A Livr'Ouvert

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Tél: 09.52.65.38.67

Du lundi au samedi de 10h à 19h

Mail: contact@alivrouvert.fr

Lettre d'informations - semaine 13 année 2021

Bonjour à tous!

Nous avons repris nos horaires habituels du lundi au samedi de 10h à 19h.

La chaîne du livre fonctionnant normalement (ou presque), vous pourrez, comme en novembre, commander les livres que nous n’aurons pas en stock.

Trois possibilités:

Nous avons malheureusement dû annuler tous nos ateliers en présentiel et réfléchissons à en transformer certains pour pouvoir les faire à distance.

Exceptionnellement la librairie sera ouverte dimanche 4 avril, pour Pâques, de 11h à 17h. Il y aura peut-être des œufs en chocolat cachés, si les cloches sont passées.

L’équipe des libraires gourmandes!

Sommaire


Clin d'œil de la semaine

Fêtez le Printemps en jardinant !

Le grand livre du jardinLe grand livre du jardin de Jacques Barelon (Artémis-24,90€)

Une approche complète, moderne et écologique du jardinage, pour le jardinier amateur ou expérimenté.

Les 400 plantes idéales du jardin d’agrément : une sélection toute illustrée des meilleures plantes à fleurs, grimpantes, couvre-sol, arbres, arbustes, etc.

Pour chaque espèce, toutes les informations utiles : périodes de semis ou de plantation, période de floraison, exposition, sol, fertilisation, associations, culture en pots…

Toutes les techniques pour un jardin d’ornement où il fera bon se détendre : avoir un beau gazon, faire pousser une haie, créer des massifs de fleurs, une rocaille, une prairie naturelle ou un bassin, aménager une terrasse, réussir ses allées, et bien d’autres choses encore.

Le guide en images des techniques du jardinier : taille, multiplication, plantation.

Des tableaux récapitulatifs pour trouver les infos importantes en un coup d’oeil : périodes de taille, de floraison, de plantation, d’entretien, etc. Quelles espèces pour quelles utilisations (haie, bordure, bassin, massif…).

50 plantes (vraiment) increvables50 plantes (vraiment) increvables de Mathilde Lelièvre (Solar-14.90€)

Vous et les plantes, c’est une longue histoire d’amour déçu : vous les aimez, mais vous les faites toutes crever les unes après les autres (même le cactus qu’on vous a offert à votre dernier anniversaire, avouez) !

Ce livre va ENFIN vous permettre d’y arriver… tout en faisant le moins possible ! Vous partez souvent en vacances ? Vous oubliez toujours d’arroser (ou vous arrosez trop) ? Vous manquez de lumière ou d’espace dans votre appartement ? Vous avez un petit jardin ou un balcon ravagé chaque année par la canicule ou le froid ? Vous aimez les plantes à fleurs mais elles fanent toujours trop vite ?

Il existe heureusement une plante increvable pour chacune de ces situations, soigneusement choisie par une amoureuse des plantes. En bonus, découvrez comment les chouchouter, les rares gestes à éviter, et des conseils pour tous ceux qui voudrait passer au niveau supérieur et, par exemple, bouturer leurs protégés (c’est simple, promis !) Dans l’ordre d’apparition de nos indestructibles : alocasia, aloé vera, cactus de Pâques, caoutchouc, corne d’élan, crassula, lierre, peperomia, pilea, yucca, vigne d’appartement… Alors, prêt à adopter votre increvable ?

Jardiner avec les enfantsJardiner avec les enfants de Sophie Humann (Solar, 8.90€)

Ce cahier s’adresse aux parents, jardiniers amateurs à la fibre écologique, désireux de sensibiliser leurs enfants à la nature car qui connait, respecte!

C’est un guide construit en trois parties. La première est consacrée aux savoirs de base pour avoir réponse à toutes les questions des enfants - Comment germent les graines? Comment les plantes se nourrissent? Comment grandit un arbre? Ça veut dire quoi un écosystème? etc. La deuxième partie propose de faire connaissance de façon plus approfondie avec les grands principes du jardinage écologique: la terre, la vie du sol, les différents animaux du jardin… La troisième est une véritable initiation au jardinage à travers la mise en place d’un potager à hauteur d’enfant.

Avec de nombreuses activités en famille pour passer à l’action!

Les plus? Des fiches détaillées sur les plantes bien adaptées aux attentes des enfants. Très visuelles, elles permettent aux informations indispensables pour réussir la culture.

Jardinier urbain ; 50 leçons de jardinage faciles et ludiques pour les citadinsJardinier urbain de Thibaut Schepman (Marabout-15,90€)

Ce livre démontre que pour être jardinier, on n’est pas obligé d’avoir un jardin!

Un rebord de fenêtre, un petit balcon, ou un jardin partagé… Tout le monde peut jardiner, même en ville!

Dans ce livre truffé d’idées pratiques, l’auteur va même jusqu’à expérimenter la permaculture en ville.

50 leçons pratiques destinés aux citadins qui souhaitent s’initier au jardinage et pour bénéficier d’une récolte de fruits et légumes, de fleurs, d’attirer des insectes pollinisateurs… Et plus largement de bénéficier des bienfaits du jardinage en se reconnectant aux autres et en profitant des impacts positifs de leurs actions (embellir les paysage, lutter contre les îlots de chaleur en ville, préserver la biodiversité).


Clubs de lecture

Samedi 3 avril - Après-midi défi

https://edit.alivrouvert.fr/club-de-lecture/book.jpeg RDV à 16h15 (oui c’est le week-end de Pâques, donc il y a de grandes chances qu’il y ait des œufs en chocolat!)

Défi

Ce sera à vous de choisir! Une fois décrit, vous pourrez en parler et/ou lire un extrait qui vous a touché.

RDV à la librairie (inscription conseillée) car les participants en ont marre des visio-conférences.

Livres répondant aux défis:


Coups de cœur

Eden de Monica Sabolo - Gallimard (roman en poche)

Eden sortie en poche

Coup de cœur de Magali: Dans un état américain, proche d’une réserve indienne et d’une grande forêt, Nota est une adolescente, abandonnée par son père, qui vit au milieu d’autres jeunes. Son avenir est incertain comme celui de la plupart de ses connaissances. Tous les matins elle attend à son arrêt de bus une autre adolescente, Lucy, blonde qui vient de la ville. Elles n’ont jamais réussi à devenir amie, mais quand cette dernière disparaît, puis ré-apparaît, retrouvée inconsciente au pied d’un arbre, battue et violée, toute la ville est en émoi. Comment réagir? Qui est le véritable coupable? Nita préfère oublier son quotidien et passer du temps avec les filles qui travaillent dans le pub, elles ont l’air si libres, si soudées, si insouciantes.

Monica Sabolo s’empare, comme à son habitude, de sujets difficiles, comme le viol mais aussi la déforestation, le droit et l’avenir des personnes d’origine indienne. Pas facile et pourtant elle y arrive avec brio!

Mamma Maria de Serena Giuliano - Pocket (roman en poche)

Sortie en poche!

Mamma mariaCoup de cœur de Camille: La couverture laisse présager un beau soleil et le nom de l’autrice, Serena Giuliano, sonne bon l’Italie. C’est d’ailleurs là-bas que se déroule l’histoire. L’histoire vraiment? Plutôt LES histoires, celles des résidents d’un petit village qui se réunissent tous chez Mamma Maria, le café du coin, mené d’une main de maître par la propriétaire. On y retrouveras les joueurs de scopa, les enfants venus manger une glace, parfois quelques touristes. Et puis il y a Sofia qui vient de quitter Paris et son homme pour retrouver son village et les siens. A-t-elle pris la bonne décision? Il est simplement l’heure de profiter du calme ambiant… Enfin, ça c’était avant tout le chambardement auquel Sofia s’est mêlé.

Serena Giuliano nous avait régalé avec son livre précédent Ciao Bella. On retrouve ici cette même ambiance chaleureuse et solaire. On meurt d’envie de s’assoir sur la terrasse du Mamma Maria et de jouer à la scopa en compagnie de ces personnages humains, drôles et attachants. Faute de pouvoir faire des kilomètres, le soleil viendra à vous entre ces délicieuses pages!

Arbre de l'oubli de Nancy Huston - Actes Sud (roman)

Arbre de l'oubli Coup de cœur de Magali: Nancy Huston est celle qui a écrit Lignes de faille, un de mes «gros» coups de cœur (prix fémina 2006!). Arbre de l’oubli est également l’histoire d’une famille sur plusieurs générations, à plusieurs voix.

D’abord celle de Shayna, écrite en majuscule comme un cri de désespoir poussé depuis Ouagadougou où elle s’est exilée précipitamment. Pourquoi, a-t-elle tout quitté? On la sent si fragile face à son passé qu’elle n’arrive pas à appréhender.

Puis celle de sa mère, Lily-Rose dont l’enfance a été marquée par une tragédie qu’elle a enfouie au plus profond d’elle même jusqu’à l’oublier mais qui revient la perturber dans ses relations avec sa fille.

Ensuite celle de son père, Joël, d’origine juive, professeur d’anthropologie qui se déplace sur tout le continent pour donner des conférences. La compétition fraternelle imposée durant toute sa vie l’a marqué au point d’altérer son amour parental et de refuser la religion.

Enfin celles des grands parents, leurs déceptions, leurs désespoirs, leurs réactions face à la perte d’êtres chers, leurs infidélités et leurs ambitions.

Magnifique saga, totalement addictive, où le mystère et les secrets planent au dessus de la tête du lecteur!

Nos amis les animaux de Matthieu Ricard et Jason Gruhl, illustré par Becca Hall - Allary Éditions (album jeunesse)

Nos amis les animauxCoup de cœur de Cannelle: La planète Terre est d’une richesse immense tout le monde s’accorde à ce sujet. De nombreuses ressources sont à disposition et de multiples créatures peuplent ce que nous pouvons considérer comme étant notre maison. La Terre se partage entre diverses espèces de petites ou de grandes tailles, d’habitudes de vies variées, de caractéristiques parfois étrangères à certains. La Terre est immense et ne se divise pas mais bien conjugue les opposés. Dès lors, les animaux, quels qu’ils soient, sont nos amis et il est parfois bon, voire nécessaire, de le rappeler.

Le célèbre Mathieu Ricard se lie à deux artistes de talent pour nous rappeler l’importance de respecter nos amis les animaux. Un texte qui m’a beaucoup touchée en tant qu’oursonne et qui, j’en suis certaine, permettra quelques prises de consciences sur la question animale. À mettre entre les pattes (poilus ou non) de tous!

Le syndrome des cœurs brisés de Salomé Baudino - L'Observatoire (roman)

Le syndrome des coeurs brisésCoup de cœur de Camille: Les nouvelles technologies ne cessent de nous surprendre. Censées nous faciliter la vie, certaines choquent et font débat. Imaginez l’apparition d’un nouveau logiciel appelé Time Wise. Le principe est simple: une petite carte vous est délivrée et y figure la date de fin exacte de votre histoire d’amour. Véritable phénomène, même les plus sceptiques y prennent goût. Désormais, chaque couple s’examine à la loupe et c’est au premier qui rompra pour telle ou telle raison.

Lola et Victor, un couple charmant, idéal, adorable, à croquer et qu’on pensait pourtant bien au-dessus de tout cela, décident pourtant de tenter l’expérience. Si elle n’y croit pas une seconde, lui est déterminé à découvrir les raisons potentielles de leur rupture. Le verdict tombe alors et, contre toute attente, il ne leur reste que deux mois ensemble. Que faire du temps imparti qu’il leur reste puisque, tout le monde le sait, aucun couple n’a jamais déjoué les pronostiques…

Un livre-objet resplendissant qui a vite attiré mon attention. Quelle belle lecture! Loin d’être stéréotypé, le couple que forment Victor et Lola est attachant à souhait. Rapidement pris dans l’intrigue on ne peut que s’interroger sur la valeur d’une telle application et sur son incidence croissante au fil de la lecture. Même vous, vous perdrez de votre superbe durant votre lecture qui remettra en question toutes vos certitudes sur l’Amour avec un grand A s’il-vous-plaît!

Les chats de l'écrivaine de Muriel Barbery et Maria Guitart - L'Observatoire (texte illustré)

Les chats de l'écrivaineCoup de cœur de Céline: Les chats et les écrivains sont souvent associés, pour la bonne cause! Dans ce livre, ce n’est pas l’écrivain qui parle de ses chats mais les chats qui parlent de leur humaine qui est donc auteur, de son éditeur, de ses amis, de son mari…

Ils sont au nombre de quatre. Il y a d’abord Kirin qui est la narratrice et qui a 4 ans. Son nom correspond à une marque de bière japonaise et son surnom est “la gracieuse.” Puis nous découvrons Petrus, son frère. Lui, il est toujours content! C’est un renifleur de fleurs et comme le bon vin il est “raffiné”. Il y a également Ocha, chartreux de 8 ans, qui est le chef de bande! Son nom veut dire “thé” en japonais. Et enfin Mizu, sa soeur qui est une Munchkin et qui veut dire “eau”, toujours en japonais. Elle est surnommée “l’affectueuse”.

Habitudes de vie, névroses et autres sont décrits de façon humoristique et surtout très poétique.

Aux dires de Kirin, le livre a été écrit, je cite, « pour dénoncer nos conditions de travail et faire connaître notre cause au monde » (sous-entendus nous sommes des “conseillers littéraires”). Imaginez le programme…

Un très joli album pour petits et grands! Le texte est de Muriel Barbery et les illustrations de Maria Guitart.

Confusion, la saga des Cazalet tome 3 d'Elizabeth Jane Howard - La Table Ronde (roman)

La saga des Cazalet T.3 ; confusionCoup de cœur de Céline: Tout juste paru, tout juste lu, et j’aime toujours autant me plonger dans la vie de cette famille au fil des époques qui s’écoulent. À rude épreuve nous avait laissé au début de la seconde guerre mondiale. Ce nouveau tome démarre en mars 1942 pour s’achever sur la victoire finale en mai 1945. Si certains des enfants dont nous suivons la progression depuis le tout premier opus quittent Home Place une fois arrivés à un âge plus adulte, d’autres y restent… 

Sur fond de conflit mondial, Elizabeth Jane Howard continue de nous rendre addictifs à ces Cazalet qui ne sont pas épargnés! Les femmes, toujours aussi présentes, s’émancipent malgré le contexte.  Confusion certes due à la période mais également espoirs, désirs, apprentissages, désillusions, mensonges, tromperies, deuils… 

L’écrivain continue de nous maintenir en haleine. Combien de temps va-t-il falloir attendre pour avoir entre les mains la suite de la saga? Soyez rassurés: Nouveau départ est annoncé pour le 21 octobre prochain. Patience donc… 


Vos recommandations...

VIVRE AVEC NOS MORTS de Delphine HORVILLEUR - Grasset

Vivre avec nos mortsÉmetteur du florilège: François C.

Tout au long de notre existence, sans que nous en ayons conscience, la vie et la mort se tiennent continuellement la main et dansent.

J’ai dit à la fille d’Elsa Cayat qu’elle ne reviendrait pas, en ajoutant qu’elle était tout autour de nous.

Ce rite (placer près du corps du disparu une bougie qui symbolise la présence de son âme) énonce une vérité profonde : quelque chose de la vie de celui ou celle qui nous quitte est incandescent pendant ces quelques jours.

Ne jamais raconter la vie par sa fin mais par tout ce qui, en elle, s’est cru «sans fin». Savoir dire tout ce qui a été et aurait pu être, avant de dire ce qui ne sera plus.

Pourvu qu’à nos enterrements, il nous soit permis de ne pas nous résumer à nos morts, et de faire sentir combien dans la vie, nous avons été en vie.

Des revenants. C’est comme cela qu’on appelle souvent les fantômes, car c’est exactement ce qu’ils s’acharnent à faire : revenir. Revenir jusqu’à ce qu’on accepte de les voir, et de parler enfin d’eux.

À nouveau, il n’est pas besoin de croire littéralement à une vie après la mort, ou à la présence d’âmes errant dans nos vieilles maisons pour reconnaître très rationnellement que nous vivons tous avec des fantômes.

Impossible de me souvenir du contenu précis des engagements solennels que je pris cette nuit de mes dix ans. Je me souviens simplement avoir eu le sentiment de sceller un pacte avec plus grand que moi. J’ai prié, pleuré et prié encore.

J’écoute ce fils m’évoquer sa mère et je me demande comment je vais pouvoir raconter cette histoire le lendemain au cimetière à ses proches réunis. Que dois-je y faire résonner?

La Shoah a fait dans le panier de Sarah, dans celui de toute sa famille, de la mienne et de tant d’autres, des béances «intissables». Tous ces deuils ont produit des «détricotages» qui se sont raccrochés comme ils pouvaient aux fils arrachés, pour laisser à la corbeille un semblant de forme.

Pour moi, Simone Veil et Marceline sont les visages de ce qu’on désigne aujourd’hui sous le terme un peu galvaudé de «résilience». Pour la petite-fille de survivants mutiques que j’étais, elles incarnaient la possibilité de reprendre la parole, de dire sans gêne non seulement ce qu’elles avaient vécu, mais ce que chacune d’elles avait choisi d’en faire.

(kaddish) D’autres légendes talmudiques lui prêtent d’étranges pouvoirs et affirment qu’elle constitue la plus puissante des liturgies ascensionnelles. Réciter le kaddish à la mémoire d’un disparu contribuerait à l’élévation rapide de son âme, propulsée vers les hauteurs sublimes de sa réunification avec son Créateur.

Dans cette langue, «Abracadabra» signifie littéralement abra «il a fait» cadabra «comme il l’a dit». «Faire comme on a dit» est le propre de la parole performative. Le verbe crée une réalité qui ne lui préexistait pas. Par un mot, le monde change.

J’ai pensé à tous ces récits de la mystique juive qui racontent qu’au jour de la mort, quelqu’un vient nous chercher. Des proches surgiraient pour nous guider vers un ailleurs, des «anges» ou des êtres aimés qui accompagneraient notre sortie de ce monde.

Partout où il surgit, le prophète Elie observe la façon dont malgré tout, et surtout malgré la mort qui a tant rôdé autour d’eux, les juifs continuent de choisir la vie. Il vient en témoigner depuis le siège d’honneur qu’on lui réserve, et où qu’il s’installe, il devient le premier spectateur d’une transmission sacrée.

Un parent endeuillé est raconté en hébreu par une image, celle d’une branche amputée de ses grains, ou d’une grappe dont on a arraché le fruit. La sève coule en elle mais n’a plus où aller, et le bourgeon s’assèche car un bout de sa vie l’a quitté.

L’histoire biblique est un récit de vies et d’engendrements. D’ailleurs, le mot «histoire» en hébreu, toledot, se dit «engendrement». Votre vie se raconte avant tout par ce que vous avez fait naître.

Dans la Thora, l’existence est définie par cette jonction entre la matière terrestre et le souffle divin. Lorsque ce dernier s’évapore, la poussière redevient simplement poussière.

A chaque génération qui part, ces mots résonnent encore. Ils disent que malgré tous les combats qu’il a fallu mener, toutes ces «gémellités qui luttent en nous», tout ce qui nous fait passer à côté les uns des autres ou de nous-mêmes, il existe une possibilité de faire Un. Tel est l’engagement solennel que les juifs prennent à l’heure du passage, faire que quelque chose de celui qui part intègre leur vie pour s’unir à ce qu’ils deviendront.

«Je me suis passionnée pour mes funérailles.» Myriam

Notre mort ne nous appartient pas complètement, pas plus que notre corps après la mort.

Et tel est à mon sens le plus grand respect dû au mort, se soucier de sa volonté mais plus encore de la possibilité pour ceux qui l’ont aimé de lui survivre et d’honorer dignement sa mémoire.

Moïse, l’homme qui ne voulait pas mourir.

Déni, Colère, Négociation, Dépression et Résignation. Pour le dire autrement, la plupart des mourants diraient tout à tour et dans cet ordre : «il doit y avoir une erreur», «c’est tellement injuste», «laissez-moi au moins vivre jusque tel ou tel événement», «à quoi bon?» et «je suis enfin prêt».

Moïse a reçu la Thora au mont Sinaï mais, bien après lui, surgirent des hommes capables d’interpréter ce que lui ignorait.

Dans cette légende, se tient presque tout ce que le judaïsme pourrait enseigner sur la mort. Est-il possible d’apprendre à mourir ? Oui, à condition de ne pas refuser la peur, d’être prêt, comme Moïse, à se retourner pour voir l’avenir.

Les juifs affirment qu’ils ne savent pas ce qu’il y a après notre mort. Mais ils pourraient le formuler autrement: après notre mort, il y a ce que nous ne savons pas. Il y a ce qui ne nous a pas encore été révélé, ce que d’autres en feront, en diront et raconteront mieux que nous, parce que nous avons été.

Peut-être qu’un spécialiste de la pensée juive aurait pu nous avertir. Après tout, dans la Bible, les rois ne font jamais de vieux os, et les royaumes se disloquent. Ils s’effondrent toujours dans la violence et laissent place au chaos. L’un d’entre eux a un jour déclaré, dans un des livres sacrés: «Vanité des Vanités, tout n’est que vanité» et dans ce même texte, il nous a mis en garde: rien ne dure, ni les rêves, ni les empires, ni les amours.

L’affrontement de Caïn et Abel dans la Genèse n’est donc pas simplement celui de deux frères. A travers eux, il oppose toujours et à chaque génération, ce qui dure et ce qui passe, ce que l’on voudrait permanent à ce que l’on sait éphémère, le «il est» au «il aurait pu être».

La tradition juive veut qu’on laisse toujours une petite fissure dans le mur, un pan de cloison non peint, ou un petit carrelage manquant dans un coin du sol. Il s’agit de laisser dans nos vies la trace de l’incomplétude, de savoir habiter un lieu où le manque a sa place.

Tout ce que nous construisons solidement finit par s’user ou par disparaître, tandis que ce qui est fragile, éphémère et faillible, laisse paradoxalement des traces indélébiles dans le monde. La buée des existences passées ne s’évapore pas : elle souffle dans nos vies et nous mène là où nous ne pensions jamais aller.

 

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