QUOI QU’IL EN COÛT€! de François LENGLET Albin Michel 2020

Émetteur du verbatim: François C.
L’épidémie : machine à avancer le temps
Elle nous conduit de façon tortueuse et douloureuse vers une toute autre organisation.
Au-delà du gigantesque accident Covid, et de façon bien plus durable et profonde, la puissance publique est en train de se réinstaller au cœur de l’économie.
Trump, Brexit, et Gilets jaunes sont trois expressions différentes d’une même frustration, grossie et déformée par l’irruption du virus.
Entre 2009 et 2012, la dette publique française avait augmenté de trente points de PIB, passant de 60% à 90% de la richesse nationale. Cette fois-ci, il n’aura fallu que trois mois pour faire grossir nos engagements du même montant faramineux.
Le virus a littéralement asséché le sud de l’Europe, l’Italie et l’Espagne, faisant fuir le capital qui s’est réfugié dans les Etats du Nord, l’Allemagne au premier chef, révélant et aggravant les formidables différences de compétitivité entre les deux moitiés de la zone euro qui menacent de la faire éclater.
Les leçons du passé sont pourtant sans appel : il n’y a pas d’issue paisible à l’hyper-endettement. Pour une raison toute simple : on ne sait pas faire disparaître la dette sans détruire en même temps du capital. Si une créance est annulée, il y a forcément une victime quelque part, celui qui a prêté.
L’argent magique
En mai dernier, l’OCDE estimait que les pays membres de l’organisation s’étaient chargés de 15 000 milliards d’euros de dette avec la crise sanitaire et le coût du confinement. Ce qui fait passer l’endettement moyen de 109% à 137% du PIB. L’épidémie aura donc coûté 12 000 euros de dette par habitant en trois mois.
Une incroyable détérioration des finances publiques. Qui se double d’une montée de la dette privée, tant celle des entreprises que celle des ménages. Le tout financé par la planche à billets, actionnée sans relâche par les grandes banques centrales de la planète.
Au passage, il faut pointer ici l’extraordinaire fragilité du système monétaire international. Tout repose sur la crédibilité des banques centrales. La valeur de l’argent, i.e. celle du travail et de l’épargne, la propriété, l’ordre social, repose sur un simple acte de foi en une poignée d’institutions : la FED aux Etats-Unis, la BCE, à Francfort, pour l’euro, la Banque de Chine, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon.
La certitude qu’ont les investisseurs privés de pouvoir revendre ces titres à la FED quand ils le souhaitent fait qu’ils financent l’Etat américain sans barguigner. Au premier semestre 2020, Trump a ainsi levé 3 000 milliards de dollars. Deux fois plus que sur la totalité de l’année dernière. Et le déficit des USA en 2020 pourrait atteindre 3 800 milliards de dollars, soit 19% du PIB.
Les banques centrale ne se comportent pas comme des investisseurs, qui sélectionnent les valeurs les plus rentables ou les plus solides, mais comme l’assureur en dernier ressort de toute l’économie, qui se substitue à la demande pour maintenir hors de l’eau un appareil productif fragilisé.
On mesure ici à quel point d’absurdité l’économie mondiale en est arrivée. Percluse par les dettes, elle ne peut plus marcher sans antidouleurs. Et le seul qui marche est fabriqué par les banques centrales.
C’est ici le remède -l’argent facile, pour éviter la faillite- qui se trouve être aussi la cause de la crise d’après – l’excès de dette. A chaque fois la secousse est plus forte et demande une dose plus importante pour être calmée. Un cercle vicieux que personne ne sait interrompre, et qui nous met à la merci de krachs de plus en plus dévastateurs.
Les entreprises qui ne survivraient pas sans ces conditions exceptionnelles se multiplient. Ce qui compromet l’émergence de leurs concurrents, plus modestes, plus productifs et moins chers…Ces « zombies », les entreprises mort-vivantes, pourraient représenter jusqu’à 12% des entreprises cotés dans les 14 principales économies mondiales.
La valeur d’une dette n’est jamais fixe, même si elle a été contractée à taux zéro. Elle fluctue en fonction de l’environnement économique, et en particulier de la hausse des prix et de la croissance de l’activité. Deux paramètres qui déterminent les capacités de remboursement.
Pas d’inflation qui permette d’ «euthanasier le rentier», comme le disait Keynes. Pas davantage de croissance, qui aurait permis de gonfler les revenus. Et des impôts déjà très élevés, qu’on ne peut majorer sans faire plonger encore plus bas l’économie…Voilà l’équation.
Cette furie de la dépense aura évidemment une fin regrettable…Elle a toujours la même issue. Une ruine qui peut prendre deux formes différentes. La première est le krach, la perte de confiance brutale et généralisée qui fait vendre tous les titres financiers…L’autre route n’est guère plus réjouissante : une forte inflation, causée progressivement par la méfiance qu’inspirerait la création de flots d’argent déversés dans l’économie.
Il n’y a pas de suppression de la dette accumulée sans destruction parallèle et symétrique de l’épargne, quelles qu’en soient les modalités…La destruction de l’épargne, c’est aussi celle de l’ordre social et de la démocratie…Le déclencheur sera, comme toujours, un événement contingent, imprévisible, insignifiant en lui-même, qui provoquera l’enchaînement. Ce sera le grain de sable qui fait s’effondrer la pyramide de milliards de grains accumulés peu à peu…Ce peut être l’action ou la déclaration d’un responsable politique, la faillite d’un acteur financier, l’apparition d’un nouveau virus, l’embrasement d’un conflit régional.
Les métamorphoses de tripalium (poussée numérique) Un mouvement qui va se traduire par une baisse du temps de travail humain, une augmentation des salaires, mais aussi par d’importantes destructions d’emplois.
2020 sera l’année du commerce en ligne…et de l’effondrement des ventes dans les magasins physiques…Selon le cabinet Mc Kinsey, un tiers des enseignes physiques pourraient disparaître dans les années qui viennent…Moins de vendeurs, plus de livreurs. Moins de magasins, plus d’entrepôts.
(Gafa) En réalité, ils sont devenus aussi vitaux pour l’économie, grâce aux savoir-faire qu’ils possèdent, aux réseaux qu’ils gèrent et aux informations qu’ils en retirent pour les vendre que le rail et la route au XIXème siècle.
Quatre salariés sur dix, pendant le confinement, ont ainsi exercé à distance leur activité professionnelle, de façon dématérialisée. A l’échelle du monde, ce sont plusieurs centaines de millions de personnes qui ont délocalisé leur lieu de travail pendant plusiurs semaines (suppression des transports) Une, deux, voire trois heures de temps libre éveillé se sont libérées dans nos programmes quotidiens pour la vie personnelle. Sans perte de salaire.
En réalité, la crise sanitaire a obligé les entreprises à tirer le bénéfice maximal des technologies disponibles, ce qu’elles n’avaient pas fait dans les conditions d’activité normales, à cause de l’inertie naturelle des organisations humaines, qui peinent toujours à se transformer…De façon silencieuse, une gigantesque poussée de productivité s’est donc produite dans nos économies avec la très large utilisation des technologies au printemps 2020, dont nous allons voir les dividendes.
Revanche des villes moyennes…Demande de transports qui devrait chuter durablement… Robotisation des emplois dans la livraison à domicile, l’agriculture, le nettoyage et la désinfection…
La seule vraie question de la révolution numérique qui s’est amplifiée en 2020, c’est la répartition des dividendes et des sacrifices. Dans ce cadre, nul doute que la question du revenu universel ne revienne dans les débats politiques, car c’est une forme de redistribution.
«Souveraineté, j’écris ton nom»
Depuis la grande crise de 2009, l’heure est donc à fustiger le libéralisme qui fait progresser les inégalités, qui a soufflé la bulle financière et rendu l’économie vulnérable aux krachs. Insensiblement, le monde se referme donc, et comme toujours, ce sont les pays anglo-saxons qui donnent le ton.. Ils avaient été en pointe pour initier la grande révolution libérale des années 1980, ils le sont encore pour le rétablissement des frontières, avec Trump et avec le Brexit.
C’est fini. L’Etat et la nation reprennent du terrain. Ils veulent prévaloir sur les intérêts purement économiques. Et les multinationales devront s’y soumettre…La fragmentation de l’économie-monde est en marche.
En clair, c’est la quasi-gratuité de la santé en France qui explique en partie les pénuries, via le contrôle draconien des prix par l’Etat. Et qui encourage les délocalisations d’usines de médicaments…
Plus l’Etat taxe, plus il est obligé de compenser avec des plans, programmes et actions ponctuelles. Et plus il dépense avec ces programmes, plus il est obligé de prélever… Un cercle vicieux.
(France) Depuis trente ans, l’argent prélevé avec les impôts les plus élevés de la planète ou presque, les nôtres, ne sert plus majoritairement ni à investir ni à entretenir les services publics. Il est redistribué à la population, massivement, sous la forme d’allocations innombrables. Au point que ces transferts représentaient, avant même la crise sanitaire, plus du tiers du revenu des ménages, pensions comprises.
L’ère de la divergence
(Covid 19) Même si l’on tient compte du nombre d’habitants dans les différents pays, la performance de Séoul est remarquable. Tout comme celle de Taïwan, celle du Japon, celle de Singapour.
Les mêmes disparités ont frappé l’Europe, de façon plus mystérieuse. Le Vieux Continent est coupé depuis toujours en deux moitiés. Au nord les partisans de la rigueur budgétaire et monétaire, adeptes du compromis social. Au sud, des laxistes impénitents en matière de dépense publique, dévaluationnistes à peine repentis, incapables de faire s’accorder syndicats et patronat…
Depuis le 1er janvier 1999, date de la mise en œuvre de l’Union monétaire, le PIB italien n’a progressé que de 9,5%. Trois fois moins que celui de la France et l’Allemagne. Cinq fois moins que celui de l’Espagne.
Dans une démocratie, il doit évidemment y avoir équivalence entre le périmètre de la levée de l’impôt, celui de la dépense publique et celui de la responsabilité politique. Ce n’est pas le cas dans la zone euro.
L’Allemagne est la grande bénéficiaire, sur le plan commercial, du marché unique européen. Elle y réalise près des deux tiers de ses exportations, soit 800 milliards d’euros annuels. Et la monnaie unique lui garantit que ses partenaires ne dévalueront plus. Sans obstacle tarifaire, réglementaire et monétaire, les artères commerciales du marché unique sont comme des autoroutes gratuites pour les exportations de l’industrie allemande.
N’oublions pas que nous sommes en Europe, et que celle-ci est incapable de faire simple. L’Europe est tout aussi incapable de faire vite.
Derrière la récession elle-même, en effet, c’est la divergence qui menace, à cause des différences de morsures qu’a effectuées l’épidémie dans le tissu productif…L’euro renforce les forts et affaiblit les faibles…Tel est l’incroyable bilan de vingt ans d’Union monétaire : l’Europe passe de crise en crise, et lors de chacune des secousses, le Sud et le Nord s’éloignent davantage l’un de l’autre, alors que l’euro était supposé accentuer la convergence.
La France n’a évité le sort dramatique de l‘Italie qu’au prix de sa dérive budgétaire. Sans pour autant parvenir à préserver son industrie.
Le futur de la zone euro devrait donc rester marqué par une croissance très inégale, la persistance du risque de crise financière et des explosions sociales ou politiques dans les pays du Sud, à cause du ressentiment légitime que suscite le marasme économique.
La BCE et ses tombereaux de milliards créés par la planche à billets sont devenus le soutien indispensable sans lequel l’Union monétaire exploserait sous la pression de la spéculation.
Le virus nous rappelle une fois encore la faiblesse intrinsèque de notre Union monétaire. Face à une crise, ne pas disposer de sa propre monnaie est un lourd handicap, qui ne peut être compensé que par une solidarité massive des autres pays. Mais cette solidarité n’est pas praticable sans mutualisation de la responsabilité politique : la fédération.
(Grèce) L’euro a à la fois créé le problème et proscrit la solution (dévaluation de la drachme)… Le choix collectif a donc été de privilégier la valeur du capital au détriment de la croissance et de l’emploi.
Ce scénario de dépendance et de déclin acceptés n’est pas le plus optimiste. Et peut-être vaut-il mieux souhaiter que l’édifice fragile de l’Union monétaire soit mis à terre par une crise financière ou politique.
Bismarck en mer de Chine
On voit les Chinois partout : dans le cyberespace, en Arctique, en Afrique, dans nos infrastructures vitales de télécommunications. La Chine émergente et pacifique avait transformé l’économie mondiale à son profit, grâce à l’ouverture de son marché qui avait déclenché une poussée de la mondialisation. Au contraire, la Chine du présenr, émergée et belliqueuse, va provoquer un reflux de cette mondialisation.
Alors que Pékin ne concède officiellement que 4 000 morts, l’Europe et l’Amérique en auront chacune bien plus de 100 000. Avec ces chiffres élevés, l’une et l’autre auront trahi la faiblesse de leurs Etats, incapables de s’organiser face à l’urgence sanitaire, la médiocrité de leurs équipements et la lourdeur de leurs processus de décision. La démocratie, ça ne marche pas, voilà ce que pensent les Chinois.
Commerce, technologie, finance, l’éonomie mondiale est donc en train de se scinder en deux sphères d’influence, en conflit l’une avec l’autre…Une nouvelle frontière: le Pacifique, qui n’a jamais porté si mal son nom. La mondialisation va évidemment en subir les conséquences, avec la réorganisation des chaînes de production et d’approvisionnement mondiales. Comment faire fabriquer en Chine des composants essentiels dans la pharmacie ou l’électronique dans un tel climat d’hostilité?
La Chine de 2020 illusrte à nouveau cette constante de la géopolitique, qui contraint les périodes de « doux commerce » à ne rester que des parenthèses, scandées par le retour de l’affrontement entre les puissances.
(Berlin 1880) À la fin du XIXème siècle, comme de nos jours, il s’agissait de la compétition entre deux modèles économiques, le système libéral anglais et l’étatisme autoritaire allemand.
(Pékin 2020) Compétition avec les USA pour le réseau téléphonique 5G, mais aussi sur le plan financier, tout aussi stratégique que le commerce et la technologie…Autre champ de bataille : la construction d’infrastructures pour consolider l’influence internationale (nouvelles routes de la soie).
En un mot, devant le conflit du début du siècle Chine – USA, l’Europe est comme à l’habitude désarmée et divisée.
Demain
A chaque cycle son régime de croissance, marqué par un modèle idéologique, une morale et des valeurs.
Une autre génération prend à la fois le relais et le contrepied de celle qui l’a précédée, récusant la liberté pour exalter le besoin de protection, l’ordre et le respect de la nature.
La forte croissance des inégalités de la fin de la période libérale, qui s’est accompagnée d’une concentration extrême du revenu et du patrimoine, touche peut-être à sa fin. Mouvements sociaux, révolutions, transformation de l’offre politique, autant de secousses vraisemblables dans les années qui viennent.
Qui seront les gagnants et les perdants de la période?… Le grand perdant devrait être le gagnant des cinquante dernières années : l’épargnant et le détenteur de capital.
Demain, il faudra mobiliser la Lune, Mars, qui sait, pour suppléer aux garanties affaiblies des Etats vermoulus. Ou bien inventer quelque nouvelle technique, titrisation d’hypothétiques dividendes futurs ou dette perpétuelle. Quel que soit le nom et l’artifice, il s’agira du bon vieux schéma de Ponzi ou de Madoff, l’arnaque la plus vieille du monde.
La destruction du capital est le prix à payer pour effacer la dette. Car dette et épargne ne sont jamais que deux mots pour désigner le même actif, la même transaction, vu tantôt du côté de l’emprunteur, tantôt du côté du prêteur.
L’économie va profondément changer, avec le retour des frontières et de l’Etat, au détriment du marché, tant pour la production de biens que pour la finance. L’offre politique va elle aussi se transformer pour mieux répondre aux attentes du moment.
La mauvaise nouvelle, c’est que ces crises de transformation durent une vingtaine d’années. La bonne, c’est que nous en avons déjà fait plus de la moitié. Et que le virus a fait tourner plus vite les aiguilles du cadran.
*
CELUI QUI NE COMBAT PAS A DÉJÀ PERDU de Thierry MARX - Flammarion
Émetteur du florilège: François C.
Pour moi, une vie réussie est à angle droit. Solitaire est la ligne verticale, le sens de l’engagement, le sens de l’honneur ET solidaire, le souci des autres, l’altruisme… c’est l’horizontalité.
Dans ma vie, j’ai appris à me relever souvent. Et aujourd’hui, il nous faut tous le faire. Parce qu’on n’a jamais vu un match de boxe gagné par le public.
Ce que j’ai appris et aimé dans les sports de combat, c’est qu’on ne gagne pas parce qu’on est meilleur, mais parce qu’on ne peut pas perdre. On ne recherche pas la récompense mais l’accomplissement.
Ma seconde découverte a été la fraternité. Une communauté d’hommes qui, dans la pratique, s’entraidaient dans un seul but: l’excellence. Des ouvriers, et fiers de l’être… Nous étions protecteurs les uns envers les autres et critiques, puisque l’échange nous permettait de progresser.
«Il n’y a que la mort qui est irréversible.» Tant que je pouvais affronter physiquement les choses, je pouvais m’en sortir… Chaque fois qu’il m’arrivait un coup dur, je me sauvais par le sport.
Dans cette classe d’éclopés de la scolarité, chacun avait un projet. Et nous nous encouragions, communiquant aux autres l’énergie de se dépasser. Je me retrouvais dans les mêmes dispositions que chez les Compagnons du devoir. La même fraternité.
Dans la vie, beaucoup de choses sont déplaisantes. Si on s’y arrête, elles deviennent toxiques. Il faut les laisser filer ; en faire rapidement son deuil. C’est l’art de la coupe: le tameshigiri.
Ces grands chefs cuisiniers ont en commun de venir du dur. Ils ont fait des apprentissages à quatorze ans, ils arrivaient d’une extraction modeste en général. Ils ont appris très tôt ce qu’était le travail.
À l’école Robuchon, nous apprenions une forme de spiritualité proche de ce que l’on m’a enseigné à l’université de judo de Tenri, au Japon: le shuhari, dont le sens pourrait être «Observe et tais-toi. Apprends et comprends. Comprends et innove.»
Comme les moines du mont Koyasan, je crois que les gens disparaissent physiquement mais restent là comme des éléments de la nature.
Je n’ai jamais cessé de méditer depuis. J’y trouve le moyen de mettre de la distance entre mes émotions et mes actions. Je me pose, je fais le point comme un photographe règle son objectif, j’analyse et je repars. Si je ne le fais pas, je réfléchis moins bien.
J’ai pu construire un management efficace: dur avec les faits - les faits sont les faits, ils ne sont pas négociables - et bienveillant avec les gens, bienveillant avec moi-même.
Dans ce monde qui est souvent un miroir aux alouettes, la méditation me permet de fixer une ligne de conduite. Humble quand on est fort et fort quand on est faible.
Je sais que la lumière passe, repasse et s’éteint de temps en temps…Un peu comme l’Ankou, l’ange de la mort en Bretagne qui rôde, donne des frissons et puis un jour s’arrête. Le principal combat est peut-être de ne pas oublier qu’un jour tout va s’arrêter et qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses ambitions.
J’ai pris conscience qu’exercer ce métier de cuisinier sans avoir son propre style était une forme d’abandon de poste, un manque de courage, que c’était même plutôt vain. J’ai réalisé qu’il me faudrait prendre des risques, particulièrement de découvrir qui j’étais vraiment.
J’ai vérifié mille fois qu’innover était un combat violent. Il y a des moments d’abattement, l’impression que l’univers se ligue contre toi pour te remettre la tête dans l’eau.
C’est aussi pour cela que j’aime tant le Japon. Dans ce pays, il n’y a pas d’opposition entre innovation et tradition. Seul compte le caractère durable des choses.
Il m’a transmis le virus de la curiosité. Depuis, je suis sans cesse à la recherche de rencontres, de livres et de personnes qui pourraient me mettre en défaut sur mes convictions ou m’apprendre un peu plus.
L’attractivité ne pouvait pas être que dans l’enjeu d’obtenir des étoiles ou des macarons, il fallait aussi que les collaborateurs ressentent le plaisir de travailler et d’évoluer ensemble.
Les faits ne sont pas négociables. Je me suis fixé une ligne de conduite: être dur avec les faits et bienveillant avec les gens. Cela m’a permis d’éviter de chercher des coupables.
Il faut savoir regarder devant soi. Ne pas se poser la question, ne pas prévoir, c’est ne pas regarder la ligne d’horizon. Et qu’est-ce qu’être vivant sinon regarder la ligne d’horizon?
J’ai fait le tour des prisons en Europe. J’ai à chaque fois vérifié que pour s’en sortir, un prisonnier avait besoin d’un projet en dehors des murs. Ou sinon, c’est une loterie macabre qui dépend de qui vous attend à la sortie.
Nous apprenons aux élèves le geste, le feu et le temps… Les gamins retrouvent quarante recettes en un instant sur leur téléphone. L‘essentiel de l’enseignement est devenu… le geste.
Petit à petit nous avons trouvé notre rythme et notre devise, un acronyme assez bateau: RER pour Rigueur, Engagement, Régularité. Rigueur: trouver le projet. Engagement: lâcher la main du passé. Régularité: être présent pendant les onze semaines sans aucune absence ni retard.
Je préfère l’altruisme à la bienveillance. L’altruisme, c’est aider l’autre à s’épanouir, c’est voir en l’autre un potentiel, un talent.
Le pourquoi est essentiel pour une société mais aussi pour un individu qui veut aborder le monde du travail en homme libre. Pourquoi dois-je me lever le matin?
Aider les gens, c’est d’abord les remettre en situation d’entrer dans le combat. Leur montrer qu’ils peuvent remonter sur le ring. Je ne suis pas obligé de rester dépendant d’une aumône.
Ce que j’aime avec Cuisine mode d’emploi(s), c’est voir que personne n’est assigné à l’échec.
La confiance ne s’écrit pas. On l’acquiert dans l’action. Dans les prises de judo, dans le sport, il n’y a plus de couleurs, il n’y a que le mouvement
Redonner de son expérience à des jeunes est une respiration formidable. Je l’ai vu avec Cuisine mode d’emploi(s) où les anciens sont venus nous aider.
Je me suis donné dix ans sur chacune de mes entreprises pour avoir le meilleur impact social et environnemental possible.
Le combat intéressant est moins dans la réussite individuelle que dans l’urgence collective d’améliorer notre rapport à l’alimentation.
Dans ce même cours, un bon produit se définissait comme : local, durable, repère (marque qui envoie un message sur l’environnement), recyclable et « self-suffisant ». Être self-suffisant consiste à entretenir le produit que l’on a acheté.
Dans un même lieu, je veux rassembler la culture de la terre, la culture du savoir-faire et la culture de l’esprit.
Je veux faire un lieu culturel pour tous les mangeurs. La cuisine, c’est de la culture, de l’échange, du partage. La gastronomie, c’est la culture. Et ce lieu que j’imagine à Paris doit brasser des artisans, des artistes, des agriculteurs, des peintres, des photographes…
NO PASARÁN, LE JEU, de Christian Lehmann - EDL (roman adolescents)
Merci à Antoine pour son texte:
Résumé:
Éric Cuvelier a 15 ans, un frère engagé à l’armée en Bosnie, une mère qui reste tous les jours au lit, mais surtout, c’est le gamer le plus passionné de son lycée avec Thierry De Boisdeffre et Andréas Salaun.
Thierry De Boisdeffre a également 15 ans, c’est un gamer passionné, mais surtout un pro de l’informatique et il adore bidouiller son ordinateur.
Andréas Salaun est un gars de 17 ans fort et musclé, qui n’hésite pas à employer ses poings quand il est fâché, et aime les blagues puériles, voire dangereuses.
Tout les trois, ce sont des amis que le gaming lie plus que tout, ils sont fondus de jeu sur PC et en raffolent.
Lors d’un voyage scolaire à Londres, ils échappent à une visite guidée de Westminster Abbey avec leur classe et filent se balader dans Londres. Éric aperçoit alors un panneau pour une boutique «Frenzy Game!» («la frénésie du jeu»)
Ni une ni deux, les trois gars foncent à la boutique, qui pour eux, gamers confirmés, est un paradis.
Un détail choque Éric et Thierry cependant: lors d’une dispute avec le vendeur, les deux garçons remarquent «une simple insigne» sur le manteau de leur ami: une «décoration ancienne» quelconque, sans doute…
Le vendeur donne alors une boîte à Thierry et Éric avec « e jeu» à l’intérieur.
C’est une simple disquette. Il ne doit pas y avoir beaucoup de contenu dedans. Sauf que lorsque Thierry et Éric ouvrent le jeu, une incroyable surprise les attend: une voix-off très réaliste leur demande «choisissez votre mode de jeu». Le jeu comporte des images très réelles en plus.
Mais les deux garçons vont très vite comprendre que ce n’est pas un jeu dans lequel ils sont embarqués, mais un univers surréaliste dans lequel ils devront se battre pour sauver leur vie. Ils découvriront de sombre vérités sur leur «ami» Andréas…
Son avis:
Ce roman est une pépite, car il mêle cyberculture, surréalisme et histoire véridique, dans une intrigue qui nous emporte et nous réserve des surprises du début jusqu’à la fin!
Avec le temps de Jean-Louis Servan-Schreiber - Albin Michel
Émetteur du verbatim: François C.
Si un ailleurs existe, je ne le saurai qu’à la fin. Mais tant que je suis de ce monde, il vaut mieux que je me prépare à un saut dans le néant.
M’exercer en tous domaines de mon vécu donne un sens à chaque instant que je vis, avec plus d’intensité que jamais auparavant… Désormais il s’agit de se sentir encore vivant. Cet «encore» justifie tous mes efforts.
Mais tant que je ne me réfugie pas dans des souvenirs pour me consoler d’un présent douloureux, c’est que je suis encore bien vivant.
Je me méfie de l’émotion. Je l’associe à des sentiments que je préfère éviter: la colère, la haine, la violence, le désespoir, les décisions instinctives, l’expression bruyante des sentiments. Je les oppose à la rationalité, la tolérance, le calme, la distanciation, la décision réfléchie. Mais je me méfie aussi des émotions généralement recherchées: la passion, l’extase ou la transe.
Réflexion faite, l’âge nous purge efficacement de deux moteurs d’action efficaces mais encombrants: la passion et l’ego… Pourquoi peut-on alors s’en passer sans mal? Du seul fait que la fragilité de sa propre vie devient de plus en plus évidente. Le simple fait de se réveiller, chaque jour, encore présent, est une récompense suffisante pour ne pas en rechercher d’autres, forcément plus compliquées.
La confiance est le socle de l’amour: tout faire pour la préserver et la vivifier constamment. S’il n’y a pas au moins une personne dans ce monde à qui l’on puisse presque tout dire, on est voué à une solitude existentielle.
Je n’ai donc pas d’autre choix que de reprendre de la distance. Le monde s’est à la fois construit et déconstruit sous mes yeux.
Exister se ressent au croisement d’un désir et d’une compétence. Ce que j’aime faire et fais bien me donne le sentiment de jouer un rôle, même minuscule, dans la société où je suis plongé.
Le secret des vieux couples ne serait-il pas qu’ils savent se faire exister mutuellement sans lassitude?
Or ce qui a radicalement changé désormais est que les solutions à trouver sont à l’échelle de la planète. Autant espérer vider la mer avec une louche… Notre vrai déficit est de courage et d’humanisme.
La répétition n’érode pas les plaisirs essentiels, elle les confirme.
Pour autant le désir ne disparaît pas de l’existence, mais il change d’objet et d’intensité. Je valorise désormais ce que je n’aurais naguère considéré que comme des menus plaisirs.
Dans la société d’individualisme technologisé qu’est la nôtre, le réel et les médias traditionnels ne font pas le poids face à la puissance de l’industrie du spectacle, des jeux vidéo et des réseaux sociaux, bref de l’illusion.
Il y a mille manières de mener sa vie, mais j’ai, pour simplifier, classé mes choix entre papillonner agréablement ou creuser un sillon. Même si le second semblait plus austère, je l’ai préféré.
Ce n’est que récemment que sont apparus les fake news et les faits alternatifs, autrement dit les mensonges décomplexés, voire revendiqués.
Smartphone, tablette, ordinateur, télévision, je dispose maintenant d’écrans partout, connectés ensemble et au monde. Incroyable ressource de contacts, de connaissances et de distractions. De mon fauteuil, je suis devenu explorateur de la planète.
Avec le temps je me vois de plus en plus comme un animal parmi les autres.
Si je valorise à ce point la fiabilité pour moi et les autres, c’est que j’ai besoin pour vivre à l’aise de pouvoir faire confiance, de compter sur ceux avec lesquels je suis en rapport.
Le moment est venu de vivre pour vivre, pour chaque jour qui passe, pour chaque proche qui m’entoure, pour le vent, pour la lumière, pour l’odeur des fleurs, pour la musique, qui m’élargit bien au-delà de moi… Le long terme n’est plus dans mes moyens, je ne vois pas de meilleur emploi de mon temps que de cultiver l’instant.
Avec le temps l’important c’est ce qui plaît, à moi ou à ceux que j’aime.
Leurs modes de vie représentaient trop de sacrifices de ce que je considère comme primordial: prendre le temps d’apprécier tout ce qui, à mes yeux, donne de la saveur à mes jours et qui s’apparente davantage au simple, au naturel, au tendre, au souriant, au délicat, au beau… Avec le temps mieux vaut avoir réussi sa vie privée, car c’est tout ce qui reste.
Je suis conscient de mes trois déficits structurels: le doute, l’ignorance et mes limites biologiques. Je n’y changerai rien, je dois vivre avec.
Pour transcender mes inévitables limites, celles de toujours comme celles dues à mon âge, je jongle entre l’acceptation (c’est comme ça et ça pourrait être pire) et la résilience (je bouge, je m’exerce, j’écris). Et je remercie chaque jour la providence d’être encore en état de le faire.
Vivre français, c’est bénéficier de tolérance, de liberté d’expression, de protections juridiques, de traditions démocratiques solides. C’est utiliser une langue élégante, riche en nuances et façonnée par une tradition littéraire séculaire. C’est bien sûr aussi pouvoir jouir, si l’on a un minimum de moyens, d’une qualité de vie plus qu’enviable : climat, nature et cuisine.
L’appréciation que je porte sur mes jours et mes heures est donc celle de leur justesse, au sens que peut donner à ce terme un accordeur de piano. Mais il ne suffit pas que tel ou tel instant soit juste selon mes valeurs. J’essaie que l’accord que représente chaque journée soit harmonieux quand ses différents éléments se combinent.
Sur les vingt moments décisifs décrits ici, onze ont relevé du hasard plutôt clément. Neuf de décisions mûries et planifiées. Je ne sais pas si c’est une proportion habituelle. Au moins ai-je évité la monotonie et une existence où tout aurait été voulu et organisé. ça aurait été un long purgatoire.
La mort viendra en son temps, l’accepter revient à me concentrer d’ici là sur ce qui me reste à vivre. La mort aura ma peau, mais avant je peux préserver ma joie de vivre tout en faisant mon possible pour que l’échéance vienne le plus tard possible. Il me semble que je n’en ai plus peur.
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CE QUI VIENT de Stéphane PAOLI - Ed. Les Liens qui libèrent
Émetteur du verbatim: François C.
(Covid 19) Elle est un anticorps efficace qui peut produire un changement de temporalité, d’échelle, de partage.
(Smartphone) Il est, et demeure, une prothèse schizoïde. Il fait simultanément de nous des êtres libres et dépendants, reliés et isolés, dans et hors du monde.
D’ici à 2050, 300 millions d’habitants connaîtront des inondations au moins une fois par an. Le pire scénario, en Asie, pourrait aller jusqu’à 640 millions de personnes.
Chacun de nous héberge 100 000 milliards de bactéries. L’univers vit en nous, nous vivons en lui.
Paul Virilio décrit un vidéodrome qui crée une mondialisation des affects, une synchronisation des opinions.
Cette obscure étape -l’ordinateur quantique- pose que l’intelligence artificielle dépassera l’intelligence humaine sans que soient cependant pris en compte les affects, les émotions, les pulsions et les fantasmes, facteurs de choix et de créativité autant que de déviance et de cruauté. La puissance de calcul ne résout pas encore la chimie du corps ni le mystère des affinités.
Vinciane DESPRET psychologue, docteur en philosophie et éthologue
« Nous ne sommes pas, nous ne sommes plus, seuls au monde. Ce monde est fait d’être pétris d’intentions qui ne sont pas nécessairement les mêmes que les nôtres, et ces intentions constituent bien des réponses, et non des réactions. »
Depuis l’Antiquité, l’homme a fait de lui le centre du monde…Le renoncement au point d’équilibre humain qui nous est proposé par les animaux nous inscrit dans l’univers infini des interactions qui portent le principe de la vie.
Mark Bekoff : « Chaque animal est une manière de connaître le monde. »
Michel CASSé astrophysicien
« Il y a plus de possibilités, de configurations, d’états possibles de chaque objet dans le désordre que dans l’ordre. »
« Le secret originel se cache dans les dix puissance quarante-trois premières seconde. Gardons le reste, treize milliards d’années ! »
« L’univers n’a ni centre ni bord. La Terre n’est pas au centre du système solaire, le système solaire n’est pas au centre de la galaxie, la galaxie n’est pas au centre de l’univers, l’univers n’est pas au centre des plurivers. Cela fait cinq révolutions coperniciennes. »
La sonde Euclid va photographier en trois dimensions 12 milliards de galaxies et leurs mouvements.
« Les constantes de l’univers sont millimétrées. Qu’elles soient modifiées d’un iota et tout s’effondre. Edulcorer la gravitation serait empêcher la formation des étoiles, car il y aurait moins d’attraction. Impossible de toucher à la vitesse de la lumière ou à la constante de Planck qui régit les atomes, encore moins aux trois dimensions de l’espace, sinon la catastrophe est assurée. »
Daniel KAPLAN, créateur de Plurality University
(la friction) Ces maladresses, ces inégalités et instabilités existant à l’échelle des micro-organismes. La friction développe des qualités créatives nées des interconnexions à travers les différences.
La variété de ces multiples imaginaires traduits en fictions et en actions établit une convergence avec l’immunologie. Elle trouve sa robustesse dans la différence.
Nos réels s’entrechoquent, les collisions métissent les imaginaires. Le virtuel n’est pas seulement ce qui n’existe pas, mais aussi ce qui pourrait être…Il y a de la jubilation à exercer l’imaginaire, il est libérateur parce qu’il ouvre à l’infini qui est en nous.
Nicolas LEVY, médecin généticien
La reprogrammation des milliards de lettres du génome humain vient à peine de commencer, s’ouvrant à l’inconnu.
C’est la diversité qui, du point de vue génétique, fait la richesse de l’humanité. Les migrations, les voyages, les échanges sont autant de variétés proposées au génome.
La puissance des data, les triangulations effectuées entre carte vitale, cartes de crédit et identité numérique forment des rets auxquels il est déjà impossible d’échapper. Mais ils vont s’étendre encore.
Marie-Laure SALLES-DJELIC, directrice de l’Institut de hautes études internationales et du développement
Il est apparu par la généalogie conceptuelle que responsabilité limitée a fini par aboutir à irresponsabilité illimitée.
L’oligopolisation structurelle des capitalismes a fini par gagner jusqu’à la Russie et la Chine.
(hubris) Ainsi de l’économie, crise après crise, elle se reconstruit sans jamais se réformer, cherchant toujours plus de puissance et de vitesse.
Le changement de paradigme doit être le fait de la jeunesse pour un retour au commun et à sa construction sociale contre l’individualisme, à la solidarité entre les âges, à l’ouverture du marché à des modes d’échange nouveaux, à la réinscription de la nature dans la vie quotidienne.
La prospérité inclusive et durable demande une redéfinition des systèmes de production et de consommation, de nouvelles interactions entre eux. Pour cela, écoles et universités doivent faire passer les enfants par le prisme des transitions écologique, sociopolitique, socio-économique et technologique comme étant totalement interpénétrées.
(Polanyi) Sa définition de l’économie sociale et solidaire, marchande, publique et informelle, fait de l’échange, de la redistribution et de la solidarité le moteur de la réciprocité et de l’entraide mutuelle.
Pierre-Yves OUDEYER, directeur de recherche à l’INRIA
Spontanément, s’est imposée la nécessité du dialogue avec ces machines dites intelligentes, l’auto-organisation poursuivant inlassablement sa prise en compte des interactions.
Les hybridations, fruit de la sélection des bonnes recombinaisons, ont fait leurs preuves dans l’évolution des espèces. Elles se sont opérées de façon aléatoire, telle la toile d’araignée, créant de nouvelles fonctions biologiques, de nouvelles formes corporelles.
D’une certaine façon, les dieux grecs, accessibles aux humains, préfiguraient les surcapacités de traitement et de calcul des ordinateurs.
Marc AUGé, anthropologue
Il y a des milliards de systèmes solaires dans notre galaxie, des milliards de galaxies dans notre univers connu…Comment souscrire à l’idée de Dieu veillant au salut de chacun ?
Pour lui, le rapport entre identité et altérité conditionne la construction de chacun, par opposition ou par complémentarité.
Pour penser l’univers mieux que l’appréhender, il y faudra la mise en réseau de toutes les formes possibles d’intelligence, bactériennes, animales, végétales, minérales et humaines.
« Les interactions créent de façon continue des situations aléatoires. »
« Frontière est un beau mot. Il s’oppose à barrière. La frontière est un seuil, linguistique, culturel, il appelle à son franchissement. La frontière est un lieu de passage, la barrière est un empêchement. L’espace est la prochaine frontière. Insensiblement, nous nous préparons à partir. Le voyage vers les exoplanètes, ce sera une sacrée migration ! »
Claudie HAIGNERé, Conseillère du directeur général de l’Agence spatiale européenne
L’effet de surplomb, l’overview effect, est décrit comme « une épiphanie spirituelle qui change pour toujours la perspective sur l’humanité. »
« Voir d’en haut nous redonne le temps et la distance. Ce dont parlent les spationautes qui ont eu cette expérience, c’est de la prise de distance. »
Pour toutes les agences spatiales, la planète Mars, objectif ultime de l’exploration habitée de l’espace lointain, le deep space, exige une phase d’apprentissage qui est la Lune et sa surface.
Avec aussi Michel Cassé, qui dit des humains qu’ils sont de la poussière d’étoile, un agrégat complexe d’éléments divers venus d’un infini sans bord ni centre.
Pierre CHOUKROUNE, géologue, professeur à l’université Aix-Marseille
Pour un géologue, demain, c’est quatre milliards d’années, et la Terre est à mi-course. Elle a derrière elle quatre milliards d’années d’existence, devant elle encore quatre milliards et ce sera la fin. Pour le Soleil aussi.
Sur Terre, les basaltes forment le fond des océans, les granits, la partie supérieure des continents. La géologie, c’est très simple, il n’y a que les granits et les basaltes… les continents c’est du granit, les océans du basalte.
Les systèmes vivants sont métastables ou instables, mais jamais stables, leur fonctionnement étant le fait d’un grand nombre de facteurs variants et interdépendants.
Crise ou catastrophe, les cycles sont nombreux, liés à la position du Soleil et à la rotation de la Terre. Ils ne sont pas nécessairement chronologiques. Nul ne peut savoir si les températures décroîtront un jour, ni quand interviendra, ou pas, une nouvelle glaciation.
L’élan pourrait être commun qui mette fin à la misère et à la faim. Il coûterait moins cher que d’aller sur Mars.
Dominique MARANINCHI, cancérologue
En physiopathologie, la cellule et complexe…ensuite un tissu humain l’est encore plus, puis le tissu qui constitue un organe est d’un degré de raffinement toujours plus important, et enfin l’organisme qui abrite toute la machinerie et qui la fait danser dans le rythme est un univers pour la cellule. L’extraordinaire est que l’environnement modifie ces complexités organiques en permanence à l’échelle des microsecondes comme à celle des années.
Ce qui vient est la puissance de la médecine nucléaire. Le PET scan, pour tomographie par émission de positons, est la dernière avancée de l’imagerie médicale. Il permet de mesurer en trois dimensions l’activité métabolique ou moléculaire d’un organe grâce à des émissions de positons, qui sont des antiparticules de l’électron.
Ce qui vient, dans la continuité de l’amélioration et de la finesse des outils technologiques, est la personnalisation des traitements. Elle implique la révision du dogme de la moyenne statistique. Il n’est plus possible de raisonner par argument de fréquence, car si l’on accepte le principe de la diversité, des cas extrêmes vont obligatoirement se présenter. Ils vont obliger les médecins au pas de côté.
Il veut que la recherche découvre, innove, fabrique et installe partout dans les populations les moyens de guérir…c’est par l’humain qu’on peut tout changer.
Thierry FABRE, directeur du programme Méditerranée de l’Institut méditerranéen de recherche avancée
Ce qui vient sera le choix politique entre repli identitaire et ouverture, enrichissement mutuel de part et d’autre de la Méditerranée ou guerre.
La Méditerranée est un « entre-monde ». Son histoire sur le plan philosophique, culturel, artistique, s’est construite par la présence de l’Autre, juif, musulman, chrétien. C’est cette fertilité de l’Autre qui est venue à manquer.
Règnent la peur de l’immigration, la thèse du grand remplacement, l’abomination de la mort quotidienne d’humains de tous âges en Méditerranée pour laquelle l’Europe et les médias, qui inscrivent ces tragédies entre deux averses de grêle dans les journaux télévisés, devront un jour rendre des comptes.
Il n’y a qu’une alternative, se conjoindre ou se combattre. Or nous avons une culture et un imaginaire communs, issus de la mémoire profonde du premier grand bassin de civilisation, la Méditerranée. Nous pouvons inventer un humanisme méditerranéen du XXIème siècle face à la digitalisation mondiale
Jean VIARD, sociologue, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof
Les virus peuvent être de grands prédateurs, ils attaquent alors les proies les plus faibles, cette fois la mondialisation.
Ils voyaient dans la crise du Covid-19 le symptôme d’une « mal-organisation du monde » favorisant la prolifération d’événements incontrôlables dans une dimension de déstabilisation systémique.
« Partout, c’est le vivre-ensemble, au sens immédiat et vital du terme qui s’impose…L’altruisme s’impose à la majorité parce que tout le monde connaît plus vulnérable que soi. Avoir pris la décision de couper tous les liens sociaux pour éradiquer le virus a fait prendre conscience de la multiplicité et de la nécessité des interactions sociales. »
« La carte en silos avec laquelle nous avons construit nos sociétés est périmée. Le virus va être un accélérateur de transition, la dimension territoriale des sociétés à venir sera le local, la ré-identification par les lieux. »
« Les lobbies de l’économie ultralibérale ne cèderont rien de leurs emprises, mais le marché des idées et des idéologies nouvelles est ouvert. »
- Relations personne-machine
Laurence DEVILLERS, professeure en informatique appliquée aux sciences sociales à l’université Paris-Sorbonne
« Si le coronavirus profite d’autant plus des interdépendances globales qu’il est invisible, les actions des machines et leurs raisonnements sont invisibles aussi. C’est la raison pour laquelle il faut se préoccuper d’éthique et de transparence, et réveiller les consciences sur l’écosystème entourant le réseau de flux qui quadrille la Toile et finalement en fait un piège. »
Kara Swisher « Les entreprises technologiques, servies par la pandémie planétaire, ont à ce point resserré leur emprise que leur domination va devenir effrayante. »
Nathalie OBADIA, galeriste d’art contemporain à Paris et Bruxelles
Oui, l’art contemporain a été le courant qui a fait passer le meilleur et le pire, comme Internet aujourd’hui.
Où sont donc les rebelles en peinture ? Chez les Noirs…La force de l’Amérique se trouve dans cette manière de se renouveler grâce aux revendications ethniques et liées au genre, de faire entrer les minorités dans les systèmes de reconnaissance et marchands.
Thierry de MONTBRIAL, président fondateur de l’IFRI
C’est à partir des années 1970 que les technologies de communication et d’information ont changé le paysage mondial, comme le nucléaire avait métamorphosé le monde de l’armement…La révolution numérique est la cause commune à l’effondrement de l’URSS et à la globalisation-mondialisation.
Au contraire du monde compartimenté de la guerre froide, nous n’avons jamais eu autant besoin de coordination, de réponses systémiques, et nous détruisons les instances de régulation.
Il est impossible de déplier et d’analyser dans le détail la totalité des interdépendances. Les systèmes complexes y opposent une impossibilité radicale.
Se produira un jour une pandémie numérique, elle détruira le système bancaire mondialisé, elle fera tomber les avions. Cela arrivera en raison de la complexité de leurs interdépendances. Mais quand ?
Sans une adaptation drastique de la gouvernance planétaire, de grands drames mondiaux redeviendraient possibles et même probables.
Une étape supplémentaire dans la prise de conscience de l’unité du monde, appelant trois grands chantiers : celui de la gestion de la crise, celui des modèles futurs et celui de la reconfiguration du système international…Plus que jamais, la nécessité s’impose d’une reprise de la coopération.
Faire émerger de nouvelles solidarités s’ouvrant à la vision repensée d’un indispensable multilatéralisme.
Naissent ainsi des idées nouvelles, des hybridations, des échanges. Ils produisent le fracas silencieux de la connaissance. Elle n’a pas de centralité, son arborescence est elle-même une toile infinie, des milliards de fois retissée par des milliards de milliards d’organismes vivants dans des échelles et des temporalités différentes.
Ces savants observent, acceptent tout « ce qui vient », construisent et déconstruisent, animés de l’envie de comprendre. Ils posent sans crainte la question la plus difficile. Il y a toujours un pourquoi du pourquoi. La vie y trouve sa raison d’être à tâtons, par hasard, par alliances aléatoires plus que par nécessité.
L'intimité d'Alice Ferney - Actes Sud
Coup de cœur d’Élodie (ancienne collègue et libraire à la librairie De fil en page): Une libraire féministe, célibataire par conviction, qui a décidé de longue date qu’elle ne serait pas mère ; un père architecte qui cherche une nouvelle compagne ; une enseignante fière de son indépendance qui s’est inscrite sur un site de rencontres. À travers leurs aspirations, leurs craintes, leurs choix, l’autrice illustre les différentes manières de former un couple, d’être un parent, de donner (ou non) la vie.
Entre dialogue philosophique et comédie de mœurs contemporaine, le récit ausculte une société qui repousse les limites de la nature et interroge celles de l’éthique pour satisfaire au bonheur individuel et familial.
La fabrique de l'obésité, enquête sur un fléau planétaire de Yves Leers - Buchet Chastel
Émetteur du florilège: François C.
Cette histoire qui se déroule sous nos yeux depuis une génération, c’est celle de la fabrique de l’obésité, donc du diabète, donc des maladies cardio-vasculaires, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), de nombreux cancers et d’autres maladies chroniques.
1. UN SCANDALE PLANETAIRE
L’obésité a doublé en une génération
Sur terre, en 2017, un être humain sur dix est obèse (604 millions d’adultes et 108 millions d’enfants).
Epidémie galopante, aucun pays n’est épargné.
Obésité, sous-alimentation et changement climatique : il existe un lien consubstantiel entre ces trois pandémies (étude de la Commission Lancet publiée en 2019).
L’atout des traditions culinaires
Les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Irlande, le Canada et le Mexique ont connu les plus fortes croissances de l’obésité.
Le rôle de l’alcool
La corrélation entre la consommation d’alcool et le gain de poids n’est pas significative.
2. LA PLANETE OBESE
L’obésité menace l’espérance de vie en Europe
En France, plus de 8 millions d’adultes obèses… Près de la moitié de la population française adulte (49%) est en surcharge pondérale.
Le coût social de la surcharge pondérale avoisine en France 20 milliards d’euros, soit 1% du PIB.
Augmentation de la prévalence de l’obésité très sévère (IMC > 40) qui a doublé en 10 ans (2006 – 2016), soit plus de 500 000 adultes.
Les oubliés des Outre-mer français et du Pacifique.
Le Royaume-Uni, poids lourd de l’Europe… La Grande-Bretagne cumule de dramatiques records européens en matière de surpoids, d’obésité et de maladies chroniques induites, le diabète en particulier.
L’Afrique de l’ouest s’alourdit
Le surpoids et l’obésité touchent la moitié des Ghanéens urbains, et un tiers des Togolais, des Nigérians, des Nigériens, des Béninois, des Ivoiriens et des Maliens.
Les Etats-Unis, premier exportateur mondial d’obésité
En privilégiant les profits plutôt que la santé, en niant les répercussions d’une nourriture qui rend malade, les entreprises de l’agroalimentaire et le gouvernement fédéral ont fait un choix dont l’impact est universel.
L’Amérique latine
Les chercheurs de l’OCDE et de la FAO estiment que les mesures prises dans les années 1980 pour lutter contre la sous-alimentation ont créé «une génération d’obèses»: un quart des habitants du sous-continent souffre d’obésité et 60% sont en surpoids.
Le Mexique sous perfusion de Coca-Cola.
Chine: la relève des Etats-Unis
Le nombre de personnes en surpoids ou obèses en Chine a atteint 440 millions, dont 130 millions souffrent d’obésité.
Main basse sur le reste de l’Asie
. Les enfants victimes des fast-foods.
. Japon : obésité illégale ! (adoption en 2008 de la loi Metabo, destinée à prévenir tout développement de l’obésité).
. La Corée du Sud veut sauver le monde avec ses algues.
Un tour du monde plutôt inquiétant
Tant que les IAA (industries agro-alimentaires) et les financiers seront à la manœuvre, l’intérêt public sera la dernière roue du carrosse.
3. LES OUBLIES DE LA SOCIETE
Les pauvres trinquent trois fois
L’obésité et la sous-nutrition vont souvent de pair dans les pays pauvres ou en transition… Aggravée par le changement climatique, il s’agit en réalité d’une triple peine.
Le double fardeau de la malnutrition est un facteur clé à l’origine des épidémies émergentes de diabète de type 2, d’hypertension, d’AVC et de maladies cardiovasculaires dans le monde entier. Les effets néfastes peuvent également être transmis d’une génération à l’autre.
L’obésité infantile n’est pas fatidique
Le pire est à venir: si on ne fait rien -car c’est tout ou rien- pour l’éradiquer, le monde s’acheminera vers des taux d’obésité de plus en plus insupportables sur tous les plans, sanitaire, environnemental et financier. Or tous les indicateurs actuels montrent que l’obésité des enfants n’est vraiment prise au sérieux que dans les discours.
Un cortège de maladies chroniques
Aucune autre maladie n’est associée à autant d’autres pathologies que l’obésité. Si vous «attrapez l’obésité», vous avez une chance sur deux d’être diabétique, hypertendu, cardiaque, cancéreux, etc., enfin, toute la litanie des maladies chroniques.
Une pharmacopée inutile et dangereuse
Ces prétendus remèdes contre l’obésité ne sont pas seulement inutiles et hors de prix, ils sont dangereux.
…et un pis-aller coûteux, la chirurgie bariatrique
Celle-ci consiste, par différentes méthodes plus ou moins lourdes, mais toujours chères, à réduire le volume gastrique, ce qui se traduit par des pertes de poids considérables, donc une meilleure qualité de vie, mais aussi des complications et des effet indésirables sur le long terme.
La souffrance des gros
La grossophobie est «une attitude de stigmatisation, de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids» Petit Robert
4. A QUI PROFITE LE CRIME?
Les coûts astronomiques de l’obésité
Le très lourd fardeau des dépenses de santé.
La prévention est payante.
Des lobbies prêts à tout
L’alimentation qui tue: corrélation nette entre la consommation régulière d’aliments «transformés et ultra-transformés» et les risques de cancer, de surpoids, d’obésité, de diabète, d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires.
Les secrets de cuisine du lobby agroalimentaire: les cinq règles de base du lobbying dans le domaine de l’alimentation.
Un lobbying autorisé, mais bien mal encadré.
L’ILSI, lobby des lobbies basé aux USA, dicte sa loi planétaire.
Symbole de la malbouffe, le Nutella ne s’est jamais si bien porté!
Plus il y a de McDo, plus il y a d’obèses!
L’obésité arrange beaucoup de monde
L’obésité et le surpoids constituent une mine inépuisable avec tous les prétendus régimes amaigrissants dont on connaît l’inefficacité et la dangerosité; c’est également une mine pour l’industrie pharmaceutique qui vend des médicaments dont seule l’inutilité est prouvée.
Le scandale des pseudo-régimes alimentaires.
Les produits allégés ne font maigrir que les portefeuilles
L’intérêt des produits allégés n’a jamais été démontré.
5. L’OBESITE, UNE MALADIE EVITABLE
Plus de 30% des maladies induites par l’obésité, voire 50% pour certaines -en particulier les cancers et les maladies cardio-vasculaires-, pourraient être évitées grâce à la prévention nutritionnelle.
La prévention, seule stratégie efficace
Le grand chaudron des aliments ultra-transformés
. Les méfaits de l’alimentation ultra-transformée… Les AUT (aliments ultra-transformés) sont véritablement des pseudo-aliments.
. Un arsenal de plusieurs centaines d’additifs… Plus l’aliment est transformé, plus sa teneur en additifs sera élevée.
. Moins d’obèses chez les mangeurs bio.
Sucre, le grand désastre
Le marché mondial du sucre: 100 milliards de dollars.
. Le sirop de glucose-fructose, un super-sucre très dangereux.
Une alimentation industrielle bourrée de calories vides
. Pour qui sonne le gras?… Ces «bons gras» sont tous les insaturés et spécialement les monoinsaturés, comme l’acide oléique et l’oméga 9.
. La surconsommation de sel provoque par an, en France, 75 000 accidents cardio-vasculaires, dont 25 000 décès par hypertension et maladies cardio-vasculaires, comorbidités très fréquentes chez les obèses.
. Le raffinement tue le sel, le sel raffiné tue les consommateurs.
. Le pain représente 25 à 27% de notre apport quotidien en sel.
Cet indispensable étiquetage nutritionnel
. Le nutri-score devrait être obligatoire.
Qu’il s’agisse de la transformation industrielle de l’alimentation à des degrés divers, du bio, du sucre, du sel, du pain, des graisses saturées ou des calories vides, tout est une question d’équilibre ou, plutôt, de déséquilibre.
Conclusion TOUT EST POSSIBLE
Le plus urgent -pour toute la société- est donc bien de se réapproprier son alimentation et, par voie de conséquence, sa santé. Cela passe par un équilibre nutritionnel et sociétal, une approche écologique de la nutrition (la «nutri-écologie»). Sinon, 2050 sera une annus horribilis, avec un humain obèse sur deux, sous un climat de plus en plus chaud!
L’ERE DES NOUVEAUX TITANS - Le capitalisme en apesanteur de Charles-Edouard BOUEE en collaboration avec François ROCHE - ed Bernard GRASSET
Émetteur du verbatim : François C.
Première partie LES TITANS
Le mythe
Les titans modernes, ou la fusion du capital et des mathématiques
Le capitalisme du XXIème siècle consacre la nouvelle ère des Titans : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, leurs équivalents et concurrents chinois que sont les Baidu, Alibaba ou Tencent.
Le capitalisme financier a fait le lit des Titans technologiques et économiques. Aucun rêve n’est plus inaccessible dans un monde où l’argent est tellement abondant qu’il ne coûte presque rien, voire coûte à ceux qui le conservent.
Cette certitude que l’argent ne manquera jamais, qu’il se trouvera toujours des capitaux prêts à s’investir dans des projets risqués mais potentiellement très rémunérateurs, explique en partie la création de ces Titans technologiques.
Ces Titans ont créé leurs propres créatures : les machines. Cet entrelacs de super-ordinateurs, de serveurs, de logiciels d’intelligence artificielle, d’objets connectés, de réseaux, de crypto-monnaies, de blockchains est en train de devenir une créature monstrueuse, aux innombrables ramifications, qui régit l’ensemble des activités humaines.
Prenez ces trois ingrédients : une révolution monétaire qui libère les moyens d’action du capitalisme ; une révolution technologique qui accélère le temps au point que le cerveau humain peine à s’y adapter ; une révolution sociale qui éloigne de plus en plus ceux qui profitent des deux premières et ceux qui les subissent…En agitant le tout, on provoque un changement de modèle, la création d’un monde nouveau où toutes les règles anciennes deviennent obsolètes.
(Titans géopolitiques) Les nouveaux Titans ont aussi investi le champ politique dont ils abolissent les codes.
Ces dirigeants (Trump, B. Johnson, Xi Jinping, Poutine, Erdogan, Bolsonaro, Kim Jong-Un…) ont été élus sur les peurs des citoyens exclus du capitalisme et des technologies. Ils se vivent, à leur échelle, comme des Titans politiques, non soumis aux lois couramment admises auparavant, parce qu’ils ont compris, mieux que d’autres, le parti à tirer du déchirement du monde…Leurs agissements récents montrent qu’ils souhaitent renouer avec un monde dominé par la loi du plus fort.
Dans l’univers des Titans, les faibles sont condamnés à disparaître, qu’il s’agisse d’entreprises ou de nations. Il n’y a plus de place non plus pour les « moyens ».
C’est la fin du temps long, la dictature du court terme se répand, l’ère du « tout, tout de suite » s’impose. Tout ce qui pourrait freiner cette accélération est combattu, au nom de l’obtention de résultats.
« The best of times, the worst of times »
Ils témoignent surtout des interrogations de tout être humain sur l’extraordinaire polarisation du monde dans tous les domaines…Le « meilleur » et le « pire » reflètent les injonctions paradoxales auxquelles nous sommes soumis et qui conduisent le cerveau humain à la folie, tout comme elles bloquent le fonctionnement d’un ordinateur.
En 2018, quatre habitants de la planète sur dix en âge de travailler étaient en dehors du monde de l’emploi (25% des hommes, 52% des femmes) et cette proportion a augmenté depuis vingt ans, en dépit de l’accroissement de la richesse mondiale.
Depuis 2007, les 1% les plus fortunés détiennent 50% de la richesse privée mondiale.
Entre 2000 et 2020, il s’est probablement fait plus de découvertes que dans toute l’histoire de l’humanité.
Facebook compte aujourd’hui 1,79 milliard d’abonnés actifs chaque jour.
Aucune étude sérieuse n’avait anticipé que les grandes entreprises de technologies allaient s’assurer une telle emprise sur les activités humaines. Tout simplement parce que ce phénomène n’a pas d’équivalent dans l’histoire.
Il y a fort à parier que la reconnaissance faciale devienne la technologie reine en matière de surveillance des populations, d’identification des individus à risque, mais aussi de contrôle des allées et venues des uns et des autres.
Une étude réalisée en 2018 portant sur 33 000 personnes dans 28 pays différents montre que 63% des personnes interrogées estiment n’avoir plus les moyens de faire la différence entre une fake news et un vrai travail de journaliste.
40 millions d’êtres humains sont aujourd’hui concernés par les formes modernes de l’esclavage, dont 25 millions au titre du travail forcé et environ 20 millions par le biais de mariages forcés. Et selon l’Unicef, 168 millions d’enfants entre 5 et 14 ans seraient obligés de travailler.
La prolifération de ces emplois sous-qualifiés, mal protégés et peu rémunérés participe aussi de la fragmentation du monde du travail, favorisée justement par ce capitalisme avancé.
La peur du déclassement social…participe de ce sentiment d’apesanteur dans lequel se trouvent beaucoup de salariés incertains de leur avenir et qui voient le fossé se creuser entre ceux qui participent du « système » et ceux qui, faute de formation suffisante, seront condamnés à vivre en marge dans une précarité grandissante.
De nouvelles contraintes surgissent de toutes parts : s’adapter au temps accéléré, rejoindre la catégorie des « vainqueurs » et y rester, vivre sous surveillance, produire des « résultats » dans tous les domaines, accepter le risque des disruptions professionnelles, répondre aux angoisses des jeunes générations sur leur avenir et sur celui de la planète, dans un contexte où les Titans sont maîtres du jeu et imposent leurs lois.
La tentation de la virtualité et des paradis artificiels…Aujourd’hui, les humains ont à leur disposition un vaste choix de produits opiacés, au sens propre comme au sens figuré.
La crise du Covid-19 a encore accentué la « Netflix addiction »…La tendance est à ce que les experts appellent la « gamification ». Tout doit être un jeu, ou construit comme un jeu, les relations dans l’entreprise, les interactions sociales, et même les rapports amoureux.
Prises une à une, toutes ces informations recouvrent une anomalie, un danger, un non-sens isolé. Mais lorsqu’on les agrège, le monde apparaît comme une constellation de menaces. Immense richesse pour certains, pauvreté insupportable pour d’autres ; mépris de la nature et de l’environnement chez certains dont la mission serait de les protéger ; surpuissance d’acteurs économiques qui se prennent pour des Etats ; militarisation à outrance de la planète et de l’espace ; menaces à peine voilées de recours à l’arme nucléaire ; réchauffement inéluctable des températures, avec son cortège annoncé de catastrophes naturelles et humanitaires ; exploitation toujours à marche forcée du sous-sol ; appauvrissement des ressources naturelles alors que la population mondiale ne cesse d’augmenter.
Le Covid-10 est-il un déluge moderne de nature à faire émerger un monde meilleur ? Ou au contraire, le signe avant-coureur de désastres encore plus radicaux ?…En quelques mois, et en accéléré, nous avons expérimenté le monde qui vient.
Deuxième partie LE PANGOLIN
L’Année du Rat de métal (Chine)
Hélas, en fait d’opulence et de renouveau, c’est la dépression et le retour en arrière que le Rat de métal a apportés au monde.
Partout, le creusement des inégalités au cours des années précédentes s’est révélé dans toute sa crudité, concernant notamment l’accès aux soins, les couvertures sociales squelettiques ou tout simplement inexistantes dans certains pays.
Cette épidémie Covid-19 a jeté une lumière crue sur le fait que nous, les humains, étions le maillon faible de la machine économique et financière mondialisée.
Biais cognitifs et « monde d’après »
La récession économique réplique par son ampleur et sa soudaineté la crise des années 30. Elle se traduit par une augmentation du chômage, une aggravation des déficits publics et de la dette des Etats.
(Biais) Confirmation d’hypothèse (préférer les éléments qui confirment une hypothèse plutôt que ceux qui l’infirment) ; l’illusion des séries (percevoir à tort des coïncidences dans les données du hasard) ; le biais de disponibilité (ne pas chercher d’autres informations que celles qui sont immédiatement disponibles) ; le sophisme générique (tendance à juger le contenu en fonction du contenant, le message en fonction du messager, le fond suivant la forme) ; le biais d’optimisme (faire preuve d’optimisme disproportionné ou irréaliste).
Si la lecture de la crise est distordue par ces biais cognitifs, les leçons à en tirer le sont tout autant par le biais de la centrifugation. Nos croyances sont plus têtues que les faits…Bref, beaucoup de convictions « d’avant » n’ont pas été ébranlées par la crise, elles retrouvent une nouvelle vie pour « l’après » et l’on retrouve les mêmes lignes de force, les mêmes contradictions qui s’affrontaient avant le coronavirus, alors même que cette crise laisse béantes un certain nombre d’interrogations sur les leçons que, sur le moyen terme, le monde va en tirer.
Le capitalisme contaminé par le virus ou en apesanteur ?
L’économie est le monde des flux perpétuels. Les hommes, les capitaux, les produits, les informations circulent en permanence.
Les difficultés auxquelles ont été confrontés les travailleurs « indépendants », tout au long de la crise, ont révélé le vrai prix de cette indépendance lorsque rien ou presque ne vient les protéger en cas de perte durable de leur activité.
Le capitalisme s’est donc plutôt bien tiré d’affaire. Certes, cette crise laissera des traces, mais elles ne feront que suivre les règles d’airain du système : les puissants s’en tirent mieux que les faibles, les entreprises riches de cash sont mieux armées que les autres, les « leaders » l’emportent encore davantage sur les « moyens ».
Le capitalisme est sorti toujours plus fort de toutes les crises qu’il a traversées. Celle de 2008 en offre un parfait exemple.
L’aspiration à ce que les entreprises se dotent d’une « raison d’être » …se heurte à l’accélération du système capitaliste dans son entier, qui fait que la puissance technologique et la performance financière seront demain, plus que jamais, la condition de la pérennité des entreprises.
La circulation des capitaux, les investissements, les technologies, les entreprises, l’intelligence se mondialisent et créent même un nouveau continent cherchant à échapper aux lourdeurs du monde « physique », celui des hommes et de la nature.
Le capitalisme n’est pas un système fermé sur lui-même, il est au contraire ouvert en permanence sur le monde, il se renouvelle sans cesse et à un rythme qui s’accélère, il nous fait croire qu’il peut se réformer de lui-même. Il est comme la peau et les cellules qui se renouvellent tous les jours. Il s’accélère et se régénère encore plus vite qu’avant, comme en état d’apesanteur. Et le coronavirus n’y a rien changé, tout au contraire.
Le monde de demain comme si nous y étions déjà
. Les Titans technologiques ne sont que des robots sans compassion.
. La liberté individuelle est devenue une valeur relative.
. Aux Etats-Unis, le théâtre d’une opposition farouche entre la virilité (Trump) et la compassion (Biden).
. En Chine, la volonté confirmée de maîtriser son destin…Elle sort de cette crise renforcée sur le plan technologique, plus que jamais polarisée entre l’ultra-capitalisme et l’ultra-communisme.
. La Russie a voulu faire au mieux, elle a fait comme d’habitude.
. L’avenir du travail localisé est désormais compté.
. Le revenu universel a vu le jour…La digitalisation des services dans l’industrie financière, la grande distribution, l’industrie va provoquer la disparition de millions d’emplois dans le monde.
. Le présent a moins de valeur que le futur.
. La prise de conscience brutale de la « possibilité » de la mort.
. L’épuisement idéologique et religieux est en marche.
Conclusion UN DLUGE ANNONCÉ OU LA RENAISSANCE
Le coronavirus s’est déclenché dans un climat mondial délétère, certains diraient même de décadence…Les formes de l’art ou de la vie semblent épuisées ; toutes les étapes du progrès paraissent avoir été atteintes ; les institutions fonctionnent avec peine ; la répétition et la frustration gagnent les esprits ; l’ennui et la fatigue deviennent des forces historiques.
Notre civilisation est hantée par la résignation. Elle n’a plus d’espace où se projeter. Elle se condamne à la répétition…Nos sociétés, pourtant riches et puissantes, ont cessé d’avancer sur les plans politique, économique, culturel et intellectuel.
Cette révélation du confinement peut se résumer en quatre questions : Que voulons-nous apprendre dans notre vie (quoi, comment et où) et pour quoi faire ? Comment pouvons-nous vivre pleinement notre vie au présent et dans le futur ? Quelle part devons-nous laisser à l’amour dans notre vie ? Et enfin, que voulons-nous laisser derrière nous après notre mort ?
Le monde se fracture de façon tellement profonde que l’on croit de moins en moins dans la possibilité d’en rassembler les morceaux.
Si déluge il doit y avoir, il ne sera pas cette fois administré par Zeus ou Dieu. Il le sera par l’action des humains eux-mêmes, du fait de leur irrationalité, de leurs peurs, de leur passivité ou de leur appétence pour la destruction de « l’autre ». Dans ce monde de Titans, c’est des hommes que doit venir la solution, de leur volonté de partager, de construire, de faire le bien, d’œuvrer à un monde meilleur…Tant que subsisteront les appétits de conquête, de destruction, de domination et de surveillance, l’humanité est condamnée à une lente décadence de ses valeurs humaines, culturelles et intellectuelles.
Le paradoxe de Stockdale : Pendant la guerre du Vietnam, les prisonniers les plus optimistes sont ceux qui n’ont pas survécu. Persuadés qu’ils allaient être libérés sous peu, et constatant que cela n’arrivait pas, ils se sont découragés plus vite et ont perdu l’énergie dont ils avaient besoin pour tenir. Ceux qui s’en sont sortis n’étaient pas défaitistes pour autant. Ils étaient persuadés, au fond d’eux-mêmes, qu’ils en réchapperaient. Mais ils regardaient en face les épreuves qui les attendaient, sans chercher à se rassurer. Ce qui leur a permis de les traverser. D’où le paradoxe : il fallait être convaincu de s’en sortir, tout en ayant le courage de s’affronter à la brutale réalité.
*
L’ECONOMIE POST-COVID de Patrick ARTUS et Olivier PASTRE - Ed. Fayard
Émetteur du verbatim : François C.
Introduction TOUT CE QUI EST DIFFÉRENT DANS CETTE CRISE
- Un choc d’offre, alors que la crise des subprimes était un choc de demande.
- Les pays émergents sont plus violemment touchés.
- La structure sectorielle de l’économie est déformée.
- La réponse de la politique économique est violente et impressionnante.
- Le modèle économique et social est remis en cause de manière bien plus profonde et large qu’en 2008-2009.
- La crise provoque des effets politiques et géopolitiques importants.
Chapitre 1 UN PEU D’HISTOIRE
Quels enseignements peut-on tirer de cette histoire des pandémies ?
- Une accélération de la pandémie est possible, du fait de “l’ouverture” au virus de nouveaux territoires de conquête.
- La durée épidémique, beaucoup plus longue que prévu initialement.
- La capacité d’oubli des populations et, pire, des pouvoirs politiques.
- Pandémie : il y a toujours la recherche d’un bouc émissaire.
- Les boucs émissaires de l’épidémie de Covid : la Chine pour les Etats-Unis, le capitalisme néolibéral et la globalisation en Europe. Leurs effets concrets sur les économies.
Chapitre 2 ENTREPRISES : QUELLES ENTREPRISES ?
Les certitudes :
- Le vrai problème est celui des fonds propres des entreprises. La sous-capitalisation des entreprises françaises est un drame historique.
- Le “bain de sang”. On peut s’attendre à une explosion des faillites et un recul historique de la création d’entreprise.
- Les épargnants devront accepter une rémunération plus faible de leur épargne.
- Il faut s’attendre à de nombreux conflits, qui ne seront pas que sociaux. Ils opposeront aussi les entreprises à l’Etat.
Que faire ?
- Suspendre les réglementations dites”prudentielles” (Bâle III dans la banque et Solvency II dans l’assurance).
- Créer des produits financiers qui permettent de renforcer des fonds propres des PME sans effets collatéraux négatifs.
- Donner tous les moyens nécessaires à l’industrie du capital-risque.
Deux écueils à éviter :
. Subventionner les “canards boiteux”. Pour financer une entreprise, il faut qu’elle souffre d’une crise de liquidité et non de solvabilité.
. Ne pas donner une priorité absolue aux TPE qui sont de très loin les plus fragiles, mais pour lesquelles l’industrie du private equity est aujourd’hui la plus mal armée.
De nombreuses interrogations :
- Les chaînes de valeur, purs produits de la mondialisation et porteuses d’importants gains de productivité, ont été remises en cause par la pandémie.
- De très nombreux sous-secteurs impactés, qui constituent des “noeuds stratégiques” pour assurer notre souveraineté.
- Le problème de la relocalisation.
- Y aura-t-il transition vers un capitalisme différent qui serait “inclusif”, s’intéressant à la situation de toutes les parties prenantes de l’entreprise ?
- Une exigence anormalement élevée de rentabilité du capital pour l’actionnaire.
- Le partage des revenus défavorable aux salaries.
- La reconstitution de monopoles, de positions dominantes et de rentes de monopoles.
Les externalités générées par les entreprises n’ont pas été internalisées (externalités sociales, économiques, climatiques et environnementales).
Trois obstacles au principe du “pollueur-payeur” :
- Les défaillances des États, qui n’ont pas su ou voulu internaliser les externalités générées par les entreprises.
- Un très important affaiblissement des entreprises des pays de l’OCDE.
- Le rôle ambigu de la finance, qui, d’un côté, pousse les entreprises à devenir plus vertueuses, mais de l’autre exige une rentabilité très élevée du capital pour les investisseurs.
L’optimisme n’est pas de rigueur sur la transformation du capitalisme, sauf à impulser des changements de comportement drastiques de la part de tous les agents économiques. En premier lieu dans le domaine social.
Chapitre 3 TRAVAIL ET EMPLOI : QUEL NOUVEAU PARADIGME ?
La nécessité de provoquer des ruptures majeures dans la façon d’apprécier et de gérer le travail et l’emploi.
Trois faux débats :
- La relocalisation : elle prend du temps ; il faut trouver les compétences dont les usines ont besoin.
Une seule solution : un examen des sous-secteurs dont la relocalisation est indispensable ou au moins possible et la mobilisation des moyens nécessaires pour impulser celle-ci.
- Les dividences.
- La hausse du smic.
Les certitudes :
- Les situations seront très différenciées.
- L’accélération de la numérisation.
Les solutions :
- La refonte du système d’intéressement et de participation.
- La refonte complète du système de formation professionnelle. Une des solutions majeures passe par l’adaptation des qualifications afin d’augmenter l’employabilité des salariés.
Des interrogations :
- Le télétravail. Il est clair que cette nouvelle forme d’organisation du travail devra se doter d’un veritable statut.
- L’avenir du dialogue social. Dans ce domaine, il s’agit d’une véritable rupture historique et épistémologique.
- Au niveau macroéconomique, le coronavirus va t-il être un massacre économique et, plus encore, social ?
Les certitudes :
- La polarisation du marché du travail : accentuation des inégalités entre emploi stable et emploi précaire et entre emploi qualifié et non qualifié.
- Une tension sociale forte dans les pays européens après la crise.
- Les réformes à mener.
. la priorité absolue reste le retour à l’emploi.
. nous sommes face à une équation à trois inconnues : l’emploi, la durée du travail et la remuneration.
. les jeunes vont être les grands perdants de la crise du Covid.
Comment refaire partir en France l’ascenseur social ?
L’ascenseur social n’est pas véritablement en panne. Il ne fonctionne aujourd’hui qu’à la descente.
Chapitre 4 STRUCTURE SECTORIELLE DE L’ÉCONOMIE ET GÉOÉCONOMIE BOULEVERSÉES
Six évolutions derrière la déformation de la structure sectorielle des économies :
- Le recul de la demande de biens durables : biens d’équipement des entreprises, ainsi que des ménages.
- Le recul probablement durable du tourisme.
- Une hausse durable du poids de la distribution en ligne.
- Un souci accru pour le climat et l’environnement.
- La perte d’efficacité avec le recul de la productivité horaire du travail.
- La volonté des Etats, après la crise, de soutenir et de relocaliser certaines industries stratégiques (pharmacie et médicament, matériel de télécommunication, matériel pour les énergies renouvelables, services Internet).
Les secteurs d’activité gagnants et perdants
. Secteurs gagnants : Biens de consommation courants, services à la personne, luxe, pharmacie-santé, agroalimentaire, technologies au sens large, énergies renouvelables.
. Secteurs perdants : Biens d’équipement, matériel de transport, biens intermédiaires, immobilier commercial, énergies fossiles, tourisme, distribution traditionnelle, transport aérien, services financiers.
Une reprise économique plus difficile.
. L’économie va se déformer vers le “dématérialisé” : services à la personne, technologies, santé, télécoms, commerce en ligne, services financiers associés.
. De nombreuses entreprises vont être en difficulté dans les secteurs perdants…Il y aura donc des faillites, des acquisitions, des consolidations et l’impossibilité de maintenir l’emploi.
. Et si c’était l’Europe qui sortirait renforcée ? Les Etats-Unis et la Chine souffrent aussi de problèmes structurels sévères.
Chapitre 5 QUELLE MACROÉCONOMIE APRÈS LA CRISE ?
L’excès durable de liquidité avec la monétisation des dettes publiques va conduire à des bulles généralisées sur les prix des actifs.
Perspectives de stagflation après la fin du confinement (croissance faible et inflation élevée).
La base monétaire des pays de l’OCDE, i.e. la quantité de monnaie créée par les banques centrales, devrait augmenter de 70% en 2020, passant de 14 à 24 trillions de dollars.
Il est clair que l’équilibre économique de stagflation et de bulles est peu attrayant.
Pour une partie des secteurs perdants, la crise du Covid va faire apparaître de nombreuses “entreprises zombies” qui sont surendettées et n’ont plus les moyens de se développer, d’innover.
Nous pensons qu’il y aura l’apparition généralisée de bulles sur les prix des actifs financiers et immobiliers, mais aussi peut-être une crise beaucoup plus grave de perte de confiance dans les monnaies publiques des Etats.
Seulement une généralisation des bulles ou bien une crise pire ? (chute de la demande de réserves publiques au profit de monnaies privées -cryptomonnaies par exemple).
Chapitre 6 QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION ET HUIT PROPOSITIONS D’ACTION POUR DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES DE RUPTURE
Certitudes :
. Il faut distinguer les réformes de court terme et celles de long terme.
. L’éducation au sens large est la clé de toutes les réformes.
. Les grands principes :
. L’objectif majeur est celui de la confiance.
. Il ne peut y avoir de réformes efficaces que si l’effort demandé est perçu comme partagé.
. Cette crise doit nous amener à opérer des ruptures dans presque tous les domaines d’activité économique, aussi bien au niveau macro que microéconomique.
. Remettre en cause/adapter le principe de precaution.
. Il faut réformer très largement les organismes internationaux dont a accouché la Seconde Guerre mondiale.
. Aucune croissance mondiale ne sera durable sans l’Afrique, qui vit déjà deux autres “pandémies” -celles de la sécheresse et de la faim, auxquelles s’ajoute à terme très proche celle des migrations.
Il faut mettre en place des politiques de rupture dans huit domaines :
Rupture 1 : soutenir les catégories les plus touchées par la crise par un revenu universel ciblé
Rupture 2 : réformer réellement les retraites pour aider les entreprises à survivre et à investir…La seule piste praticable est une réforme rapide et radicale des retraites, qui amène en quelques années l’âge effectif de depart à la retraite à 65 ans.
Rupture 3 : créer un choc de compétence pour favoriser la transformation des emplois, ce qui passe, entre autres, par une refonte du système de formation professionnelle…la crise va exacerber un problème profond de la France, qui est le faible poids des compétences de la population active.
Rupture 4 : créer un partenariat Etat-entreprises sur les technologies d’avenir…Le bon modèle (celui de la DARPA aux Etats-Unis ou du METI au Japon) nous semble être celui du partenariat entre l’Etat et les grandes entreprises dans les industries d’avenir.
Rupture 5 : définir une autre réglementation financière et refonder les actuelles normes prudentielles…L’enjeu est donc de modifier profondément la réglementation financière pour la rendre contracyclique.
Rupture 6 : “profiter” de cette crise pour assurer une véritable transition énergétique, ce qui passe par une “taxe carbone” digne de ce nom.
Rupture 7 : inverser le processus de décentralisation…sur le millefeuille territorial actuel, lesquelles sont les dizaines de feuilles à supprimer et les centaines à réformer ?...viser à “l’inversion de l’initiative des réformes”.
Rupture 8 : rénover le financement du syndicalisme.
Conclusion
Mais 600 jours suffisent pour modifier un logiciel et le rendre opérationnel…A vous de jouer : bon courage Mesdames et Messieurs les politiques…
*
LA PRESSE EST UN COMBAT DE RUE d'Eric FOTTORINO - Ed. L’Aube
Émetteur du florilège: François C.
Le risque réel que tout implose, que notre monde de papier ne soit bientôt plus qu’une chimère.
Nous avons forgé une proposition simple : ralentir pour réfléchir, prendre du plaisir à lire, accepter que nous sommes plus intelligents à plusieurs, car la vérité est complexe et offre rarement un seul visage, donc un seul point de vue.
Jivarisée, l’information bascule dans la caricature ou l’à-peu-près. Le journalisme revisité par les nouvelles technologies est devenu cela : remplir les espaces, combler des vides (avec aussi des infos creuses), boucher des trous, au risque du bégaiement, des redondances, au risque aussi du racolage…et de la montée de l’insignifiance.
Le 1 n’était pas un journal « contre », mais un journal « pour », pour l’ouverture d’esprit, pour le partage des savoirs et le mélange des points de vue, pour la poésie et pour les sciences dures, pour la littérature et l’économie.
La révolution numérique n’a pas seulement fusionné l’écrit avec l’écran, le son et l’image. Elle a bouleversé la manière de percevoir le réel comme s’il n’existait que sous forme virtuelle, dématérialisée, détachée du terrain, dans une hystérie permanente liée à un système de distribution addictive et aléatoire de récompenses.
Si le papier a sérieusement chuté, c’est que ses contenus se sont détériorés, appauvris, anecdotisés, peoplisés.
Combattre l’inertie, le silence, l’à-quoi-bon, la résignation à voir ces petits foyers de démocratie s’éteindre les uns après les autres. Un kiosque qui ferme à Paris vous oblige à marcher un peu plus loin.
Le combat de rue consiste à préserver un choix réel pour les lecteurs exigeants qui, tout en restant connectés, souhaitent garder des moments de lectures variées privilégiant le fond, l’attention, la concentration, susceptibles de les aider à comprendre la société et le monde qui les entoure.
Ce sont ces espaces de la rue qu’il faut réinvestir en faisant du bruit, i.e. en les animant, je devrais dire «en les réanimant».
C’est chaque fois, sous des formes différentes, une même petite musique qui revient : besoin de sens, de profondeur, de plaisir de lire, de savoir qui parle, de se voir proposer des contenus permettant de ralentir et de réfléchir…d’être des acteurs de la société, d’avoir prise sur son fonctionnement et ses dysfonctionnements en étant vraiment informés, et non vaguement au courant de ce qui se mouline dans la machine médiatique devenue folle par ses excès de vitesse, de simplification et parfois de racolage.
L’ensemble du secteur est le lieu d’une incroyable consanguinité et d’une évidente indifférence au concept même de « conflit d’intérêts ». La distribution de la presse est un monde clos et discret, où l’on peut être, simultanément, éditeur, client de Presstalis, administrateur de Presstalis, actionnaire de Presstalis…
Cruellement balzacien par plus d’un aspect, ce dossier exhibe au grand jour les illusions perdues d’une distribution équitable et transparente de la presse. Idéal oublié, en lieu et place de quoi Presstalis offre un spectaculaire panorama sur le gouffre que peuvent en toute impunité creuser, quand elles se conjuguent, l’inadaptation de stratégies, l’irresponsabilité de dirigeants, l’impuissance d’autorités dites « de régulation » et l’ignorance ou la cécité volontaire de pouvoirs publics qui ont si longtemps laissé faire.
Les oligarques entre les mains desquels désormais reposent presque tous les grands titres sont uniquement dans des logiques court-termistes, et non dans une réflexion sur la préservation d’un monde de mots et d’idées, écosystème de longue date réputé pour sa fragilité…Plus rapide, moins chère, moins libre, voici la presse que veulent ses nouveaux propriétaires, qui sont aussi ses bourreaux.
Ici comme ailleurs, informer, c’est lutter, résister, combattre. Sans préjugés ni partis pris. Sans répit non plus. Il en va de la paix sociale et, sans aucun doute, de la paix du monde.
Croyant partager le monde grâce à des connexions toujours plus vastes et puissantes, nous sommes au contraire atrophiés, relégués dans un monde clos qui ne nous offre plus que ce que nous aimons. Facebook ne veut surtout pas nous contrarier. Il nous calcule, au sens probabiliste du terme, pour satisfaire nos désirs, allant même jusqu’à les anticiper…Ce confort absolu, ou cette panne organisée de la pensée, c’est ce que nous renvoie l’univers de Facebook.
La nature des fake news : il s’agit d’informations mensongères, fabriquées par des individus, des mouvements ou des puissances étrangères. Une fois le message conçu, il est propulsé simultanément dans le grand bouillon numérique par des comptes malveillants –relayés par d’autres comptes automatisés- pour surfer sur la grande vague du buzz.
Les démocraties sont ébranlées au nom d’une liberté d’expression débridée par des machines sans garde-fous. Mark Zuckerberg, contraint d’employer plus de 35 000 modérateurs de contenus, doit presque chaque jour se justifier, sans pour l’instant convaincre.
Mais il y a une autre caractéristique : l’émotion l’emporte sur les faits. Une fake news fonctionne par la rencontre entre cette émotion et les réseaux qui nous enferment à l’intérieur de bulles cognitives autoalimentées par le jeu des algorithmes.
L’avenir proche pour l’information va être pire avant d’être mieux. Demain, les technologies permettront de créer des vidéos totalement fausses de catastrophes qui apparaîtront absolument vraies pour des millions de gens. On recréera des événements avec des personnages vivants…Les fake news constituent un danger majeur pour la démocratie. C’est un des phénomènes les plus disruptifs qui soient arrivés à nos sociétés.
Facebook est foncièrement toxique et avilissant. Ce réseau détruit massivement les relations sociales, en particulier chez les jeunes. Il est anti-social : il court-circuite et parasite les relations sociales en les télécommandant.
Les algorithmes fonctionnent sur la base du renforcement comportemental des individus et des groupes. Plus on renforce un comportement, plus on peut le calculer, plus il est prévisible. On devient des marionnettes numériques. On croit tirer les fils, on est tiré par eux.
La fragmentation et le cloisonnement qui dominent le paysage médiatique sont in fine extrêmement pervers : les consommateurs d’information s’attachent à des médias qui pensent ce qu’ils pensent.
Enivrez-vous des mots et des images qui dessinent notre époque, la rendent passionnante, étonnante, et pas seulement effrayante ou lassante. A nous, journalistes, d’être fidèles à cette vision d’Italo Calvino pour qui un monde nouveau naissait chaque matin…Il nous reste à réinventer les journaux de demain pour continuer, pour résister. Quel plus beau défi ? Innover est notre seule assurance-vie possible. Repenser des formats, renouveler les regards, resacraliser des objets de presse qu’on a envie de lire, puis de garder, des journaux modernes, beaux et inspirants…qui accompagnent nos existences à la manière de passeurs nous guidant d’une rive à l’autre, d’hier à demain.
*
Rosa Dolorosa de Carioline Dorka-Fenech - La Martinière
Texte de Caroline: Bim le truc que je n avais pas vu venir: Rosa Dolorosa, c’est un premier roman. Ce genre de roman poison que tu détestes et qui te fascine, te met mal à l aise. Un livre totalement addictif parce qu’on veut savoir ce qui va arriver! On veut comprendre aussi et surtout…
Des pages que tu commences et que tu arrêtes de dévorer une fois que tu es arrivé à la dernière. Les mots dansent simplement et librement au fil des phrases. On est immédiatement emporté et on se retrouve en quelques minutes dans ce quartier de Nice avec cette femme que nous pourrions toutes être…
Ce livre se lit très vite et non il ne fait pas du bien au moral. Mais c’est un pansement pour l’âme, un exutoire à angoisse, une grosse claque, un coup en pleine poitrine qui t’oblige à réfléchir, à penser, qui fait peur aussi…
Je ne dis rien de plus… Je vous laisse découvrir par vous-même cet instant terrible et incroyable de la vie de Rosa …
ÉOLIENNES - La face noire de la transition écologique de Fabien BOUGLE - Ed. du Rocher
Émetteur du verbatim: François C.
DES MATIÈRES POLLUANTES ET NON RECYCLABLES
La question de la fabrication, de l’acheminement et de l’installation des éoliennes constitue dès le départ un sujet de réflexion à part entière, soulevant un véritable paradoxe écologique.
Les enjeux environnementaux des terres rares
Pour une éolienne qui produit un mégawatt, il faut deux cents kilogrammes de terres rares…Pour une éolienne en mer de dix mégawatts, il est indispensable de disposer d’une tonne de terres rares.
Différents impacts écologiques de l’extraction de terres rares : destruction du tissu végétal et des terres agricoles ; pollution de l’eau ; production de déchets radioactifs.
L’impossible recyclage des pales
La grande difficulté des matériaux composites tient au fait qu’ils sont très difficilement recyclables… Le démantèlement des éoliennes suppose de décider du sort des pales d’éoliennes mises au rebut, sachant qu’aucune solution « écologique » pour le recyclage de la fibre de carbone n’existe…Les promoteurs éoliens sont désormais contraints d’enterrer les composants en fibres de carbone dans les sous-sols.
Des socles en béton armé enterrés pour longtemps
La masse de béton nécessaire pour la fabrication d’une éolienne oscille entre 157 tonnes, si on utilise du béton léger, et 1125 tonnes si on utilise du béton lourd…masse à laquelle s’ajoute celle de l’ossature en ferraille (aux alentours de 50 tonnes)… Ces milliers de tonnes de béton coulés dans la terre resteront enterrés définitivement dans les sols car il est extrêmement compliqué et coûteux de supprimer cette masse de béton.
Le risque de vie relativement court des éoliennes, de 20 à 25 ans maximum, accentue la nécessité de réutiliser pour les remplacer des matières polluantes au risque d’aggraver encore l’impact environnemental de leur fabrication.
LE PARADOXE DES ÉMISSIONS DE CARBONE
Alors que l’objectif affiché du déploiement des éoliennes est de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2 est le plus important, il contribue en réalité, au contraire, à les augmenter.
Un très mauvais bilan carbone
Les éoliennes sont émettrices de gaz à effet de serre, pour leur fabrication, leur conception et leur installation. Il est donc faux de dire qu’elles sont parfaitement vertes.
Le changement climatique par les éoliennes
Une étude scientifique américaine a ainsi démontré que les éoliennes contribuaient dans leur fonctionnement au changement climatique.
Une énergie intermittente aux effets néfastes
Le facteur de charge du parc éolien français se situe aux alentours de 22% pour les éoliennes sur terre… En comparaison, le facteur de charge de l’électricité d’origine nucléaire se situe entre 75 et 80% et celui de l’électricité d’origine photovoltaïque approche à peine 15%.
On en arrive au paradoxe incroyable que le développement de la production des centrales éoliennes s’accompagne obligatoirement et nécessairement de l’essor de l’électricité d’origine fossile particulièrement polluante, accentuant ainsi les émissions de carbone de la France.
Il apparaît, après enquête, que les éoliennes sont radicalement incompatibles au stade actuel avec une logique authentiquement écologique, et leur multiplication hautement nuisible à l’environnement par les émissions de gaz à effet de serre qu’elles contribuent à diffuser dans la nature.
LES INFRASONS OU LE SCANDALE DU «VENT CONTAMINÉ»
Une vingtaine d’années de recul sur ce sujet permet de tenir pour avéré le fait que le fonctionnement des éoliennes dans les campagnes s’accompagne de graves problèmes pour la santé des habitants, et ce, en dépit de la désinformation constamment entretenue sur cette question par les promoteurs éoliens.
L’émergence mondiale du «syndrome éolien»
Ces alertes sur les infrasons ont été largement confirmées par des études récentes réalisées en Allemagne par l’Institut Planck, mais aussi en Suède et en Finlande, qui, toutes, concluent au danger des infrasons émis par les éoliennes sur la santé humaine dans un large rayon, le portant même à vingt kilomètres.
L’effet nocebo, réponse des médecins pro-éoliens
La théorie de l’ «effet nocebo» ne résiste pas à la réalité factuelle de ce que vivent les riverains dans leur chair.
Les problèmes de santé affectent également les pro-éoliens
S’il convient d’être prudent, la question des cancers pédiatriques associés aux effets directs comme indirects des raccordements des lignes électriques à haute tension des éoliennes dans les sous-sols doivent être étudiés avec sérieux.
LE MONDE ANIMAL EN GRAND DANGER
Le paradoxe de la production d’électricité d’origine éolienne considérée comme vertueuse sur le plan écologique alors qu’elle engendre des dégâts majeurs sur la biodiversité et menace même la survie d’animaux aussi bien marins que terrestres.
Le massacre des oiseaux
La société espagnole d’ornithologie (SEO/Birdlife) a rendu publique son estimation selon laquelle, chaque année, les dix-huit mille éoliennes espagnoles pouvaient tuer six millions d’oiseaux.
Les éoliennes, prédatrices des chauves-souris
En Allemagne, ce sont deux cent cinquante mille chauves-souris qui sont tuées par les éoliennes chaque année.
Le monde marin lourdement impacté
C’est l’ensemble des écosystèmes situés à proximité des mâts des éoliennes en mer qui se trouvent pollués par l’aluminium.
C’est toute la contradiction de l’éolien qui, sous couvert de préservation de la planète, communique pour cacher le saccage environnemental de ces turbines tout en prétendant le contingenter.
La surmortalité des vaches
Depuis de nombreuses années, les défenseurs de la condition animale démontrent que les éoliennes ont un véritable impact sur la santé, le stress ou la mortalité des animaux.
LA NOUVELLE «DICTATURE VERTE»
Et pourtant, les oppositions sont très fortes. Dans les villages, certains anciens expriment qu’ils n’ont jamais ressenti une telle destruction du corps social depuis la seconde guerre mondiale. Les afflux financiers considérables associés à l’installation d’aérogénérateurs justifient tous les comportements et les pressions les plus fortes, de la part des promoteurs éoliens en particulier.
La démocratie participative mise à mal
La connivence entre certains commissaires enquêteurs et les promoteurs éoliens est parfois favorisée, puisque la formation des premiers est réalisée par les seconds, souvent lors de journées organisées par les préfectures ou les directions régionales du ministère de l’Écologie.
L’affaire du «QI de géranium»
Cette affaire est l’illustration parfaite du déni de démocratie dans lequel se trouve la France en matière environnementale. Lorsque les citoyens expriment de manière forte et déterminée leur opposition, l’administration ne tient compte en rien de son opinion et de sa participation.
Des consultations publiques occultées
Le taux de recours juridiques contre les constructions d’éoliennes est ainsi passé en quelques années de 25% à 70%. C’est donc le miroir inversé de l’acceptation des éoliennes « construite » par les promoteurs éoliens. 75% des Français en ont une bonne image selon les promoteurs éoliens, mais 70% des projets font l’objet d’un recours. Cherchez l’erreur.
QUAND LE VENT SE TRANSFORME EN ARGENT
La raison principale de l’invasion des turbines à travers le monde n’est pas l’urgence souvent proclamée de sauver la planète, mais plutôt celle d’accentuer les bénéfices colossaux des industriels du vent qui instrumentalisent les peurs par un marketing et une communication alarmistes.
Exonération d’impôts, subventions européennes, tarifs subventionnés, émission de certificats carbone, les acteurs de l’écolo-business profitent à tous les niveaux des leviers financiers et fiscaux prévus et organisés par les États qui veulent participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
La fixation du prix de l’électricité sur le marché normalisé
Dans ce système (prix SPOT), l’éolien fait figure d’exception car, à la différence des autres modes de production d’électricité dont le prix est fixé par le marché, son prix de rachat n’est pas fixé par le prix SPOT. Il est établi, en France ou dans d’autres pays et territoires, comme le Québec par exemple, par la loi dans le cadre d’un tarif subventionné.
Les subventions de l’éolien sur terre
Les promoteurs éoliens sur terre bénéficient donc d’un tarif de rachat fixé en moyenne au double du prix de marché. La somme cumulée des subventions à l’éolien a été fixée dans un rapport de la commission des finances à l’Assemblée nationale à un montant de un milliard quatre cents millions d’euros en 2019.
Les engagements pour les vingt prochaines années dus au titre des énergies renouvelables, dont les éoliennes, s’élèvent à cent vingt milliards d’euros auxquels s’ajoutent ces neuf milliards, soit près de cent trente milliards d’euros à la charge du contribuable et du consommateur.
Les subventions de l’éolien en mer
Maintenir le montant astronomique de cent cinquante euros le mégawattheure (hors raccordement) et environ cent soixante-quinze euros le mégawattheure avec le raccordement sans justificatif et sans création d’une filière industrielle française constitue un véritable gaspillage d’argent public.
Le coût des éoliennes pour les Etats
Si on additionne les engagements pris dans l’éolien sur terre et de l’éolien en mer envisagé pour les vingt prochaines années, le coût a minima de ces dernières pour la France serait donc d’environ trente à quarante milliards d’euros pour l’éolien terrestre et trente et un milliards d’euros pour l’éolien maritime, soit un total d’engagement de l’ordre de soixante à soixante-dix milliards au total.
MENACES SUR L’EMPLOI ET LE TOURISME
En Allemagne, la fin des subventions dans l’éolien depuis 2017 a conduit à d’importantes suppressions de postes dans ce secteur d’activité…Preuve s’il en est que le marché de l’éolien est totalement artificiel et ne fonctionne que sur la base d’une bulle financière intégralement créée par l’apport d’argent public.
Des risques de perte d’activité et d’emplois
L’impact sur les activités du tourisme
La destruction des paysages et des sites est un argument de poids contre la multiplication des éoliennes sur un territoire comme la France dont l’activité touristique pèse près de cinquante milliards d’euros grâce à ses paysages authentiques et son patrimoine architectural incomparable.
LOBBYISTES, ONG, POLITICIENS: DES LIAISONS DANGEREUSES
Dans le domaine des éoliennes, la confusion voire la collusion sont totales entre élus, lobbyistes, ONG ou associations environnementales, et promoteurs.
Les alliances entre politiques et industriels du vent
Le trait d’union entre EELV et les promoteurs éoliens
L’activisme chevronné du parti EELV et de Greenpeace à soutenir le développement de l’éolien industriel et leurs relations avérées avec les promoteurs éoliens n’est pas sans susciter des questionnements quant à la sincérité de leur engagement pour la défense de la nature et des écosystèmes.
Les éoliennes et des ONG très intéressées
Cette connivence quasi institutionnalisée entre ONG ou associations environnementales, promoteurs éoliens, syndicats professionnels et partis politiques écologistes n’est pas sans soulever de sérieuses réserves en terme éthique…Si elle s’inscrit dans un objectif de normalisation et de cautionnement de l’industrie éolienne, cette position peine à masquer les failles d’une industrie qui n’est en rien écologique et qui ne suscite à l’évidence pas l’adhésion populaire.
LE VENT DE LA CORRUPTION
Si elle semble à première vue périphérique, la corruption est en réalité très fréquemment liée au processus d’installation des éoliennes.
Il suffit en effet de tirer sur la ficelle des prises illégales d’intérêt pour découvrir qu’elles prolifèrent à l’échelle industrielle dans ce secteur.
Les premières condamnations pour prises illégales d’intérêt
L’alerte sur les prises illégales d’intérêt par le SCPC (Service central de prévention de la corruption)
La suppression du SCPC en mars 2017, sa substitution par une nouvelle Agence française anticorruption signant la fin de la centralisation des affaires de corruption et de prise illégale d’intérêts dans l’éolien, est donc très avantageuse pour les promoteurs éoliens, inquiets de la multiplication des dénonciations des prises illégales d’intérêts dans leur secteur.
De nombreuses professions impliquées
Il existe un nombre important de cas édifiants de professionnels se retrouvant, soit en situation de conflit d’intérêts, soit en situation d’atteinte à la probité. Le milieu de l’éolien s’accompagne souvent de comportements douteux qui discréditent l’ensemble de la chaîne décisionnelle.
Des cas dans le monde entier
Suisse, Bulgarie, Espagne, Canada, France.
L’OMBRE DE COSA NOSTRA
Vito Nicastri: «Le Seigneur du vent» de la Cosa Nostra
Le déploiement de la pieuvre en Europe
La corruption d’un ministre de Salvini
CONCLUSION
Les éoliennes ne sont pas efficaces dans la lutte contre le changement climatique et participent même à sa dégradation, via les émissions de gaz à effet de serre qu’elles contribuent à émettre. La question du recyclage et de la pollution des matières premières nécessaires à leur fabrication constitue une énorme difficulté non résolue à ce jour. À travers le monde, on commence à prendre conscience que les éoliennes constituent des bombes à retardement écologiques et sanitaires, et de nombreux États se désengagent ou limitent leurs investissements dans ce secteur électrique.
La question aujourd’hui n’est plus de savoir s’il faut ou non continuer cette politique massive d’installation d’éoliennes, mais est plutôt de savoir quand les dernières éoliennes seront intégralement démontées. À l’instar des États responsables qui ont déjà fait ce choix, il convient d’avoir le courage d’envisager au plus vite et à l’échelle mondiale une politique rationnelle de démantèlement des centrales éoliennes.
*
LA TOUCHE ÉTOILE de Benoîte GROULT - Ed. Grasset
Émetteur du florilège: François C.
Le problème, c’est que pour écrire valablement sur la vieillesse, il faut être entré en vieillesse. Mais, dans ce cas, elle est aussi entrée en vous et vous rend peu à peu incapable de l’appréhender. On ne saurait traiter du sujet que suffisamment âgé… on n’est capable d’en parler que si toute jeunesse n’est pas morte en soi.
Mais je n’imaginais pas qu’un jour, même au prix d’un effort colossal, je resterai seule sur le bord de la route. Qu’un jour viendrait où je serais éjectée de la société des vivants. Une moins que rien. Inepte. Inapte. Périmée comme un yaourt.
Brian, c’est mon ailleurs, la part de ciel qui m’est tombée sur la tête et qui me permet peut-être de vivre l’autre, en équilibre entre l’irréel et le quotidien.
C’était un boulot à plein temps de vieillir. Et rien que pour empirer un peu chaque jour, ça coûtait très cher!
Je prétends que les années cruelles qui précèdent la mort autorisent les anciens enfants que nous sommes à hurler au loup, parfois. Nous aussi commençons à pleurer, la nuit venue, mais hélas nous n’avons personne pour nous bercer et rien pour nous consoler.
Jamais ne sera écrite la généalogie véritable de chaque être humain, tissée de détours inouïs, fruit des hasards, des caprices ou des passions.
Quand la marche ne va plus de soi, c’est un peu de l’harmonie du monde qui est remise en cause. Nous devenons des échafaudages improbables où la défection d’un seul boulon suffit à compromettre tout l’édifice.
Nous franchissions une frontière pour leur rendre visite et nous éprouvions en les quittant le lâche soulagement de ces voyageurs qui revenaient d’un pays de l’Est avant la chute du mur. Ouf! Nous nous retrouvions du bon côté et le ciel semblait plus bleu soudain.
On s’aperçoit que les défunts ne s’en vont jamais tout seuls: ils vous arrachent des morceaux plus ou moins saignants de vous-même. On ne constatera les dégâts que plus tard. Le chagrin n’est jamais fini.
Dans la société où je survis, il traîne de moins en moins de contemporains. Beaucoup sont couchés, en fauteuil ou en Maison, inutilisables. Et il en disparaît chaque semaine quelques-uns que je connaissais au moins de nom.
Mais je t’aime assez, Alice, pour admettre que tu veuilles renoncer, parce que tu as su saisir tes chances et toutes celles que j’ai pu t’offrir. Y compris la dernière: mourir à ton heure. Quand tu seras prête, Alice, je serai là. Fais-moi signe en appuyant sur la touche étoile. Je me charge du reste, mon petit.
*
RISE! - Tout dépend de vous de Laurent COMBALBERT et Marwan MERY - Dunod
Émetteur du résumé: François C.
1 LA CONFIANCE EN SOI
Si vous avez une faible perception de vous-même, parce que votre personnalité déprécie vos moyens, acceptez-la. C’est comme une peur. Il faut simplement vivre avec.
Il est nécessaire d’exposer son capital confiance à des défis réalistes, afin de l’apprivoiser et de l’inciter à aller plus loin.
L’ego est un moteur, un facteur motivationnel. Il définit avant tout l’estime de soi.
L’ego a besoin de succès pour pouvoir revendiquer de la fierté. Et la fierté est la meilleure chose qui puisse arriver à la confiance en soi.
L’ego alimente l’assertivité… Votre ego alimente vos convictions, et vos convictions se nourrissent de votre ego.
L’ego et l’humilité doivent faire bon ménage.
Déterminer son niveau de confiance en soi ne peut se faire que dans l’adversité et dans l’épreuve… Oser sortir de sa zone de confort permet de grandir et de découvrir son ou ses seuils de rupture.
Certaines réalisations sont impossibles. Il faut savoir lesquelles et en avoir conscience.
On ne peut pas tous devenir n° 1 mondial de tennis, mais on peut tous avoir un destin unique.
2 LE RAYONNEMENT
Le pouvoir que vous avez sur l’autre est relatif. C’est avant tout les autres qui vous donnent du pouvoir.
Il est nécessaire de comprendre l’autre pour présenter le meilleur de soi-même, sans travestir pour autant ce que l’on est.
Le courage est une valeur universellement reconnue. Embrassez-la.
On suscite l’intérêt, voire l’admiration quand on détient un savoir ou une expertise, et quand on sait le/la transmettre.
Votre force intérieure irradie au quotidien malgré vous. Plus vous serez bien dans votre peau, plus les gens le verront, ce qui modifiera positivement le regard qu’ils portent sur vous.
Votre capital personnel s’entretient au quotidien. Cela passe par l’alimentation, la gestion de l’énergie, le sport et le sommeil. Si vous ne faites pas ce qu’il faut, vous vous abîmerez, les gens le verront et vous détruirez malgré vous votre rayonnement.
Une fois les fondamentaux posés, incarnez ce que vous voulez être. L’incarnation n’est que le prolongement de votre rayonnement, ce qui démultipliera sa portée.
3 LE STRESS
Le stress est utile car il assure la survie de l’espèce.
Le débordement, l’imprévu, l’inconfort, l’incompétence représentent à eux seuls tous les agents stressants.
Le stress peut être positif ou négatif.
C’est la perception de l’événement qui génère le stress, pas la situation en elle-même.
Pour réduire l’impact du stress, il est nécessaire de changer sa perception par différentes techniques de distanciation (l’ancrage personnel ; le contre-pied ; la relativisation ; le destinataire réel ; la recontextualisation).
Il est inutile de combattre le stress, il faut simplement l’apprivoiser.
Notre corps peut absorber des phases stressantes, mais il est primordial de lui permettre de récupérer.
4 LA CURIOSITÉ
Les gens les plus intelligents sont les plus curieux.
La curiosité est primordiale pour évoluer dans notre monde complexe.
Les réseaux sociaux annihilent notre curiosité. Ils servent uniquement à combattre l’ennui et à répondre à un besoin de consommation immédiat.
La curiosité développe l’esprit critique, élément fondamental dans un monde où l’information est surabondante et orientée.
La curiosité provoque des opportunités et ouvre des portes insoupçonnées.
Il est cependant difficile d’être curieux, car la curiosité nécessite du temps et un retour sur investissement qui peut être long.
On grandit en comprenant le monde qui nous entoure.
5 LA PRISE DE DÉCISION
Tout choix implique un renoncement.
Les choix sont difficiles à effectuer dès lors que les alternatives possibles sont peu comparables et que les conséquences sont difficilement prévisibles.
L’émotion joue un rôle essentiel dans la prise de décision dès lors que la raison brute est incapable de proposer une décision évidente.
Nous avons toujours le choix, à partir du moment où nous sommes en liberté. Les décisions sont ainsi une question de volonté et non de pouvoir.
Dans la gestion du dilemme, il faut accepter qu’il n’y ait pas de réponse idéale.
Pour faire un bon choix, il faut avant tout savoir ce qui est bon pour vous.
Une bonne décision est une décision assumée.
La capacité à prendre une décision éclairée sera surtout dépendante des bonnes questions que vous saurez vous poser via le questionnement éliminatoire ou la butée.
L’intuition reste le meilleur outil quand le degré de complexité est le plus élevé.
6 LA GESTION DE CONFLIT
Le conflit est positif. Il ne traduit que deux idées divergentes.
Ce qui importe n’est pas le conflit en lui-même mais la façon de le gérer.
L’appétence au conflit est primordiale pour garder ses moyens et sa lucidité quand vous vous opposez à l’autre.
Le premier combat à livrer est celui contre vous-même avant de vouloir changer le monde.
La négociation est de loin le meilleur moyen de gérer un conflit.
Pour négocier efficacement, vous devez faire preuve d’empathie et d’assertivité.
En phase conflictuelle, ne cherchez pas à contre-argumenter. Vous vous opposeriez stérilement aux résistances de l’autre.
Ce que demande votre interlocuteur correspond rarement à ce dont il a besoin.
Écoutez l’autre pour comprendre et non pour répondre.
Le gain perçu prévaut toujours sur le gain réel.
Ne cédez jamais sans contrepartie.
7 L’OPTIMISME
Pour être optimiste, il faut avant tout être réaliste.
L’optimisme béat est dangereux et très souvent décevant.
C’est en apprenant du passé que l’on prépare sereinement l’avenir.
L’apprentissage d’expériences positives permet de renforcer son capital d’optimisme.
On ne naît pas optimiste, on le devient. Le pessimisme répond à la même règle.
L’éducation et l’environnement déterminent notre capacité à percevoir le monde.
Le manque de compétences ou la mauvaise perception d’une situation nuisent à l’optimisme.
L’optimisme se cultive au quotidien par une pensée positive, une capacité à relativiser et la volonté de bien s’entourer.
*
LE GRAND ECART - Chronique d’une démocratie fragmentée de Pascal PERRINEAU- Plon
Émetteur du verbatim: François C.
C’est incontestablement le portrait d’une France politique changée, troublée, en certains points fracturée, dans un contexte de défiance politique majeure entre gouvernants et gouvernés, entre responsables politiques et citoyens, qui s’impose.
1ère partie Une disruption politique annoncée de longue date
Les vieux clivages (idéologique, social et territorial) ne constituent plus des repères forts à partir desquels les citoyens peuvent construire de manière claire leurs choix politiques et électoraux. Ils sont remplacés par des clivages plus transversaux, à l’œuvre dans de nombreux registres ou dimensions de la vie sociale, culturelle, économique et politique.
Le clivage de la globalisation économique
. La crise économique et financière, et ses effets.
. Le Rassemblement national à l’avant-garde du combat contre la mondialisation…Le passage, au cours des dernières décennies, d’un capitalisme industriel d’assistance à un capitalisme postindustriel plus individualiste s’est accompagné d’un véritable bouleversement du monde marqué par la fragmentation sociale et la désaffiliation vis-à-vis des groupes d’appartenance traditionnels, par l’individualisation des risques, la mobilité croissante et le double mouvement de diversification culturelle et ethnique à l’intérieur des sociétés…Marine Le Pen cherche à arrimer au RN des électeurs se considérant comme des victimes de ce qu’elle appelle « l’européo-mondialisme ».
. Une gauche anti- ou altermondialiste sur la défensive…un discours mêlant anti-libéralisme viscéral, exaltation de l’Etat et des services publics, et nationalisme imprégné de protectionnisme. C’est ce que Léon Blum appelait déjà dans les années 30 un programme « social-nationaliste ».
Le clivage européen
Le défi européen n’a cessé d’accentuer les processus de déliaison idéologique, sociale et territoriale à l’œuvre dans la société et dans le système politique français.
. Du consensus permissif autour de l’Europe au désamour…Aujourd’hui, seuls 35% de Français ont une image positive de l’Union européenne, alors que la moyenne européenne est de 43%.
. Du désamour au rejet ? L’Europe incarne tout à la fois un mal bureaucratique, un mal néolibéral, un mal cosmopolite, un mal interventionniste…Le rejet de l’Europe bat ses records dans les milieux sociaux défavorisés : 74% des ouvriers et 66% des agriculteurs exploitants n’ont pas confiance dans l’U.E…Face à ce type de gouvernance européenne, la France est particulièrement mal à l’aise parce que notre bipolarité nationale a été pendant longtemps en complète contradiction avec les coalitions européennes organisées autour d’un «compromis centriste».
Le clivage autour des valeurs
. Le «libéralisme culturel»: «le développement d’un système de valeurs antiautoritaires, valorisant l’autonomie et l’épanouissement individuels, reconnaissant à chacun le droit au libre choix de son mode de vie».
. Liberté privée, ordre public. Le nouvel espace politique qui se dessine oppose, d’un côté, la défense des acquis sociaux associée au nationalisme et, de l’autre, une acceptation relative du libéralisme économique articulée au principe d’universalité.
. La demande d’autorité. Une demande d’appartenance, de communauté, d’autorité et d’identité, dont l’extrême droite et les néo-populismes se sont emparés, s’est peu à peu imposée…Marine Le Pen, héritière de la droite extrême, parviendra à s’enraciner fortement chez les ouvriers (60%), les employés (47%), les chômeurs (51%) et les sans-diplôme (46%), plus rétifs à la mondialisation, à la construction européenne et à la libéralisation culturelle.
La disruption en actes
. Des électeurs qui s’affranchissent. Les hésitations et les changements de choix ne cessent de progresser…Le terrain des mobilisations sociales est touché par une disruption de même ampleur que celle qui avait marqué en 2017 le paysage électoral et politique.
. Un nouvel espace partisan. Une dynamique travaillée par la tendance à la formation de trois pôles partisans (droite conservatrice identitaire, centre libéral mondialisateur et gauche démocrate éco-socialiste) sous l’influence de deux clivages, l’un à dominante culturelle (cosmopolites/identitaires) et l’autre à dominante économico-sociale (altermondialistes/néolibéraux)…Ces mouvements veulent inventer des formes politiques évolutives, mariant à la fois la verticalité de l’autorité du chef et l’horizontalité du réseau numérique et des procédures participatives.
. Le risque de la personnalisation et de l’élitisme. Le poids des catégories supérieures et des élites sociales (élections législatives de 2017) se renforce et constitue l’une des assemblées les plus élitistes de la Vème République.
Le désamour de l’opinion
. Une popularité en chute libre ? Le monde nouveau d’Emmanuel Macron est atteint d’un processus de sénescence précoce. La démocratie représentative macronienne vacille sous les coups de boutoir de la démocratie directe des Gilets jaunes.
2ème partie L’irruption des Gilets jaunes : la démocratie directe en action
De quoi s’agit-il ?
La relocalisation des enjeux, la quête d’une reconnaissance politique, l’occupation de nouveaux espaces comme les routes et les ponts figurent un nouveau mode de mobilisation sociale…Le mouvement met en scène cet affrontement avec les instruments du populisme : le registre affectif et émotionnel, l’absence de références idéologiques ou le recours au syncrétisme politique mêlant les sources d’inspiration.
L’épicentre du mouvement réside dans le périurbain, là où l’usage de la voiture est indispensable et constitue un trait fédérateur entre les différents groupes sociaux qui le peuplent.
Le désir d’une démocratie directe immédiate
Cette demande de démocratie directe se nourrit des déficits d’une démocratie représentative qui apparaît de plus en plus comme un régime politique d’élites professionnalisées.
Tous ces incidents porteurs d’une violence réelle ou symbolique témoignent de la vigueur de l’antiparlementarisme véhiculé par les Gilets jaunes.
. Une propension référendaire ancienne.
. La haine de la représentation.
. La logique insurrectionnelle.
. La souveraineté du peuple. Toute représentation verticale semble abolie au profit d’une communauté horizontale d’échanges d’informations et de mobilisation au travers des réseaux sociaux et des assemblées générales se tenant dans l’ensemble du territoire.
. La mise en images. Ainsi, tout en étant un mouvement social, les Gilets jaunes sont aussi un phénomène numérique… N’oublions pas que la moitié des Français s’informent désormais uniquement sur Facebook.
Cultures populaires, cultures populistes
. Un populisme sans chef.
. Une défiance généralisée. Cette défiance va de pair avec un incivisme fréquent dont on retrouve des traces dans les mouvements de désobéissance civile qui accompagnent la contestation de l’impôt.
. Ras-le-bol fiscal et sentiment de mépris.
Plus qu’un mouvement social : une volonté de rupture avec le système politique
Le mouvement politise des citoyens dont on voit bien contre quoi ils se mobilisent, mais dont les objectifs de changement social et politique restent plus difficiles à cerner. Cette forme de « politisation négative » exprime d’abord une culture politique du rejet et de la dénonciation.
. Une nouvelle grammaire de l’action. Le registre émotionnel et affectif y est prédominant. S’y expriment un ensemble de « passions tristes » comme la haine, la peur, la colère ou encore la violence… Faute de canalisations idéologiques, le mouvement est porté plus que d’autres par des passions, celles d’une foule en colère et chargée d’émotions.
La violence au rendez-vous
Le mouvement des Gilets jaunes laisse la place à une violence qui va donner du contenu et une liturgie au mouvement : la violence comme exutoire de la colère sociale, la violence comme réponse à la violence d’Etat, la violence comme processus de victimisation, la violence comme instrument de cohésion du groupe…
Le soutien des Français
La vitalité de cette démocratie d’opinion en acte explique le hiatus entre un mouvement qui n’a jamais dépassé 300 000 manifestants, et la force du soutien majoritaire et constant de l’opinion.
Depuis de longues années, des fractures sociales, territoriales et politiques traversant la société française mettent à mal sa cohésion… A ces refoulements historiques s’ajoute un registre plus contemporain marqué par l’horizontalité du Web, les mobilisations réticulaires, la circulation permanente et accélérée d’informations vraies ou fausses.
En février 2019, un cap est franchi, les Français insatisfaits ont la majorité absolue (52%).
3ème partie Le grand débat national : la démocratie participative à grande échelle
L’organisation du grand débat national
Quatre grands sujets : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
Sept vecteurs de recueil de la parole des citoyens sont imaginés…Le grand débat réussira à mobiliser environ deux millions de citoyens, soit une proportion équivalant à environ 4% des inscrits sur les listes électorales.
Les paroles de la société française
Ces Français du grand débat ont fait entendre une parole qui concerne tout le pays et qui a une légitimité liée au nombre et à la diversité qu’ils représentent.
Parmi les thèmes importants qui jouent un rôle déterminant dans leur choix, les Français mettent : la santé (61%), la lutte contre le chômage (56%), le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat (54%), la maîtrise du niveau des impôts (52%).
« Solidarité », « fraternité », « communauté », « partage » sont des mots que j’ai beaucoup entendus.
Deux univers se côtoyaient, celui de l’affrontement direct de la démocratie manifestante et celui de l’apaisement lié à la lente construction du consensus caractéristique de la démocratie délibérative.
Le grand débat national et ses suites
Emmanuel Macron entend « assumer la clarté, la force d’un investissement dans les grandes transitions pour bâtir la confiance ». Il fixe pour cela une feuille de route.
Dès que l’on quitte le seul cercle des proches de La République en marche, l’insatisfaction et au mieux le scepticisme règnent en maître, et cela est encore plus marqué parmi les Français se positionnant à gauche qu’à droite.
Les difficultés sont devant…Le dilemme de la démocratie est de savoir si la crise de la démocratie peut trouver une réponse dans une participation citoyenne accrue ou, au contraire, si l’on va vers une démocratie furtive dans laquelle le rôle du citoyen demeure central, mais où la place des experts et des technocrates est accrue.
4ème partie Les élections européennes : la démocratie représentative à l’épreuve
De nouvelles formes de délibération démocratique se développent et parfois s’institutionnalisent : réunions d’initiative locale dans le cadre du grand débat, conférences citoyennes régionales, conférences de consensus, focus groups, sondages délibératifs, jurys de citoyens, comités de quartier, etc.
La démocratie représentative sous tension
. L’habitude de l’abstention
Cette population d’abstentionnistes protestataires s’accroît tendanciellement et agrandit le fossé qui sépare le monde de la représentation politique et celui de citoyens intéressés par la chose publique mais insatisfaits de l’offre politique.
Les voies de la démocratie directe et de la démocratie participative sont explorées par nombre de déçus de la démocratie représentative et de son moment essentiel qu’est l’élection.
. Des corps intermédiaires affaiblis. Le 26 mai dernier, 44% des électeurs se sont tournés vers des listes de nature protestataire. Déjà, lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, les candidats de ces courants avaient rassemblé 41% des voix.
. Vers un cycle de politisation négative. Le mouvement des Gilets jaunes n’a pas trouvé sa représentation électorale en son sein, mais il a très clairement trouvé un débouché politique au travers des votes pour des forces extrêmes.
. Une déliaison de la représentation politique. Sur de nombreux thèmes, les vieux collectifs d’appartenance idéologique connaissent une vraie crise d’identité. Des clivages pluriels traversent désormais toute la stratification sociale : sécurité et insécurité de l’emploi, ménages à un salaire et ménages à deux salaires, accès différencié aux ressources distribuées par l’Etat-providence.
. Une perte des grands référents. Les organisations politiques sont peu représentatives de la diversité sociale de la population. Elles ne comptent en leur sein que très peu de femmes, de jeunes et de citoyens issus de couches populaires ; ne sont plus en phase avec la population ; représentent de moins en moins les Français dans toute leur diversité.
Les jeunes peuvent se retrouver nombreux dans des organisations plus souples et orientées vers des formes nouvelles de militantisme moral : organisations humanitaires, organisations de défense des minorités, mouvements altermondialistes, mouvements écologiques.
La réponse des élections européennes
Si l’on ajoute la protestation abstentionniste à la protestation des urnes, c’est une majorité absolue de Français qui a choisi la voie protestataire.
. La dispersion de l’offre électorale. Cette crise de la fonction d’intégration et de hiérarchisation des demande politiques, traditionnellement endossée par les partis politiques de gouvernement, favorise les forces protestataires et hors système qui répondent mieux à la demande de prise en compte d’enjeux circonstanciés et circonscrits.
. Les forces protestataires aux portes du pouvoir ?
. La concurrence des populismes. En France comme ailleurs, les populismes de droite se portent beaucoup mieux que les populismes de gauche.
La gauche n’a plus la capacité d’exprimer sur la scène politique et électorale la fracture sociale qui traverse l’électorat, et au-delà la société française.
. Protestation des Gilets jaunes et protestation électorale. La difficulté des organisations arrimées à la démocratie directe à entrer de manière durable dans l’univers de la représentation politique.
Conclusion
Le grand défi des années qui viennent est l’articulation des trois démocraties qui se sont exprimées avec vigueur en 2019 : la démocratie directe et immédiate de la manifestation, la démocratie participative et délibérative du grand débat, et la démocratie représentative des élections européennes. Pour l’instant, ces trois démocraties divergent quant au contenu politique dont elles sont porteuses. C’est le grand écart.
Dans nos sociétés postmodernes, la démocratie représentative demeure essentielle pour les citoyens, mais elle doit dorénavant composer avec d’autres demande, avec des usages plus diversifiés, plus expressifs et plus directs. C’est à ce prix que le projet démocratique restera crédible, vivant et par là même porteur d’espérance.
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Nos rendez-vous d'Eliette Abécassis - Grasset
Coup de cœur de Lilaspomme: Alors je ne suis pas critique littéraire… mais quand j’aime je le dis… Quand je n’aime pas aussi d’ailleurs… Enfin j’essaye…
Et en lisant cette toute petite 4ème de couverture… je savais… je savais qu’il allait se passer quelque chose…
C’est le genre de roman que l’on commence et que l’on n’arrête qu’une fois arrivé à la fin…
L’écriture d’Eliette Abécassis est parfaite… on s’envole avec des mots… On glisse sur les phrases… On rêve au fur et à mesure des chapitres, les images sont là dans notre imaginaire et on ne peut plus décrocher…
Nos rendez-vous c’est une histoire d’amour, une histoire de loupés, de rendez-vous manqués… Une histoire de vie qui passe et de questions que l’on se pose… Ou que justement, on n’ose pas se poser…
Ce livre, c’est une ode à Paris… Paris que l’on a plus jamais envie de quitter au fur et à mesure des pages… Ce Paris amoureux, magique, heureux… Qui nous donne tant quand il le veut bien…
Ce livre c’est un poème fait à toutes les femmes… qu’elles soient jeunes ou moins jeunes, étudiantes, comédiennes ou femmes accomplies…. Un livre qui nous montre nos forces et nos faiblesses, qui nous rappelle que nous doutons toutes, mais que nous pouvons toutes y arriver… Un livre pour nous donner confiance et pour croire en nous…
Ce livre c’est une histoire de vie, d’enfants, de boulot, de vacances, de week-end, d’appart trop cher et trop petit, de carrière…
C’est un livre qui questionne et qui pousse à se demander si les bons choix ont été choisis…
Ce livre… C’est toi, moi ou pas du tout nous….
Ce livre c’est un petit bonheur qui m’a rendu heureuse pendant 153 pages…. et c’est déjà beaucoup ❤️
IL EST MIDI A PEKIN - Le monde à l’heure chinoise d'Eric CHOL et Gilles FONTAINE - Fayard

Émetteur du verbatim: François C.
Il est midi à THITU, en mer de Chine méridionale. Bataille navale autour de cailloux stratégiques.
En quelques années, une stratégie d’expansionnisme rampant a permis à la Chine de devenir d’une part l’acteur incontournable de mer de Chine méridionale -espace maritime jouant un rôle géopolitique et stratégique de premier plan parce que commandant l’accès au détroit de Malacca par où transitent 80% des importations d’énergie chinoise ; d’autre part un géant invincible, en tout cas pour les puissances riveraines (Philippines, Vietnam, Brunei, Indonésie, Malaisie, Taïwan).
Il est 11 heures à TOMSK, en Sibérie occidentale. Ces pins sylvestres qu’on abat.
Devenu le premier importateur et le premier exportateur de bois dans le monde, l’Empire du Milieu dévore les forêts de la planète… La Russie, qui abrite un quart des réserves de bois de la planète, fournit désormais presque un tiers du bois chinois.
Il est 11 heures à la base de ZHONGSHAN, dans l’Antarctique. Un aéroport en glace pour les avions chinois.
Depuis que la présence chinoise sur le continent glacé a été érigée comme une priorité par Pékin, ses quatre bases scientifiques y déploient une activité intense.
Et si, en plaçant ses nombreux pions un peu partout dans le pôle Sud, Pékin n’était pas tout simplement en train de prendre date pour l’avenir ? Car l’Antarctique, avec ses innombrables ressources (poissons, hydrocarbures, minéraux, sciences…) fait figure de nouvelle frontière pour les autorités chinoises.
Il est 10 heures à KHORGOS. Le Kazakhstan, épicentre de la route de la soie.
Khorgos est le point de passage obligatoire par rail entre l’Orient et l’Occident… Elle ne constitue qu’une des innombrables étapes d’un colossal projet d’infrastructures derrière lequel cent trente-et-un pays se sont déjà engagés.
Le Kazakhstan tient une position géostratégique unique… Il est devenu le premier producteur mondial d’uranium.
Il est 9 h 30 à CHENNAI, dans le Tamil Nadu, en Inde. Le grand retour de l’Hindi Chini bhai-bhai « Indiens et Chinois sont frères »).
Les Chinois semblent avoir gardé le goût de la bougeotte malgré l’essoufflement de la croissance du pays observé en 2018… Les déplacements internationaux ont quant à eux poursuivi leur progression pour atteindre 148 millions contre 10 millions en 2000.
Pour maintenir leur avance, les grands groupes chinois de voyages touristiques se sont lancés dans une véritable course contre la montre pour prendre des parts de marché à l’international hors de Chine.
Il est 9 heures à KARACHI, au Pakistan. Un corridor sous haute protection.
Les intérêts chinois dans le pays ont été la cible d’attaques récurrentes.
Depuis, les comptes et les mécomptes de la partie pakistanaise des routes de la soie ont montré que les disputes familiales pouvaient aussi exister entre Pékin et Islamabad mais que face au frère ennemi indien commun, il était indispensable de faire alliance.
Il est 8 heures à DUQM, dans le sultanat d’Oman. La future Singapour des sables.
En prenant pied dans le sultanat d’Oman, Pékin voit aussi un moyen d’étendre son influence au Moyen-Orient.
En 2018, Pékin a promis 23 milliards de dollars de prêts à une vingtaine d’Etats du Moyen-Orient et signé pour 28 milliards de contrats d’investissements dans la région.
En prenant pied sur la côte omanaise, la Chine complète un axe naval, qui part de Gwadar, au Pakistan, passe par Duqm, et se termine à Djibouti, où elle a ouvert en 2017 sa première base navale.
Il est 7 heures à TEL-AVIV. Les Israéliens confient leurs grands travaux à Pékin.
L’écosystème israélien s’est beaucoup rapproché de la sphère chinoise depuis quelques années.
La reprise en main du port de Haïfa par l’empire du Milieu provoque de violentes polémiques dans le pays et jusqu’aux Etats-Unis.
Il est 7 heures à DJIBOUTI. L’acquisition de la caserne du monde.
Situé à la porte d’entrée du continent africain, Djibouti est bordé sur son flanc occidental par l’Ethiopie, et sur son flanc oriental par la mer Rouge et le golfe d’Aden…De Djibouti, on peut contrôler l’accès au canal de Suez comme celui à l’océan Indien.
Il est 6 heures à HARARE, au Zimbabwe. Quand la Chine exporte sa vision de la société numérique idéale.
Les entreprises chinoises sont ici chez elles. Le Zimbabwe et ses 14 millions d’habitants sont soutenus à bout de bras par Pékin, politiquement et financièrement, depuis des années.
La Chine, dans la région, cherche à exporter son modèle de société sous surveillance permanente et généralisée…Au Zimbabwe, Pékin développe le volet numérique de son initiative Ceinture et Route. Dans sa version digitale, ce projet prévoit de déployer des dizaines de milliers de fibres optiques à travers le globe pour constituer un vaste réseau de télécommunications sur lequel les données circuleraient à la vitesse de la lumière. Des flux d’informations en tout genre que les autorités chinoises pourraient contrôler à leur gré…Dans le cas du Zimbabwe, aucune loi ne permet d’encadrer l’action des algorithmes chinois ni de protéger les données personnelles des citoyens.
Il est 6 heures à DUISBURG. La China Railway Corporation ranime la Ruhr.
A la confluence du Rhin et de la Ruhr, Duisburg relie les ports de Rotterdam, de Zeebruge et d’Anvers. La ville est à la croisée de plusieurs autoroutes et les aéroports de Cologne et Düsseldorf sont à proximité.
Il est 6 heures à LYON. Le foot-business enfile les crampons chinois.
Le président Xi Jinping a ordonné de faire du football une grande cause nationale…Avec pour objectif d’organiser prochainement la Coupe du monde…D’ici là, le pays devra compter 50 millions de pratiquants en 2020, se classer parmi les meilleures nations asiatiques en 2030 et surclasser le reste du monde en 2050.
Le modèle chinois du foot-business est pensé et planifié dans les plus hautes sphères du parti communiste. C’est un mélange d’apprentissage empirique et de partenariats stratégiques saupoudré de nouvelles technologies disruptives.
Il est 6 heures à COLMAR. Le Chinese Restaurant en version alsacienne.
La France ne pouvait rêver d’une meilleure promotion de son patrimoine touristique en Chine…En 2018, 2,2 millions de touristes chinois ont visité la France, dépensant au total 4 milliards d’euros.
Pékin a parfaitement conscience de disposer avec son levier touristique d’une arme puissante. Et entend s’en servir pour encourager ou punir des pays, en fonction de l’humeur diplomatique du moment.
Il est 6 heures à PAUILLAC, dans le Bordelais. La course aux grands crus a commencé.
Cent cinquante-quatre châteaux bordelais sont détenus par des investisseurs chinois, soit environ 3% des surfaces viticoles de la région.
En matière de vins, l’offensive de la Chine sur le patrimoine bordelais ne fait que commencer.
Il est 5 heures à TENKE FUNGURUME, en République démocratique du Congo. Les Chinois en tête de la course au cobalt.
L’industrie chinoise a fini par imposer sa suprématie sur toute la chaîne d’approvisionnement, depuis l’extraction du minerai en République démocratique du Congo jusqu’aux usines produisant des batteries devant équiper les nouvelles générations de voitures électriques.
En menant de bout en bout la course pour l’approvisionnement en cobalt et sa transformation, les acteurs chinois se sont mis en position de dicter leur loi au reste de la planète.
Il est 5 heures à LONDRES. Sunmi, le tiroir-caisse du futur.
L’ambition de Sunmi est de s’imposer aussi dans les terminaux de paiement, toujours en repoussant les barrières technologiques…Le Naga Saag de Londres n’est qu’au début de sa révolution digitale.
Il est 4 heures à ELMINA, au Ghana. Pirogues contre chalutiers.
Troisième port du Ghana…Concurrence déloyale des chalutiers chinois qui raclent les fonds de mer et épuisent les ressources du golfe de Guinée.
Désireuse de calmer les mécontentements, la Chine agit avec le Ghana, comme elle le fait partout ailleurs : en promettant toujours plus d’investissements et en se rendant indispensable.
Il est 3 heures dans l’ATLANTIQUE SUD. La prochaine guerre sera celle des câbles sous-marins.
Huawei s’est imposé dans cette industrie de la pose de câbles sous-marins avec la même rapidité et la même efficacité que lorsqu’il s’est lancé sur le marché des équipements télécoms, puis sur celui des smartphones.
Visée : faire de la Chine l’un des plus importants centres mondiaux de communication par câbles sous-marins d’ici une décennie ou deux. Pour Huawei et ses pairs, la liaison de 6 000 kilomètres, entre Fortaleza au Brésil et Kribi au Cameroun, ne constitue donc qu’un banc d’essai.
Il est 2 heures à NARSAQ, à la pointe sud du Groenland. Premiers de cordée dans l’Antarctique.
La Chine n’a de cesse qu’elle n’avance ses pions au Groenland, avec des méthodes parfois étonnantes…Pas encore opérationnelle, la mine de Kvanefjeld prend déjà des allures de jackpot pour ses investisseurs.
Il est 1 heure dans la province de NEUQUEN. Une base spatiale dans la pampa argentine.
La China National Space Agency (CNSA) est militaire, soutenue sans restriction par le gouvernement qui a fait de la conquête spatiale l’une de ses priorités absolues…En 2018, la Chine s’est placée devant ses rivaux américains et russes en réalisant le plus grand nombre de lancements de fusées : trente-sept sur un total mondial de cent trois.
Il est minuit à CARACAS, au Venezuela. Les mirages de Chavez.
Au total, l’addition des dix-huit prêts octroyés par la Chine à Caracas entre 2007 et 2018 s’élève à 67,2 milliards de dollars ; c’est comme si les Chinois avaient prêté à chacun des trente millions de Vénézuéliens 2 240 dollars !
A mesure qu’ils éclatent, ces scandales laissent entrevoir un labyrinthe de ramifications financières bâties au fil du temps entre les ténors du régime chaviste et les entreprises chinoises.
Il est minuit à NEW YORK. L’ONU aux caractéristiques chinoises.
Cet activisme onusien de la part de la Chine ne doit rien au hasard…Très vite, Pékin a compris que sa présence à tous les étages de l’ONU pouvait servir à orchestrer une immense opération de lobbying en faveur de son initiative Ceinture et Route.
Il est minuit à NEW YORK. Le drapeau rouge flotte sur le Waldorf Astoria.
En 2014, l’annonce du rachat du Waldorf Astoria par l’assureur chinois Anbang auprès du fonds américain Blackstone avait provoqué un mini séisme dans le milieu de l’immobilier new-yorkais et déclenché un vent de panique au plus haut niveau des Etats-Unis.
Il est minuit à OAK RIDGE, Tennessee. La bataille des supercalculateurs.
La lutte entre les deux superpuissances dans l’univers des supercalculateurs se règle à coups de dizaines de milliards de dollars d’investissements…Visée : dominer une technologie qui permettrait de multiplier de façon exponentielle la vitesse et la puissance de ces supercalculateurs.
Il est 23 heures à AUSTIN, Texas (J-1). Confucius, fer de lance de la propagande du Parti communiste chinois.
Grâce à cette présence sur le terrain, qui constitue une formidable machine de softpower, Pékin espère réussir à imposer sa vision du monde…Ces organisations serviraient de plateforme pour la collecte de renseignements et le programme politique de la Chine.
Il est 22 heures à CULIACAN, au Mexique (J-1). Venir à bout de la « China girl ».
Sniffé, inhalé ou avalé, le fentanyl, cet opiacé synthétique en partie made in China a un effet cinquante fois plus puissant que l’héroïne.
Le gouvernement central chinois a-t-il les moyens de surveiller l’activité des cent soixante mille usines chimiques et pharmaceutiques du pays ? Si ce n’est pas le cas, la « China girl » n’a sans doute pas fini de faire des ravages, aux Etats-Unis et ailleurs.
Il est 21 heures à VANCOUVER, au Canada (J-1). La bombe Huawei vient d’exploser.
Huawei symbolise l’incroyable puissance technologique de la Chine qui a su, en trois décennies, imposer ses champions au meilleur niveau mondial…Au total, Huawei employait, en 2018, une armée de plus de quatre vingt mille chercheurs dans le monde, soit 45% de son effectif total.
En réalité, les opérateurs ont un vrai dilemme : on leur demande de se passer des matériaux les plus performants et les moins onéreux du marché au moment où ils s’apprêtent à déployer leurs nouveaux réseaux mobiles de cinquième génération.
Il est 21 heures à HOLLYWOOD (J-1). OPA chinoise sur les studios américains.
La Chine est désormais omniprésente à Hollywood…Entre 1997 et 2013, douze des cent blockbusters américains ont été en partie financés par des capitaux chinois.
Tout comme l’Amérique dans les années 1950, Pékin a compris comment mettre l’industrie cinématographique au service d’une puissante machine de propagande.
Il est 20 heures sur l’île CLIPPERTON, dans l’océan pacifique (J-1). Des nodules et des drones à vingt mille lieues sous les mers.
Pékin en est convaincu : la route de la soie du XXIème siècle doit pouvoir cheminer au fond des mers, quelque part dans le Pacifique Nord oriental, entre les îles Clipperton et Clarion.
La Chine, elle, aime tellement ces montagnes de minerais cachées dans les eaux du Pacifique qu’elle est décidée à remporter le plus rapidement possible la triple bataille qui se joue autour de l’exploitation des fonds marins : juridique, technologique et économique.
Un projet fou : construire la première base sous-marine chinoise, entièrement automatisée, à plusieurs milliers de mètres sous l’eau en mer de Chine méridionale.
Il est 19 heures entre HAWAÏ et SAN FRANCISCO (J-1). Une mer de plastique made in China.
Huit millions de tonnes de déchets plastiques échouent chaque année dans nos mers.
La Chine déverse chaque année depuis ses côtes entre 1,5 et 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques…La gestion des ordures chinoises est devenue l’un des principaux défis environnementaux du pays.
Il est 18 heures à PAPEETE, en Polynésie française (J-1). Mérous chinois dans un lagon polynésien.
Pékin, qui veut étendre sa zone d’influence économique et militaire dans l’ensemble du Pacifique, est à l’affût de toute nouvelle alliance avec les nombreuses îles de la région, surtout quand celles-ci présentent des atouts en termes d’infrastructures ou de ressources minières ou halieutiques.
Il est 17 heures sur l’île de NIUE, le rocher du Pacifique (J-1). La diplomatie des raviolis de Mme Wu Xi.
Niue, Etat semi-indépendant qui a opté pour la libre association avec la Nouvelle-Zélande…Située au cœur d’un triangle stratégique composé des îles Tonga, Samoa et Cook, Niue n’est pas seulement un caillou dans l’océan : l’ancienne colonie néo-zélandaise fait aussi partie de ces dominos du Pacifique Sud, riches en ressources naturelles et maritimes, que la Chine voudrait voir tomber dans sa zone d’influence.
Il est 16 heures dans le DETROIT DE BERING, le long de la côte russe. Le portillon des raccourcis polaires.
Le premier transporteur chinois…est devenu un familier de ce raccourci maritime, dont la navigation, rendue possible grâce au réchauffement climatique, fait économiser 40% de temps en moyenne.
Entre la Chine et la Russie, les relations économiques ne cessent de se renforcer : le gazoduc sibérien reliant la Russie à la Chine doit être achevé en 2019, et l’équipementier Huawei a obtenu un feu vert pour développer un réseau 5G en Russie.
Il est 16 heures dans les îles MARSHALL. Barrage contre le Pacifique chinois.
L’affaire de l’atoll de Rongelap s’inscrit dans la grande ambition de Pékin des Nouvelles Routes de la soie, visant à connecter l’ensemble de la planète par des liaisons ferroviaires, routières et maritimes.
Il est 15 heures à HONIARA, îles Salomon. Le domino taïwanais prêt à tomber.
La Chine frappe avec insistance à la porte des îles Salomon. Elle a investi massivement ces dernières années dans l’archipel océanien, pour en devenir un acteur économique incontournable…Pékin absorbe les deux tiers des exportations des îles Salomon (contre seulement 1% pour Taïwan).
Il est 14 heures à CANBERRA, en Australie. WeChat s’invite dans la campagne électorale.
Après avoir ouvert grandes ses portes, l’Australie a compris un peu tard que les tentacules chinois s’étaient étendus à tous les secteurs d’activité du pays.
L’influence développée par la Chine en Australie doit être contenue, sous peine de voir s’accroître la dépendance déjà forte du pays océanien vis-à-vis du géant d’Asie.
Il est 13 heures à TOKYO. La cyberguerre est déclarée.
Le cyberespace est devenu le cinquième terrain d’opération militaire après la terre, la mer, le ciel et l’espace. La troisième guerre mondiale se déroulera peut-être sur les réseaux ; les leaders politiques des grandes puissances en sont convaincus.
Il est midi à BENTONG, en Malaisie. La folie durian.
Le durian, ce fruit magique devenu le nouvel or de la Malaisie…Cher et épouvantablement odorant, le fruit s’est transformé en un accessoire chic et indispensable à Pékin ou à Shanghaï.
Epilogue Il est midi le 1er octobre 2029 sur la base spatiale de WENCHANG. Un petit pas pour les taïkonautes, un grand bond pour la Chine.
La Chine, première puissance économique mondiale, domine de toute sa puissance le business planétaire…Les routes de la soie qui sillonnent désormais la planète sur terre comme sur mer n’ont constitué qu’une première étape. En se projetant vers l’espace et la Voie lactée, Xi Jinping veut placer l’empire du Milieu au centre de l’humanité.
*
PRET POUR L’ACTION - 52 stratégies pour devenir vraiment efficace! de David ALLEN - Leduc.s
Émetteur du verbatim : François C.
I LIBÉRER SON ESPRIT POUR ÊTRE CRÉATIF
- Faire le ménage ouvre de nouveaux horizons
Terminer ce qu’on a commencé, qu’il s’agisse de projets importants ou de boîtes de vieilleries qu’il reste à trier et à organiser, fait naître une énergie plus grande, plus claire et plus complète pour ce qui peut arriver.
- Pour vivre sans remords
Le stress vient des engagements non tenus que vous avez pris envers vous-même. Vous pouvez vous débarrasser de ce stress uniquement en annulant l’engagement, en le respectant ou en le renégociant.
- Une meilleure connaissance de ses engagements
La concentration et la coopération sont complémentaires. Vous devez coopérer avec vous-même et votre environnement pour combattre la résistance et la distraction, donc vous devez vous concentrer. Et vous devez vous concentrer pour clarifier la nature des choses et voir comment vous pouvez les entreprendre en coopérant.
- Pour savoir où aller, il faut savoir où on se trouve
- Quelles sont vos tâches courantes?
- Quels sont vos projets courants?
- Quels sont vos champs de responsabilité courants?
- Quels changements prévoyez-vous dans votre vie professionnelle et personnelle au cours de la prochaine année?
- De quelle façon votre entreprise, votre carrière et votre vie personnelle vont-elles changer?
- Pourquoi êtes-vous sur terre?
- Des occasions illimitées et des possibilités limitées
Afin que l’expressivité soit à son meilleur niveau, il faut se servir de son intelligence, mais aussi être conscient de ses limites.
- Deux engagements en tête engendrent stress et échec
Dès que vous êtes aux prises avec deux affaires inachevées surviennent la frustration et l’angoisse. Votre côté créatif tente de remplir les deux engagements à la fois, ce qui est impossible. Mais pas question d’abandonner, il essaie encore et encore.
- Être conscient de ses priorités
Clarifiez et définissez tous les résultats, grands et petits, que vous vous êtes engagé à atteindre et les actions requises pour y arriver. Vous serez alors prêt à jouer d’efficacité en les atteignant tous, dès que vous le pouvez, et à vous sentir en paix avec la façon dont vous progressez.
- Régler les choses en suspens libère de l’énergie
Alors les priorités, la vision et le plan apparaissent, ancrés, avec des racines solides.
- On y pense? Donc, ce n’est pas fait…
La solution est simple. Notez l’action à faire. Regardez-la. Faites-la ou dites-vous: «Pas tout de suite.»
- La créativité se manifeste quand on lui donne de la place
Lorsque l’espace mental est surpeuplé de distractions, de contrats et de trucs non gérés, la circulation est limitée. Nettoyez ses conduits et vous favoriserez une nouvelle réflexion productive qui viendra presque d’elle-même.
- Plus le canal est profond, plus le courant est grand
Faire le ménage dans les structures de notre vie et de notre travail, et les rationaliser, augmente notre capacité à tenir des engagements plus importants dans la société… Elle invite à la participation, sur un plan profond et créatif. À l’opposé, les problèmes non résolus et les structures vulnérables se protégeront en étouffant automatiquement et inconsciemment toute nouvelle donnée.
- L’inquiétude ne mène à rien
Vous inquiéter sans jamais rien faire est un gaspillage de temps et d’énergie.
- Rester maître de son travail
Les choses non saisies, non clarifiées et, par conséquent, non gérées, envers lesquelles vous vous êtes engagé, s’emparent d’une partie de vous et ne vous laissent aucun répit… Régler les choses qui demandent votre attention pour pouvoir faire ensuite ce qui vous plaît. Et le faire pleinement, en y mettant toute votre concentration et votre énergie créative.
II SE CONCENTRER DE FAÇON PRODUCTIVE
- Regarder de haut pour mieux voir
On ne trouve jamais la clarté dans ce qui est trouble. Il faut lâcher prise et regarder de haut.À quand remonte votre dernière pause-direction pour prendre un peu de recul sur ce que vous faites? Est-ce le moment d’en prendre une autre?
- Visualiser pour savoir comment faire
La réflexion axée sur les résultats, tout comme la volonté de visualiser une réalité avant qu’elle se concrétise, est une compétence magistrale que nous pourrions tous développer davantage.
- Travailler assez fort est impossible
Nous sommes portés à nous rappeler les éléments emmagasinés dans notre cerveau en partant du dernier (le plus récent dans le temps) et du plus significatif émotionnellement, ce qui n’est certainement pas le système de traitement de dossiers le plus efficace.
- L’énergie suit la pensée
Avoir des pensées est une chose, les nourrir consciemment en est une autre. Vous êtes puissant en tout temps, par l’attention et l’intention… La concentration et la vision opèrent en nous pour déclencher inconsciemment de nouvelles perceptions et de nouveaux comportements.
- Un but clair est facile à atteindre
Plus votre vision ou votre intention est précise, plus votre créativité sera débordante. Mieux vous connaissez le pourquoi de vos gestes, plus vous vous sentez libre d’explorer divers moyens de les accomplir.
- Mieux est meilleur que bien
L’attention intentionnelle sur l’accomplissement total de son but génère de l’information et de l’inspiration qui ne peuvent être accessibles autrement… Quel est le mieux que vous puissiez faire en ce moment, avec la conscience et les ressources que vous pouvez réunir tout de suite?
- Changer l’objet de son attention pour changer de résultat
Si vous recherchez des résultats différents, vous devez porter votre attention sur autre chose. Une fois que vous aurez changé l’image dans votre esprit, différentes solutions, innovations commenceront automatiquement à se produire.
- La perspective, une notion précieuse
Placer les choses dans un contexte différent peut produire des idées et des solutions nouvelles. Votre point de vue peut transformer les pires situations en des expériences positives.
- S’arrêter pour réfléchir
Nous devons :- Déterminer quelles seront les tâches à accomplir et les mesures à prendre pour atteindre notre but.
- Noter ces résultats et ces actions, si nous ne pouvons pas les régler immédiatement.
- Consulter les aide-mémoire (quand nous agissons).
Ces trois comportements permettent d’être extrêmement compétent en matière de travail.
- Ne pas craindre de réfléchir
Décidez du résultat et de la mesure à prendre, inscrivez-les dans un endroit où votre cerveau le récupérera au moment opportun et voyez comme vous respirez plus librement.
- Améliorer son efficacité
Lorsqu’un but, une norme ou un objectif est évident, le mieux à faire est de l’atteindre avec le moins d’effort possible. Vous ne gaspillerez pas d’énergie et vous libérerez vos ressources pour autre chose que vous désirez obtenir ou réaliser.
- Une seule chose dans sa bulle
En tout temps, accorder toute son attention à la seule chose qui se présente est la marque d’un rendement élevé.Qu’est-ce qui vous empêche d’être totalement présent à ce que vous faites, aujourd’hui? Que pourriez-vous faire pour améliorer la situation?
- Faire ou être ?
Votre vision du futur, ce que vous souhaitez… change la substance et la qualité des décisions que vous prenez dans le moment présent. Elle modifie ce que vous choisissez de percevoir, de sentir et de faire dans le présent.Être ou faire n’est pas la question. Celle-ci est: quel type d’action concorde-t-il le mieux avec ma façon d’être?
III CRÉER DES STRUCTURES QUI FONCTIONNENT
- La stabilité sur un plan ouvre à la créativité sur un autre
Il est difficile d’être pleinement créatif sans structure ni contrainte. Essayez de peindre sans toile. La créativité et la liberté sont les deux côtés de la médaille. Et tout le monde aime gagner sur les deux tableaux. Vous voulez la liberté? Organisez-vous. Vous voulez être organisé? Soyez créatif.
- Définir et connaître, pour une productivité maximale
Le visionnaire et l’exécutant.Mais lorsque mon côté visionnaire se met à penser à toutes les tâches et à tout le travail que je me suis imposés, je m’en veux. Et lorsque l’exécutant en moi passe à l’action, termine son travail et se met à vouloir réfléchir à des choses plus importantes, je me dégonfle moralement et veux disparaître.
- Une bonne gestion mène à un esprit libéré
Avec les années, j’ai compris que ce que j’appelle la révision hebdomadaire, la mise à jour de toutes nos listes, est l’habitude la plus importante à adopter pour que le contrôle tranquille devienne un mode de vie plutôt qu’une expérience exceptionnelle… Nous avons besoin, une fois par semaine, de nous éloigner de l’arbre pour mieux voir la forêt (effectuer une revue complète de tous vos projets et étapes à suivre).
- La capacité de réagir améliore le rendement
Tout ce qui peut améliorer votre conscience de l’environnement, accélérer votre temps de réaction et équilibrer votre système interne (pour éliminer les réactions molles ou exagérées) vous donnera un avantage concurrentiel et améliorera votre rendement.
- Les conséquences de la présence d’un maillon faible
L’interaction qui a lieu avant que la situation devienne critique est plus consciente et proactive… Le système ne fait pas en sorte qu’on se débarrasse des problèmes ni des défis ; il permet seulement qu’on les remarque plus tôt et qu’on les règle avec plus de grâce et de facilité.
- Le secret de l’efficacité du système : un roulement silencieux
La mise en place, le changement ou l’amélioration de votre système n’ont qu’un but: vous faire oublier celui-ci le plus rapidement possible.Quelles procédures avez-vous mises en place qui fonctionnent bien parce que vous n’y pensez plus?
- Se mettre sur la bonne voie
Souvent, la forme déclenche l’attention qui, à son tour, alimente l’intention, qui produit l’énergie créative et le contenu. Si vous voulez faire de l’exercice, mettez une tenue de sport. Si vous voulez écrire un livre, inventez un titre et lancez votre logiciel de traitement de texte.
- Impossible de gagner au jeu sans connaître les règles
Les deux plus grands défis dans la définition du travail sont de penser à ce qu’on fait et de réagir à ce à quoi on pense.Une liste complète et bien définie de projets, mise à jour et révisée au moins une fois par semaine, est le secret de la productivité sans stress
- Le partage des responsabilités n’est pas rentable
Lorsqu’une tâche à effectuer est partagée par plusieurs personnes, les détails pertinents sont bien souvent oubliés. La responsabilité partagée porte des fruits lorsqu’au moins une personne présume qu’elle est entièrement responsable. Un bateau ne peut avoir qu’un capitaine à la fois.
- Préciser ses principes au lieu de polir ses politiques
Les règles apparaissent habituellement quand les principes ne sont pas clairs ou fiables. Lorsque vous savez que les gens ont accepté les normes et valeurs collectives, vous pouvez les laisser agir en toute liberté. Dans le cas contraire, vous devez resserrer votre gestion avec des règles, ce qui vous demande, à la longue, beaucoup plus d’énergie.
- Réfléchir à son travail plutôt que d’y penser
Quelle discipline ou structure devez-vous instaurer, s’il y a lieu, pour libérer votre esprit et vous permettre d’atteindre un niveau plus élevé de réflexion?
- Ces pensées qui ont plus de valeur qu’on ne le pense
Expansion et contraction. Création et exécution. Cerveau droit, cerveau gauche. Yin et yang. L’équilibre entre ces polarités accroît notre productivité… Réglez vos problèmes avec concentration, et la créativité éclatera.
- Petites ressources, grandes réussites
Dans le feu de l’action, nous nous promettons de nous organiser, plus tard… Arrive plus tard et la pression a disparu.C’est lorsque vous devez choisir comment répartir vos ressources limitées qu’apparaît le besoin d’y voir clair et de faire preuve d’efficacité… Les personnes les plus efficaces sont celles qui ont le moins d’écart par rapport aux engagements qu’elles ont pris.
IV SE DEÉTENDRE ET PASSER A L’ACTION
- Être le seul acteur de sa pièce
Vous êtes votre propre scénariste, producteur, réalisateur, et pourtant un simple figurant dans la pièce de quelqu’un d’autre. Les meilleures équipes attendent une telle intégrité de la part des joueurs. Les meilleurs joueurs gèrent leur propre jeu, quoi qu’il en soit. Nous sommes tous seuls ensemble.
- Le contrôle excessif fait perdre le contrôle
Exercer un contrôle trop serré peut limiter votre capacité à traiter les situations au point de vue le plus productif. La microgestion, la gestion à outrance, peut être un piège alléchant pour faire travailler et obtenir des résultats. Les détails, c’est bien, pourvu qu’ils soient justifiés.
- L’amélioration perpétuelle
Préparez-vous au pire, imaginez le mieux et visez entre les deux. «Préparez-vous au pire» équivaut à régler toutes les choses en suspens et à ne pas vous exposer au découragement qu’accompagnent les engagements confus ou non renégociés. «Imaginez le mieux» signifie vous concentrer le plus possible sur les énergies et les résultats positifs. «Visez entre les deux» veut dire sauter.
- La gestion sur plusieurs plans
Vous existez sur plusieurs plans. Si vous évitez l’un d’eux, vous risquez de nuire aux autres. Dans la mesure où vous les gérez tous également, vous appréciez davantage et transcendez la situation dans son ensemble.
- La relaxation: la voie du pouvoir
Trouvez ce qui vous stresse et réglez le problème, tout de suite, si vous voulez être efficace sur tous les plans. Être détendu et capable de se concentrer sur la situation présente, sans réagir de manière exagérée ou trop mollement, est un art. C’est ce qui permet d’accéder au pouvoir suprême.
- Des surprises qui n’en sont plus
Nier la réalité du changement incessant engendre résistance et frustration. Se plaindre des interférences génère une énergie improductive. Éliminez la cause du dérangement ou intégrez-la dans votre travail, puis passez à autre chose.
- Voir loin permet de se déplacer en douceur
Les gens qui peuvent voir de loin ce qu’ils font accomplissent des actions qui semblent plus raffinées. Dans un sens, plus la cible que vous vous êtes fixée est éloignée, plus vous percevez d’options pour l’atteindre et plus il est facile de corriger le tir.
- Ralentir pour accélérer
Détendez-vous. Vous devez embrayer pour changer de vitesse. Vous devez lâcher prise pour pouvoir vous engager à un autre niveau, plus exigeant. Lorsque vous n’éprouvez pas du tout le besoin de ralentir, c’est probablement le meilleur moment de le faire.
- Pas le temps de réaliser un projet?
Comme les gens ne traduisent pas leur projet en différentes étapes à franchir les unes à la suite des autres, la perception du manque de temps pour réaliser un projet les empêche d’aller de l’avant. Plusieurs projets essentiels sont souvent suspendus, alors que l’étape suivante aurait pu se faire en moins de deux si on avait pris la peine de la déterminer.
- De petits gestes constants créent un impact majeur
Le vrai changement n’est pas un feu de paille: cela exige un engagement sérieux à un nouveau stade d’interaction. Investir tous les mois un petit pourcentage de son revenu, faire de l’exercice une fois par semaine, prendre le temps de réfléchir ou de méditer quelques minutes chaque soir, voilà les secrets pour progresser régulièrement.
- Agir pour connaître
Si vous attendez d’apprendre quelque chose avant de faire quelque chose, vous ne ferez probablement ni l’un ni l’autre. Si vous activez votre corps, votre pensée et votre esprit, vous découvrirez plein de choses qui auraient été inaccessibles autrement.
- Il est plus facile d’avancer quand on est en mouvement
Se mettre en mouvement demande plus d’effort que de changer de direction. Si vous êtes engagé positivement dans un aspect de votre vie, il vous est plus facile de faire face au changement et de passer à autre chose.
- Les plus grands succès viennent des échecs
Vous faites des erreurs uniquement lorsque vous jouez. Jouez quand vous pouvez gagner, et perdez aussi souvent que nécessaire pour atteindre votre but.Avez-vous commis une erreur très grave dernièrement? Que vous a-t-elle appris?
*
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu des Chats de Bernard Werber - Albin Michel (livre illustré sur les chats)
Recommandation de Linda: Ah Bernard, tu es toujours aussi surprenant! J’ai adoré tout ce que tu as écrit: ta trilogie des fourmis mais surtout, mes préférés, Les thanatonautes et L’empire des anges. J’aime m’évader et me dire qu’il y a autre chose en ce monde et au delà. Dans ce livre tu nous fais plaisir.
Tout le monde aime les chats et tu leur consacres une encyclopédie entière et magnifiquement illustrée. Tu nous fait découvrir leur histoire, leur comportement et leur intelligence tout en leur laissant la parole.
Livre à lire absolument, car chat-gnifique! Un dernier mot: «Miaou*»
*traduction: ce livre va vous faire chat-virer.
LES FAUX JETONS - Dans le secret des conseils d’administration de Sophie COIGNARD - Fayard
Émetteur du verbatim : François C.
Les conseils d’administration sont le nouveau Graal des « premiers de cordée »…Ils feignent d’y cultiver l’ouverture et y perpétuent l’entre-soi.
Mais, en toutes circonstances, les administrateurs ne s’estiment ni responsables, ni coupables.
1 « On ne te laissera pas faire »
(Sébastien Bazin Accor) Sa brutalité, dans un monde feutré de lâcheté, a impressionné et payé. Mais il s’en est fallu de peu pour qu’ »on ne le laisse pas faire ».
Sébastien Bazin a su depuis 2013, l’année de son arrivée à la tête d’Accor, se faire une place au sein de la nomenklatura du CAC 40. Il préside même le conseil d’administration du Théâtre du Châtelet, l’une des institutions culturelles les plus chics de la capitale. Il a appris les codes secrets de ce monde à part. Jusqu’à la caricature.
- Un administrateur très remuant
(Nicolas Sarkozy) A peine arrivé au conseil de l’opérateur hôtelier, il prend ses nouvelles fonctions à la hussarde. Assidu en séance, il s’interdit de jeter un coup d’œil à son téléphone, ne manifeste jaais de signe d’impatience, mais se lance parfois, à l’ébahissement général, dans un « laser show » comme il en a le secret.
- Air France et les irresponsables
(Alexandre de Juniac) Voilà donc un PDG imposé en 2011 par le pouvoir politique sans que le conseil d’administration ait eu son mot à dire. Au point de se demander à quoi sert cette instance, et surtout de s’interroger sur l’utilité de dépenser plus de 600 000 euros de jetons par an pour rémunérer ses membres.(Jean-Marc Janaillac 2016)
(Ben Smith fin 2018) Dans les rangs des faux jetons, on ne donnait pas cher de sa peau à son arrivée : sans réseau, le nouveau patron allait se faire dévorer tout cru par les pilotes. Il a au contraire fait la paix avec eux, qu’il trouve beaucoup moins durs que leurs homologues canadiens. Depuis, Ben est appelé par son prénom par tous ceux qui le raillaient hier.
- Le charme discret de l’entre-soi
Le Gotha français des affaires, longtemps, ne s’est même pas posé la question, poussant l’échange de bons procédés jusqu’à ses dernières extrémités : je siège à ton conseil et tu sièges au mien, et nous remisons notre esprit critique au vestiaire.La moitié des groupes du CAC 40, aujourd’hui encore, est aux mains d’une famille. Les administrateurs qui n’appartiennent pas au clan doivent alors se résoudre à faire de la figuration.
Mais à quoi sert vraiment un administrateur indépendant dans un groupe contrôlé par un seul actionnaire ? C’est une vaste question, que les faux jetons n’aiment pas aborder.
- La dame de Chartres
(Colette Neuville) En 1991, elle a 54 ans, et une nouvelle vie s’offre à elle. Elle crée l’ADAM (Association pour la défense des actionnaires minoritaires). Depuis, elle a fait gagner près de trois milliards d’euros aux actionnaires. Elle a obtenu des réformes législatives ou réglementaire importantes, concernant notamment les OPA ou la responsabilité des dirigeants et des administrateurs. Elle a fait mordre la poussière à des patrons emblématiques. Mais tous la respectent.Opiniâtre et réaliste, la dame de Chartres n’hésite pas à nouer des alliances avec des fonds d’investissement activistes, souvent considérés comme d’affreux cupides, parce qu’ils exigent toujours plus de rentabilité, toujours plus de résultats. Elle ne partage pas cet avis. Elle est au contraire ravie d’avoir trouvé des complices pour perturber l’entre-soi qui ronronne.
- Le sentier de la guerre
(Fonds activistes) Depuis peu, ils ont débarqué en France. Ces virtuoses de la spéculation fondent sur leur proie quand ils considèrent que le PDG est surpayé, que ses administrateurs lui sont humblement soumis, que tout ce petit monde dort sur ses lauriers ou encore, comme Sébastien Bazin quand il est arrivé chez Accor, que l’entreprise pourrait cracher plus de bénéfices.
- De l’ombre à la lumière
(Avant-après le « code de gouvernement d’enreprise des sociétés cotées ») Faut-il, avec Daniel Lebègue, croire au passage de l’ombre à la lumière ? Ou se dire que cet homme de conviction est animé par la foi du charbonnier ? Qu’il veut espérer à tout prix que ses efforts pour moraliser l’univers des administrateurs n’ont pas été vains ? Et qu’en vérité tout a changé pour que rien ne change ?
- Missions impossibles
La plupart des très grandes entreprises ont ainsi renoncé à offrir à certains de leurs membres les plus éminents une double rémunération : les jetons de présence bien sûr, mais aussi des honoraires liés à des « missions » plus ou moins réelles. Ces dernières prestations doivent faire l’objet d’une convention réglementée approuvée par les actionnaires réunis en assemblée générale, qui apprécient de moins en moins ce genre de pratique.
- La preuve par Renault
(Carlos Ghosn et son rapport à l’argent) Il est devenu difficile à tous ces adultes responsables, surdiplômés pour la plupart, de prétendre qu’ils ne savaient pas, qu’ils ont découvert avec effarement les rapports névrotiques de Carlos Ghosn à l’argent.Rien qu’en France, il a gagné 764 fois le smic annuel en 2015. Au moins. Car personne ne peut ignorer combien il est difficile d’évaluer la rémunération totale du patron de Renault-Nissan.
Tout cela s’est poursuivi jusqu’à novembre 2018, et aurait pu durer encore longtemps si les dirigeants de Nissan ne s’étaient pas retournés, en vrais faux jetons, contre leur mentor autoproclamé.
- Au service de Sa Majesté
En réalité, les administrateurs, à l’exception de ceux qui représentent les salariés, ont été choisis par le patron. Cela fait partie des évidences que tout le monde veut cacher.Désormais, le salaire fixe des grands patrons représente à peine le quart de leur rémunération. Le reste se divise entre le bonus annuel, qui compte pour environ 30%, et la « rémunération de long terme », versée le plus souvent sous forme d’actions gratuites, pour récompenser à la fois la performance et la fidélité d’un dirigeant.
- « Pognon de dingue » et « dingues de pognon »
(Georges Plassat Carrefour) L’ex-PDG empoche plus de 13 millions d’euros : 819 000 euros de fixe, 1,8 million de bonus pour une demi-année de présence, 6,5 millions de « rémunération de long terme », et 4 millions d’ »indemnité de départ et engagement de non-concurrence », plus quelques dizaines de milliers d’euros de jetons de présence…
- Licencier plus pour gagner plus
L’absence de corrélation entre l’emploi et les bonus. Et même, osons le terme, entre le mérite d’un patron et l’argent qu’il perçoit.
- Des régimes très spéciaux
Les conseils d’administration offrent aux patrons qui les ont nommés des avantages à faire pâlir d’envie tous les cheminots, tous les électriciens de l’Hexagone, avec leurs régimes spéciaux…Les PDG sont protégés en toutes circonstances : licenciement, maladie, invalidité, décès prématuré, chômage, retraite…Tout est prévu pour leur éviter, ainsi qu’à leur famille, les conséquences des accidents de la vie auxquels tout un chacun redoute d’être confronté.
- Pantouflage à tous les étages
La grande transhumance vers le CAC 40 concerne aussi les énarques. Surtout ceux qui appartiennent à un grand corps. Le conseil d’administration d’Orange ? Une assemblée d’inspecteurs des Finances ou presque.
- Conseils d’amis
Comment éviter toute connivence quand on se fréquente à longueur de journée ? Environ deux cents administrateurs siègent dans les conseils du CAC 40. Mais celles et ceux qui cumulent plusieurs appartenances sont dix fois moins nombreux. Ils forment une sorte de club qui se retrouve aussi dans les organes des grandes institutions culturelles parisiennes.
- Une indépendance de façade
Siéger au conseil d’un groupe du CAC 40 est rémunéré en moyenne 85 000 euros par an en jetons de présence. Trois mandats rapportent environ 250 000 euros. Qui est prêt à prendre le risque de perdre un tiers de ce revenu, soit près de 100 000 euros par an, pour entrer en dissidence, contester et être définitivement catalogué comme un enquiquineur ? Quelques rares héros, peut-être…
- Très chers salariés !
(Administrateurs salariés) Tout, en réalité, semble avoir été étudié pour embarrasser les administrateurs salariés. Ou du moins pour les neutraliser, voire les instrumentaliser.L’équilibre d’un conseil d’administration composé pour un tiers de salariés, pour un tiers d’actionnaires et pour un tiers d’indépendants n’est pas pour demain.
- Les supplétifs
(Actionnaires salariés) Ils sont aujourd’hui près de trois millions à posséder des actions de la société pour laquelle ils travaillent…On a voulu les transformer en idiots utiles du système. Certains s’en sont rendu compte…
- Présidents à vie
Une fois nommés, rares sont les PDG qui ne se considèrent pas comme propriétaires de leur fauteuil. Patrons de droit divin, ils ne veulent pas songer à leur succession. Pour beaucoup d’entre eux, c’est aussi douloureux que de penser à la mort. Alors, ils rusent.
- Les Tables de la loi souple
(HCGE Haut Comité de gouvernement d’entreprise) Les grandes entreprises sont surveillées par un haut conseil dont elles nomment les membres, lesquels se montrent en retour d’une exquise compréhension à leur égard. Mais alors, à quoi ça sert ? Tout simplement à éloigner la menace de vraies lois, que tout le monde serait réellement obligé d’appliquer.
- Bien obligés !
Cette féminisation des conseils cache un machisme toujours à l’œuvre dans les comités exécutifs. Là, c’est le vide sidéral. Zéro PDG parmi les sociétés du CAC 40. Une seule directrice générale, Isabelle Kocher chez Engie, à laquelle le titre de présidente a été refusé. Chez Axa, on trouve une femme sur dix membres du comité de direction. Chez Vinci, zéro sur treize…Faudra-t-il une loi pour féminiser aussi les instances de direction ? A l’AFEP ou au Medef, on en frémit déjà.Conclusion
Le capitalisme à la française, concentré d’entre-soi comme nulle part ailleurs dans le monde, fait preuve d’une résilience remarquable.
Derrière les portes capitonnées des conseils, la réalité qui demeure est celle d’une aristocratie d’Etat régénérée par ses alliances avec les grandes fortunes. Et inversement. Ce mariage entre les réseaux de la haute technocratie et des héritiers peut donner une impression d’ouverture. Mais ce n’est qu’une impression. Les entrepreneurs, les vrais, ceux qui mettent en jeu leur argent, sont quasiment inexistants parmi les administrateurs du CAC 40.
*
Cœur salé de Cathy Cassidy PKJ
Fiche de Lecture faite par Antoine M.
PRÉSENTATION DU LIVRE
Nom du livre : Cœur salé
Auteur : Cathy Cassidy
Nombre de chapitre : 10
Thèmes : musique, rumeur, chagrin d’amour
Nombre de page : 130
Série : les filles au chocolat
Année : 2013 (1ère édition en anglais), 2013 (traduction en français), 2015 (nouvelle édition)
Éditions : Puffin books (en anglais), Nathan (pour la traduction) et PKJ -Pocket jeunesse- (pour la nouvelle édition).
IDENTITÉ DU PERSONNAGE PRINCIPAL
Prénom et nom : Shay Fletcher
Âge: 15 ans
Caractère: Beau, sensible, passionné de musique et excellent musicien
Né en Angleterre (il n’est pas précisé dans quelle ville, mais sûrement Kitnor)
Père: Jim Fletcher (le prénom de la mère n’est pas mentionné)
Morphologie: Cheveux blonds recouverts par un bonnet de marin et des yeux bleus
Style: bonnet mou et tee-shirts de surfer
Aime: Cherry Costello
Rêve: devenir chanteur professionnel
Problème: Cherry pense que Shay est toujours amoureux de Honey, son ex…
Frère(s) et/ou sœur: Ben Fletcher (son aîné de 6 ans).
RÉSUMÉ DU LIVRE
Shay Fletcher est un adolescent de 15 ans très mal loti. Son père le méprise et veut le modeler pour qu’il ait le même avenir que lui et refuse que ses chansons soient publiées, son frère «parfait et chouchou de son père» l’agace, et quand Honey lui demande conseil, il n’a pas cœur à la repousser et par accident, Honey fait croire à tout le monde qu’il a trahi Cherry. Le pire, c’est que tout le monde se fait des idées et lui dit qu’il est nul ou s’apitoie sur son sort, et des ragots tournent autour de lui… Comment regagner la confiance des Tanberry-Costello?
MON AVIS
Ce roman, court et intense, montre qu’il faut croire en ses rêves, qu’il ne faut pas se faire une idée des personnes à l’avance et qu’une rumeur peut être destructrice pour les principaux intéressés.
Comment sauver le genre humain de Paul Jorion et Vincent Burnand-Galpin
Émetteur du verbatim: François C.
Où EN SOMMES-NOUS?
Survie individuelle et survie de l’espèce
Rien n’interdit en effet que nous puissions disparaître en tant qu’espèce, alors qu’à titre individuel nous n’avons jamais vécu aussi longtemps en bonne santé.
La capacité de charge d’une espèce
Pour cet environnement, dont nous devons respecter la capacité de charge, il est déjà bien tard: il était vulnérable, il est désormais encore davantage fragilisé. Notre survie, malgré la générosité de la Terre à notre égard, n’est assurée que dans une bande extrêmement étroite.
Le genre humain est sociable
La solidarité reprend toujours ses droits. Et heureusement pour nous, car dans la période de turbulences qui s’ouvre, il sera crucial qu’elle revienne au premier plan en toutes circonstances.
Le genre humain est «opportuniste»
Nous sommes une espèce qui, devant l’obstacle, ne s’entêtera pas, mais mettra plutôt en peu de temps au point une nouvelle stratégie.
Le genre humain est «colonisateur»
Mais nous sommes aussi une espèce colonisatrice…
Gérer la capacité de charge
Nous sommes arrivés au moment où notre inclination colonisatrice nous mène aux limites, aux frontières de la capacité de charge de notre environnement.
Il faut que nous changions, mais nous sommes très différents
Les exemples abondent de coexistence pacifique dans la vie quotidienne entre ennemis irréductibles sur le plan des idées.
Mille ans ne suffisent pas à nous faire abandonner nos croyances
L’éthique pourrait-elle nous sauver?
Modifier les comportements sans changer les croyances
Il est impératif de parvenir à orienter la réflexion de tous sur la menace imminente d’extinction et que chacun concentre tous ses efforts à assurer la survie de l’espèce.
LA TECHNOLOGIE SERA-T-ELLE NOTRE SAUVEUR OU NOTRE FOSSOYEUR?
Qu’est-ce que la technologie? Pourquoi l’avons-nous engendrée?
Ambivalence: nous disons à la fois que les machines produisent de l’artificiel et qu’elles sont elles-mêmes de l’artificiel… La technologie: capacité d’être l’instrument même de la perfectibilité, et pouvant aussi bien être à l’origine de l’anéantissement définitif de l’humain.
Nous réconcilier avec notre nature technicienne
Nous avons été incapables d’intégrer ces révolutions technologiques dans une représentation du monde correctement mise à jour.
NOS GOUVERNEMENTS TELS QU’ILS SONT
Comparer 2020 à 1935?
L’horizon se révèle très sombre. Le sentiment d’être dans l’impasse est omniprésent. Le système est à bout de souffle et révèle ses contradictions. Les forces politiques n’arrivent plus à se réinventer, mis à part dans le fascisme.
Gouvernements inefficaces vs populisme
Envisagé sans préconceptions, le populisme s’assimile à la variété «en col bleu» du même libéralisme dont les gouvernements prétendument «centristes» offrent la variété «en col blanc».
Les parlementaires: une classe autocentrée et conservatrice par nature
La classe parlementaire constitue en soi un facteur d’inertie et de conservatisme foncier… faisant d’elle le contraire même de celle sur qui il faudrait compter dans une période de crise où le changement de cap radical sera impératif.
Prisonniers du cadre
Des administrations et des gouvernements qui, du fait de leur mode de fonctionnement présent, sont incapables de sortir du cadre. Le choc sera rude.
NOS GOUVERNEMENTS TELS QU’ILS DEVRAIENT ÊTRE
La rationalité des fins et la rationalité des moyens
Dans cette logique de rationalité des moyens, il n’est plus question d’un objectif que nous nous serions fixé, mais d’un simple constat pragmatique du résultat obtenu… C’est d’avoir fait de cette logique de boutiquier le principe de gestion des Etats qui nous a conduits à la catastrophe.
Réinstaurons la logique des fins
Seule une rationalité des fins devrait être à l’œuvre dans la réalisation des objectifs assignés à l’Etat.
CRISE ECOLOGIQUE: LE PLUS IMMINENT DES RISQUES EXISTENTIELS
Que sont les risques existentiels?
C’est un risque mettant en péril l’intégralité de l’espèce humaine, son existence y est remise en cause à titre définitif.
Les types de risques existentiels
Les «risques cosmologiques» (forces cosmiques: volcans, pandémies…); les «couplages agent-outil» (individu délibérément mal intentionné aux commandes de technologies avancées potentiellement dévastatrices); les «conséquences imprévues» de nos modes de vie (dérèglement climatique).
La destruction déjà bien entamée de notre environnement
Plus d’un demi-million d’espèces terrestres peuvent déjà être considérées comme des «espèces mortes ambulantes» si leurs habitats ne sont pas restaurés.
Sombre horizon pour les décennies à venir
Toujours garder à l’esprit que ce qui nous attend est certainement bien pire encore que les prévisions cataclysmiques mentionnées ici.
Les êtres humains ne sont pas naturellement outillés pour se soucier de la survie de l’espèce
Voilà plus de trente ans que nous vivons à crédit sur la planète Terre. Chaque année, le «jour du dépassement» se rapproche davantage du début de l’année.
Nous nions la réalité
Comment faire pour «donner à voir» la crise climatique? Comment faire pour que nous nous rendions compte des dangers véritablement à l’œuvre?
La rationalité économique face à l’urgence climatique
A la «valeur» économique, il s’agit d’opposer les valeurs… Pourquoi l’humanité doit-elle être une fin en soi? Car les êtres humains sont dotés d’une dignité et non pas d’un prix. Le prix s’applique aux objets interchangeables, comme les marchandises. La dignité concerne ce qui est sans équivalent… Tout être digne a le droit au respect: les êtres humains à titre individuel, l’espèce humaine, la vie et son environnement.
LES ATTITUDES POSSIBLES FACE AU RISQUE D’EXTINCTION
La culture populaire nous montre qui nous sommes
Il existe une tradition dans l’université, de ne retenir de la distinction entre la haute (higbbrow) et la basse culture (lowbrow) que la première.
Le film ajoute à l’évocation d’un danger sa représentation visuelle
Le cinéma peut mettre en scène des événements, des circonstances, dont nous sommes peut-être conscients de l’éventualité, mais dont une représentation à proprement parler nous manque.
Cinq films:
Le dernier rivage (1959): une guerre nucléaire.
Terminator (1984): les machines désormais autonomes se débarrassent des hommes, devenus un fardeau pour elles.
Elysium (2013): tandis que les pauvres s’entre-déchirent sur une Terre dégradée, les riches, devenus immortels, bénéficient d’une vie idyllique dans une station spatiale.
Interstellar (2014): la Terre ayant été rendue par nous inhabitable, le salut du genre humain réside dans la colonisation d’autres mondes.
Colossus (Le cerveau d’acier) (1970): nous avons confié la gestion de nos guerres à des ordinateurs intelligents qui prennent le pouvoir et nous imposent la paix, au prix cependant de notre liberté.
Nos réponses face à la menace d’extinction
- Déni de l’extinction: soit un déni personnel passif et à titre privé, soit un déni actif (financer publiquement le déni par le biais d’une campagne d’agnotologie).
- Acceptation de l’extinction: forme passive (vision fataliste que notre destin est scellé depuis plusieurs siècles) ou forme active (la position militante «Bon débarras»); intelligence artificielle: le transfert de notre héritage à des robots qui seraient à proprement parler nos héritiers.
- Malthusianisme: la frugalité individuelle; l’eugénisme; l’exterminisme (élimination de populations à l’échelle industrielle).
- Le progrès l’emportera: accroître la capacité de charge de l’environnement de l’espèce humaine par l’innovation technologique.
- Survivalisme: nous adapter à un environnement se dégradant rapidement soit en nous abritant dans de nouveaux habitats souterrains ou sous-marins, soit par des modifications génétiques («enhaussement») visant à nous rendre plus résilients, soit encore en téléchargeant nos identités individuelles en tant que logiciels fonctionnant dans des machines à base de silicium, en utilisant la lumière comme seule source d’énergie plutôt que des aliments.
- La colonisation de l’espace
DEBOUT, PETIT HOMME!La ruse de la Raison: chaque sujet est le siège individuel de sa propre ruse de la Raison, i.e. leurré quant à ses propres objectifs, ceux-ci résultant d’un difficile compromis entre motivations inconscientes et projets délibérés.
Les individus isolément n’y peuvent rien: la raison? Nous dépendons tous d’un cadre «socio-technique» qui nous dépasse, fondé sur la consommation massive d’énergie.
Etatisme et citoyennisme: L’étatisme est la croyance que l’Etat peut tout, sur tous les fronts en même temps. Mais c’est surtout la croyance que l’Etat est par nature tourné vers l’intérêt général.
Le citoyennisme affirme que c’est aux citoyens de s’organiser entre eux pour être directement acteurs du changement attendu.
Le citoyen a besoin de l’Etat: sécurité, justice et «bonne vie»: les trois aspirations fondamentales du «petit homme» (Wilhelm Reich).
L’Etat a besoin du citoyen: le citoyen a le pouvoir de presser les Etats à agir. L’inaction climatique causée par l’absence d’intérêt citoyen. L’action climatique: le réveil nécessaire du citoyen.
Connaissance implicite de l’urgence par le citoyen, propositions explicites par l’Etat et action conjointe: le citoyen attend que la réponse vienne des décideurs, car seul il ne peut rien. Il attend aussi que l’Etat explicite sa demande et prépare concrètement le plan adéquat pour atteindre cet objectif. Le citoyen dresse la liste des objectifs, l’Etat doit en fournir le moyens.
POUR UN EFFORT DE GUERRE ECOLOGIQUE
Sommes-nous prêts pour un retour à la planification?: Un seul pays au monde dispose encore aujourd’hui d’un système de planification bien huilé et en bon état de marche: la Chine.
Que voulons-nous?: le droit à l’accès aux ressources fondamentales pour tous, le droit égal à l’exercice de ses capacités, le droit commun à une «vie bonne». Deux impératifs catégoriques: écologique et social.
Y mettre les moyens: nous avons techniquement les moyens de construire une société durable en accord avec les objectifs climatiques.
L’insuffisance de la réponse libérale: une transition écologique à la hauteur des enjeux exige une transformation radicale de nos sociétés et de nos habitudes.
L’imprévisibilité de la réponse révolutionnaire
Capitalisme, économie de marché et libéralisme comme sources de la destruction de l’environnement: dans la question écologique, tout comme dans la question sociale, l’alliance du capitalisme, de l’économie de marché et du libéralisme nous mène dans l’impasse. Il s’agit enfin de la dépasser.
D’une économie capitaliste à une économie humaniste: stipuler qu’existent sur un plan comptable trois éléments à mettre au passif, car il n’y a pas d’économie florissante sans intégration harmonieuse des trois apports qu’offrent à la firme sa fortune propre -seule prise en compte jusqu’ici-, l’homme et la nature… Le premier principe fondamental de la comptabilité devrait être la préservation non seulement de l’argent, mais aussi de l’homme et de la nature qui l’environne et à laquelle il appartient.
D’une économie de marché à une économie mixte: l’économie mixte peut être définie comme le fait que le secteur public a une place non négligreable dans l’activité économique par rapport au secteur privé.
Du libéralisme à la planification économique: l’économie dirigée est ainsi le système économique qui guiderait l’entreprise publique et privée vers l’exécution d’un plan général fixé par une autorité reconnue d’un commun accord.
Ce que nous entreprenons aujourd’hui ne s’est jamais fait!? Détrompez-vous!
La planification soviétique: l’échec d’une planification impérative.
La planification indicative «à la française» (1946 – 2006): l’équilibre fragile entre libre entreprise et intérêt général.
La planification chinoise après Deng Xiaoping: un «capitalisme d’Etat».
L’économie de guerre des Etats-Unis (1941 – 1945): le dirigisme au pays du libéralisme.
L’économie de guerre de la Grande-Bretagne (1940 – 1945): le système «Utility».
Les leçons à retenir du passé: a) établir une hiérarchie claire entre les différents niveaux de planification, mais aussi entre les différentes priorités; b) risque que le dirigisme bascule dans l’autoritarisme et un contrôle total de la vie économique; c) l’effectivité de la norme, notamment en interdisant les pratiques les plus superflues ou les plus contraires aux objectifs du plan.
Financer la transition écologique: l’exemple du financement de la Seconde Guerre mondiale; le financement de la transition écologique comparable à la seconde révolution industrielle; les fonds de pension sont une source de financement titanesque.
Le rôle de l’intelligence artificielle dans la planification: les apports du machine learning, technologie mûre aux applications infinies; ceux du big data et du deep learning.
Une planification internationale efficace est-elle possible?: l’exemple de la protection de l’Antarctique; l’exemple de la lutte contre le trou dans la couche d’ozone.
Le moment Pearl Harbor: notre société est certainement plus psychologiquement prête qu’on ne le croit pour une telle transformation en profondeur. Aussi ne tardons-plus, mobilisons-nous contre le dérèglement climatique et la perte de la biodiversité, condition de la survie de l’espèce!
COMMENT SAUVER LE GENRE HUMAIN
Quel modèle économique pour une société écologique?
Concilier, sur le plan politique, libéralisme économique et préservation de l’environnement débouche nécessairement sur l’inaction écologique. L’environnement est sacrifié sur l’autel de la sacro-sainte équation «business + croissance = emploi + élection».
La «science économique» propose des modèles erronés
Les agents ne sont ni libres, ni égaux, ni indépendants les uns des autres… De manière générale, toute dépendance est en réalité une interdépendance.
Feuille de route
- Réinventer l’Etat-providence pour faire face aux enjeux du XXIème siècle.
- Taxer les machines remplaçant les êtres humains: imposer le travail des machines, robots ou logiciels, en lui appliquant le même barème que celui qui vaut pour les êtres humains que ceux-ci remplacent.
- Pour garantir un socle commun: la gratuité pour l’indispensable. La démarchandisation des biens fondamentaux; le revenu universel de base; l’indispensable: un nombre limité de besois fondamentaux et satiables; au-delà de la logique économique, remettre la logique sociale et environnementale au centre de la valeur des biens.
- Une Constitution universelle pour l’économie: revenir à l’interdiction de la spéculation; faire apparaître en surface la conception du monde inscrite dans les règles comptables.
- Réorientons les capitaux financiers vers la transition écologique. Pour éviter l’effondrement, il est urgent que la finance serve enfin massivement la transition écologique.
MOBILISONS-NOUS!Nous avons les moyens de changer le cours de l’Histoire
Nous sommes en possession de tous les outils qu’il faut pour lutter contre notre extinction.
Sortir du fatalisme et renouer avec l’optimisme
A l’homme ou la femme accablé par la mélancolie, tout défi paraît insurmontable. A la femme ou l’homme clairvoyant, rien au contraire n’est impossible. Et le même principe vaut pour une nation ou pour l’espèce humaine dans son ensemble.
Que la fête continue!
De quel droit pourrions-nous priver des générations futures d’hommes et de femmes d’avoir leur fenêtre de temps, même étroite, d’accès au monde?
Vivons-nous une crise existentielle salutaire?
Il est l’heure de passer à l’action. Le moment est à l’entreprise collective! Il est l’heure de se défaire de la mollesse, de l’indifférence, de la résignation, de cette apathie généralisée. En avant, toute!
Il n’est plus l’heure de réfléchir, mais de se retrousser les manches
Si vous êtes: collégien ou lycéen…; étudiant…; citoyen…; agent public…; maire ou élu local…; ministre, Premier ministre, président de la République ou chef de l’Etat…; présidente de la Commission européenne…; secrétaire général des Nations unies…
*
Ce sera l'IA ou/et moi de Cécile Dejoux -Vuibert
Émetteur du verbatim: François C.
Partie 1. Ou en sommes-nous avec l’IA?
En schématisant, on peut distinguer trois niveaux d’implication de l’IA au sein de l’entreprise:
elle peut augmenter le collaborateur en lui permettant d’effectuer de nouvelles tâches et de développer une valeur ajoutée à laquelle il ne pourrait pas prétendre sans l’aide d’une IA;
elle peut l’assister pour lui faire gagner du temps par exemple, en lui donnant ainsi l’occasion de devenir plus performant;
elle est également en mesure de le remplacer sur certaines tâches, i.e. tout simplement, les faire à sa place.
1.1. Tout ce que l’IA peut faire…
. Briques technologiques de l’IA et domaines d’application:
Parole et langage
Identification de mots; création de réponse ; chatbot ; traduction.
Vision
Reconnaissance objets, images…; Computer vision; mise en relation; alerte.
Optimisation des connaissances
Détection; Data visualisation; Analyse; Prédiction.
Robotique et automatisation
Cobots; RPA.
. Contribution de l’IA aux fonctions de l’entreprise :
Comptabilité
Tri des factures; réponses automatisées aux fournisseurs/clients; Rapprochement des comptes; Analyse de recouvrement
Contrôle de gestion
Data visualisation; Prévision
Marketing
Chatbot; Hyperpersonnalisation; Génération automatique de contenu; Détection tendances; Alerte clients (départ, fraudes, etc.)
Communication
Reconnaissance faciale; Panneau publicitaire; Génération de contenu; Personnalisation du message pour analyse de contenu
RH
Pré-sélection; Analyse de sentiments; Parcours de formation; Détection de talents; Analyse absentéisme; Détection de conflits; Alerte départ; Chatbot premier niveau
Légal
Chatbot 1er niveau; Aide à la traçabilité des documents; Maintien niveau sécurité; Analyse de la jurisprudence
Achat
Gestion prédictive de stocks; Détection de contrefaçon; Analyse des prix; Identification de fournisseurs
Supply Chain
Prédiction pour stock; Allocation des produits; Connexion de tous les systèmes; Alerte de criticité
Veille prospective
Curation de contenu; Scénario de prospective; Identification de thématiques; Regroupement de tendances.
1.2. Quand l’IA décuple nos compétences
Il est important de prendre conscience des nouvelles opportunités qu’offre l’IA, car ce sera aux hommes de créer de nouvelles activités et de nouveaux usages dérivant de ces opportunités technologiques. Dans chacun de nos métiers, grâce à la connaissance de ce que peut ou ne peut pas faire l’IA, il nous appartient d’inventer de nouvelles frontières à nos missions, tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas parce qu’une tâche est automatisable techniquement que le bon choix serait de l’automatiser. Tout est affaire de culture, contexte, équilibre entre l’optimisation des coûts et le développement des compétences humaines. En d’autres termes, alors que le numérique a favorisé l’apprentissage continu, l’IA nous impose une posture réflexive: c’est à chacun de nous d’imaginer son futur métier avec l’IA et de se définir sur des compétences clés sources de différenciation (certains appelleront cela un talent) comme créer de nouvelles tâches grâce à elle (quand l’IA nous augmente) et savoir travailler avec elle (quand l’IA nous assiste).
1.3. Quand l’IA nous assiste
S’agissant d’IA, combien les techniques sont différentes selon les outils et les livrables créés: on peut envisager de nombreuses applications qui aident le collaborateur à appréhender différemment l’exercice de son propre métier. L’IA peut assister le collaborateur de trois façons: tout d’abord en lui faisant gagner du temps sur des tâches automatisables, puis elle augmentera le périmètre de ses missions car elle traitera plus de volume, plus vite et enfin se posera la question de la décision car l’IA sera capable de recommander ou de prédire à l’homme de ce qui peut être fait jusqu’à ce qu’il doit faire. Dans cette progression, les activités humaines seront nécessaires dans le champ du contrôle, du repérage des erreurs ou biais des IA et dans la coordination entre les processus, les hommes et les équipes.
1.4. Quand l’IA travaille à notre place
L’IA remplace l’homme sur de plus en plus de tâches à faible valeur ajoutée. Elle fait gagner du temps, de la précision, des coûts. Mais ce ne sont que des tâches et un métier est composé de multiples missions qui ne seront pas toutes remplacées par l’IA. Plus le collaborateur effectuera des tâches de natures différentes, complexes, en relation avec d’autres, gérant des aléas et de l’incertitude, moins il sera remplacé par les IA. C’est dans la transdisciplinarité, la diversité des tâches, la multi-expertise, l’acculturation à l’évolution de l’IA et le renforcement de ses soft skills que se trouvent les conditions actuelles de l’employabilité.
1.5. Quand l’IA transforme nos métiers
Trois métiers sur lesquels l’utilisation de l’IA a un impact fort intéressant : les métiers d’expert-comptable, de consultant et de commercial.
1.6. Au cœur du débat : les questions qui font peur
. L’IA va-t-elle voler nos postes…ou en créer?
. Une IA pourrait-elle prendre le pouvoir?
. L’homme va-t-il se transformer?
. Peut-on se fier à l’IA?
. Responsabilité et sécurité, comment gérer?
. Nouvelles addictions, fin du libre arbitre…
. Le point de vue énergétique (accentuation des risques environnementaux)
. Tout est une question d’éthique!
Partie 2. Comment participer à un projet IA?
2.1. Culture IA: ce qu’il faut savoir
. L’acte de naissance de l’IA: de Minsky à aujourd’hui; un champ vaste et pluridisciplinaire
. Les grands courants de pensée: le «symbolisme»; le «connexionnisme»; le «comportementalisme»
. Pas d’IA sans data! L’habitude est de caractériser les données en les distinguant en «structurées» et «non structurées» (données très difficiles à labelliser)
. Comment s’y prendre pour acquérir une culture data? Comprendre ce qu’est l’analytics; passer à l’action et utiliser la data dans des situations simples ; la datavisualisation; l’indispensable sens logique.
Il ne s’agit pas de savoir coder… Il s’agit d’acquérir des compétences nécessaires pour faire évoluer son métier et rester employable à long terme.
2.2. Des systèmes logiques et des systèmes d’apprentissage
. Systèmes logiques: quand l’IA applique des règles préétablies
. Systèmes d’apprentissage: quand l’IA est capable d’apprendre. Quatre types d’apprentissage: a) non supervisé (pour traiter des données non classées); b) supervisé (pour traiter des tâches précises); c) par transfert (pour utiliser des algorithmes construits sur une tâche antérieure et les appliquer à une nouvelle tâche); d) par renforcement (pour réagir à des événements connus)
Pour résumer, disons que l’IA est l’imitation de la réponse d’un expert dans un domaine. Le machine learning est de l’IA reposant sur des statistiques, tandis que le deep learning est du machine learning utilisé avec des réseaux de neurones.
. L’hybridation, ou les systèmes mixtes
. Trois types de modèles: prédictif; de décision; d’optimisation.
2.3. Le rôle de l’expert métier IA
Avoir une vision claire de toutes les étapes clés d’un projet IA vous permettra de devenir ainsi un expert métier qui puisse être partie prenante dans la phase initiale de définition du besoin et la phase finale de valorisation pour l’utilisateur. N’attendez pas que l’on vous attribue ce rôle, prenez-le. Rencontrez les équipes d’innovation et du numérique de votre organisation, en leur suggérant de participer à un projet comme observateur dans un premier temps pour ensuite monter un groupe de travail de volontaires qui prenne un sujet « irritant » et le traite avec la collaboration d’experts IA. Ainsi, progressivement, vous monterez en compétences, vous développerez en interne et en externe votre réseau en IA et vous saisirez concrètement toute l’étendue de l’apport de l’IA dans la transformation de votre entreprise et celle de votre métier.
2.4. Comprendre les règles du jeu dans un projet IA
L’IA est un outil qui ne peut être déconnecté du contexte culturel dans lequel il se décline. Il est à la fois au cœur des nouvelles ambitions des Etats, de la gestion des populations et de la possible arrivée de nouveaux modèles de société. L’harmonisation internationale semble indispensable pour réguler les paradoxes et créer un nouveau bien commun autour de l’IA. Nous sommes la première génération qui va utiliser et créer avec l’IA. Nous avons un devoir envers les générations futures, le devoir de nous investir simultanément dans la recherche, les usages, le cadre éthique et politique pour créer les conditions favorables à la vie et à la paix avec l’IA.
Partie 3 Quels nouveaux équilibres entre l’homme et l’IA?
3.1. De nouvelles compétences pour intégrer les IA
Les compétences de base pour intégrer les IA et interagir avec elles…sont indispensables aux managers, mais bien sûr à la portée de tous les collaborateurs. Mais elles ne suffisent pas pour être « IA compatible » ; il faut également se montrer capable de construire une communauté, un écosystème, avec des collaborateurs, des fournisseurs ou des partenaires spécialistes ou non de l’IA afin de réfléchir à des projets IA et à la transformation des métiers. Dans ce cadre, il est nécessaire de développer un autre champ de compétences : les compétences d’acculturation à l’IA en direction de collectifs, que ce soit ses équipes quand on est manager ou/et son écosystème quand on est entrepreneur ou free-lanceur. En d’autres termes, pour changer son métier avec l’IA, il faut être dans une logique de co-construction collaborative avec un socle commun de culture IA et de compétences d’intégration en IA.
3.2. L’indispensable acculturation des collaborateurs à l’IA
. Savoir problématiser et exercer son esprit critique;
. Se montrer créatif et expérimenter pour envisager de nouvelles activités au travail à forte valeur ajoutée;
. Penser la complémentarité et favoriser l’intelligence collective, reposant sur une co-construction de nouvelles cartographies dynamiques et évolutives en temps réel/redistribution des rôles et redéfinition des tâches.
3.3. Deux exemples d’intégration de l’IA en entreprise
EDF & Malakoff Humanis
Avoir une stratégie et une communication en IA constitue une nouvelle responsabilité sociétale de toute organisation. Il s’agira de recueillir les avis des partenaires sociaux, des collaborateurs, des clients et de l’ensemble de son écosystème, car ce qui est important, c’est de penser ensemble comment se réinventer avec l’IA comme levier, comme force d’opportunités, et surtout de prendre en main ce nouveau mouvement. Les méthodes agiles sont très souvent utilisées dans la mise en place d’un déploiement de projets IA. Dans ce cadre, le manager doit développer ses propres compétences et acculturer ses collaborateurs afin de créer une équipe « IA compatible ». Dans tous les cas, il est essentiel de laisser chacun prendre à son rythme la mesure de l’intérêt de ces nouveaux outils.
3.4. Nos forces : tout ce qui nous différencie
. L’humain et son rapport à l’IA
. Maintenir nos capacités cognitives et d’adaptation
. Exercer notre cerveau, cet organe majeur
. Conserver nos capacités critiques et de réflexion
L’enjeu est bel et bien d’apprendre à maitriser ces machines pour qu’en aucun cas elles ne nous réduisent à un état passif, impuissant. Nous devons conserver une participation active à notre environnement tout en intégrant les progrès de la science et de l’IA. Tout ne doit pas leur être externalisé.
3.5. Les « compétences de centrage » : l’attention, la mémoire et le temps
Accueillir le changement induit par l’entrée de l’IA dans nos vies personnelles et professionnelles suppose de s’ancrer d’une nouvelle manière, de trouver où placer le curseur entre des extrêmes qui ne cessent d’être repoussés, de repenser également le collectif et le lien social. Il faut réapprendre à se concentrer, à mémoriser et à organiser son temps pour rester employables, mais aussi à maîtriser le stress que nous occasionnera l’IA. Nous sommes amenés à redéfinir notre propre identité, à nous resituer dans notre relation aux autres et à nous-même, en gardant une grande vigilance pour ne pas se laisser happer par les univers virtuels qui nous tendent les bras. On devra, dans nos vies personnelles mais aussi immanquablement dans le monde du travail, mettre en place de nouveaux «équilibres dynamiques».
Les secrets de l'immortel Nicolas Flamel Tome 1 L'alchimiste Michael Scott- Pocket Jeunesse (roman ado)
Recommandation de Camille D., une adorable petite lectrice :
Des faux jumeaux vont faire la rencontre de Nick Fleming. Josh travaille avec ce dernier dans une librairie, sa sœur, Sophie travaille en face dans un salon de thé. Les deux frère et sœur vont alors s’embarquer dans une aventure qu’ils n’auraient jamais pu envisager la veille! Car Nick Fleming est en réalité Nicolas Flamel, oui LE Nicolas Flamel!
Suite à une réimpression, la couverture qui était déjà belle est devenue magnifique! Ce livre, j’ai lu le tome 1, puis j’ai couru (ou presque) acheter les autres tomes. J’ai dévoré la série en un week-end! On s’attache très facilement aux personnages et on plonge aisément dans l’histoire! Si bien que parfois on a l’impression d’y être avec eux!!
!!!!!! D’ailleurs, ne pas déranger quelqu’un dans cette lecture! Sinon à vos risques et périls!!!!!!!!
Les recettes de la vie de Jacky Durand - Gallimard (roman en poche)
Coup de cœur d’Élodie, libraire de Fil en page:
Au chevet de son père mourant, Julien se remémore son enfance aux côtés de cet homme qui l’a élevé seul après le départ de sa femme. Un homme bourru et taiseux mais aussi passionné par son métier, qui lui a transmis son goût pour la bonne cuisine et le partage, même s’il s’est toujours opposé à ce que son fils suive ses traces.
Un récit plein de tendresse sur la relation père-fils et la transmission d’une passion.
C’est aussi une ode à la gastronomie qui met l’eau à la bouche!