A Livr'Ouvert

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Du lundi au samedi de 10h à 19h

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Lettre d'informations - semaine 04 année 2020

Bonjour à tous,

Comme chaque semaine, un petit mail pour vous donner envie de découvrir des livres…

Toute l’équipe de la librairie vous souhaite à tous ainsi qu’à vos proches une bonne année 2020!

Avec toujours la santé, la joie et l’amour ainsi que de formidables lectures

Sommaire


Ateliers pour adultes

Samedi 1 février - Zen color mystère

50 coloriages mystères zenLes ateliers Zen color ont été mis en place pour permettre aux adolescents et aux adultes qui le souhaitent de se détendre pendant une heure en coloriant des mandalas au son d’une musique douce…

 15h00: coloriages mystérieux

Pour ce troisième atelier Zen color, nous vous proposons des coloriages mystérieux. Avec de simples crayons ou feutres de couleur, coloriez chaque case numérotée pour découvrir une scène propice à la détente et à la méditation. Des illustrations choisies expressément pour rester zen et développer sa pensée positive. Détendez-vous et retrouvez le plaisir de créer. Nous nous inspirerons du livre Art thérapie Coloriages mystères ZEN de chez Hachette loisirs.

Pour adolescents et pour adultes - Réservation obligatoire - Participation de 2€ par personne demandée.


Ateliers pour enfants

Samedi 25 janvier - Harry Potter: le passeport

Le monde fantastique d’Harry Potter, créé par J.K. Rowling, nous permet de fabriquer plein d’objets magiques (ou presque) qui permettront de gagner des points lors des soirées organisées mensuellement à la librairie. Vu le succès de ces ateliers nous en proposerons deux dans la même journée.

Chez les sorciers aussi, il est nécessaire d’avoir un document officiel pour confirmer son identité!  Pour faire enregistrer le vôtre, il faudra vous munir d’une photo d’identité, la placer au bon endroit, préciser les informations indispensables vous concernant puis y faire apposer le tampon officiel du ministère.

Pour enfants, RDV à 10h30 Pour adolescents et adultes, RDV à 15h

Réservation obligatoire  - Participation de 2 par enfant demandée.

Samedi 1 février - Escape box dans la cour du roi

Escape box ; la cour du roi Les Escape box sont publiées pas 404 éditions. Elles font travailler notre logique, creuser nos méninges et passer un bon moment (oui, même si on stresse et qu’on est limités dans le temps!)

10h30: La cour du roi

Embarquez pour une fabuleuse aventure à Versailles! Le petit-fils de Louis XIV doit épouser une princesse, mais l’anneau du mariage a disparu! Vous avez 45 minutes pour retrouver la précieuse bague, avant que la cérémonie ne débute. Le temps presse, saurez-vous résoudre les énigmes, sans pour autant vous perdre dans le château? Inclus: un poster et une bande son de 45 minutes pour vous immerger dans l’ambiance du règne de Louis XIV! Idéal pour un anniversaire!

Pour enfants - Réservation obligatoire - Participation de 2 par enfant demandée.


Clin d'œil de la semaine

L'hiver est là...

Devine combien je t'aime en hiver ; le pop up Devine combien je t’aime en hiver de Anita Jeram et Sam Mcbratney (École des loisirs  - 16,50€)

Grand Lièvre Brun et Petit Lièvre Brun jouent dans la neige. «J’ai trouvé quelque chose qui appartient à un arbre», dit Petit Lièvre Brun. «C’est une feuille?» demande Grand Lièvre Brun. «Gagné! À toi maintenant.» Dans des décors en trois dimensions, les deux lièvres bien connus des enfants parcourent la campagne enneigée à la recherche de trésors.

À partir de 2 ans.

La princesse coquette La princesse coquette de Marianne Barcillon et Christine Naumann-Villmenin (École des loisirs - 5€)

Quand on est aussi coquette que la princesse Éliette et qu’il fait froid, que faire? Mettre ses grosses chaussettes, son pantalon à bretelles, son manteau à poils de chameau et ses bottes d’esquimau? Ou bien ses collants de danseuse, sa robe à fleurettes et ses souliers à rosettes? Pour aller jouer avec sa cousine Alice sous la neige, Princesse Éliette a des idées plein la tête… Album souple de la collection lutin.

Calinours se reveille Calinours se réveille de Stehr Frederic et de Bro (École des loisirs - 12,20€)

Il neige! Il neige! Les flocons dansent et font les fous. Chacun dort bien à l’abri, blotti dans sa maisonnette. Mais, qui n’a plus du tout sommeil? À qui sont ces yeux coquins? Ces gentilles petites oreilles? «Ohé! C’est moi, Calinours!» et vu que les fleurs commencent à pousser, il est temps d’aller réveiller tous les copains, comme monsieur Lapin, monsieur Castor,monsieur Écureuil, monsieur Sanglier ou encore madame Tourtereele.

Album sur le retour du printemps

A trois on a moins froidÀ trois on a moins froid de Michel Gay et Deverno (École des loisirs - 11,70€)

C’est l’hiver, il fait très froid, et le chauffage ne marche plus chez Kipic, le hérisson, ni chez Casse-Noisette, l’écureuil qui le rejoint.. Ils essaient de s’endormir côté à côté, mais les piquants du hérisson blesse son compagnon.  Heureusement qu’il y a Touffu, le lapin angora est se longs poils qui le protègent!

Petit album sur l’entraide et l’amitié.


Clubs de lecture

Vendredi 31 janvier - La maladie

De 19h à 20h.

Le but de cette rencontre sera de parler de livres dont la maladie hante les pages.

Jeanne, notre formidable animatrice vous parlera des livres de son choix puis vous laissera la parole.


Coups de cœur

Moi quand je me réincarne en slime de Fus, Mitz Vah et Taiki Kawakami - Kurokawa (manga seinen)

Moi, quand je me réincarne en Slime T.1 Coup de cœur de Magali: Un homme décède suite à une agression au couteau. Quand il reprend ses esprits, il ne sait pas où il se trouve, ni dans quel genre de corps. Il ne voit rien, ni n’entend. En se déplaçant, pourtant, il ingère des substances et comprend petit à petit qu’il s’est réincarné en slime (on comprends mieux le titre de la série…). Cette nouvelle vie est compromise malgré ses nouvelles compétences car de nombreux monstres rodent dans l’espace où il se trouve…

Manga original car ce n’est pas dans tous les livres qu’un slime décide de constituer une communauté dans un nouveau monde. Cet ancien humain essaie d’appliquer les principes inculqués dans sa précédente vie aux êtres qui croisent son chemin sans se rendre toujours compte des répercussions. Il en vient à fréquenter un dragon, des gobelins, des orcs qui l’apprécient au point de lui trouver un nom: Limule… Et chacun évolue et s’améliore au contact des autres. À certains moments, on se croirait presque dans un jeu vidéo!

Le dixième tome vient tout juste de paraître!

Le réveil des sorcières de Stéphanie Janicot - Albin Michel (roman)

Le réveil des sorcières Coup de cœur de Magali: Dans la forêt de Brocéliande, la magie est toujours vivace.

Suite à un accident de voiture qui a coûté la vie à Diane Le Goff, une de ses meilleures amies est appelée au secours par sa fille aînée Viviane. Celle-ci a besoin d’aide pour gérer l’enterrement et la cérémonie autour mais pas que. Diane était connue dans la région pour ses qualités de soigneuse, elle allait chez les uns et les autres pour leur apporter du réconfort, elle connaissait les plantes et leurs vertus. À une époque, elle aurait été considérée comme une sorcière. Ce don, sa fille benjamine, Soan, le possède également, au point d’avoir «vu» l’accident de voiture et décréter que c’est un meurtre. Notre héroïne, écrivaine, se sent redevable ou coupable et accepte d’enquêter avec la gamine.

Roman qui interroge sur l’héritage magique, la connaissance et l’empathie. Le réveil des sorcières propose des personnages féminins forts intéressants et si différents les uns des autres. Laissez-vous succomber!

Circus Mirandus de Cassie Beasley - Pocket jeunesse (roman adolescent)

sortie en poche…

Circus mirandus T.1 Coup de cœur de Magali: Micah Tuttle n’aime pas sa grande-tante. Depuis que son grand père est malade, elle est venue aider mais elle est invivable. Les empêche de se voir l’un l’autre, modifiant les habitudes alimentaires, enlevant toute gaité dans la maison.

Micah Tuttle adore son grand-père Ephraim! Depuis la mort de ses parents, c’est lui qui l’a élevé. Chaque soir après l’école, il se rend compte combien Micah a grandi (même si ce n’est pas vrai) et ils ont construit mais pas encore fini, une cabane ensemble! Ce qu’aime plus que tout Micah, ce sont les récits fantastiques que son grand-Père lui raconte concernant le cirque Mirandus: les spectacles, les artistes et les animaux.

Un des artistes, le plieur de lumière, a promis un miracle à Ephraim et Micah espère bien que son grand père va guérir. Parce que ce cirque n’est pas comme les autres. Seuls les enfants peuvent y aller et pour y entrer, il faut un ticket. Ticket qui pour Micah a été un poisson la première fois, puis un qipu. Bref c’est un cirque magique!

Roman attachant où il suffit de croire à la magie pour qu’elle apparaisse. Des thèmes comme la mort ou le deuil sont abordés mais aussi l’amitié et l’espoir.

Sortie du tome deux 16 janvier 2020.

4 3 2 1 de Paul Auster - Babel (roman poche)

4 3 2 1 Coup de cœur de Céline: L’écrivain nous propose quatre versions de la vie d’Archibald sur quatre périodes différentes, ponctuées toutefois de quelques éléments persistants (Amy, l’écriture…). Voici à quoi pourrait se résumer ce livre impressionnant par son épaisseur et par son poids.

Cela faisait sept ans que Paul Auster n’avait rien proposé à ses lecteurs. Avec ce quinzième roman, nul doute qu’il fait un retour remarqué!

Que serait devenue votre vie si … ? Voici la question que pose ce livre. Ou comment une circonstance, complètement anodine, peut bouleverser une existence…

Paul Auster vous offre deux façons de le lire: soit en mélangeant les quatre destins (dans ce cas il faut bien suivre donc un petit conseil: ne faites rien d’autre à côté!), soit chacune des quatre histoires de manière séparée (la mention des chapitres vous permet de vous plonger dedans de cette façon).

À quel point cela ressemble à Paul Auster lui-même? Nous sommes en droit de nous poser la question. Pour les lecteurs cinéphiles, ce livre peut faire penser au film «Sliding Doors» («Pile et face») sorti en 1998. Nous pouvons aussi faire un parallèle avec «Forrest Gump». Pourquoi? Lisez-le et vous comprendrez!

C’est un roman qui marque par la force littéraire qui s’en dégage tant du point de l’histoire que de la construction et de l’écriture.


Rencontres

Mardi 21 janvier - Balades en poésie

http://s3.e-monsite.com/2010/12/07/05/resize_550_550//festival-0518.jpgSuite à leur rencontre avec une poétesse de talent, vos libraires ont signé un partenariat avec l’association Voix Tissées. Cinq soirées vont donc être organisées en 2020 pour vous faire découvrir les poètes qui participent à la revue Portulan bleu.

Le premier rendez-vous sera consacré à Marie-Christine Frezal. Elle nous lira les poèmes qu’elle a écrits et ceux d’artistes qui l’ont inspirée tout au long de sa vie.

Nous vous donnons donc rendez-vous le mardi 21 janvier de 18h30 à 20h30

La soirée se déroulera de la façon suivante:

On espère vous voir nombreux! Et pour achever de vous convaincre:

LA PLACE

Entre mer et Rhône

L’amour à l’épaule

Sur une place

Evidence dansait.

Le souffle des cyprès

Enroulait son étole

Sur sa peau hâlée

D’espoir et d’olive…

Samedi 25 janvier - Rencontre avec les auteurs de Papa graine

Papa Graine Isabelle Maltese et Guillaume Chérel étaient amis depuis vingt ans. Elle était directrice d’une école de boxe française, il était journaliste et écrivain. Un jour, en 2010, celle-ci lui annonce quelle souhaite avoir un enfant avec sa compagne, Audrey Hervé, et toutes deux cherchent un donneur qui ne soit pas anonyme, qui fasse partie de leur entourage, afin que leur enfant sache d’où il vient, «qu’il connaisse ses origines». Guillaume propose alors ses services. Hétéro, fils de militante féministe, il est ravi de «rendre ce précieux service à des copines».

C’est cette histoire qu’ils ont décidé de raconter dans Papa Graine publié aux éditions Anne Carrière et qu’ils viendront partager avec nous le samedi 25 janvier à partir de 15h30.

La rencontre sera suivie d’un apéro organisé par les auteurs et les libraires. Venez déguster et vous abreuver de mots et de liquides!!

Mardi 11 février - Rencontre avec Lili Barbery-Coulon

La réconciliationAmour de soi, respect de soi-même, compréhension… Les termes évocateurs du récit que nous offre Lili Barbery-Coulon sont nombreux, toutefois personne mieux qu’elle ne saurait en parler. Vous êtes donc conviés à la librairie ce mardi 11 février à partir de 18h00 afin de découvrir son ouvrage La réconciliation: De la haine du corps à l’amour de soi.

Mal dans sa peau et dans sa tête, notre invité fait la rencontre de la spiritualité et plus exactement du kundalini yoga. Dès lors, par la pratique de la pleine conscience, de la méditation et du yoga, entre autres choses, et après des année d’interrogations, le puzzle semble enfin se mettre en place et faire sens pour la journaliste. Elle décide alors de changer de voie en devenant professeure de kundalini yoga. De rencontres en rencontres, dont certains entretiens jalonnent le recueil, et au fil des jours, voici un récit des changements opérés pour se réconcilier avec soi… 

«Ce livre n’est pas une méthode pour transformer sa vie. Encore moins une liste de règles à suivre rigoureusement. Il ne s’agit que d’un aveu de vulnérabilité. Un chemin de réconciliations, de l’asphyxie à l’ouverture du cœur. Un récit de mille et un jours né au moment où j’ai commencé à exprimer ma fragilité.» LILI BARBERY-COULON

Venez la rencontrer, discuter, échanger et pourquoi pas vous renouer avec vous-même…


Vos recommandations...

UNE BREVE ÉTERNITÉ - Philosophie de la longévité de Pascal BRUCKNER - Ed. Grasset 2019

Émetteur du florilège: François C.

La condition humaine fuit de partout, nous entrons dans l’ère des générations et des identités liquides. Nous ne voulons pas céder à l’intimidation des grands chiffres, nous réclamons le droit de déplacer le curseur à volonté. Naturalisés de fraîche date dans la tribu des quinquagénaires ou des sexagénaires, nous commençons par en refuser les codes.

Depuis un siècle, en effet, l’espèce humaine joue les prolongations, du moins dans les pays riches, où l’espérance de vie a augmenté de vingt à trente ans.

C’est l’avantage des comptes à rebours: ils nous rendent avides de chaque moment qui passe. Après 50 ans, la vie devrait être requise par l’urgence, habitée d’une variété inépuisable d’appétits.

Prendre de l’âge, c’est entrer dans l’ordre du calcul: tout nous est compté, chaque jour qui passe raréfie les options, nous oblige au discernement.

En vérité, il se pourrait que le secret d’une vieillesse heureuse réside exactement dans la démarche invere : cultiver jusque sur le tard toutes ses passions, toutes ses capacités, ne délaisser aucune volupté, aucune curiosité, se lancer des défis impossibles, continuer jusqu’au dernier jour à aimer, travailler, voyager, rester ouvert sur le monde et sur les autres.

Pour finir, bien sûr, nous serons vaincus. L’essentiel, c’est de ne jamais intérioriser la défaite et ce jusqu’au terme.

La vérité d’une vie épanouie est dans l’épreuve qui fortifie et non dans le repos qui affaiblit.

Nous oscillons en permanence entre la promesse et le programme, l’entrain et l’entropie… Tant que la promesse l’emporte sur le programme, nous tenons debout.

Tel est l’enjeu: ce nouvel âge sera-t-il une maturité transfigurée ou une post-adolescence chevrotante, au bord du gouffre? Il sera très probablement une tension entre ces deux états, une schizophrénie assumée.

Il faut chanter l’habitude. Elle est l’habit dont nous revêtons nos actes, l’habitat qui nous structure, l’étoffe mentale de nos jours… Nous ne sommes jamais que les créatures de nos habitudes, lesquelles sont plus difficiles à déraciner qu’une croyance.

Même si nous restons tentés par la perspective du grand chambardement, nous savons mieux qu’auparavant ce qu’il est précieux de sauvegarder, permis d’espérer et déraisonnable de convoiter.

La vie a la double structure de la rengaine et de la surprise. La répétition fertile nous protège du radotage stérile. Elle est une source de plaisir quand elle produit du nouveau sous le masque du déjà-vu, dynamite la convention pour l’emporter ailleurs.

La vraie vie n’est pas héroïque ou extravagante, elle est d’abord terre à terre, dans le besoin ressenti et assouvi, le quotidien partagé. Nous sommes faits de «petits aujourd’hui»… Il faut donc commencer par s’obstiner: ne pas ralentir, ne pas dételer, ne pas céder. Faire comme si on allait durer des décennies, continuer à prévoir, à projeter.

Jusqu’au bout nous ne sommes qu’ébauchés et nous partons inaccomplis… Il y a des re-départs tardifs dans l’existence qui recèlent toute une épaisseur de destins possibles.

Il y a donc dans le bien vivre, à tout âge, deux propositions complémentaires: celle du carpe diem, l’art de cueillir le jour, l’heure, l’occasion et celle du projet, du temps long dont on ne saurait envisager le terme. Chaque moment est définitif, chaque moment est un passage.

La création ou la récréation de soi jaillit toujours de la lutte entre une forme imitée et une forme nouvelle qui cherche à émerger. Nous commençons par céder aux automatismes, par reproduire des comportements usuels avant de les altérer tant soit peu.

La seule jouvence qui nous attend, passé un certain âge, n’est pas celle du corps comme dans le mythe de Faust mais de l’intelligence et de l’émotion.

Le secret d’une maturité heureuse, c’est d’abord l’indifférence à la maturité en tant qu’assignation. Le dépérissement progressif marche de pair avec la rédemption, nous voulons à tout instant rester sage et fou, cumuler la raison et l’espièglerie, la prudence et la témérité.

Si la vie a souvent été comparée à une échelle, nous réalisons, à mesure que nous montons, que les derniers barreaux ne sont adossés à aucun mur mais reposent sur le vide… Il faut continuer à grimper comme si l’ascension ne devait jamais s’arrêter.

Le sexe, offert en principe à tous en Occident, est un sexe refusé à beaucoup: la liberté affichée est surtout l’intimation faite aux obscurs, aux laiderons de se résigner à la solitude et à la misère.

À tout âge nous avons le choix entre un tourment fécond et un bien-être fade. Telle est la difficulté: la grande maturité est traversée par des appétits sans l’autorisation de les manifester. Le corps devrait s’assagir à mesure que la sève de la jeunesse le quitte. Mais nous ne savons pas tout ce que peut un corps (Spinoza), à quelle démesure il peut atteindre. Il y a plus de ressources en nous que ce que nous croyons.

A vécu celui ou celle qui a croisé l’éternité dans le temps, à travers l’amour et l’amitié et a éprouvé le sentiment d’exister au plus proche de l’Être. La vraie tragédie est de cesser un jour d’aimer et de convoiter, de tarir la double source qui nous rattache au monde et aux autres. Le contraire de la sexualité n’est pas l’abstinence, c’est la fatigue de vivre… Dès qu’Eros et Agapé se taisent, Thanatos a déjà gagné.

Regarde mon visage, mon nom est: Ce qui aurait pu arriver, on m’appelle aussi Jamais plus, Trop tard, Adieu.

Chaque vie s’élève sur le rejet ou l’exclusion d’autres projets. Ou plutôt elle prospère sur un crime: celui des virtualités qu’elle a tuées et qui n’ont pas pu s’épanouir.

La survie biologique n’est pas la valeur ultime: liberté et dignité lui sont supérieures. Quand sont perdues l’autonomie et la capacité de partager le monde avec les autres, quand manger, respirer, dormir sont devenus des quasi-supplices, il est temps de s’éclipser, de tirer sa révérence.

Quand le kairos passe près de nous, trois possibilités se présentent: soit on ne le voit pas, soit on le voit et on ne fait rien, soit on le saisit par les cheveux et on le maîtrise… Seul l’homme ou la femme d’action, aidé par son intuition, sait saisir l’instant et ne plus le lâcher, laissant tous ses rivaux derrière lui, penauds.

Un moment arrive où il faut en finir avec le «Qui suis-je?» pour lui substituer un «Que puis-je?». Que m’est-il permis d’entreprendre à cette période de mon existence?… La richesse d’un destin est toujours liée aux rencontres qui l’ont émaillé et sans lesquelles chacun de nous n’aurait aucune épaisseur. Vieillir, c’est honorer une reconnaissance de dette sans fin, nous sommes faits de tous ces autrui que nous avons croisés, chacun de nous est une œuvre collective qui dit Je.

Bien vivre, à tout âge, pourrait se résumer à un double commandement: ne plus changer, une fois trouvée la bonne formule, mais demeurer disponible aux beautés du monde.

Aux principes de plaisir et de réalité, il faudrait en rajouter un troisième, le principe du Dehors en tant qu’il est le royaume de la diversité, de l’inépuisable saveur des choses. L’ailleurs, l’étranger sont souvent le lieu de la révélation.

Peut-être faut-il, pour éviter la rouille de l’âme, loger en soi son bon ennemi, selon un précepte des Évangiles, le daïmon fécond et non stérile. Apprendre à devenir à soi-même son meilleur adversaire, celui qui vous réveille et vous stimule par son aiguillon.

Il y a une fatigue d’être rivé à soi comme l’huître à son rocher et une beauté de se quitter un peu, d’être mis à l’épreuve de la nouveauté ou de l’altérité. Qui pourrait m’enrichir, me relier à plus vaste que moi?

Tel est l’été indien de la vie: la reconquête des possibles perdus même si le champ des virtualités s’amenuise chaque jour telle une peau de chagrin. Il faut rester une conscience ouverte qui se laisse émouvoir et affecter, sans être jamais rassasiée.

Nous devenons tous, à partir d’un certain âge, des immigrés dans le temps… Chaque génération ne peut remplir qu’un rôle historique précis après quoi elle doit céder la place. Elle est un maillon dans une longue chaîne qui l’a précédée et lui survivra.

La mort n’est pas un ennemi avec lequel nous pourrions négocier mais une loi implacable qui n’a de cesse d’éroder, jour après jour, notre processus vital.

Où Rilke exprime la mélancolie de la caducité, Freud exalte l’allégresse du périssable… Si tout ne sombrait pas, y compris nous-même un jour, la vie serait intolérable, la permanence aussi affreuse que l’éclipse. Il y a une poignante grandeur de ce qui ne dure pas, sinon dans le clignotement de la révélation fugitive, dans la convergence de l’instant et du toujours.

Intensité ou prolongation: telle est l’alternative, évidemment intenable. La platitude de longues années sans saveur ou la plénitude d’un temps véritablement vécu.

La maladie nous enseigne au moins trois choses: la prudence, la résistance et la fragilité.

Reste qu’une maladie… est plus qu’un accident. C’est une aventure, une autre allure de la vie dont chacun est à la fois la victime et le bénéficiaire. Être à la merci de ses boyaux, de ses bronches, de ses articulations est une belle leçon d’humilité.

La maladie est le salaire de la longévité. Certaines vous protègent de maux plus graves: ce sont des pare-feux dont la récurrence vous évite peut-être d’être frappé d’autres troubles.

Le seul sens de la maladie c’est de la combattre, même si elle devient avec le temps un double entrelacé à nos vies. On la tient à distance bien que l’on devine la lutte sans issue… Le spectre de la fin nous rend la lumière de chaque jour plus lumineuse.

La certitude de mourir un jour transforme la vie en tragédie et en passion: l’impermanence de toutes choses accroît notre volonté de mordre l’existence à pleines dents.

L’extinction progressive des êtres chers, à mesure que l’on avance en âge, désertifie le monde et fait du survivant un anachronisme dans un univers vide.

La forme suprême de la délicatesse, en matière de consolation, c’est d’être là et d’entourer la personne d’un vaste anneau d’affection jusqu’à ce qu’elle puisse voler à nouveau de ses propres ailes.

Pour comprendre le monde et agir sur lui, il faut entrelacer sans fin les générations par des liens d’amitié, d’intérêts et de conversation afin qu’elles échangent de toutes les façons possibles.

Si grandir, c’est s’affirmer, vieillir c’est chanceler. Le fait d’avoir vécu ne fait pas de moi un possédant mais un dépossédé. Je suis privé de toutes ces années écoulées qui s’additionnent en quelque sorte négativement en se soustrayant à mon être. Je ne puis les thésauriser comme un trésor, au contraire elles me sont comptées à débit. Le temps me dérobe mes certitudes, entame ma résolution.

Pour se prolonger, il faut commencer par se surcharger d’obligations nouvelles. La liberté n’est pas un renoncement, mais un surcroît de responsabilités. Elle ne déleste pas, elle alourdit… La vie n’est pas une maladie dont il faille se remettre. À tout âge, le salut est dans le travail, l’engagement, l’étude.

Jusqu’au bout, il faut demeurer des êtres du oui, de l’adhésion inconditionnelle à ce qui est: célébrer la splendeur du monde, ses éblouissements. Résider sur cette terre est un miracle même si c’est un miracle menacé. Mûrir, c’est entrer dans un exercice d’admiration sans fin, retrouver mille occasions de s’émerveiller devant la grâce d’un animal, d’un paysage, d’une œuvre d’art, d’une musique.

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