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À propos de Grace d'Anthony Doerr

À propos de GraceCoup de cœur de Muriel F.: Je suis toujours émerveillée par les œuvres artistiques qui éveillent en nous une autre perception des éléments de la nature, plus subtile.

En effet, ce livre d’Antony Doerr fut pour moi une vraie révélation, car il m’a ouvert les yeux sur le lien intime et si personnel qui unit la molécule H2O à l’humanité.

L’eau, quelle que soit sa forme, n’ignore rien de nos vicissitudes qui n’ont aucun secret pour elle.

Extrait: Une structure constante - deux atomes d’hydrogène et un d’oxygène - répétée un milliard de fois et suspendue dans les airs. Montez là-haut, dans les nuages où ces molécules se précipitent autour de poussières invisibles, formant un cristal qui grossit et étend ses branches ; envolez-vous dans la grande obscurité crénelée qui surplombe Anchorage, vers la mésosphère étoilée, vers les profondeurs du ciel, et bifurquez en direction du sud ; survolez la Coast Range, les vastes formations de nuages du Pacifique, jusqu’à l’endroit où elles se déchirent et où le temps devient clair, où les villes de Californie brillent sous le ciel comme d’immenses réseaux de paillettes ; passez les sombres chaînes de l’Amérique centrale, traversez la mer des Caraïbes - en un clin d’œil - et descendez le chapelet des Grenadines vers le Venezuela ; vous êtes maintenant une goutte d’eau qui tombe, dégringolant toujours plus vite, et l’océan grandit à chaque fraction de seconde ; vous atterrissez sur le toit d’une maison bleue lézardée, glissez sur l’avant-toit, puis le long de la soffite, atteignez la fenêtre. À l’intérieur : Felix allongé sur son lit, dans la lumière d’une lanterne, les yeux fermés, le visage brillant de sueur. Soma prie. Le foie de Felix, raide, tendu, détruit, n’épure plus son sang ; des métabolites toxiques s’écoulent vers son cerveau. Les deux syllabes de son nom résonnent dans ses oreilles sans être entendues. La goutte glisse au bas de la vitre et tombe dans la cour. Felix était déjà mort depuis trois heures quand le coup de téléphone partit, les électrons parcourant comme l’éclair des kilomètres de câbles sous-marins, filant vers les gros commutateurs vibrants des États-Unis, puis aiguillés, réorientés, à travers le continent, remontant un à un les États côtiers jusqu’à Anchorage et empruntant des fils de cuivre grésillants de voix jusqu’à l’appartement où Naaliyah était assise-… (p. 438-439)