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L'Afrique en 100 questions de Stephen Smith & Jean de la Guerivière - Tallandier

Émetteur du verbatim: François C.

L'Afrique en 100 questions ; 2.5 milliards de voisins en 2050L’AFRIQUE DES ORIGINES

L’Afrique est-elle le berceau de l’humanité ? L’Afrique est la terre natale de l’Homo sapiens, l’espèce humaine qui y est apparue il y a 200 000 ans et qui est sortie du continent pour se répandre à travers le monde, il y a environ 70 000 ans.

Quel est le passé géologique du continent ? Sur le plan géologique, la partie la plus intéressante du continent est le Rift est-africain, une fracture longue de 2900 km et d’une largeur qui varie entre 60 et 100 km. Elle s’étend de l’Ethiopie jusqu’au Mozambique en une succession de hauts plateaux, de dépressions, de lacs et de volcans.

Quelles sont les plus anciennes civilisations africaines ? Celle de l’Egypte antique (trois millénaires) est la mieux documentée. A son apogée, au IIème siècle avant J.-C., le royaume d’Aksoum s’étendait jusqu’en Arabie et au Yémen, constituant ce que nous appellerions aujourd’hui une puissance mondiale, avec l’Empire romain, la Perse et la Chine.

Ne vaudrait-il pas mieux parler « des Afriques » ? La diversité de l’Afrique se décline selon des registres si variés -étatique, linguistique, ethnique, religieux, socio-économique…- qu’aucune monographie ne saurait prétendre en faire le tour. Notons que l’Afrique compte 54 Etats…plus de 3 000 groupes ethniques…et autour de 2 000 langues parlées.

Qu’ont tous les Africains en commun ? Stricto sensu, l’adjectif « africain » ne renvoie qu’à une réalité géographique, un accident tectonique comme il y en eut d’autres ayant produit l’Europe, l’Asie ou l’Amérique…Cependant, « africain » est aussi un terme de mobilisation collective…En ce sens, le mot est peut-être d’autant plus courant et efficace qu’il est flou et protéiforme.

Les « migrations bantoues » ont-elles changé la face du continent ? A partie d’un foyer d’origine, situé dans le nord-ouest de l’actuel Cameroun, les bantouphones -trois millénaires avant notre ère- ont progressivement occupé une large partie de l’Afrique au sud du Sahara.

Pourquoi l’Afrique subsaharienne est-elle restée relativement isolée pendant longtemps ? Trois obstacles majeurs ont longtemps rendu les échanges avec l’Afrique relativement difficiles : 1. Le désert du Sahara ; 2. L’invention du bateau à voile qui a permis, à partir de 1440, de fréquenter les côtes ouest-africaines : 3. Vaincre le paludisme, « tombeau de l’homme blanc ».

Qui étaient les premiers explorateurs européens ? Au XVème siècle, les Portugais règnent en maîtres sur les mers. Lancés eux aussi dans l’exploration du littoral africain, des Hollandais, bientôt rejoints par les huguenots français, sont les premiers à s’enfoncer à l’intérieur de ce qu’ils appellent l’Hottentotie (XVIIème siècle).

Combien d’Africains furent déportés du fait des traites négrières ? Environ 28 millions : nombre des Africains arrachés à leur continent entre le IXème et le XIXème siècle. Nombre d’africains déportés aux Amériques entre 1519 et 1867 : 11 millions. Nombre de déportés par les traites transsaharienne et orientale : 17 millions.

A quoi ressemblait l’Afrique précoloniale ? Les « siècles obscurs » mériteraient plutôt le nom de « siècles d’or »…L’Afrique de cet âge intermédiaire a connu de puissantes et prospères formations politiques…Elle a été l’actrice de l’exploitation de ses propres ressources, parmi lesquelles l’or tenait une place de choix.

Pourquoi l’exploration de l’Afrique a-t-elle tellement passionné l’Europe ? Théodore Mollien ; René Caillié ; Heinrich Barth ; Stanley ; Livingstone ; Savorgnan de Brazza…

Comment des Africains se sont-ils retrouvés dans des « zoos humains » ? L’affiche du musée du Quai Branly, qui leur a consacré une exposition en 2011, disait plus subtilement : « Exhibitions. L’invention du sauvage ».

COLONISATION ET DECOLONISATION

Quel était le but de la conférence de Berlin en 1885 ? En somme, et sans juger de la sincérité de leur « mission civilisatrice », les puissances européennes édictaient des règles de compétition entre elles et cherchaient à éviter que leur rivalité en Afrique ne provoque de guerres. A leurs yeux, du moins jusqu’à preuve du contraire, ce continent périphérique à la marche du monde ne justifiait pas un conflit armé.

Comment l’Afrique a-t-elle été colonisée ? Sur le plan collectif, leur mainmise sur l’Afrique compensait souvent une faiblesse : la perte de l’Amérique dans le cas britannique, l’annexion par l’Allemagne de l’Alsace et de la Lorraine après la guerre de 1870-1871 dans le cas français, sans parler des « petites » puissances européennes, comme le Portugal et la Belgique.

Tous les régimes coloniaux se ressemblaient-ils ? En vertu de cette feuille de route (L’indirect rule), le Colonial Office, à Londres, laissait ses agents œuvrer avec empirisme pour le plus grand bien du commerce britannique. (France) Le ministre des Colonies était le chef hiérarchique d’une administration spécialisée mais calquée sur celle de la métropole.

Que s’est-il passé à Fachoda pour en faire un « complexe » ? Kitchener est très correct avec son adversaire Marchand (1898). Cependant, les passions nationalistes s’enflamment en Europe…Les deux pays (Angleterre et France) sont au bord de la guerre.

Quelle a été la contribution de l’Afrique aux deux guerres mondiales ? La « force noire » a joué un rôle important dans les deux guerres mondiales, voire un rôle clé dans la libération de la France. Pendant la Grande Guerre, la France et le Grande-Bretagne ont massivement recruté dans leurs empires : 614 000 et 2,8 millions de soldats, respectivement.

Pourquoi l’entre-deux-guerres a-t-il été un « temps de bascule » ? Le continent -avec quelque 150 millions d’habitants dans les années 1930- entame alors la plus fulgurante croissance dans l’histoire humaine : il passera à environ 300 millions d’habitants en 1960, l’année des indépendances, et aura de nouveau doublé sa population en 1990 avant d’entrer dans le XXIème siècle comme « milliardaire géographique ».

Dans quelles conditions l’Afrique a-t-elle accédé à l’indépendance ? (1960) Pour le meilleur et pour le pire, l’indépendance de l’Afrique interviendra ainsi dans les conditions très particulières de la guerre froide. Si les jeunes Etats africains peuvent tirer avantage de l’ordre géopolitique bipolaire en négociant au mieux leur soutien au « bloc de l’Est » ou au « monde libre », ils sont en même temps minés par la rivalité des grandes puissances.

La décolonisation française se résume-t-elle à « l’indépendance du drapeau » ? Cependant, s’il est incontestable que la décolonisation française revint largement à « partir pour mieux rester », selon sa devise officieuse, la thèse du néocolonialisme français fait l’impasse sur la capacité africaine à codéterminer son destin.

Pourquoi le Portugal s’est-il accroché à ses colonies jusqu’en 1975 ? Dès septembre 1974, le Portugal révolutionnaire reconnaît l’indépendance de la Guinée-Bissau que le PAIVG a unilatéralement proclamée un an plus tôt. Puis, en 1975, Lisbonne accorde la souveraineté internationale au Cap-Vert, à l’Angola et au Mozambique. Quelque 700 000 retornados -rapatriés d’outre-mer- regagnent alors le Portugal.

La colonisation était-elle un crime contre l’humanité ? Ce crime, parmi bien d’autres imputables à plusieurs nations européennes, est répertorié dans Le livre noir du colonialisme. XVIème-XXIème siècle : de l’extermination à la repentance (Coordinateur de cet ouvrage collectif : Marc Ferro).

L’AFRIQUE INDEPENDANTE

Pourquoi l’Afrique a-t-elle accepté les frontières héritées de la colonisation ? Les 83 500 km de frontières terrestres que compte l’Afrique ont été tracés pour plus de 70% par les colonisateurs, entre 1885 et 1909. Plus que de l’arbitraire de ses frontières, l’Afrique souffre des longs délais imposés à ses points de passage. D’où un commerce régional représentant seulement le dixième du commerce total, si l’on ne prend pas en compte l’économie informelle.

L’apartheid était-il le « stade suprême du colonialisme » ? L’apartheid en Afrique du Sud peut paraître la forme jusqu’au-boutiste de l’ordre colonial, notamment du fait de sa hiérarchisation des « races supérieures » et « inférieures », de sa ségrégation résidentielle entre la ville blanche et des cités indigènes…sans parler d’une sorte de droit naturel à l’exploitation économique des premiers sur les derniers.

La guerre froide a-t-elle nui ou bénéficié à l’Afrique ? (Guerre froide entre 1945 et 1989) L’Afrique a payé le prix de cet affrontement géopolitique (« monde libre » vs « bloc de l’Est ») par pions interposés. Mais elle a aussi pu instrumentaliser les superpuissances en s’inscrivant dans la bipolarité Est-Ouest comme alliés des Soviétiques ou, pour la plupart des Etats africains, comme alliés des Occidentaux, sinon en « non-alignés » plus ou moins crédibles. Si bien qu’il n’est pas aisé de déterminer qui, dans le jeu à somme nulle de la guerre froide, a été gagnant ou perdant.

L’aide au développement a-t-elle été efficace en Afrique ? Principaux bénéficiaires de l’aide publique, les gouvernements africains sont régulièrement mis en cause : hier, ils l’ont été pour les « éléphants blancs », ces projets surdimensionnés sans rentabilité qu’ils firent construire ; aujourd’hui, ils le sont pour leur accusation de jouer le rôle de garde-frontières de l’Europe ; et de tout temps on leur a reproché de détourner ou de gaspiller l’APD.

Le « vent de l’Est » a-t-il apporté la démocratie en Afrique ? Sept mois après la chute du mur de Berlin, pour la première fois depuis les indépendances, un président français parle de démocratie en Afrique et, en particulier, dans les anciennes colonies restées sous la tutelle de son pays pendant la guerre froide…Une prime à la démocratie remplace ainsi la prime à la stabilité que Paris avait accordée, du temps de la guerre froide, à « ses » hommes forts au pouvoir en Afrique.

Comment le régime d’apartheid est-il tombé ? La conjugaison de six facteurs aboutit à la fin de l’apartheid sans bain de sang : la décolonisation de l’Afrique subsaharienne ; la lutte des mouvements anti-apartheid en Afrique du Sud ; des sanctions internationales ; la fin de la guerre froide ; des leaders sud-africains hors pair ; enfin, en basse continue, une démographie qui rend intenable la domination d’une minorité blanche toujours plus minoritaire et, de surcroît, divisée.

Pourquoi tant de guerres civiles dans les années 1990 ? Au cours de la décennie 1990, 24 des 54 Etats africains connaîtront une guerre, la plupart du temps une guerre civile -de l’Algérie et de ses années de plomb à la RDC, dont la partie orientale devient une terre à butins, en passant par le Libéria, la Sierra Leone ou la Somalie. Trois hypothèses explicatives : 1. Le réveil de vieilles haines ; 2. La rapacité de warlords qui guerroient pour le contrôle des matières premières contre des Etats trop faibles pour défendre leur monopole de la violence légitime ; 3. La croissance démographique combinée avec le bradage des stocks soviétiques de kalachnikovs (l’enfant soldat devenu la désolante icône des années 1990 en Afrique).

Qu’a été, ou qu’est toujours le Françafrique ? Tour à tour laudateur et péjoratif, le terme marque ainsi le début en fanfare et la fin dans l’opprobre de… » L’Etat franco-africain » issu d’une décolonisation inachevée. L’Etat franco-africain est mort. Les multiples accords de coopération civile et militaire, qui constituaient sa base légale, ont été dénoncés ou sont devenus, de facto, caducs.

Quels sont les enjeux d’une nouvelle politique africaine de la France ? La volonté politique d’assainissement fait naufrage sur le problème qu’est la relève de la France en Afrique : celle-ci est prise, ou n’est pas prise, mais toujours au détriment de Paris. La France est ainsi blâmée qu’elle s’arroge un magistère démocratique ou qu’elle manque de défendre les droits de l’homme, qu’elle agisse ou qu’elle n’agisse pas. Elle est aujourd’hui l’anti-Chine. Pour elle, l’Afrique est une proposition « lose-lose ».

LA POLITIQUE

Quel est aujourd’hui le poids des chefferies traditionnelles ? En particulier au sein des communautés rurales, le rôle des chef traditionnels demeure souvent important dans la vie quotidienne des populations. Cependant, sur le plan juridique et institutionnel, il n’est ni reconnu ni concilié avec les attributions de l’Etat moderne, hérité de la colonisation.

L’Afrique est-elle affligée du syndrome des « hommes forts » ? Le droit d’aînesse et le patriarcat traditionnel sont également invoqués pour expliquer la gérontocratie en Afrique. Nulle part ailleurs dans le monde, la différence entre la moyenne d’âge des gouvernés et celle des gouvernants n’est aussi grande : cette différence est de 43 ans en Afrique, contre 32 en Amérique latine, 30 ans en Asie et 16 ans en Europe et en Amérique du Nord.

L’Etat moderne en Afrique est-il « failli » ? Ces Etats ressemblent à des pavillons de complaisance sur la scène internationale…Ils n’existent que grâce à leur reconnaissance par la communauté internationale. Ils dépendent de l’aide extérieure et de la souveraineté que leur confère l’attribution d’une capacité étatique, dans leur cas, purement théorique.

Pourquoi tant de corruption ? La corruption en Afrique, pourtant omniprésente, est longtemps restée sous-étudiée…D’autant que la corruption pénalise surtout les Africains démunis -un pauvre a deux fois plus de risque de se faire extorquer de l’argent qu’un riche.

Quel est le rôle de la franc-maçonnerie ? Très prisée par les dirigeants africains, la franc-maçonnerie a pour rival l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC)…La Conférence épiscopale du Cameroun l’a condamné en juillet 2019 en le mettant sur le même plan que la sorcellerie.

L’Afrique est-elle acquise à la démocratie ? Selon l’institut de sondage Afrobarometer, une grande majorité des habitants du continent -68%- sont « en principe » acquis à la démocratie, mais seulement 16% des interrogés se déclarent « démocrates convaincus », prêts à agir pour enrayer la régression démocratique dans leur pays, sans se contenter de la déplorer.

Quels sont les obstacles à une « démocratie durable » ? Toutefois, le principal handicap démocratique de l’Afrique subsaharienne est sa forte croissance démographique en conjonction avec le traditionnel droit d’aînesse ou principe de séniorité qui confère aux vieux -surtout aux hommes- une prime d’autorité du seul fait de leur âge et, donc, un droit de cité plus conséquent que celui des jeunes (et, souvent, des femmes).

Comment expliquer le génocide au Rwanda ? La mort en cent jours de quelque 800 000 Rwandais, dans leur grande majorité des Tutsis, n’était pas une fatalité. Comprendre le génocide rwandais comme un enchaînement de décisions prises et d’actes posés par les parties locales en conflit et, au titre de sa non-assistance à population en danger, par la communauté internationale.

La nouvelle Afrique du Sud tient-elle la promesse d’une « nation arc-en-ciel » ? Depuis 1994, au moins 1,6 million de Sud-Africains, dont une grande majorité de Blancs, ont émigré…Ils ont tourné le dos au pays de l’apartheid économique, le plus inégalitaire du monde. En 2019, les 10% des Sud-Africains les plus fortunés, aujourd’hui des Blancs et des Noirs, concentraient entre leurs mains 93% de la richesse su pays, contre 7% pour les neuf dixièmes de la population.

Le panafricanisme devient-il une réalité ? Mais l’existence d’un vrai marché commun en Afrique présuppose la libre circulation des personnes. On en était loin en 2016 (besoin de 38 visas pour se déplacer sur le continent avec un passeport nigérian).

Pourquoi les coups d’Etat en Afrique sont-ils si nombreux ? Les Etats africains à n’avoir jamais connu de coup de force se comptent sur les doigts d’une main…Le mythe de l’armée comme arbitre impartial, force d’ordre et garant de l’unité nationale s’est singulièrement émoussé en Afrique. Son taux de réussite devrait rester orienté à la baisse malgré des rechutes comme au Mali.

Est-il vrai qu’il y a plus de guerres et de massacres en Afrique qu’ailleurs ? A l’évidence, plus il y a de frontières, plus grande est la probabilité de conflits frontaliers ; et le ratio « nombre de guerres par tête d’habitant » permet des comparaisons plus objectives.

Quels sont les principaux mouvements djihadistes en Afrique ? AQMI Al-Qaïda au Maghreb islamique. GSPC Groupe salafiste pour la prédication et le combat. MUJAO Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest.

LA SOCIETE

Les langues coloniales restent-elles importantes ? La coupure entre le peuple et une élite arrachée à la langue héritée de la colonisation pour tenir son rang dans sa société et sa place dans la mondialisation, entre le pays officiel et le pays réel, est problématique.

L’Afrique est-elle l’avenir de la francophonie ? Le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde après le chinois, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Si elle le reste, ce sera grâce à l’Afrique noire en pleine croissance démographique.

Quelles sont aujourd’hui les grandes inégalités en Afrique ? De nouvelles formes d’esclavage tels le trafic de jeunes femmes comme prostituées ou le travail d’enfants dans les plantations agricoles. Autre inégalité taboue : les castes au sein d’une dizaine d’ethnies dans le Sahel. L’inégalité peut-être désormais la plus structurante, celle des revenus, est insuffisamment prise en compte. Pourtant, parmi les dix pays les plus inégalitaires au monde, sept sont des pays africains. L’immense majorité de la population, en Afrique de l’Ouest, se voit privée des éléments les plus essentiels à une vie digne, tels qu’une éducation de qualité, des soins de santé et un emploi décent.

Quel rôle jouent encore les croyances traditionnelles ? Si bien qu’on en revient souvent au résumé du « fond religieux africain » que l’ethnologue français Marcel Griaule a caractérisé, au début du XXème siècle, comme un « système de relations entre le monde visible des hommes et le monde invisible régi par un Créateur, en général bienveillant, et des puissances qui, sous des noms divers et tout en étant des manifestations de ce Dieu unique, sont spécialisées dans des fonctions de toutes sortes »- une référence aux ancêtres, génies et, plus largement, aux esprits dont l’intermédiation crée la trame et la chaîne de l’univers.

Quelle est la place des grandes religions monothéistes ? L’islam et le christianisme sont à égalité en nombre de fidèles en Afrique, prise dans sa totalité, chacun avec environ 45% de la population…On ne tient pas compte de leur acculturation, côté musulman, à travers des confréries maraboutiques et, côté chrétien, des églises indépendantes africaines, i.e. les nombreux cultes nés du mélange -fait de reprise et de rejet- entre des liturgies chrétiennes et des pratiques religieuses locales. Cette terra incognita n’est quasiment connue que de ses adeptes.

L’Afrique est-elle la terre bénie du prosélytisme religieux ? Oui, pour deux raisons majeures. D’abord, compte tenu de la démographie de l’Afrique, toutes les confessions y sont gagnantes en chiffres absolus. Ensuite, les religions y trouvent un meilleur terreau que dans des pays occidentaux gagnés par l’agnosticisme, au point qu’elles structurent encore profondément les sociétés.

Outre la Covid-19, quels sont les grands défis pour la santé publique ? En Afrique, les grands tueurs reconnus sont le sida, le paludisme, la tuberculose et les hépatites virales. L’urbanisation de l’Afrique à une vitesse sans précédent dans l’histoire humaine aggrave les risques de diarrhées virales et de fièvres typhoïdes. « Produits médicaux de qualité inférieure », tel est l’euphémisme de l’OMS au sujet des pilules, comprimés et sachets douteux qui arrivent clandestinement par bateau en Afrique, ou qui y sont exportés légalement parce que les normes africaines restent moins sévères que sur le marché intérieur des pays fabricants.

Les tradipraticiens et la médecine occidentale rivalisent-ils ou cohabitent-ils ? Le tradipraticien soigne avec des plantes et, parfois, des substances animales ou minérales…Quelque 80% des Africains s’adressent aux tradipraticiens, selon l’OMS. L’obstacle à la médecine moderne vient moins des tradipraticiens que de rumeurs conspirationnistes.

Y a-t-il des politiques de contrôle des naissances ? La réponse à cette question est clairement négative si elle concerne l’action des gouvernements subsahariens depuis les indépendances. En Afrique subsaharienne, le taux de fécondité est actuellement de 5,2 enfants par femme. L’emploi de moyens modernes de contraception n’y atteint pas 20% (par rapport à plus de 70% en Asie). En Afrique de l’Ouest, 40% des jeunes filles sont mariées avant 15 ans.

L’Afrique gagne-t-elle la bataille de l’éducation ? La population, en raison de sa rapide croissance, sera encore pendant plusieurs générations la moins bien formée du monde. Les universités africaines sont peu nombreuses, surpeuplées et mal équipées…Il faut ajouter à ce tableau déjà sombre une pénurie d’enseignants à tous les niveaux. Au sud du Sahara, ceux qui en ont les moyens envoient leurs enfants faire leurs études à l’étranger : dans un pays voisin un peu mieux loti, sinon au Maroc, en Europe ou en Amérique du Nord.

Quels sont les sports les plus populaires en Afrique ? Le foot africain en est désormais à sa troisième génération de rayonnement international. Le basketball. Au total, en 2019, tous les records du monde en 5000, 10 000 et 20 000 mètres masculins et féminins, ainsi que ceux du marathon féminin et masculin, étaient détenus par des Ethiopiens et des Kenyans.

L’Afrique urbaine et l’Afrique rurale sont-elles deux mondes séparés ? Oui, toujours, mais de moins en moins. Car le tissu urbain en Afrique ne cesse de se distendre alors que le monde rural n’y est plus un monde à part du fait qu’il se trouve en conversation constante avec les citadins, grâce à la téléphonie mobile. En raison de l’exode rural, les villes croissent bien plus vite que la population dans son ensemble…Aujourd’hui, une quarantaine de villes subsahariennes comptent un million, voire plusieurs millions d’habitants.

Qu’en est-il aujourd’hui de l’égalité des sexes ? La liste des inégalités est longue et engage aussi la responsabilité des bailleurs de fonds, pourtant les champions déclarés de la cause des femmes en Afrique. Or, ils n’ont jamais mobilisé des financements comparables à ceux consacrés à la lutte contre le sida pour la lutte contre la mortalité maternelle. Pourtant, le risque de mourir en couches reste 500 fois plus élevé au sud du Sahara qu’en Europe de l’Ouest.

L’Afrique est-elle homophobe ? 38 sur 54 des Etats africains criminalisent les relations homosexuelles. Ils les punissent de peines allant de trois mois à deux ans de prison au Burundi et jusqu’à quatorze ans au Kenya et en Angola. Mais d’un bout à l’autre du continent, le jugement porté sur l’homosexualité est devenu un marqueur politique : pour ou contre le pouvoir en place, pour ou contre l’Occident, une certaine forme de modernité ou de tradition.

Quelles sont les principales communautés étrangères en Afrique subsaharienne ? 140 000 Français au sud du Sahara. 900 000 Portugais établis surtout en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud. Présents dans de nombreux pays, tant anglophones que francophones, les Libanais seraient aujourd’hui en Afrique entre 400 000 et 500 000. Aujourd’hui, il y a environ 1,3 million d’Indiens en Afrique du Sud…Ils seraient au total 2,77 millions à l’échelle du continent. Les Chinois seraient aujourd’hui près d’un million en Afrique.

L’Internet et la téléphonie mobile révolutionnent-ils la vie quotidienne ? La proportion des smartphones monte en flèche, de 3% en 2010 à 37% en 2018 (et, selon les prévisions, à 66% en 2025). Malgré toute une série de bémols, la téléphonie mobile et l’Internet changent la face du continent de mille façons. Statistiquement, l’usager africain consacre désormais 10% de ses revenus à la téléphonie, ce qui correspondrait en France à une facture mensuelle de plus de 200 euros.

L’Afrique est-elle devenue une plaque tournante du trafic international de drogues ? La Guinée-Bissau est le premier narco-Etat africain. C’est seulement dans les années 1990 que le trafic de drogues dures a explosé en Afrique. L’Afrique de l’Est est alors devenue le principal carrefour pour le transit de l’héroïne en provenance d’Afghanistan et du Pakistan, et l’Afrique de l’Ouest pour le trafic de la cocaïne venant de l’Amérique du Sud.

L’ECONOMIE

Pourquoi l’Afrique est-elle le continent le plus pauvre du monde ? Il s’agit de deux points de vue poussés à l’extrême mais, en vérité, complémentaires. L’un s’enferme dans une vision de l’Histoire réduite à une martyrologie avec des Africains en éternelles victimes. L‘autre reconnaît à ceux-ci leur capacité à agir et, donc, à peser sur leur destin mais seulement pour mieux leur faire porter la responsabilité de leur sort.

L’Afrique est-elle maintenue dans la dépendance économique ? La théorie de l’échange inégal…réapparaît périodiquement dans quelques domaines bien concrets tels que la soumission de l’Afrique aux injonctions des institutions de Bretton Woods (la Banque mondiale et le FMI), son appartenance à des zones monétaires étrangères, sa domination par des multinationales.

Quel est l’état des infrastructures ? Pour pouvoir satisfaire les besoins grandissants en infrastructures -sans compter les écoles, universités, hôpitaux et logements à construire-, il faudrait actuellement investir environ 160 milliards de dollars par an…Le pari semble perdu d’avance mais la marge par laquelle il sera manqué fera toute la différence pour les prochaines générations d’Africains.

Pourquoi l’électrification est-elle un si grand problème ? Le continent…que les barrages, les parcs solaires et les éoliennes dotent potentiellement de toute l’énergie électrique nécessaire à son développement, reste handicapé par l’immensité des territoires à couvrir d’infrastructures pour transporter et distribuer cette énergie.

Que faut-il entendre par « économie informelle » ? Est informel tout ce qui échappe à la régulation et à l’imposition mais contribue au PIB d’un pays…Ce n’est pas pour autant la jungle…Toutefois, le lien civique et le droit de regard sur les affaires de la cité, qui passent par l’argent du contribuable et sa bonne ou mauvaise gestion par l’Etat, font les frais de cette « socialisation » de l’économie.

Pourquoi l’Afrique subit-elle des crises de surendettement à répétition ? En 2010, le service de cette dette des 39 Etats bénéficiaires (Pays pauvres très endettés) avait ainsi été ramené à moins de 5% de leurs exportations de biens et de services. Or, à la fin de 2019, il était revenu à 32,4% -et cette moyenne pour toute l’Afrique subsaharienne masque des disparités flagrantes. L’Afrique subsaharienne est rentrée dans la nuit du surendettement.

Pourquoi, avec un sous-sol aussi riche, l’Afrique n’est-elle pas sortie de la pauvreté ? La richesse du sous-sol coexiste avec la misère sur terre, surtout quand elle nourrit des convoitises. La corrélation entre un Etat rentier vivant de son pétrole et l’accroissement de la pauvreté est solidement établie. Depuis les indépendances des années 1960, les pays africains dépourvus de gisements d’hydrocarbures ont augmenté leur PIB par tête d’habitant plus de deux fois plus vite que ceux exportateurs de pétrole et de gaz.

L’Afrique a-t-elle atteint l’autosuffisance alimentaire ? Non, et elle n’est pas près d’y parvenir. L’Afrique représente près de 16% de la population mondiale, dispose de 24% des terres arables sur la planète, voire d’environ 60% des terres cultivables pas encore mises en exploitation, mais ne génère que 9% des produits agricoles.

Y a-t-il des pôles de développement en Afrique, des modèles pour le reste du continent ? Ce n’est pas pour dire qu’il n’y ait pas de bons exemples à suivre sur le continent. Seulement, avant d’ériger un pays en modèle, quelques garde-fous doivent être installés pour délimiter le périmètre de sa validité exemplaire (exemples de l’île Maurice et du Botswana).

L’intégration économique et l’intensification des échanges intra-africains sont-elles l’avenir ? Ce que les économies du continent peuvent faire ensemble n’est pas évident. En l’absence d’industries de transformation, se renvoyer des matières premières ne crée pas de la valeur ajoutée. Sauf exception -le Rwanda, le Sénégal et le Soudan-, la diversification des économies africaines a stagné depuis 1990, voire reculé en Afrique du Sud. L’intégration régionale et continentale va être d’autant plus difficile.

Le tourisme est-il un atout pour l’Afrique ? Mais la rencontre touristique reste à inventer en Afrique, du moins à grande échelle. Jusqu’à présent, la plupart des touristes viennent pour la faune, la flore ou le folklore local, au sens large, et les Africains leur rendent bien cette cote mal taillée entre indifférence et préjugés.

Quelles sont les principales menaces pour la faune et la flore africaines ? Plusieurs exemples illustrant la mise en danger de la faune et de la flore africaines -les deux menaces étant souvent liées.

Quelles sont les causes du « stress écologique » en Afrique ? D’ores et déjà, l’Afrique est le continent le plus exposé aux dangers, et non pas seulement pour ce qui est du réchauffement climatique. Les pays riverains du golfe de Guinée se trouvent aussi en première ligne pour subir les effets de la montée des eaux.

LA CULTURE

Quelle était la fonction des objets d’art en Afrique ? Aujourd’hui, une dichotomie plus théorique oppose une interprétation formaliste, qui fait des objets cultuels africains des œuvres d’art à part entière, à une interprétation fonctionnaliste, qui ne les différencie guère de simples objets ethnologiques.

Faut-il restituer son patrimoine artistique à l’Afrique ? Sur les 98 000 objets d’Afrique contenus dans les collections publiques françaises, 70 000 se trouvent quai Branly. Chiffre à comparer avec les 69 000 du British Museum et les 180 000 du musée royal de l’Afrique centrale, près de Bruxelles, rebaptisé AfricaMuseum en 2018.

Comment la tradition orale a-t-elle inspiré les débuts de la littérature africaine ? « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». « L’incendie d’un fonds culturel non exploité » : la disparition des conteurs de la tradition orale africaine. Ce fonds n’a été que très partiellement fixé par l’imprimerie mais il imprègne la production littéraire des Africains, du moins à ses débuts.

Quel est l’état actuel de l’édition et de la littérature africaines ? C’est comme si, en passant par Paris et Londres, la littérature africaine avait quitté son continent en réussissant partout, sauf chez elle.

Quels sont les écrivains non africains qui doivent leur renom au continent ? Céline ; Romain Gary ; Karen Blixen ; Ernest Hemingway ; Jean Christophe Rufin ; Antonio Lobo Antunes ; Joseph Kessel ; Doris Lessing…

Quelle est l’importance des arts de la scène en Afrique ? Aujourd’hui, les artistes circulent davantage en gardant, pour la plupart d’entre eux, leur pied d’appui en Afrique.

Quelle image de l’Afrique a véhiculée Hollywood, de Tarzan à Black Panther ? Hollywood part de ce que son public croit savoir de l’Afrique pour lui vendre une distraction -de l’entertainment- sans exigence éducative, certes, mais aussi sans mépris qui pourrait choquer. Au fil du temps, l’Afrique subsaharienne a ainsi cessé d’être cet ailleurs radicalement différent, exotique et souvent inquiétant. Elle est aujourd’hui représentée, de façon moins uniforme, en accord avec les idées contradictoires que le reste du monde se fait d’elle.

Le cinéma africain est-il parvenu à « décoloniser » le regard sur le continent ? Autant dire que la décolonisation du cinéma africain est largement acquise. Pour l’indépendance, c’est moins sûr.

Comment s’explique le succès de Nollywood, l’usine à rêves nigériane ? L’usine à rêves du Nigeria produit désormais, bon an mal an, quelque 1500 nouveaux titres. Elle a ses stars, immensément populaires, mais guère d’autres prétentions artistiques que le « métier bien fait ».

Quel est l’apport africain à la peinture moderne et à la photo ? Des photographes africains figurent maintenant au catalogue de grandes maisons de vente aux enchères.

Quelles sont les grandes tendances de la musique africaine contemporaine ? La tendance commune des musiques d’Afrique étant depuis le milieu du XXème siècle leur ouverture sur l’extérieur -d’abord à l’échelle régionale, puis à celle du continent et, enfin, à l’échelle mondiale-, le meilleur repérage consiste-t-il à retracer les étapes de ce voyage vers de nouveaux publics en y associant les noms d’artistes pionniers.

Existe-t-il une cuisine typiquement africaine ? Il n’y a pas plus de cuisine « africaine » que de cuisine « européenne », eu égard à la variété des mets et à la différence des traditions culinaires sur les deux continents. En revanche, les multiples cuisines africaines ont en commun d’avoir été d’abord conçues pour une consommation collective, sans « parts » individuelles à l’européenne.

Comment la télévision par satellite et le numérique ont-ils changé le paysage audiovisuel africain ? Désormais, la concurrence sur le marché africain est féroce. Il n’y a pas seulement les grandes chaînes d’information internationales…Il y a aussi la Chine, qui a fait de l’Afrique et de ses 1,3 milliards d’habitants la nouvelle frontière de sa géopolitique audiovisuelle.

Qui sont les grands stylistes de la mode africaine ? La plupart des stylistes du continent puisent librement dans des motifs, coupes et formes qui sont « africains » au même titre que, par exemple, la mode « japonaise » l’est en puisant dans sa propre symbolique. Dans les deux cas, cela n’empêche ni des inspirations contemporaines, voire futuristes, ni des moyens de fabrication modernes.

GEOPOLITIQUE

Les anciennes puissances coloniales restent-elles influentes ? Les ex-métropoles continuent-elles de damer le pion aux autres puissances en Afrique et de dicter leur loi au continent ? Sans doute pas. Car même l’ex-métropole la plus engagée au sud du Sahara, la France, est aujourd’hui distancée par la Chine et les Etats-Unis comme partenaire commercial de l’Afrique et son intervention au Mali ne fait peut-être que confirmer son impuissance face aux grands enjeux subsahariens. Au point de nourrir l’idée que la Françafrique se serait muée en une « AfricaFrance » où les dirigeants du continent seraient les maîtres du jeu.

Quels sont les intérêts américains en Afrique ? Relativement peu engagés dans la lutte antiterroriste en Afrique, les Etats-Unis ne sont pas près, non plus, de relever le défi que leur lance la Chine sur le continent – au plan commercial ou en matière d’investissements, notamment dans des infrastructures- pour favoriser l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale.

Comment la Chine est-elle devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique ? La Chine a réussi à faire de l’Afrique son « deuxième continent » en investissant d’abord dans des pays riches en ressources pétrolières et minières, comme le Nigeria, l’Angola ou la Zambie. En exportant ensuite son modèle des zones économiques spéciales, par exemple en Ethiopie et en Sierra Leone. En se dotant, enfin, d’un dispositif bancaire capable de border son implantation en Afrique, à travers la China Development Bank et l’Exim Bank. Aujourd’hui, quelque 10 000 entreprises chinoises sont implantées en Afrique et elles concourent à environ 12% de la production industrielle du continent.

Face aux Occidentaux, la Chine constitue-t-elle une alternative pour l’Afrique ? Mais au fil du temps, la Chine en Afrique s’est banalisée, des frictions entre ses ressortissants et des Africains se sont multipliées et, de manière générale, le clair-obscur de son action a diminué le contraste par rapport à d’autres intervenants extérieurs sur le continent.

L’Union européenne a-t-elle une politique africaine ? Engagée dans plusieurs opérations militaires pour un retour à la stabilité au sud du Sahara, l’UE est surtout devenue l’instrument de ses pays membres pour mieux sécuriser et, de fait, externaliser leurs frontières afin de freiner l’afflux migratoire en provenance de l’Afrique.

L’Afrique et les autres pays du « Sud global », l’ex-tiers-monde, sont-ils solidaires ? Bien qu’elle se pare volontiers de solidarité tiers-mondiste, la coopération économique Sud-Sud échappe rarement à la logique comptable des affaires. La percée des nouveaux acteurs sur la scène africaine depuis la fin de la guerre froide, tels le Brésil, la Turquie ou les pays du Golfe, est commerciale avant d’être charitable.

Quel est le bilan des opérations de maintien de la paix en Afrique ? Depuis 1960, les Nations Unies ont monté une soixantaine d’opérations soit de maintien soit d’imposition de la paix…Plus de la moitié de ces opérations ont été déployées en Afrique…Ces opérations ont aussi été les plus lourdes, les plus coûteuses et les plus meurtrières.

L’Afrique est-elle la cible privilégiée de la justice internationale ? Il est vrai que la première enquête de la CPI (Cour pénale internationale de La Haye) en dehors du continent africain n’a été ouverte qu’en janvier 2016 (crimes contre l’humanité perpétrés en Ossétie du Sud en août 2008). Mais il est vrai aussi que la plupart des poursuites engagées contre des prévenus africains l’ont été à la demande des autorités de leur propre pays.

Quel est le rôle des ONG et des grandes fondations en Afrique ? L’ »ONG-isation » de l’Afrique est un fait ; tout comme est un fait que le continent le plus pauvre est devenu le principal marché de la « philanthropie-risque » (venture philanthropy) pratiquée par de grandes fondations. Quelques constantes : la capacité opérationnelle et financière des organisations caritatives dépasse souvent celle des pouvoirs publics en Afrique ; leur rôle revendiqué de « témoin » contribue à façonner l’image du continent à l’extérieur ; l’un dans l’autre, la souveraineté des Etats africains -notamment leur souveraineté thérapeutique- s’en trouve affectée.

La France peut-elle gagner la guerre au Sahel ? Récemment, les violences déchaînées par ce populisme théocratique ont débordé du Mali au Burkina Faso et au Niger. Elles risquent de gagner toute la région…Si la régionalisation de la menace se confirmait, l’armée française devrait se battre dans un espace en expansion rapide. D’ores et déjà, à l’échelle du G5 Sahel, son théâtre d’opérations est quatre vingt fois grand comme la France métropolitaine.

Quelle est l’importance des migrations intra-africaines ? Pour le moment, la grande majorité des migrations africaines -70%- est intra-africaine. L’exode rural et l’urbanisation de l’Afrique -l’un comme l’autre sans précédent dans l’Histoire- sont les deux faces d’une même réalité migratoire.

Quelle est l’importance des migrations extra-africaines ? Cette proportion (quatre ou cinq ou six africains sur dix migrants en 2050) s’appliquera à un total qui, entre-temps, aura lui-même presque doublé. En effet, dans trente ans, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants, soit cinq fois plus que l’UE.

La France peut-elle tenir encore longtemps? d'Agnès Verdier-Molinie - Albin Michel

Émetteur du verbatim: François C.

 

La France peut-elle tenir encore longtemps ?Tout cela car gouvernements, Etat et administrations n’ont pas fait les réformes nécessaires ces dernières années.

Devrions-nous foncer dans le mur de la dette en chantant ?

Une autre voie est possible : désendettement en période de croissance en baissant les dépenses publiques, allongement de la durée du travail, baisse des impôts sur le capital et sur les entreprises pour de la croissance bénéficiant à tous.

1ère partie AUX PORTES DE L’ENFER

1. Le vrai secret : l’Agence France Trésor a notre avenir en main

Une montagne de dettes…En 1978, la dette représentait moins de 10% du PIB, en 2002 moins de 50%, en 2007, 64,5% du PIB avant de s’envoler progressivement pour atteindre 98,1% en 2019 et finalement 120% en 2020.

Avant la crise de 2008, l’Etat plaçait 90 milliards de dettes par an, 180 par an après la crise et maintenant plus de 300 milliards ! la France fait désormais partie des maillons faibles (Italie, Espagne, Grèce…). Qu’on le veuille ou non.

La dette de la France n’est déjà plus que AA. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, le Luxembourg sont toujours classés AAA.

2. BCE, la fuite en avant

Toutes les mesures prises par la BCE ces derniers mois ont pour vocation d’éviter qu’une banque italienne ne vienne entraîner la faillite de la zone euro. Derrière la façade lisse qui veut donner l’impression que l’on maîtrise le cours de l’histoire, c’est l’angoisse qui domine et le court terme qui dicte sa loi.

C’est la première fois que l’Europe émet de la dette…Un endettement qui pourrait à terme enclencher le divorce entre les pays du Nord et ceux du Sud. Tout cela à cause du laxisme des pays du Sud, largement passagers clandestins du nouvel Empire, faute de réformes structurelles suffisantes.

3. Les Français ont peur…de leur gouvernement

Plus la dette française monte, plus on comprend collectivement que nul ne sait où on va, plus les Français épargnent…Car chacun a peur de l’avenir et anticipe une hausse…des impôts.

4. Riche au-dessus de 3 470 euros par mois

Les 17 familles les plus riches représentent déjà, à elles seules, plus de 1,1 million de salariés. Imaginez combien d’emplois représentent les 379 000 foyers que constituent les 1% les plus riches !

5. Combien de milliards sous le tapis ?

Avant la crise de la Covid, nous étions déjà à 124% de dette et nous voguons aujourd’hui vers les 150% de dette publique !

Le chiffre officiel de la dette cache donc en fait un véritable trou noir. Si on fait l’addition, entre la dette et les engagements hors bilan de l’Etat, on est bien à 7000 milliards. C’est trois fois le PIB de la France mais, paraît-il, il ne faut pas le dire !

6.  L’enfer fiscal et sa litanie des 483 taxes

La France est championne du poids des impôts dans la richesse nationale mais elle est aussi championne du monde du nombre des impôts, taxes et cotisations. Il y a, en France, en 2019, 483 impôts, taxes et cotisations, dont 376 impôts et taxes et plus de 100 cotisations.

(« Elephant Man juridique ») En 20 ans, entre le Code général des impôts lui-même et ses annexes, on est passé de 463 314 mots à 967 927 mots, soit presque 1 million de mots, donc, pour réglementer notre fiscalité.

L’inflation de ce Code est moins visible que celle du Code du travail car le nombre d’articles est resté à peu près stable avec environ 2 400 articles quand le Code du travail est passé, lui, de 4 900 à 11 000 articles. Mais cette « stabilité » est un leurre. Les articles n’ont pas été augmentés en nombre mais se sont boursouflés de l’intérieur.

2ème partie DANS LE MUR…DE LA DETTE

1. Le prix à payer de la relance

C’est plus de 85 milliards que l’Etat a dépensés en plus avec la crise. Et cela va continuer en 2021.

En vérité, nos caisses sont vides et nous ne disposons d’aucune marge de manœuvre. A défaut de réformer et de viser une gestion saine des finances publiques, nos gouvernants préfèrent compter (comme d’habitude) sur la planche à billets.

2. Le mur de la dette

Nous entrons dans le club fermé des pays dont la dette dépasse les 100% du PIB, mais qui pour la plupart y sont déjà depuis longtemps : la Belgique (113,8%), l’Espagne (115,6%), l’Italie (158,9%), la Grèce (196,4%).

3. La drogue dure des déficits

Crise ou pas crise, la France a un déficit structurel qui frôle les 50 milliards par an.

Près de 912 milliards d’euros de dette pour le fonctionnement ont été accumulés entre 1995 et 2019 contre 689,6 milliards de dette pour l’investissement. Ce qui peut faire dire que si nous n’étions pas accros aux déficits pour financer les salaires publics, les frais de bouche et l’entretien des bâtiments, nous serions non pas à plus de 120% de dette aujourd’hui mais à 80%…Au même niveau que les Allemands.

4. Nos entreprises sont en danger

Depuis 2008, le taux d’endettement des entreprises françaises n’a pas cessé de progresser chez nous, passant de 117,5% à 143,2% du PIB. C’est près du triple du niveau observé chez nos vertueux voisins allemands (57,2%).

Sur le total des taxes, impôts et cotisations, on décompte 120 milliards d’impôts en plus par rapport à l’Allemagne ; nos entreprises croulent sous les prélèvements de toutes sortes.

La vague des faillites et des délocalisations est donc devant nous !

5. Comment font les autres ?

Première caractéristique récurrente chez nos voisins européens « vertueux » : la mise en place avant tout d’une gestion des finances publiques sans faille…Cela veut dire que l’Etat doit progressivement arrêter, comme il le fait actuellement, de « garantir » les autres administrations publiques par des recettes ou des subventions dédiées.

Anticiper le mur de la dette. On le sait, un mur de 599 milliards d’euros de refinancement va arriver d’ici à 2023 tandis que 706 autres milliards arriveront à échéance entre 2024 et 2030 – et ce, sans même tenir compte du financement des déficits publics liés à la crise actuelle.

3ème partie CE QUI NOUS PLOMBE

1. Les services publics ne sont pas à notre service

Une autorisation spéciale d’absence (ASA) difficile à arrêter.

L’école sans les profs…

Pendant ce temps-là, les obligations de sortie du territoire ne sont pas respectées.

Malgré tous les impôts que nous payons, nos services publics sont-ils toujours à notre service ? A l’évidence, non.

2. 84 milliards d’euros de trop

La France a un coût de production des services publics en parts de PIB qui est très élevé : 27% en 2018…quand la moyenne des pays européens (21 pays) est de 23,6%. L’écart est donc de 3,6 points de PIB, ce qui représente nos fameux 84 milliards d’euros…Ce surcoût de production de nos services publics montre à quel point nos n’avons pas transformé notre modèle public et combien nous sommes suradministrés.

En parallèle d’une sur-dépense, étonnamment, beaucoup de missions régaliennes se retrouvent sous-dotées ces dernières années : en particulier la sécurité intérieure (et sa police sous-équipée) ; la défense (et son armée aux matériels de plus en plus vétustes), le pénitentiaire (et ses prisons insalubres et surpeuplées) et la justice.

Avec nos 35 000 communes et 1258 intercommunalités, 101 départements, 18 régions, autant de préfectures que de départements et encore 233 sous-préfectures, on comprend que la France est le pays leader en termes de doublons.

Ce qui nous coûte cher en fonctionnement, c’est avant tout notre système de protection sociale (on compte près de 330 caisses différentes qui sont autant de guichets).

La santé est mal gérée, trop administrée, trop rigide, trop centralisée, les statuts trop corsetés…mais on continue en dépensant plus et mal, en opposant public et privé, médecine de ville et hôpital…

3. Les absurdités administratives nous tirent vers le bas

Alors que nos administrations ont montré leur manque d’agilité dans la crise sanitaire, on croit halluciner en considérant le nombre d’absurdités qu’elles inventent malgré la situation économique dramatique de la France.

Les patrons, forcément fraudeurs…Pour dénicher les fraudeurs, 50 000 contrôles ont été lancés pendant l’été 2020. Les inspecteurs du travail sont à la fête, ils ont pu contrôler tous azimuts ! Nombre d’heures, salaires gonflés, employés fictifs, soupçons de télétravail…

4. L’Etat numérique inexistant

La très lente numérisation à la française…On constate en pratique que le déploiement des outils numériques a été très inégal suivant les ministères.

Cette crise sanitaire est révélatrice du manque de maturité des solutions numériques proposées par la puissance publique. Un retard qu’il faudra d’urgence combler.

4ème partie SAUVONS L’ETAT MALGRE LUI

1. Sortir le Parlement de l’aveuglement

C’est maintenant qu’on aurait le plus besoin de parlementaires qui font leur travail d’évaluation des politiques publiques.

C’est le Parlement allemand qui tient de facto les cordons de sa bourse. Alors que chez nous, c’est clairement Bercy.

(Haut-Commissariat au plan) Le risque est grand qu’il s’agisse d’une administration de plus pour penser l’Etat à l’intérieur de l’Etat, et cela dans une France déjà suradministrée…Penser la France de 2030 sans mobiliser le Parlement pour la baisse des dépenses et des impôts et le contrôle de la dette n’a aucun sens.

2. Baisser enfin les impôts et les dépenses

. Libérer les entreprises (de leur boulet fiscal) ;

. Libérer le patrimoine (et les successions) ;

. Reculer l’âge de départ à la retraite (report de l’âge d’un quadrimestre par an pour tous à partir du 01/01/2021, soit 65 ans en 2028) ;

. Faire respecter les 35 heures dans la fonction publique (et réduire le nombre d’agents) ;

. Rationaliser le « pognon de dingue » des prestations sociales (plus de 200 aides et prestations différents, versées par 330 caisses différentes qui sont présentes sur le territoire via 5 000 guichets) ;

. Réduire le train de vie de l’Etat.

3. Réhabiliter le travail ?

Se rapprocher du modèle allemand impliquerait un changement complet de mentalité de nos syndicats qui ne devraient plus voir les employeurs comme l’ennemi à coincer, mais comme le partenaire principal pour créer des emplois.

Adoptons enfin le pragmatisme qui prime dans le reste de l’Europe ! Sauvons nos emplois, même si cela doit passer par un désaveu pour nos syndicats réfractaires.

4. Sauver ce qui reste de notre industrie

La crise sanitaire a mis en évidence notre dépendance stratégique dans des domaines essentiels de la santé comme les médicaments ou les dispositifs médicaux, mais aussi la fragilité de nos chaînes de production.

D’après l’Insee, de 1970 à 2016, la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a baissé dans la richesse nationale de 22,3 à 10,2%.

De 2,2 milliards en 2001, notre déficit commercial est passé à 68 milliards attendus en 2021.

Créer une usine en France ou le parcours du combattant.

Augmenter le temps de travail, baisser le nombre de jours de congé et de RTT, baisser les charges employeurs à tous les niveaux de rémunération, baisser les taxes de production pour une trentaine de milliards. Simplifier les autorisations pour créer des usines. C’est la seule manière de réindustrialiser.

5. Désendetter la France, c’est possible !

Nous sommes tombés en France dans notre propre piège : distribuer de l’argent gratuit tout en dévalorisant l’effort et le travail, tout en dégoûtant les entrepreneurs et les investisseurs.

Chez les pays frugaux (Danemark, Suède, Pays-Bas…), point de statut public.

Déléguer au privé.

Décentraliser, déléguer pour désendetter.

(France) Tout est fait pour dépenser plus et s’endetter plus. Suivons les bons exemples autour de nous : suppression du statut public, délégations de services publics, décentralisation, mise en concurrence et suppression des statuts, tout cela reposant sur la valeur « travail » (temps de travail annuel élevé, âge de départ à la retraite à 65 ans ou plus).

Conclusion

L’avancée gouvernementale en crabe, sans explication, sans pédagogie, assenant des milliards auxquels plus personne ne comprend rien tout en niant un quelconque danger sur la soutenabilité de la dette est devenue insupportable.

Les Français méritent la vérité : la dette est devenue infinançable et il va falloir travailler plus, réformer notre modèle social, dépenser moins pour éviter le naufrage. Nous ne pourrons pas éternellement tenir ce rythme d’emprunt à 1 milliard d’euros par jour. L’argent magique et gratuit n’existe pas. On finit toujours par payer la note. Et là, dans le piège de la dette, ce ne sera pas juste des impôts supplémentaires mais la misère et la ruine pour tous si nous ne réagissons pas très vite.

 

Dictionnaire humaniste et pacifiste de Théodore Monod - Arthaud Poche

Émetteur du verbatim: François C.

 

 

Dictionnaire humaniste et pacifiste« Pour mes frères les animaux victimes trop souvent de la stupidité et de la cruauté des hommes »

 

Je ne suis pas un aventurier, je suis un chercheur.

 

Naître dans une famille comme la mienne, être le fils de deux parents de grande culture, élevé de la façon dont j’ai été élevé, j’en suis très reconnaissant. C’est une chance incroyable.

 

Bien souvent, dans l’existence, vous découvrez que vous avez fait des choix fondamentaux…après les avoir faits. Ce n’est qu’au-delà de la bifurcation que vous découvrez que vous étiez à la croisée des chemins.

 

L’inventaire de la planète est loin d’être achevé…Il y en a pour des siècles.

 

« La tauromachie est l’art scélérat et vénal de torturer et de mettre à mort des animaux selon des règles, dans la légalité et en public. »

 

Croire, c’est nécessairement agir. La foi chrétienne…est d’abord une volonté d’agir pour faire advenir concrètement en ce monde le royaume de Dieu. Prière et action, lutte et contemplation : il faut tenir ensemble ces deux appels, en apparence contradictoires.

 

Dans le désert, le squelette de la Terre est directement visible. C’est un spectacle presque indécent, et vraiment émouvant. Qui exige un certain état d’esprit, une approche au ras du sol, humaine et intelligente.

 

Nous agissons avec la nature comme si elle était notre propriété. En réalité, c’est un capital dont nous sommes seulement usufruitiers, et que nous devons transmettre aux générations future.

 

« Croire quand même, espérer quand même, aimer quand même ».

 

L’Afrique est littéralement pourrie de vestiges préhistoriques et certains se demandent même depuis peu si elle n’aurait pas, contrairement à l’opinion courante, vu naître l’homme proprement dit.

 

La nature existait avant l’homme, elle existera après. Il faudra recommencer beaucoup de choses à zéro, mais la nature n’est pas pressée. Pour elle, 10, 50, 100 millions d’années, ce n’est rien du tout. Il faudra recommencer, et on recommencera. Il y aura des relais.

 

Je ne pense pas à mon temps, mais à l’origine de la vie venue il y a trois milliards d’années sous une forme très modeste dans une soupe primordiale, la mer.

 

Ce que nous pouvons faire, il faut le faire, si peu que ce soit, c’est indispensable, sinon les choses continueront comme elles sont.

 

Nous savons qu’on s’achemine vers l’asphyxie et l’empoisonnement irréversible des océans.

 

Dès que l’intérêt, le préjugé ou la tradition sont en cause, on découvre que le plus beau texte juridique risque de demeurer très partiellement appliqué, s’il dépasse le niveau moral moyen d’une société.

 

Chaque jour, je récite les Béatitudes, comme on rêve à une utopie, si on définit l’utopie non pas comme « l’irréalisable » mais comme ce qui n’est pas encore advenu.

 

Dans nos structures sociales actuelles, fondées sur la primauté du profit, dans un système politique enlisé au stade de nations faisant encore passer prestige et intérêt avant la justice et la fraternité, peut-on faire mieux ?

 

(Fourrure) Elle est belle sur la bête, elle est bête sur la belle.

 

Le massacre d’Hiroshima est une date dont il faut d’autant plus se souvenir que ce déluge de sang, de feu et de larmes représente une coupure majeure dans l’histoire de l’espèce humaine. Avant ce bombardement, nous vivions dans « l’ère chrétienne ». Depuis le 6 août 1945, nous avons basculé dans « l’ère nucléaire ».

 

Hiroshima était un jeu d’enfant à côté de ce que nous préparent nos stratèges…Est-ce que l’homme saura renoncer à la barbarie et devenir sage avant de céder à la folie, à l’imprévoyance, à la stupidité ? Saura-t-il renoncer à courir à sa perte ?

 

On ne peut pas grand-chose, individuellement, mais le très peu qu’on peut faire, il faut le faire.

 

Le drame est que l’homme a acquis la puissance matérielle et technique sans acquérir simultanément la sagesse qui lui permettrait d’adapter ses technologies à des buts qui servent son développement au lieu de servir la guerre et la mort.

 

Je crois que l’homme, dans ses profondeurs psychologiques, ressent certainement une sorte d’attirance pour tout ce qui peut l’unir à l’infini, l’unir au cosmos.

 

Eh bien, que se passerait-il s’il n’y avait pas de Gulf Stream ? Paris aurait un climat sibérien, il ferait moins quarante en hiver.

 

Tant que nous vivrons dans une société qui repose directement sur le profit et l’argent, la nature sera saccagée. Puisqu’une chose rapporte, elle est tolérée. Cela va loin parce que c’est la société qu’il faut changer, la structure de la société.

 

Le désert, c’est ma paroisse…C’est la nuit bleue piquée d’étoiles. C’est le silence, cette denrée devenue si rare en notre siècle de vitesse et de bruit. On a parlé de sacrement du silence, car le désert porte à la contemplation.

 

Il faut très peu de choses pour vivre, matériellement. Le désert donne cette leçon. Et nous possédons trop de choses aussi. Mon père disait ; « Nous sommes possédés par nos possessions. »

 

Dieu n’est ni homme ni femme. C’est une force d’amour, un esprit qui échappe totalement à notre compréhension. Ce n’est qu’après notre mort que nous saurons enfin. Sans doute ne suis-je plus, à 94 ans, très loin de connaître la réponse.

 

Je demande à ce que l’on calcule le bonheur national brut. C’est très difficile en chiffres, mais ça aurait un sens !

 

Oui, je suis pour le progrès, mais pour moi, il n’y a pas de progrès là où il y a délire technique et sacrifice des valeurs essentielles de la vie. La sauvegarde de la nature me paraît centrale parmi ces valeurs.

 

La civilisation est dépassée par ses excrétions, les déchets que nous accumulons.

 

Ce saccage de la planète, je crois que c’est une très grande imprudence…parce que nous ne connaissons pas les incidences à long terme des erreurs ou des bêtises que nous commettons actuellement.

 

Une civilisation qui est une civilisation du bruit, du gadget bien entendu, du gaspillage et du déchet, ça n’est pas viable indéfiniment.

 

S’opposer à l’inacceptable, c’est toujours se libérer des préjugés de la tradition et de la coutume, c’est être capable d’une attitude novatrice.

 

L’homme moderne a peur du silence car, confusément, il pressent que le silence est une terre d’appel, de confrontation avec l’essentiel, avec ce qui fait -ou devrait faire- notre vocation d’homme. Il faut plonger dans le silence comme on s’aventure dans le désert…

 

Mais les hommes politiques !...Cinq cents ans pour eux, c’est une éternité ! Pour la nature, c’est demain matin, c’est ce soir.

 

L’unité du cosmos, cette idée que tout, à l’intérieur de l’univers, se tient : il n’y a que les poètes qui savent ça, et qui l’ont dit d’ailleurs…C’est une idée merveilleuse, magnifique, cette idée que, à l’intérieur de notre système cosmique, tout agit sur tout.

 

La mer, c’est l’espoir parce que même si la vie disparaissait des continents, la mer resterait probablement un réservoir quasi inépuisable.

 

(Vieillesse) Je reste en tout cas dévoré de curiosité. Je n’ai pas fini d’essayer de rassasier mon désir d’apprendre, de comprendre, et d’explorer au sens large du mot.

 

Guerres invisibles, nos prochains défis géopolitiques de Thomas Gomart - Tallandier

Émetteur du verbatim: François C.

Guerres invisibles ; nos prochains défis géopolitiquesPrologue

A l’échelle globale, le modèles de gouvernement, de consommation et de comportement sont mis en concurrence par une transformation intentionnelle, la propagation technologique, et par une transformation non intentionnelle, la dégradation environnementale.

En positif, la pandémie a marqué une étape supplémentaire dans la prise de conscience de l’unité du monde. En négatif, elle a catalysé des tensions latentes, potentiellement explosives.

LE VISIBLE

CONFLITS

Les vingt-quatre types de guerre:

  1. Militaire: guerre nucléaire; guerre biochimique; guerre écologique; guerre spatiale; guerre électronique; guerre de partisans; guerre terroriste.
  2. Supramilitaire: guerre diplomatique; guerre de réseau; guerre du renseignement; guerre psychologique; guerre technologique; guerre de contrebande; guerre de la drogue; guerre virtuelle (dissuasion).
  3. Non militaire: guerre financière; guerre commerciale; guerre des ressources; guerre d’aide économique; guerre règlementaire; guerre de sanctions; guerre médiatique; guerre idéologique.
Causes et conséquences de l’affrontement sino-américain

Les Etats-Unis sont confrontés à quatre défis majeurs requérant des moyens militaires: la montée en puissance de la Chine en Asie-Pacifique; le «Grand Moyen Orient» et les métastases du terrorisme islamiste; les stratégies de puissances comme la Russie, l’Iran et la Corée du Nord pour contester l’ordre en place et, enfin, la dérégulation de l’espace exo-atmosphérique et du cyber, où se jouent des stratégies de contrôle indirect et de disruption.

Sur le plan géostratégique, la configuration de l’espace indopacifique sera l’enjeu décisif des deux prochaines décennies… L’Inde représente la clé de voûte de l’espace indopacifique en raison de son positionnement et de son potentiel.

Cycles stratégiques

L’intervention de 2003 en Irak et la non-intervention de 2013 en Syrie ont fait perdre aux Etats-Unis leur autorité morale, tout en déstabilisant fortement le Moyen-Orient.

La patience stratégique prêtée à la Chine devrait se traduire par un recours à l’»addition-combinaison » et à l’approche « latérale-frontale » jusqu’au moment où la Chine parviendra à inverser durablement des rapports de force en sa faveur.

Les Etats-Unis entendent exploiter deux avantages qui leur resteront propres : leur suprématie militaire qui doit être préservée à tout prix (en particulier grâce à la domination dans l’espace exo-atmosphérique et en haute mer) ; et surtout leur approche globale.

ENVIRONNEMENT

En produisant plus de 45% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, les Etats-Unis et la Chine transforment la globalisation «en champ de bataille géoéconomique et écosystémique».

L’ampleur des dégâts

La peur d’un effondrement général provoqué par la combinaison, non maîtrisable, de problèmes environnementaux, énergétiques, climatiques, géopolitiques, sociaux et économiques «qui ont aujourd’hui franchi des points de non-retour».

La Chine entretient une profonde ambivalence de modèle… Elle réussit le tour de force d’être leader dans les énergies vertes… tout en ayant un mix énergétique composé à plus de 80% de pétrole et de charbon.

(l’injustice climatique) Au niveau global, les 10% de la population mondiale les plus riches produisent à eux seuls 50% des émissions totales de GES.

Guerre aux déchets ou guerre des déchets?

Au cours des quinze dernières années ont été produits 57% de la production totale de plastique depuis 1950, avec pour conséquence 5000 milliards de pièces qui flottent à la surface des océans en formant des plaques… Seuls 9% des déchets de plastique sont aujourd’hui recyclés; les 91% restant mettront environ quatre cents ans à se dégrader.

Gagnants et perdants de la transition énergétique

Les politiques énergétiques de la Chine et des Etats-Unis ont intégré différemment trois ruptures technologiques majeures:

  1. Le recours à la fracturation hydraulique autorisant des forages horizontaux pour extraire des gaz et pétrole de schiste.
  2. Le contrôle de l’ensemble de la filière des panneaux solaires (Chine).
  3. Les batteries pour les usages industriels et pour les véhicules individuels.
La Chine veut apparaître comme le leader incontesté des ENR en dominant tous les segments des chaînes de valeur, des mines de terres rares aux algorithmes des smart grids, en passant par les panneaux solaires, les batteries et les véhicules électriques. Ses développements en matière de géo-ingénierie méritent d’être suivis à la loupe.

La géo-ingénierie est insuffisamment intégrée aux réflexions géopolitiques européennes.

COMMERCE

Une part croissante du commerce international est désormais entre les mains d’une thalassocratie illibérale et ambitieuse (Chine). C’est une rupture historique majeure.

Le cadre des échanges

A quatre siècles de distance, les grandes manœuvres en mer de Chine ou celles en Méditerranée orientale autour de Chypre réactualisent le fait , qu’à certains égards, la Chine et la Turquie mènent une politique du fait accompli en exerçant une pression navale continue.

Le contrôle des infrastructures

Qui sera en mesure de sécuriser les routes et espaces maritimes, à part les Etats-Unis et la Chine? Quel rôle pour les Européens?

Avec Trump, les Etats-Unis étaient ouvertement protectionnistes et secrètement libre-échangistes. Avec Xi Jinping, la Chine est ouvertement libre-échangiste et secrètement protectionniste.

INEGALITES

Près de 3,4 milliards d’individus restent confrontés à de grandes difficultés pour satisfaire leurs besoins élémentaires.

La nouvelle donne démographique

  1. La Chine et l’Inde représentent un tiers de la population mondiale.
  2. L’accroissement de celle-ci proviendra d’un nombre limité de pays.
  3. Une forte croissance de la population africaine, où l’âge médian est de 19,7 ans, est attendue au cours des prochaines décennies.
Les pulsations migratoires

A l’horizon 2050, selon l’ONU, les grands pays d’immigration seront les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Russie; les grands pays d’émigration seront l’Inde, le Bangladesh, la Chine, le Pakistan et l’Indonésie.

Les inégalités comme reflet de la hiérarchisation du monde

Mise en évidence de la « prime de citoyenneté » pour ceux nés aux bons endroits par opposition à la « pénalité de citoyenneté » pour ceux nés au mauvais endroit.

Avec 7% de la population mondiale, l’Europe représente 50% des dépenses sociales mondiales.

L’INVISIBLE

NUMERISER

Les plateformes assument des fonctions régaliennes quand les Etats se transforment en réseaux. Il en résulte une interpénétration des moyens dans une architecture de systèmes décentralisés, certains privés, certains publics, à finalité interne ou externe, qui collectent en continu des données individuelles. Cet enchâssement redistribue la puissance.

La mondialisation continue par la numérisation

Cinq cents milliards d’objets devraient être connectés à l’horizon 2030.

L’intensification des flux de données a entraîné une hausse exponentielle des capacités de stockage externe dans des data centers dont les capacités de traitement sont en constante augmentation.

Rien n’arrête la croissance exponentielle des données dont le volume double tous les deux ans.

L’IA a des répercussions immédiates dans quatre domaines clés de la compétition de puissance 1. Elle amplifie la «course aux talents» à l’échelle globale; 2. Elle accélère la robotisation et l’automatisation des économies industrielles et fait apparaître une géo-robotique autour de cinq pays: la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Allemagne et les Etats-Unis; 3. L’automatisation et l’intelligence à distance vont profondément modifier le salariat, en particulier dans le secteur tertiaire des économies avancées; 4. L’IA requiert des composants et des matériaux clés: les semi-conducteurs.

Puissances numériques et capitalisme de surveillance

(Chine) Sur le plan intérieur, l’objectif vise à construire une plateforme unique réunissant toutes les données concernant un individu.

L’Etat contrôle la totalité des infrastructures de réseau en tenant un carré numérique propre à la Chine: sécurité des réseaux et des données; stabilité sociale garantie par l’autocontrôle des plateformes; «sécurité culturelle», i.e. gestion restrictive des contenus jugés dangereux pour l’identité chinoise; défense d’un écosystème favorable aux innovateurs chinois à l’abri de la concurrence étrangère.

La cybersécurité est devenue un marché crucial où rivalisent des groupes ayant des liens étroits avec leurs autorités publiques.

Les attaquants informatiques poursuivent quatre grands types d’objectifs : l’espionnage, les trafics, la désinformation et le sabotage.

Ces technologies numériques autorisent six grands types d’action -surveillance, censure, harcèlement, attaques cyber, coupures de réseaux et persécutions ciblées-, qui risquent fort d’aboutir à un capitalisme de surveillance… si des garde-fous solides ne sont pas instaurés.

INNOVER

La maîtrise de technologies comme l’IA, l’informatique quantique ou l’hypersonique devrait redistribuer les rapports de force internationaux à l’échelle d’une génération.

La nouvelle course aux armements

Les cinq premières dépenses militaires mondiales sont : les Etats-Unis, très loin devant la Chine, l’Arabie Saoudite, la Russie et l’Inde.

En un demi-siècle, la dépense militaire est passée en Europe de 3%-4% à un peu plus de 1%-1,5% du PIB, soit une réduction sans équivalent historique… Au cours des années 2000, les Européens se sont démonétisés en matière stratégique.

Cette compétition ne se limite pas au réarmement, mais englobe plusieurs dimensions : militaire (réorganisation des forces armées), technologique (recherche de l’innovation), industrielle (modernisation et acquisition des équipements) et politique (volonté d’ouvrir un nouveau cycle).

Le privé au service du militaire ou l’inverse?

La géopolitique du XXIème siècle s’organise de plus en plus autour des données, indispensables à toute activité numérique.

La bataille spatiale a commencé… le New Space se caractérise d’ores et déjà par trois évolutions majeures: le big data, l’impression 3D et les investissements privés.

L’UE doit apprendre à penser et à agir davantage en termes civilitaires si elle veut pouvoir valoriser son innovation par rapport à la Chine et aux Etats-Unis. Mais le souhaite-t-elle vraiment?

DISSIMULER

Le grand jeu

La notion de guerre hybride aide à définir les conflits actuels (Afghanistan, Irak, Ukraine, Syrie, Mali, Libye notamment), qui combinent intimidation stratégique de la part d’Etats disposant d’armes de destruction massive, opérations interarmées impliquant aussi des unités spéciales, des mercenaires et des manœuvres de désinformation à grande échelle.

Les faces cachées de l’économie

Grâce au secret, les pratiques criminelles faussent toute idée de « libre concurrence » entre acteurs économiques, tout en impliquant des acteurs politiques. La loi du silence régit les échanges ; elle permet de conjuguer la main invisible du marché et la main invisible du crime, bien plus efficace.

(mafias) Les activités illégales se concentrent dans cinq marchés prohibés: 1. la contrefaçon; 2. Le trafic d’êtres humains et les migrations clandestines; 3. La criminalité environnementale avec les trafics d’espèces protégées et ceux de déchets; 4. Les trafics d’œuvres d’art; 5. Les trafics d’armes, plus risqués, qui s’observent à plusieurs niveaux… Les trafics de stupéfiants occupent une place à part en raison des profits considérables qu’ils génèrent.

À mesure qu’elle infiltre l’économie légale après avoir pris le contrôle d’un territoire, une mafia se fait moins violente et plus subtilement contraignante en recourant aux intimidations et aux amicales pressions.

A l’épreuve de la transparence

(TIC) Ils transforment les réseaux sociaux en champs d’opérations d’influence ou de désinformation, notamment en période électorale. Appelée à se répandre dans tous les milieux, la multiplication des deepfakes, comme les vidéos truquées de dirigeants politiques, nécessite une vigilance particulière.

CONTRÔLER

Le système bancaire américain irrigue les marchés financiers à travers de multiples canaux, créant les interdépendances, lesquelles peuvent aussi être transformées en leviers de coercition si nécessaire. Globalement, la puissance américaine s’exerce par le contrôle simultané des nœuds névralgiques du système international.

Le dispositif de contrôle

Les institutions internationales jouent un rôle décisif dans la production des règles, des standards et d’une information partagée.

Le secteur financier, cœur du dispositif américain… quatre grands types de marché: celui des taux d’intérêt correspondant aux obligations et prêts entre banques; celui des devises; celui des actions; et celui des matières premières. Sur ces marchés interviennent différents types d’acteurs:1. Les banques centrales; 2. Les banques; 3. Les fonds souverains; 4. Les gestionnaires d’actifs; 5. Les multinationales, qui jouent un rôle moteur dans l’organisation des appareils productifs, des échanges commerciaux et des flux financiers.

Les moyens de contrôle

L’arme du dollar.

L’arme fiscale.

L’arme juridique.

Les Etats-Unis exploitent un système panoptique unique qui leur permet de contrôler la plupart des nœuds névralgiques de la mondialisation.

Epilogue: La France en quête d’une grande stratégie

Depuis 1963, la France a conduit 120 opérations extérieures (opex) sur 17 théâtres différents… Depuis 2012, la France a subi 19 attaques djihadistes (selon les services de police, 32 attaques auraient été déjouées depuis 2017).

Le positionnement diplomatique de notre pays connaît un rendement décroissant au moment où sa sécurité exige des coûts croissants.

Face au cours pris par la mondialisation, nous préférons parler de notre modèle social plutôt que de comprendre les mécanismes d’un capitalisme de plateforme, qui sont devenus les interfaces de la rivalité sino-américaine. Essentiellement inductive, l’approche réaliste repose, à la différence de l’approche rationaliste basée sur des concepts, sur la qualité des observations faites, des informations glanées et des analyses réalisées sur les capacités et les intentions des adversaires, des partenaires et des neutres.

Une grande stratégie correspond pour un Etat à la capacité de construire un projet de puissance… Servant de boussole, elle comporte un volet invisible, les intentions véritables, et un volet visible, les priorités affichées… Elle correspond à une mise en cohérence de l’ensemble des moyens pour éviter la guerre, tout en disposant des ressorts moraux et matériels pour la gagner, si elle advenait.

Il n’existe ni fortune ni virtù sans lucidité.

*

L'économie désirable, sortir du monde thermo-fossile de Pierre Veltz - Seuil

Émetteur du verbatim: François C.

L'économie désirable ; sortir du monde thermo-fossileIntroduction. FACE A L’URGENCE ECOLOGIQUE

. Nous n’avons pas d’autre choix que de composer avec le monde tel qu’il est.

. Une nouvelle grammaire productive se met en place : passage d’une économie des choses vers une économie des usages et des expériences, d’une économie de la possession vers une économie de l’accès, virage engagé du monde manufacturier vers un mode « serviciel ».

. Il est crucial de retrouver une perspective positive, de construire le récit d’une économie désirable.

. Ce qui manque est une boussole et une méthode pour déclencher et structurer les projets : projets locaux et spécifiques, mais aussi et surtout nouvelles « infrastructures » (physiques, normatives, logicielles) permettant d’orienter et de coordonner les investissements privés ou publics atomisés.

Chapitre 1. Efficacité

. Le monde hyper-industriel La réalité dominante est celle d’une industrie mondiale de plus en plus capitalistique, avec des processus de fabrication très automatisés, de plus en plus recentrée géographiquement à proximité des marchés de consommation les plus porteurs. Les services s’industrialisent. Les industriels s’orientent de plus en plus vers des modèles économiques de type « serviciel ». Ils considèrent qu’ils ne vendent plus des objets, mais des solutions, des fonctionnalités, des usages, voire des expériences attachées à ces objets. Un double passage s’opère : celui d’une économie des objets à une économie des usages et des expériences ; celui d’une économie de la propriété à une économie de l’accès.

. Une planète augmentée Derrière toute activité, aussi légère soit-elle en apparence, il y a désormais un « back office » labyrinthique d’objets et de processus dont on a du mal à cerner les limites. Pris parfois comme symbole d’une société de plus en plus dématérialisée, le monde numérique est en réalité très « lourd » en énergie, en matériaux, notamment en métaux rares.

. Dématérialisation La « dématérialisation », entendue comme la réduction du volume de ressources nécessaires pour satisfaire une fonction utile donnée, est au cœur de notre modernité.

. La voie de l’efficacité : 4 pistes principales Une meilleure conception des produits ; L’amélioration des procédés par la limitation des « chutes » et des pertes de matières ; Le recyclage et la réutilisation ; La recherche de matériaux de substitution, plus abondants, moins massifs et moins polluants.

Chapitre 2. Sobriété(s)

. L’effet Jevons Quand on améliore l’efficacité-ressources d’un produit (bien ou service), le prix baisse et rend le bien plus désirable. Résultat : l’augmentation de la consommation annule et dépasse, souvent de très loin, le gain unitaire réalisé. On voit que la seule issue est de combiner la voie de l’efficacité avec celle de la sobriété, i.e. de la réduction ou pluôt de la transformation de la consommation.

. La profondeur technologique Le fait majeur est que la masse d’énergie mobilisée par personne est gigantesque. Dans le monde, elle a été multipliée par 7 depuis les années 1950. Cette « profondeur technologique » invisible est l’une des sources principales de la croissance de l’impact énergétique et matériel.

. Des machines par milliers Lentement mais sûrement, le nombre et la complexité des composants qui constituent nos objets ont explosé. Alors que les effets rebonds sont tirés par la demande, la croissance apparemment incontrôlable de la complexité technique trouve sa source du côté de l’offre.

. Le numérique, cas exemplaire L’augmentation incessante de la profondeur technologique est au cœur de l’univers numérique. Les assistants vocaux sont un cheval de Troie pour ouvrir l’immense marché potentiel des applications permises par l’Internet des objets, i.e. la possibilité donnée à tous nos objets (électrifiés) de produire et d’échanger ds données.

. Economie des usages, économie de l’accès La multiplication des formules de location ou de leasing, pour des temps courts ou longs, ou des formules d’usage collectif minimisant l’immobilisation du véhicule, est frappante…Le numérique joue un rôle essentiel, en favorisant la flexibilité de l’appariement entre offre et demande, en permettant la télémesure et la télégestion de la performance.

. Désirs de sobriété Pour maîtriser l’effet Jevons, il n’y a pas d’autre solution que la « sobriété d’usage » - en clair, la réduction ou plutôt la transformation de la consommation. Pour maîtriser la profondeur technologique, pas d’autre solution que ce que j’ai proposé d’appeler la « sobriété de conception ».

. Le « techno-discernement » Le chemin vers la sobriété de masse reste à inventer…Nous sommes en présence d’un problème qui touche nos valeurs, mais qui est aussi un problème « technique » -hautement systémique- d’organisation de nos sociétés…car les actions des personnes et des groupes sont en interaction étroite avec les cadres proposés par les acteurs publics, les entreprises, les collectivités locales, nationales et supranationales, les normes et les règlements, les dispositifs matériels eux-mêmes.

Chapitre 3. Une économie humano-centrée

. L’économie de l’individu On observe la montée spectaculaire des dépenses liées à la santé, au bien-être, à l’alimentation « qualitative », au divertissement, à la sécurité, à la mobilité et à l’éducation. Ces dépenses ont un point commun. Elles concernent l’individu, son corps, ses émotions, son intelligence.

. Un changement global L’économie humano-centrée constitue une piste privilégiée pour bâtir une économie à la fois plus riche en valeurs positives pour les personnes, plus coopérative et plus écologique, plus économe en ressources matérielles et énergétiques. L’économie des données est au cœur de ces ambivalences. La numérisation de la santé et du corps, par exemple, se prête aussi bien à des avancées majeures de la médecine qu’aux projets les plus inquiétants de Big Brother.

. L’économie de l’individu est collective Ce versant collectif de l’économie humano-centrée reste très largement à construire. Il recèle un immense potentiel de création de valeur, d’activités et d’emplois. Le numérique, exploitant les merveilles de la connectivité et du partage des données, trouve ici un champ d’application privilégié. C’est le territoire, à des échelles variées, qui va constituer le référentiel pertinent pour concevoir et exploiter les nouvelles solutions…Individus, systèmes/liens, territoires : tel est le triangle autour duquel nous devons repenser notre base productive.

. Santé : de grandes marges de progrès Etrangement, nous avons du mal à voir la santé comme une source directe de création de valeur, un facteur de développement autant social qu’économique et technologique.Il y a de sérieuses marges de progrès dans la structuration des relations entre tous les acteurs (ville et hôpital, public et privé, soin et prévention, recherche et clinique).

. La santé comme base hyper-industrielle Au niveau mondial, la convergence entre les sciences de la vie et les sciences de l’ingénieur est probablement, avec les questions environnementales, le moteur le plus puissant d’innovations pour les décennies à venir. Imagerie, visualisation, robotique, bio-informatique, nouveaux matériaux, biomimétisme, biologie de synthèse…sont parmi ces champs de recherche nouveaux. Peu de territoires regardent la santé comme un élément à part entière de leur base productive, matrice de développement social, économique et technologique.

. Une trajectoire pour la France et l’Europe La santé, l’éducation, la sécurité et l’alimentation sont aujourd’hui des cibles privilégiées des grandes plateformes américaines et chinoises. A nous de savoir si nous voulons reconquérir une position européenne qui soit autre que suiviste et dominée. L’enjeu est fondamentalement social et politique. Il est de reconnaître à sa vraie valeur l’immense constellation des emplois du lien, de les développer comme le nouveau socle de l’économie.

Chapitre 4. Le salut par le local ?

Notre pays, comme ses voisins, fourmille d’initiatives mariant l’écologie, le numérique, l’économie sociale et solidaire et l’économie marchande ordinaire, le high tech et le low tech.

. Relocaliser l’industrie La question est celle de la maîtrise des grandes chaînes de valeur mondialisées…celle des excès de cette globalisation et de son avenir. Elle a trois grandes dimensions : écologique, industrielle et géopolitique.

. Une mondialisation modérée et régulée Aux schémas de division internationale du travail à l’ancienne se substitue ceux de territoires multifonctionnels, regroupant des pôles de conception, de réalisation et de test, avec une grande diversité d’acteurs, et connectés en réseau (territoires-laboratoires).

. Interdépendances Une vision simpliste et romantique de la relocalisation massive, voire d’une forme d’autarcie, n’est pas réaliste…L’échelle pertinente est l’Europe. Même à cette échelle, des dépendances majeures subsistent, en microélectronique par exemple. Ce sont ces déficits stratégiques partagés qu’il faut combler en priorité.

. Une nouvelle phase de la globalisation Les échanges se sont nettement « régionalisés » autour de trois grands pôles : la Factory Asie, la Factory Europe, autour du hub allemand, et la Factory nord-américaine. Il y aura moins de grandes usines, mais des tissus de petites ou très petites unités, mêlant conception, prototypage, fabrication, customisation pour les clients et services spécialisés.

. L’énergie au cœur de la reterritorialisation Les énergéticiens parlent des 3D : décarbonation, digitalisation, décentralisation.

. La préférence pour la proximité L’enjeu de la proximité est social et sociologique avant tout. Il est de recréer du lien concret dans cet univers devenu abstrait et impersonnel.

Chapitre 5. Proximités et interdépendances

. Une révolte contre l’abstraction Dans le nouveau contexte de mondialisation, les territoires locaux, loin d’être disqualifiés, pouvaient au contraire renforcer leur rôle, parce qu’ils apportaient toutes sortes de ressources cruciales pour la compétitivité dans un monde ouvert : confiance entre les acteurs, compétences localement enracinées, capital social. (retour au « faire ») Dans ce retour au proche transparaît une nostalgie des communautés d’action concrètes, du plaisir de faire ensemble autrement qu’à travers la connectivité numérique.

. Oublier les métropoles ? Un scénario possible est que les urbains les plus connectés seront de plus en plus nomades, profitant des formes de flexibilité offertes par la télé-activité. Les émissions de GES sont fortement corrélées au niveau de revenu. Les ménages du premier décile sont en France à l’origine de 30% des émissions.

. Choix urbains et mobilités Les grandes périphéries des villes ont connu l’éparpillement incontrôlé des lotissements dans de petites communes. En conséquence, la mobilité automobile contrainte a explosé. La voiture est la première source d’émission de GES en France (environ 16%)…Le problème est celui des nappes suburbaines, proches ou lointaines, et des zones rurales peu denses.

. Modèles distribués Nous dépendons les uns des autres à un degré dont nous n’avons plus conscience…Le nouveau localisme, si on le débarrasse de ses branches régressives et identitaires, est un excellent terreau pour retisser nos liens quotidiens et inventer de nouvelles pratiques…Mais n’oublions pas que nos sociétés reposent sur un tissage serré de contrats de solidarité dont l’échelle devrait être élargie, à l’échelle européenne au moins, plutôt que rétractée sur une multitude d’entités locales ou micro-locales.

Chapitre 6. Fiscalité, finance et technologie

. La taxe carbone : mythe ou solution miracle ? Bricolée, trop faible pour peser vraiment : la taxe carbone à la française n’est pas une exception. Il n’y avait, en 2018, aucune taxe carbone en Allemagne, en Chine, aux Etats-Unis, en Inde et en Russie, pays qui ont les émissions les plus importantes.

. Désinvestir des secteurs thermo-fossiles Un consensus émerge progressivement sur le fait qu’un désinvestissement massif dans les industries fossiles (charbon, pétrole, gaz) est inexorable à terme.

. L’investissement écologique A ce jour, la «finance verte » stricto sensu (les obligations vertes) reste un segment marginal de la finance de marché. Les flux de financements, publics ou privés, orientés vers la transition écologique restent timides.

. La politique de la couleur Un investissement peut être plus ou moins vert selon le contexte dans lequel il est déployé…La question importante n’est pas celle de l’intitulé de l’investissement, mais de la pertinence systémique des projets.

. Retrouver une boussole La question de fond est : pour quels projets ? Quels projets cohérents à l’échelle des villes ou des régions ? Quel projet d’ensemble à l’échelle européenne et nationale ?

. La technologie : Schumpeter et Janeway Le modèle de Janeway s’organise autour d’un triangle : une base d’initiative publique, hors critère de retour sur investissement, à partir d’un Etat attaché à une mission (mission driven State) ; des financements spéculatifs qui explorent, par essais et erreurs, les univers du possible en surfant sur les infrastructures publiques, au prix de bulles successives, gaspilleuses mais nécessaires ; une intégration progressive des nouveautés par les marchés traditionnels…Sans l’Etat, le cercle vertueux ne s’enclenche pas.

. Où sont les Etats ? La Chine, à ce jour, fait la course en tête. Dès 2010, l’investissement de la Chine dans les énergies propres était supérieur de 50% à celui des Etats-Unis…Aujourd’hui, la Chine est le leader mondial dans les investissements industriels pour les énergies renouvelables et son système de start-up vertes est impressionnant. En toute hypothèse, l’idée que les Etats européens et l’Union pourraient se contenter d’encourager les start-up et les entrepreneurs, sans infrastructures majeures et sans feuille de route globale, n’est pas à la hauteur de l’enjeu.

Conclusion. L’ETAT ET LA BIFURCATION ECOLOGIQUE

Ni les marchés financiers, ni le darwinisme de la technologie, ni la multiplication de projets verts à l’échelle des villes ne sont aujourd’hui capables d’embarquer nos économies et nos sociétés dans un véritable changement de modèle…Les Etats doivent reprendre la main : développer des programmes de recherche publics à la hauteur des défis ; fixer des perspectives stratégiques cohérentes, par exemple en matière énergétique ; mettre en place les grandes infrastructures physiques et normatives ; et bien sûr veiller à l’équilibre entre objectifs sociaux et économiques, et à l’accompagnement social des mutations. A l’heure où il y a tant à faire pour éradiquer les maladies, créer des villes respirables, renouveler l’agriculture et garder notre Terre habitable.

Changeons de voie Les leçons du Coronavirus d'Edgar Morin - Denoël

Émetteur du verbatim: François C.

Préambule CENT ANS DE VICISSITUDES

Introduction

L’avenir imprévisible est en gestation aujourd’hui. Souhaitons que ce soit pour une régénération de la politique, pour une protection de la planète et pour une humanisation de la société : il est temps de changer de Voie.

I- LES 15 LECONS DU CORONAVIRU9782207161876

1.1 Leçon sur nos viesChangeons de voie ;  les leçcons du coronavirus

L’amour et l’amitié pour notre épanouissement individuel, la communauté et la solidarité de nos Je dans des nous.

1.2 Leçon sur la condition humaine

L’extrême puissance de la technoscience n’abolit pas l’infirmité humaine devant la douleur et devant la mort.

Nous sommes des joueurs/joués, des possédants/possédés, des puissants/débiles.

1.3 Leçon sur l’incertitude de nos vies

Toute vie est une aventure incertaine…Nous connaîtrons sans doute, avec le virus et les

crises qui suivront, plus d’incertitudes qu’auparavant et nous devrons nous aguerrir pour apprendre à vivre avec.

1.4 Leçon sur notre rapport à la mort

Ce vide nous rappelle cruellement que la mort d’un être aimé nécessite son accompagnement jusqu’à l’enterrement ou la crémation.

1.5 Leçon sur notre civilisation

En réformant de force durant ce confinement notre mode de consommation, nous avons naturellement préféré l’essentiel à l’inutile, la qualité à la quantité, le durable au jetable.

1.6 Leçon sur le réveil des solidarités

En fait, les solidarités étaient endormies en chacun et se sont réveillées dans l’épreuve vécue en commun.

1.7 Leçon sur l’inégalité sociale dans le confinement

Le confinement a été un miroir grossissant des inégalités sociales…La pandémie a accentué dramatiquement les inégalités socio-spatiales.

1.8 Leçon sur la diversité des situations et de la gestion de l’épidémie dans le monde

1.9 Leçon sur la nature d’une crise

Une crise…se manifeste par la défaillance des régulations d’un système qui, pour maintenir sa stabilité, inhibe ou refoule les déviances (feed-back négatif). Pendant la crise, ces déviances qui cessent d’être refoulées et se propagent (feed-back positif) deviennent des tendances actives qui, si elles se développent, menacent de dérégler et de bloquer le système en crise.

1.10 Leçon sur la science et sur la médecine

Les théories de la science sont biodégradables sous l’effet de découvertes nouvelles…Ce sont des déviants depuis Copernic, en passant par Darwin, Pasteur, Einstein, Crick et Watson, qui font progresser les sciences.

1.11 Une crise de l’intelligence

L’énorme trou noir dans notre esprit, qui nous rend invisibles les complexités du réel.

Il nous faut un mode de connaissance et de pensée capable de répondre aux défis des complexités et des incertitudes.

Prévoir l’éventualité de l’imprévu.

Principe d’urgence/principe de prudence, que choisir en moment de crise ?

1.12 Leçon sur les carences de pensée et d’action politique

De fait, le dogme néolibéral aggrave terriblement les inégalités sociales et donne un gigantesque pouvoir aux puissances financières.

C’est ce vide de la pensée politique qui a permis d’éluder toute recherche d’une voie de salut politico-écologique-sociale-civilisationnelle.

1.13 Leçon sur les délocalisations et la dépendance nationale

Plus amplement, la mondialisation doit comporter son antagoniste la démondialisation pour sauver les terroirs, territoires ou nations menacés dans leur espace vital.

1.14 Leçon sur la crise de l’Europe

Sous le choc de l’épidémie, l’U.E. s’est brisée en morceaux nationaux…La France et l’Allemagne se sont montrées peu solidaires alors que l’Italie, puis l’Espagne étaient en pleine détresse sanitaire.

1.15. Leçon sur la planète en crise

La mondialisation doit plus que jamais être régulée et contrôlée par une altermondialisation et se combiner avec des démondialisations en matière sanitaire et alimentaire

II. LES DEFIS DE L’APRES-CORONA

2.1 Le défi existentiel

Un nouveau rapport au temps.

Faire durer les nouvelles solidarités.

2.2 Le défi de la crise politique

Que restera-t-il des aspirations réformatrices et transformatrices ?

Sortir du néolibéralisme, réformer l’Etat.

2.3 Le défi d’une mondialisation en crise

2.4 Le défi de la crise de la démocratie

La crise du virus aggravera-t-elle ou contribuera-t-elle à relever le défi démocratique ?

Il est à craindre que les dispositifs de traçage installés pendant la pandémie non seulement se maintiennent, mais s’amplifient par le recours systématique à la géolocalisation, au pistage par smartphone, à la vidéosurveilance, aux détections par algorithmes, à l’intelligence artificielle.

2.5 Le défi du numérique

Le digital, Internet, l’intelligence artificielle sont des moyens qui tendent à se transformer en fins ou à être au service de pouvoirs contrôleurs et incontrôlés.

2.6 Le défi écologique

2.7 Le défi de la crise économique

Trouverons-nous les principes d’une économie fondée sur un new deal de relance écologique et de réforme sociale qui ferait régresser l’hypercapitalisme et diminuerait les inégalités ?

2.8 Le défi des incertitudes

Les conflits armés, plus ou moins atténués par la crise du coronavirus, s’exacerberont-ils ? Y aura-t-il au contraire un élan international salutaire de coopération ?

2.9 Le danger d’une grande régression

. Régressions intellectuelles et morales.

. Régressions de la démocratie. Si la régression continue, il me semble inévitable que les Etats néo-autoritaires deviennent néototalitaires.

. Régressions bellicistes. Le nombre grandissant d’Etats possédant l’arme nucléaire et le développement de sa production rendront son utilisation de moins en moins improbable.

. Le spectre de la Mort plane sur l’humanité. Nous ne savons pas si la continuation des processus régressifs provoquera une barbarie planétaire, si elle favorisera la constitution d’Etats néototalitaires ou si elle déclenchera des résistances et sous quelles formes.

III. CHANGER DE VOIE

3.1. Une politique de la nation

. Conjuguer mondialisation et démondialisation ;

. Conjuguer croissance (de l’économie des besoins essentiels) et décroissance (réduction de l’économie du frivole et de l’illusoire) ;

. Conjuguer développement et enveloppement (fait référence à la communauté et la solidarité) ;

. Réforme de l’Etat : humanisation par débureaucratisation et déparasitage ;

. Refoulement progressif du pouvoir des oligarchies économiques ;

. Réforme de l’entreprise ;

. Réforme de la démocratie : la participation citoyenne ;

. Le green deal ;

. Réforme de la pensée réformatrice ;

. Réduction des inégalités ;

. Politique de solidarité ;

. Vérité sociologique de solidarité/responsabilité…L’éthique personnelle de responsabilité/solidarité des individus est aussi une éthique sociale qui entretient et développe une société de liberté.

3.2. Une politique de civilisation

Deux menaces : l’une vient de la dégradation écologique des milieux de vie ; l’autre vient de la dégradation sociologique des qualités de vie.

Une politique de civilisation comporterait une action persévérante contre les « intoxications » de civilisation. Elle inciterait, contre les dilapidations, aux recyclages et aux réparations, elle rejetterait le jetable.

Il s’agit de répondre aux dégradations et déshumanisations de la politique de l’Etat, de la démocratie, de la société, de la civilisation, de la pensée, par une pensée et une action vouées à leur régénération et leur humanisation.

3.3. Une politique de l’humanité

Elle comporterait le souci de sauvegarder indissolublement l’unité et la diversité humaine.

Ne pourrait-on songer dans l’immédiat à la formation d’un Conseil mondial des consciences constitué de personnalités laïques et religieuses, ayant chacune une autorité morale ou spirituelle et le souci primordial du destin de l’humanité ?

Protection et droits des migrants.

Protection des peuples premiers.

3.4. Une politique de la Terre

. Une politique mondiale de l’eau doit être envisagée.

. Politique mondiale des énergies propres et de traitement des déchets.

. La prise de conscience de la communauté du destin terrestre entre la Nature vivante et l’aventure humaine doit devenir un événement majeur de notre temps : nous devons nous sentir solidaires de cette planète où notre vie est liée à son existence.

3.5. Pour un humanisme régénéré

L’homme est à la fois sapiens et demens, faber et mythologicus, economicus et ludens, c’est-à-dire Homo complexus.

Nous pouvons dégager les impératifs de la réforme personnelle :

  • connaître selon la connaissance complexe qui relie les savoirs pour concevoir les problèmes fondamentaux et globaux ;
  • penser selon la raison sensible, qui effectue la dialectique permanente raison/passion ;
  • agir selon l’impératif éthique premier de responsabilité/solidarité ;
  • vivre selon le besoin poétique d’amour, de communion et d’enchantement esthétique.
Principes d’espérance :
  1. Le surgissement de l’improbable ;
  2. L’humanité possède en elle des vertus génératrices/régénératrices ;
  3. La chance suprême est inséparable du risque suprême ;
  4. L’aspiration millénaire de l’humanité à une autre vie et à un autre monde.
L’espoir n’est pas certitude, il porte la conscience des dangers et des menaces, mais il nous fait prendre parti et faire pari.

Conclusion

Je sais que, dans l’aventure du cosmos, l’humanité est de façon nouvelle sujet et objet de la relation inextricable entre d’une part ce qui unit (Eros) et d’autre part ce qui oppose (Polémos) ainsi que ce qui détruit (Thanatos). Le parti d’Eros est lui-même incertain, car il peut s’aveugler, et il demande de l’intelligence, encore de l’intelligence, comme de l’amour, encore de l’amour.

 

Start-up Mania la French tech à l'épreuve des faits de Michel Turin - Calmann Levy

Émetteur du verbatim: François C.

Start-up mania ; la french tech à l'épreuve des faitsChapitre 1 -  Si on n’a pas créé une start-up à 30 ans, c’est qu’on a raté sa vie

La création de start-up est, chez les jeunes diplômés des écoles de commerce et des écoles d’ingénieur, la seule trajectoire professionnelle qui aujourd’hui vaille. C’est celle qui procure le statut social le plus prestigieux. Que l’activité de la start-up représente une avancée technologique révolutionnaire bouleversant nos habitudes de vie ou qu’elle ne constitue qu’un énième gadget numérique allongeant la liste interminable des applications inutiles ne change rien à l’affaire. L’important, c’est de créer sa start-up.

Chapitre 2 -  Les enfants du digital

Les start-uppers appartiennent à la première génération née dans un environnement numérique, avec lequel ils sont familiarisés depuis leur plus tendre enfance. Ils sont réputés être parfaitement à l’aise avec les ordinateurs, les téléphones portables, Internet. L’iPhone, Facebook ou Linkedin n’existaient pas il y a seulement une vingtaine d’années. Google émergeait à peine.

Les enfants du digital ont leurs propres marques appelées les digital native vertical brands (DNVB)…Ces dernières mettent en scène un marketing digital intelligent reposant sur la personnalité du créateur ou de la créatrice de la marque. Le storytelling est la clé de tout : il s’agit de faire rêver les consommateurs et d’apporter un supplément d’âme.

Les millennials seraient davantage « digital naïves » que digital natives. Ils sont beaucoup moins familiers des techniques numériques qu’on ne le croit.

Chapitre 3 -  La grande récré

Les acteurs de la French Tech miment la plupart du temps les codes de la Silicon Valley sans trop savoir pourquoi. Beaucoup de start-up n’ont pas la moindre culture d’entreprise. Elles se contentent de singer les codes des GAFA ou ceux qu’elles leur prêtent. La foi de nouveaux convertis qui les anime produit des résultats étonnants.

Les toboggans, les hamacs, les poufs Fatboy, les baby-foot, les tables de ping-pong et les distributeurs de fraises Tagada sont les éléments de confort incontournables de toute start-up qui se respecte.

Le modèle économique de la start-up, si on peut parler de modèle économique, est fondé sur la croyance selon laquelle avoir une bonne idée, la bonne équipe, le bon produit ou le bon service peut révolutionner le monde. Le messianisme en est la figure de base.

Les start-ups ont massivement recours à des stagiaires qui ne sont pas payés, ou très peu. La plupart des salariés sont en CDD.

Chapitre 4 -  Le mythe de la licorne

Les licornes sont des start-ups dont la valorisation dépasse le milliard de dollars.

Les économies de fonctionnalité consistent à louer plutôt qu’acheter, et à partager des biens existants mal utilisés plutôt que d’en fabriquer d’autres…La digitalisation du monde a donné à ce modèle une ampleur extraordinaire. Mais il est difficile de dire qu’il s’agit de business models extrêmement disruptifs. Innovation et start-up sont loin d’être synonymes.

La vie des licornes n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Les licornes d’aujourd’hui ne seront pas forcément les licornes de demain…Après avoir dominé le monde, IBM et Microsoft ont cédé leur rang de maîtres de l’univers technologique à Nokia et à Orange, avant que ces derniers n’aient été, eux-mêmes, détrônés par Apple et Google.

Chapitre 5 -  Destination Death Valley

L’aptitude des start-ups à survivre est très faible…80% d’entre elles sont appelées à échouer dans les deux premières années de leur existence.

Mylène Aboukrat « Créer une start-up, c’est très concrètement avoir neuf chances sur dix de finir dans le mur. »

Les dix raisons les plus fréquentes pour lesquelles les start-ups échouent : l’absence de marché ; le manque de cash ; la mésentente dans l’équipe ; l’action des concurrents ; une mauvaise politique de prix ; des produits de mauvaise qualité ; l’absence de business model ; un mauvais marketing ; le mépris du client ; un mauvais timing pour le lancement des produits.

C’est dans le secteur du financement participatif que le taux de mortalité a été le plus élevé. La moitié des fintechs ont été purement et simplement rayées de la carte en 2018.

En réalité, l’écosystème est le théâtre d’un darwinisme impitoyable…Les cimetières de start-ups, eux, celui de la Death Valley comme les autres, sont pleins de start-ups qui n’étaient pas irremplaçables.

Chapitre 6 -  Vive la start-up nation ! Vive la France !

Emmanuel Macron est en immersion complète dans l’écosystème des start-ups.

La domination de la Tech américaine est écrasante. La Californie, lieu de résidence habituel des grandes entreprises de la Tech américaine, se classe par le PIB, la richesse produite, au sixième rang dans le monde devant la France.

L’Etat hébreu est la terre promise des start-ups. Ce pays de 8,7 millions d’habitants, créé il y a une soixantaine d’années, entouré d’ennemis, en état de guerre permanent depuis sa naissance et sans ressources naturelles, possède davantage de start-ups que le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée ou le Canada.

Les fondateurs de start-ups en France vendent leurs entreprises beaucoup trop tôt. La plupart des bébés techno ne deviendront jamais des PME ou des ETI.

L’économie numérique française reste un nain à l’échelle mondiale, alors même que la frénésie générée par la start-up nation frise parfois le ridicule.

Chapitre 7 -  On voit des start-ups partout, sauf dans les statistiques économiques

La couverture médiatique et les célébrations officielles par l’appareil d’Etat auquel l’ensemble de l’écosystème a droit sont complètement disproportionnées par rapport à son poids total dans l’économie nationale.

Selon une étude de l’Insee, publiée en 2016, en France, sur les 10 000 start-ups recensées ces cinq dernières années, 90% n’ont pas franchi le cap des cinq ans.

Toutes catégories confondues, de la grande entreprise (au nombre de 292) à la TPE (3 865 510), en passant par les ETI (5 776) et les PME (135 056), le pays comptait alors un peu plus de 4 millions d’entreprises.

L’économie numérique ne représente qu’un petit 5,5% du PIB, i.e. de la valeur de tous les biens et services produits en France sur une année.

Les fonds levés par les start-ups se sont montés à 3,2 milliards d’euros en 2018…La même année, les crédits bancaires représentaient, d’après la Banque de France, des encours de 1 017,9 milliards d’euros, et les financements de marché des encours de 603,4 milliards d’euros.

Les start-ups ne réalisent en moyenne que 91 000 euros de chiffre d’affaires et ne comptent que 7 employés.

Chapitre 8 -  Le CAC 40 saisi par la start-upisation

Les start-ups sont devenues l’opium du Cac 40. Les grands groupes n’arrêtent pas de jeter des passerelles entre les deux mondes…Ils siphonnent l’innovation dans les petites structures pour piloter leur propre transformation.

Il n’est pas sûr que les collaborateurs hébergés dans des bureaux partagés s’épanouissent dans des configurations ne faisant pas le moindre cas de la nature profonde de l’être humain, pour laquelle la notion de territoire occupe une place prépondérante.

Chapitre 9 -  Money, money, money

Les levées de fonds se sont élevées en France à 2,5 milliards d’euros en 2017. Elles ont tourné autour de 4 milliards en 2018.

Le capital n’a non seulement jamais été aussi abondant, mais il n’a jamais été aussi bon marché…Quand les taux d’intérêt sont très bas, cela ne coûte rien de s’endetter.

Principales étapes (levées de fonds) :

. phase d’amorçage : les fondateurs, la famille et les amis ;

. apport de capitaux quand les start-ups commencent à avoir des besoins de financement importants : les business angels ;

. levées de fonds les plus impressionnantes : les fonds de capital-risque ;

. (Etat) Les avances remboursables, les prêts à taux zéro, le crédit d’impôt recherche, les aides aux projets collaboratifs des pôles de compétitivité, les aides à l’emploi, les aides des régions, les aides à l’innovation et à la création d’entreprise.

BPI France a contribué à hauteur de 1,2 milliard d’euros au financement de l’innovation en 2018.

« L’écosystème des start-ups est atteint d’une douce folie. Celle qui consiste à valoriser plutôt qu’à rentabiliser » Sarah Aizenman

Chapitre 10 -  Au bonheur des marchands de pelles et de pioches

Le fantasme de la start-up est le terreau (très) fertile des prestataires de services qui courtisent en rangs serrés les primo-entrepreneurs.

La start-upisation accélérée du tissu économique français s’est traduite par l’apparition d’un métier entièrement nouveau, celui de leveur de fonds. Ce métier très rémunérateur consiste à accompagner une start-up pour l’aider à décrocher les financements dont elle a besoin, à tous les stades de son existence.

Les incubateurs et les accélérateurs, dans lesquels les start-ups passent quelques mois entourées par des mentors, sont les vendeurs de pelles et de pioches emblématiques de l’écosystème.

Toutes catégories confondues, l’écosystème a à sa disposition 11 000 structures d’accompagnement -depuis les incubateurs créés spécialement pour l’occasion jusqu’aux chambres de commerce et d’industrie en passant par les accélérateurs ouverts par les grands groupes ou les pépinières d’entreprises ouvertes à l’initiative des collectivités locales.

Les promoteurs commercialisant des espaces de coworking ne sont pas les derniers vendeurs de pelles et de pioches de l’écosystème. Au contraire. Ce sont ceux qui, jusque-là, ont su tirer le meilleur parti de l’exploitation des modes de vie inédits auxquels sacrifie l’écosystème.

Les équipements des espaces affichent tous les signes extérieurs de la branchitude version start-up : wifi, fibre très haut débit, visioconférence, TV 4K connectées ou murs d’écran, stylos, feutres Neuland et craies, pauses gourmandes, paperboards, Post-it A1-A5, piano, guitare, murs inscriptibles, trois micros, logiciels collaboratifs, frigo libre-service, trois écrans digitaux et tactiles, chargeurs de téléphone, café et thé, Apple TV, Instashow ou Clickshare.

Chapitre 11 -  Vous avez aimé la bulle Internet ? Vous allez adorer la bulle start-up !

Les investissements dans les start-ups américaines n’ont jamais été aussi élevés depuis le boom des dot-com au début des années 2000…L’industrie du capital-investissement, apporteur de capitaux privilégié des start-ups, est de l’avis général en haut de cycle.

Les valorisations des start-ups sont stratosphériques, alors que bon nombre d’entre elles perdent des millions d’euros par an, quand ce n’est pas davantage.

Le facteur déclenchant du krach des start-ups pourrait être la déroute d’une grande entreprise de technologie aux Etats-Unis ou ailleurs.

Comme à l’époque de la bulle Internet, une grande majorité des start-ups est sous perfusion. Quand le flux de capitaux se tarira, l’hécatombe sera terrible.

Après avoir eu des carnets de bal à faire rêver -et elles ont fait rêver-, les start-ups risquent, elles aussi, de bientôt faire tapisserie.

Conclusion

La French Tech n’embraye pas sur le reste de l’économie. Elle n’a pas d’effet d’entraînement. La Tech est trop souvent le miroir aux alouettes d’aujourd’hui. Elle nous laissera une incroyable saga faite d’épisodes tour à tour touchants, brillants, risibles, rocambolesques, déroutants, talentueux ou bousculants. Mais l’illusion d’optique aura joué à plein.

 

La nouvelle guerre des étoiles de Vincent Coquaz et Ismaël Halissat

Émetteur du verbatim: François C.

La nouvelle guerre des étoilesPourquoi note-t-on ? D’où vient ce mouvement de fond ? Quelles sont les véritables conséquences pour les notés et pour les noteurs ? Les notes sont-elles aussi neutres et objectives qu’elles le paraissent ? En tant que citoyen, peut-on s’opposer à un tel système ?

1. L’épouvantail chinois

Le point de départ du crédit social chinois est de faire en sorte que les lois et les décisions de justice soient respectées.

Le projet de crédit social…porte évidemment en lui les germes de potentielles pratiques totalitaires très inquiétantes. Mais aujourd’hui, à l’échelle du pays, il n’existe pas de système de notation punitif, connecté et généralisé, que ce soit d’origine gouvernementale ou privée.

En termes de capitalisme de la surveillance, la Chine va sûrement progresser rapidement, mais pour l’instant les Etats-Unis ont plusieurs longueurs d’avance.

2. Depuis 1540, noter pour classer

La solution retenue par les jésuites pour y parvenir ? La compétition permanente et acharnée entre élèves. Les notes sont nées.

Et même si on se pose la question, de toute façon la note est notre langue commune. C’est même la définition du fait social : quelque chose qui s’impose collectivement à nous et dont on ne peut s’émanciper.

3. Les autres étoiles de la restauration

TripAdvisor ne demande pas l’avis des restaurateurs quand il s’agit d’être recensé ou non sur son site. Xavier Denamur…a entamé une procédure judiciaire afin de retirer ses cinq établissements de TripAdvisor quand la plupart de ses concurrents se battent pour y figurer en bonne place.

Dès 2014, l’entreprise australienne Dimmi permettait aux restaurateurs de noter les clients sur la nature de la commande, le montant du pourboire, le temps passé à table ou même le physique de la personne.

Les restaurateurs sont nombreux à appeler de leurs vœux une notation généralisée des clients…Ils pourraient dès lors choisir les clients les plus rentables.

4. Dans la fabrique à fausses notes

Ces trois femmes sont en quelque sorte grossistes en faux commentaires Amazon.

Il ne fait aucun doute que des milliers de faux commentaires et de fausses notes sont déposés chaque jour sur Amazon grâce à ces méthodes frauduleuses. Malgré 20 ans d’expérience, la plate-forme américaine passe à côté.

Si les vendeurs se donnent autant de mal pour obtenir de bonnes notes ou faire supprimer les mauvaises, c’est parce que la note moyenne est l’indicateur déterminant utilisé par les consommateurs pour faire leur choix d’achat en ligne.

Sous un vernis d’authenticité, plusieurs indices incitent à douter qu’il s’agisse de vrais tests, indépendants et rigoureux, qui permettraient de se faire une idée de la qualité du produit.

Dans les faits, le but semble surtout d’inonder les sites marchands et les plates-formes de notes et de commentaires positifs.

5. Le travail à coups d’étoiles

De 1 à 5, de 1 à 4 ou de 0 à 10. Par petites touches, la notation par le consommateur s’est immiscée dans l’industrie des services…Ce système de notation par les clients qui se généralise dans les entreprises françaises a souvent, en bout de chaîne, une conséquence financière ou disciplinaire pour les salariés.

Au fur et à mesure de notre enquête, une question à propos des salariés demeurait : d’où vient cette passion des entreprises pour la notation ? Et pourquoi les formulaires de satisfaction de ces entreprises, d’Orange à SFR en passant par Darty ou Citroën, étaient-ils si semblables ?

6. NPS, le règne du « Bullshit »

Trois lettres pour Net Promoter Score. En français : score net de promoteurs…Dans ce système, défiant toute logique mathématique, un 0 équivaut donc à un 6. Un résultat global est calculé en soustrayant le nombre des promoteurs à celui des détracteurs. D’où l’appellation « score de promoteurs net ».

Dans la foulée de ette première démonstration, le Net Promoter Score va être breveté, décliné, avec toute une série de produits annexes.

7. 360 degrés de notes

Comme pour le client, plusieurs entreprises demandent désormais aux salariés de noter leurs collègues ou leurs supérieurs hiérarchiques.

 (Ernst & Young) Chaque consultant est désormais évalué par « toutes les personnes avec lesquelles il travaille » de façon anonyme : « Son manager. Ses pairs. L’équipe encadrée par le manager. L’assistante. »

 Une autre entreprise, décidément accro à la notation, a totalement intégré le « feed back permanent » à son quotidien : Amazon.

8. Du privé au public

Les données collectées sont regroupées sur le site resultats-services-publics.fr lancé en juin 2019. Parmi les administrations concernées, on retrouve déjà les données des organismes de Sécurité sociale chargées de la famille, de la vieillesse, de la maladie…Mais aussi de Pôle Emploi, des forces de sécurité, des préfectures ou encore des tribunaux.

9. Le chantier de la santé

Cette invasion de la notation touche également la médecine de ville. Et ce n’est pas l’Etat qui est à la manœuvre cette fois, mais un acteur privé incontournable : Google.

 Les étoiles Google sont sûrement ce qui se fait de pire en matière de notation en ligne : modération minimale, aucune vérification d’identité ou de la réalité de la prestation (n’importe qui peut commenter, même sans avoir jamais rencontré le médecin en question) dans l’anonymat le plus total. Un Far West de la notation.

10. Souriez, vous êtes (secrètement) notés

Grâce à un algorithme opaque, Dift propose d’attribuer un score de fiabilité sur une échelle de 1 à 100 à tous les utilisateurs d’Internet, en analysant jusqu’à « 16 000 signaux et données personnelles ». Selon l’entreprise, l’objectif est de déterminer si vous êtes un client ordinaire, un dangereux arnaqueur ou encore un robot…

Experian, une multinationale basée en Irlande et spécialiste de l’analyse de données, a développé un produit nommé « Mosaic ». Cet outil permet la segmentation de la quasi-totalité des consommateurs français.

Bien d’autres entreprises « ont développé des technologies permettant de noter la « valeur » d’une personne en utilisant des informations comme son historique de navigation, de recherche, sa localisation, mais aussi l’utilisation de certaines applications mobiles, son historique d’achat en ligne ou ses amis sur les réseaux sociaux » développe le chercheur autrichien Wolfie Christl, spécialiste de la protection des données personnelles.

« De façon très conservatrice, le calcul algorithmique reconduit l’ordre social en ajoutant ses propres verdicts aux inégalités et aux discriminations de la société : les mal notés seront mal servis et leur note en deviendra plus mauvaise encore. » Dominique Cardon

Epilogue SABOTAGE

Tout système de notation est problématique parce qu’il enfonce les mauvais et les médiocres, alors qu’on pourrait considérer qu’il faut aider ceux qui en ont le plus besoin. C’est un système fait pour désigner les moins bons.

Cette idée de démocratisation par la note est pourtant fallacieuse. Concernant les avis en ligne, toutes les études montrent la « très inégale participation des internautes » : une toute petite fraction des consommateurs note, quand la grande majorité consomme passivement. Fatalement, ceux qui commentent ne sont pas représentatifs de la population.

La notation en ligne a surtout pris une importance démesurée : nous avons accepté que des systèmes opaques ordonnent des pans entiers de notre vie. Les algorithmes utilisent la note pour connaître nos goûts et nos dégoûts, pour classer et trier ce que l’on voit, ce que l’on achète. La facilité avec laquelle ces notes peuvent être manipulées, par des personnes malintentionnées ou par ses concepteurs mêmes qui peuvent modifier critères et pondération à leur guise, devrait nous amener à prendre de la distance.

De toute évidence, cette nouvelle guerre des étoiles ne fait que commencer.

 

Reset Quel nouveau monde pour demain ? de Marc Touati - Bookelis

Émetteur du verbatim: François C.

ÉPISODE I : Une récession historique

1. Que savons-nous vraiment ?

Tôt ou tard, il faudra payer la facture…avec, au bout du chemin, des risques élevés d’instabilité sociale et sociétale.

Faire des prévisions sur la base des fondamentaux économiques est presque devenu impossible. Pour la bonne et simple raison que tous nos repères ont disparu et que tout devient envisageable.

2. La plus grave récession depuis le krach de 1929.

Le PIB de la zone euro a chuté de 12,1% au deuxième trimestre 2020, enregistrant un glissement annuel de – 15%, qui est évidemment un plus bas historique.

3. Après le plongeon, une reprise en V est-elle possible ?

4. Pas de retour à la normale avant 2025…

. la fin du confinement sera très progressive ;

. de nombreux secteurs d’activité continueront de souffrir fortement et durablement (tourisme, hôtellerie, restauration, transports aériens, aéronautique, automobile, l’événementiel, ou encore le luxe) ;

. le nombre d’entreprises en faillite risque d’être considérable ;

. les taux d’intérêt des obligations d’Etat devraient augmenter significativement ;

. les Etats et les banques centrales ayant déjà utilisé toutes leurs cartouches…n’auront guère de marges de manœuvre pour relancer massivement la machine par la suite ;

. plus la chute est importante, plus la remontée est difficile.

Le redressement de l’économie hexagonale sera particulièrement lent et chaotique…En d’autres termes, nous risquons désormais de payer des décennies d’erreurs stratégiques et de déni de réalité.

5. Etats-Unis, Europe, Chine : Qui sera le grand perdant de la crise ?

Déjà empêtré dans une dette publique bien plus extravagante que celle de la Chine, le bloc USA-Europe risque alors de très vite déposer les armes.

Dans la mesure où l’U.E. est tout sauf unie, il est fort probable que cette dernière soit, comme d’habitude depuis 25 ans, le « dindon de la farce »…En outre, dans la mesure où l’Italie, la Grèce, voire l’Espagne et la France étaient déjà en situation de quasi-faillite avant le drame du Coronavirus, que vont-ils devenir au cours des prochaines années, avec des dettes publiques de plus de 150%, voire 200% du PIB.

6. Chine : le grand bond en arrière ?

Les pays émergents sont bien devenus les nouveaux « maîtres du monde » économique et financier. A leur tête, un leader sans égal ne cesse de surprendre par son dynamisme et sa résistance : la Chine.

La Chine ne veut plus se contenter d’être le leader du monde émergent, elle veut aussi dominer l’ensemble de la planète, tant d’un point de vue économique que financier ou encore politique et militaire.

7. Les pays émergents en danger.

Les pays émergents entrent dans un cercle pernicieux effroyable : chute de l’activité mondiale, écroulement des commandes en provenance du reste du monde, assèchement des financements internationaux, effondrement de l’investissement, flambée du chômage, appauvrissement global de l’ensemble de la société, malnutrition, aggravation de la crise sanitaire…

Sur les trente pays les plus pauvres du monde (selon ce critère du PIB par habitant), vingt-cinq sont africains.

EPISODE II : Le nouveau monde sera-t-il meilleur que l’ancien ?

8. Vers la fin de la mondialisation ?

A l’image de la décroissance, la supression du libre-échange n’a aucun sens économique, si ce n’est le désordre social et sociétal.

Oui, la mondialisation doit être repensée, mieux encadrée et certainement freinée pour éviter les excès passés. Dans ce cadre, elle sera améliorée, moins débridée, avec des règles plus claires et généralisées à l’ensemble des pays de la planète. Et ce, en particulier en matière sanitaire, fiscale, mais aussi démocratique.

9. Quid de la relocalisation ?

Ces 115 miliards d’achats stratégiques -actuellement importés- englobent 58 catégories de produits appartenant à cinq secteurs : la santé/pharmaceutique, l’agroalimentaire, l’électronique…et les industries de transformation des matières premières et d’emballage.

La clé de la réussite de l’après-crise réside dans la capacité de la France et de ses entreprises à devenir leaders dans les technologies et les industries du futur.

10. Doit-on craindre le retour de la forte inflation ?

Les risques d’avènement d’une forte inflation et a fortiori à deux chiffres sont extrêmement faibles, voire inexistants…Pour au moins six raisons :

  • Le biais d’un effet de correction de la faiblesse passée ;
  • Les prix des matières premières ne devraient pas flamber comme en 2007-2008. L’offre mondiale de pétrole reste et restera encore pour longtemps supérieure à la demande ;
  • L’inflation par la demande restera contenue ;
  • Les capacités de production ne seront pas utilisées à plein avant de nombreuses années ;
  • Le chômage demeurera élevé dans de nombreuses parties du globe ;
  • Les marges de gains de productivité et de réduction des coûts resteront encore très élevées à travers la planète.
Le vrai danger réside dans la flambée des prix des actions, des obligations ou encore de l’immobilier.

11. La décroissance, non ! La croissance écologique oui !

Sans croissance, il n’y a pas d’emploi…Autrement dit, si la révolution verte doit passer par la décroissance, le chômage et la crise sociale, il y a clairement un problème de durabilité et tout simplement de faisabilité. D’ailleurs, n’oublions pas que dans l’expression « dévelopement durable », il y a « développement ».

12. La fin du roi pétrole…

Ne l’oublions jamais : le véritable moyen de freiner l’augmentation excessive des cours des matières premières réside principalement dans la capacité à innover et à engager le monde dans une double révolution technologique : celle des NTE (Nouvelles Technologies de l’Energie) et celle des NTA (Nouvelles Technologies de l’Agro-alimentaire).

13. Secteurs d’activité : quelques gagnants et beaucoup de perdants.

Les espaces numériques dédiés aux conférences vidéos et webinaires en tous genres ont de très beaux jours devant eux.

Les réactions en chaîne de la pandémie doivent donc vraiment être prises au sérieux : tourisme en chute libre, effondrement du trafic aérien, descente aux enfers des compagnies aériennes, aéroports à l’arrêt ou presque, consommation énergétique en berne, constructeurs aéronautiques en grande difficulté…

Autres perdants de la crise : toutes les industries de l’événementiel, des spectacles, du cinéma, des parcs d’attraction, mais aussi de l’automobile, de la mode, du luxe ou encore de l’immobilier de bureau.

14. GAFAM : trop puissantes, donc trop dangereuses ?

Déjà excessivement puissantes avant cette crise, les entreprises du numérique ont renforcé leur domination qui est d’ailleurs devenue hégémonique.

Au total, la « valeur » boursière des 5 Gafam atteint la « modique somme » de 6818 milliards de dollars, soit 663 milliards de plus que le PIB de la France et de l’Allemagne réunies.

Plus globalement, les Gafam restent particulièrement menacées par toute une série de catastrophes potentielles : encadrement réglementaire contraignant, lois antitrust, cyberattaques…sans oublier leur exposition à la remontée des taux d’intérêt des crédits et à la récession économique…En d’autres termes : Oui à la révolution technologique, non à l’aveuglement.

ÉPISODE III : Une nouvelle Europe?

15. Plan européen : pour 750 milliards t’as plus rien!

Après cet accord à l’arraché, la plus grande prudence doit rester de mise. Et ce, pour au moins six raisons :

  1. Les 750 milliards d’euros promis ne représentent que 5,7% du PIB de l’U.E. ;
  2. Même si, par miracle, ce plan est renouvelé chaque année, cela signifiera que le budget européen sera d’environ 7% du PIB de l’Union, contre un budget fédéral qui représente plus de 20% du budget américain ;
  3. La ratification de ce plan a montré que l’U.E. était loin d’être un havre de coopération et d’entente ;
  4. Les concessions accordées pendant ce sommet sous haute tension risquent de laisser des traces pour les futures décisions européennes ;
  5. Tant que l’U.E. et la zone euro ne seront pas dotées d’une véritable gouvernance économique efficace tant en matière de croissance que de sérieux budgétaire, la crise ne pourra prendre fin ;
  6. Le financement de ces mesures.
En conclusion, si la gouvernance de l’U.E. et a fortiori celle de la zone euro ne sont pas améliorées, les 750 milliards d’euros annoncés ne serviront pas à grand-chose et finiront même par coûter très cher.

16. Le Covid-19 détruira-t-il la zone euro à 19?

La zone euro est, elle aussi, devenue une « bulle », i.e. un fossé entre ses promesses et ses réalisations, constituant par là même une « machine à crises ».

Basée sur des fondations bancales, l’UEM n’a jamais été terminée. En effet, cette dernière ne sera crédible que lorsqu’elle sera devenue une « zone monétaire optimale », i.e. parfaitement unifiée à tous points de vue, comme les Etats-Unis d’Amérique par exemple.

L’UEM telle que nous la connaissons aujourd’hui aura disparu d’ici 2030. Cela signifiera l’avènement d’une zone monétaire plus restreinte, avec une vraie intégration, une véritable union fédérale, des règles strictes et une entraide à toute épreuve.

17. Et si l’euro disparaissait ?

Si la sortie de la zone euro est tout à fait possible, il faut savoir qu’elle se traduirait forcément par une récession aggravée et durable, par une crise sociale sans précédent, mais aussi des guerres civiles, voire un conflit militaire. Bref, l’Europe et le monde s’engageraient dans un « trou noir »

18. Vers une Europe à quatre vitesses…

  1. a) une « zone euro premium », uniquement avec les pays qui respectent les règles d’harmonisation des conditions fiscales et règlementaires, le tout étant consolidé par un budget fédéral et une union politique ;
  2. b) une « zone euro basique » : pays souhaitant garder la monnaie unique, mais n’étant pas encore capables de remplir tous les critères d’adhésion à la « zone euro premium » ;
  3. c) une zone de libre-échange, mais sans monnaie commune ;
  4. d) pays géographiquement européens ne souhaitant pas faire partie de l’U.E., avec néanmoins des relations économiques et commerciales privilégiées, tels que la Suisse, la Norvège et le Royaume-Uni.
19. La France en état d’urgence durable…

La France se paie le luxe d’entretenir des dépenses publiques pharaoniques avec pour seuls résultats : une croissance molle, un chômage élevé, un accroissement des inégalités sociales et de la pauvreté.

Avec plus de 9,3 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, un revenu médian de 1735 euros par mois et une augmentation des inégalités, la France apparaît particulièrement menacée par une crise sociale de grande envergure.

EPISODE IV : Quid des politiques économiques ?

20. Les banques centrales coincées dans leur propre piège.

Les banques centrales ont entraîné le monde dans une dangereuse « trappe à liquidités », se caractérisant par quatre composantes principales : des taux monétaires proches de zéro, une abondance de liquidités, mais une inflation modeste et une croissance économique faible, voire une situation de déflation-récession.

Les récentes décisions et déclarations (depuis un an jusqu’à dernièrement) montrent qu’ils ne semblent pas savoir où ils vont et surtout là où ils veulent nous mener.

21. Covid-19 et dépenses publiques : liaisons dangereuses…

De 2000 à 2019, le poids des dépenses publiques dans le PIB français est passé de 51% à plus de 56%. A titre de comparaison, celui de l’Allemagne a diminué de 48% à 44%.

La France est aussi numéro un mondial des dépenses sociales qui représentent 31,2% de son PIB, contre 25% en Allemagne et une moyenne de 20% pour l’ensemble des pays de l’OCDE.

En d’autres termes, le drame de la France n’est pas le manque de dépenses publiques, mais la faible efficacité de ces dernières.

22. Relances budgétaires pharaoniques : qui va payer ?

Déjà extrêmement élevées avant la pandémie, les dettes publiques vont encore exploser au cours des prochains mois. De plus, dans la mesure où le PIB baisse fortement, cela signifie que les ratios dette publique/PIB vont mécaniquement atteindre des niveaux démentiels d’ici la fin 2020 : 260% au Japon, 205% en Grèce, 170% en Italie, 125% en France et 110% pour l’ensemble de l’UEM.

23. Et le financement des retraites dans tout ça ?

La durée de vie moyenne à la retraite est actuellement d’environ 22 ans, contre 2 ans dans les années 1950, 10 dans les années 1980 et 15 ans dans les années 1990.

Plus de 320 milliards d’euros, soit environ 14% du PIB, sont consacrés chaque année en France au financement des retraites, contre 10% en Allemagne et une moyenne de 7,5% pour l’ensemble des pays de l’OCDE.

Si la question du financement des retraites n’est pas résolue au plus vite, la dette publique française flambera encore nettement.

24. Sortie de crise : c’est quoi le bon plan ?

Un plan de relance efficace est celui qui inscrit la France dans une dynamique d’investissement et d’innovation sur le long terme. Cinq mesures à prendre d’urgence pour sauver la France :

  1. Baisser la pression fiscale pour tous, les entreprises et les ménages ;
  2. Optimiser la dépense publique en réduisant considérablement les dépenses de fonctionnement ;
  3. Réduire d’au moins 15% les charges qui pèsent sur les salaires ;
  4. Moderniser le marché du travail ;
  5. Favoriser le financement des entreprises et de l’innovation.
EPISODE V : Marchés financiers : vers moins d’éxubérance ?

25. Les bulles explosent en même temps.

Nous avons commencé à assister au pire des scénarios, en l’occurrence celui du dégonflement de toutes les bulles « en même temps ».

26. Taux d’intérêt de crédits : une remontée inévitable.

Grâce à la cocaïne, puis à la morphine distribuées à profusion par la BCE, les taux d’intérêt des obligations d’Etat n’ont cessé de baisser.

Aujourd’hui, si les primes de risque liées à l’inflation et à l’activité économique sont faibles, celles des déficits publics et de la crédibilité des Etats sont de plus en plus élevées…Il faut se rendre à l’évidence : l’ère des taux d’intérêt excessivement bas va bientôt se terminer.

27. Les marchés boursiers anémiés pour longtemps.

Si la planète tombe en récession, les résultats des entreprises seront négatifs, affectant mécaniquement les valorisations boursières.

Même si une reprise se produit grâce aux soutiens monétaires et budgétaires pharaoniques mondiaux, il faudra de nombreuses années avant de retrouver le niveau du PIB de la fin 2019.

La récession ne fait que commencer…et nous n’avons encore aucune idée précise de l’ampleur des faillites et de la crise sociale à venir. En d’autres termes, les incertitudes sont fortes et la volatilité va rester très élevée.

28. Vers une nouvelle crise bancaire ?

Le système bancaire et financier de la zone euro reste menacé, notamment par une nouvelle phase d’aggravation des créances douteuses (600 milliards d’euros fin 2019, dont environ 140 milliards pour les seules banques françaises) qui pourrait voir le jour dans les prochains mois.

Les banques européennes restent fortement menacées par une récession historique, une dette publique trop élevée et un risque de remontée massive des taux d’intérêt des obligations d’Etat.

La probabilité d’une nouvelle crise bancaire majeure demeure plus qu’élevée.

29. Bitcoin : quitte ou double ?

Combien vaut une monnaie qui est basée sur le néant, qui n’est contrôlée par aucune autorité et qui ne dispose d’aucune assurance contre la faillite ?

Une même constante avec les conseillers en investissement en fausses cryptomonnaies : tous les « épargnants » perdent et le créateur de l’arnaque se régale jusqu’à ce que la police l’arrête ou la mafia le « neutralise ».

30. L’immobilier prendra aussi le bouillon.

Au final, les fondamentaux du marché immobilier sont clairs : des prix trop élevés, un resserrement des conditions de crédits, une baisse de la demande et une augmentation de l’offre…J’anticipe une baisse de l’ordre de 20% des prix immobiliers en moyenne sur le territoire français au cours des deux prochaines années. Ensuite, une fois la correction passée, les prix remonteront progressivement.

EPISODE VI : Comment se protéger face à la crise ?

31. Notre épargne est-elle en danger ?

Depuis janvier 2016, les comptes des clients dotés de plus de 100 000 euros de dépôts pourront être prélevés pour contribuer au sauvetage de leur banque, en cas de besoin.

En France et en Europe, les dépôts bancaires ne sont garantis qu’à hauteur de 100 000 euros par personne et par banque…Cependant, l’Etat ne pourra pas puiser dans les livrets A et les contrats d’assurance-vie.

32. Il est l’or de se réveiller…

Pour simplifier, l’or n’est une « valeur refuge » que face à trois dangers majeurs : l’hyperinflation, une récession mondiale et un krach boursier et/ou obligataire international.

Attention, dès qu’il dépassera significativement les 2000 dollars l’once, l’or commencera à devenir trop cher et entrera dans une bulle, il faudra donc éviter d’en acheter.

33. Comment sortir de la crise par le haut ?

En fait, seuls les pays disposant de réserves de changes conséquentes (notamment les pays asiatiques) et/ou d’une marge de manœuvre budgétaire appréciable (principalement l’Allemagne) ont de quoi affronter cette nouvelle crise.

Si nous continuons de broyer du noir, si des pays comme la France refusent de réformer en profondeur leur économie, si les gouvernements de la zone euro ne réussissent pas à se mettre d’accord pour unir leurs forces, si les partenaires sociaux refusent de s’entendre, alors, la zone euro et la France seront les grandes perdantes de cette crise.

34. Quel nouveau monde pour demain ?

La décroissance se traduit immanquablement par des faillites d’entreprises, des destructions d’emplois, du chômage de masse, une augmentation de la pauvreté, voire de la malnutrition, en particulier dans les pays émergents, sans oublier une aggravation des inégalités.

L’écologie doit passer par l’économie au travers des innovations et des progrès technologiques…Plutôt que de rêver à un monde sans avion et sans voiture, il serait ainsi plus efficace de rêver à un monde avec des voitures et des avions propres (électriques ou hydrogènes), des usines peu ou pas polluantes, un développement des nouvelles technologies de l’énergie et de l’agro-alimentaire, mais aussi avec des services à la personne plus performants…

En conclusion, un nouveau monde moins extravagant, plus sûr, plus démocratique, tout en étant plus moderne et plus égalitaire est encore possible. Il suffirait que les dirigeants de la planète aient le courage d’en poser les fondations au plus vite.

La réalité est en train de dépasser les fictions les plus folles…Nous devons tout faire pour que cette réinitialisation (reset) mondiale soit aussi un « upgrade », i.e une amélioration de notre système économique, financier, social et sociétal.

 

Vivre ! dans un monde imprévisible de Frédéric Lenoir - Fayard

Émetteur du verbatim: François C.

Vivre ! dans un monde imprévisibleI. SE SENTIR EN SECURITE

On peut globalement affirmer que lorsque nos besoins de sécurité sont satisfaits on peut davantage se concentrer sur nos besoins de croissance, lesquels nous apportent les joies les plus profondes: joie de l’amour qui s’épanouit, de nos réalisations professionnelles qui nous permettent de nous accomplir et d’être reconnus, joies créatives, intellectuelles et spirituelles de notre esprit qui progresse…

II. ENTRER EN RESILIENCE

On peut schématiquement évoquer trois étapes principales après le traumatisme: la résistance, l’adaptation et la croissance.

Une personnalité qui est allée jusqu’au bout du processus de résilience ne s’est pas contentée de reconnaître son traumatisme et de faire le dos rond. Elle a su chercher en elle les ressources nécessaires pour se développer et faire de ce choc un tremplin pour grandir.

Toute crise (personnelle ou collective) doit nous conduire à faire des choix et à saisir les nouvelles opportunités qui s’offrent à nous.

III. S’ADAPTER

La doctrine du « non-agir », au cœur de la pensée taoïste, ne stipule pas qu’il faut rester passif, mais qu’il faut savoir lâcher prise et agir au moment opportun.

Montaigne ou les sages taoïstes nous disent que pour vivre bien il faut savoir s’adapter au mouvement permanent et imprévisible de la vie.

Tenons compte de toutes ces évolutions pour repartir d’un bon pied, dans une bonne direction, afin de nous reconstruire en restant dans le mouvement et la fluidité.

IV. CULTIVER LE PLAISIR ET LES EMOTIONS POSITIVES

Le rôle capital des neuromédiateurs (dopamine, sérotonine, acétylcholine, GABA) dans notre équilibre émotionnel.

On ne peut quitter une émotion ou un sentiment de peur, de tristesse, de colère, une dépression, qu’en mobilisant une autre émotion ou sentiment positif : du plaisir, de la gratitude, de l’amour, de la joie.

V. RALENTIR ET SAVOURER L’INSTANT

Montaigne insiste dans ses Essais sur la nécessité de prendre conscience et de savourer les moments heureux de l’existence et d’en jouir pleinement dans l’instant, sans autre souci: « Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors. »

Cette pratique de la méditation a évidemment aussi un profond impact spirituel. En développant un silence et un espace intérieur, elle renforce notre esprit, le rend plus disponible aux intuitions, plus ouvert au discernement, davantage capable de distanciation et de détachement.

VI. RESSERRER LES LIENS

Lorsque nous sommes affectés par un trauma, les liens socio-affectifs sont en effet essentiels pour se reconstruire, pour rebondir, pour retrouver la confiance nécessaire afin d’avancer dans la vie.

VII. DONNER DU SENS

Les principaux choix que nous avons à faire dans notre existence sont ceux de la juste orientation de nos désirs.

Frankl a su donner un sens à son existence, malgré l’horreur et l’absurde… Ce qu’il nous enseigne, c’est que celui qui a un « pourquoi » peut vivre avec n’importe quel « comment ».

Toute crise offre des opportunités de changer, de réorienter sa vie, de revoir son échelle de valeurs, d’aller vers l’essentiel.

VIII. DEVENIR LIBRES

Notre plus bel acte de liberté intérieure sera même de savoir utiliser une blessure, une contrainte, une maladie, un échec, un traumatisme de vie pour mobiliser nos ressources intérieures et grandir.

Nous ne naissons pas libres: nous le devenons.

IX. APPRIVOISER LA MORT

Vivre avec l’idée que nous mourrons tous un jour et que la mort fait partie intégrante de la vie…

Si le sage n’a pas peur de la mort, c’est qu’il est dans une profonde acceptation de la vie et de ses lois : la naissance, la croissance, le déclin, la mort.

C’est notre finitude qui peut nous inciter à vivre pleinement chaque instant comme une opportunité de joie, de plaisir, de prise de conscience, de connaissance, de croissance, d’amour partagé.

X. AGIR ET CONSENTIR

L’éthique stoïcienne vise à nous rendre conscients de notre responsabilité envers tout ce qui dépend de nous et conscients qu’il ne sert à rien de se laisser contrarier par ce qui ne dépend pas de nous.

Il relève aussi de notre responsabilité de vivre au mieux avec cette pandémie et ses conséquences, en cultivant nos émotions positives, en nous adaptant, en resserrant nos liens avec les autres, en essayant de saisir de nouvelles opportunités qui s’offrent à nous, et en acceptant, le plus joyeusement possible, ce que nous ne pouvons pas changer.

LA HAINE EN LIGNE de David DOUCET- Albin Michel

Émetteur du verbatim: François C.

Combien de personnes avaient été humiliées publiquement et condamnées sur la seule foi des médias sociaux? Quels sont les rouages de ces nouveaux mécanismes d’ostracisme en ligne? Comment remonter la pente lorsque votre nom est devenu une injure et que taper votre patronyme sur un moteur de recherche suffit à refroidir le plus téméraire des employeurs? Et enfin, où trouver la force de surmonter cette épreuve quand l’image que vous renvoie Google est un supplice?

  1. Le tribunal des réseaux sociaux

Sur les «autoroutes de l’information», il n’existe pas de meilleur carburant que l’énergie émotionnelle. C’est la loi d’Internet, ce qui choque ou énerve aura plus de chances d’être entendu que ce qui interroge ou pousse à la réflexion.

Les délateurs se retrouvent investis d’une magistrature totale recouvrant à la fois le rôle de l’accusateur, du juge et du bourreau sans aucun égard pour la culpabilité effective, la recherche de preuves, l’étude du contexte ou l’importance du contradictoire… C’est le bruit et la fureur qui règnent sur Internet.

De la notation à la délation, la frontière est parfois ténue… La société numérique a toujours été régie par une forme de surveillance mutuelle.

(Cancel culture) L’objectif est de décrédibiliser et de démonétiser la parole publique de celui ou celle qui était jusqu’ici reconnu(e). Dans les faits, cette volonté de traumatiser les coupables vire souvent au cyberharcèlement… Une fois la personne annulée, l’effacement de l’espace public peut être prompt et brutal.

«Je remarque que la plupart des phénomènes de cancel culture sont fondés sur des accusations morales et non pas sur des faits.» Brett Easton Ellis

C’est une constante, la culture de l’annulation obère la complexité du réel. Le pré-récit de culpabilité balaie notre vigilance rationnelle.

Nous créons maintenant une société de surveillance où la façon la plus intelligente de survivre est de redevenir sans voix.

2.Une vie sociale à haut risque

Du jour au lendemain, Mennel Ibtissem bascule dans un trou noir médiatique.

Combien de personnes peuvent assumer sans rougir leurs écrits et maladresses adolescentes? Une génération entière a fait ses premiers pas sur le web et vit sous la menace de voir ressurgir un passé qui ne s’effacera jamais.

Le plus grand conflit générationnel depuis des décennies, celui qui oppose la «génération parents», qui protège son intimité jusqu’à l’obsession, à la seconde, celle des «transparents» qui ont été radiographiés avant même d’être nés, puis filmés et pris en photo par leurs parents pendant toute leur enfance.

Rien ne ressemble plus à un tweet d’il y a dix ans qu’un tweet posté la veille. Ils sont d’autant plus facilement manipulables… En France, cette chasse aux vieux messages est tellement rodée qu’elle fait partie intégrante des stratégies des activistes en ligne, qu’ils soient de droite ou de gauche. Passer en revue les réseaux de quelqu’un est même devenu le moyen le plus facile de le détruire.

Sur Twitter, on a tendance à oublier qu’il y a de vraies gens derrière les avatars: cf «l’affaire Mehdi Meklat»

Le moyen le plus rapide pour se débarrasser d’un salarié.

(ProPR Consulting): start-up qui s’est taillé une petite réputation dans le nettoyage sur les réseaux sociaux.

Rien, rien de rien ne peut s’oublier. Et pour cause, les humiliations en ligne sont gravées au fer rouge comme au temps de la Grèce antique. Le sceau de l’infamie est sans cesse rappelé par Google pour ceux qui en sont frappés.

  1. Une honte contagieuse

Julie Graziani fait partie de la longue liste des cloués au pilori en ligne. Aux États-Unis, on parle de online shaming pour désigner cette propension qu’ont les internautes à couvrir de honte la personne qui s’est rendue coupable d’un comportement déviant ou immoral.

L’humiliation publique est d’autant plus dévastatrice qu’Internet fait exploser toutes les contraintes géographiques ou temporelles qui limitaient ce châtiment.

L’humiliation en ligne impose une situation orwellienne où le refoulement et la possibilité de se cacher n’existent plus. Téléporté dans un état de transparence totale, le sujet voit ses mécanismes de défense ébranlés… Google se révèle aussi comme un terrible agent de destitution narcissique.

La honte est un révélateur de la fragilité humaine de chacun… Un lynchage en ligne renvoie souvent la personne qui en est victime à ses failles ou blessures intérieures.

  1. L’engrenage médiatique

Sur Internet, le paysage médiatique s’est uniformisé. Le bâtonnage, i.e. la reprise remaniée d’une info parue ailleurs, est devenu la règle. 64% de ce qui est diffusé sur la Toile ne serait qu’un copié-collé pur et simple de contenus publiés ailleurs.

La course aux clics a remplacé la course aux scoops.

La  Twitter-dépendane ».

Le contrôle social imposé par les communautés militantes de Twitter est aujourd’hui largement sous-estimé.

On a littéralement flingué Philippe Caubère… Il n’y a plus aucun respect de la présomption d’innocence, encore moins du temps judiciaire.

Sur Internet, le train du buzz ne passe qu’une fois et l’écho d’une réhabilitation judiciaire ne recouvre jamais le crépitement initial des accusations.

Sur la Toile, nous vivons quotidiennement les obsèques de la nuance. Le gris est une couleur en voie de disparition. Pour se distinguer sur ce marché marqué par une infobésité galopante, il n’y a guère de place pour les hypothèses décalées, les titres pondérés ou les positions médianes.

Les fausses nouvelles se propagent six fois plus vite que les vraies.

  1. Google n’oublie rien

Amandine n’a commis aucun méfait, elle a juste eu le malheur de diffuser une chanson sur Internet (vidéo improvisée il y a douze ans). Pire qu’un casier judiciaire, elle doit vivre avec un casier Google. Il suffit de taper son prénom pour que le moteur de recherche le plus consulté au monde suggère une profusion d’articles et de vidéos ironiques.

Qui peut encore nier que les résultats brassés par le plus puissant des moteurs de recherche équivalent à une forme de notation sociale déguisée? Dans nos sociétés occidentales pourtant forgées par une culture chrétienne, l’oubli et le pardon sont en voie d’extinction.

  1. Vivre ou survivre

La capacité à surmonter un traumatisme dépend souvent d’un phénomène interpersonnel, celui de pouvoir s’appuyer sur ceux que Boris Cyrulnik désigne sous l’expression «tuteurs de résilience».

(Traumatisme) Ces individus ont alors le sentiment de se connecter à leur personnalité profonde. L’épreuve les a poussés à se remettre en question et à s’interroger sur eux-mêmes.

Survivre à un lynchage en ligne relève souvent d’un parcours sinusoïdal, tant l’impact psycho-traumatique demeure fort et durable.

On dénombre autant de chemins de résilience que l’on compte d’êtres humains.

La population des adolescents est particulièrement vulnérable aux violences en ligne, puisqu’elle est en pleine construction identitaire et affective.

Nous n’en sommes qu’aux prémices de nos vies connectées et tout le monde peut participer à ce changement de paradigme afin que le spectre de la mort sociale qui plane aujourd’hui au-dessus des réseaux se dissipe et que le web redevienne le formidable outil de conversation qu’il était à ses débuts.

 

*

QUOI QU’IL EN COÛT€! de François LENGLET Albin Michel 2020

Émetteur du verbatim: François C.

L’épidémie : machine à avancer le temps

Elle nous conduit de façon tortueuse et douloureuse vers une toute autre organisation.

Au-delà du gigantesque accident Covid, et de façon bien plus durable et profonde, la puissance publique est en train de se réinstaller au cœur de l’économie.

Trump, Brexit, et Gilets jaunes sont trois expressions différentes d’une même frustration, grossie et déformée par l’irruption du virus.

Entre 2009 et 2012, la dette publique française avait augmenté de trente points de PIB, passant de 60% à 90% de la richesse nationale. Cette fois-ci, il n’aura fallu que trois mois pour faire grossir nos engagements du même montant faramineux.

Le virus a littéralement asséché le sud de l’Europe, l’Italie et l’Espagne, faisant fuir le capital qui s’est réfugié dans les Etats du Nord, l’Allemagne au premier chef, révélant et aggravant les formidables différences de compétitivité entre les deux moitiés de la zone euro qui menacent de la faire éclater.

Les leçons du passé sont pourtant sans appel : il n’y a pas d’issue paisible à l’hyper-endettement. Pour une raison toute simple : on ne sait pas faire disparaître la dette sans détruire en même temps du capital. Si une créance est annulée, il y a forcément une victime quelque part, celui qui a prêté.

L’argent magique

En mai dernier, l’OCDE estimait que les pays membres de l’organisation s’étaient chargés de 15 000 milliards d’euros de dette avec la crise sanitaire et le coût du confinement. Ce qui fait passer l’endettement moyen de 109% à 137% du PIB. L’épidémie aura donc coûté 12 000 euros de dette par habitant en trois mois.

Une incroyable détérioration des finances publiques. Qui se double d’une montée de la dette privée, tant celle des entreprises que celle des ménages. Le tout financé par la planche à billets, actionnée sans relâche par les grandes banques centrales de la planète.

Au passage, il faut pointer ici l’extraordinaire fragilité du système monétaire international. Tout repose sur la crédibilité des banques centrales. La valeur de l’argent, i.e. celle du travail et de l’épargne, la propriété, l’ordre social, repose sur un simple acte de foi en une poignée d’institutions : la FED aux Etats-Unis, la BCE, à Francfort, pour l’euro, la Banque de Chine, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon.

La certitude qu’ont les investisseurs privés de pouvoir revendre ces titres à la FED quand ils le souhaitent fait qu’ils financent l’Etat américain sans barguigner. Au premier semestre 2020, Trump a ainsi levé 3 000 milliards de dollars. Deux fois plus que sur la totalité de l’année dernière. Et le déficit des USA en 2020 pourrait atteindre 3 800 milliards de dollars, soit 19% du PIB.

Les banques centrale ne se comportent pas comme des investisseurs, qui sélectionnent les valeurs les plus rentables ou les plus solides, mais comme l’assureur en dernier ressort de toute l’économie, qui se substitue à la demande pour maintenir hors de l’eau un appareil productif fragilisé.

On mesure ici à quel point d’absurdité l’économie mondiale en est arrivée. Percluse par les dettes, elle ne peut plus marcher sans antidouleurs. Et le seul qui marche est fabriqué par les banques centrales.

C’est ici le remède -l’argent facile, pour éviter la faillite- qui se trouve être aussi la cause de la crise d’après – l’excès de dette. A chaque fois la secousse est plus forte et demande une dose plus importante pour être calmée. Un cercle vicieux que personne ne sait interrompre, et qui nous met à la merci de krachs de plus en plus dévastateurs.

Les entreprises qui ne survivraient pas sans ces conditions exceptionnelles se multiplient. Ce qui compromet l’émergence de leurs concurrents, plus modestes, plus productifs et moins chers…Ces « zombies », les entreprises mort-vivantes, pourraient représenter jusqu’à 12% des entreprises cotés dans les 14 principales économies mondiales.

La valeur d’une dette n’est jamais fixe, même si elle a été contractée à taux zéro. Elle fluctue en fonction de l’environnement économique, et en particulier de la hausse des prix et de la croissance de l’activité. Deux paramètres qui déterminent les capacités de remboursement.

Pas d’inflation qui permette d’ «euthanasier le rentier», comme le disait Keynes. Pas davantage de croissance, qui aurait permis de gonfler les revenus. Et des impôts déjà très élevés, qu’on ne peut majorer sans faire plonger encore plus bas l’économie…Voilà l’équation.

Cette furie de la dépense aura évidemment une fin regrettable…Elle a toujours la même issue. Une ruine qui peut prendre deux formes différentes. La première est le krach, la perte de confiance brutale et généralisée qui fait vendre tous les titres financiers…L’autre route n’est guère plus réjouissante : une forte inflation, causée progressivement par la méfiance qu’inspirerait la création de flots d’argent déversés dans l’économie.

Il n’y a pas de suppression de la dette accumulée sans destruction parallèle et symétrique de l’épargne, quelles qu’en soient les modalités…La destruction de l’épargne, c’est aussi celle de l’ordre social et de la démocratie…Le déclencheur sera, comme toujours, un événement contingent, imprévisible, insignifiant en lui-même, qui provoquera l’enchaînement. Ce sera le grain de sable qui fait s’effondrer la pyramide de milliards de grains accumulés peu à peu…Ce peut être l’action ou la déclaration d’un responsable politique, la faillite d’un acteur financier, l’apparition d’un nouveau virus, l’embrasement d’un conflit régional.

Les métamorphoses de tripalium (poussée numérique) Un mouvement qui va se traduire par une baisse du temps de travail humain, une augmentation des salaires, mais aussi par d’importantes destructions d’emplois.

2020 sera l’année du commerce en ligne…et de l’effondrement des ventes dans les magasins physiques…Selon le cabinet Mc Kinsey, un tiers des enseignes physiques pourraient disparaître dans les années qui viennent…Moins de vendeurs, plus de livreurs. Moins de magasins, plus d’entrepôts.

(Gafa) En réalité, ils sont devenus aussi vitaux pour l’économie, grâce aux savoir-faire qu’ils possèdent, aux réseaux qu’ils gèrent et aux informations qu’ils en retirent pour les vendre que le rail et la route au XIXème siècle.

Quatre salariés sur dix, pendant le confinement, ont ainsi exercé à distance leur activité professionnelle, de façon dématérialisée. A l’échelle du monde, ce sont plusieurs centaines de millions de personnes qui ont délocalisé leur lieu de travail pendant plusiurs semaines (suppression des transports) Une, deux, voire trois heures de temps libre éveillé se sont libérées dans nos programmes quotidiens pour la vie personnelle. Sans perte de salaire.

En réalité, la crise sanitaire a obligé les entreprises à tirer le bénéfice maximal des technologies disponibles, ce qu’elles n’avaient pas fait dans les conditions d’activité normales, à cause de l’inertie naturelle des organisations humaines, qui peinent toujours à se transformer…De façon silencieuse, une gigantesque poussée de productivité s’est donc produite dans nos économies avec la très large utilisation des technologies au printemps 2020, dont nous allons voir les dividendes.

Revanche des villes moyennes…Demande de transports qui devrait chuter durablement… Robotisation des emplois dans la livraison à domicile, l’agriculture, le nettoyage et la désinfection…

La seule vraie question de la révolution numérique qui s’est amplifiée en 2020, c’est la répartition des dividendes et des sacrifices. Dans ce cadre, nul doute que la question du revenu universel ne revienne dans les débats politiques, car c’est une forme de redistribution.

«Souveraineté, j’écris ton nom»

Depuis la grande crise de 2009, l’heure est donc à fustiger le libéralisme qui fait progresser les inégalités, qui a soufflé la bulle financière et rendu l’économie vulnérable aux krachs. Insensiblement, le monde se referme donc, et comme toujours, ce sont les pays anglo-saxons qui donnent le ton.. Ils avaient été en pointe pour initier la grande révolution libérale des années 1980, ils le sont encore pour le rétablissement des frontières, avec Trump et avec le Brexit.

C’est fini. L’Etat et la nation reprennent du terrain. Ils veulent prévaloir sur les intérêts purement économiques. Et les multinationales devront s’y soumettre…La fragmentation de l’économie-monde est en marche.

En clair, c’est la quasi-gratuité de la santé en France qui explique en partie les pénuries, via le contrôle draconien des prix par l’Etat. Et qui encourage les délocalisations d’usines de médicaments…

Plus l’Etat taxe, plus il est obligé de compenser avec des plans, programmes et actions ponctuelles. Et plus il dépense avec ces programmes, plus il est obligé de prélever… Un cercle vicieux.

(France) Depuis trente ans, l’argent prélevé avec les impôts les plus élevés de la planète ou presque, les nôtres, ne sert plus majoritairement ni à investir ni à entretenir les services publics. Il est redistribué à la population, massivement, sous la forme d’allocations innombrables. Au point que ces transferts représentaient, avant même la crise sanitaire, plus du tiers du revenu des ménages, pensions comprises.

L’ère de la divergence

(Covid 19) Même si l’on tient compte du nombre d’habitants dans les différents pays, la performance de Séoul est remarquable. Tout comme celle de Taïwan, celle du Japon, celle de Singapour.

Les mêmes disparités ont frappé l’Europe, de façon plus mystérieuse. Le Vieux Continent est coupé depuis toujours en deux moitiés. Au nord les partisans de la rigueur budgétaire et monétaire, adeptes du compromis social. Au sud, des laxistes impénitents en matière de dépense publique, dévaluationnistes à peine repentis, incapables de faire s’accorder syndicats et patronat…

Depuis le 1er janvier 1999, date de la mise en œuvre de l’Union monétaire, le PIB italien n’a progressé que de 9,5%. Trois fois moins que celui de la France et l’Allemagne. Cinq fois moins que celui de l’Espagne.

Dans une démocratie, il doit évidemment y avoir équivalence entre le périmètre de la levée de l’impôt, celui de la dépense publique et celui de la responsabilité politique. Ce n’est pas le cas dans la zone euro.

L’Allemagne est la grande bénéficiaire, sur le plan commercial, du marché unique européen. Elle y réalise près des deux tiers de ses exportations, soit 800 milliards d’euros annuels. Et la monnaie unique lui garantit que ses partenaires ne dévalueront plus. Sans obstacle tarifaire, réglementaire et monétaire, les artères commerciales du marché unique sont comme des autoroutes gratuites pour les exportations de l’industrie allemande.

N’oublions pas que nous sommes en Europe, et que celle-ci est incapable de faire simple. L’Europe est tout aussi incapable de faire vite.

Derrière la récession elle-même, en effet, c’est la divergence qui menace, à cause des différences de morsures qu’a effectuées l’épidémie dans le tissu productif…L’euro renforce les forts et affaiblit les faibles…Tel est l’incroyable bilan de vingt ans d’Union monétaire : l’Europe passe de crise en crise, et lors de chacune des secousses, le Sud et le Nord s’éloignent davantage l’un de l’autre, alors que l’euro était supposé accentuer la convergence.

La France n’a évité le sort dramatique de l‘Italie qu’au prix de sa dérive budgétaire. Sans pour autant parvenir à préserver son industrie.

Le futur de la zone euro devrait donc rester marqué par une croissance très inégale, la persistance du risque de crise financière et des explosions sociales ou politiques dans les pays du Sud, à cause du ressentiment légitime que suscite le marasme économique.

La BCE et ses tombereaux de milliards créés par la planche à billets sont devenus le soutien indispensable sans lequel l’Union monétaire exploserait sous la pression de la spéculation.

Le virus nous rappelle une fois encore la faiblesse intrinsèque de notre Union monétaire. Face à une crise, ne pas disposer de sa propre monnaie est un lourd handicap, qui ne peut être compensé que par une solidarité massive des autres pays. Mais cette solidarité n’est pas praticable sans mutualisation de la responsabilité politique : la fédération.

(Grèce) L’euro a à la fois créé le problème et proscrit la solution (dévaluation de la drachme)… Le choix collectif a donc été de privilégier la valeur du capital au détriment de la croissance et de l’emploi.

Ce scénario de dépendance et de déclin acceptés n’est pas le plus optimiste. Et peut-être vaut-il mieux souhaiter que l’édifice fragile de l’Union monétaire soit mis à terre par une crise financière ou politique.

Bismarck en mer de Chine

On voit les Chinois partout : dans le cyberespace, en Arctique, en Afrique, dans nos infrastructures vitales de télécommunications. La Chine émergente et pacifique avait transformé l’économie mondiale à son profit, grâce à l’ouverture de son marché qui avait déclenché une poussée de la mondialisation. Au contraire, la Chine du présenr, émergée et belliqueuse, va provoquer un reflux de cette mondialisation.

Alors que Pékin ne concède officiellement que 4 000 morts, l’Europe et l’Amérique en auront chacune bien plus de 100 000. Avec ces chiffres élevés, l’une et l’autre auront trahi la faiblesse de leurs Etats, incapables de s’organiser face à l’urgence sanitaire, la médiocrité de leurs équipements et la lourdeur de leurs processus de décision. La démocratie, ça ne marche pas, voilà ce que pensent les Chinois.

Commerce, technologie, finance, l’éonomie mondiale est donc en train de se scinder en deux sphères d’influence, en conflit l’une avec l’autre…Une nouvelle frontière: le Pacifique, qui n’a jamais porté si mal son nom. La mondialisation va évidemment en subir les conséquences, avec la réorganisation des chaînes de production et d’approvisionnement mondiales. Comment faire fabriquer en Chine des composants essentiels dans la pharmacie ou l’électronique dans un tel climat d’hostilité?

La Chine de 2020 illusrte à nouveau cette constante de la géopolitique, qui contraint les périodes de « doux commerce » à ne rester que des parenthèses, scandées par le retour de l’affrontement entre les puissances.

(Berlin 1880) À la fin du XIXème siècle, comme de nos jours, il s’agissait de la compétition entre deux modèles économiques, le système libéral anglais et l’étatisme autoritaire allemand.

(Pékin 2020) Compétition avec les USA pour le réseau téléphonique 5G, mais aussi sur le plan financier, tout aussi stratégique que le commerce et la technologie…Autre champ de bataille : la construction d’infrastructures pour consolider l’influence internationale (nouvelles routes de la soie).

En un mot, devant le conflit du début du siècle Chine – USA, l’Europe est comme à l’habitude désarmée et divisée.

Demain

A chaque cycle son régime de croissance, marqué par un modèle idéologique, une morale et des valeurs.

Une autre génération prend à la fois le relais et le contrepied de celle qui l’a précédée, récusant la liberté pour exalter le besoin de protection, l’ordre et le respect de la nature.

La forte croissance des inégalités de la fin de la période libérale, qui s’est accompagnée d’une concentration extrême du revenu et du patrimoine, touche peut-être à sa fin. Mouvements sociaux, révolutions, transformation de l’offre politique, autant de secousses vraisemblables dans les années qui viennent.

Qui seront les gagnants et les perdants de la période?… Le grand perdant devrait être le gagnant des cinquante dernières années : l’épargnant et le détenteur de capital.

Demain, il faudra mobiliser la Lune, Mars, qui sait, pour suppléer aux garanties affaiblies des Etats vermoulus. Ou bien inventer quelque nouvelle technique, titrisation d’hypothétiques dividendes futurs ou dette perpétuelle. Quel que soit le nom et l’artifice, il s’agira du bon vieux schéma de Ponzi ou de Madoff, l’arnaque la plus vieille du monde.

La destruction du capital est le prix à payer pour effacer la dette. Car dette et épargne ne sont jamais que deux mots pour désigner le même actif, la même transaction, vu tantôt du côté de l’emprunteur, tantôt du côté du prêteur.

L’économie va profondément changer, avec le retour des frontières et de l’Etat, au détriment du marché, tant pour la production de biens que pour la finance. L’offre politique va elle aussi se transformer pour mieux répondre aux attentes du moment.

La mauvaise nouvelle, c’est que ces crises de transformation durent une vingtaine d’années. La bonne, c’est que nous en avons déjà fait plus de la moitié. Et que le virus a fait tourner plus vite les aiguilles du cadran.

*

CELUI QUI NE COMBAT PAS A DÉJÀ PERDU de Thierry MARX - Flammarion

Émetteur du florilège: François C.

Pour moi, une vie réussie est à angle droit. Solitaire est la ligne verticale, le sens de l’engagement, le sens de l’honneur ET solidaire, le souci des autres, l’altruisme… c’est l’horizontalité.

Dans ma vie, j’ai appris à me relever souvent. Et aujourd’hui, il nous faut tous le faire. Parce qu’on n’a jamais vu un match de boxe gagné par le public.

Ce que j’ai appris et aimé dans les sports de combat, c’est qu’on ne gagne pas parce qu’on est meilleur, mais parce qu’on ne peut pas perdre. On ne recherche pas la récompense mais l’accomplissement.

Ma seconde découverte a été la fraternité. Une communauté d’hommes qui, dans la pratique, s’entraidaient dans un seul but: l’excellence. Des ouvriers, et fiers de l’être… Nous étions protecteurs les uns envers les autres et critiques, puisque l’échange nous permettait de progresser.

«Il n’y a que la mort qui est irréversible.» Tant que je pouvais affronter physiquement les choses, je pouvais m’en sortir… Chaque fois qu’il m’arrivait un coup dur, je me sauvais par le sport.

Dans cette classe d’éclopés de la scolarité, chacun avait un projet. Et nous nous encouragions, communiquant aux autres l’énergie de se dépasser. Je me retrouvais dans les mêmes dispositions que chez les Compagnons du devoir. La même fraternité. Dans la vie, beaucoup de choses sont déplaisantes. Si on s’y arrête, elles deviennent toxiques. Il faut les laisser filer ; en faire rapidement son deuil. C’est l’art de la coupe: le tameshigiri.

Ces grands chefs cuisiniers ont en commun de venir du dur. Ils ont fait des apprentissages à quatorze ans, ils arrivaient d’une extraction modeste en général. Ils ont appris très tôt ce qu’était le travail.

À l’école Robuchon, nous apprenions une forme de spiritualité proche de ce que l’on m’a enseigné à l’université de judo de Tenri, au Japon: le shuhari, dont le sens pourrait être «Observe et tais-toi. Apprends et comprends. Comprends et innove.»

Comme les moines du mont Koyasan, je crois que les gens disparaissent physiquement mais restent là comme des éléments de la nature.

Je n’ai jamais cessé de méditer depuis. J’y trouve le moyen de mettre de la distance entre mes émotions et mes actions. Je me pose, je fais le point comme un photographe règle son objectif, j’analyse et je repars. Si je ne le fais pas, je réfléchis moins bien. J’ai pu construire un management efficace: dur avec les faits - les faits sont les faits, ils ne sont pas négociables - et bienveillant avec les gens, bienveillant avec moi-même.

Dans ce monde qui est souvent un miroir aux alouettes, la méditation me permet de fixer une ligne de conduite. Humble quand on est fort et fort quand on est faible.

Je sais que la lumière passe, repasse et s’éteint de temps en temps…Un peu comme l’Ankou, l’ange de la mort en Bretagne qui rôde, donne des frissons et puis un jour s’arrête. Le principal combat est peut-être de ne pas oublier qu’un jour tout va s’arrêter et qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses ambitions.

J’ai pris conscience qu’exercer ce métier de cuisinier sans avoir son propre style était une forme d’abandon de poste, un manque de courage, que c’était même plutôt vain. J’ai réalisé qu’il me faudrait prendre des risques, particulièrement de découvrir qui j’étais vraiment.

J’ai vérifié mille fois qu’innover était un combat violent. Il y a des moments d’abattement, l’impression que l’univers se ligue contre toi pour te remettre la tête dans l’eau.

C’est aussi pour cela que j’aime tant le Japon. Dans ce pays, il n’y a pas d’opposition entre innovation et tradition. Seul compte le caractère durable des choses.

Il m’a transmis le virus de la curiosité. Depuis, je suis sans cesse à la recherche de rencontres, de livres et de personnes qui pourraient me mettre en défaut sur mes convictions ou m’apprendre un peu plus. L’attractivité ne pouvait pas être que dans l’enjeu d’obtenir des étoiles ou des macarons, il fallait aussi que les collaborateurs ressentent le plaisir de travailler et d’évoluer ensemble.

Les faits ne sont pas négociables. Je me suis fixé une ligne de conduite: être dur avec les faits et bienveillant avec les gens. Cela m’a permis d’éviter de chercher des coupables.

Il faut savoir regarder devant soi. Ne pas se poser la question, ne pas prévoir, c’est ne pas regarder la ligne d’horizon. Et qu’est-ce qu’être vivant sinon regarder la ligne d’horizon?

J’ai fait le tour des prisons en Europe. J’ai à chaque fois vérifié que pour s’en sortir, un prisonnier avait besoin d’un projet en dehors des murs. Ou sinon, c’est une loterie macabre qui dépend de qui vous attend à la sortie.

Nous apprenons aux élèves le geste, le feu et le temps… Les gamins retrouvent quarante recettes en un instant sur leur téléphone. L‘essentiel de l’enseignement est devenu… le geste.

Petit à petit nous avons trouvé notre rythme et notre devise, un acronyme assez bateau: RER pour Rigueur, Engagement, Régularité. Rigueur: trouver le projet. Engagement: lâcher la main du passé. Régularité: être présent pendant les onze semaines sans aucune absence ni retard.

Je préfère l’altruisme à la bienveillance. L’altruisme, c’est aider l’autre à s’épanouir, c’est voir en l’autre un potentiel, un talent.

Le pourquoi est essentiel pour une société mais aussi pour un individu qui veut aborder le monde du travail en homme libre. Pourquoi dois-je me lever le matin?

Aider les gens, c’est d’abord les remettre en situation d’entrer dans le combat. Leur montrer qu’ils peuvent remonter sur le ring. Je ne suis pas obligé de rester dépendant d’une aumône.

Ce que j’aime avec Cuisine mode d’emploi(s), c’est voir que personne n’est assigné à l’échec.

La confiance ne s’écrit pas. On l’acquiert dans l’action. Dans les prises de judo, dans le sport, il n’y a plus de couleurs, il n’y a que le mouvement

Redonner de son expérience à des jeunes est une respiration formidable. Je l’ai vu avec Cuisine mode d’emploi(s) où les anciens sont venus nous aider.

Je me suis donné dix ans sur chacune de mes entreprises pour avoir le meilleur impact social et environnemental possible.

Le combat intéressant est moins dans la réussite individuelle que dans l’urgence collective d’améliorer notre rapport à l’alimentation.

Dans ce même cours, un bon produit se définissait comme : local, durable, repère (marque qui envoie un message sur l’environnement), recyclable et « self-suffisant ». Être self-suffisant consiste à entretenir le produit que l’on a acheté.

Dans un même lieu, je veux rassembler la culture de la terre, la culture du savoir-faire et la culture de l’esprit.

Je veux faire un lieu culturel pour tous les mangeurs. La cuisine, c’est de la culture, de l’échange, du partage. La gastronomie, c’est la culture. Et ce lieu que j’imagine à Paris doit brasser des artisans, des artistes, des agriculteurs, des peintres, des photographes…

NO PASARÁN, LE JEU, de Christian Lehmann - EDL (roman adolescents)

Merci à Antoine pour son texte:

Résumé:

Éric Cuvelier a 15 ans, un frère engagé à l’armée en Bosnie, une mère qui reste tous les jours au lit, mais surtout, c’est le gamer le plus passionné de son lycée avec Thierry De Boisdeffre et Andréas Salaun.

Thierry De Boisdeffre a également 15 ans, c’est un gamer passionné, mais surtout un pro de l’informatique et il adore bidouiller son ordinateur.

Andréas Salaun est un gars de 17 ans fort et musclé, qui n’hésite pas à employer ses poings quand il est fâché, et aime les blagues puériles, voire dangereuses.

Tout les trois, ce sont des amis que le gaming lie plus que tout, ils sont fondus de jeu sur PC et en raffolent.

Lors d’un voyage scolaire à Londres, ils échappent à une visite guidée de Westminster Abbey avec leur classe et filent se balader dans Londres. Éric aperçoit alors un panneau pour une boutique  «Frenzy Game!» («la frénésie du jeu»)

Ni une ni deux, les trois gars foncent à la boutique, qui pour eux, gamers confirmés, est un paradis.

Un détail choque Éric et Thierry cependant: lors d’une dispute avec le vendeur, les deux garçons remarquent «une simple insigne» sur le manteau de leur ami: une «décoration ancienne» quelconque, sans doute…

Le vendeur donne alors une boîte à Thierry et Éric avec « e jeu» à l’intérieur.

C’est une simple disquette. Il ne doit pas y avoir beaucoup de contenu dedans. Sauf que lorsque Thierry et Éric ouvrent le jeu, une incroyable surprise les attend: une voix-off très réaliste leur demande «choisissez votre mode de jeu». Le jeu comporte des images très réelles en plus.

Mais les deux garçons vont très vite comprendre que ce n’est pas un jeu dans lequel ils sont embarqués, mais un univers surréaliste dans lequel ils devront se battre pour sauver leur vie. Ils découvriront de sombre vérités sur leur «ami» Andréas…

Son avis:

Ce roman est une pépite, car il mêle cyberculture, surréalisme et histoire véridique, dans une intrigue qui nous emporte et nous réserve des surprises du début jusqu’à la fin!

Avec le temps de Jean-Louis Servan-Schreiber - Albin Michel

Émetteur du verbatim: François C.

Si un ailleurs existe, je ne le saurai qu’à la fin. Mais tant que je suis de ce monde, il vaut mieux que je me prépare à un saut dans le néant.

M’exercer en tous domaines de mon vécu donne un sens à chaque instant que je vis, avec plus d’intensité que jamais auparavant… Désormais il s’agit de se sentir encore vivant. Cet «encore» justifie tous mes efforts.

Mais tant que je ne me réfugie pas dans des souvenirs pour me consoler d’un présent douloureux, c’est que je suis encore bien vivant.

Je me méfie de l’émotion. Je l’associe à des sentiments que je préfère éviter: la colère, la haine, la violence, le désespoir, les décisions instinctives, l’expression bruyante des sentiments. Je les oppose à la rationalité, la tolérance, le calme, la distanciation, la décision réfléchie. Mais je me méfie aussi des émotions généralement recherchées: la passion, l’extase ou la transe.

Réflexion faite, l’âge nous purge efficacement de deux moteurs d’action efficaces mais encombrants: la passion et l’ego… Pourquoi peut-on alors s’en passer sans mal? Du seul fait que la fragilité de sa propre vie devient de plus en plus évidente. Le simple fait de se réveiller, chaque jour, encore présent, est une récompense suffisante pour ne pas en rechercher d’autres, forcément plus compliquées.

La confiance est le socle de l’amour: tout faire pour la préserver et la vivifier constamment. S’il n’y a pas au moins une personne dans ce monde à qui l’on puisse presque tout dire, on est voué à une solitude existentielle.

Je n’ai donc pas d’autre choix que de reprendre de la distance. Le monde s’est à la fois construit et déconstruit sous mes yeux.

Exister se ressent au croisement d’un désir et d’une compétence. Ce que j’aime faire et fais bien me donne le sentiment de jouer un rôle, même minuscule, dans la société où je suis plongé.

Le secret des vieux couples ne serait-il pas qu’ils savent se faire exister mutuellement sans lassitude?

Or ce qui a radicalement changé désormais est que les solutions à trouver sont à l’échelle de la planète. Autant espérer vider la mer avec une louche… Notre vrai déficit est de courage et d’humanisme.

La répétition n’érode pas les plaisirs essentiels, elle les confirme.

Pour autant le désir ne disparaît pas de l’existence, mais il change d’objet et d’intensité. Je valorise désormais ce que je n’aurais naguère considéré que comme des menus plaisirs.

Dans la société d’individualisme technologisé qu’est la nôtre, le réel et les médias traditionnels ne font pas le poids face à la puissance de l’industrie du spectacle, des jeux vidéo et des réseaux sociaux, bref de l’illusion.

Il y a mille manières de mener sa vie, mais j’ai, pour simplifier, classé mes choix entre papillonner agréablement ou creuser un sillon. Même si le second semblait plus austère, je l’ai préféré.

Ce n’est que récemment que sont apparus les fake news et les faits alternatifs, autrement dit les mensonges décomplexés, voire revendiqués.

Smartphone, tablette, ordinateur, télévision, je dispose maintenant d’écrans partout, connectés ensemble et au monde. Incroyable ressource de contacts, de connaissances et de distractions. De mon fauteuil, je suis devenu explorateur de la planète.

Avec le temps je me vois de plus en plus comme un animal parmi les autres.

Si je valorise à ce point la fiabilité pour moi et les autres, c’est que j’ai besoin pour vivre à l’aise de pouvoir faire confiance, de compter sur ceux avec lesquels je suis en rapport.

Le moment est venu de vivre pour vivre, pour chaque jour qui passe, pour chaque proche qui m’entoure, pour le vent, pour la lumière, pour l’odeur des fleurs, pour la musique, qui m’élargit bien au-delà de moi… Le long terme n’est plus dans mes moyens, je ne vois pas de meilleur emploi de mon temps que de cultiver l’instant.

Avec le temps l’important c’est ce qui plaît, à moi ou à ceux que j’aime.

Leurs modes de vie représentaient trop de sacrifices de ce que je considère comme primordial: prendre le temps d’apprécier tout ce qui, à mes yeux, donne de la saveur à mes jours et qui s’apparente davantage au simple, au naturel, au tendre, au souriant, au délicat, au beau… Avec le temps mieux vaut avoir réussi sa vie privée, car c’est tout ce qui reste.

Je suis conscient de mes trois déficits structurels: le doute, l’ignorance et mes limites biologiques. Je n’y changerai rien, je dois vivre avec. Pour transcender mes inévitables limites, celles de toujours comme celles dues à mon âge, je jongle entre l’acceptation (c’est comme ça et ça pourrait être pire) et la résilience (je bouge, je m’exerce, j’écris). Et je remercie chaque jour la providence d’être encore en état de le faire.

Vivre français, c’est bénéficier de tolérance, de liberté d’expression, de protections juridiques, de traditions démocratiques solides. C’est utiliser une langue élégante, riche en nuances et façonnée par une tradition littéraire séculaire. C’est bien sûr aussi pouvoir jouir, si l’on a un minimum de moyens, d’une qualité de vie plus qu’enviable : climat, nature et cuisine.

L’appréciation que je porte sur mes jours et mes heures est donc celle de leur justesse, au sens que peut donner à ce terme un accordeur de piano. Mais il ne suffit pas que tel ou tel instant soit juste selon mes valeurs. J’essaie que l’accord que représente chaque journée soit harmonieux quand ses différents éléments se combinent.

Sur les vingt moments décisifs décrits ici, onze ont relevé du hasard plutôt clément. Neuf de décisions mûries et planifiées. Je ne sais pas si c’est une proportion habituelle. Au moins ai-je évité la monotonie et une existence où tout aurait été voulu et organisé. ça aurait été un long purgatoire.

La mort viendra en son temps, l’accepter revient à me concentrer d’ici là sur ce qui me reste à vivre. La mort aura ma peau, mais avant je peux préserver ma joie de vivre tout en faisant mon possible pour que l’échéance vienne le plus tard possible. Il me semble que je n’en ai plus peur.

*

 

CE QUI VIENT de Stéphane PAOLI - Ed. Les Liens qui libèrent

Émetteur du verbatim: François C.

 

  • Quatorze plus un
 

 

 

  • Etat des lieux
 

(Covid 19) Elle est un anticorps efficace qui peut produire un changement de temporalité, d’échelle, de partage.

(Smartphone) Il est, et demeure, une prothèse schizoïde. Il fait simultanément de nous des êtres libres et dépendants, reliés et isolés, dans et hors du monde.

D’ici à 2050, 300 millions d’habitants connaîtront des inondations au moins une fois par an. Le pire scénario, en Asie, pourrait aller jusqu’à 640 millions de personnes.

Chacun de nous héberge 100 000 milliards de bactéries. L’univers vit en nous, nous vivons en lui.

Paul Virilio décrit un vidéodrome qui crée une mondialisation des affects, une synchronisation des opinions.

Cette obscure étape -l’ordinateur quantique- pose que l’intelligence artificielle dépassera l’intelligence humaine sans que soient cependant pris en compte les affects, les émotions, les pulsions et les fantasmes, facteurs de choix et de créativité autant que de déviance et de cruauté. La puissance de calcul ne résout pas encore la chimie du corps ni le mystère des affinités.

 

  • Ethologie
 

Vinciane DESPRET psychologue, docteur en philosophie et éthologue

« Nous ne sommes pas, nous ne sommes plus, seuls au monde. Ce monde est fait d’être pétris d’intentions qui ne sont pas nécessairement les mêmes que les nôtres, et ces intentions constituent bien des réponses, et non des réactions. »

Depuis l’Antiquité, l’homme a fait de lui le centre du monde…Le renoncement au point d’équilibre humain qui nous est proposé par les animaux nous inscrit dans l’univers infini des interactions qui portent le principe de la vie.

Mark Bekoff : « Chaque animal est une manière de connaître le monde. »

 

  • Astrophysique
 

Michel CASSé astrophysicien

« Il y a plus de possibilités, de configurations, d’états possibles de chaque objet dans le désordre que dans l’ordre. »

« Le secret originel se cache dans les dix puissance quarante-trois premières seconde. Gardons le reste, treize milliards d’années ! »

« L’univers n’a ni centre ni bord. La Terre n’est pas au centre du système solaire, le système solaire n’est pas au centre de la galaxie, la galaxie n’est pas au centre de l’univers, l’univers n’est pas au centre des plurivers. Cela fait cinq révolutions coperniciennes. »

La sonde Euclid va photographier en trois dimensions 12 milliards de galaxies et leurs mouvements.

« Les constantes de l’univers sont millimétrées. Qu’elles soient modifiées d’un iota et tout s’effondre. Edulcorer la gravitation serait empêcher la formation des étoiles, car il y aurait moins d’attraction. Impossible de toucher à la vitesse de la lumière ou à la constante de Planck qui régit les atomes, encore moins aux trois dimensions de l’espace, sinon la catastrophe est assurée. »

 

  • Internet
 

Daniel KAPLAN, créateur de Plurality University

(la friction) Ces maladresses, ces inégalités et instabilités existant à l’échelle des micro-organismes. La friction développe des qualités créatives nées des interconnexions à travers les différences.

La variété de ces multiples imaginaires traduits en fictions et en actions établit une convergence avec l’immunologie. Elle trouve sa robustesse dans la différence.

Nos réels s’entrechoquent, les collisions métissent les imaginaires. Le virtuel n’est pas seulement ce qui n’existe pas, mais aussi ce qui pourrait être…Il y a de la jubilation à exercer l’imaginaire, il est libérateur parce qu’il ouvre à l’infini qui est en nous.

 

  • Génétique
 

Nicolas LEVY, médecin généticien

La reprogrammation des milliards de lettres du génome humain vient à peine de commencer, s’ouvrant à l’inconnu.

C’est la diversité qui, du point de vue génétique, fait la richesse de l’humanité. Les migrations, les voyages, les échanges sont autant de variétés proposées au génome.

La puissance des data, les triangulations effectuées entre carte vitale, cartes de crédit et identité numérique forment des rets auxquels il est déjà impossible d’échapper. Mais ils vont s’étendre encore.

 

  • Economie
 

Marie-Laure SALLES-DJELIC, directrice de l’Institut de hautes études internationales et du développement

Il est apparu par la généalogie conceptuelle que responsabilité limitée a fini par aboutir à irresponsabilité illimitée.

L’oligopolisation structurelle des capitalismes a fini par gagner jusqu’à la Russie et la Chine.

(hubris) Ainsi de l’économie, crise après crise, elle se reconstruit sans jamais se réformer, cherchant toujours plus de puissance et de vitesse.

Le changement de paradigme doit être le fait de la jeunesse pour un retour au commun et à sa construction sociale contre l’individualisme, à la solidarité entre les âges, à l’ouverture du marché à des modes d’échange nouveaux, à la réinscription de la nature dans la vie quotidienne.

La prospérité inclusive et durable demande une redéfinition des systèmes de production et de consommation, de nouvelles interactions entre eux. Pour cela, écoles et universités doivent faire passer les enfants par le prisme des transitions écologique, sociopolitique, socio-économique et technologique comme étant totalement interpénétrées.

(Polanyi) Sa définition de l’économie sociale et solidaire, marchande, publique et informelle, fait de l’échange, de la redistribution et de la solidarité le moteur de la réciprocité et de l’entraide mutuelle.

 

  • Robotique
 

Pierre-Yves OUDEYER, directeur de recherche à l’INRIA

Spontanément, s’est imposée la nécessité du dialogue avec ces machines dites intelligentes, l’auto-organisation poursuivant inlassablement sa prise en compte des interactions.

Les hybridations, fruit de la sélection des bonnes recombinaisons, ont fait leurs preuves dans l’évolution des espèces. Elles se sont opérées de façon aléatoire, telle la toile d’araignée, créant de nouvelles fonctions biologiques, de nouvelles formes corporelles.

D’une certaine façon, les dieux grecs, accessibles aux humains, préfiguraient les surcapacités de traitement et de calcul des ordinateurs.

 

  • Anthropologie
 

Marc AUGé, anthropologue

Il y a des milliards de systèmes solaires dans notre galaxie, des milliards de galaxies dans notre univers connu…Comment souscrire à l’idée de Dieu veillant au salut de chacun ?

Pour lui, le rapport entre identité et altérité conditionne la construction de chacun, par opposition ou par complémentarité.

Pour penser l’univers mieux que l’appréhender, il y faudra la mise en réseau de toutes les formes possibles d’intelligence, bactériennes, animales, végétales, minérales et humaines.

« Les interactions créent de façon continue des situations aléatoires. »

« Frontière est un beau mot. Il s’oppose à barrière. La frontière est un seuil, linguistique, culturel, il appelle à son franchissement. La frontière est un lieu de passage, la barrière est un empêchement. L’espace est la prochaine frontière. Insensiblement, nous nous préparons à partir. Le voyage vers les exoplanètes, ce sera une sacrée migration ! »

 

  • Espace
 

Claudie HAIGNERé, Conseillère du directeur général de l’Agence spatiale européenne

L’effet de surplomb, l’overview effect, est décrit comme « une épiphanie spirituelle qui change pour toujours la perspective sur l’humanité. »

« Voir d’en haut nous redonne le temps et la distance. Ce dont parlent les spationautes qui ont eu cette expérience, c’est de la prise de distance. »

Pour toutes les agences spatiales, la planète Mars, objectif ultime de l’exploration habitée de l’espace lointain, le deep space, exige une phase d’apprentissage qui est la Lune et sa surface.

Avec aussi Michel Cassé, qui dit des humains qu’ils sont de la poussière d’étoile, un agrégat complexe d’éléments divers venus d’un infini sans bord ni centre.

 

  • Géologie
 

Pierre CHOUKROUNE, géologue, professeur à l’université Aix-Marseille

Pour un géologue, demain, c’est quatre milliards d’années, et la Terre est à mi-course. Elle a derrière elle quatre milliards d’années d’existence, devant elle encore quatre milliards et ce sera la fin. Pour le Soleil aussi.

Sur Terre, les basaltes forment le fond des océans, les granits, la partie supérieure des continents. La géologie, c’est très simple, il n’y a que les granits et les basaltes… les continents c’est du granit, les océans du basalte.

Les systèmes vivants sont métastables ou instables, mais jamais stables, leur fonctionnement étant le fait d’un grand nombre de facteurs variants et interdépendants.

Crise ou catastrophe, les cycles sont nombreux, liés à la position du Soleil et à la rotation de la Terre. Ils ne sont pas nécessairement chronologiques. Nul ne peut savoir si les températures décroîtront un jour, ni quand interviendra, ou pas, une nouvelle glaciation.

L’élan pourrait être commun qui mette fin à la misère et à la faim. Il coûterait moins cher que d’aller sur Mars.

 

  • Santé
 

Dominique MARANINCHI, cancérologue

En physiopathologie, la cellule et complexe…ensuite un tissu humain l’est encore plus, puis le tissu qui constitue un organe est d’un degré de raffinement toujours plus important, et enfin l’organisme qui abrite toute la machinerie et qui la fait danser dans le rythme est un univers pour la cellule. L’extraordinaire est que l’environnement modifie ces complexités organiques en permanence à l’échelle des microsecondes comme à celle des années.

Ce qui vient est la puissance de la médecine nucléaire. Le PET scan, pour tomographie par émission de positons, est la dernière avancée de l’imagerie médicale. Il permet de mesurer en trois dimensions l’activité métabolique ou moléculaire d’un organe grâce à des émissions de positons, qui sont des antiparticules de l’électron.

Ce qui vient, dans la continuité de l’amélioration et de la finesse des outils technologiques, est la personnalisation des traitements. Elle implique la révision du dogme de la moyenne statistique. Il n’est plus possible de raisonner par argument de fréquence, car si l’on accepte le principe de la diversité, des cas extrêmes vont obligatoirement se présenter. Ils vont obliger les médecins au pas de côté.

Il veut que la recherche découvre, innove, fabrique et installe partout dans les populations les moyens de guérir…c’est par l’humain qu’on peut tout changer.

 

  • Culture
 

Thierry FABRE, directeur du programme Méditerranée de l’Institut méditerranéen de recherche avancée

Ce qui vient sera le choix politique entre repli identitaire et ouverture, enrichissement mutuel de part et d’autre de la Méditerranée ou guerre.

La Méditerranée est un « entre-monde ». Son histoire sur le plan philosophique, culturel, artistique, s’est construite par la présence de l’Autre, juif, musulman, chrétien. C’est cette fertilité de l’Autre qui est venue à manquer.

Règnent la peur de l’immigration, la thèse du grand remplacement, l’abomination de la mort quotidienne d’humains de tous âges en Méditerranée pour laquelle l’Europe et les médias, qui inscrivent ces tragédies entre deux averses de grêle dans les journaux télévisés, devront un jour rendre des comptes.

Il n’y a qu’une alternative, se conjoindre ou se combattre. Or nous avons une culture et un imaginaire communs, issus de la mémoire profonde du premier grand bassin de civilisation, la Méditerranée. Nous pouvons inventer un humanisme méditerranéen du XXIème siècle face à la digitalisation mondiale

 

  • Sociologie
 

Jean VIARD, sociologue, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof

Les virus peuvent être de grands prédateurs, ils attaquent alors les proies les plus faibles, cette fois la mondialisation.

Ils voyaient dans la crise du Covid-19 le symptôme d’une « mal-organisation du monde » favorisant la prolifération d’événements incontrôlables dans une dimension de déstabilisation systémique.

« Partout, c’est le vivre-ensemble, au sens immédiat et vital du terme qui s’impose…L’altruisme s’impose à la majorité parce que tout le monde connaît plus vulnérable que soi. Avoir pris la décision de couper tous les liens sociaux pour éradiquer le virus a fait prendre conscience de la multiplicité et de la nécessité des interactions sociales. »

« La carte en silos avec laquelle nous avons construit nos sociétés est périmée. Le virus va être un accélérateur de transition, la dimension territoriale des sociétés à venir sera le local, la ré-identification par les lieux. »

« Les lobbies de l’économie ultralibérale ne cèderont rien de leurs emprises, mais le marché des idées et des idéologies nouvelles est ouvert. »

 

  • Relations personne-machine
 

Laurence DEVILLERS, professeure en informatique appliquée aux sciences sociales à l’université Paris-Sorbonne

« Si le coronavirus profite d’autant plus des interdépendances globales qu’il est invisible, les actions des machines et leurs raisonnements sont invisibles aussi. C’est la raison pour laquelle il faut se préoccuper d’éthique et de transparence, et réveiller les consciences sur l’écosystème entourant le réseau de flux qui quadrille la Toile et finalement en fait un piège. »

Kara Swisher « Les entreprises technologiques, servies par la pandémie planétaire, ont à ce point resserré leur emprise que leur domination va devenir effrayante. »

 

  • Art contemporain
 

Nathalie OBADIA, galeriste d’art contemporain à Paris et Bruxelles

Oui, l’art contemporain a été le courant qui a fait passer le meilleur et le pire, comme Internet aujourd’hui.

Où sont donc les rebelles en peinture ? Chez les Noirs…La force de l’Amérique se trouve dans cette manière de se renouveler grâce aux revendications ethniques et liées au genre, de faire entrer les minorités dans les systèmes de reconnaissance et marchands.

 

  • Géopolitique
 

Thierry de MONTBRIAL, président fondateur de l’IFRI

C’est à partir des années 1970 que les technologies de communication et d’information ont changé le paysage mondial, comme le nucléaire avait métamorphosé le monde de l’armement…La révolution numérique est la cause commune à l’effondrement de l’URSS et à la globalisation-mondialisation.

Au contraire du monde compartimenté de la guerre froide, nous n’avons jamais eu autant besoin de coordination, de réponses systémiques, et nous détruisons les instances de régulation.

Il est impossible de déplier et d’analyser dans le détail la totalité des interdépendances. Les systèmes complexes y opposent une impossibilité radicale.

Se produira un jour une pandémie numérique, elle détruira le système bancaire mondialisé, elle fera tomber les avions. Cela arrivera en raison de la complexité de leurs interdépendances. Mais quand ?

Sans une adaptation drastique de la gouvernance planétaire, de grands drames mondiaux redeviendraient possibles et même probables.

Une étape supplémentaire dans la prise de conscience de l’unité du monde, appelant trois grands chantiers : celui de la gestion de la crise, celui des modèles futurs et celui de la reconfiguration du système international…Plus que jamais, la nécessité s’impose d’une reprise de la coopération.

Faire émerger de nouvelles solidarités s’ouvrant à la vision repensée d’un indispensable multilatéralisme.

 

  • Sans fin
 

Naissent ainsi des idées nouvelles, des hybridations, des échanges. Ils produisent le fracas silencieux de la connaissance. Elle n’a pas de centralité, son arborescence est elle-même une toile infinie, des milliards de fois retissée par des milliards de milliards d’organismes vivants dans des échelles et des temporalités différentes.

Ces savants observent, acceptent tout « ce qui vient », construisent et déconstruisent, animés de l’envie de comprendre. Ils posent sans crainte la question la plus difficile. Il y a toujours un pourquoi du pourquoi. La vie y trouve sa raison d’être à tâtons, par hasard, par alliances aléatoires plus que par nécessité.

L'intimité d'Alice Ferney - Actes Sud

Coup de cœur d’Élodie (ancienne collègue et libraire à la librairie De fil en page): Une libraire féministe, célibataire par conviction, qui a décidé de longue date qu’elle ne serait pas mère ; un père architecte qui cherche une nouvelle compagne ; une enseignante fière de son indépendance qui s’est inscrite sur un site de rencontres. À travers leurs aspirations, leurs craintes, leurs choix, l’autrice illustre les différentes manières de former un couple, d’être un parent, de donner (ou non) la vie.

Entre dialogue philosophique et comédie de mœurs contemporaine, le récit ausculte une société qui repousse les limites de la nature et interroge celles de l’éthique pour satisfaire au bonheur individuel et familial.

La fabrique de l'obésité, enquête sur un fléau planétaire de Yves Leers - Buchet Chastel

La fabrique de l'obésité ; enquête sur un fléau sanitaireÉmetteur du florilège: François C.

Cette histoire qui se déroule sous nos yeux depuis une génération, c’est celle de la fabrique de l’obésité, donc du diabète, donc des maladies cardio-vasculaires, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), de nombreux cancers et d’autres maladies chroniques.

1. UN SCANDALE PLANETAIRE

L’obésité a doublé en une génération

Sur terre, en 2017, un être humain sur dix est obèse (604 millions d’adultes et 108 millions d’enfants).

Epidémie galopante, aucun pays n’est épargné.

Obésité, sous-alimentation et changement climatique : il existe un lien consubstantiel entre ces trois pandémies (étude de la Commission Lancet publiée en 2019).

L’atout des traditions culinaires

Les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Irlande, le Canada et le Mexique ont connu les plus fortes croissances de l’obésité.

Le rôle de l’alcool

La corrélation entre la consommation d’alcool et le gain de poids n’est pas significative.

2. LA PLANETE OBESE

L’obésité menace l’espérance de vie en Europe

En France, plus de 8 millions d’adultes obèses… Près de la moitié de la population française adulte (49%) est en surcharge pondérale.

Le coût social de la surcharge pondérale avoisine en France 20 milliards d’euros, soit 1% du PIB.

Augmentation de la prévalence de l’obésité très sévère (IMC > 40) qui a doublé en 10 ans (2006 – 2016), soit plus de 500 000 adultes.

Les oubliés des Outre-mer français et du Pacifique.

Le Royaume-Uni, poids lourd de l’Europe… La Grande-Bretagne cumule de dramatiques records européens en matière de surpoids, d’obésité et de maladies chroniques induites, le diabète en particulier.

L’Afrique de l’ouest s’alourdit

Le surpoids et l’obésité touchent la moitié des Ghanéens urbains, et un tiers des Togolais, des Nigérians, des Nigériens, des Béninois, des Ivoiriens et des Maliens.

Les Etats-Unis, premier exportateur mondial d’obésité

En privilégiant les profits plutôt que la santé, en niant les répercussions d’une nourriture qui rend malade, les entreprises de l’agroalimentaire et le gouvernement fédéral ont fait un choix dont l’impact est universel.

L’Amérique latine

Les chercheurs de l’OCDE et de la FAO estiment que les mesures prises dans les années 1980 pour lutter contre la sous-alimentation ont créé «une génération d’obèses»: un quart des habitants du sous-continent souffre d’obésité et 60% sont en surpoids.

Le Mexique sous perfusion de Coca-Cola.

Chine: la relève des Etats-Unis

Le nombre de personnes en surpoids ou obèses en Chine a atteint 440 millions, dont 130 millions souffrent d’obésité.

Main basse sur le reste de l’Asie

. Les enfants victimes des fast-foods.

. Japon : obésité illégale ! (adoption en 2008 de la loi Metabo, destinée à prévenir tout développement de l’obésité).

. La Corée du Sud veut sauver le monde avec ses algues.

Un tour du monde plutôt inquiétant

Tant que les IAA (industries agro-alimentaires) et les financiers seront à la manœuvre, l’intérêt public sera la dernière roue du carrosse.

3. LES OUBLIES DE LA SOCIETE

Les pauvres trinquent trois fois

L’obésité et la sous-nutrition vont souvent de pair dans les pays pauvres ou en transition… Aggravée par le changement climatique, il s’agit en réalité d’une triple peine.

Le double fardeau de la malnutrition est un facteur clé à l’origine des épidémies émergentes de diabète de type 2, d’hypertension, d’AVC et de maladies cardiovasculaires dans le monde entier. Les effets néfastes peuvent également être transmis d’une génération à l’autre.

L’obésité infantile n’est pas fatidique

Le pire est à venir: si on ne fait rien -car c’est tout ou rien- pour l’éradiquer, le monde s’acheminera vers des taux d’obésité de plus en plus insupportables sur tous les plans, sanitaire, environnemental et financier. Or tous les indicateurs actuels montrent que l’obésité des enfants n’est vraiment prise au sérieux que dans les discours.

Un cortège de maladies chroniques

Aucune autre maladie n’est associée à autant d’autres pathologies que l’obésité. Si vous «attrapez l’obésité», vous avez une chance sur deux d’être diabétique, hypertendu, cardiaque, cancéreux, etc., enfin, toute la litanie des maladies chroniques.

Une pharmacopée inutile et dangereuse

Ces prétendus remèdes contre l’obésité ne sont pas seulement inutiles et hors de prix, ils sont dangereux.

…et un pis-aller coûteux, la chirurgie bariatrique

Celle-ci consiste, par différentes méthodes plus ou moins lourdes, mais toujours chères, à réduire le volume gastrique, ce qui se traduit par des pertes de poids considérables, donc une meilleure qualité de vie, mais aussi des complications et des effet indésirables sur le long terme.

La souffrance des gros

La grossophobie est «une attitude de stigmatisation, de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids» Petit Robert

4. A QUI PROFITE LE CRIME?

Les coûts astronomiques de l’obésité

Le très lourd fardeau des dépenses de santé.

La prévention est payante.

Des lobbies prêts à tout

L’alimentation qui tue: corrélation nette entre la consommation régulière d’aliments «transformés et ultra-transformés» et les risques de cancer, de surpoids, d’obésité, de diabète, d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires.

Les secrets de cuisine du lobby agroalimentaire: les cinq règles de base du lobbying dans le domaine de l’alimentation.

Un lobbying autorisé, mais bien mal encadré.

L’ILSI, lobby des lobbies basé aux USA, dicte sa loi planétaire.

Symbole de la malbouffe, le Nutella ne s’est jamais si bien porté!

Plus il y a de McDo, plus il y a d’obèses!

L’obésité arrange beaucoup de monde

L’obésité et le surpoids constituent une mine inépuisable avec tous les prétendus régimes amaigrissants dont on connaît l’inefficacité et la dangerosité; c’est également une mine pour l’industrie pharmaceutique qui vend des médicaments dont seule l’inutilité est prouvée.

Le scandale des pseudo-régimes alimentaires.

Les produits allégés ne font maigrir que les portefeuilles

L’intérêt des produits allégés n’a jamais été démontré.

5. L’OBESITE, UNE MALADIE EVITABLE

Plus de 30% des maladies induites par l’obésité, voire 50% pour certaines -en particulier les cancers et les maladies cardio-vasculaires-, pourraient être évitées grâce à la prévention nutritionnelle.

La prévention, seule stratégie efficace

Le grand chaudron des aliments ultra-transformés

. Les méfaits de l’alimentation ultra-transformée… Les AUT (aliments ultra-transformés) sont véritablement des pseudo-aliments.

. Un arsenal de plusieurs centaines d’additifs… Plus l’aliment est transformé, plus sa teneur en additifs sera élevée.

. Moins d’obèses chez les mangeurs bio.

Sucre, le grand désastre

Le marché mondial du sucre: 100 milliards de dollars.

. Le sirop de glucose-fructose, un super-sucre très dangereux.

Une alimentation industrielle bourrée de calories vides

. Pour qui sonne le gras?… Ces «bons gras» sont tous les insaturés et spécialement les monoinsaturés, comme l’acide oléique et l’oméga 9.

. La surconsommation de sel provoque par an, en France, 75 000 accidents cardio-vasculaires, dont 25 000 décès par hypertension et maladies cardio-vasculaires, comorbidités très fréquentes chez les obèses.

. Le raffinement tue le sel, le sel raffiné tue les consommateurs.

. Le pain représente 25 à 27% de notre apport quotidien en sel.

Cet indispensable étiquetage nutritionnel

. Le nutri-score devrait être obligatoire.

Qu’il s’agisse de la transformation industrielle de l’alimentation à des degrés divers, du bio, du sucre, du sel, du pain, des graisses saturées ou des calories vides, tout est une question d’équilibre ou, plutôt, de déséquilibre.

Conclusion TOUT EST POSSIBLE

Le plus urgent -pour toute la société- est donc bien de se réapproprier son alimentation et, par voie de conséquence, sa santé. Cela passe par un équilibre nutritionnel et sociétal, une approche écologique de la nutrition (la «nutri-écologie»). Sinon, 2050 sera une annus horribilis, avec un humain obèse sur deux, sous un climat de plus en plus chaud!

L’ERE DES NOUVEAUX TITANS - Le capitalisme en apesanteur de Charles-Edouard BOUEE en collaboration avec François ROCHE - ed Bernard GRASSET

Émetteur du verbatim : François C.

Première partie LES TITANS 

Le mythe

Les titans modernes, ou la fusion du capital et des mathématiques

Le capitalisme du XXIème siècle consacre la nouvelle ère des Titans : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, leurs équivalents et concurrents chinois que sont les Baidu, Alibaba ou Tencent.

Le capitalisme financier a fait le lit des Titans technologiques et économiques. Aucun rêve n’est plus inaccessible dans un monde où l’argent est tellement abondant qu’il ne coûte presque rien, voire coûte à ceux qui le conservent.

Cette certitude que l’argent ne manquera jamais, qu’il se trouvera toujours des capitaux prêts à s’investir dans des projets risqués mais potentiellement très rémunérateurs, explique en partie la création de ces Titans technologiques.

Ces Titans ont créé leurs propres créatures : les machines. Cet entrelacs de super-ordinateurs, de serveurs, de logiciels d’intelligence artificielle, d’objets connectés, de réseaux, de crypto-monnaies, de blockchains est en train de devenir une créature monstrueuse, aux innombrables ramifications, qui régit l’ensemble des activités humaines.

Prenez ces trois ingrédients : une révolution monétaire qui libère les moyens d’action du capitalisme ; une révolution technologique qui accélère le temps au point que le cerveau humain peine à s’y adapter ; une révolution sociale qui éloigne de plus en plus ceux qui profitent des deux premières et ceux qui les subissent…En agitant le tout, on provoque un changement de modèle, la création d’un monde nouveau où toutes les règles anciennes deviennent obsolètes.

(Titans géopolitiques) Les nouveaux Titans ont aussi investi le champ politique dont ils abolissent les codes.

Ces dirigeants (Trump, B. Johnson, Xi Jinping, Poutine, Erdogan, Bolsonaro, Kim Jong-Un…) ont été élus sur les peurs des citoyens exclus du capitalisme et des technologies. Ils se vivent, à leur échelle, comme des Titans politiques, non soumis aux lois couramment admises auparavant, parce qu’ils ont compris, mieux que d’autres, le parti à tirer du déchirement du monde…Leurs agissements récents montrent qu’ils souhaitent renouer avec un monde dominé par la loi du plus fort.

Dans l’univers des Titans, les faibles sont condamnés à disparaître, qu’il s’agisse d’entreprises ou de nations. Il n’y a plus de place non plus pour les « moyens ».

C’est la fin du temps long, la dictature du court terme se répand, l’ère du « tout, tout de suite » s’impose. Tout ce qui pourrait freiner cette accélération est combattu, au nom de l’obtention de résultats.

« The best of times, the worst of times »

Ils témoignent surtout des interrogations de tout être humain sur l’extraordinaire polarisation du monde dans tous les domaines…Le « meilleur » et le « pire » reflètent les injonctions paradoxales auxquelles nous sommes soumis et qui conduisent le cerveau humain à la folie, tout comme elles bloquent le fonctionnement d’un ordinateur.

En 2018, quatre habitants de la planète sur dix en âge de travailler étaient en dehors du monde de l’emploi (25% des hommes, 52% des femmes) et cette proportion a augmenté depuis vingt ans, en dépit de l’accroissement de la richesse mondiale.

Depuis 2007, les 1% les plus fortunés détiennent 50% de la richesse privée mondiale.

Entre 2000 et 2020, il s’est probablement fait plus de découvertes que dans toute l’histoire de l’humanité.

Facebook compte aujourd’hui 1,79 milliard d’abonnés actifs chaque jour.

Aucune étude sérieuse n’avait anticipé que les grandes entreprises de technologies allaient s’assurer une telle emprise sur les activités humaines. Tout simplement parce que ce phénomène n’a pas d’équivalent dans l’histoire.

Il y a fort à parier que la reconnaissance faciale devienne la technologie reine en matière de surveillance des populations, d’identification des individus à risque, mais aussi de contrôle des allées et venues des uns et des autres.

Une étude réalisée en 2018 portant sur 33 000 personnes dans 28 pays différents montre que 63% des personnes interrogées estiment n’avoir plus les moyens de faire la différence entre une fake news et un vrai travail de journaliste.

40 millions d’êtres humains sont aujourd’hui concernés par les formes modernes de l’esclavage, dont 25 millions au titre du travail forcé et environ 20 millions par le biais de mariages forcés. Et selon l’Unicef, 168 millions d’enfants entre 5 et 14 ans seraient obligés de travailler.

La prolifération de ces emplois sous-qualifiés, mal protégés et peu rémunérés participe aussi de la fragmentation du monde du travail, favorisée justement par ce capitalisme avancé.

La peur du déclassement social…participe de ce sentiment d’apesanteur dans lequel se trouvent beaucoup de salariés incertains de leur avenir et qui voient le fossé se creuser entre ceux qui participent du « système » et ceux qui, faute de formation suffisante, seront condamnés à vivre en marge dans une précarité grandissante.

De nouvelles contraintes surgissent de toutes parts : s’adapter au temps accéléré, rejoindre la catégorie des « vainqueurs » et y rester, vivre sous surveillance, produire des « résultats » dans tous les domaines, accepter le risque des disruptions professionnelles, répondre aux angoisses des jeunes générations sur leur avenir et sur celui de la planète, dans un contexte où les Titans sont maîtres du jeu et imposent leurs lois.

La tentation de la virtualité et des paradis artificiels…Aujourd’hui, les humains ont à leur disposition un vaste choix de produits opiacés, au sens propre comme au sens figuré.

La crise du Covid-19 a encore accentué la « Netflix addiction »…La tendance est à ce que les experts appellent la « gamification ». Tout doit être un jeu, ou construit comme un jeu, les relations dans l’entreprise, les interactions sociales, et même les rapports amoureux.

Prises une à une, toutes ces informations recouvrent une anomalie, un danger, un non-sens isolé. Mais lorsqu’on les agrège, le monde apparaît comme une constellation de menaces. Immense richesse pour certains, pauvreté insupportable pour d’autres ; mépris de la nature et de l’environnement chez certains dont la mission serait de les protéger ; surpuissance d’acteurs économiques qui se prennent pour des Etats ; militarisation à outrance de la planète et de l’espace ; menaces à peine voilées de recours à l’arme nucléaire ; réchauffement inéluctable des températures, avec son cortège annoncé de catastrophes naturelles et humanitaires ; exploitation toujours à marche forcée du sous-sol ; appauvrissement des ressources naturelles alors que la population mondiale ne cesse d’augmenter.

Le Covid-10 est-il un déluge moderne de nature à faire émerger un monde meilleur ? Ou au contraire, le signe avant-coureur de désastres encore plus radicaux ?…En quelques mois, et en accéléré, nous avons expérimenté le monde qui vient.

Deuxième partie LE PANGOLIN

L’Année du Rat de métal (Chine)

Hélas, en fait d’opulence et de renouveau, c’est la dépression et le retour en arrière que le Rat de métal a apportés au monde.

Partout, le creusement des inégalités au cours des années précédentes s’est révélé dans toute sa crudité, concernant notamment l’accès aux soins, les couvertures sociales squelettiques ou tout simplement inexistantes dans certains pays.

Cette épidémie Covid-19 a jeté une lumière crue sur le fait que nous, les humains, étions le maillon faible de la machine économique et financière mondialisée.

Biais cognitifs et « monde d’après »

La récession économique réplique par son ampleur et sa soudaineté la crise des années 30. Elle se traduit par une augmentation du chômage, une aggravation des déficits publics et de la dette des Etats.

(Biais) Confirmation d’hypothèse (préférer les éléments qui confirment une hypothèse plutôt que ceux qui l’infirment) ; l’illusion des séries (percevoir à tort des coïncidences dans les données du hasard) ; le biais de disponibilité (ne pas chercher d’autres informations que celles qui sont immédiatement disponibles) ; le sophisme générique (tendance à juger le contenu en fonction du contenant, le message en fonction du messager, le fond suivant la forme) ; le biais d’optimisme (faire preuve d’optimisme disproportionné ou irréaliste).

Si la lecture de la crise est distordue par ces biais cognitifs, les leçons à en tirer le sont tout autant par le biais de la centrifugation. Nos croyances sont plus têtues que les faits…Bref, beaucoup de convictions « d’avant » n’ont pas été ébranlées par la crise, elles retrouvent une nouvelle vie pour « l’après » et l’on retrouve les mêmes lignes de force, les mêmes contradictions qui s’affrontaient avant le coronavirus, alors même que cette crise laisse béantes un certain nombre d’interrogations sur les leçons que, sur le moyen terme, le monde va en tirer.

Le capitalisme contaminé par le virus ou en apesanteur ?

L’économie est le monde des flux perpétuels. Les hommes, les capitaux, les produits, les informations circulent en permanence.

Les difficultés auxquelles ont été confrontés les travailleurs « indépendants », tout au long de la crise, ont révélé le vrai prix de cette indépendance lorsque rien ou presque ne vient les protéger en cas de perte durable de leur activité.

Le capitalisme s’est donc plutôt bien tiré d’affaire. Certes, cette crise laissera des traces, mais elles ne feront que suivre les règles d’airain du système : les puissants s’en tirent mieux que les faibles, les entreprises riches de cash sont mieux armées que les autres, les « leaders » l’emportent encore davantage sur les « moyens ».

Le capitalisme est sorti toujours plus fort de toutes les crises qu’il a traversées. Celle de 2008 en offre un parfait exemple.

L’aspiration à ce que les entreprises se dotent d’une « raison d’être » …se heurte à l’accélération du système capitaliste dans son entier, qui fait que la puissance technologique et la performance financière seront demain, plus que jamais, la condition de la pérennité des entreprises.

La circulation des capitaux, les investissements, les technologies, les entreprises, l’intelligence se mondialisent et créent même un nouveau continent cherchant à échapper aux lourdeurs du monde « physique », celui des hommes et de la nature.

Le capitalisme n’est pas un système fermé sur lui-même, il est au contraire ouvert en permanence sur le monde, il se renouvelle sans cesse et à un rythme qui s’accélère, il nous fait croire qu’il peut se réformer de lui-même. Il est comme la peau et les cellules qui se renouvellent tous les jours. Il s’accélère et se régénère encore plus vite qu’avant, comme en état d’apesanteur. Et le coronavirus n’y a rien changé, tout au contraire.

Le monde de demain comme si nous y étions déjà

. Les Titans technologiques ne sont que des robots sans compassion.

. La liberté individuelle est devenue une valeur relative.

. Aux Etats-Unis, le théâtre d’une opposition farouche entre la virilité (Trump) et la compassion (Biden).

. En Chine, la volonté confirmée de maîtriser son destin…Elle sort de cette crise renforcée sur le plan technologique, plus que jamais polarisée entre l’ultra-capitalisme et l’ultra-communisme.

. La Russie a voulu faire au mieux, elle a fait comme d’habitude.

. L’avenir du travail localisé est désormais compté.

. Le revenu universel a vu le jour…La digitalisation des services dans l’industrie financière, la grande distribution, l’industrie va provoquer la disparition de millions d’emplois dans le monde.

. Le présent a moins de valeur que le futur.

. La prise de conscience brutale de la « possibilité » de la mort.

. L’épuisement idéologique et religieux est en marche.

Conclusion UN DLUGE ANNONCÉ OU LA RENAISSANCE

Le coronavirus s’est déclenché dans un climat mondial délétère, certains diraient même de décadence…Les formes de l’art ou de la vie semblent épuisées ; toutes les étapes du progrès paraissent avoir été atteintes ; les institutions fonctionnent avec peine ; la répétition et la frustration gagnent les esprits ; l’ennui et la fatigue deviennent des forces historiques.

Notre civilisation est hantée par la résignation. Elle n’a plus d’espace où se projeter. Elle se condamne à la répétition…Nos sociétés, pourtant riches et puissantes, ont cessé d’avancer sur les plans politique, économique, culturel et intellectuel.

Cette révélation du confinement peut se résumer en quatre questions : Que voulons-nous apprendre dans notre vie (quoi, comment et où) et pour quoi faire ? Comment pouvons-nous vivre pleinement notre vie au présent et dans le futur ? Quelle part devons-nous laisser à l’amour dans notre vie ? Et enfin, que voulons-nous laisser derrière nous après notre mort ?

Le monde se fracture de façon tellement profonde que l’on croit de moins en moins dans la possibilité d’en rassembler les morceaux.

Si déluge il doit y avoir, il ne sera pas cette fois administré par Zeus ou Dieu. Il le sera par l’action des humains eux-mêmes, du fait de leur irrationalité, de leurs peurs, de leur passivité ou de leur appétence pour la destruction de « l’autre ». Dans ce monde de Titans, c’est des hommes que doit venir la solution, de leur volonté de partager, de construire, de faire le bien, d’œuvrer à un monde meilleur…Tant que subsisteront les appétits de conquête, de destruction, de domination et de surveillance, l’humanité est condamnée à une lente décadence de ses valeurs humaines, culturelles et intellectuelles.

Le paradoxe de Stockdale : Pendant la guerre du Vietnam, les prisonniers les plus optimistes sont ceux qui n’ont pas survécu. Persuadés qu’ils allaient être libérés sous peu, et constatant que cela n’arrivait pas, ils se sont découragés plus vite et ont perdu l’énergie dont ils avaient besoin pour tenir. Ceux qui s’en sont sortis n’étaient pas défaitistes pour autant. Ils étaient persuadés, au fond d’eux-mêmes, qu’ils en réchapperaient. Mais ils regardaient en face les épreuves qui les attendaient, sans chercher à se rassurer. Ce qui leur a permis de les traverser. D’où le paradoxe : il fallait être convaincu de s’en sortir, tout en ayant le courage de s’affronter à la brutale réalité.

*

L’ECONOMIE POST-COVID de Patrick ARTUS et Olivier PASTRE - Ed. Fayard

Émetteur du verbatim : François C.

Introduction TOUT CE QUI EST DIFFÉRENT DANS CETTE CRISE

  1. Un choc d’offre, alors que la crise des subprimes était un choc de demande.
  2. Les pays émergents sont plus violemment touchés.
  3. La structure sectorielle de l’économie est déformée.
  4. La réponse de la politique économique est violente et impressionnante.
  5. Le modèle économique et social est remis en cause de manière bien plus profonde et large qu’en 2008-2009.
  6. La crise provoque des effets politiques et géopolitiques importants.

Chapitre 1 UN PEU D’HISTOIRE

Quels enseignements peut-on tirer de cette histoire des pandémies ?

  1. Une accélération de la pandémie est possible, du fait de “l’ouverture” au virus de nouveaux territoires de conquête.
  2. La durée épidémique, beaucoup plus longue que prévu initialement.
  3. La capacité d’oubli des populations et, pire, des pouvoirs politiques.
  4. Pandémie : il y a toujours la recherche d’un bouc émissaire.
  5. Les boucs émissaires de l’épidémie de Covid : la Chine pour les Etats-Unis, le capitalisme néolibéral et la globalisation en Europe. Leurs effets concrets sur les économies.

Chapitre 2 ENTREPRISES : QUELLES ENTREPRISES ?

Les certitudes :

  1. Le vrai problème est celui des fonds propres des entreprises. La sous-capitalisation des entreprises françaises est un drame historique.
  2. Le “bain de sang”. On peut s’attendre à une explosion des faillites et un recul historique de la création d’entreprise.
  3. Les épargnants devront accepter une rémunération plus faible de leur épargne.
  4. Il faut s’attendre à de nombreux conflits, qui ne seront pas que sociaux. Ils opposeront aussi les entreprises à l’Etat.

Que faire ?

  1. Suspendre les réglementations dites”prudentielles” (Bâle III dans la banque et Solvency II dans l’assurance).
  2. Créer des produits financiers qui permettent de renforcer des fonds propres des PME sans effets collatéraux négatifs.
  3. Donner tous les moyens nécessaires à l’industrie du capital-risque.

Deux écueils à éviter :

. Subventionner les “canards boiteux”. Pour financer une entreprise, il faut qu’elle souffre d’une crise de liquidité et non de solvabilité.

. Ne pas donner une priorité absolue aux TPE qui sont de très loin les plus fragiles, mais pour lesquelles l’industrie du private equity est aujourd’hui la plus mal armée.

De nombreuses interrogations :

  1. Les chaînes de valeur, purs produits de la mondialisation et porteuses d’importants gains de productivité, ont été remises en cause par la pandémie.
  2. De très nombreux sous-secteurs impactés, qui constituent des “noeuds stratégiques” pour assurer notre souveraineté.
  3. Le problème de la relocalisation.
  4. Y aura-t-il transition vers un capitalisme différent qui serait “inclusif”, s’intéressant à la situation de toutes les parties prenantes de l’entreprise ?
  5. Une exigence anormalement élevée de rentabilité du capital pour l’actionnaire.
  6. Le partage des revenus défavorable aux salaries.
  7. La reconstitution de monopoles, de positions dominantes et de rentes de monopoles.

Les externalités générées par les entreprises n’ont pas été internalisées (externalités sociales, économiques, climatiques et environnementales).

Trois obstacles au principe du “pollueur-payeur” :

  1. Les défaillances des États, qui n’ont pas su ou voulu internaliser les externalités générées par les entreprises.
  2. Un très important affaiblissement des entreprises des pays de l’OCDE.
  3. Le rôle ambigu de la finance, qui, d’un côté, pousse les entreprises à devenir plus vertueuses, mais de l’autre exige une rentabilité très élevée du capital pour les investisseurs.

L’optimisme n’est pas de rigueur sur la transformation du capitalisme, sauf à impulser des changements de comportement drastiques de la part de tous les agents économiques. En premier lieu dans le domaine social.

Chapitre 3 TRAVAIL ET EMPLOI : QUEL NOUVEAU PARADIGME ?

La nécessité de provoquer des ruptures majeures dans la façon d’apprécier et de gérer le travail et l’emploi.

Trois faux débats :

  1. La relocalisation : elle prend du temps ; il faut trouver les compétences dont les usines ont besoin.

Une seule solution : un examen des sous-secteurs dont la relocalisation est indispensable ou au moins possible et la mobilisation des moyens nécessaires pour impulser celle-ci.

  1. Les dividences.
  2. La hausse du smic.

Les certitudes :

  1. Les situations seront très différenciées.
  2. L’accélération de la numérisation.

Les solutions :

  1. La refonte du système d’intéressement et de participation.
  2. La refonte complète du système de formation professionnelle. Une des solutions majeures passe par l’adaptation des qualifications afin d’augmenter l’employabilité des salariés.

Des interrogations :

  1. Le télétravail. Il est clair que cette nouvelle forme d’organisation du travail devra se doter d’un veritable statut.
  2. L’avenir du dialogue social. Dans ce domaine, il s’agit d’une véritable rupture historique et épistémologique.
  3. Au niveau macroéconomique, le coronavirus va t-il être un massacre économique et, plus encore, social ?

Les certitudes :

  1. La polarisation du marché du travail : accentuation des inégalités entre emploi stable et emploi précaire et entre emploi qualifié et non qualifié.
  2. Une tension sociale forte dans les pays européens après la crise.
  3. Les réformes à mener.

. la priorité absolue reste le retour à l’emploi.

. nous sommes face à une équation à trois inconnues : l’emploi, la durée du travail et la remuneration.

. les jeunes vont être les grands perdants de la crise du Covid.

Comment refaire partir en France l’ascenseur social ?

L’ascenseur social n’est pas véritablement en panne. Il ne fonctionne aujourd’hui qu’à la descente.

Chapitre 4 STRUCTURE SECTORIELLE DE L’ÉCONOMIE ET GÉOÉCONOMIE BOULEVERSÉES

Six évolutions derrière la déformation de la structure sectorielle des économies :

  1. Le recul de la demande de biens durables : biens d’équipement des entreprises, ainsi que des ménages.
  2. Le recul probablement durable du tourisme.
  3. Une hausse durable du poids de la distribution en ligne.
  4. Un souci accru pour le climat et l’environnement.
  5. La perte d’efficacité avec le recul de la productivité horaire du travail.
  6. La volonté des Etats, après la crise, de soutenir et de relocaliser certaines industries stratégiques (pharmacie et médicament, matériel de télécommunication, matériel pour les énergies renouvelables, services Internet).

Les secteurs d’activité gagnants et perdants

. Secteurs gagnants : Biens de consommation courants, services à la personne, luxe, pharmacie-santé, agroalimentaire, technologies au sens large, énergies renouvelables.

. Secteurs perdants : Biens d’équipement, matériel de transport, biens intermédiaires, immobilier commercial, énergies fossiles, tourisme, distribution traditionnelle, transport aérien, services financiers.

Une reprise économique plus difficile.

. L’économie va se déformer vers le “dématérialisé” : services à la personne, technologies, santé, télécoms, commerce en ligne, services financiers associés.

. De nombreuses entreprises vont être en difficulté dans les secteurs perdants…Il y aura donc des faillites, des acquisitions, des consolidations et l’impossibilité de maintenir l’emploi.

. Et si c’était l’Europe qui sortirait renforcée ?   Les Etats-Unis et la Chine souffrent aussi de problèmes structurels sévères.

Chapitre 5 QUELLE MACROÉCONOMIE APRÈS LA CRISE ?

L’excès durable de liquidité avec la monétisation des dettes publiques va conduire à des bulles généralisées sur les prix des actifs.

Perspectives de stagflation après la fin du confinement (croissance faible et inflation élevée).

La base monétaire des pays de l’OCDE, i.e. la quantité de monnaie créée par les banques centrales, devrait augmenter de 70% en 2020, passant de 14 à 24 trillions de dollars.

Il est clair que l’équilibre économique de stagflation  et de bulles est peu attrayant.

Pour une partie des secteurs perdants, la crise du Covid va faire apparaître de nombreuses “entreprises zombies” qui sont surendettées et n’ont plus les moyens de se développer, d’innover.

Nous pensons qu’il y aura l’apparition généralisée de bulles sur les prix des actifs financiers et immobiliers, mais aussi peut-être une crise beaucoup plus grave de perte de confiance dans les monnaies publiques des Etats.

Seulement une généralisation des bulles ou bien une crise pire ? (chute de la demande de réserves publiques au profit de monnaies privées -cryptomonnaies par exemple).

Chapitre 6 QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION ET HUIT PROPOSITIONS D’ACTION POUR DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES DE RUPTURE

Certitudes :

. Il faut distinguer les réformes de court terme et celles de long terme.

. L’éducation au sens large est la clé de toutes les réformes.

. Les grands principes :

. L’objectif majeur est celui de la confiance.

. Il ne peut y avoir de réformes efficaces que si l’effort demandé est perçu comme partagé.

. Cette crise doit nous amener à opérer des ruptures dans presque tous les domaines d’activité économique, aussi bien au niveau macro que microéconomique.

. Remettre en cause/adapter le principe de precaution.

. Il faut réformer très largement les organismes internationaux dont a accouché la Seconde Guerre mondiale.

. Aucune croissance mondiale ne sera durable sans l’Afrique, qui vit déjà deux autres “pandémies” -celles de la sécheresse et de la faim, auxquelles s’ajoute à terme très proche celle des migrations.

Il faut mettre en place des politiques de rupture dans huit domaines :

Rupture 1 : soutenir les catégories les plus touchées par la crise par un revenu universel ciblé

Rupture 2 : réformer réellement les retraites pour aider les entreprises à survivre et à investir…La seule piste praticable est une réforme rapide et radicale des retraites, qui amène en quelques années l’âge effectif de depart à la retraite à 65 ans.

Rupture 3 : créer un choc de compétence pour favoriser la transformation des emplois, ce qui passe, entre autres, par une refonte du système de formation professionnelle…la crise va exacerber un problème profond de la France, qui est le faible poids des compétences de la population active.

Rupture 4 : créer un partenariat Etat-entreprises sur les technologies d’avenir…Le bon modèle (celui de la DARPA aux Etats-Unis ou du METI au Japon) nous semble être celui du partenariat entre l’Etat et les grandes entreprises dans les industries d’avenir.

Rupture 5 : définir une autre réglementation financière et refonder les actuelles normes prudentielles…L’enjeu est donc de modifier profondément la réglementation financière pour la rendre contracyclique.

Rupture 6 : “profiter” de cette crise pour assurer une véritable transition énergétique, ce qui passe par une “taxe carbone” digne de ce nom.

Rupture 7 : inverser le processus de décentralisation…sur le millefeuille territorial actuel, lesquelles sont les dizaines de feuilles à supprimer et les centaines à réformer ?...viser à “l’inversion de l’initiative des réformes”.

Rupture 8 : rénover le financement du syndicalisme.

 

Conclusion

Mais 600 jours suffisent pour modifier un logiciel et le rendre opérationnel…A vous de jouer : bon courage Mesdames et Messieurs les politiques…

*

LA PRESSE EST UN COMBAT DE RUE d'Eric FOTTORINO - Ed. L’Aube

Émetteur du florilège: François C.

Le risque réel que tout implose, que notre monde de papier ne soit bientôt plus qu’une chimère.

Nous avons forgé une proposition simple : ralentir pour réfléchir, prendre du plaisir à lire, accepter que nous sommes plus intelligents à plusieurs, car la vérité est complexe et offre rarement un seul visage, donc un seul point de vue.

Jivarisée, l’information bascule dans la caricature ou l’à-peu-près. Le journalisme revisité par les nouvelles technologies est devenu cela : remplir les espaces, combler des vides (avec aussi des infos creuses), boucher des trous, au risque du bégaiement, des redondances, au risque aussi du racolage…et de la montée de l’insignifiance.

Le 1 n’était pas un journal « contre », mais un journal « pour », pour l’ouverture d’esprit, pour le partage des savoirs et le mélange des points de vue, pour la poésie et pour les sciences dures, pour la littérature et l’économie.

La révolution numérique n’a pas seulement fusionné l’écrit avec l’écran, le son et l’image. Elle a bouleversé la manière de percevoir le réel comme s’il n’existait que sous forme virtuelle, dématérialisée, détachée du terrain, dans une hystérie permanente liée à un système de distribution addictive et aléatoire de récompenses.

Si le papier a sérieusement chuté, c’est que ses contenus se sont détériorés, appauvris, anecdotisés, peoplisés.

Combattre l’inertie, le silence, l’à-quoi-bon, la résignation à voir ces petits foyers de démocratie s’éteindre les uns après les autres. Un kiosque qui ferme à Paris vous oblige à marcher un peu plus loin.

Le combat de rue consiste à préserver un choix réel pour les lecteurs exigeants qui, tout en restant connectés, souhaitent garder des moments de lectures variées privilégiant le fond, l’attention, la concentration, susceptibles de les aider à comprendre la société et le monde qui les entoure.

Ce sont ces espaces de la rue qu’il faut réinvestir en faisant du bruit, i.e. en les animant, je devrais dire «en les réanimant».

C’est chaque fois, sous des formes différentes, une même petite musique qui revient : besoin de sens, de profondeur, de plaisir de lire, de savoir qui parle, de se voir proposer des contenus permettant de ralentir et de réfléchir…d’être des acteurs de la société, d’avoir prise sur son fonctionnement et ses dysfonctionnements en étant vraiment informés, et non vaguement au courant de ce qui se mouline dans la machine médiatique devenue folle par ses excès de vitesse, de simplification et parfois de racolage.

L’ensemble du secteur est le lieu d’une incroyable consanguinité et d’une évidente indifférence au concept même de « conflit d’intérêts ». La distribution de la presse est un monde clos et discret, où l’on peut être, simultanément, éditeur, client de Presstalis, administrateur de Presstalis, actionnaire de Presstalis…

Cruellement balzacien par plus d’un aspect, ce dossier exhibe au grand jour les illusions perdues d’une distribution équitable et transparente de la presse. Idéal oublié, en lieu et place de quoi Presstalis offre un spectaculaire panorama sur le gouffre que peuvent en toute impunité creuser, quand elles se conjuguent, l’inadaptation de stratégies, l’irresponsabilité de dirigeants, l’impuissance d’autorités dites « de régulation » et l’ignorance ou la cécité volontaire de pouvoirs publics qui ont si longtemps laissé faire.

Les oligarques entre les mains desquels désormais reposent presque tous les grands titres sont uniquement dans des logiques court-termistes, et non dans une réflexion sur la préservation d’un monde de mots et d’idées, écosystème de longue date réputé pour sa fragilité…Plus rapide, moins chère, moins libre, voici la presse que veulent ses nouveaux propriétaires, qui sont aussi ses bourreaux.

Ici comme ailleurs, informer, c’est lutter, résister, combattre. Sans préjugés ni partis pris. Sans répit non plus. Il en va de la paix sociale et, sans aucun doute, de la paix du monde.

Croyant partager le monde grâce à des connexions toujours plus vastes et puissantes, nous sommes au contraire atrophiés, relégués dans un monde clos qui ne nous offre plus que ce que nous aimons. Facebook ne veut surtout pas nous contrarier. Il nous calcule, au sens probabiliste du terme, pour satisfaire nos désirs, allant même jusqu’à les anticiper…Ce confort absolu, ou cette panne organisée de la pensée, c’est ce que nous renvoie l’univers de Facebook.

La nature des fake news : il s’agit d’informations mensongères, fabriquées par des individus, des mouvements ou des puissances étrangères. Une fois le message conçu, il est propulsé simultanément dans le grand bouillon numérique par des comptes malveillants –relayés par d’autres comptes automatisés- pour surfer sur la grande vague du buzz.

Les démocraties sont ébranlées au nom d’une liberté d’expression débridée par des machines sans garde-fous. Mark Zuckerberg, contraint d’employer plus de 35 000 modérateurs de contenus, doit presque chaque jour se justifier, sans pour l’instant convaincre.

Mais il y a une autre caractéristique : l’émotion l’emporte sur les faits. Une fake news fonctionne par la rencontre entre cette émotion et les réseaux qui nous enferment à l’intérieur de bulles cognitives autoalimentées par le jeu des algorithmes.

L’avenir proche pour l’information va être pire avant d’être mieux. Demain, les technologies permettront de créer des vidéos totalement fausses de catastrophes qui apparaîtront absolument vraies pour des millions de gens. On recréera des événements avec des personnages vivants…Les fake news constituent un danger majeur pour la démocratie. C’est un des phénomènes les plus disruptifs qui soient arrivés à nos sociétés.

Facebook est foncièrement toxique et avilissant. Ce réseau détruit massivement les relations sociales, en particulier chez les jeunes. Il est anti-social : il court-circuite et parasite les relations sociales en les télécommandant.

Les algorithmes fonctionnent sur la base du renforcement comportemental des individus et des groupes. Plus on renforce un comportement, plus on peut le calculer, plus il est prévisible. On devient des marionnettes numériques. On croit tirer les fils, on est tiré par eux.

La fragmentation et le cloisonnement qui dominent le paysage médiatique sont in fine extrêmement pervers : les consommateurs d’information s’attachent à des médias qui pensent ce qu’ils pensent.

Enivrez-vous des mots et des images qui dessinent notre époque, la rendent passionnante, étonnante, et pas seulement effrayante ou lassante. A nous, journalistes, d’être fidèles à cette vision d’Italo Calvino pour qui un monde nouveau naissait chaque matin…Il nous reste à réinventer les journaux de demain pour continuer, pour résister. Quel plus beau défi ? Innover est notre seule assurance-vie possible. Repenser des formats, renouveler les regards, resacraliser des objets de presse qu’on a envie de lire, puis de garder, des journaux modernes, beaux et inspirants…qui accompagnent nos existences à la manière de passeurs nous guidant d’une rive à l’autre, d’hier à demain.

*

Rosa Dolorosa de Carioline Dorka-Fenech - La Martinière

Texte de Caroline: Bim le truc que je n avais pas vu venir: Rosa Dolorosa, c’est un premier roman. Ce genre de roman poison que tu détestes et qui te fascine, te met mal à l aise. Un livre totalement addictif parce qu’on veut savoir ce qui va arriver! On veut comprendre aussi et surtout…

Des pages que tu commences et que tu arrêtes de dévorer une fois que tu es arrivé à la dernière. Les mots dansent simplement et librement au fil des phrases. On est immédiatement emporté et on se retrouve en quelques minutes dans ce quartier de Nice avec cette femme que nous pourrions toutes être…

Ce livre se lit très vite et non il ne fait pas du bien au moral. Mais c’est un pansement pour l’âme, un exutoire à angoisse, une grosse claque, un coup en pleine poitrine qui t’oblige à réfléchir, à penser, qui fait peur aussi…

Je ne dis rien de plus… Je vous laisse découvrir par vous-même cet instant terrible et incroyable de la vie de Rosa …

ÉOLIENNES - La face noire de la transition écologique de Fabien BOUGLE - Ed. du Rocher

éoliennes : la face noire de la transition écologique Émetteur du verbatim: François C.

 

DES MATIÈRES POLLUANTES ET NON RECYCLABLES

La question de la fabrication, de l’acheminement et de l’installation des éoliennes constitue dès le départ un sujet de réflexion à part entière, soulevant un véritable paradoxe écologique.

Les enjeux environnementaux des terres rares

Pour une éolienne qui produit un mégawatt, il faut deux cents kilogrammes de terres rares…Pour une éolienne en mer de dix mégawatts, il est indispensable de disposer d’une tonne de terres rares.

Différents impacts écologiques de l’extraction de terres rares : destruction du tissu végétal et des terres agricoles ; pollution de l’eau ; production de déchets radioactifs.

L’impossible recyclage des pales

La grande difficulté des matériaux composites tient au fait qu’ils sont très difficilement recyclables… Le démantèlement des éoliennes suppose de décider du sort des pales d’éoliennes mises au rebut, sachant qu’aucune solution « écologique » pour le recyclage de la fibre de carbone n’existe…Les promoteurs éoliens sont désormais contraints d’enterrer les composants en fibres de carbone dans les sous-sols.

Des socles en béton armé enterrés pour longtemps

La masse de béton nécessaire pour la fabrication d’une éolienne oscille entre 157 tonnes, si on utilise du béton léger, et 1125 tonnes si on utilise du béton lourd…masse à laquelle s’ajoute celle de l’ossature en ferraille (aux alentours de 50 tonnes)… Ces milliers de tonnes de béton coulés dans la terre resteront enterrés définitivement dans les sols car il est extrêmement compliqué et coûteux de supprimer cette masse de béton.

Le risque de vie relativement court des éoliennes, de 20 à 25 ans maximum, accentue la nécessité de réutiliser pour les remplacer des matières polluantes au risque d’aggraver encore l’impact environnemental de leur fabrication.

 

LE PARADOXE DES ÉMISSIONS DE CARBONE

Alors que l’objectif affiché du déploiement des éoliennes est de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2 est le plus important, il contribue en réalité, au contraire, à les augmenter.

Un très mauvais bilan carbone

Les éoliennes sont émettrices de gaz à effet de serre, pour leur fabrication, leur conception et leur installation. Il est donc faux de dire qu’elles sont parfaitement vertes.

Le changement climatique par les éoliennes

Une étude scientifique américaine a ainsi démontré que les éoliennes contribuaient dans leur fonctionnement au changement climatique.

Une énergie intermittente aux effets néfastes

Le facteur de charge du parc éolien français se situe aux alentours de 22% pour les éoliennes sur terre… En comparaison, le facteur de charge de l’électricité d’origine nucléaire se situe entre 75 et 80% et celui de l’électricité d’origine photovoltaïque approche à peine 15%.

On en arrive au paradoxe incroyable que le développement de la production des centrales éoliennes s’accompagne obligatoirement et nécessairement de l’essor de l’électricité d’origine fossile particulièrement polluante, accentuant ainsi les émissions de carbone de la France.

Il apparaît, après enquête, que les éoliennes sont radicalement incompatibles au stade actuel avec une logique authentiquement écologique, et leur multiplication hautement nuisible à l’environnement par les émissions de gaz à effet de serre qu’elles contribuent à diffuser dans la nature.

LES INFRASONS OU LE SCANDALE DU «VENT CONTAMINÉ»

Une vingtaine d’années de recul sur ce sujet permet de tenir pour avéré le fait que le fonctionnement des éoliennes dans les campagnes s’accompagne de graves problèmes pour la santé des habitants, et ce, en dépit de la désinformation constamment entretenue sur cette question par les promoteurs éoliens.

L’émergence mondiale du «syndrome éolien»

Ces alertes sur les infrasons ont été largement confirmées par des études récentes réalisées en Allemagne par l’Institut Planck, mais aussi en Suède et en Finlande, qui, toutes, concluent au danger des infrasons émis par les éoliennes sur la santé humaine dans un large rayon, le portant même à vingt kilomètres.

L’effet nocebo, réponse des médecins pro-éoliens

La théorie de l’ «effet nocebo» ne résiste pas à la réalité factuelle de ce que vivent les riverains dans leur chair.

Les problèmes de santé affectent également les pro-éoliens

S’il convient d’être prudent, la question des cancers pédiatriques associés aux effets directs comme indirects des raccordements des lignes électriques à haute tension des éoliennes dans les sous-sols doivent être étudiés avec sérieux.

LE MONDE ANIMAL EN GRAND DANGER

Le paradoxe de la production d’électricité d’origine éolienne considérée comme vertueuse sur le plan écologique alors qu’elle engendre des dégâts majeurs sur la biodiversité et menace même la survie d’animaux aussi bien marins que terrestres.

Le massacre des oiseaux

La société espagnole d’ornithologie (SEO/Birdlife) a rendu publique son estimation selon laquelle, chaque année, les dix-huit mille éoliennes espagnoles pouvaient tuer six millions d’oiseaux.

Les éoliennes, prédatrices des chauves-souris

En Allemagne, ce sont deux cent cinquante mille chauves-souris qui sont tuées par les éoliennes chaque année.

Le monde marin lourdement impacté

C’est l’ensemble des écosystèmes situés à proximité des mâts des éoliennes en mer qui se trouvent pollués par l’aluminium.

C’est toute la contradiction de l’éolien qui, sous couvert de préservation de la planète, communique pour cacher le saccage environnemental de ces turbines tout en prétendant le contingenter.

La surmortalité des vaches

Depuis de nombreuses années, les défenseurs de la condition animale démontrent que les éoliennes ont un véritable impact sur la santé, le stress ou la mortalité des animaux.

LA NOUVELLE «DICTATURE VERTE»

Et pourtant, les oppositions sont très fortes. Dans les villages, certains anciens expriment qu’ils n’ont jamais ressenti une telle destruction du corps social depuis la seconde guerre mondiale. Les afflux financiers considérables associés à l’installation d’aérogénérateurs justifient tous les comportements et les pressions les plus fortes, de la part des promoteurs éoliens en particulier.

La démocratie participative mise à mal

La connivence entre certains commissaires enquêteurs et les promoteurs éoliens est parfois favorisée, puisque la formation des premiers est réalisée par les seconds, souvent lors de journées organisées par les préfectures ou les directions régionales du ministère de l’Écologie.

L’affaire du «QI de géranium»

Cette affaire est l’illustration parfaite du déni de démocratie dans lequel se trouve la France en matière environnementale. Lorsque les citoyens expriment de manière forte et déterminée leur opposition, l’administration ne tient compte en rien de son opinion et de sa participation.

Des consultations publiques occultées

Le taux de recours juridiques contre les constructions d’éoliennes est ainsi passé en quelques années de 25% à 70%. C’est donc le miroir inversé de l’acceptation des éoliennes « construite » par les promoteurs éoliens. 75% des Français en ont une bonne image selon les promoteurs éoliens, mais 70% des projets font l’objet d’un recours. Cherchez l’erreur.

QUAND LE VENT SE TRANSFORME EN ARGENT

La raison principale de l’invasion des turbines à travers le monde n’est pas l’urgence souvent proclamée de sauver la planète, mais plutôt celle d’accentuer les bénéfices colossaux des industriels du vent qui instrumentalisent les peurs par un marketing et une communication alarmistes.

Exonération d’impôts, subventions européennes, tarifs subventionnés, émission de certificats carbone, les acteurs de l’écolo-business profitent à tous les niveaux des leviers financiers et fiscaux prévus et organisés par les États qui veulent participer à la lutte contre le réchauffement climatique.

La fixation du prix de l’électricité sur le marché normalisé

Dans ce système (prix SPOT), l’éolien fait figure d’exception car, à la différence des autres modes de production d’électricité dont le prix est fixé par le marché, son prix de rachat n’est pas fixé par le prix SPOT. Il est établi, en France ou dans d’autres pays et territoires, comme le Québec par exemple, par la loi dans le cadre d’un tarif subventionné.

Les subventions de l’éolien sur terre

Les promoteurs éoliens sur terre bénéficient donc d’un tarif de rachat fixé en moyenne au double du prix de marché. La somme cumulée des subventions à l’éolien a été fixée dans un rapport de la commission des finances à l’Assemblée nationale à un montant de un milliard quatre cents millions d’euros en 2019.

Les engagements pour les vingt prochaines années dus au titre des énergies renouvelables, dont les éoliennes, s’élèvent à cent vingt milliards d’euros auxquels s’ajoutent ces neuf milliards, soit près de cent trente milliards d’euros à la charge du contribuable et du consommateur.

Les subventions de l’éolien en mer

Maintenir le montant astronomique de cent cinquante euros le mégawattheure (hors raccordement) et environ cent soixante-quinze euros le mégawattheure avec le raccordement sans justificatif et sans création d’une filière industrielle française constitue un véritable gaspillage d’argent public.

Le coût des éoliennes pour les Etats

Si on additionne les engagements pris dans l’éolien sur terre et de l’éolien en mer envisagé pour les vingt prochaines années, le coût a minima de ces dernières pour la France serait donc d’environ trente à quarante milliards d’euros pour l’éolien terrestre et trente et un milliards d’euros pour l’éolien maritime, soit un total d’engagement de l’ordre de soixante à soixante-dix milliards au total.

MENACES SUR L’EMPLOI ET LE TOURISME

En Allemagne, la fin des subventions dans l’éolien depuis 2017 a conduit à d’importantes suppressions de postes dans ce secteur d’activité…Preuve s’il en est que le marché de l’éolien est totalement artificiel et ne fonctionne que sur la base d’une bulle financière intégralement créée par l’apport d’argent public.

Des risques de perte d’activité et d’emplois

L’impact sur les activités du tourisme

La destruction des paysages et des sites est un argument de poids contre la multiplication des éoliennes sur un territoire comme la France dont l’activité touristique pèse près de cinquante milliards d’euros grâce à ses paysages authentiques et son patrimoine architectural incomparable.

LOBBYISTES, ONG, POLITICIENS: DES LIAISONS DANGEREUSES

Dans le domaine des éoliennes, la confusion voire la collusion sont totales entre élus, lobbyistes, ONG ou associations environnementales, et promoteurs.

Les alliances entre politiques et industriels du vent

Le trait d’union entre EELV et les promoteurs éoliens

L’activisme chevronné du parti EELV et de Greenpeace à soutenir le développement de l’éolien industriel et leurs relations avérées avec les promoteurs éoliens n’est pas sans susciter des questionnements quant à la sincérité de leur engagement pour la défense de la nature et des écosystèmes.

Les éoliennes et des ONG très intéressées

Cette connivence quasi institutionnalisée entre ONG ou associations environnementales, promoteurs éoliens, syndicats professionnels et partis politiques écologistes n’est pas sans soulever de sérieuses réserves en terme éthique…Si elle s’inscrit dans un objectif de normalisation et de cautionnement de l’industrie éolienne, cette position peine à masquer les failles d’une industrie qui n’est en rien écologique et qui ne suscite à l’évidence pas l’adhésion populaire.

LE VENT DE LA CORRUPTION

Si elle semble à première vue périphérique, la corruption est en réalité très fréquemment liée au processus d’installation des éoliennes.

Il suffit en effet de tirer sur la ficelle des prises illégales d’intérêt pour découvrir qu’elles prolifèrent à l’échelle industrielle dans ce secteur.

Les premières condamnations pour prises illégales d’intérêt

L’alerte sur les prises illégales d’intérêt par le SCPC (Service central de prévention de la corruption)

La suppression du SCPC en mars 2017, sa substitution par une nouvelle Agence française anticorruption signant la fin de la centralisation des affaires de corruption et de prise illégale d’intérêts dans l’éolien, est donc très avantageuse pour les promoteurs éoliens, inquiets de la multiplication des dénonciations des prises illégales d’intérêts dans leur secteur.

De nombreuses professions impliquées

Il existe un nombre important de cas édifiants de professionnels se retrouvant, soit en situation de conflit d’intérêts, soit en situation d’atteinte à la probité. Le milieu de l’éolien s’accompagne souvent de comportements douteux qui discréditent l’ensemble de la chaîne décisionnelle.

Des cas dans le monde entier

Suisse, Bulgarie, Espagne, Canada, France.

L’OMBRE DE COSA NOSTRA

Vito Nicastri: «Le Seigneur du vent» de la Cosa Nostra

Le déploiement de la pieuvre en Europe

La corruption d’un ministre de Salvini

CONCLUSION

Les éoliennes ne sont pas efficaces dans la lutte contre le changement climatique et participent même à sa dégradation, via les émissions de gaz à effet de serre qu’elles contribuent à émettre. La question du recyclage et de la pollution des matières premières nécessaires à leur fabrication constitue une énorme difficulté non résolue à ce jour. À travers le monde, on commence à prendre conscience que les éoliennes constituent des bombes à retardement écologiques et sanitaires, et de nombreux États se désengagent ou limitent leurs investissements dans ce secteur électrique.

La question aujourd’hui n’est plus de savoir s’il faut ou non continuer cette politique massive d’installation d’éoliennes, mais est plutôt de savoir quand les dernières éoliennes seront intégralement démontées. À l’instar des États responsables qui ont déjà fait ce choix, il convient d’avoir le courage d’envisager au plus vite et à l’échelle mondiale une politique rationnelle de démantèlement des centrales éoliennes.

 

*

LA TOUCHE ÉTOILE de Benoîte GROULT - Ed. Grasset

La touche etoile Émetteur du florilège: François C.

Le problème, c’est que pour écrire valablement sur la vieillesse, il faut être entré en vieillesse. Mais, dans ce cas, elle est aussi entrée en vous et vous rend peu à peu incapable de l’appréhender. On ne saurait traiter du sujet que suffisamment âgé… on n’est capable d’en parler que si toute jeunesse n’est pas morte en soi.

Mais je n’imaginais pas qu’un jour, même au prix d’un effort colossal, je resterai seule sur le bord de la route. Qu’un jour viendrait où je serais éjectée de la société des vivants. Une moins que rien. Inepte. Inapte. Périmée comme un yaourt.

Brian, c’est mon ailleurs, la part de ciel qui m’est tombée sur la tête et qui me permet peut-être de vivre l’autre, en équilibre entre l’irréel et le quotidien.

C’était un boulot à plein temps de vieillir. Et rien que pour empirer un peu chaque jour, ça coûtait très cher!

Je prétends que les années cruelles qui précèdent la mort autorisent les anciens enfants que nous sommes à hurler au loup, parfois. Nous aussi commençons à pleurer, la nuit venue, mais hélas nous n’avons personne pour nous bercer et rien pour nous consoler.

Jamais ne sera écrite la généalogie véritable de chaque être humain, tissée de détours inouïs, fruit des hasards, des caprices ou des passions.

Quand la marche ne va plus de soi, c’est un peu de l’harmonie du monde qui est remise en cause. Nous devenons des échafaudages improbables où la défection d’un seul boulon suffit à compromettre tout l’édifice.

Nous franchissions une frontière pour leur rendre visite et nous éprouvions en les quittant le lâche soulagement de ces voyageurs qui revenaient d’un pays de l’Est avant la chute du mur. Ouf! Nous nous retrouvions du bon côté et le ciel semblait plus bleu soudain.

On s’aperçoit que les défunts ne s’en vont jamais tout seuls: ils vous arrachent des morceaux plus ou moins saignants de vous-même. On ne constatera les dégâts que plus tard. Le chagrin n’est jamais fini.

Dans la société où je survis, il traîne de moins en moins de contemporains. Beaucoup sont couchés, en fauteuil ou en Maison, inutilisables. Et il en disparaît chaque semaine quelques-uns que je connaissais au moins de nom.

Mais je t’aime assez, Alice, pour admettre que tu veuilles renoncer, parce que tu as su saisir tes chances et toutes celles que j’ai pu t’offrir. Y compris la dernière: mourir à ton heure. Quand tu seras prête, Alice, je serai là. Fais-moi signe en appuyant sur la touche étoile. Je me charge du reste, mon petit.

 

 

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RISE! - Tout dépend de vous de Laurent COMBALBERT et Marwan MERY - Dunod

Rise ! tout dépend de vousÉmetteur du résumé: François C.

1 LA CONFIANCE EN SOI

Si vous avez une faible perception de vous-même, parce que votre personnalité déprécie vos moyens, acceptez-la. C’est comme une peur. Il faut simplement vivre avec.

Il est nécessaire d’exposer son capital confiance à des défis réalistes, afin de l’apprivoiser et de l’inciter à aller plus loin.

L’ego est un moteur, un facteur motivationnel. Il définit avant tout l’estime de soi.

L’ego a besoin de succès pour pouvoir revendiquer de la fierté. Et la fierté est la meilleure chose qui puisse arriver à la confiance en soi.

L’ego alimente l’assertivité… Votre ego alimente vos convictions, et vos convictions se nourrissent de votre ego.

L’ego et l’humilité doivent faire bon ménage.

Déterminer son niveau de confiance en soi ne peut se faire que dans l’adversité et dans l’épreuve… Oser sortir de sa zone de confort permet de grandir et de découvrir son ou ses seuils de rupture.

Certaines réalisations sont impossibles. Il faut savoir lesquelles et en avoir conscience.

On ne peut pas tous devenir n° 1 mondial de tennis, mais on peut tous avoir un destin unique.

2 LE RAYONNEMENT

Le pouvoir que vous avez sur l’autre est relatif. C’est avant tout les autres qui vous donnent du pouvoir.

Il est nécessaire de comprendre l’autre pour présenter le meilleur de soi-même, sans travestir pour autant ce que l’on est.

Le courage est une valeur universellement reconnue. Embrassez-la.

On suscite l’intérêt, voire l’admiration quand on détient un savoir ou une expertise, et quand on sait le/la transmettre.

Votre force intérieure irradie au quotidien malgré vous. Plus vous serez bien dans votre peau, plus les gens le verront, ce qui modifiera positivement le regard qu’ils portent sur vous.

Votre capital personnel s’entretient au quotidien. Cela passe par l’alimentation, la gestion de l’énergie, le sport et le sommeil. Si vous ne faites pas ce qu’il faut, vous vous abîmerez, les gens le verront et vous détruirez malgré vous votre rayonnement.

Une fois les fondamentaux posés, incarnez ce que vous voulez être. L’incarnation n’est que le prolongement de votre rayonnement, ce qui démultipliera sa portée.

3 LE STRESS

Le stress est utile car il assure la survie de l’espèce.

Le débordement, l’imprévu, l’inconfort, l’incompétence représentent à eux seuls tous les agents stressants.

Le stress peut être positif ou négatif.

C’est la perception de l’événement qui génère le stress, pas la situation en elle-même.

Pour réduire l’impact du stress, il est nécessaire de changer sa perception par différentes techniques de distanciation (l’ancrage personnel ; le contre-pied ; la relativisation ; le destinataire réel ; la recontextualisation).

Il est inutile de combattre le stress, il faut simplement l’apprivoiser.

Notre corps peut absorber des phases stressantes, mais il est primordial de lui permettre de récupérer.

4 LA CURIOSITÉ

Les gens les plus intelligents sont les plus curieux.

La curiosité est primordiale pour évoluer dans notre monde complexe.

Les réseaux sociaux annihilent notre curiosité. Ils servent uniquement à combattre l’ennui et à répondre à un besoin de consommation immédiat.

La curiosité développe l’esprit critique, élément fondamental dans un monde où l’information est surabondante et orientée.

La curiosité provoque des opportunités et ouvre des portes insoupçonnées.

Il est cependant difficile d’être curieux, car la curiosité nécessite du temps et un retour sur investissement qui peut être long.

On grandit en comprenant le monde qui nous entoure.

5 LA PRISE DE DÉCISION

Tout choix implique un renoncement.

Les choix sont difficiles à effectuer dès lors que les alternatives possibles sont peu comparables et que les conséquences sont difficilement prévisibles.

L’émotion joue un rôle essentiel dans la prise de décision dès lors que la raison brute est incapable de proposer une décision évidente.

Nous avons toujours le choix, à partir du moment où nous sommes en liberté. Les décisions sont ainsi une question de volonté et non de pouvoir.

Dans la gestion du dilemme, il faut accepter qu’il n’y ait pas de réponse idéale.

Pour faire un bon choix, il faut avant tout savoir ce qui est bon pour vous.

Une bonne décision est une décision assumée.

La capacité à prendre une décision éclairée sera surtout dépendante des bonnes questions que vous saurez vous poser via le questionnement éliminatoire ou la butée.

L’intuition reste le meilleur outil quand le degré de complexité est le plus élevé.

6 LA GESTION DE CONFLIT

Le conflit est positif. Il ne traduit que deux idées divergentes.

Ce qui importe n’est pas le conflit en lui-même mais la façon de le gérer.

L’appétence au conflit est primordiale pour garder ses moyens et sa lucidité quand vous vous opposez à l’autre.

Le premier combat à livrer est celui contre vous-même avant de vouloir changer le monde.

La négociation est de loin le meilleur moyen de gérer un conflit.

Pour négocier efficacement, vous devez faire preuve d’empathie et d’assertivité.

En phase conflictuelle, ne cherchez pas à contre-argumenter. Vous vous opposeriez stérilement aux résistances de l’autre.

Ce que demande votre interlocuteur correspond rarement à ce dont il a besoin.

Écoutez l’autre pour comprendre et non pour répondre.

Le gain perçu prévaut toujours sur le gain réel.

Ne cédez jamais sans contrepartie.

7 L’OPTIMISME

Pour être optimiste, il faut avant tout être réaliste.

L’optimisme béat est dangereux et très souvent décevant.

C’est en apprenant du passé que l’on prépare sereinement l’avenir.

L’apprentissage d’expériences positives permet de renforcer son capital d’optimisme.

On ne naît pas optimiste, on le devient. Le pessimisme répond à la même règle.

L’éducation et l’environnement déterminent notre capacité à percevoir le monde.

Le manque de compétences ou la mauvaise perception d’une situation nuisent à l’optimisme.

L’optimisme se cultive au quotidien par une pensée positive, une capacité à relativiser et la volonté de bien s’entourer.

 

 

 

 

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