cherry (Honey est triste depuis le départ de son père et n’accepte pas que sa mère ait un nouveau mari. Elle rejette donc encore plus sa mauvaise humeur sur Paddy et Cherry) Cherry va aussi tomber amoureuse de Shay, le petit copain de Honay… Réussira-t-elle à se faire accepter, voire apprécier, par ses quatre nouvelles demi-sœurs?

Avis: Ce roman démontre que la séparation de deux parents n’est pas facile et que les enfants peuvent parfois avoir du mal à l’accepter. C’est dur de se retrouver seul à éduquer un enfant mais même si deux membres d’une famille ne s’entendent pas bien, ils forment une famille. Avoir de l’imagination n’est pas un défaut et on ne choisit pas de qui on tombe amoureux et que quoi qu’on fasse, notre famille nous aime. 

Identité du personnage principal: Cherry Costello, 13 ans. Timide, à l’écart, secrète, débordante d’imagination, confond le rêve et la réalité. Elle est née à Glasgow en Ecosse et ses parents se nomment respectivement Paddy et Kiko Costello. Elle est petite, mince, la peau café au lait, les yeux noirs en amande, les cheveux noirs raide avec une frange qu’elle attache souvent avec deux petits chouchous. Son style vestimentaire se compose de jeans skinny, moulants et de toutes les couleurs et de tee-shirts à motifs japonais. Cherry aime les fleurs de cerisier, les roulottes de gitans, les histoires, passer son temps à rêver et les sodas. Son principal problème est qu’elle est amoureuse du petit copain de sa demi-sœur. 

* Oui la précédente fiche de lecture d’Antoine portait sur le tome 2 des Filles au chocolat, Cœur Guimauve. Que voulez-vous, on aime vous jouer des tours… Alors, pour nous faire pardonner, voici l’avis de notre super lecteur sur le tome 1 des Filles au chocolat, Cœur Cerise! Promis, la prochaine fois on vous présente le troisième tome (enfin, seulement si vous êtes sages…) 

ENTRE DEUX MONDES d'Olivier NOREK - Ed. Pocket 2017

Entre deux mondes Émetteur du florilège : François CORNEVIN

Ses avenues bordées de voitures brûlées ou explosées et dans ce chaos, parmi la police, les militaires, dans le bruit des véhicules tout-terrain de l’armée et des chars, une population terrifiée et résignée qui continuait de vivre comme on joue à la roulette russe.

À longueur de mois et d’années, prisonnier après prisonnier, poser des questions, extirper des réponses, par la peur, la menace et la violence, encore et encore.

Il n’avait pas imaginé la rencontrer en personne, flottant dans ce hangar, comme cette odeur pestilentielle de sang, de chair, de putréfaction et de vêtements souillés d’excréments. Devant lui, sur une immense bâche en plastique, s’étalaient en rangées ordonnées près de trois cents cadavres à la peau grise, au visage déformé et aux postures contrariées.

Dans l’embarcation, deux cent soixante treize migrants. Ages, sexes, provenances, couleurs confondus. Ballotés, trempés, frigorifiés, terrorisés.

Un chauffeur routier, le visage en sang, le regard perdu, sur une autoroute, en pleine nuit. La vidéo tremble, des flics, des pompiers, le camion couché dans un fossé sous les lumières des gyrophares.

De là où il se trouvait, personne n’aurait pu dire de quoi était fait le sol, chaque espace libre étant occupé par des tentes et des baraquements fragiles, faits de métal rouillé par la pluie, de morceaux de bois et de bâches en plastique. Toutes ces habitations suivaient la courbe des dunes et donnaient l’impression d’un océan agité de vagues de détritus.

Venant des pays les plus éloignés et les plus violents, ils échouaient ici, comme l’écume des conflits de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Ombre, c’est comme l’encre explosive dans les sacs de billets de banque. Il tache un djihadiste, qui tache une cellule et nous, on n’a plus qu’à remonter la piste en cherchant les couleurs.

Pour bloquer la file et empêcher le passage, deux migrants crevèrent les pneus du premier poids lourd. Une barre de fer brisa la vitre côté conducteur pendant que les phares étaient fracassés à coups de talon. Le chauffeur se coucha dans sa cabine, les mains sur la tête. Une porte s’ouvrit et il fut tiré par les pieds, jeté au sol et roué de coups. S’en prendre au véhicule de tête permettait de laisser du temps aux autres pour monter dans ceux qui suivaient.

Recruter des candidats au djihad n’était pas le plus compliqué…Mais là où l’expérience devenait nécessaire, c’était pour repérer celui qui n’hésiterait pas. A faire sauter un stade, une salle de concerts, à tirer sur les clients d’un bar en terrasse, à rouler sur la foule d’un 14 juillet et, s’il le fallait, se faire abattre, les armes à la main.

Séparé des siens, il avait réussi à fuir le Soudan à bord d’une camionnette surchargée, avec près de soixante personnes, écrasées les unes sur les autres comme des bûches qu’on empile. Compressés, tout en dessous, deux hommes et un enfant étaient morts étouffés et il avait fallu s’arrêter à la frontière de l’Egypte pour s’en débarrasser.

Ce syrien et cet enfant. Les drames qui les avaient détruits et réunis. Leurs familles quelque part sur la planète, chacun à la recherche de chacun. Les horreurs vécues. Leur solitude et leurs espoirs. La force et le courage de continuer. Et cette Jungle prison.

Dans son dos, des stries boursouflées. Ses mains étaient abîmées comme si elles avaient travaillé toute une vie. Manon n’était pas émue. Enfin, pas seulement. Elle était aussi en colère. Une vraie colère profonde qui grossissait à chaque nouvelle découverte. Sous ses doigts, cette partition de cicatrices racontait la vie de l’enfant.

Elle ne garda dans la fenêtre du viseur que son visage. La texture de sa peau, la profondeur de son regard et, indéfinissable, ce sentiment d’espoir, comme si demain pouvait enfin être un autre jour.

 

*

KAISER KARL de Raphaëlle BACQUE - Ed. Albin Michel 2019

Kaiser karl Émetteur du florilège: François CORNEVIN

Cet homme au carrefour des cercles du pouvoir, de l’argent, des médias et de la mode est resté parfaitement secret.

Il est né le 10 septembre 1933…Ce n’est pas simplement le nazisme que Karl s’efforce d’oublier, depuis. C’est aussi l’anarchie qui a suivi. Les centaines de milliers de réfugiés fuyant l’avancée de l’Armée rouge, à l’Est. Et les ambiguïtés de la fin de la guerre.

Depuis l’hiver 1954, Karl gagne sa vie.

En pénétrant chez Dior et chez Balmain, Saint Laurent et Lagerfeld ont signé leur entrée dans le monde du travail, de l’argent, du succès et aussi du romanesque.

La venue d’Andy Warhol à Paris, au mois d’octobre 1970… Andy Warhol et Karl Lagerfeld, c’est la rencontre d’un monstre médiatique avec un personnage en devenir.

Karl Lagerfeld ne veut autour de lui que la jeunesse, la beauté, le luxe… Il a une obsession du renouvellement permanent, cet aiguillon de la mode.

Le cinéma, la télévision, la rue lui servent pareillement de réservoir à images. Il absorbe, crée et passe au projet suivant . «Je suis une sorte de vampire. Je prends le sang des autres»,explique-t-il.

Karl a ceci de commun avec Jacques: il aime recomposer la réalité à son goût, en adéquation avec son imaginaire et son intérêt… Il montre un talent tout particulier pour dissoudre la réalité dans sa propre légende.

Régulièrement, il fait ainsi place nette entre les différentes périodes de son existence.

Avec ses collaborations pour une trentaine d’autres marques –vêtements, lingerie, chaussures, accessoires, décoration-, il est sans aucun doute le styliste le plus productif de Paris.

Toutes ces fêtes où l’essentiel est de paraître dans ses plus extraordinaires atours paraissent bien loin de la réalité du pays. Mais Karl Lagerfeld y a gagné une réputation d’aristo-punk, de styliste dans l’air du temps, de professionnel rigoureux et de figure de la jet-set.

Chanel est une marque illustre et vieillissante, mais les Wertheimer sont riches. Bien plus que Gabrielle Aghion, la créatrice de Chloé, et les sœurs Fendi réunies… Il a quarante-neuf ans, c’est le moment de changer.

L’ADN de la marque Chanel est un héritage écrasant… Voilà toute la difficulté pour Lagerfeld: on attend de lui à la fois une redite et un changement.

Depuis toutes ces années passées à lire, à collecter des images, à se nourrir de photos et de peinture, il a retenu les ADN de chacun de ses confrères. C’est un homme qui a en mémoire toute l’histoire de la mode depuis les années 20, dit-on.

Désormais, Karl Lagerfeld dessine chaque année huit collections : deux collections de haute couture et deux de prêt-à-porter pour Chanel, deux collections de prêt-à-porter pour Fendi, et enfin deux collections en son nom.

Depuis l’apparition du sida, le monde de la mode et de la nuit –c’est souvent le même- compte ses disparus. Liberté sexuelle, drogue, homosexualité se portaient en étendard dix ans plus tôt, et voilà que les troupes quittent la scène prématurément.

Quel curieux cercle, autour d’un lit d’hôpital! Dans chaque chambre, pourtant, c’est le même assemblage hétéroclite d’anciens fêtards, d’ex-beautiful people et de mères éplorées.

C’est ainsi, l’empereur de la mode entretient autour de lui une cour de fidèles et, à quelques mètres, une file de bannis. Ce sont d’anciennes inspiratrices, des collaborateurs qui ont fini par prendre trop de place, des courtisans d’autrefois qui n’ont pas saisi où se situait la frontière entre la fidélité et la servitude. Maintenant qu’il a perdu l’homme qu’il aimait, sa vie professionnelle lui tient lieu de famille. Et gare à ceux qui cherchent à s’émanciper de sa tutelle.

Chanel, Fendi, KL, Chloé : désormais, il dessine, crée et oriente la communication de quatre maisons, entouré d’une armada de financiers et d’avocats.

Lagerfeld a atteint la soixantaine en 1993, mais, aux yeux de ces nouveaux tycoons de la mode, il est une sorte de modèle préfigurant l’avenir, un athlète complet. Il dessine, crée, communique et, depuis 1987, réalise lui-même les photos de ses modèles pour les press-books et les publicités. Le tout en s’adaptant aux styles des différentes maisons auxquelles il collabore.

C’est peut-être là le premier secret de l’exceptionnelle longévité de Lagerfeld : il a vaincu Saint Laurent à l’endurance.

La jeunesse est une obsession, dans ce monde où, avant même d’atteindre trente ans, un mannequin est jugé fané. Pour Karl Lagerfeld, c’est un défi. Un effort constant pour se tenir aux avant-postes de la modernité.

Le couturier a survécu aux modes, à l’ère de l’industrie, à son rival Saint Laurent et même à Pierre Bergé, mort un an et demi avant lui sans avoir fait la paix. Homme de toutes ses époques, il a surfé sur le superficiel sans se laisser tout à fait entamer par l’acide de la célébrité. C’est dans ce domaine, probablement, qu’il a le mieux réussi. Connu partout, riche et parfaitement seul. Il est, dans le royaume qu’il s’était choisi, le dernier empereur. Kaiser Karl.

*

LE BUG HUMAIN - Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher de Sébastien BOHLER - Ed Robert Laffont 2019

Le bug humain Émetteur du verbatim: François C.

Nous sommes emportés dans une fuite en avant de surconsommation, de surproduction, de surexploitation, de suralimentation, de surendettement et de surchauffe, parce qu’une partie de notre cerveau nous y pousse de manière automatique, sans que nous ayons actuellement les moyens de le freiner.

Première partie Dans la boîte noire du cerveau

Nous sommes passés d’un monde où chaque individu pouvait planifier son avenir et celui des générations futures à une réalité nouvelle, où le futur est impensable.

La plupart des pays industrialisés sont régulièrement en situation de dépassement des ressources sur au moins cinq des sept grands critères que sont l’exploitation de l’eau, du phosphore, de l’azote, le changement agricole, l’empreinte écologique, la consommation matérielle et les émissions de dioxyde de carbone.

Aujourd’hui, face à la rapidité des changements qui interviennent dans notre environnement et qui vont menacer notre propre existence, nous sommes comme les pilotes d’un avion dont les témoins lumineux hurlent à tue-tête pour signaler un crash imminent, et qui se lanceraient: «Il nous reste deux minutes, on a encore le temps de se préparer un bon café».

Quand un comportement se traduit par de meilleures chances de survie ou de transmission des gènes, qu’il s’agisse de recherche de nourriture, de partenaires sexuels, de statut social ou d’exploration de nouveaux territoires, le striatum est inondé de dopamine et le comportement en question est renforcé.

La grande bouffe

Maîtrisant toujours plus de technologies pour assouvir nos besoins, nous sommes incapables de nous modérer dans l’application de ces technologies, qu’elles aient un rapport à la production de denrées alimentaires, d’automobiles véhiculant un statut social, de sexualité sur Internet, de statut social sur les réseaux du même nom ou d’addiction à l’information continue.

L’image que nous avons devant les yeux est folle: c’est celle d’une humanité qui engouffre 300 millions de tonnes de viande par an ; c’est la réalité d’une consommation qui double tous les vingt ans, i.e. à chaque génération d’êtres humains. Et d’une frénésie qui a eu tendance à s’accentuer encore ces dernières années.

Aujourd’hui, plus de 1,9 milliard d’individus de plus de 18 ans sont en surpoids. Parmi eux, plus de 650 millions sont obèses, ce qui représente environ 13% de la population mondiale. Ces chiffres ont triplé en quarante ans et, en 2030, on s’attend à ce que 38% de l’humanité soit en surpoids, et 20% obèses.

Le vrai maître du monde: le circuit de la récompense

La stimulation directe du système de récompense, dont le striatum constitue un pivot essentiel, plonge l’individu dans un état qui réunit les sensations d’un repas délicieux, d’une expérience sexuelle paroxystique et interminable, et d’une domination sur le reste du monde.

Programmés pour le sexe

Aujourd’hui, 35% des vidéos visionnées quotidiennement sur Internet sont des vidéos pornographiques… Chaque année, 136 milliards de vidéos pornographiques sont visionnées par l’humanité.

Le problème n’est plus la quantité. Le problème est de s’arrêter. Mais les structures profondes de notre cerveau qui fonctionnent à grand renfort de dopamine ne possèdent pas de fonction stop.

Les technologies de la communication pourraient représenter plus de la moitié de la consommation globale d’électricité à l’échelle de la planète en 2030.

Nous ne modifions pas l’ordre de nos préoccupations, et nous préférons voir des corps nus s’accoupler sur des écrans ou des chatons trottiner sur des moquettes angoras, quitte à être confrontés plus tard à des problèmes de première urgence, plutôt que de prendre nos destinées en main.

Atteindre le haut de la pyramide

La fascination pour les célébrités est donc un trait caractéristique des primates… Elle révèle une affinité puissante du cerveau pour tout ce qui se passe en termes de hiérarchie et de comparaison sociale au sein d’un groupe.

La comparaison sociale est un ressort puissant de nos comportements, et est profondément ancrée dans nos gènes ainsi que dans notre fonctionnement mental depuis des centaines de millénaires… Les personnes aiguillonnées par une forte comparaison sociale auront, de fait, accès à plus de biens matériels, de pouvoir et de sexe que les autres.

Grâce à des études génétiques de grande ampleur menées sur l’ensemble du continent asiatique, les scientifiques ont par exemple réussi à retracer toute la descendance du chef mongol Gengis Khan, et à établir ainsi que ce général a engendré au cours de ses conquêtes, environ 0,5% de la population mondiale par le biais de milliers de viols perpétrés sur des femmes qui lui étaient réservées, eu égard à son rang.

Les recherches en anthropologie font apparaître que les hommes de statut social élevé ont généralement plus de rapports sexuels et plus de partenaires que les hommes de statut socio-économique moins élevé.

L’affaire Harvey Weinstein a montré ce que produisait un striatum débridé: un sinistre cocktail de pouvoir et de sexe.

Il existe une force profonde qui nous pousse à vouloir disposer d’avantages que les autres n’ont pas… L’envie de se hisser au-dessus des autres constitue à elle seule un aiguillon fantastique.

Au moment où nous achetons une grosse voiture polluante ou un téléphone portable qui l’est tout autant,… nous vivons une bouffée d’euphorie et notre cerveau se reconfigure pour nous faire sentir ce que c’est que d’être plus haut que les autres.

Le striatum est malléable: monter ou descendre d’un cran dans la hiérarchie sociale enrichit ou appauvrit cette structure cérébrale en récepteurs de la dopamine.

La catastrophe consumériste dans laquelle nous sommes engagés n’existerait pas sans ces deux ingrédients: le cerveau d’un primate et la technologie d’un dieu.

Le citoyen des pays industrialisés achète aujourd’hui 60% d’habits en plus qu’en 2000 et les conserve deux fois moins longtemps.

La fabrication des smartphones ainsi que l’usage récréatif quotidien des moteurs de recherche et le visionnage de vidéos sur Internet sont générateurs de plus de gaz à effet de serre que le trafic aérien de la planète, avec plus de 800 millions de tonnes de dioxyde de carbone émis annuellement.

Ce principe de la création des besoins par comparaison sociale a essaimé par la grâce du miracle de la technologie et du confort. Les encouragements à consommer se focalisent aujourd’hui sur l’engouement de masse pour la technologie, qui table largement sur les comportements d’imitation et de mode.

La bénédiction du chômage

La loi du moindre effort est, juste après la loi de l’alimentation maximale, du sexe à gogo et de la domination, un socle fondamental du comportement animal, et même du comportement d’un animal «évolué» comme l’être humain. Elle est inscrite dans le marbre de votre striatum.

Il suffit de regarder autour de nous pour voir la technologie envahir tous les métiers au point de rendre l’emploi humain progressivement obsolète.

Dans nos sociétés modernes et industrielles, travailler est devenu nécessaire à l’individu s’il désire être doté d’une utilité et d’un rang social. Or, comme nous l’avons vu, le statut social est aussi important pour le striatum que la loi du moindre effort… Conclusion: notre striatum est pris entre deux feux.

Facebook, Twitter ou Instagram sont des machines à fabriquer du statut social virtuel… Facebook est un CV cool et informel destiné à tous. Chacun des deux milliards d’Internautes peut indiquer s’il apprécie ou non ce CV… Facebook a instauré la comparaison sociale sans limite. Vous pouvez passer vos journées à essayer de vous situer par rapport à des centaines de personnes, et c’est ce que font bien des gens.

L’envie d’être rassuré sur sa propre valeur est insatiable… Le virtuel est devenu, pour les masses du monde globalisé, un mode d’existence généralisé.

Informé, surinformé

La libération de dopamine dans le putamen et le noyau caudé, provoquée par la présence d’un stimulus saillant, signale toujours une opportunité intéressante… Le cerveau des primates serait ainsi en quête perpétuelle d’information, prêt à déceler dans son environnement tout indice révélant l’imminence d’un des quatre grands renforceurs primaires que sont la nourriture, le sexe, le statut ou l’absence d’effort.

Mais notre comportement est principalement déterminé par le striatum, et non par la raison. Nous sommes devenus des obèses informationnels, un phénomène désigné sous le nom d’infobésité.

Ce moment où l’on ne sait absolument pas si l’issue sera salvatrice ou destructrice détient la clé de l’addiction au jeu… Fait étonnant : l’activité de ces neurones est optimale dans les situations d’incertitude maximale. Autrement dit, des flots de dopamine et d’excitation sont suscités lorsque le joueur est face à une situation de risque total, d’exposition sans filet, avec autant de chances de toucher le jackpot que de perdre l’intégralité de sa mise.

L’on estime que 6% des jeunes Français de 14 à 24 ans seraient aujourd’hui considérés comme accros aux jeux vidéo, pratiquant plus de huit heures par jour.

Aujourd’hui, la technologie confiée aux humains est comme une ogive nucléaire remise entre les mains d’un enfant. Le potentiel destructeur de cette arme lui est totalement inconnu. Il veut s’en amuser. Il ne peut pas faire autrement.

Deuxième partie Le bug humain

Le règne de l’incohérence

Nous sommes figés dans notre structure cérébrale ancienne, confrontés à un monde qui change trop vite car nous l’avons fait changeant, et ce monde nous dépasse. Il y a là une trajectoire inexorable. Nous sommes lancés comme des boulets fous dans l’espace, avec un équipement neuronal qui a fait des merveilles pendant 500 millions d’années mais qui va maintenant tout faire exploser.

Programmés pour vouloir toujours plus

Le striatum est un régulateur de Watt dont le réglage serait susceptible d’augmenter en permanence. Tout se passe comme si la personne maniant ce régulateur déplaçait réguliè-rement les boules vers l’extérieur pour fixer un nouveau point de référence pour sa vitesse de rotation, lui imposant de tourner toujours plus vite.

Il paraît donc très difficile d’enrayer la logique du « toujours plus », qui est au cœur de notre constitution neuronale. Nous en voyons la manifestation la plus flagrante dans les effets du fast-fod et du junk-food qui sont les socles de l’épidémie mondiale de l’obésité. Le fast-food a érigé en principe maître la notion d’anticipation de la récompense.

Nous sommes prisonniers du présent

Le plaisir et la facilité que nous pouvons nous offrir maintenant ont cent fois plus de poids dans nos décisions que la considération d’un avenir lointain… Notre cerveau entrevoit l’avenir par bribes, mais il le perd de vue dès qu’une perspective immédiatement alléchante se présente.

Pour le striatum, le futur ne compte pas… Le système de dévalorisation temporelle est au cœur de nos choix dans de très nombreuses situations de nos vies… La question essentielle qui va se poser est donc de savoir qui, du striatum ou du cortex, a réellement la main sur nos choix et nos décisions.

Le cortex frontal, siège de la volonté et de la planification.

Au terme de ce processus, l’être humain est devenu un danger mortel pour lui-même. Son programme neuronal profond continue aveuglément de poursuivre des buts qui ont été payants pendant une grande partie de son évolution, mais qui ne sont plus du tout adaptés à l’époque où il s’est projeté. Au regard de sa situation actuelle dans un monde globalisé, l’humain est inadapté… L’immense cortex d’Homo sapiens, en lui offrant un pouvoir toujours plus étendu, a mis ce pouvoir au service d’un nain ivre de pouvoir, de sexe, de nourriture, de paresse et d’ego. L’enfant surarmé n’a aujourd’hui plus de limites.

Troisième partie Les voies de la sobriété

Pouvons-nous reprendre le contrôle de notre destin?

La prise de conscience que notre existence est brève et vouée au néant est insupportable et débouche…sur trois types de réactions : soit nous nous identifions à des groupes d’appartenance qui nous donnent l’illusion que nos valeurs continueront à vivre après notre mort (fanatisme, nationalisme ou communautarisme), soit encore nous nous arrangeons pour penser à autre chose, soit enfin nous cherchons à nous percevoir comme plus forts et plus résistants que nous ne sommes (attirance puissante pour tout ce qui peut renforcer notre estime de soi).

D’une certaine façon, tant pis si nos choix sont influencés, du moment que nous avons accès à des stimulateurs de notre striatum à titre gratuit et illimité… Comment faire accepter au striatum une baisse de ses renforceurs primaires, autrement dit une baisse de plaisir?

Faire plus avec moins: la puissance de la conscience

Rééduquer son cerveau pour apprendre la modération.

Retrouver la profondeur du temps… Le cerveau de l’addict accorde une valeur maximale à ce qui se passe ici et maintenant, et une valeur pour ainsi dire inexistante à ce qui arrivera demain ou dans un an.

Croissance matérielle ou croissance mentale? Dans nos tentatives de nous affranchir du déterminisme de notre striatum, l’enjeu de la conscience se révélera central.

Amener notre degré de conscience à un niveau comparable avec notre niveau d’intelligence sera sans doute un enjeu de premier plan pour l’avenir de notre espèce.

Continuer à promouvoir un système économique qui encourage nos grands renforceurs primaires est sans doute la pire des choses à faire, et c’est malheureusement ce que nous faisons depuis maintenant près d’un siècle, ce qui est en train de nous coûter notre planète.

*

Les filles au chocolat, tome 2, Cœur Guimauve de Cathy Cassidy - Nathan et Pocket jeunesse

Les filles au chocolat T.2 ; coeur guimauveFiche de lecture d’Antoine:

Résumé: Skye Tanberry, 12 ans, vient de rentrer dans l’adolescence. Et ce n’est pas facile car elle est excentrique et a du mal à s’y prendre avec son entourage: sa sœur Honey est colérique à cause du départ de son père, Greg, elle s’éloigned e Summer, sa jumelle, lui confie de monis en moins de chose et Skye a l’impression de vivre dans son ombre. Sa copine la délaisse et Tommy Anderson lui tourne autour pour avoir des conseils en amour. Plus étrange, depuis qu’elle a repris des objets de Clara Jane Travers, son arrière grande tante, elle tombe amoureuse d’un garçon imaginaire et revit en rêve la vie de Clara Jane. Pour trouver des réponses à ses questions, Skye va devoir chercher et fouiller.. avec l’aide de certaines personnes.

Avis: Ce super roman montre qu’on peut changer en grandissant, que la vie autrefois n’était pas toujours facile, qu’on est parfois attiré par le passé car il est plus confortable. Mais on est fait pour vivre à son époque, une personne ne peut pas être remplacée par une autre dans le cœur de quelqu’un et l’amour ne se commande pas.

Identité du personnage principal: Skye Tanberry, 12/13 ans, Sentimentale, passionnée, avenante, excentrique, indépendante. Son imagination lui joue parfois des tours. Elle est née à Kitnor, en Angleterre. Ses parents s’appellent Charlotte et Greg Tanberry. Ses cheveux sont blonds, longs jusqu’au épaules, ses yeux sont bleus. Son style vestimentaire est composé d’un chapeau et d’une robe vintage des années vingt. Elle aime les histoire romantiques, l’Histoire, l’astrlogie, ma guimauve et rêver. Son problème principal est qu’elle n’est pas faite pour les garçons. d’aujourd’hui. Elle a plusieurs frères et sœurs: Honey, Summer, Coco et Cherry Costello (demi-sœur par alliance).

Les métiers du futur, prospectives et paroles d'experts de Isabelle Rouhan - Editions First

Les métiers du futur - avocat augmenté, éducateur de robots, éthicien de l'IA, médecin numérique, neuro-manager... Prospectives et paroles d'expertsÉmetteur du verbatim: François C.

Tony Wagner: Les sept compétences de survie face au travail «moderne»: 1. Pensée critique et résolution de problèmes complexes; 2. Collaboration; 3. Agilité et flexibilité; 4. Initiative et esprit entrepreneurial; 5. Communication; 6. Analyse des données; 7. Curiosité et imagination.

Le défi: un système éducatif capable de donner à tous la possibilité d’être des couteaux suisses pluridisciplinaires pour s’adapter aux métiers multi-facettes de demain… qui, pour la plupart, n’existent pas encore.

  1. Les enjeux de la transformation des métiers
.L’impact de l’intelligence artificielle Elle peut avoir un impact favorable sur l’emploi et sur la qualité de vie au travail. Ma conviction est qu’elle doit amener des solutions en faveur de métiers plus utiles et plus épanouissants.

.L’accélération de l’IA: création ou destruction des emplois?

En France, la moitié des heures actuellement travaillées sont consacrées à des activités potentiellement automatisables.

D’après Eurostat, 15 millions d’emplois seront créés en Europe pour un niveau de qualification élevé d’ici à 2025, alors que dans le même temps, 6 millions d’emplois peu qualifiés pourraient être amenés à disparaître.

.Le défi de la diversité

Cinq grands facteurs de diversité : le genre, le handicap, les générations, l’origine sociale et culturelle, et l’orientation sexuelle.

.L’essor des métiers orientés vers le service à la personne

Paradoxalement, un monde plus technologique doit aussi être un monde plus humain, et donc plus tourné vers la relation. L’économie du soin va progresser et créer de nouveaux emplois, dans les services à la personne, la relation client, l’écoute du consommateur…le lien humain sera ce qui construit le plus de valeur durable.

.Exercer plusieurs métiers, successivement ou simultanément

Une partie des heures travaillées par chacun est potentiellement automatisable. Ainsi, du temps peut se libérer et des opportunités naître…Exercer des métiers différents nécessite aussi de la curiosité, de l’agilité et de l’adaptabilité.

.Accélération du feeelancing : vers la fin du salariat?

D’après Eurostat, le nombre de freelances aurait atteint 830 000 en France en 2017. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans.

«J’ai l’habitude de dire qu’avant je gérais un ratio «emmerdes sur salaire» et qu’aujourd’hui je pilote un ratio «kiff sur honoraires» !».

.Evoluer au sein d’un marché du travail devenu global

On assiste à une mondialisation à la fois des pratiques et des attentes. Dans ce contexte, la mobilité géographique est facteur d’employabilité.

 

  1. La typologie des métiers du futur
.Métiers tertiaires = métiers du futur?

L’agriculteur d’aujourd’hui est déjà connecté.

L’Institut Montaigne préconise la création de centres d’accélération de l’industrie afin de répondre aux enjeux de développement des PME et ETI/Création prochaine d’un premier centre pour chacun des neuf secteurs d’activité industrielle suivants : automobile, aéronautique, construction, ferroviaire, navale, agroalimentaire, industrie chimique, industrie pharmaceutique et énergie.

Des métiers nouveaux liés à la création de prototypes imprimés en 3D, à la mise en place de tests virtuels des lignes de production, ou encore à l’assistance à distance par de la réalité augmentée.

.Futurologue n’est pas un métier.

85% des emplois qui seront occupés en 2030 par les écoliers d’aujourd’hui n’existent pas encore actuellement… La négociation, la persuasion, l’originalité, le sens artistique sont autant de capacités humaines que les robots n’auront probablement jamais.

La transformation digitale favorise le retour de métiers d’artisanat en sommeil depuis parfois un demi-siècle…Ceux qui se lancent avec succès dans l’artisanat, et par là même préservent des bassins d’emploi et les développent, sont ceux qui sont capables de conduire une stratégie digitale pour communiquer sur leurs savoir-faire. Pour réussir, ils doivent maîtriser l’art du récit de marque (le storytelling), stimuler, cibler et fidéliser des prospects.

La prospective trouve ses limites dans la manière dont nous nous représentons les choses dans le présent où nous les énonçons.

.Degré d’automatisation et de transformation : des critères discriminants

Un métier ne se confond pas avec un poste, ni avec un emploi. C’est une habileté qui s’acquiert par l’expérience.

C’est le caractère routinier ou non d’une activité qui est à considérer…Tout l’enjeu est donc désormais de détecter quelles tâches sont automatisables dans un métier, et comment utiliser le temps libéré par cette automatisation pour l’orienter vers la création de sens et de lien utile.

.Data et singularité

La continuité psychique se rencontre seulement chez l’homme. Un robot n’est pas, il est programmé…C’est pourquoi les métiers qui font la part belle à l’effort (sportif), ceux qui requièrent un savoir-faire inventif (paysagiste, styliste, chef cuisinier,…), ceux dont le rôle consiste à faire évoluer les autres (professeur, formateur, psychologue, coach,…) et les métiers qui mettent en scène l’expression humaine (danseur, musicien, chanteur, acteur,…) sont des métiers d’avenir. Dans cette logique, on recrute un « talent ». On n’attend pas d’un humain qu’il exécute une tâche de manière répétitive mais qu’il soit proactif.

.Les trois types de métiers du futur: évolution, révolution, innovation

Premier type : des métiers en évolution;

Deuxième type : des métiers en révolution;

Troisième type: l’innovation radicale, des métiers en mutation éthique.

 

  1. Des métiers en évolution
.Enseigner dans le futur

Le rôle de professeur en chair et en os ne va pas disparaître, mais bien évoluer vers une fonction destinée à décrypter le monde pour leurs élèves, qui eux-mêmes doivent changer de posture. Pour rester apprenant tout au long de sa vie, il faut en effet une bonne dose d’humilité, et ne surtout pas être figé dans ses certitudes.

D’ici 2020, il restera entre 170 000 et 212 000 postes à pourvoir dans le numérique sur un total de 650 à 700 000 emplois dans ce secteur. Cela représente entre 25% et 30% des postes non pourvus et vacants en France dans l’économie numérique.

Fiche métier: Professeur du futur: Les missions principales; Les apports du rôle; Les compétences requises; La valeur ajoutée.

.Déployer l’accompagnement personnel à grande échelle

Le coaching est un accompagnement personnalisé cherchant à améliorer les compétences et la performance d’un individu, d’un groupe ou d’une organisation, grâce à l’amélioration des connaissances, l’optimisation des processus et des méthodes d’organisation et de contrôle.

Fiche métier: Amplificateur de talents: Les missions principales; Les apports du rôle; Les compétences requises; La valeur ajoutée = un catalyseur.

.Le journaliste de demain

L’information de flux n’a plus d’avenir, si ce n’est pour des médias bénéficiant déjà d’une audience massive. Pour les autres, un défi s’impose: monétiser auprès des publics une information «qui se démarquera, se distinguera de celle, redondante, partout disponible».

Fiche métier: Cyberjournaliste… Il doit savoir cerner un sujet en vue de toucher une cible… Il possède trois éléments que seul un humain peut détenir: le jugement, l’expérience et le style… Le journaliste du futur maîtrisera le motion design, ou animation graphique, et la datavisualisation, ou représentation visuelle de données.

.Les métiers de la finance et du commerce

En 2018, les IA qui effectuent du trading à haute fréquence représentaient 35% des transactions en Europe et 70% aux Etats-Unis.

Fiche métier: Social seller… Il entretient un réseau de relations via les réseaux sociaux à des fins commerciales. Grâce aux plateformes, il combine à grande échelle des modes d’approche pertinents des prospects, des partenaires et des clients.

.Impact de la blockchain sur les métiers de l’IT

Les métiers du cryptage et du développement informatique sont au cœur même des enjeux de la blockchain.

Fiche métier: Développeurs informatiques (Front end, Back end, intégrateur)… Le développeur informatique doit être orienté vers les solutions. Son obsession doit être de résoudre efficacement tous les problèmes techniques qui peuvent se présenter.

.Les métiers du droit

Les nouvelles technologies juridiques sont avant tout porteuses d’opportunités: elles vont simplifier la mise en relation des acteurs du droit avec particuliers et entreprises, grâce à divers modèles de plateformes. Elles vont également modifier en profondeur la manière dont les directions juridiques travaillent en interne et avec les cabinets d’avocat.

Fiche métier: Avocat augmenté… Les principales compétences requises sont l’appétence pour les nouvelles technologies, l’agilité, la faculté d’adaptation et la capacité à donner du sens.

.Métiers de la data et de l’aide à la décision: le data scientist de demain.

Le rôle du data scientist se transforme désormais en un métier d’interprète des data, capable de travailler avec les données afin de leur donner du sens.

Fiche métier: Interprète des data… Il sait écrire des algorithmes et coder. Il saisit les enjeux de transformation de l’entreprise, et s’appuie sur la data pour identifier des solutions de croissance rentable et optimiser certains processus.

 

  1. Des métiers en révolution
.La nouvelle économie de la connaissance

La connaissance est une ressource stratégique qui améliore la performance d’une entreprise, décuple ses capacités d’innovation et accroît la pertinence de son positionnement concurrentiel.

.Piloter les ressources humaines dans un monde exponentiel

Le DRH doit précéder le changement. Son défi est d’accélérer sa capacité d’analyse stratégique et prédictive, afin d’anticiper les besoins en compétences de l’entreprise pour toujours avoir un coup d’avance.

Fiche métier: DRH d’un monde exponentiel

.Le nouveau manager sera neuro-manager

Le management évolue vers une forme d’intelligence collective que le manager doit insuffler à l’équipe qu’il pilote.

Fiche métier: Neuro-manager Un bon manager est quelqu’un qui aime les gens et manifeste un bon niveau d’empathie cognitive et affective. Il doit être curieux, souple, à l’écoute, et réinterroger régulièrement ses propres certitudes. Son défi sera de savoir casser les postures établies, pour construire un nouvel équilibre dans lequel ses collaborateurs cesseront de subir pour devenir acteurs à part entière de leur propre destinée individuelle et collective.

.Déployer l’agilité dans l’entreprise

«L’entreprise agile est une entreprise qui apporte des solutions concrètes et personnalisées à ses clients, qui coopère pour améliorer sa compétitivité, qui s’organise pour maîtriser le changement et l’incertitude, et enfin qui se nourrit de la richesse de ses collaborateurs et de son patrimoine informationnel.» Cabinet Deloitte

Le scrum master: c’est une sorte de déclencheur d’agilité, qui anime les rituels liés aux modes de travail agiles. Son objectif et sa valeur ajoutée sont d’aider l’équipe à démarrer, prendre de la vitesse, puis à la maintenir.

Fiche métier; Scrum master Il reste généralement concentré sur ses fonctions de coordination, de communication interne, d’analyse et de résolution des obstacles, qui constituent un rôle à plein temps et sont la clé du succès du projet.

.Le service public de demain

Fiche métier: Fonctionnaire intrapreneur.

.L’art numérique

L’art numérique est le point de contact entre la création artistique et les nouvelles technologies… L’artiste numérique, qui évolue en réseau, est l’antinomie de la figure de l’artiste maudit.

Fiche métier: Artiste numérique… Il crée des produits visuels ou tactiles multimédias: site web, jeu vidéo, application mobile, clip vidéo, exposition interactive, film d’animation. Il doit donc maîtriser le code informatique et les divers outils de design numérique correspondant à son champ d’application.

.Repenser l’architecture : la ville de demain

Ces initiatives (ville intelligente) portent sur la mise en œuvre d’une gestion optimisée des infrastructures pour qu’elles soient communicantes, adaptables, durables, dans le but d’améliorer la qualité de vie des citoyens dans la ville et dans la rue.

Le lien social s’exprime désormais dans la rue, et cela engendre des métiers nouveaux. La plupart d’entre eux seront liés à la gestion de l’espace et des lieux, pour amener du service, du lien et du sens dans l’espace public.

Fiche métier: Architecte de smart city.

 

  1. Des métiers en mutation éthique : innovation radicale
.Pourquoi faut-il éduquer les robots?

Fiche métier: Educateur de robot.

.Structurer l’éthique de l’intelligence artificielle

Fiche métier: Ethicien de l’intelligence artificielle. Son rôle est de s’assurer du cadrage initial des algorithmes et des données utilisées pour les entraîner, afin que leurs recommandations et décisions ne se bornent pas à simplement mettre en œuvre des solutions statistiquement optimales, mais respectent aussi ce qui est éthiquement et socialement acceptable.

. Renforcer la cybersécurité

On enregistre une cyberattaque toutes les quarante secondes et une entreprise sur cinq dans le monde est concernée. Malheureusement, un tiers des PME attaquées ne s’en remet pas.

Fiche métier: hacker éthique (ou consultant en cybersécurité).

. Faire avancer la médecine au moyen de la data

Le numérique pourrait devenir une spécialité médicale, au même titre que la cardiologie ou la neurologie. Ces médecins numériques auront pour mission d’entraîner et d’éduquer des intelligences artificielles à mieux diagnostiquer les patients.

Fiche métier: médecin numérique.

 

  1. Le recrutement du futur
. Comment être recruté efficacement grâce à l’intelligence artificielle

Susciter des candidatures spontanées pertinentes reste stratégique pour réussir un recrutement. Ainsi, grâce à la Bonne Boîte, Pôle emploi a permis à 7 millions de demandeurs d’emploi de cibler leurs recherches. Pour chaque entreprise à fort potentiel d’embauches, des recommandations les aident à choisir le meilleur canal pour obtenir un rendez-vous.

. L’agilité, ou comment être acteur de son employabilité

Chacun est acteur de son employabilité… C’est notamment la mission d’OpenClassrooms, qui propose des parcours diplômants pour former des personnes en reconversion à des métiers en tension.

. Rester apprenant tout au long de sa carrière

BOOST.RS permet de donner à tous les collaborateurs la possibilité d’évaluer leurs compétences et d’avoir un parcours de carrière personnalisé, en osant ouvrir des portes inconnues.

. Vers un recrutement durable

Cette anecdote démontre bien que le contact via l’écran peut mener à la rencontre dans la vie réelle, que le hasard, l’envie, le goût des autres, l’audace doivent avoir leur place pour construire le chemin de chacun vers son projet durable et son métier du futur.

Prenez soin de vous.

 

LES NOUVELLES GUERRES - Sur la piste des hackers russes d'Etienne HUVER & Boris RAZON - Arte éd. Stock

Les nouvelles guerres ; sur la piste des hackers russes Émetteur du verbatim : François C.

Ch. 1 L’OTAN, ces nouveaux punks

(Février 2017) Mais dans les deux cas (présidentielles USA et France), on pointe du doigt un seul et même coupable: les hackers russes, nouveaux trublions de l’ordre mondial.

(Printemps 2017) Dans cette atmosphère pour le moins tendue, les banques et les médias estoniens sont subitement attaqués. Les hackers utilisent un réseau de plusieurs dizaines de milliers d’ordinateurs pour faire tomber les sites web les uns après les autres. Tous les indices laissent penser que la campagne est coordonnée depuis la Russie… Cette attaque met en lumière l’une des faiblesses des démocraties occidentales: leurs réseaux hyper-connectés qui vont encore se densifier dans les décennies à venir et dont la sûreté laisse à désirer.

Le cyberespace est devenu un champ d’action militaire, au même titre que la terre, la mer, le ciel et l’espace.

À Tallinn, le mot est sur toutes les lèvres. Ce qui a commencé n’est rien d’autre qu’une guerre nouvelle, ni chaude, ni froide. Une guerre souterraine qui est en train d’affecter le monde entier.

Ch. 2 Anatomie d’une arme parfaite

27 juin 2017: ce jour-là, un virus dévastateur pour l’économie mondiale a fait son apparition: NotPetya… C’est un malware, un logiciel malveillant, dont la propagation révèle la dimension mondiale et stratégique.

Il comprend que cette attaque n’a rien à voir avec celles qu’il a connues jusqu’alors. Le virus progresse en récupérant les données d’administration, il prend le contrôle du réseau, il a les clefs des machines infectées… Le malware dévore les ordinateurs ukrainiens tout cru… Une attaque d’une telle importance est un révélateur extraordinaire de l’aspect interconnecté de nos vies. NotPetya est une arme capable d’affecter notre vie dans ses aspects les plus quotidiens. Et ce, partout dans le monde.

Un seul ordinateur a suffi, la porte d’entrée dont avait besoin NotPetya pour qu’un des colosses de l’économie mondiale mette un genou à terre. C’est comme une invasion, un jeu de go informatique où les ordinateurs changent de main et passent du côté obscur de la force.

Le programme ne connaît pas de limites: chez Saint-Gobain, il y a eu près de 17 000 ordinateurs touchés par NotPetya. Et l’angoisse de perdre le contrôle.

Le nerf de la guerre du hacking, ce sont donc ces failles connues ou inconnues des logiciels que nous utilisons chaque jour.

(NotPetya) Cette arme a donc toutes les vertus: outil de surveillance des entreprises et administrations ukrainiennes, outil de destruction des infrastructures interconnectées de l’économie mondiale et avertissement, voire protection d’une opération de plus grande ampleur encore.

Les malwares ou cyberarmes, si l’on préfère, agissent comme des révélateurs, ils mettent en lumière les failles béantes que nous avons laissées dans nos infrastructures, par mépris, naïveté ou méconnaissance.

Ch. 3 Les blancs, le gris et le truand

Grâce à sa certification, la SSII Wavestone est l’un des rares opérateurs à pouvoir intervenir sur des environnements critiques pour l’Etat français, notamment les 249 «opérateurs d’importance vitale» (OIV) dont l’identité, en théorie, est tenue secrète.

Des sociétés, des individus se spécialisent dans la recherche des failles informatiques. Cela s’appelle le «bug bounty» et c’est devenu une sorte d’Eldorado du XXIème siècle, avec son lot d’aventuriers, de profiteurs et de filous opportunistes capables de monnayer au mieux leurs pépites.

Les hackers sont des talents qui servent à mener un combat d’un genre nouveau aux confins de l’espionnage, de l’influence et du sabotage. Une guerre de basse intensité. Le seul endroit du monde où elle est pour le moment assumée et visible demeure l’Ukraine, ce laboratoire moderne de la cyberguerre.

Ch. 4 Le laboratoire de la guerre nouvelle

Dans le monde du hacking comme dans celui de l’espionnage, triomphent les jeux de miroirs, les labyrinthes, les faux drapeaux. C’est un univers de paranoïa et d’inquiétude, lesquelles prospèrent dans le léger décalage à la jointure des mondes: l’apparente solidité des infrastructures informatiques qui sous-tendent l’économie mondiale et la réalité des failles, aisées à débusquer quand la science du code demeure encore aléatoire.

Dès les semaines qui ont suivi la révolution de Maidan, les attaques ont commencé. ACTE 1: Manipuler les résultats électoraux ; ACTE 2: Saboter les infrastructures… Dans la nouvelle guerre, le black-out est une arme puissante. Il peut toucher la fourniture d’électricité, les télécommunications, clouer au sol les avions. Il peut, en somme, empêcher un Etat de fonctionner.

Ch. 5 Le fou, le rusé et le prophète

Officiellement, le Kremlin a toujours nié son influence sur les groupes armés qui contrôlent l’est de l’Ukraine. Pour retourner cette rhétorique, l’information doit devenir une arme. Les frontières entre la diffusion de documents, l’investigation et la propagande s’estompent. C’est là que les hackers comme Falcons Flame entrent dans la partie. Mission: trouver et exploiter toutes les failles des systèmes informatiques ennemis. Chaque information compromettante peut frapper durement le camp d’en face.

Écouter Sean fait pénétrer dans un univers assez effrayant. Celui d’une guerre nouvelle et souterraine qui n’est pas prête de s’arrêter… La cyber-guerre est disruptive comme Uber et Airbnb ont modifié l’écosystème des transports et du tourisme.

Ch. 6 Le maître russe

La rhétorique de la cyber-guerre est celle du doute permanent, du «tout est possible», des nouvelles manipulées ou manipulables.

L’univers numérique a offert une plateforme inédite au pouvoir russe. En une dizaine d’années, ses stratèges ont excellé à y manœuvrer et à jeter les bases nouvelles de la cyber-guerre.

(Russie 2011) L’idéal libertaire d’un réseau ouvert et libre a pris fin au profit d’une politique d’encadrement et de musellement de ce qui se produisait en ligne… La pensée russe en la matière s’affirme à large spectre: elle intègre toutes les étapes de l’espionnage et du sabotage, en passant par l’influence et la manipulation, depuis le hacking et les cyber-armes jusqu’à la propagande. En cela, elle redéfinit les contours de la guerre et de ses acteurs.

Quand on le presse de savoir ce qu’il pense de la cyber-guerre, du sabotage, de l’espionnage, il lâche cette phrase curieuse et si révélatrice: «Tant qu’il n’y a pas de règles, tout le monde a tendance à les violer.»

Ch. 7 Le clown, la vierge et le nostalgique

«Si quelqu’un nous demande de «tuer» un concurrent, on met son site hors service. Dans les commandes, il y a aussi la recherche de failles, le piratage de sites et la récupération de bases de données. Pour ce genre de services, le prix varie beaucoup. Cela dépend du volume de travail.»

À la tête de ses sociétés Esage Lab et Zor Security, Alisa est une reine du code et surtout une grande spécialiste des tests d’intrusion. Elle cherche les failles et se montre douée pour les trouver.

«Vous savez, personne n’utilisera l’arme nucléaire en Europe… Mais, dans l’esprit de nombreux gouvernements, les hackers sont devenus une arme nucléaire sur deux jambes.»

Ch. 8 La diagonale du fou

(2016 Révélation du hack russe des e-mails démocrates): un coup de maître, probablement la plus grande campagne de déstabilisation politique des Etats-Unis… «C’est une guerre psychologique à grande échelle qui a eu lieu.»

Les Américains n’ont donc pas anticipé une grande ingénierie sociale où les chausse-trapes et les leurres étaient semés partout.

Les hackers subvertissent les réseaux sociaux et démontrent par l’absurde ce que ces lieux sont devenus: une foire d’empoigne où la polémique vaut espace public. Un puissant outil au service de qui sait les manœuvrer.

Ce qui frappe dans cette histoire, c’est la durée de la préparation, l’intensité et la multiplicité des frappes, la vitesse des réactions et la coordination de l’attaque.

(La guerre qui secoue le Donbass). Les Russes en ont fait un modèle: ils mènent des guerres par procuration avec des «petits hommes verts» qui envahissent des territoires sans insignes ni drapeau, des mercenaires.

Car si la cyber-guerre mondiale est en cours, nous ne sommes déjà plus en paix. Nous vivons dans cet état incertain: un conflit permanent de plus ou moins basse intensité, ni guerre ni paix, sans adversaire officiel et avec des enjeux qui évoluent au gré des saisons… C’est un peu comme si l’arme nucléaire avait été mise au point mais qu’aucune doctrine n’ait été élaborée pour en «normer» l’utilisation.

Ch. 9 Le fantôme, le poupon et les agents doubles

Dans le monde des cybercriminels, le botnet GameOver Zeus est l’arme fatale, un réseau de centaines de milliers d’ordinateurs capables de remonter des identifiants bancaires partout dans le monde. Des plus grandes banques aux plus petits particuliers, des milliers de victimes se sont fait plumer.

Il suffit de peu de choses pour faire dérailler le système. Mais en Russie encore plus qu’en France, il faut faire avec la corruption galopante et l’autoritarisme du pouvoir exécutif.

L’essence du deal, c’est que l’État russe a accès aux technologies et à l’information des cyber-criminels, et les laisse voler à l’étranger en toute impunité.

Ch. 10 La cyberguerre est une métaguerre

Ce qui s’est produit pendant les élections présidentielles (USA) de 2016… c’est l’acte de naissance d’un nouvel âge où la guerre a changé de forme.

Les mouvements liés au numérique sont les mêmes dans tous les secteurs. Ils bouleversent l’ordre établi et chamboulent les systèmes de valeurs en introduisant de nouveaux acteurs, de nouvelles pratiques, de nouvelles idées.

Il n’y a plus ni vérité ni stabilité, plus de socle où construire du discours. Dans ce cadre, le déni perpétuel qui est devenu la marque de fabrique de Vladimir Poutine… fonctionne à merveille. «Puisque plus rien n’est vrai, tout est possible» semble être devenu le mantra du régime, voire du pays. Peut-être même du monde.

Pour des sociétés hyper-connectées, où le progrès technologique et l’interconnexion croissante des réseaux sont un moteur, la méta-guerre est une menace permanente.

La cyber-guerre donne l’avantage aux pouvoirs forts. Entre la politique de puissance d’un côté et la dérive de l’économie de l’attention de l’autre, le réseau a quitté l’âge tendre de l’enfance pour entrer dans l’ère des menaces. Sans un changement radical de cap, nous vivrons longtemps dans cet état de guerre continue, floue et indistincte.

*

LA FRANCE QUI DECLASSE de Pierre VERMEREN - Ed. Tallandier 2019

La France qui déclasse ; les Gilets jaunes, une jacquerie au XXIe siècle Émetteur du verbatim : François C.

Cette victoire aux présidentielles de 2017 de Macron ne pouvait occulter le sentiment de révolte des Français contre des élites jugées incapables de résoudre les problèmes de fond posés au pays depuis des décennies. Le premier scandale est celui du chômage massif, indissociable de la désindustrialisation qui frappe continûment le pays. Le second tient au dispositif financier et fiscal qui conjugue un niveau de fiscalité record dans le monde, avec une dette et des déficits publics considérables. Le troisième tient à la situation sociale intérieure qui se traduit par un haut niveau de délinquance, des violences urbaines et une phase de djihadisme islamique inédite sur fond d’ouverture des frontières mal maîtrisée.

Ch 1 La révolte des Gilets jaunes, une révolte inédite?

Un rond-point coûte entre 500 000 et 1 million d’euros… Avec 30 milliards d’euros d’investissements publics consacrés aux ronds-points en trente ans, on mesure avec quel discernement sont dépensés les deniers publics pour aménager l’espace.

Deux «luttes sociales» paraissent rétrospectivement annoncer la révolte des Gilets jaunes: la révolte des Bonnets rouges, qui a éclaté en Bretagne à l’automne 2013 ; et l’insurrection écologiste et libertaire presque bretonne de Notre-Dame-des-Landes.

Ce cocktail détonnant a produit en 2017 l’implosion d’une classe politique accusée de négligence et d’inefficacité. Emmanuel Macron et La République en Marche ont gagné dans un contexte d’effondrement des partis de gouvernement, faisant suite au recul des corps intermédiaires. Partis, syndicats, Églises et médias se sont peu à peu coupés de la majorité du peuple, qui les tient en peu d’estime et souvent les ignore.

Ch. 2 Désindustrialisation et chômage de masse, une spirale cinquantenaire

La France compte trois millions de jeunes de 15 à 34 ans inactifs, soit un jeune sur cinq: ils ne sont ni en emploi, ni en stage, ni en études… Cette situation inédite résulte de la destruction de 6 millions d’emplois agricoles depuis la guerre de 14-18, suivie par celle de 3,5 millions d’emplois industriels directs et indirects depuis 1984.

De 2009 à l’été 2016, 1974 sites industriels ont été fermés en France (certaines usines ont été créées entre-temps, mais en nombre inférieur) soit 601 fermetures nettes.

Ce tableau ne serait pas complet sans l’économie sociale de redistribution, qui fait de la France le plus grand prestataire mondial de revenus sociaux, avec 15% du total mondial pour 1% de la population du monde.

Mais quitter l’emploi pour un système complexe d’allocations diverses et de petits boulots, voire de combines en tout genre, c’est la porte ouverte à la désagrégation sociale, familiale, morale et culturelle. Aux États-Unis, cela a conduit, en bout de processus, à l’élection de Donald Trump.

Ce grand mythe des années 1980 («Nous vivons la fin du travail et l’avènement d’une société de loisirs») repose sur l’allongement des études et de la retraite, la désindustrialisation, la réduction des indépendants (commerce, artisanat, agriculture), l’avènement des loisirs de masse (festivals et parcs à thème). Trente ans plus tard, la France compte 16 millions de retraités, 6,5 millions de chômeurs, près de 3 millions de personnes au RSA.

Ch. 3 Une nouvelle économie française tertiarisée

L’économie sociale de redistribution repose sur la croissance nominale de la population…Des millions d’inactifs ou d’improductifs pensionnés sont un des moteurs de cette croissance, aussi extensive que poussive…La démographie permet de faire tourner les trois secteurs postindustriels: l’aide sociale et la santé, la grande distribution et le BTP. La France périphérique en partie désindustrialisée est un énorme marché de consommateurs passifs, livrés à une intense marchandisation.

La France est devenue le champion du tertiaire européen avec 76% des emplois dans ce secteur (88% pour les femmes), soit 5% de plus que la moyenne européenne.

La tertiarisation de l’économie française, sur fond de déficits jumeaux, budgétaire et commercial, a trouvé des substituts de croissance dans l’économie sociale et le commerce, dans la banque et la finance, mais aussi dans la croissance démesurée des administrations et des investissements publics.

Le cas ubuesque de la RN 10

Chaque trajet sur la RN 10 est l’occasion de redécouvrir l’état social et environnemental déplorable dans lequel se débat la France périphérique.

L’Etat et les collectivités locales subventionnent entièrement et sans aucun bénéfice le transport privé entre l’Espagne et l’Allemagne.

Ch. 4 L’autre pilier du malaise, la crise de l’école et la stagnation sociale

En pleine période de massification (années 80…), l’école a été délibérément fragilisée dans le cœur de ses missions de transmission, d’instruction et de sélection des meilleurs.

Le consommateur a pris le pas sur l’élève. La société empêche aujourd’hui de penser en comblant tout moment d’intériorité par un trop-plein télévisuel, musical ou technologique, et en proscrivant l’ennui, le silence et la réflexion.

La génération des baby-boomers a bénéficié de la mutation qui a porté les emplois de cadres de 1 million à 4,7 millions en France, cette catégorie passant de 5 à 20% des actifs. Mais cette croissance exceptionnelle ne se reproduit ni ne s’élargit… Ces circonstances produisent de dures et implacables batailles sociales pour l’école et l’accès au diplôme et au logement.

Pour les membres des classes moyennes et populaires, parfois qualifiés de « petits Blancs », qui sont exclus des bonnes filières scolaires, et par la suite des emplois rémunérateurs des métropoles, l’immigration internationale et la société ouverte sont perçues comme des menaces: dans ces catégories déclassées, le vote aux extrêmes se cumule avec un rejet massif de l’immigration. Ce qui favorise le vote populiste à droite.

Ch. 5 L’entre-soi des élites françaises dans la France des métropoles

La fracture est devenue un abyme entre les élites des métropoles mondialisées et le reste du peuple, majoritaire, chassé vers la France périphérique par le cumul de la désindustrialisation et de la hausse des loyers du secteur privé.

L’exemple éloquent de Bordeaux

La rénovation de la ville, les investissements considérables réalisés dans son aménagement et les opérations de communication attenantes y ont multiplié par trois le prix de l’immobilier, qui tutoie parfois les prix parisiens.

Le papy-boom et l’énorme centre hospitalier universitaire, alliés à l’expansion du tourisme, se traduisent par une explosion des emplois peu qualifiés dans la restauration, l’hôtellerie, la santé ou les services à la personne… Lieu de travail et domicile sont donc séparés pour le plus grand nombre, souvent par des dizaines de kilomètres…. C’est la somme de ces inconséquences et de ces incohérences, de cette violente partition sociale et spatiale entre milieux aisés et classes moyennes appauvries, qui constitue le terreau de la situation locale.

Ces classes bourgeoises mènent une existence à mille lieues de leurs concitoyens sans en avoir conscience. Les modes alimentaires, les hobbys et les lubies, les boutiques et les goûts, la culture savoureuse de la «distinction» isolent cette nouvelle bourgeoisie urbaine et mondialisée, qui excite moins la jalousie des exclus qu’elle ne suscite leur totale incompréhension.

Ch. 6 La destructuration de la France périphérique

Il existe donc tout un gradient de population lié à la nature et au prix des logements. Au sommet de la pyramide se trouvent les métropolitains des centres-villes ou des banlieues cossues… Une moitié des Français vivent en effet dans une commune de moins de 10 000 habitants, dont 8 millions en milieu rural isolé.

Ou bien les classes populaires acceptent de travailler pour de bas salaires… ou bien elles renoncent à l’emploi, surtout s’il est rare et précaire, et elles basculent dans le système économique socialisé… Les huit à neuf millions de pauvres sont ainsi économiquement intégrés au système.

En un siècle, la République a échoué à promouvoir dix à vingt millions de Français: déculturés par un système scolaire en panne et une télévision qui a renoncé à instruire, taraudés par le chômage de masse, fragilisés par des familles fracturées et distraits par les nouveaux médias, ces Français demeurent modestes.

Enfin, cette France périphérique ordinaire, inconnue de nos dirigeants, est aussi le lieu d’une déconstruction physique et architecturale. Aux ronds-points, rocades et infrastructures sans âme, aux cités pavillonnaires uniformes, s’ajoute depuis plus de vingt ans la floraison de millions d’entrepôts métalliques, que l’on retrouve pour tous les usages industriels, agricoles et commerciaux.

Ch. 7 La grande crise de 2008 bloque le pouvoir d’achat et accentue la dislocation culturelle

Le PIB réel par habitant de la France est passé de 45 200 dollars en 2008 à 38 400 en 2017, soit un différentiel d’environ 6 000 euros.

Les structures d’encadrement qui favorisaient l’insertion des ouvriers et employés se sont volatilisées. Églises et cafés ont fermé (90% des 600 000 cafés en France depuis les années 1960 selon France-Boisson ; il en resterait 29 000, essentiellement dans les grandes villes et lieux touristiques), les services publics se sont rétractés, à l’exception des maisons de retraite, rebaptisées EPHAD… Le maillage syndical, politique et associatif, notamment lié à l’Eglise, s’est fortement distendu, tant  à la campagne que dans les vastes zones pavillonnaires.

Depuis 2008, la dette de l’État a augmenté de 800 milliards d’euros, passant d’un peu plus de 60% du PIB à presque 100%.

Sait-on que plus de la moitié des femmes adultes en France vivent seules, qu’elles soient célibataires, divorcées, veuves ou seules avec un ou deux enfants? Contrairement aux femmes jeunes des grandes villes et de la bourgeoisie, l’opportunité de construire ou de reconstruire leur vie est très aléatoire.

Ch. 8 La porte ouverte aux populismes, défi national et européen

La désindustrialisation de l’Occident a sapé ce qui constituait la spécificité des sociétés industrielles avancées: l’existence d’une classe moyenne majoritaire au centre de la société. Fragilisation et paupérisation des classes moyennes d’une part, et enrichissement du décile le plus aisé de l’autre, rapprochent cette société en sablier des sociétés inégalitaires du Sud.

Un effondrement culturel

Les cultures populaires et professionnelles (langues, fêtes) ont été laminées par excès de jacobinisme et par l’exode rural, sauf dans quelques villes ou régions périphériques de l’Hexagone (Bretagne, Vendée, Nord-Pas-de-Calais, Alsace).

Depuis les années 1970, les classes populaires ont vécu la dégradation de l’école, ont été chassées des métropoles, ont assisté à la fuite des élites sociales de leurs villes ou quartiers, à la raréfaction du clergé, à l’effondrement des structures politiques, syndicales et sociales ; seuls les médias devenus omniprésents ont compensé ces vides. Mais les catégories populaires y sont sous-représentées, sous réserve de cas particuliers souvent moqués.

Ch. 9 Quelques réflexions pour rebâtir l’avenir des perdants de la mondialisation

Des choix politiques qui s’offrent à nos dirigeants, et de leur volonté à les mettre en œuvre dépendra notre capacité à maintenir en vie la zone euro si tel est leur but, et à préparer ce pays aux échéances qui l’attendent, sauf à prévoir de nouvelles déconvenues ravageuses, ainsi qu’à faire face à une probable nouvelle crise financière internationale.

Revenir à l’aménagement du territoire?

Rénover les centres-villes pour réparer les fractures sociales

Remédier à la désertification et à l’appauvrissement de la France en marche

Toute ville qui est éloignée des métropoles, des flux d’immigration ou du grand tourisme vivote ou périclite sans beaucoup d’exceptions.

D’autres créations d’emplois et de métiers

Conclusion  Sortir de l’archipel français

La France est devenue un pays segmenté et une société cloisonnée. Les citoyens des divers territoires, des classes sociales et des milieux professionnels se croisent de moins en moins.

La France ne fait plus société. On n’y a jamais autant parlé de «vivre ensemble» depuis que celui-ci est très fortement remis en cause… Cette segmentation est un des pires maux aux origines du malaise français. Ce sera une lourde tâche que d’y remédier car l’entre-soi permet de se décharger de ses responsabilités sociales sur autrui et sur les fonctionnaires. L’individualisme des élites les déresponsabilise de leur rôle social… Il est urgent de se donner les moyens d’y remédier. Ce sera long.

 

 

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LA DISCIPLINE ENTREPRENEURIALE de Bill AULET - Ed. Eyrolles 2019

La discipline entrepreneurialeÉmetteur du verbatim : François C.

Préface : La matrice d’affaires de la discipline entrepreneuriale

Étape 0 Comment me lancer? Faut-il vraiment le faire?

Étape 1 La segmentation du marché

Étape 2 Choisissez un marché tête de pont

Étape 3 Établissez le profil de votre utilisateur final

Étape 4 Calculez la taille potentielle (TAM) de votre marché tête de pont

Étape 5 Profilez le Persona de votre marché tête de pont

Étape 6 Cas d’utilisation du cycle de vie complet

Étape 7 Spécification très générale du produit

Étape 8 Quantifiez la proposition de valeur

Étape 9 Identifiez vos dix prochains clients

Étape 10 Définissez votre noyau dur

Étape 11 Évaluez votre position concurrentielle

Étape 12 Identifiez l’entité décisionnelle du client

Étape 13 Recensez toutes les étapes du processus d’acquisition des clients

Étape 14 Calculez la taille totale des marchés suivants

Étape 15 Mettez au point votre business model

Étape 16 Fixez votre structure de prix

Étape 17 Calculez la valeur vie (LTV) d’un client

Étape 18 Définissez votre processus de vente pour acquérir un client

Étape 19 Calculez le coût de l’acquisition client (CAC)

Étape 20 Identification des hypothèses clés

Étape 21 Validation des hypothèses clés

Étape 22 Définissez le produit minimum business viable (MVBP)

Étape 23 Montrez que les chiens mangent vos croquettes

Étape 24 Développer un plan produit

Au-delà des 24 étapes

Des gardiens des cités perdues de Shannon Messenger chez PKJ

Critique Littéraire de Camille D.

Gardiens des cités perdues T.1Sophie n’est pas comme les autres. Depuis l’âge de 5 ans, elle lit dans les pensées des personnes qui l’entourent. Maintenant âgée de 12 ans, elle est déjà en terminale et possède une mémoire photographique hors du commun! Détrompez vous, elle n’est pas une super-héroïne, elle vit une vie normale avec ses proches.

Jusqu’à l’arrivée de ce mystérieux jeune homme aux yeux bleus envoûtants qui va lui faire LA révélation…

Ce livre nous transporte dans un monde parallèle et même quand on le pose, on espère être encore sur place. Au travers des pages: de l’amour, de l’amitié, des aventures, du danger, des trahisons et des rêves. Il est bien écrit et facile d’accès. Les personnages sont attachants et on peut s’identifier à certains d’entre eux. Absolument tout m’a plu!

Déjà 7 tomes sont parus et le 8ème sortira en novembre prochain.

La descente aux enfers de la finance de Georges Ugeux - Odile jacob

La descente aux enfers de la financeÉmetteur du verbatim: François C.

Préface de Jean-Claude TRICHET

De l’ouragan des banques au temps des dettes gouvernementales via les banques centrales

. Les banques se complaisent dans des financements incertains

. Les banques centrales font exploser leurs bilans

. Le surendettement public sera-t-il le prochain tsunami financier?

. Le triangle des Bermudes de la finance: la situation européenne

. Le statu quo n’est plus possible.

Première partie LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES

Ch. 1 Les États-Unis entraînent la finance transatlantique dans une crise

. Les banques américaines victimes de leur propre négligence

. La gestion des débiteurs hypothécaires

. Le risque de contagion

. Le sauvetage des banques a un prix

. Les sanctions

. Qui est en charge de mesurer les conséquences des actions des autorités?

. Restaurer la confiance dans la finance

. Le défi de la réglementation bancaire américaine

. Les stress tests de la Federal Reserve rassurent

. American Insurance Group: une succession d’abus.

Ch. 2 Les banques européennes aux prises avec les risques de l’euro

. Il est nécessaire de recapitaliser les banques européennes

. La recapitalisation des banques européennes n’est pas le devoir de l’Europe

. L’Europe ne prend pas les mesures nécessaires pour permettre un environnement stable

. Les cajas espagnoles (accumulation de crédits hypothécaires de mauvaise qualité) menacent la stabilité financière du pays

. La crise bancaire italienne: la déroute de Monte dei Paschi di Siena (le plus haut taux de crédits douteux de l’Italie, des fraudes sur les produits dérivés pour cacher les pertes, l’absence de gestion du risque et une culture complaisante et politisée).

Ch. 3 Les déviations de la finance

. La fraude de Bernie Madoff: la pyramide de Ponzi

. L’affaire Kerviel et la Société générale

. Goldman Sachs ou l’impunité des puissants / Une culture au-dessus des lois / La complicité de la Federal Reserve de New York

. JP Morgan et la baleine de Londres

. La manipulation du Libor / un rapport déterminant et sans ambiguïté

. Le marché des changes: comment manipuler 5 billions de dollars par jour?

. Le bitcoin n’a jamais été une monnaie: chronique d’un marché manipulé.

Deuxième partie LES BANQUES CENTRALES EN PERDITION?

Ch. 1  La Federal Reserve Bank aux prises avec un double mandat

. Comment la Fed en est arrivée là? / Avait-elle le choix?

. Les trois étapes du quantitative easing n’ont pas réussi dans leur mission.

Ch. 2 La BCE au four et au moulin

. La BCE prête aux banques 1 billion d’euros en deux mois

. L’explosion du bilan de la BCE: de 2 à 4 billions d’euros

. Les taux d’intérêt négatifs sont une forme de taxation de l’épargne.

Ch. 3 L’Union bancaire européenne pourra-t-elle décoller?

. L’accouchement douloureux d’une réglementation financière européenne

. Les premiers pas de l’Union bancaire européenne

. La réglementation financière européenne est-elle efficace?

. L’Union bancaire européenne consolide la zone euro

. Les stress tests: pourquoi l’Europe est-elle laxiste?

. En attendant Godot: l’évanescente inflation ne sauvera pas l’endettement.

Troisième partie LE SURENDETTEMENT DES ÉTATS

Ch. 1 L’Europe s’enfonce dans la dette souveraine avec l’aide de la politique monétaire de la BCE

. L’Europe aux prises avec les risques de ses États membres

. L’Irlande

. L’Espagne

. Le Portugal

Ch. 2 La Grèce ou comment aggraver une crise souveraine

. L’errance devant la surprise

. L’Europe au chevet de la Grèce

. L’entrée du Fonds monétaire international

. Faire payer le secteur privé: le rééchelonnement de la dette

. La crise grecque et l’euro

. Les leçons de la crise grecque: la zone euro a besoin d’un Fonds monétaire européen.

Ch. 3 La France endettée acculée à la discipline

. Le déni de l’importance de la dette

. L’austérité doit être équitable.

Ch. 4 La dette italienne de 2,3 billions d’euros menace la zone euro et le monde

. L’impossible rééchelonnement de la dette

. L’Italie menace la zone euro.

Ch. 5 Les États-Unis ou l’absence de discipline budgétaire qui menace le monde

Cette irresponsabilité fiscale, combinée avec les politiques de la Federal Reserve ayant engrangé 2,1 billions de dollars d’emprunts publics, menace la stabilité financière du monde d’un tsunami dont on ne peut qu’imaginer les conséquences mondiales.

Quatrième partie  LA CRISE MONDIALE PEUT-ELLE ENCORE ÊTRE ÉVITÉE?

. Si ce n’est pas une conspiration, cela y ressemble furieusement

. L’évolution économique: la dérive des déséquilibres budgétaires.

 Ch. 1 À quoi devons-nous nous attendre?

. La hausse inexorable des taux d’intérêt ;

. L’impact budgétaire de la hausse des taux ;

. La baisse de la valeur des actifs ;

. La baisse de la notation des États ;

. Le renchérissement du crédit ;

. La perte de pouvoir d’achat ;

. La récession économique.

Ch. 2 Que peuvent faire les banques?

. Réduire la détention d’emprunts d’État

. L’impact comptable des baisses de valeur dans les bilans des banques

. L’impact réel des baisses de valeur

. Réduire la taille des bilans

. La gestion du risque: l’encadrement des ratios bancaires

. Les rémunérations continuent à atteindre des sommets obscènes.

 Ch. 3 Que peuvent faire les banques centrales?

. Les banques centrales investissent massivement en emprunts d’État

. Faut-il éclater les banques centrales ?

. Les banques financent les banques centrales qui financent les banques

. Les banques centrales exproprient les investisseurs

. Arrêter toute forme de quantitative easing

. Créer une hausse progressive des taux d’intérêt

. Revoir la pondération des risques liés aux emprunts d’État.

Ch. 4 Que peuvent faire les gouvernements?

. L’austérité doit être équitable

. Le FMI lance un signal d’alarme sur la dette souveraine

. Diminuer les dépenses

. Augmenter l’impôt sur les sociétés

. Céder les actifs non stratégiques.

Conclusion FINANCE, SOCIÉTÉ ET RESPONSABILITÉ

. La question de confiance reste posée

. Un système refermé sur lui-même

Le triangle des Bermudes n’est pas un mythe: c’est cette interconnexion entre les financiers, les banquiers centraux et les autorités politiques qui, soudée par la mondialisation, a créé un nouveau monde où chaque acteur est dépendant des autres et n’a aucun intérêt à mettre en question le système.

L’heure de la vérité et du courage.

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ALGORITHMES - Les ADM (Arme de destruction mathématique), bombe à retardement de Cathy O’NEIL - Ed. Les Arènes

Émetteur du verbatim : François C.

Algorithmes : la bombe à retardementLes mécanismes d’une bombe Qu’est-ce qu’un modèle?

C’est de cette manière que les modèles dignes de confiance fonctionnent. Ils entretiennent un va-et-vient permanent avec les réalités de tout ordre qu’ils essaient de comprendre ou de prédire. Quand les conditions changent, les modèles doivent eux aussi changer.

Lorsqu’on crée un modèle, il faut tout d’abord choisir les données que l’on juge pertinentes pour l’alimenter…Les angles morts d’un modèle reflètent les jugements et les priorités de ses concepteurs…Les modèles, malgré leur réputation d’impartialité, sont le reflet d’une idéologie et d’objectifs bien précis.

Les modèles opaques et invisibles sont légion, tandis que les modèles transparents font figure d’exception.

Les trois éléments d’une ADM : opacité, échelle et nocivité.

Sous le choc Comment j’ai perdu mes illusions

Le modèle de risque associé aux créances hypothécaires était une ADM. Les banques étaient bien conscientes que certains de ces emprunts n’avaient aucune chance d’être remboursés. Mais elles s’accrochaient à deux hypothèses fausses, qui maintenaient leur confiance dans le système.

Au cours des mois suivants, la catastrophe finit par toucher le grand public. C’est là que chacun s’aperçut qu’il y avait des gens derrière tous ces algorithmes…La souffrance humaine dissimulée jusque-là derrière les chiffres, les feuilles de calcul et les scores de risque, devint palpable.

Le refus d’admettre le risque imprègne en profondeur le monde de la finance.

Je décelais en réalité toutes sortes de parallèles entre la finance et le Big Data…Dans ces deux secteurs, le monde réel, avec tout son désordre, est mis à l’écart. La tendance consiste à remplacer les gens par des flux de données, et à en faire des acheteurs, des électeurs ou des employés plus efficaces afin de remplir de manière optimale un objectif quelconque.

Un faux sentiment de sécurité conduisait à la mise en œuvre généralisée de modèles imparfaits, à des définitions intéressées du succès, et au développement des boucles de rétroaction. Ceux qui s’y opposaient étaient considérés comme des réactionnaires nostalgiques.

La course à l’armement Entrer à l’université

Toute formule présente en théorie un caractère parfaitement inoffensif. Mais si elle acquiert la dimension d’une norme nationale ou mondiale, elle crée alors sa propre économie, dystopique et dénaturée. C’est ce qui s’est passé dans l’enseignement supérieur.

En devenant une référence nationale, U.S. News créa une boucle de rétroaction particulièrement néfaste. Le problème venait du fait que le classement s’auto-renforçait.

Leur spectaculaire échec résulte plutôt de ce que les journalistes d’U.S. News ont choisi de ne pas prendre en compte : les frais de scolarité. Dans leur modèle, le financement des études a été laissé de côté…Ce qui nous amène à une question cruciale : quel objectif l’auteur d’un modèle poursuit-il ?

N’importe quel système de classement reste exposé aux manipulations. Et quand cela se produit, il engendre alors de nouvelles boucles de rétroaction, en même temps qu’une foule de conséquences indésirables.

Machine de propagande La publicité en ligne

On nous classe, on nous catégorise, on nous note au travers de centaines de modèles, en fonction des préférences et des schémas de comportement que nous dévoilons.

Partout où les besoins et l’ignorance se combinent, des publicités prédatrices ont toutes les chances d’apparaître.

Parce que la vulnérabilité vaut de l’or…L’ignorance du client représente bien entendu une pièce cruciale du puzzle…Une fois cette ignorance de la cible établie, la clé pour les recruteurs consiste à repérer les gens les plus vulnérables et à exploiter à leurs dépens leurs informations personnelles.

Le Web offre aux annonceurs le plus grand laboratoire de tous les temps pour l’étude des consommateurs et la production de contacts…Et de plus en plus, les machines qui traitent et analysent l’information passent toutes seules nos données au crible, à la recherche de nos habitudes et de nos espoirs, de nos peurs et de nos désirs.

Quelque part entre 2008 et 2015, plus ou moins, les compétences linguistiques des algorithmes ont progressé de la première année de maternelle au niveau collège, et bien davantage encore pour certaines applications.

Aux Etats-Unis, les 40% les plus pauvres sont aux abois…20% des gens (le quintile supérieur) contrôlent 89% de la richesse nationale, tandis qu’en bas de l’échelle 40% n’en possèdent rien.

Victimes civiles La justice à l’heure du Big Data

Predpol (modèle de prédiction criminelle) ne se concentre pas sur l’individu mais sur la localisation géographique. Le type, le lieu, le date et l’heure de chaque crime constituent les données essentielles à partir desquelles il travaille.

La répression de la criminalité des cols blancs réclamerait des personnels dotés de compétences et d’outils différents…La police opère des choix et décide où porter son attention. Aujourd’hui, elle se focalise quasi exclusivement sur les pauvres…Même avec les meilleures intentions du monde, PredPol procure aux services de police la faculté de cibler les pauvres, d’en interpeller davantage, d’arrêter une partie d’entre eux et d’en envoyer un certain nombre en prison.

L’équité n’est donc pas prise en compte dans les ADM, et la conséquence en est une production massive et industrielle d’iniquité. Si l’on assimile une ADM à une usine, l’iniquité correspond à la suie noire que vomissent ses cheminées. C’est une émission toxique.

Inapte au service Trouver un emploi

Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, c’est la manière dont des systèmes automatiques nous jugent lorsque nous cherchons un emploi, et sur les critères qu’ils évaluent.

Des tests de personnalité sont aujourd’hui effectués sur 60 à 70% des travailleurs potentiels aux Etats-Unis, soit 30 à 40% de plus qu’il y a cinq ans.

On ne nous dit pas ce que les tests recherchent. Le processus est totalement opaque. Pire encore, une fois que des experts techniques ont calibré le modèle, celui-ci ne reçoit que très peu de remontées d’informations.

Nous avons vu à maintes reprises que les modèles mathématiques pouvaient passer au crible quantité de données afin de repérer les individus susceptibles de faire face à d’importants défis, liés aussi bien à la criminalité qu’à la pauvreté ou à l’éducation. Il appartient à la société, soit d’exploiter ces renseignements pour les rejeter et les punir, soit de leur tendre la main et de leur procurer les ressources dont ils ont besoin. La portée et l’efficience qui confèrent aux ADM un caractère si néfaste peuvent aussi servir à aider les gens. Tout dépend de l’objectif choisi.

L’angoisse au quotidien Sur le lieu de travail

L’emploi…où des ADM focalisées sur l’efficience traitent les travailleurs comme les simples rouages d’une machine.

Les logiciels de planning constituent à mes yeux l’une des ADM les plus épouvantables. Elle…profite d’individus qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Elle s’avère de surcroît totalement opaque. Les travailleurs n’ont souvent aucune idée du moment où ils seront appelés à leur poste. C’est un programme arbitraire qui le leur ordonne.

Le vrai coupable, dans beaucoup de cas, c’est la pauvreté, qui amène les travailleurs à accepter des emplois aux horaires erratiques –et les modèles de planification, qui mettent encore plus de pression sur des familles déjà en difficulté.

L’interprétation erronée des statistiques traverse en réalité toute l’histoire de l’évaluation des enseignants.

Une fois qu’ils sauront les identifier et qu’ils auront compris leurs travers statistiques, les gens exigeront des évaluations plus justes vis-à-vis à la fois des élèves et des enseignants. Si les tests ont en revanche comme objectif de trouver un bouc émissaire et d’intimider les travailleurs, une ADM débitant des scores dénués de sens obtient alors comme on l’a vu la note maximale.

Dommages collatéraux Obtenir un crédit

Statisticiens et mathématiciens nous mesurent aujourd’hui de toutes les manières imaginables en agrégeant un vaste fatras de données…Beaucoup de leurs modèles pseudo-scientifiques s’efforcent de prédire notre solvabilité, en attribuant à chacun ce qu’on appelle des e-scores…Ces derniers sont arbitraires, obscurs, non réglementés et souvent injustes –en bref, ce sont des ADM.

À de rares exceptions près, des concepts comme ceux de justice et de transparence n’ont pas leur place dans ces algorithmes.

Dans l’univers dégradé des e-scores, les perdants n’ont guère de recours pour se plaindre, et encore moins pour rectifier l’erreur. Dans le royaume des ADM, ils constituent des dommages collatéraux.

Près de la moitié des employeurs américains filtrent les recrues potentielles en examinant leur rapport de crédit.

L’utilisation des scores de crédit en matière d’embauche et de promotion crée un cercle vicieux dangereux en termes de pauvreté…C’est une boucle de rétroaction qui entraîne les malchanceux pris au piège dans une spirale d’échec.

Comme le disent de longue date les professionnels du traitement des données : « garbage in, garbage out »- si ce qui entre est faux, ce qui sort sera faux.

Les pauvres sont censés le rester à jamais et se voient traités en conséquence –on leur refuse des opportunités, ils sont plus souvent jetés en prison, et se font escroquer en matière de prêts et de services…Le monde est dominé par des systèmes automatiques qui se nourrissent à la chaîne de dossiers truffés de défauts. Le besoin de contexte, de bon sens et d’équité que seuls les humains peuvent apporter, se fait urgemment sentir.

Avec le développement inexorable des e-scores, nous sommes regroupés et catégorisés sur la base de formules secrètes, reposant pour certaines sur des portefeuilles de données gorgés d’erreurs. On nous envisage non comme des individus mais comme les membres de différentes tribus, et cette classification nous colle à la peau.

Zone à risque Souscrire à une assurance

Le mouvement vers l’individualisation, comme nous le verrons, est encore embryonnaire. Mais les assureurs exploitent d’ores et déjà les données pour nous répartir en « tribus » de plus petite taille, et nous proposer divers produits et services à des tarifs variables.

Si un assureur possède un système qui lui permet d’obtenir d’un conducteur à l’historique vierge 1552 dollars de plus par an, pourquoi s’en priver ? les victimes de son ADM, comme on l’a vu ailleurs, ont de grandes chances d’être pauvres, de manquer d’instruction et d’être issues pour un bon nombre de l’immigration.

La Consumer Federal Association (CFA) a dénombré chez Allstate 100 000 micro-segments de tarification, définis sur la base du montant maximum que chaque groupe pourrait accepter de payer.

Dans l’univers des ADM, le respect de la vie privée représente de plus en plus un luxe que seuls les riches peuvent se permettre.

Des océans de données comportementales iront directement nourrir dans les années à venir les systèmes d’intelligence artificielle. Et ces systèmes demeureront aux yeux de la population de vraies boîtes noires.

Près d’un dollar sur cinq que gagne un américain alimente la vaste industrie de la santé…Les scores de santé, prochaine étape aussi naturelle qu’inquiétante.

Le citoyen pour cible La vie civique

Bien que Facebook puisse donner l’impression d’une place de village moderne, c’est l’entreprise qui détermine, en fonction de ses propres intérêts, ce que les gens voient et apprennent sur les pages de son réseau social.

Ce qu’ils ont démontré, c’est l’immense pouvoir que possède Facebook pour peser sur ce que l’on apprend, sur ce que l’on ressent et sur le fait que l’on aille ou non voter.

Les algotithmes de ces géants d’Internet, d’une importance vitale, constituent de véritables secrets industriels. Ils mènent leur activité à l’abri des regards.

Les groupes partisans identifient les électeurs vulnérables et en font la cible de campagnes alarmistes, attisant leurs craintes quant à la sécurité de leurs enfants ou la montée de l’immigration clandestine. Mais ils peuvent dans le même temps dissimuler ces publicités aux électeurs qui risquent d’être rebutés (voire écoeurés) par de tels messages.

Cette science en plein essor du micro-ciblage, avec ses profils et ses prédictions, entre impeccablement dans notre sinistre collection d’ADM. Elle agit sur une vaste échelle, se montre opaque et ne rend compte de rien. Elle protège les hommes politiques et les incite à endosser en fonction des gens de multiples visages.

Conclusion

Les ADM promettent efficience et équité mais pervertissent en réalité l’enseignement supérieur, aggravent l’endettement, favorisent une incarcération massive, oppriment en toutes occasions les plus pauvres, et sapent la démocratie…Le problème, c’est qu’elles se nourrissent les unes des autres.

 

La Reine maire de Paris de François Deletraz - Editions du Rocher

Émetteur du florilège: François C.

La reine-maire de ParisArtisans

La Mairie de Paris n’aime pas les artisans, en particulier les auto-entrepreneurs. Encore moins lorsqu’ils habitent dans les départements autres que ceux de Paris et de la petite couronne… Si le siège de son entreprise n’est pas dans le 75, le 91, le 92 ou le 93, l’artisan devra stationner au prix fort, jusqu’à 50 € pour 6 heures (le maximum autorisé).

Associations

Depuis 2014, la Ville distribue chaque année environ 260 M€ à quelque 2600 structures associatives… Il existe «une politisation des subventions», ainsi qu’un «manque de contrôle alarmant» (revue Tous Contribuables).

Autolib’

Outre l’augmentation des prix, l’entretien des véhicules était un problème majeur… A ce manque d’entretien s’ajoutait le vandalisme: Blue Solutions recevait en 2017 plus de 200 véhicules abîmés par jour.

Après 10 ans de service, Autolib’ n’aura donc pas passé l’été 2018.

Automobiles

Que la voiture soit propre, que le scooter soit électrique, que le taxi soit vert, que l’autobus soit hybride, tous sont logés à la même enseigne. Car quand une rue est mise en sens interdit, cela empêche tous les véhicules quels qu’ils soient de pénétrer dans un quartier.

Bourse de commerce

La Mairie prend la décision de racheter la Bourse de commerce, en 2016, au prix fort: 86 M€…Les murs du bâtiment accueilleront désormais les quelque 3 000 œuvres du musée d’Art Contemporain de François Pinault.

Ian Brossat

Le logement est un des postes les plus onéreux de la Ville: il pèse 3Md€ sur la mandature… Peu importe le coût, Ian Brossat (PC) n’a qu’une chose en tête: atteindre les 30% de logements sociaux à Paris qu’il s’est fixés. Il veut modérer la gentrification de la Ville «par des bobos, ces bourgeois qui n’osent pas être de droite».

Campion (Marcel)

La sortie de route a été définitive avec les imbroglios de la Grande Roue de Paris et du marché de Noël. Pourtant, Anne Hidalgo, elle, certifie avoir tout tenté.

Canopée des Halles

Il n’y a effectivement pas de quoi fanfaronner sur ces 23 000 m2 de verre et 4000 m2 de capteurs voltaïques (facture s’élevant à 216 M€)… On nous annonçait une immense voûte céleste et majestueuse… on est revenu aux verrues des années 70.

Commissions

«Un progrès de transparence et de démocratie à mettre au crédit d’Anne Hidalgo» Pierre Gaboriau.

En 2016, l’ensemble des 36 809 contrats et titres portant occupation du domaine public a généré plus de 239 M€ de redevances pour la Mairie de Paris.

Communication

Depuis son élection, Ane Hidalgo a créé 41 postes en plus des 273 dédiés exclusivement à la communication, qui existaient déjà à la Mairie de Paris. Et si l’on regroupe toutes les directions de la Ville, on monte à 417 spécialistes de la com’ dans tout l’organigramme de la capitale. Ces chiffres astronomiques représentent plus de 21 millions d’euros en dépenses annuelles. Et pourtant, les erreurs de communication sont nombreuses.

La cour

Comme toute personne en position de pouvoir, Anne Hidalgo réunit autour d’elle une cour sinon bienveillante, tout du moins lénifiante. Un petit cercle restreint d’adjoints et de conseillers qui ont bien compris qu’avec la maire, la flagornerie restait la meilleure assurance de la pérennité, même si cela devait la mener à la faute.

JCDecaux

En mars 2017, la Mairie de Paris passait un contrat avec le publicitaire JCDecaux, qui prévoyait la mise en place de 244 écrans numériques de 2 m2. Or, depuis le 5 février 2018, ces panneaux publicitaires lumineux ne diffusent que des messages à but non lucratif!… Le Conseil d’Etat a confirmé par deux fois l’annulation de ce marché passé entre la Mairie et JCDecaux… La Mairie de Paris devra faire une croix sur les 40 M€ de recettes publicitaires financières supplémentaires que devait générer ce contrat.

Michel Déon

Le 14 février 2017, le Figaro publia une pleine page sur le sujet (refus d’inhumation décidé par la Mairie), rappelant les exceptions déjà faites à Paris. Puis –un affront pour la maire- Le Figaro consacra sa tribune du 19 février à une pétition signée par une centaine d’écrivains et d’éditeurs «afin de demander à Anne Hidalgo que soit trouvée pour l’écrivain une solution digne».

Dette

Au 31 décembre 2017, elle atteignait 5,5 Md€, et 6Md€ fin 2018, selon les chiffres de l’Hotel de Ville.

En dix-sept ans, la dette de la Ville de Paris a été multipliée par six: elle s’élevait à 1Md€ en 2001, au moment où Delanoë est élu pour la première fois…. Aujourd’hui, les frais financiers de la Ville de Paris représentent près de 134 M€. La durée de recouvrement de la dette a, quant à elle, dépassé le stade emblématique des douze ans.

Deux-roues

Les motos et scooters, qui étaient l’apanage de quelques-uns, sont devenus légion. Un flot impossible à endiguer.

Christophe Nadjovski veut réglementer le stationnement des deux-roues et, surtout, le rendre payant. Mais il se heurte à Anne Hidalgo qui a bien compris le risque électoral de pareille décision, et qui craint de se mettre aussi à dos cette catégorie d’usagers.

Dimanche

L’aversion d’Anne Hidalgo pour Emmanuel Macron est connue de tous depuis le débat sur l’ouverture des magasins le dimanche. La Maire s’y était farouchement opposée mais avait dû revenir sur sa position puisque les Parisiens, eux, y étaient favorables.

Free-floating

Adoubés par une maire de Paris obnubilée par la disparition de la voiture –mais qui n’est pas vraiment un chantre de l’uberisation-, ces vélos en libre service ont été la cible de milliers d’agresseurs… Résultat : des épaves sur le trottoir, une pollution visuelle non négligeable et un potentiel danger pour des utilisateurs de vélos inaptes à la circulation.

Entre 2017 et 2018, le nombre de victimes d’accidents de trottinettes et de rollers a bondi de 23% en France. A Paris, en 2018, la préfecture de Paris a fait état de 45 blessés.

Gares

Nous avons pris l’habitude de poser chaque année à la direction de la SNCF la même question: «A quoi sert d’investir des milliards pour les lignes à grande vitesse quand, pour entrer et sortir de certaines gares parisiennes, il faut plus d’une demi-heure, i.e. le temps gagné par la grande vitesse ?»

Grande Roue

Cette idylle a duré jusqu’à la publication d’un rapport explosif de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France, fin 2017. Ce document a notamment mis en lumière les petits arrangements effectués par la maire de Paris et ses services au bénéfice du « roi des forains » et au détriment de la Ville et du principe de concurrence.

Guichets du Louvre

La Mairie et l’Etat sont embourbés depuis plusieurs années dans un contentieux sur la rénovation de la route qui relie les guichets. Les travaux de la chaussée réalisés dans les années 90 n’ont pas été correctement réalisés et la dalle, depuis, ne cesse de se dégrader.

Impôts locaux

La taxe d’habitation est stable, de même que la taxe foncière. Seulement, pour financer une partie de ses dépenses de fonctionnement, qui ont augmenté de manière exponentielle depuis 2014, la Mairie a misé sur les impôts indirects pour renflouer les caisses.

Institut des cultures d’Islam

Au total: 1400 m2 dédiés à la culture musulmane et aussi à la pratique de la religion. Dans chacun de ces Instituts est prévue une salle de prière. La Mairie envisage donc de faire cohabiter culturel et cultuel.

Jardin des Halles

Cet espace de 4,3 hectares, de plain-pied et accessible aux personnes handicapées, propose aux Parisiens et visiteurs une grande prairie, un jardin d’aventure, des lisières boisées, des pistes de pétanque… Coût total de ce chantier: 33 M€ l’addition pour la réhabilitation des Halles s’est élevée à environ 1 Md€.

Jeux olympiques

Les experts se sont inquiétés (rapport de mars 2018) «de réels risques à la fois de non-réalisation dans les délais de certains équipements, mais aussi de surcoûts importants».

Bruno Julliard

Cet ancien président de l’Unef, élu conseiller de Paris en 2008 et à qui Bertrand Delanoë avait confié le poste d’adjoint chargé de la Jeunesse, a donc retrouvé les bancs du Conseil de Paris comme simple conseiller.

Logement

La Mairie vise les 30% de logements sociaux dans Paris à la fin de sa mandature.

Dans notre sondage 34% des Parisiens se disent satisfaits de l’action d’Anne Hidalgo en faveur du logement. C’est dire si les 3Md€ d’euros dépensés sur la mandature pour la création nette de moins de 10 000 logements n’a pas eu l’effet escompté en termes de popularité.

Marché de Noël

Marcel Campion, lui, tient sa revanche. Si le marché de Noël n’a pas été reconduit en 2017 et 2018, il a obtenu le feu vert du musée du Louvre pour s’installer au jardin des Tuileries. Un pied de nez à Anne Hidalgo, qui n’est pas encore débarrassée de ses pires ennemis.

Migrants

Entre 2015 et 2018, les forces de l’ordre ont démantelé près d’une quarantaine de camps.

En gros, l’Etat et la Mairie se sont successivement accusés de ne pas faire correctement leur travail et il est difficile, plusieurs mois après la bisbille, de dire qui en était le responsable.

Jean-Louis Missika

Il a le mérite de donner à Paris un élan pour demain. Ainsi, son grand concours « Réinventer Paris » est une vraie réussite.

Christophe Nadjovski

En quelques années, il est devenu un spécialiste de «l’évaporation». Sa guerre, il ne la livre plus contre la pollution, mais contre les déplacements.

Son jusqu’au-boutisme est cependant freiné par la maire, elle-même coincée, car sans les écologistes et les communistes, elle n’a plus de majorité. Hélas, la discrétion de l’adjoint au maire n’a d’égale que son intransigeance.

Nids-de-poule

Depuis avril 2018, une centaine d’agents et deux machines spéciales s’activent pour réparer les trous de la voirie… A ce jour, 2500 nids-de-poule ont été rebouchés.

Philharmonie de Paris

Le principal dérapage de ce projet est budgétaire. De 173 M€ en 2006, la facture est passée à 543,70 M€… soit une augmentation de plus de 300% par rapport à l’estimation retenue en 2006 par le comité de pilotage du projet. Le coût pour la municipalité aura, lui, été de 234,50 M€… Des élus d’opposition, comme de la majorité, dénoncent un « dérapage » spectaculaire qui pèsera encore sur les finances de la Ville de Paris pendant une décennie.

Places (Bastille, Panthéon, deux exemples à ne pas suivre)

Au fil des années, de multiples aménagements de voirie se sont traduits par le ralentissement des autobus

La maire du Vème arrondissement, vivement opposée à la piétonnisation comme à la végétalisation de la place du Panthéon, décide alors d’engager le bras de fer. Selon elle, la piétonnisation aurait «provoqué un phénomène d’embolisation du trafic».

Politique

Ian Brossat et Christophe Nadjovski sont-ils pour autant les deux mauvais génies d’Anne Hidalgo, qui la pousseraient à gauche, alors que la Ville est foncièrement au centre? Qui l’obligeraient à édicter des règles destinées à sévir, et à punir les Parisiens et les banlieusards? Les deux semblent rester dans la droite ligne de leur patronne, qui aime tant réguler, édicter et sévir.

Propreté

Des bouteilles pleines à craquer sorties sur le trottoir, des sacs éventés, des bouteilles en pagaille, des centaines de cadavres de cigarettes et des rats qui déambulent par dizaines dans les parcs. Lorsque l’on circule dans les arrondissements «populaires» de Paris, rien n’indique que l’on se trouve dans une ville réputée être l’une des plus belles du monde.

Certains services ne sont pas tenus. Les rats sont passés du sous-sol au macadam et leur nombre grossit au même rythme que les détritus sur les trottoirs. En 2020, le sujet de la propreté sera, à n’en pas douter, un angle d’attaque des opposants à Anne Hidalgo.

RAPO (Recours administratif préalable obligatoire)

Si vous avez reçu un PV–pardon, un «forfait post-stationnement»- et que vous souhaiter le contester, il vous faudra obligatoirement faire un RAPO.

Rats

Les 400 squares parisiens ont presque tous nécessité des interventions pour limiter la prolifération des rats.

Rue de Rivoli

Largeur de la piste cyclable: 4 m.

Largeur de la voie générale pour les voitures, les VTC, les motos, les livreurs: 3,40 m.

Largeur de la voie de bus avec circulation à vélo possible: 4,60 m.

Ainsi, sur un large espace qui va de la rue Saint-Antoine à la rue de Rivoli, il existera donc quatre pistes cyclables dont trois à double sens à quelques dizaines de mètres seulement les unes des autres ! Voilà qui illustre bien les propos de la Maire: «Un meilleur partage de la voirie au profit de tous les usagers.»

Stationnement

Depuis 2001, la ville est passée de 235 000 à 133 000 places de stationnement disponibles.

Streeteo

Depuis début janvier 2018, la société Streeteo accumule les frasques… Face à tous ces manquements, l’adjoint aux Transports Christophe Najdovski est monté au créneau. Mais pas facile de défendre l’indéfendable.

Urbanisme (L’APUR, juge et partie)

Si tout cela n’est pas, au mieux du «copinage», au pire du «pistonnage», cela y ressemble beaucoup.

Vélib’ (Dérapage total)

Tout a déraillé début 2018. Car changer d’exploitant sur un parc de 25 000 bicyclettes ne se fait pas en un claquement de doigts.

Vidéosurveillance

100% de pure autosatisfaction, 0% d’humilité. Tel est le cocktail détonnant d’Anne Hidalgo.

L'evangile selon Young Shen

 

L´Évangile selon Yong Sheng Recommandations de Mr L et de Marie-Hélène A : Livre extraordinaire!

Dans un village proche de la ville côtière de Putian, en Chine méridionale, au début du vingtième siècle, Yong Sheng est le fils d'un menuisier-charpentier qui fabrique des sifflets pour colombes réputés. Les habitants raffolent de ces sifflets qui, accrochés aux rémiges des oiseaux, font entendre de merveilleuses symphonies en tournant au-dessus des maisons. Placé en pension chez un pasteur américain, le jeune Yong Sheng va suivre l'enseignement de sa fille Mary, institutrice de l'école chrétienne. C'est elle qui fait naître la vocation du garçon : Yong Sheng, tout en fabriquant des sifflets comme son père, décide de devenir le premier pasteur chinois de la ville. Marié de force pour obéir à de vieilles superstitions, Yong Sheng fera des études de théologie à Nankin et, après bien des péripéties, le jeune pasteur reviendra à Putian pour une brève période de bonheur. Mais tout bascule en 1949 avec l'avènement de la République populaire, début pour lui comme pour tant d'autres Chinois d'une ère de tourments - qui culmineront lors de la Révolution culturelle. Dai Sijie, dans ce nouveau roman, renoue avec la veine autobiographique de son premier livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise. Avec son exceptionnel talent de conteur, il retrace l'histoire surprenante de son propre grand-père, l'un des premiers pasteurs chrétiens en Chine.

 

Le syndrome de l’autruche, pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique de George Marshall, traduit par Amanda Prat-Giral - Actes Sud, collection «Domaine du possible»

Le syndrome de l'autruche ; pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique Préfaces de Jacques Mirenowicz et Cyril Dion.

Partant du constat que le réchauffement climatique est aujourd’hui un fait scientifiquement reconnu, George Marshall nous donne des clés pour comprendre pourquoi nous nous réfugions dans l’inaction sur un enjeu si fort.  Pour lui, c’est le mode de fonctionnement même du cerveau humain qui est en cause (Au passage, Marshall cite des études montrant que l’acceptation du risque climatique n’a rien à voir avec le QI). Un cerveau qui, structurellement, a des difficultés à admettre la réalité du réchauffement, à examiner les conséquences sur les modes de vie de l’humanité et à passer à l’action préventive.

Marshall a accumulé les rencontres avec des personnalités de tous horizons : psychologues célèbres, militants du Tea Party texan, scientifiques reconnus, climato-sceptiques, écologistes progressistes et conservateurs. Etonnamment, il démontre que, au fond, les processus mentaux à l’œuvre sont assez similaires chez les écologistes et chez leurs opposants conservateurs.

Avec une approche très anglo-saxonne (méthodique, documentée, agréable à lire) l’auteur détaille nos manques de considération pour les générations futures, nos contradictions, nos dénis. Sans oublier les raisons sémantiques pour lesquelles les scientifiques et les organisations de sauvegarde de l’environnement échouent à déclencher une véritable mobilisation. Par exemple : prendre l’ours polaire pour emblème est distrayant mais pas mobilisateur. Autre exemple : : il ne s’agit pas de « sauver la planète », mais de prendre la Nature en compte pour sauvegarder les modes de vie auxquels nous tenons.

Marshall insiste sur le fait que, pour passer à l’action, le cerveau humain a besoin qu’on lui propose un récit , une vision de son avenir (Pour l’instant, le discours reste uniquement alarmiste ou conflictuel). Or, ce récit qui n’existe pas aujourd’hui, ne demande qu’à être créé, discuté, admis et diffusé.

En fin d’ouvrage , Marshall propose des “solutions pour nous tirer d’affaire” : accent sur la coopération,                                                scientifiques plus impliqués dans leurs discours, encouragement d’une vison positive, sentiment que la lutte contre le changement climatique est source de bien-être et de fierté, deuil nécessaire de l’âge des énergies fossiles, chérir ce qui nous reste,   …

On peut regretter que Marshall effleure seulement trois autres facteurs qui concourent à l’inaction vis-à-vis des effets du changement climatique : la culture (en quoi elle place la Nature en tant que partenaire de l’humanité ou en tant que valeur marchande inépuisable), la foi aveugle en « la technologie nous sauvera », la recherche d’argent et de pouvoir à court terme. Mais ce livre pertinent reste un excellent  outil pour abandonner ce qui n’a pas marché et passer à une approche plus convaincante et productive.

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Avis de Bernard

FAUCHÉS - Vivre et mourir pauvre de Darren Mc GARVEY - Ed. Autrement

Fauchés ; vivre et mourir pauvre Conçue à des fins de réinsertion (en plus de la sanction), la prison est un microcosme où la violence atteint des niveaux inimaginables ailleurs…Cette ambiance de poudrière reproduit l’atmosphère des communautés et des familles au sein desquelles la plupart des détenus ont grandi, où les actes violents sont si fréquents qu’on en rigole en se les racontant, comme on commenterait la météo du jour.

Les personnes qui souffrent d’un handicap social – illettrisme, mauvaise opinion de soi- sont souvent, pas toujours cependant, issues d’un milieu où leurs compétences ne sont ni reconnues, ni cultivées, ce qui les a bloquées dans leur parcours.

Un enfant victime de sévices ou de négligences aura plus de risques, en grandissant, de cumuler certains facteurs qui l’enverront sur la mauvaise pente: mauvaise opinion de soi, faible bagage éducatif, consommation de drogues et désocialisation.

La dissociation –se détacher mentalement pendant que la violence se déchaîne- peut anesthésier, mais aussi inhiber les réactions et les émotions. Le corps se met en mode survie, en  attendant que l’orage passe.

La menace est omniprésente dans les zones à risques et les habitants sont constamment sur le qui-vive, en état d’hyper-vigilance, même s’ils n’ont aucune raison de l’être ; et l’activité la plus banale est une source considérable de stress.

La solution que ma mère apportait au problème de la violence, c’était encore et toujours plus de violence.

Malheureusement, fuir la bagarre ou avouer qu’on n’a pas envie de se battre font de vous une cible de choix pour les brimades et les attaques. Dans les milieux vérolés par la violence, la crainte de devenir un objet de risée, un paria ou une victime influe subtilement sur le mode de pensée et de comportement.

Grandir au sein d’un quartier défavorisé, ou considéré comme tel, c’est grandir asphyxié. L’individualité suffoque, les moyens d’exprimer sa singularité aussi. Ce qui explique pourquoi tout le monde ou presque parle et s’habille de la même manière. Choisir l’anticonformisme, c’est se dessiner une cible sur le dos.

Comme ma mère m’avait conditionné à la solitude et au rejet, j’étais toujours sur le qui-vive et je m’attendais à être trahi ou quitté à chaque instant. L’abandon était un thème prégnant dans ma vie et je cherchais activement, à un niveau inconscient, à reproduire le schéma maternel dans toutes mes relations…Ces problèmes insolubles, couplés à la violence qui gangrenait mon environnement, m’empêchaient de me concentrer pleinement sur mes études. Mon esprit était parasité par un incessant dialogue intérieur axé sur mes craintes et mes angoisses.

Moi, ma rancœur, quand elle n’était pas dirigée contre ma mère, je la destinais à ceux qui semblaient s’en sortir mieux que nous, ceux qui traversaient l’existence dégagés des entraves de la pauvreté, des privations et des doutes qui allaient avec.

On décrète que tel ou tel groupe jouit toujours de privilèges plus importants que nous. Que ces chanceux bénéficient d’un tas d’avantages inconnus dont l’existence ne fait aucun doute. On a l’impression que les gens qui font l’information –et les règles- sont complètement détachés de la réalité, incapables de dépeindre notre vie, soit, et c’est pire, qu’ils la représentent délibérément sous un faux jour et que tout cela fait partie d’une vaste conspiration.

Rarement mentionné, et encore moins reconnu: le gouffre dans nos expériences respectives, qu’on soit issu de la classe populaire ou de la classe moyenne, et le gouffre dont la façon dont cette expérience est représentée, relatée et scrutée. De ce gouffre, qui me semble s’aggraver au fil du temps, est née une culture dont semblent bannies un certain nombre de personnes qui se désintéressent de la chose politique ou s’en méfient, ayant perdu leurs repères ou s’estimant lésés par le portrait que l’on fait d’elles.

Il existe un autre révélateur des inégalités que l’information et la culture : les disparités apparentes dans les conditions de vie…Je ne fais qu’identifier un autre domaine dans lequel on observe un abîme entre les possédants et les démunis.

Pendant ce temps, planqués dans ce qu’on peut appeler les bas-fonds de ces quartiers, déjà peu recommandables, vautrés dans l’alcool et la drogue, s’enfonçant dans une existence sordide, des gens tâchaient d’élever des enfants. L’un de ces enfants, c’était ma mère.

Comme la pauvreté, un trouble psychologique peut provoquer une difformité qui sautera aux yeux de tout le monde, sauf aux vôtres. La vérité, c’est que dans une famille à problèmes, on est le dernier à se rendre compte que ça ne tourne pas rond.

Un gouffre énorme s’est creusé entre le programme d’ingénierie sociale souhaité par les dirigeants et les aspirations modestes, mille fois plus terre à terre, des gens du peuple dont l’écrasante majorité ne maîtrise pas les éléments de langage.

La participation citoyenne, ce n’est pas le peuple qui fait entendre sa voix ; c’est le troupeau qu’on pousse vers une destination définie par avance, décidée derrière des portes hermétiquement closes.

Grandir dans un quartier comme Pollok, c’est une expérience qui vous marque à vie, à tous les niveaux. C’est le mental qui prend les coups les plus violents, en particulier à cause du stress émotionnel, facteur clé dans le façonnage des pensées, des émotions et du comportement.

Celui qui vit dans la précarité, qui a peut-être subi des sévices enfant, celui-là, le stress le dévore de l’intérieur : c’est un brouillard dans lequel il patauge en permanence et qui assombrit chaque aspect de sa vie.

La psychologue Marilyn a eu une influence fondamentale sur le cap qu’a pris ma vie et cette influence ne s’est jamais estompée. Sans son intervention, je doute que j’aurais été capable de développer la lucidité nécessaire pour prendre assez de recul, sortir de mes schémas de pensée tordus et examiner mon stress à la loupe.

Il y a mille façons de finir à la rue. Cependant, deux des éléments récurrents dans le parcours des sans-abri, comme chez les détenus, sont la désagrégation de la cellule familiale et les troubles mentaux.

J’ignorais à l’époque que c’est l’une des caractéristiques de la dépendance: refuser de voir la réalité en face et remettre toute décision à plus tard.

La raison pour laquelle la drogue possède un tel pouvoir de séduction, c’est qu’elle se présente à vous quand vous avez touché le fond…C’est à l’époque où je risquais de finir à la rue que je me suis trouvé exposé à toutes sortes de menaces.

Ils sont nombreux, et c’est peu de le dire, à avoir opté pour la colère, la méfiance ou l’indifférence après avoir été dédaignés, bousculés et exclus du débat public des années durant par des organismes et des institutions qui se gargarisent du jargon stérile d’une réhabilitation urbaine imposée à la collectivité sans aucune consultation préalable.

Des générations successives ont grandi dans un dénuement total, avec les handicaps que cela implique, et la conviction qu’elles n’ont aucun contrôle ni aucun ascendant sur leur vie.

Le point important, c’est que l’être humain imprime dans son psychisme des fausses croyances sur sa personne et sur le monde qui l’entoure, et ses croyances forgent son avenir… Cette fracture s’exprimera dans tous les domaines: le comportement, la santé physique et mentale, les études et les perspectives d’avenir, mais aussi les principes moraux, les opinions politiques, les centres d’intérêt en matière de culture jusqu’à la façon de parler.

La pauvreté se rapproche plutôt des sables mouvants: elle vous engloutit malgré les efforts que vous pouvez faire pour vous arracher à son emprise. Plus vous vous débattez, plus vous vous enfoncez. Pour d’autres personnes, c’est un monstre qui vit au loin, quelque part, et il faut à tout prix éviter de tomber sur lui. Et remercier le ciel de ne l’avoir jamais croisé.

Il y a dans notre société non seulement des gouffres socio-économiques à franchir, mais également des cassures au niveau de l’idéologie, de la citoyenneté et des intérêts privés et collectifs… Et n’oublions pas non plus que certaines situations sont moins tolérables que d’autres: celles qui touchent les enfants.

Qu’on l’accepte ou non, ces pauvres bambins maltraités et délaissés, ce sont les délinquants, les SDF, les alcooliques, les toxicos, les parents violents et irresponsables de demain.

Une famille vulnérable qui subit une précarité économique permanente, la menace du chômage, ou un régime de sanctions financières inhumaines perd souvent la capacité d’absorber certains chocs et de faire face aux aléas de la vie.

La réalité brutale de la maltraitance infantile, les statistiques alarmantes de la criminalité, l’omniprésence de la violence, l’horreur des sévices domestiques, le désastre du mal-logement ou la tragédie inévitable de l’alcoolisme et de la toxicomanie sont là, mais personne ne semble en tirer la moindre leçon ni exprimer un quelconque remords alors même que notre impuissance nous saute à la figure. On préfère jouer à notre jeu préféré, celui de la politique politicienne.

Quand on a une habitude nuisible, le moindre écart est source d’angoisse et de nervosité. Un pic de stress, dont l’intensité peut balayer tout le reste, déclenche le besoin impérieux de revenir au comportement habituel. En d’autres termes, quand mon cerveau réclame un McDo, il m’est très difficile de résister à cette envie, surtout si je suis fatigué ou surmené.

Je défends la théorie selon laquelle les inégalités sociales restent la première ligne de fracture d’une société. C’est même une plaie ouverte. Qu’il s’agisse de placer sa confiance dans un médecin, d’être évalué par un enseignant, interrogé par un travailleur social ou un juge pour enfants, menotté par un policier et conseillé par un avocat avant d’entrer dans une salle du tribunal, la catégorie sociale, c’est le problème autour duquel tout le monde tourne sans oser s’y attaquer de front.

La colère et l’amertume, entretenues par la détresse psychologique qui va de pair avec la pauvreté –anxiété, dépression, mode de vie dégradé, faible estime de soi et phobie sociale- peuvent exercer une forte pression sur les esprits. Cette pression entrave l’empathie, la tolérance et la compassion, et exacerbe leurs pendants : fureur, nervosité, rancune, peur. Aujourd’hui, avec la montée du racisme et la banalisation d’une parole xénophobe, il n’est pas compliqué de voir où une grande partie des gens ont dirigé leur colère. C’est ce qui arrive dans des sociétés qui ont remplacé leur cœur par un centre commercial.

Je l’ai déjà souligné, quand on exclut du processus décisionnel des pans entiers de l’opinion publique, on accélère le morcellement de la société.

Ces malheureux qui fuient des pays ravagés par la pauvreté et la violence arrivent au Royaume-Uni et se retrouvent relégués dans des quartiers en déshérence. Au-delà des caricatures, des accusations et des reproches, il y a de la place pour un débat respectueux sur les causes de cette immigration et ses effets sur nos populations les plus vulnérables, mais aussi sur les sorties de crise possibles.

Le voilà, le cauchemar de la dépendance. Et ce qu’on trouve à sa racine, ce n’est plus de la douleur ni un traumatisme affectif comme je le répétais souvent, mais un égoïsme pathogène et brutal ainsi qu’une indifférence profonde pour les besoins des autres. Une incapacité à voir au-delà de ma douleur, de ma petite personne.

Personnellement, décrocher de la came, batailler pour rester sobre et comprendre pourquoi j’étais si mal dans ma peau, cela a bouleversé ma vie de fond en comble…. Quand on se soumet à une modification aussi profonde, on passe au scalpel chaque aspect de sa vie, chaque facette de son identité. Je m’y suis obstinément opposé pendant des années et j’ai fini par rendre les armes quand j’ai dû apprendre à avancer sans la béquille de la drogue.

Mais j’ai commencé à remarquer une évolution quand j’ai accepté cette réalité: je suis le seul à pouvoir régler mes problèmes. Avant de transformer la société en profondeur, reconnaissons la nécessité de nous transformer d’abord nous-mêmes.

Aujourd’hui je me rends compte qu’apporter ma pierre à l’édifice, c’est élever un enfant en bonne santé, heureux, bien dans sa peau. La façon le plus concrète de transformer la société, c’est en premier lieu de me transformer moi-même et de partager mon expérience avec un maximum de gens.

 

*

 

Émetteur du florilège : François C

Activez vos talents, ils peuvent changer le monde de Mathieu Dardaillon - Alisio

Activez vos talents, ils peuvent changer le monde ! Introduction

Partie 1 POURQUOI PRENDRE SA VIE EN MAIN

Ch. 1. Un monde en rupture

  1. Ruptures technologiques: se pose surtout la question du sens, de l’éthique et de la finalité de ces innovations.
  2. Nouvelle donne économique
Ch. 2 Des défts sociétaus sans précédent
  1. Enjeux sociaux: exclusion; replis nationalistes et communautaires; terrorisme; inégalités; accès aux besoins primaires.
  2. Urgence environnementale: réchauffement climatique; épuisement des ressources; pollution; destruction de la biodiversité; préserver le vivant ou le retour du bon sens.
  3. Un monde à réinventer: vers un nouveau modèle de société, l’économie du DONUT (plafond environnemental ; plancher social ; « l’espace sûr et juste pour l’humanité ».
 

Ch. 3 Stop au gâchis de talents

  1. Nous avons tout pour résoudre nos problèmes : L’être humain est capable de répondre à n’importe quel défi auquel il a à faire face ; Talents gâchés : je suis fasciné par des gens talentueux qui font des choses « inutiles ».
  2. Mettre son intelligence au bon endroit : le concept d’ »innovateurs sages ». Navi Radjou définit la sagesse comme « l’application de l’intelligence pour servir une cause noble » ; l’intelligence du cœur ; changer nos priorités. Lorsque nous décidons de priorités et que nous organisons un effort collectif, rien n’est impossible ! (ex. : l’éradication mondialement en cours de la polio).
  3. Les talents de chacun peuvent changer le monde : Chacun a des talents. Nous avons tous un domaine –au moins un- dans lequel nous pouvons faire une grande différence ; Le monde a besoin des talents de chacun.
 

Ch. 4 Changer le monde, c’est possible !

  1. Un mouvement de fond : Un formidable bouillonnement d’initiatives ; Une envie d’agir sans précédent.
  2. Le temps des nouvelles utopies : Créer des « social-fictions » Muhammad Yunus ; Redessiner le système ; Le point de bascule, après les 2,5% d’innovateurs marginaux et les 13,5% de soutiens actifs ; Des cohortes pour changer la donne.
Ch. 5 Le travail, nouveau terrain de jeu ?

La place du travail dans nos vies : 80 000 heures.

  1. Souffrance, perte de sens et désengagement au travail : Les bullshit jobs décrits par Graeber (critère : se demander si les conséquences seraient importantes ou non en cas de disparition de ce métier) ; La prison dorée ; La souffrance éthique désigne la douleur de renier ses valeurs ; Le désengagement au travail ; La double vie des salariés ; Le « carré magique » de l’engagement : sens, reconnaissance, autonomie, relationnel.
  2. La révolution du monde du travail : La crise du quart de vie ; La mode du switch = reconversions –de métier, de statut ou de secteur- de plus en plus fréquentes et de plus en plus tôt/L’émergence des néo-artisans ; le boom des travailleurs indépendants ; la nouvelle tendance des digital nomads ; la vague des slasheurs.
  3. De nouvelles aspirations : Une jeunesse en quête de sens ; Grandes écoles et intérêt général ; L’attractivité croissante de l’E.S.S. ; Une quête de sens intergénérationnelle.
  4. Les carrières à impact : Une autre vision du travail : mettre la question du sens et de l’utilité en numéro 1 ; C’est possible ! ; L’importance du travail : une invitation à repenser sa manière de voir ses 80 000 heures de travail pour en faire un lieu d’épanouissement et d’impact social.
 

Ch. 6 La vie est courte et précieuse

Nous sommes des miracles : La vie est un miracle ; La vie est courte ; Vivre pleinement sa vie ; « Quel usage as-tu fait de ta présence au monde ? »

 

Partie 2 DEMARRER L’EXPLORATION

Ch. 1 Adopter l’état d’esprit des explorateurs

  1. L’état d’esprit des explorateurs Ils conçoivent le travail différemment. Ils sont en quête de sens, d’impact et d’alignement.
  1. L’esprit positif : « Je vais y arriver » ; le sentiment de capacité ; La visualisation créatrice.
  2. L’esprit d’apprentissage : « L’échec est un apprentissage » : L’importance du jeu ; La soif d’apprendre ; L’échec comme opportunité ; La vie comme laboratoire/Toujours porter un carnet sur soi.
  3. La persévérance : « Avancer chaque jour de quelques pas » ; la régularité dans l’effort ; la ténacité (grit).
  4. L’état d’esprit de développement : utiliser le pouvoir du «not yet» je n’y arrive pas encore.
  1. Deux boussoles pour l’exploration
  1. Connaissance de soi : « Connais-toi toi-même »/vision personnelle ; singularité assumée ; écoute de sa voix intérieure.
  2. Compréhension du monde : Curiosité et ouverture d’esprit ; Esprit critique.
  1. Vos règles du jeu : Mes règles d’exploration.
Ch. 2 Le cheminement pour trouver sa mission de vie
  1. A) Découvrir sa mission de vie : Traquer le désalignement ; L’incarner par sa vocation (trois façons de vivre son travail : boulot, carrière, vocation).
  2. B) Le cheminement : points de repère :
  3. a) Le voyage du héros (Joseph Campbell) : 1. Entendre l’appel ; 2. Accepter l’appel ; 3. Franchir le seuil ; 4. Trouver des mentors ; 5. Affronter la difficulté ; 6. Développer de nouvelles ressources ; 7. Réaliser sa mission ; 8. Retourner chez soi.
  4. b) La légende personnelle (Paulo Coelho).
  5. c) Les deep experiences (Arne Naess). Le triptyque expériences profondes, réflexions profondes, engagement profond.
  6. d) Devenir soi (Jacques Attali) : Evénement, pause, renaissance.
  7. e) L’expérience Ticket for Change : Inspiration, introspection, passage à l’action.
  8. f) L’ikigaï : Il se trouve au carrefour de quatre dimensions : ce que j’aime, ce pour quoi je suis bon, ce dont le monde a besoin, ce pour quoi je peux être rémunéré.
  9. C) Le cheminement proposé dans ce livre: Quatre grandes questions : la passion, l’efficacité, le sens, les besoins primaires.
  10. a) Quatre dimensions : sources d’énergie ; forces ; impact sociétal ; modèle économique.
  11. b) Quatre zones supplémentaires : talents uniques ; terrain de jeu ; aspirations ; compétences.
  12. c) Une seule dimension vous manque et tout est dépeuplé : « Rat racer » ; performeurs à qui il manque le sens ; idéalistes ; sacrifiés (manque de plaisir) ; imposteurs (manque d’efficacité).
Ch. 3 Définir sa propre conception de la réussite
  1. A) C’est quand le bonheur ?
Bronnie Ware « Les cinq regrets des personnes en fin de vie »
  1. B) La vraie richesse
Ma bucket list professionnelle : Que feriez-vous si tout était possible ? Si l’argent n’était pas un problème ? Si vous aviez toutes les compétences nécessaires ? Qu’aimeriez-vous avoir réalisé à la fin de votre vie professionnelle ?
  1. C) Définir sa conception de la vie
Ma métaphore de la vie : le magnifique texte de Mère Teresa. Quelle phrase de ce texte vous touche le plus ?
  1. D) Définir sa conception de la réussite
  2. a) Les personnes qui m’inspirent : Ils, elles me montrent la voie, me donnent envie de donner le meilleur de moi et me prouvent que « oui, c’est possible » !
  3. b) Mes valeurs
  4. c) Mes aspirations professionnelles : argent, sécurité, temps, liberté, reconnaissance, prestige, passion, challenge, apprentissage, impact/sens, l’équipe, les rencontres, fun.
  5. d) Ma définition de la réussite : Quelle est votre définition de la réussite ? Quelle est votre définition de la réussite professionnelle ?
 
  1. E) Prévoir sa réussite : Réussir c’est planifier versus « Life in perpetual beta »/Il est absolument essentiel de se projeter sans pour autant figer le point d’arrivée ni le chemin : »La carte apporte une description, la boussole une direction ».
Mes objectifs de vie : vie professionnelle (mission et carrière ; développement personnel) ; confort et argent ; famille ; vie sociale ; Bien-être (santé et énergie ; loisirs et fun).

 

Ch. 4 Relire son histoire pour inventer son avenir

  1. A) Connecting the dots (Steve Jobs)
  2. B) La ligne de vie : réaliser votre ligne de vie (identifiez les experiences marquantes et les moments clés de votre vie, et placez-les en face des années correspondantes) ; Partagez votre ligne de vie.
 

Partie 3 TROUVER SA VOIE

Ch. 1 Identifiez ce que vous aimez (vos sources d’énergie)

  1. A) L’énergie, la quête du graal: suivre son énergie ; à l’écoute de la passion ; à la recherche du flow.
  2. B) Etes vous spécialiste ou multipotentialiste ? Ces derniers ont trois principaux super-pouvoirs :la synthèse des idées ; l’apprentissage rapide ; l’adaptabilité.
  3. C) Identifier ce qui vous fait vibrer: 1. Les activités 2. Les expériences 3. Les sujets 4. Les personnes 5. L’environnement.
  4. D) Transformer ces envies en action: Keep, stop, start ; démarrer un play project Ne cessez jamais d’explorer ; Compilez vos découvertes.
Ch. 2 Identifier ce en quoi vous êtes bon (vos forces)

Qu’est-ce que vous savez (très) bien faire ? Sur quoi pouvez-vous vous appuyer pour exceller ?

  1. A) Les différentes intelligences: Les huit formes d’intelligence (Howard Gardner) ; L’importance particulière de l’intelligence émotionnelle (Daniel Goleman). Ses cinq compétences : conscience de soi, maîtrise de soi, motivation interne, empathie, aptitudes humaines.
  2. B) Identifiez ce en quoi vous êtes bon ? Identifier ses talents 2. Identifier ses compétences 3. Identifier ses connaissances 4. Identifier ses réseaux.
Ch. 3 Identifier vos talents uniques :
  1. A) Identifier ses talents uniques: Trouver son élément = »point de rencontre entre nos talents et nos passions » ; Misez sur vos forces naturelles.
La matrice des forces : talents révélés ; compétences acquises : potentiels ; faiblesses.

Identifier ses talents uniques.

  1. B) Affiner son rôle dans une équipe et un projet: Les huit profils d’entrepreneurs (méthodologie Wealth Dynamics) : le Créateur ; la Vedette ; le Supporter ; le Négociateur ; le Marchand ; l’Accumulateur ; le Maître ; le Mécanicien.
Les huit profils d’équipiers : l’Explorateur ; le Planificateur ; l’Energiseur ; le Connecteur ; l’Expert ; l’Optimisateur ; le Producteur ; le Coach.
  1. C) Fais ce que toi seul peux faire: Tout ça…au service de quoi ?
Ch. 4 Quel acteur de changement sommeille en vous ?
  1. A) Tous acteurs !
  2. Les entrepreneurs à impact ;
  3. Les intrapreneurs à impact ;
  4. Les dirigeants à impact ;
  5. Les contributeurs à impact ;
  6. Les free-lances à impact.
« Chacun sa voie, chacun son chemin »
  1. B) Identifier son profil d’acteur de changement (leader/follower ; grande ou petite structure).
. Ch. 5 Définir l’impact que vous voulez avoir (votre impact sociétal)

De quoi le monde a-t-il besoin ? A quoi aimeriez-vous contribuer ?

  1. A) L’impact sociétal, qu’est-ce que c’est ? Deux dimensions : la finalité que l’on poursuit ; la manière dont nous faisons les choses.
  2. B) Les enjeux de société: Les objectifs de développement durable ; De quoi le monde a-t-il besoin ?
  3. C) A la recherche du déclic. L’engagement peut partir d’une injustice ; d’une inspiration ; d’un levier d’action.
  4. D) Définir l’impact que vous voulez avoir
  5. Définir son enjeu de société : trouver sa cause ; définir et comprendre son problème ;
  6. S’appuyer sur l’existant ;
  7. Définir son idéal ;
  8. Identifier ses leviers d’action ;
  9. Définir ses pistes d’actions concrètes.
  10. E) Maximiser son impact
  11. Mesurer son impact ;
  12. Affiner sa stratégie d’impact H1 : Business as usual ; H2-: Changement incrémental ; H2+ : Changement transformationnel ; H3 : nouveau paradigme.
  13. F) L’équilibre, afin d’éviter l’épuisement pour la cause.
. Ch. 6 Identifier ce pour quoi vous pouvez être rémunéré (votre modèle économique)

La clé pour transformer votre mission en profession est de faire des choses qui vous plaisent, dans lesquelles vous êtes excellents, qui ont une vraie utilité sociale ET pour lesquelles des personnes sont prêtes à payer.

  1. A) Le modèle économique des organisations à impact
  2. Une grande diversité de modèles ;
  3. Les particularités des organisations à impact ;
  4. Développer le modèle économique de son organisation à impact : se poser cinq grandes questions : A qui – Quoi – Comment – Combien – Pourquoi.
  5. B) Construire son modèle économique personnel
  6. La réalité du marché ;
  7. Chiffrer ses besoins financiers ;
  8. Clarifier son modèle économique personnel.
  9. C) Trouver son premier client
  10. D) De l’idée à l’action: mes besoins, mes pistes, mes premiers pas.
 

. Ch. 7 Découvrir votre mission de vie

  1. A) Laisser la place à l’intuition
  2. B) Faire émerger sa mission
  3. C) Etre en mission vs avoir une mission: C’est le fait d’embarquer dans une mission qui est essentiel
 

Partie 4 SE METTRE EN MOUVEMENT

. Ch. 1 Construire votre parcours à impact

  1. A) Développer une stratégie de carrière à impact: trouver son pourquoi ; définir son comment ; affiner son quoi
  2. B) Faire les bons choix:
  3. Définir ses critères de choix ;
  4. Lister les options ;
  5. Evaluer les options ;
  6. Décidez !
. Ch. 2 Passer à l’action !
  1. Adoptez le bon état d’esprit : Comment pourrais-je… ? ;
  2. Démarrez maintenant ! Découpez votre projet en étapes, et ces étapes en tâches ;
  3. Approfondissez vos connaissances ;
  4. Entourez-vous : Créez votre dream team : l’instigateur ; le fan ; l’avocat du diable ; le superviseur ; le connecteur ; l’exemple/modèle ;
  5. Trouvez vos méthodes de travail ;
  6. Créez des opportunités ;
  7. Gérez votre transition : grand saut ou effet ciseau ;
  8. Faites le bilan régulièrement ;
  9. Créez un cercle vertueux ;
  10. Faites (vous) confiance.
 . Ch. 3 «Ils changent le monde»: témoignages d’acteurs de changement’

 Conclusion

. Réenchanter le monde

. L’engagement a un pouvoir extraordinaire

. Redessiner sa vie

. Trouver ses talents est le voyage d’une vie

 « Je vous souhaite un très bel envol!

Le monde est votre terrain de jeu.

Et souvenez-vous toujours: vos talents peuvent changer le monde !

*

Émetteur du florilège : François C

 

Meurtre pour redémption de Karine Giebel - Pocket

Meurtres pour rédemption Le conseil de Maryline:

 

Marianne, vingt ans. Les barreaux comme seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. Indomptable, incontrôlable, Marianne se dresse contre la haine, la brutalité et les humiliations quotidiennes. Aucun espoir de fuir cet enfer, ou seulement en rêve, grâce à la drogue, aux livres, au roulis des trains qui emporte l'esprit au-delà des grilles. Grâce à l'amitié et à la passion qui portent la lumière au cœur des ténèbres.

 

Pourtant, un jour, une porte s'ouvre. Une chance de liberté. Mais le prix à payer est terrifiant pour Marianne qui n'aspire qu'à la rédemption.

 

Orange

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Le jour de la rentrée scolaire, Naho reçoit une étrange lettre écrite… par elle-même depuis le futur ! La femme souhaite aider la jeune fille qu’elle était à ne pas commettre les mêmes erreurs, et lui adresse une longue liste de directives, notamment concernant le nouvel élève de la classe…

Un manga original et touchant où l’amitié tente de vaincre la fatalité.

Série finie en 6 tomes

Coup de cœur d’Élodie, libraire à De fil en page.

L’AFFOLEMENT DU MONDE -10 enjeux géopolitiques de Thomas GOMART - Ed. Tallandier

L'affolement du monde ; 10 leçons de géopolitique 1. La Chine à la conquête de la première place mondiale

À mes yeux, la Chine est aujourd’hui dans une situation paradoxale: une forte introversion intérieure que reflètent le durcissement du régime et sa volonté étroite de contrôle social et une forte extraversion extérieure, qui s’observe dans le projet BRI (Belt and Road Initiative) ou sa diplomatie publique. En réalité, la Chine est en train de réaliser un pivotement stratégique entre une posture continentale et une posture navale… Ce changement fondamental est indispensable à ses ambitions de puissance globale. Même graduel, il ne peut se faire sans une prise de risque élevée.

  1. Un monde au bord de l’asphyxie

. L’enjeu du réchauffement climatique

. La lente diversification des mix énergétiques

. La gouvernance de l’énergie ne cesse de se complexifier

. Les principaux producteurs: Arabie Saoudite, Russie et États-Unis

. Les principaux consommateurs: Union européenne, Chine et Inde

Des liens dialectiques existent entre le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité et les pollutions qui, à la différence d’autres menaces, ont d’ores et déjà des conséquences irréversibles sur nos modes de vie. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif extrêmement ambitieux au regard des efforts consentis depuis l’accord de Paris, une course de vitesse est engagée dans laquelle bon nombre de gouvernements et d’acteurs industriels piétinent.

  1. Les inconnues de la puissance américaine

Les États-Unis doivent faire face aux éléments suivants: une désindustrialisation liée à la mondialisation, une violente accentuation des inégalités sociales, une forte dépendance aux capitaux étrangers, un niveau élevé d’endettement, une montée en puissance de la Chine et une érosion du système dollar. En dépit des aléas conjoncturels, ils disposent toujours d’un incomparable pouvoir structurel, c’est-à-dire d’une capacité inégalée d’exporter leurs problèmes et d’imposer leurs préférences.

  1. La lutte pour le contrôle des espaces communs : mer, air, spatial et numérique

Il faut apprendre à penser les espaces communs à la fois dans des logiques de coopération et de confrontation. Deux phénomènes sont actuellement à l’œuvre: la volonté des États-Unis d’exercer une forte primauté dans le domaine spatial ; celle de la Chine d’investir massivement dans les infrastructures portuaires. Les Européens ne sont absents ni de l’un ni de l’autre, mais agissent avec des moyens beaucoup plus limités et sans vision d’ensemble intégrée. La maîtrise des espaces communs passera de plus en plus par celle de l’intelligence artificielle… qui invite à réfléchir sur la nature de la relation homme-machine, et ses conséquences sur l’espace-temps. 

  1. La résurgence de la Russie

Le positionnement international de la Russie est marqué par son héritage impérial et son passé soviétique. Sa trajectoire politique et économique a toujours été appréciée en fonction de celle de l’Europe occidentale, vis-à-vis de laquelle elle accuse un retard de développement séculaire… Or, la Russie conçoit avant tout son rapport au monde à travers l’exercice de la puissance. C’est pourquoi elle cherche à déplacer la compétition avec l’Occident sur d’autres terrains que le seul champ économique.

L’objectif poursuivi par Moscou de découplage entre l’Europe occidentale et les États-Unis demeure. Il s’agit, d’une part, d’éviter une pression stratégique sur ses flancs ouest et sud et, de l’autre, d’évincer les États-Unis d’Europe pour rétablir un concert européen lui permettant de bénéficier des rapports de force bilatéraux… La Russie voit toujours l’OTAN comme la principale menace, mais les inflexions de ses doctrines nucléaire et conventionnelle indiquent qu’elle se préoccupe d’ores et déjà des menaces sur ses flancs orientaux. À cette heure, il est difficile de savoir si la Russie a implicitement abdiqué en faveur de la Chine, de manière à négocier une place favorable dans le nouvel ordre international que Pékin cherche à instituer, ou si elle pense toujours être en mesure de maintenir une complète indépendance stratégique vis-à-vis de l’empire du Milieu. 

  1. Les bruits de guerre se rapprochent

Indicateurs de l’état du contexte géostratégique, les dépenses militaires mondiales ont connu une forte diminution entre 1987 et 1996 –point bas- avant de connaître une augmentation progressive, qui s’accélère depuis 2015. Avec 1739 milliards de dollars, la dépense militaire mondiale a atteint en 2017 son niveau le plus élevé depuis la fin de la guerre froide.

. Nouvelle course aux armements

. Permanence du  cadre interétatique

. Accélération des armes de prolifération

. Crise du modèle occidental

. Le piège du terrorisme

Les principaux pays émergents, au premier rang desquels figure la Chine, entendent modifier les rapports stratégiques en leur faveur en poursuivant des logiques parfaitement classiques de puissance dans une forme de mimétisme avec celles suivies par les puissances occidentales.

Quels que soient leurs avatars et leurs causes, les affrontements au sein de la population entre groupes ou entre un groupe et des forces conventionnelles persisteront. C’est pourquoi il convient de penser simultanément les possibilités de conflits interétatiques et intra-étatiques, et leurs liens réciproques.

  1. L’Europe déboussolée

Les enseignements à tirer de l’histoire européenne sont tellement innombrables qu’ils en deviennent presque illisibles. Phénomène peu visible mais décisif, la diminution des dépenses militaires. L’appartenance à l’OTAN sonne pour nombre de ses membres comme un renoncement à l’effort de défense ; ils s’en remettent à un principe de sécurité collective en limitant au maximum leur contribution.

. Euro, migrants et Brexit

. Splendeurs et misères de l’intégration européenne

. L’autonomie stratégique est-elle possible?

L’affolement du monde est perceptible en Europe plus qu’ailleurs. C’est sans doute parce que les élites et les opinions européennes partagent l’impression de ne plus maîtriser leur destin. L’Europe a imposé son rythme au monde avant d’être foudroyée par les deux guerres mondiales…Aujourd’hui, ses atouts mais aussi son organisation et son identité sont directement menacés par la combinaison de plusieurs forces. L’accentuation de l’interdépendance économique s’accompagne d’un retour de la violence politique et d’une évolution des équilibres globaux en sa défaveur.

  1. La guerre commerciale est déclarée

Deux traits de la mondialisation produisent de puissants effets géoéconomiques. Le premier est l’hégémonie persistante du dollar comme monnaie internationale de référence, ce qui confère aux États-Unis un «privilège exorbitant»… Le second est l’intégration de plus en plus poussée de l’appareil productif mondial à travers des chaînes globales de valeur (CGV).

Face aux comportements des États-Unis, de la Chine et de la Russie, ses trois principaux partenaires commerciaux, l’UE devrait d’urgence réapprendre non seulement à penser mais aussi à agir en termes géopolitiques et géoéconomiques… Comprendre que les leviers de la politique économique sont potentiellement des instruments de conduite de guerre.

8% du patrimoine financier mondial est localisé dans les paradis fiscaux. En outre, 40% des profits des multinationales sont déclarés dans des pays à fiscalité faible ou nulle.

À cette dualité économique (pays matures à faible croissance et, de l’autre, des pays émergents à forte croissance) s’ajoute désormais une dualité de nature politique entre un capitalisme d’inspiration démocratique au sens où il respecte encore la séparation des pouvoirs et un capitalisme d’inspiration autoritaire au sens où la propriété privée n’est jamais totalement garantie.

  1. De la Méditerranée au Moyen-Orient, multiplication des dangers

Cette mer intérieure s’étend d’ouest en est sur 4 000 kilomètres, du sud au nord sur quelques centaines de kilomètres, compte 12 000 kilomètres de littoraux et relie l’Europe, l’Asie et l’Afrique… C’est aujourd’hui un espace maritime congestionné où s’entrelacent échanges commerciaux, flux migratoires et rivalités navales.

La tumeur irako-syrienne irradie au-delà du Levant. Ses métastases se propagent par de multiples canaux et soulèvent deux questions principales. La première concerne l’influence exercée par la Russie, l’Iran et l’Arabie Saoudite, qui ont modifié les rapports de force au cours des dernières années… La seconde question porte sur le degré d’unité de l’Europe et du monde arabe ou, pour le dire autrement, sur la manière dont le rapport à l’islam est susceptible de diviser les Européens et, inversement, le rapport à l’Europe le monde musulman.

De nombreuses tensions géopolitiques entre voisins émaillent l’espace méditerranéen et contribuent à son instabilité chronique: Israéliens et Palestiniens, Serbes et Bosniaques, Turcs et Kurdes, Catalans et Castillans, Turcs et Grecs, Algériens et Marocains. Présenté comme un «ensemble antagonique», il se compose d’une trentaine de pays de taille variable… pays travaillés, entre eux, par des relations conflictuelles ou, en leur sein, par des revendications sociales menaçant leur stabilité.

Daech a désigné les «judéo-croisés» pour ennemis, comme si les croisades du Moyen Âge n’avaient jamais cessé, et continue à propager une vision apocalyptique des relations avec l’Europe. Les défaites militaires récentes de Daech ne signifient pas la disparition de son idéologie mortifère. Il faut bien la connaître pour la combattre efficacement, en particulier en Europe.

Mers adjacentes: La mer Noire, la mer Caspienne et la mer Rouge constituent, en effet, l’environnement immédiat de trois puissances particulièrement actives dans la région depuis 2015: la Russie, l’Iran et l’Arabie Saoudite.

L’ensemble de la rive sud de la Méditerranée est concernée par l’évolution des structures étatiques. À des degrés divers, les «printemps arabes» ont révélé leurs fragilités internes et l’inadaptation de leurs institutions à la structure des sociétés. Ce sont «des régimes durs pour des États faibles» qui se révèlent incapables d’exercer d’autres fonctions que la sécurité et d’exister autrement que par le contrôle social étroit ou la répression de leurs propres populations.

  1. Les migrations et le choc des identités

La mondialisation entraîne une compartimentation des espaces mondiaux avec de fortes disparités de traitement entre migrants selon leur origine ou leur pouvoir d’achat…Les flux migratoires révèlent une hiérarchie des pays en fonction de leur attractivité et de leur capacité à accueillir ou à sélectionner les migrants. Toute circulation humaine se traduit par un contact avec l’altérité dont dépend l’affirmation d’une identité.

Sur les 31 pays ayant le plus faible PIB par tête dans le monde, 27 se situent au sud du Sahara. Le continent africain est aussi miné par de multiples conflits.

Une zone sensible: la bande sahélo-saharienne (BSS)… Le Sahel est fréquemment présenté comme une «bombe démographique» dans la mesure où l’émigration sahélienne pourrait concerner 40 millions de personnes d’ici la fin du siècle.

. Le débat sur l’identité et l’origine des conflits

. Sécularisation du politique et résurgence du religieux

. Des disparités démographiques préoccupantes

. Les migrations s’intensifient

. La sécurité alimentaire n’est jamais complètement garantie

La mondialisation se traduit par une accentuation vertigineuse des inégalités entre les pays et au sein des pays. 1% des plus riches de la planète possèdent 43% de la richesse mondiale, alors que les 50% les plus pauvres n’en détiennent que 1%. Cette inégalité globale s’observe principalement en Afrique et en Asie du Sud où vit principalement le «milliard d’en bas», i.e. les personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour.

 

Epilogue. La France affolée?

Le mouvement des «gilets jaunes» met à nu le profond clivage entre les gagnants et les perdants de la mondialisation.

Il ne fait guère de doute, à mes yeux, que nous sommes confrontés à une dégradation rapide de notre environnement stratégique et à une crise sociale aiguë. Nous ne sommes préparés ni à la première, ni à la seconde, et encore moins à la simultanéité des deux.

Commençons par accepter les réalités d’une mondialisation qui se caractérise par des logiques complexes de transaction et de cogestion, une nouvelle répartition de la puissance et la diffusion des technologies de l’information et de la communication. Trois traits principaux la dessinent aujourd’hui: une accentuation des inégalités, une dégradation de l’environnement et une capacité illimitée de mise en réseau des individus comme des groupes, qui relient et segmentent à la fois.

. La France ne doit pas subordonner sa stratégie internationale à la lutte contre le djihadisme.

. La France doit repenser ses relations avec les trois grands (États-Unis, Chine et Russie).

. La France, force motrice de l’autonomie stratégique européenne.

. La France doit ouvrir un débat sur le sens de la mondialisation.

*

Émetteur du verbatim : François C

 

Femme sur écoute d'Hervé Jourdain - Pocket

Femme sur écoute Le conseil de Marylin:  

Strip-teaseuse et escort girl, Manon Legendre ne mène qu’une bataille, celle de son avenir. Son plan: racheter une boutique sur les Champs-Elysées et par la même occasion, sa respectabilité. Mais ça, c’était avant qu’on pirate sa vie. Lola Rivière, quant à elle, est de l’autre côté de la barrière. Experte en cybercriminalité, elle vient de rejoindre une équipe de flics aguerris tout juste délogés du légendaire 36 quai des Orfèvres pour un nouveau cadre aseptisé. Sans connexion apparente, les deux femmes vont pourtant se rencontrer et naviguer dans les méandres de la cybersécurité, des écoutes et du jeu médiatique. Le plus dangereux prédateur n’est pas forcément celui qu’on croit…

 

La vie comme elle vient d Anne-Laure Bondoux - École des loisirs

Vie comme elle vient (la)

Coup de cœur de Mademoiselle Jeanne:

Mado et Patty sont deux sœurs que tout oppose et qui ne se supportent pas. Pourtant, à la mort de leur parent dans un accident de voiture, Patti demande la tutelle de sa cadette, et elles sont bien obligées d’apprendre à vivre ensemble et à se consoler à tour de rôle. Au moindre faux pas, Mado est placée dans un foyer jusqu’à sa majorité, or elles n’ont désormais plus qu’une envie : rester ensemble. Plus de huit mois après l’accident, c’est le brevet, les grandes vacances, juillet à Paris, puis enfin août à la campagne, rien que toutes les deux pour la première fois. Toutes les deux, ou presque… car Patty est enceinte et ce n’est pas le dernier de ses mensonges.

En commençant ma lecture j’avais quelques a priori : 1) C’est écrit par Anne-Laure Bondoux, génial !!! 2) Bon ça a l’air un peu cliché quand même… Les deux se sont confirmés : j’ai adoré, et oui c’est cliché ! L’histoire initiale l’est en tous cas : les parents meurent, les sœurs sont radicalement différentes mais s’aiment quand même, l’une très forte en classe et timide, très responsable, l’autre serveuse dans un bar, inconsciente, adore le verni à ongles, et pour couronner le tout un bébé annonce sa venue au monde trop tard pour l’avortement. Bref, la liste est longue parce que quand on y réfléchit deux secondes rien n’est vraisemblable, rien n’arriverait dans la vraie vie… et pourtant le titre est bien La vie comme elle vient. Et ça explique peut-être tout : l’enchainement des circonstances est rarissime mais tout peut arriver, et il faut prendre les événements comme ils viennent, les uns après les autres et sans réfléchir. L’histoire est surement clichée mais au final ça n’a aucune importance, on suit les aventures de Mado et Patty avec d’autant plus de plaisir, parce que ça ne nous arrivera sans doute jamais, et heureusement !

Si j’ai finalement dévoré ce livre, c’est sans doute parce que j’ai tout de suite adoré Mado : c’est à travers ses yeux qu’on entre dans cette histoire abracadabrantesque, mais elle reste un personnage très vrai malgré les circonstances. Elle a des hauts et des bas, est responsable mais en a marre d’avoir trop les pieds sur terre, admire sa sœur et la déteste en même temps, s’énerve et s’en veut après. Paradoxalement c’est un personnage auquel je me suis très facilement identifié malgré tout ce qui lui arrive : certaines de ses réactions, ou de ses réflexions peuvent paraître toutes bêtes mais révèlent souvent ce que les gens n’acceptent pas, n’osent pas dire de peur d’être jugé. Lorsqu’elle raconte son retour au collège après l’accident c’est fait avec beaucoup de finesse, et de justesse aussi peut-être…

 

« Je me suis alors aperçue que j’allais passer mon temps à me surveiller pour être conforme à ce qu’on attendait de moi : je devais avoir l’air triste et abattue, point à la ligne. (…) Mes copines aussi se contrôlaient : il ne fallait pas rire, pas me bousculer, pas me parler de choses tristes, ni de choses gaies, éviter de prononcer les mots tabous comme « papa », maman » et même « voiture »… (…) Elles n’ont pas vraiment voulu me mettre sur la touche. J’étais sur la touche. »

Même si les deux sœurs ont des personnalités un peu exagérées, leur relation est ambiguë et tout sauf linéaire. Elle s’aiment et se détestent en même temps, se consolent et s’engueulent, se serrent les coudes malgré elles.

 

« – Moi ? Je te filais des compl… – Mado est si vive, si intelligente, si curieuse, si réfléchie ! récite-t-elle en clownant les profs. Tu crois pas que ça fout les boules d’entendre ça en permanence ? (…) – Toi aussi, tu me donnes des complexes, dis-je à mi-voix »
En conclusion, j’ai adoré La vie comme elle vient parce que les personnages sont géniaux et attachants, réalistes au milieu de leurs comportements incohérents au possible !

80 ANS, UN CERTAIN ÂGE de Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER - Ed. Albin Michel

80 ans, un certain âgePhilosopher, c’est-à-dire penser son existence, c’est apprendre à bien la vivre jusqu’à la fin. Alors, allons-y!

LE TEMPS

1978 Le quadra «Le temps file entre les doigts comme une corde folle, et les frustrations commencent à s’accumuler.»

2018 L’octo «Je vais bientôt mourir et, comme disait le tant regretté Pierre Desproges, je fais quoi en attendant?»

Désormais, je pense ma vie comme une collection d’instants rares. Ayant renoncé aux grands projets, je peux me permettre ce que s’interdisait l’homme d’action: vivre au jour le jour pour y trouver la saveur d’exister.

Longtemps le souci du temps a pris le pas sur la qualité de mon vécu. Je suis en train d’inverser ces priorités et je trouve ça succulent.

LA FAMILLE

1978 Le quadra «On a souvent décrit les Servan-Schreiber comme un clan, voire une mafia.»

2018 L’octo «Une famille est un pacte existentiel. On y naît, on y vit, on y meurt en compagnie d’autres avec lesquels on a un peu ou beaucoup en commun.»

Octo, je suis à même d’apprécier la continuité avec la famille du Quadra. Instruit par l’exemple de mes parents, j’ai compris que pour que la famille dure, il faut favoriser les contacts entre ceux d’une même génération. L’idéal est que nos enfants et petits-enfants n’aient nul besoin de moi pour se réunir et faire preuve de solidarité en cas de besoin. Constatant que c’est pour la troisième génération ce qui est en train de se tisser entre eux, je souris intérieurement. Les valeurs communes ont donc bien été transmises.

LE COUPLE

1978 Le quadra «Dès que nous cessions de communiquer, l’envie de vivre semblait nous quitter.»

2018 L’octo «Un mois après notre rencontre Perla a déposé ses valises chez moi (où nous sommes encore).»

Et puis, chemin faisant, le vieux couple est voué à devenir un couple de vieux. Sur ce chapitre qui s’ouvre pour nous, ni les témoignages ni les observations ne sont nombreux, car auparavant on mourait trop jeune pour vivre de longues épousailles. Au point que vieillir ensemble passe encore pour un projet imprévu et risqué.

LES ENFANTS

1978 Le quadra «C’est probablement pour nous faire faire la folie de les mettre au monde que les petits enfants ont les yeux si brillants et des rires ensoleillés.»

2018 L’octo «Aucun des miens n’est drogué, gravement malade, en dépression chronique, incapable de trouver un emploi, en prison, ni fâché avec moi.»

LES AUTRES

1978 Le quadra «Chaque année passée depuis ma jeunesse m’a mieux fait admettre que je vous ressemble et que vous m’êtes nécessaires.»

Adulte, j’ai appris que chaque nation mettait un point d’honneur à dépenser cinq fois plus pour perfectionner son armement que pour aider les affamés du tiers monde.

2018 L’octo «Rares sont les liens indéfectibles. On peut partager le même lit des années, puis ne plus se voir, même sans fâcheries.»

J’ai appris que c’est dans ma relation aux autres que j’existe le plus complètement. Parce qu’elle me définit, me précise. Qui est sûr d’exister, au-delà de ses sens, si ce n’est en relation, en connexion avec ce qui n’est pas soi? Le besoin de l’autre est l’expression permanente de mon incomplétude.

Les autres sont pour moi des sources d’émotions, de stimulations, de désirs parfois, bref, de vie. Parce qu’ils sont mes semblables, ils me complètent ; parce qu’ils sont différents, ils m’enrichissent.

LE JOURNALISME

1978 Le quadra «Si je devais travailler aujourd’hui avec la personne que j’étais à vingt-trois ans, j’aurais du mal à la supporter.»

Aussi ai-je favorisé, dans les huit ou dix titres que j’ai dirigés, des qualités sans panache mais essentielles, comme la clarté, la précision, la couverture de l’actualité, la rigueur dans le contrôle des faits, l’élégance de la présentation et, surtout, l’honnêteté intellectuelle.

2018 L’octo «Je me suis trouvé, vers la soixantaine, confronté à une technologie de rupture devant laquelle mon expérience n’était plus adaptée.»

Ne suis-je pas né avant la télévision, le cinéma en couleurs, les antibiotiques, le droit de vote des femmes, la décolonisation, le rideau de fer sur l’Europe, la bombe atomique, la sécurité sociale, les voyages aériens, etc.? Et surtout longtemps avant la communication électronique qui est en train de remodeler les rapports entre les Terriens.

LA POLITIQUE

1978 Le quadra «Avec la politique on connaissait l’orgasme de l’élection, les délices de la renommée et une autojustification à toute épreuve.»

Il m’a fallu du temps pour comprendre que le but dominant de la politique n’est pas de résoudre au mieux et au plus vite les problèmes d’un peuple, mais de conquérir le pouvoir, et de s’y maintenir.

2018 L’octo «Une vision plus réaliste de la politique se résume pour moi à cette formule célèbre outre-Atlantique: It’s a dirty job, but someone has got to do it.»

Je n’en suis pas moins convaincu qu’il reste à la politique une mission majeure, et pour longtemps : la défense des droits de l’homme, qui sont à nouveau l’objet d’attaques et de remises en question sans précédent.

LE BUSINESS

1978 Le quadra «Aussi arrivai-je à la conclusion que si je réussissais ce que j’entreprenais, c’est que ça ne devait pas être très calé.»

Lorsque je considère mon activité… dans le monde du business, je ne me pose que trois questions: «Est-ce intéressant? Est-ce difficile? Est-ce moral?»

2018 L’octo «J’étais probablement trop intellectuel pour me contenter de faire fonctionner des entreprises, mais pas assez pour devenir un penseur établi.»

Peut-être suis-je incapable de croire que mes descendants puissent vivre dans une prospérité sans transcendance, mais pléthorique en divertissements pascaliens.

L’ESTABLISHMENT

1978 Le quadra «Qui donc a décidé de m’accepter et me l’a fait savoir? Tout simplement les secrétaires.»

L’origine des membres de l’establishment peut changer, leur durée, en fonction, se restreindre, le régime politique se transformer, leurs petites manies évoluer, mais le seul jeu qui les intéresse restera immuable : la loterie du pouvoir.

2018 L’octo «Me voici donc émérite ou honoraire dans des fonctions dont j’ai été si longtemps titulaire, la définition courtoise du has been.»

Autres pratiques salutaires: devenir très gentil, convivial, souriant, empathique, prévenant, serviable, drôle et reconnaissant. Car, dépouillé d’éminence sociale, il est crucial de faire ce qu’il faut pour que les autres vous trouvent de bonne compagnie.

LA DISTANCIATION

1978 Le quadra «Ma motivation, c’est l’envie de vivre, faite de curiosités, de désirs, de projets, de fantasmes, de sensations, de besoins.»

Si l’on veut accomplir, construire, réaliser quoi que ce soit, il ne faut pas abuser de la distanciation qui, à haute dose, rend sceptique, blasé, désabusé.

2018 L’octo «Mieux vaut reconnaître d’emblée qu’une vie ne peut être qu’une symphonie inachevée.»

Les sages taoïstes nous ont appris à nous garder de porter un jugement rapide sur ce qui se produit, puisqu’il est impossible alors d’en prévoir toutes les conséquences. Seule la distanciation temporelle révèle après coup la vraie portée d’un contretemps, comme d’une aubaine. Il n’est pas rare qu’avec les années, nos jugements s’inversent.

LA FORME PHYSIQUE

1978 Le quadra «Préférer la victoire sur soi-même à une assiette de profiteroles au chocolat, n’est-ce pas gravir un échelon vers la transcendance?»

J’ai fait le choix de me ménager pour donner à mon cerveau de meilleures chances de rester irrigué, à mon cœur de ne pas s’encrasser, à mes jambes de me porter, à mes yeux de percevoir la lumière.

2018 L’octo «Les quatre grands prédateurs de la Faucheuse, cancer, infarctus, AVC, Alzheimer, frappent au hasard. Il y a des semaines où, pour voir des amis, je navigue d’un hôpital à l’autre.»

Moi non plus je ne peux pas changer de carrosserie, je dois m’arranger avec ce dont je dispose.

LE MASCULIN

1978 Le quadra «Non seulement je trouve mes filles aussi futées que jolies, mais j’ai le sentiment d’avoir investi dans le parti qui monte.»

Parce que l’éducation des mâles, leur culture ne les ont pas préparés à vivre une sexualité fondée sur l’échange, le respect et la réciprocité.

2018 L’octo «J’ai d’autant mieux reconnu et apprécié ma part féminine qu’elle s’accompagnait d’une hétérosexualité inconditionnelle.»

Mon attitude à l’égard des femmes, je me la suis formulée en constatant ce qui est bénéfique dans le couple: à l’horizontale, animalité joyeuse ; à la verticale, respect, souvent admiratif.

 LA MORT

1978 Le quadra «Soudain, la mort saute sur la scène, claque des doigts: «Voilà ce que je fais de tout ça!» Message reçu, pour de bon.»

Vers trente-cinq ans, j’ai vu pour la première fois ma vie comme une fin de vacances. Mon premier coup de vieux.

2018 L’octo «Agnostique, je fais donc une sorte de pari de Pascal inversé: pour ne pas m’illusionner, je préfère penser qu’il n’y aura rien après ma mort et agir en conséquence.»

Selon les jours c’est pile ou face. Je peux ressentir que ma vie n’a aucun sens puisque je vais disparaître sans avoir compris le jeu. Et le lendemain c’est parce que je me sens mortel que chaque instant vécu m’est source de félicité.

 LA VIE

1978 Le quadra «Je n’avais pas d’estime pour ceux qui dormaient tard, parlaient beaucoup trop ou, plus simplement, rentraient chez eux à dix-huit heures pile pour retrouver leur femme et leurs gosses.»

 Principal responsable de mon conditionnement psychologique, j’apprends à minimiser ce qui me nuit et à favoriser ce qui m’est bénéfique.

2018 L’octo «Graduellement se dessine non plus ce que j’aurais pu ou aimer être, mais ce que j’ai été. Ça et pas davantage. Le rendez-vous décisif avec soi-même: tout ça pour ça?»

 Les années sont un filtre qui élimine le fantastique, l’illusoire, l’inaccessible, l’inutile…Des pans entiers de possibles disparaissent du fait que mon corps devient moins fort, moins agile, moins dynamique. Moins ardent aussi et c’est tant mieux. Des désirs moindres valorisent d’autant ceux qui demeurent et paraissent plus authentiques.

 L’AVENIR

1978 Le quadra «On ne peut pas s’émerveiller chaque fois qu’on allume l’électricité, qu’on décroche son téléphone ou qu’on monte dans sa voiture.»

 S’il me faut donc encore sauter de mon lit quatorze mille six cents fois, que vais-je trouver en me levant ainsi chaque matin?

2018 L’octo «Mon interrogation majeure sur notre époque se situe au niveau des valeurs. La seule qui reste universelle: le culte de l’argent, celui d’un veau d’or 2.0.»

 Le principal problème éthique sera de plus en plus l’accroissement vertigineux des inégalités eu égard aux fortunes colossales détenues par 1% de la population.

Épilogue : DE MON VIVANT

Un octogénaire, ça apprend à se faire plaisir avec trois fois rien.

*

Émetteur du verbatim : François C

LA CHALEUR DU CŒUR EMPÈCHE NOS CORPS DE ROUILLER - Vieillir sans être vieux de Marie de HENNEZEL - Ed. Robert Laffont

La châleur du coeur empêche nos corps de rouiller ; vieillir sans être vieux L’abbé Pierre disait qu’il faut toujours garder les deux yeux ouverts, un œil ouvert sur la misère du monde pour la combattre, un œil ouvert sur la beauté ineffable, pour rendre grâce.

Vieillissez, ne vous opposez pas au réel, mais n’empêchez pas la vie d’accomplir son œuvre désirante, de faire jaillir du neuf, du nouveau, jusqu’à votre dernier souffle.

Au Danemark, 60% des plus de soixante-cinq ans travaillent.

La proportion de personnes âgées vivant seules est trois fois plus forte aujourd’hui qu’en 1962. 31% des personnes de plus de 65 ans souffrent d’être « trop seuls », et quatre femmes sur 5 âgées de plus de 75 ans vivent seules.

Nous allons vieillir plus longtemps, mais mieux. Encore nous faudra-t-il construire une image plus positive de cet âge de la vie, affronter nos peurs pour les dépasser, élaborer une vraie politique de prévention de la mauvaise vieillesse. Enfin, il nous appartiendra de lutter contre le déni du vieillissement et de la mort en «travaillant» à vieillir.

Comment tirer le meilleur usage de notre longévité pour accomplir cette ultime tâche, vieillir? Car il ne s’agit pas tant d’allonger une vie qui serait étouffante pour les autres, étouffante pour soi-même, que de trouver les clés d’une jeunesse intérieure donnant au temps qui reste à vivre toute sa lumière.

En Orient, on ne montre pas les corps mais les visages qui, bien que burinés par le temps, expriment la plénitude. Il cite les visages magnifiques des vieux sadous en Inde, la lumière des icônes. Ces dernières parlent d’un corps profond et pas seulement d’un corps apparent et corruptible. Elles enseignent qu’il est possible d’expérimenter un corps de lumière, double ontologique du corps physique.

Dans certains quartiers de New York se mettent en place des «cercles des aînés» pour permettre à ceux qui souffrent de se sentir inutiles et seuls de transmettre aux générations plus jeunes un savoir sur la vie.

Ils rêvent d’être des vieillards rayonnants, «rassasiés de jours», comme il est écrit dans la Bible, heureux d’avoir mené à bien cette aventure qu’est la vie, heureux de terminer leurs jours paisiblement et de porter sur le monde ce regard de bienveillance que l’on acquiert lorsque l’on n’a plus rien à perdre, à prouver, à défendre.

La vieillesse trouve ainsi son sens dans l’accomplissement d’une vie. Elle représente à la fois le couronnement d’une vie, son achèvement, mais aussi l’espace psycho-spirituel propice à son ultime résolution, car ce qui n’a pas été accompli en son temps, dans le passé, se trouve toujours déposé en elle, en attente d’être réalisé.

Une vie accomplie est une vie apaisée. C’est pourquoi il est si important de mettre de l’ordre dans sa vie avant de quitter la scène du monde, de faire le bilan.

Jacqueline Kelen distingue la solitude triste, souffrante des personnes âgées, abandonnées, oubliées, mises à l’écart, qui serait plus exactement un isolement, de la solitude «belle et courageuse, riche et rayonnante, que pratiquèrent tant de sages, d’artistes, de saints et de philosophes».

Insistant sur cette expression magnifique: la «fécondité du temps», Robert Misrahi affirme que, contre toutes les apparences, la personne âgée peut rester désirante, dans un élan vital, un vouloir-vivre, même quand l’avenir se dérobe. La vieillesse peut être une ouverture et non pas une fermeture.

Enseigner aux vieux que la vieillesse n’est pas un naufrage mais l’occasion d’une véritable renaissance. Misrahi imagine cette rééducation à trois niveaux. Celui de la créativité, de la joie et de la sérénité face à la mort.

Quel que soit l’état dans lequel nous vieillirons, quel que soit le lieu, cette énergie du cœur, si nous l’entretenons, est capable de nous transformer et de transformer notre regard sur le monde.

* *

Cocteau J’aime vieillir, l’âge apporte un calme, un équilibre, une altitude. L’amitié, le travail tiennent toute leur place.

  1. Decour C’est bien le moment de nous souvenir de l’amour. Avons-nous assez aimé? Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, des corps? Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse? Il est temps, avant de disparaître dans le tremblement d’une terre sans espoir, d’être tout entier et définitivement amour, tendresse, amitié, parce qu’il n’y a pas autre chose. Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ce que l’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse.
  2. Hesse Etre vieux représente une tâche aussi belle et sacrée que celle d’être jeune.
  3. Kelen Le fond de l’être est joie, légèreté, fraîcheur, mais il fallait désencombrer la source, quitter les oripeaux, abandonner le «vieil homme», ses souffrances et ses certitudes.
  4. Misrahi Le désir n’est pas, comme on le dit trop souvent, le règne de l’impossible. Il est au contraire un dynamisme visant la joie et la relation à l’autre comme reconnaissance réciproque. Si l’essence de l’homme est le désir, alors la poursuite de la joie est sa vocation.
  5. Silesius A. Chacun a en lui l’image de ce qu’il doit devenir. Tant qu’il ne l’a pas réalisé, son bonheur n’est pas parfait.
  6. Spinoza La jouissance du présent ne cesse d’étoffer le temps.

*

Émetteur du florilège : François C

LA VALLEE DU NÉANT de Jean-Claude CARRIÈRE - Ed. Odile Jacob 2018

La vallée du néant Mais la mort est nécessaire, nous ne pourrions en aucune façon nous passer d’elle, car elle contribue à tendre, à densifier, à illuminer et même à glorifier –par moments- notre existence brève, à la présenter comme un joyau dans le plus bel écrin possible.

Le «mouvant» n’est pas ce qui se meut, ce qui bouge ou change de place. Ce n’est pas la matière elle-même, qu’elle soit visible ou invisible. C’est une qualité fondamentale, une nécessité, une force obscure qui se cache au fond de chaque être et même sans doute de chaque chose, une force à laquelle nous pouvons donner des noms divers –entropie, évolution, usure, dégradation, poussée, passage, histoire, décadence, vieillissement, dégringolade-, mais qui demeure, de génération en génération, et quels que soient les philosophes et les savants, totalement impénétrable à notre pensée.

Notre intelligence, comme notre sensibilité, comme notre mémoire et notre imagination sont des muscles. Comme tous les muscles, ils ont besoin d’un entraînement quotidien. Sinon nos facultés, se sentant négligées, s’étiolent et, finalement, découragées, déçues, peut-être dépitées…nous abandonnent au bord du torrent, notre regard fixé sur l’eau qui va –qui va sans nous.

Le monde et moi, nous nous éloignons l’un de l’autre, nous nous séparons peu à peu. Une façon de me dire à mi-voix, de me faire comprendre, que bientôt je devrai le quitter.

Nous ne sommes que ce qui bouge, que ce qui s’effrite et qui s’use. Nous sommes tous guettés par la disparition. Nous sommes ce qui fait, et ce qui se défait.

Plus ou moins conscients de ce danger, nous nous efforçons, souvent mais pas toujours, de lutter contre ce morcellement incessant, contre cette dislocation insistante, nous tentons de nous fortifier, dans tous les domaines, de nous réunir, de nous serrer les mains et les coudes, mais ici encore l’immobile, le stable, le durable nous apparaissent comme des idéaux toujours inaccessibles, presque des rêveries de passage.

Le mouvant, le flot, est une réalité profonde, mystérieuse, impérieuse, dont les sources nous sont inconnues, mais dont la force est sans pareille. L’immobilité reste un concept.

Tout ce que nous construisons, tout ce que nous bâtissons s’effrite, s’écoule et disparaît enfin. Aller du rien au rien, ou plutôt du néant au néant, c’est tout le chemin de l’existence, quels que soient le peuple et l’époque.

Toutes les heures blessent, la dernière tue. Mais justement, comment reconnaître la dernière? Qui nous préviendra? Une cloche sonnera-t-elle, quand nous en viendrons au dernier tour?

Toutes nos actions, toutes nos émotions, toutes nos entreprises sont suspendues à l’approche de ce moment-là. Aussi passons-nous le plus clair de notre vie à dresser des barricades souvent risibles –une idéologie, une religion, des colifichets, des rituels, ou une armée de médecins, de guérisseurs, de mercenaires, d’astrologues, de soldats en pierre ou en terre cuite comme les empereurs chinois- pour nous rassurer, pour chasser (en surface) nos craintes, pour proclamer au reste du monde que nous avons trouvé la fermeté, le bastion dur, celui que les siècles n’ébranleront plus.

En réalité, toutes ces valeurs, toutes ces idées,…toutes ces ambitions grandioses ont été emportées par le flot, ou par la vague, l’une après l’autre, conduites à une série d’échouages, et souvent de naufrages. Elles ne reviendront jamais, car les fleuves ne remontent vers leur source que dans les plus sombres prophéties.

Le monde s’écroule sous nos yeux, et, du même coup, notre espérance du monde dévale la pente, remous après cascade et tourbillon.

Banal à dire : le Temps est le grand enfonceur, le grand vainqueur de l’histoire. Et sans doute le seul vainqueur. Il ne la conduit pas –ne sachant où il va, ni dans quelle intention- mais il la contient et la manipule, il est le lit dans lequel l’Univers se couche…Il peut même faire exploser des étoiles.

Parfois-avec notre consentement et même nos encouragements- il ronge en silence, sans nous en avertir, pareil à une armée de taupes, et l’écroulement final est une surprise pour tous.

Litanie de la misère moderne, images et paroles de la désolation, dans une planète épuisée, où les comportements les plus archaïques se réveillent, ou même la Terre est impitoyable, ou même l’instinct de survie disparaît.

On dit qu’une dizaine, peut-être une douzaine de milliards de planètes ressemblant de près ou de loin à la nôtre sont dispersées dans notre seule galaxie. Et nous comptons cent cinquante ou deux cents milliards de galaxies.

Je regarde avec une sorte de calme avidité tous ces objets, tous ces visages et tous ces paysages qui disparaîtront avec moi. Ainsi, je vis dans mon oubli, déjà, je me traîne encore un peu parmi mes fantômes, qui sont plus vrais que moi, au fond, car ils me survivront.

Mettons côte à côte une image de ce Bouddha bien nourri, calme et contemplatif, mourant à quatre-vingts ans couché sur le côté droit, la tête posée sur un coussin, paisible devant l’entrée du nirvana, et une image du crucifié, souffrant et saignant. Ce sont deux formes exactement opposées, peut-être les deux versants de la condition humaine.

Hurlant comme un vivant.

Choisissons donc la vie, même la plus dure, si le néant doit être cette torture, éternelle en plus. La terreur que j’éprouve en pensant à mon cercueil -et moi bloqué dans ce coffre, lucide, paralysé, et pour toujours- rend désirable, et même inestimable, la vie la plus sombre, la plus difficilement supportable.

Et jusqu’à la fin.

La vie, toute vie, comme une éducation perpétuelle, et forcément inachevée.

Luis Bunuel disait à peu près la même chose. Ce qui le chagrinait, c’était de partir « au beau milieu du feuilleton ». Mais il s’agit d’un feuilleton sans fin. Et il le savait. À quoi bon attendre la suite?

Le Mahâbhârata disait, à ce propos: «Chaque jour la mort frappe autour de nous, et nous vivons comme si nous étions des vivants immortels. La voilà, la grande merveille !»

Une merveille qui s’appelle l’oubli, la distraction, l’inconscience, le bruit, le mouvement, autrement dit le divertissement.

Devenir une brume, un vent léger, quitter doucement toute conscience de la Terre, s’effacer peu à peu dans l’espace et se laisser emporter un jour, sans savoir où, dans les espaces : tout le contraire de la société apparemment solide, lourde, métallique et plastique où nous vivons, où nous ne songeons qu’à retarder la fin, et même –nous y viendrons un jour, croyons-nous- à ne jamais mourir.

Si nous renonçons au monde, comment pourrons-nous en parler?

De toute manière, il est assuré, et depuis longtemps, que le plaisir est un art. Qu’il peut l’être en tout cas. D’abord, il faut être doué, réceptif, curieux, avide même , instruit parfois, après quoi le désir et la méthode s’apprennent et se développent, selon les goûts et attirances de chacun.

Lire et voir, jusqu’au bout, jusqu’à l’entrée de cette vallée fatidique. S’intéresser. Ne pas partir idiot, surtout. Apprendre à faire quelque chose, et à le faire du mieux possible.

Ne pas perdre une seule occasion. Rester aux aguets, même encore aujourd’hui, dans cette promenade. Savoir, apprendre, découvrir chaque jour quelque chose sur le monde, ou sur les autres vivants, ou sur nous –mêmes, ou même sur les choses que nous jugeons « inanimées ».

Entre le ciel et nous, des messagers multiples ont voyagé, porteurs de grâces ou de malédictions, des anges, mais aussi des génies, des djinns, des apsaras et même des « esprits », et Mercure avec des ailes aux chevilles, et Iris assise sur son arc-en-ciel, et Zeus sous des déguisements divers, et tant d’autres comme la Vierge Marie à Lourdes, à Fatima et autres lieux. Cela constitue une longue liste d’intermédiaires. Avec aussi des taureaux, des scorpions géants, des centaures, des goules, des génies, des dragons, des voix sans corps, des créatures indécises.

Aux dernières nouvelles, l’Univers compterait de cent cinquante à deux cents milliards de galaxies, chaque galaxie se composant de cent à cent cinquante milliards de systèmes solaires.

Cette Terre précieuse que le cosmos a lentement formée pour nous et qui nous a été donnée, que nous avons mis des millions d’années à apprivoiser, à connaître, à cultiver et à aimer, nous devrions aujourd’hui mettre toutes nos forces à la préserver d’abord et si possible à l’embellir. Et nous faisons tout le contraire. Nous la creusons, nous la déchirons, nous la cassons, nous en aspirons toute la matière, nous l’étouffons sous nos déchets, nous l’empoisonnons, comme si nous voulions lui faire rendre gorge.

Quant à l’Univers, il ne s’en apercevra même pas. Une planète de plus ou de moins, sur des centaines de milliards, qui prendra le temps de faire le compte?

En Inde, rien n’est jamais assuré. Tout est courbe et tout est question. Telle chose peut être à la fois ceci et cela, hier et aujourd’hui, ici et là-bas, moi ou un autre.

Nous avons édifié au fil des siècles, nous et d’autres, un au-delà fantasmagorique –parfois pittoresque, toujours anthropomorphique, où des peintres et poètes se sont amusés à inventer supplice après supplice, plainte après plainte-, et là se rassemblent toutes nos peurs, et quelques-unes de nos espérances.

Ainsi, toute une partie du monde s’efface à chaque instant, emportée par le flot qui n’arrête jamais.

L’esprit est notre remords nocturne, traînant dans tous les fossés de la nuit. Il est une partie de notre honte, de notre chagrin, ou de notre insatisfaction profonde, que le vent porte ici et là, selon les saisons. Il est cette partie de nous que nous avons oubliée en route, ou que nous avons mal dirigée, ou que même nous avons étouffée dès notre jeunesse, et poussée à se séparer de nous, à nous fuir. Il est notre voix persistante et indiscutable, notre présence ici-bas qui s’éteint. Il est aussi notre reproche.

Et je me disais que j’aurais pu mourir sans voir ça ; et même que j’aurais pu ne pas naître, rester à jamais dans l’ignorance, qui est la marque même du néant.

Car je suis ignorant du monde, du monde presque tout entier. Si je me réjouis d’avoir connu le spectacle que nous propose le Yémen, combien d’autres images, dans les milliards de planètes qui se déplacent dans l’infini, aurai-je manqué de voir ?

La beauté n’est pas la sagesse. L’indifférence non plus. Elles en sont même, peut-être, le contraire. Loin de tour fatalisme, de toute abdication, la beauté exige de l’ardeur et de l’enthousiasme, de l’audace, quelquefois même du scandale, du remue-ménage, de la bagarre et du parti pris. Elle nous pique les reins, elle est bruyante, elle excite plus qu’elle ne calme.

Elle ne laisse pas «indifférent».

Il ne faut certainement pas négliger les progrès de la «stupidité artificielle». Ils sont constants, réguliers et par moments assez remarquables.

Ce qui se communique aujourd’hui sur les réseaux sociaux, le big data, les fake news, les like, le chaos médiocre de Facebook et des informations souvent improbables transmises par emojis : la disparition progressive et programmée de l’individu, la déraison incontrôlable, l’instabilité souhaitée du réel. Tout peut inquiéter, à chaque instant.

Et puisqu’il a été dit-souvent-que la mort est le sel, l’épice de la vie, qu’elle en fait le charme et la joie, comment imaginer une existence sans déclin, sans épilogue, sans un lourd rideau qui tombe à la fin?

Pourquoi nous priver de nos alarmes, de notre «crainte de la mort» et du bonheur, chaque matin, de nous réveiller vivants?

Soixante-quinze pour cent des espèces vivant sur notre planète disparaissent, en ce moment, sous nos yeux. Nous n’y prêtons aucune attention, sans paraître même nous douter que nous faisons précisément partie des espèces en danger de mort.

De là-haut, vous regarderez une dernière fois votre passé, en silence, tous les moments particuliers de votre existence, et ceux ou celles qui furent vos parents, vos amis, vos enfants peut-être.

La dernière vallée, où vous reconnaissez les autres. Un précipité de vie juste avant la mort.

Je pense une dernière fois au Japonais dans son torrent et je reste assis, vide d’esprit, là où je me trouve. Tout autour, le jour descend sur les collines, le crépuscule rôde, le vent s’apaise lentement, j’entends s’approcher les premiers oiseaux de la nuit. On pourrait croire qu’ils m’appellent. Je décide, au moins pour quelques minutes, de cesser de vieillir. Je ralentis ma vie, presque jusqu’à l’arrêt, je détends mes muscles, mes nerfs, je freine le mouvement de mon cœur, de mon sang. J’essaie de chasser toute pensée insistante, de maintenir mes yeux mi-clos, d’oublier toutes choses, et d’hier et d’aujourd’hui. Je respire en cachette.

Et le Temps passe.

*

Émetteur du florilège : François C